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Plusieurs centaines de militants d'extrême droite ont défilé, samedi, dans les rues du 6e arrondissement de Paris. Un rassemblement qui avait été autorisé par la préfecture de police de la capitale.

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Transcription
00:00 D'abord pour interdire une manifestation déclarée, il faut que je sois en capacité de justifier
00:05 quel risque de produire des troubles à l'ordre public.
00:07 Le trouble à l'ordre public c'est quoi ? C'est un risque d'affrontement,
00:10 la commission de violence, de dégradation.
00:12 Et en plus il y a une deuxième condition, il faut que je démontre que je ne suis pas en capacité
00:18 avec les forces de l'ordre placées sous mon autorité de contenir ces troubles.
00:22 Et donc c'est évidemment très compliqué à établir et ça c'est évidemment l'état du droit.
00:27 Je rappelle que le 4 février dernier, pour être précis, j'ai pris un arrêté d'interdiction
00:33 d'une manifestation d'ultra droite qui visait à commémorer "les morts du 6 février 1934".
00:40 Donc j'avais pris un arrêté d'interdiction pour risque de troubles à l'ordre public.
00:43 Il a été annulé car il a été considéré que je ne démontrais pas suffisamment la probabilité
00:49 d'un trouble à l'ordre public, que l'objet même de cette manifestation,
00:52 aussi choquant qu'il puisse apparaître, n'était pas suffisant.
00:55 Et alors même que lors des précédents rassemblements pour commémorer le 6 février 1934,
00:59 il y avait eu des incidents. Voilà, mon arrêté a été annulé.
01:03 Et donc évidemment j'ai tiré toutes les conséquences en droit de cette précédente décision de justice.
01:08 Et surtout pour cette marche-là, les précédentes marches s'étaient déroulées,
01:13 il n'y avait jamais eu de troubles à l'ordre public, il n'y avait jamais eu d'incidents graves
01:16 lors des précédentes marches. Voilà ce qui a fondé ma décision de ne pas interdire,
01:20 que j'assume évidemment totalement.
01:22 - Sur la question de samedi, qu'est-ce qui dominait pour vous ?
01:26 C'est que vous estimiez que ce défilé n'était pas de nature à troubler l'ordre public ?
01:29 - Absolument, mais ce qui n'empêche pas, attention,
01:31 c'est pas parce qu'on n'interdit pas une manifestation qu'on la cautionne, loin s'en faut.
01:35 Ça ne nous empêche pas évidemment de travailler en renseignement,
01:39 puisque comme ça a été excellemment dit dans la chronique précédente,
01:42 il y a évidemment un certain nombre de groupes à risque, dont certains sont cités par votre journaliste,
01:47 pour lesquels nous sommes extrêmement attentifs.
01:49 Donc évidemment nous travaillons en renseignement, puis surtout en judiciaire aussi.
01:52 C'est-à-dire qu'on va se repasser les films de cette manifestation à la vidéo.
01:57 Évidemment s'il devait y avoir des gestes, des propos qui tombent sous le coup de la justice,
02:01 nous saisions la justice.
02:02 Et je l'ai d'ailleurs déjà fait quasiment immédiatement sur le fait,
02:06 comme vous l'avez souligné, qu'un certain nombre de manifestants,
02:09 même la plupart, manifestaient visage couvert.
02:12 Et donc j'ai saisi la justice, puisque c'est une infraction de la dissimulation du visage sur l'espace public.
02:18 La plupart des manifestants étaient en effet cagoulés, à commencer par les membres du service d'ordre,
02:23 qui entouraient ce cortège.
02:24 Des forces de police étaient présentes.
02:26 Qu'est-ce qui justifie qu'on saisisse la justice après coup,
02:30 et qu'il n'y ait pas d'intervention sur le moment ?
02:32 Mais c'est toujours comme ça qu'on travaille.
02:33 On n'intervient jamais immédiatement, sauf quand il y a des violences physiques,
02:37 où là la manifestation se transforme en attroupement, on fait des sommations et on disperse.
02:41 Mais c'est toujours comme ça.
02:42 D'abord, de ce qui m'a été rapporté, il n'a pas été relevé de signes,
02:48 de gestes qui tomberaient sous le coup de la justice.
02:49 Mais à ce stade, on va bien évidemment examiner tout ça.
02:52 Mais c'est toujours comme ça qu'on travaille.
02:54 Une fois que la manifestation n'est pas interdite, on travaille en judiciaire,
02:57 on observe ce qui se passe.
02:59 Et quand il y a des infractions judiciaires, évidemment, on saisit la justice.
03:04 Je voudrais juste dire un mot, rappeler mon parcours.
03:07 Je suis quand même l'ancien directeur général de la Sécurité intérieure,
03:10 l'ancien coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme.
03:14 Je crois que depuis 2017, le pouvoir politique n'a pas à faire la preuve
03:19 de sa détermination à lutter contre l'ultra-droite.
03:21 Je vous rappelle quand même que ce sont plus d'une dizaine de dossiers
03:24 qui ont été ouverts à l'antiterrorisme pour lutter contre des structures d'ultra-droite,
03:30 qu'il y a plusieurs structures qui ont été dissoutes.
03:32 Et ça a d'ailleurs été rappelé par votre journaliste.
