Élections en Turquie : la campagne se durcit à 6 jours de la présidentielle

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00:00 On retrouve notre invitée, Ulchine Erdi, bonjour et merci de répondre à France 24.
00:03 Vous êtes chargée de recherche au CNRS et chercheuse à l'Institut français d'études
00:07 anatoliennes d'Istanbul.
00:08 On a le sentiment qu'il y a beaucoup de tensions dans l'air et qu'il est temps que la campagne
00:13 se termine tant le résultat semble imprévisible, le résultat de la présidentielle en tout
00:17 cas.
00:18 Bonjour, merci pour l'invitation.
00:21 Oui, en fait, en une semaine des élections, on a l'impression que les discours commencent
00:27 à se chauffer, l'agressivité commence à avoir du terrain.
00:30 On l'a vu hier pendant les meetings d'Ekrem İmamoğlu et aussi pendant les meetings
00:36 d'Erdogan.
00:37 Mais en fait, ils oublient de souligner qu'il y a aussi du côté de l'opposition un soutien
00:43 assez considérable qu'ils avaient effectué en fait leur meeting juste un jour avant Erdogan.
00:49 Et je pense que le fait que la tension monte et les discours deviennent violents, c'est
00:59 parce que pour la première fois, je pense que l'AKP n'est pas du tout en premier lieu
01:05 dans les sondages.
01:06 Depuis le début du mars, quand on regarde en fait le moyen de 18 sondages effectués
01:13 dans différentes métropoles de la Turquie et par différentes entreprises, Kudüsdaroglu
01:19 est constamment en tête des sondages.
01:22 Et le dernier sondage le montre vainqueur dès le premier tour avec 50,9% des intentions
01:30 de vote.
01:31 S'il s'avère que ces sondages se confirment et qu'Erdogan perdrait l'élection, est-ce
01:36 qu'il quitterait le pouvoir pour autant ?
01:37 Alors, dans les conditions actuelles de la Turquie, c'est compliqué de répondre d'un
01:46 coup à cette question, oui.
01:48 Parce qu'il y a des signes que la passation du pouvoir ne sera pas si simple que ça.
01:56 On voit des derniers événements de cette semaine.
02:00 Et aussi, quand on regarde les déclarations des représentants du gouvernement actuellement,
02:06 c'est assez hallucinant parce qu'ils parlent tous de l'avenir de la République de Turquie
02:14 et de l'existence de la Turquie elle-même, qui serait liée au résultat de cette élection.
02:21 Un des ministres de l'Intérieur, nommons-le, a même dit que les élections du 14 mai seraient
02:30 un coup d'État pour la Turquie.
02:32 Donc, on est en fait dans une sorte de délire politique.
02:37 L'organisation des élections législatives sont considérées par certains représentants
02:43 du gouvernement comme un coup d'État.
02:45 Ce qui fait qu'à mon avis, après les élections, il faut rester vigilant quand même pour éviter
02:52 tout débordement dans les rues.
02:55 On voit pendant que vous parlez ce meeting géant d'hier d'Erdogan, meeting également
03:02 de l'opposition qui a ramené beaucoup d'électeurs turcs.
03:08 Vous diriez qu'il y a une polarisation aujourd'hui de la société autour de ces élections.
03:12 Est-ce qu'il y a un modèle de société qui est sur la table entre d'un côté les
03:19 pro et Erdogan et les anti ?
03:21 Je ne dirais pas pro Erdogan ou anti Erdogan.
03:27 La séparation est plus complexe qu'aujourd'hui parce qu'en face d'Erdogan, il y a une coalition
03:35 qui réunit différents courants politiques allant des nationalistes modérés, des droites,
03:42 des social-démocrates et de gauche.
03:44 Notamment le courant du mouvement kurde avec le Parti démocratique du peuple qui représente
03:52 grosso modo les Kurdes, accorde leur soutien sans faille à l'élection de Kılıçdaroğlu.
03:59 Et du côté d'Erdogan, quand on regarde les partis qui sont dans la coalition, en
04:04 plus de AKP, on voit l'extrême droite et les islamistes radicaux.
04:08 Même si certains parlent de la guerre, du bien et du mal pour ces élections, bien
04:16 évidemment les choses sont plus compliquées que ça.
04:18 Je pense que surtout à l'heure actuelle, la société turque est fatiguée de la crise
04:23 économique, de la fracture sociale et de la polarisation politique qui dure depuis
04:30 20 ans dans le pays.
04:32 Or Kılıçdaroğlu, sa personnalité, incarne une sorte de réconciliation sociale et politique,
04:40 une sortie de crise économique, une solution à des problèmes politiques récurrents de
04:45 la Turquie, notamment la question kurde.
04:47 Donc ça trouve son écho dans la société.
04:52 Il y a plus l'envie de sortir de la crise économique et de mettre en place une forme
04:57 de sérénité politique dans le pays, et que les gens puissent penser plus sereinement
05:04 à leur avenir que les mesures antidémocratiques.
05:09 Mais effectivement l'image changerait après 20 ans de pouvoir, mais l'opposition dit
05:13 en gros que d'un coup de baguette magique, elle effacerait la crise sociale actuelle,
05:17 elle ferait baisser l'inflation, c'est un peu du populisme là ?
05:19 Bien évidemment il y a du populisme.
05:22 Là depuis une dizaine de jours d'ailleurs, du côté de Erdoğan et de l'opposition,
05:27 les promesses voilent dans l'air, il y a parfois des choses assez surréalistes.
05:32 Bien évidemment quand on regarde les promesses de Kılıçdaroğlu, il faudra attendre et
05:39 voir par quels moyens il sera en mesure de réaliser ça.
05:44 Et d'après lui, déjà il dit qu'en attaquant au système de corruption et dépense publique,
05:52 il va récupérer pas mal d'argent et en toute tête de cause, il n'a jamais déclaré
05:58 qu'il va résoudre tous les problèmes en un an.
06:00 Tout le monde est conscient du fait, ne serait-ce que pour la construction par exemple de logements
06:04 dans les régions du séisme, il faudrait plusieurs années parce qu'il a promis de
06:10 les rendre gratuitement sans crédit.
06:12 Donc effectivement il y a une forte tendance au populisme, mais en même temps il y a aussi
06:19 des promesses assez réalistes dans le programme de Kılıçdaroğlu.
06:23 On aura les résultats rapidement dans la soirée, le lendemain ?
06:27 On espère, mais comme en fait ce sont des élections assez tendues à l'heure actuelle,
06:35 je pense qu'on va commencer à voir les premiers résultats au petit matin le 15 mai.
06:42 On va avoir des tendances je pense vers minuit.
06:45 D'accord.
06:46 Mais voilà, si la Turquie est un pays assez grand, les résultats vont venir progressivement,
06:55 notamment dans les métropoles, ne soit-ce qu'Istanbul avec 20 millions d'habitants,
07:00 presque 20 millions d'habitants.
07:02 Ils remonteront progressivement et ce sera à suivre bien sûr sur France 24, on vous
07:05 retrouvera peut-être Ulchine Erdi pour ses résultats.

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