Ces fous du désert ont fait le Marathon des sables pour et avec Enzo !

  • l’année dernière
Le faire seul avec son sac à dos, c’est un exploit. Le faire en équipe, en tirant une joëlette, c’est carrément fou. Mais ils l’ont fait. Grâce, pour et avec Enzo. Ils racontent... Reportage : Mattéo Clochard
Transcript
00:00 Et Jean-Claude, 5/8
00:04 Et elle est où ta médaille de finisheur ?
00:10 Elle est dans mon sac d'école parce que je ne suis pas finie sur le tour des graphiques
00:14 Ils sont toujours sur les points de remontage
00:19 Pourquoi ?
00:21 Parce que si tu es trop vite, tu es trop vite
00:27 L'émotion, l'émotion pure
00:30 C'est vrai ?
00:32 Bien sûr, pas de soucis
00:34 Moi je pense que l'arrivée de la 42, elle était aussi émouvante pour moi
00:40 Est-ce que c'était la plus...
00:42 Est-ce qu'avant tu peux me dire ton prénom, ton âge et ton métier ?
00:46 Stimoté Desremaux, j'ai 55 ans, je suis responsable à Châches et à Corail
00:52 Du coup, pour répondre à la question, est-ce qu'avant de partir, il y avait un stress, une appréhension, est-ce que vous aviez hâte ?
00:58 Il y avait tous ces sentiments mélangés, surtout l'appréhension
01:04 Parce que nous on était tous entraînés pour ça, on s'est préparés physiquement, mentalement, etc.
01:13 Et l'appréhension c'était un peu comment Enzo allait réagir
01:19 Il y avait beaucoup de stress de ma part sur le sujet
01:23 Parce qu'on partait un petit peu dans l'inconnu par rapport à Enzo
01:27 C'est pour ça qu'on a fait dernière ronde de bout
01:30 Ce qui a permis d'enlever un petit peu ce stress et cette appréhension
01:39 De savoir si effectivement on allait pouvoir emmener Enzo des heures et des heures dans la journée
01:44 Parce qu'on faisait des entraînements d'une heure, deux heures
01:47 Et on a passé le cap de dernière ronde de bout à 13 heures de course
01:51 Ça nous a rassurés et on s'est dit "là ça va passer"
01:54 Mon prénom c'est Didier, 57 ans, je suis ouvrier de l'État, je travaille au dépôt de munitions de voyage de château
02:00 Pour l'armée de terre
02:02 Est-ce que tu peux nous dire ton meilleur souvenir sur ce marathon des sables ?
02:05 Mon meilleur souvenir sur le marathon des sables ça a été
02:08 Lorsqu'on a passé la ligne d'arrivée avec Enzo, qu'on l'a porté et qu'il a pu marcher quelques pas
02:14 Et qu'il obtienne cette fameuse médaille
02:17 C'était le but qu'on a amené au bout et là c'était très émouvant
02:19 Il y avait vos proches, il y avait la foule pour vous acclamer ?
02:22 Il y avait l'encadrement, les coureurs qui applaudissaient
02:25 Et puis nous on avait la chair de poule parce que franchement émotionnellement c'était très fort
02:30 Et puis qu'on arrive tous ensemble avec lui là c'était juste parfait
02:35 Alors je m'appelle Peggy, j'ai 46 ans et je suis responsable de l'enseignement à la maison d'arrêt de Troyes
02:40 Du coup tu connaissais déjà Enzo avant le marathon des sables, de l'avoir vécu avec lui
02:46 Maintenant vous êtes encore plus proche qu'avant, est-ce qu'il y a eu des moments de complicité pendant la course ?
02:51 Evidemment oui, Enzo je l'ai rencontré il y a un an
02:55 Aujourd'hui Enzo c'est un petit peu comme mon quatrième enfant
02:58 Alors je ne vais pas prendre la place de Lydie évidemment
03:01 Mais quand on vit une course comme celle-ci ça renforce forcément les liens entre toute l'équipe
03:06 Qui sont devenus par définition mes frères de sable
03:09 Mais Enzo il ne sera jamais dans mon cœur et de toute façon je ne le lâcherai pas, je ne peux pas le lâcher
03:15 Et on a prévu déjà d'autres courses, je ne sais pas il est dans ma tête
03:20 Il est retourné à l'école mardi et j'ai envoyé un petit message "comment vas-tu, qu'est-ce que tu fais ?"
03:24 Et voilà Enzo c'est mon gros bébé
03:29 Alors moi je m'appelle Anthony, j'ai 27 ans, bientôt 28
03:33 Je suis pharmacien depuis un an
03:35 Et depuis la rencontre de l'équipe de Peggy et d'Enzo j'exerce un 3, ça fait deux jours
03:40 Très bien, est-ce que tu peux nous parler de la relation que vous aviez avec les autres participants
03:45 Est-ce qu'ils vous admiraient, est-ce qu'ils vous ont félicité, est-ce qu'ils vous ont encouragé, comment ça s'est passé ?