03:35 Donc voilà, bastion social, les Zouaves.
03:37 Donc il faut, et je suis...
03:39 - En l'occurrence, les Zouaves...
03:40 - ...j'ai un politique, il faut quand même...
03:42 - Il y a eu dissolution récente des Zouaves Paris.
03:44 Est-ce que ces membres se sont reconstitués dans de nouveaux groupes ?
03:47 Et est-ce que vous savez qui sont les instigateurs de ce comité du 9 mai ?
03:52 - Alors ce comité du 9 mai, évidemment, il y a un déclarant.
03:54 Nous avions évidemment des individus de toute la mouvance ultra-droite,
03:57 des ultra-nationalistes, probablement des néonazis.
04:01 Mais tout ça, on va y travailler, on va le déterminer.
04:04 Mais encore une fois, j'insiste vraiment là-dessus.
04:07 Je pense que sur ce sujet de la lutte contre l'ultra-droite,
04:10 on n'a pas énormément de leçons à recevoir.
04:12 Nous sommes très déterminés.
04:13 Regardez le nombre de dossiers qui ont été ouverts
04:16 devant le procureur national de l'antiterrorisme.
04:18 Plus d'une dizaine depuis 2017.
04:20 Le nombre de structures qui ont été dissoutes.
04:22 Et nous sommes évidemment très déterminés à lutter contre l'ultra-droite.
04:25 - Puisque vous préparez ces réponses, vous avez lu ces critiques
04:28 qui émanent depuis ce week-end et qui vous interpellent,
04:31 notamment sur un deux poids, deux mesures.
04:33 Pourquoi la distribution de carton rouge autour du Stade de France
04:36 est-elle interdite quand des néonazis ou apparentés
04:40 peuvent défiler encadrés par les forces de l'ordre
04:43 dans les rues de Paris un samedi à deux jours du 8 mai ?
04:45 - Il n'y a pas deux poids, deux mesures en matière de troubles à l'ordre public.
04:48 Il n'y a pas deux poids, deux mesures.
04:49 Un trouble à l'ordre public d'une intensité moindre
04:54 que des violences fomentées par des groupes de l'ultra-droite,
04:56 encore une fois, ce n'était pas le cas le samedi.
04:58 Je peux justifier une interdiction.
05:00 Il n'y a pas d'intensité.
05:02 Je veux quand même vous rappeler,
05:03 ayez quand même à l'esprit qu'il y a aussi des manifestations
05:05 qui sont organisées par l'ultra-gauche,
05:07 notamment par le mouvement des antifascistes,
05:09 qui très régulièrement, d'ailleurs,
05:11 c'est le cas chaque année en juin, depuis juin 2013,
05:14 commémore la mort dans une rick's du militant Clément Myrick.
05:19 Vous savez, vous avez aussi des militants qui défilent
05:21 derrière des banderoles, qui ont le visage dissimulé
05:23 et qui crient des slogans qui sont assez éloignés,
05:26 on va dire, de la démocratie représentative,
05:28 un peu comme l'ultra-droite.
05:31 - Est-ce que vous mettez des antifascistes et des néonazis sur le même plan ?
05:33 - Je ne les mets absolument pas sur le même plan.
05:35 Je suis simplement en train de vous dire que moi,
05:36 mon travail, c'est de prévenir des trous vers l'ordre public,
05:39 d'éviter qu'il y ait des affrontements.
05:40 Et donc, ce qu'on a vu samedi, ça arrive parfois dans d'autres camps
05:44 et pourtant, les manifestations ont lieu.
05:45 Par contre, quand il y a des débordements, nous intervenons
05:48 et nous travaillons ensuite en renseignement
05:49 et nous travaillons ensuite, évidemment, en judiciaire
05:52 pour caractériser soit une infraction,
05:54 soit pour recueillir des informations qui vont nous être très utiles
05:58 pour continuer à suivre ces groupuscules
05:59 qui évoluent dans la mouvance de ce qu'on appelle
06:01 la mouvance pro-subversion violente.
06:03 - Vous avez déjà saisi l'autorité judiciaire ?
06:07 - J'ai saisi l'autorité judiciaire pour la manifestation de samedi,
06:11 pour les individus qui avaient le visage dissimulé.
06:13 Je me réserve évidemment le droit de le faire
06:16 s'il apparaissait d'autres infractions.
06:19 Ce n'est pas le cas à ce stade, mais si cela devait être le cas,
06:21 on y travaille évidemment.
06:23 Évidemment que je saisirais l'autorité judiciaire,
06:25 mais comment on le fait à chaque fois ?
06:26 Vous savez, il n'y a pas une manifestation qui échappe à la...
06:29 Nous regardons toujours ça à la loupe.
06:30 On a eu hier une manifestation qui s'est tenue
06:33 devant le siège de Renaissance où des propos ont été tenus.
06:36 On va regarder si juridiquement c'est une incitation
06:38 à commettre des violences, des propos qui appelaient
06:41 à la décapitation du chef de l'État.
06:43 Donc évidemment, moi, c'est mon travail.
06:44 Je suis là pour appliquer le droit, appliquer la loi.
06:47 Et donc on va regarder si ces propos tombent ou pas
06:49 sous le coup de la loi pénale.

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