03:49 Au début les premiers jours ils ont vu Enzo dans un clôture blanc
03:53 Je pense qu'ils n'ont pas compris pourquoi du coup Enzo était là
03:57 Et ensuite au départ de la course là ils ont vraiment pris conscience des choses
04:01 Donc du coup l'organisation nous a fait une petite aide d'honneur pour nous mettre en avant
04:04 Avec les têtes d'affiches sans citer de nom bien sûr
04:07 Donc du coup on a fait un départ vraiment joyeux, c'était vraiment sympathique
04:11 Et après au fur et à mesure de la course on a eu beaucoup de respect
04:13 Les gens nous admiraient certes mais je pense que c'était plus du respect qu'autre chose
04:17 Déjà eux ils étaient en galère avec le soleil, la chaleur
04:20 Donc ils se demandaient comment c'était possible pour nous de faire ça
04:23 Donc c'est vrai qu'après sur le camp on a créé des liens avec les autres coureurs
04:26 On a eu beaucoup de respect par rapport à ça
04:28 Sur la longue l'étape de 90 km c'est là où les corps étaient fatigués
04:32 Donc on a demandé un petit peu aux gens s'ils pouvaient nous aider
04:35 Mais c'était sans réponse positive parce que même eux ils étaient au bout de leur vie
04:39 Par contre sur certaines étapes, notamment la dernière étape
04:43 On a eu une dame sans citer de nom bien sûr qui nous a aidé pendant un long moment
04:46 Mais je pense que c'était plus pour se donner du courage pour avancer avec nous
04:50 Même si elle nous a aidé un petit peu
04:52 Puis ça nous a permis de repartir aussi dans l'avant parce qu'elle était au bout de sa vie
04:56 Donc non les gens ne nous ont pas trop aidé mais ils étaient dans leur course
04:59 Mais ils nous ont beaucoup respecté
05:01 Donc pas trop d'entraide mais beaucoup de respect
05:04 Je m'appelle Jimmy, j'ai 48 ans et je travaille à la maison d'arrêt de Troyes en tant que surveillant
05:09 Est-ce que tu peux nous parler du fait que parfois il y avait des choses qui étaient plus compliquées
05:13 Et il a fallu se surpasser
05:14 Exactement, notamment la première étape, on est tout feu, tout flan, on est plein d'entrains
05:18 Mais la chaleur, les conditions de chaleur font que quand on soit prêt physiquement
05:23 La chaleur fait beaucoup de dégâts
05:25 Et notamment à l'arrivée de la première étape, du 34ème, du 36ème kilomètre
05:28 Le soir j'étais KO, j'ai eu mal au ventre
05:31 Et je me suis dit que ça allait être très compliqué pour les prochaines étapes
05:34 Et grâce à l'équipe, des ressources qu'on a au fond de nous, qu'on a au fond de l'équipe
05:40 On met le cerveau sur off et on se dit là il faut avancer
05:43 Et petit à petit, jour à jour, ça allait mieux, ça allait de mieux en mieux
05:45 Et notamment lors de la 90ème, du 91ème kilomètre, dernière étape longue
05:49 Et bien je me suis senti en meilleure forme
05:52 Et ça fait peut-être un mois de donner un coup de pouce aux autres personnes qui étaient un petit peu dans l'indicuté
05:56 Ce qui fait que l'équipe elle est là et qu'on n'est pas 8 coureurs et une zone
06:00 On est une seule équipe, un seul bonhomme pour avancer tous ensemble
06:02 Donc c'était génial, c'était génial
06:04 Je m'appelle Jean-Claude Dubois, j'ai 61 ans
06:07 Je travaille à Tranche-Pas-de-Métropole et je suis coach auto-synthétisme dans un groupe de travail
06:13 Très bien, du coup tu nous parlais d'une journée ou de quelques jours
06:17 Dans lesquels tu as senti des blessures, tu as eu des blessures
06:20 Comment est-ce qu'on fait pour surpasser ça et comment dans la tête on continue la course ?
06:24 Alors effectivement c'est durant l'étape 4 je crois
06:28 Je me suis fait une première entorse en descendant une dune
06:31 Qui est passée relativement bien
06:34 Mais quelques heures après je me suis refait une deuxième entorse sur les mêmes pieds
06:38 Là j'ai vraiment sauté
06:40 Et là j'ai eu deux entorses de suite
06:43 Là j'avais peur de ne pas pouvoir terminer
06:45 Une personne de mon équipe me dit
06:48 "Ça va être quand même assez chaud pour les autres"
06:51 Et puis ça m'embêtait aussi de ne pas pouvoir finir
06:54 Et finalement j'ai laissé passer 5 minutes pour me remettre
06:57 Je me suis strapé déjà, je me suis arrêté, je me suis strapé
07:00 Et j'ai continué la course et j'ai tout de suite repris
07:03 Un peu comme on dit, tu as un problème tu te relances tout de suite pour voir où t'en es
07:07 Et finalement les 5 minutes, puisqu'on changeait toutes les 5 minutes
07:11 J'ai réussi à surmonter la douleur et à continuer à tirer la genette
07:16 Et donc on a continué la course
07:18 Et finalement on m'a amené jusqu'au bout de tous les états
07:21 Et là en fait c'était bien pour l'équipe, c'était bien pour moi
07:24 Parce que j'ai quand même réussi à passer ce cap qui m'avait fait arrêter une course
07:29 L'UTMB au mois d'octobre dernier
07:32 Et là je me suis dit que deux coups sur coup c'était un petit peu beaucoup
07:35 Et en fait j'ai réussi à surmonter ça et c'était vraiment pour tout le monde
07:38 Je m'appelle Enzo, j'ai 14 ans
07:41 Et je suis écolier à plein temps au collège de l'alcool
07:44 À plein temps, ben bon dans plein de temps
07:47 Et je fais du foot, fauteuil et ronde sport au club 3-1
07:51 Et je fais du tennis, fauteuil au club Savignan de Saint-Pauline
07:56 Et je fais un peu de natation au charcon
07:58 Très bien
07:59 Et maintenant on est d'accord sur tout
08:01 Est-ce que tu peux nous parler de ton sentiment une fois la course finie ?
08:04 On imagine que t'as des émotions, ton cerveau il pense à la course qui vient de se passer
08:08 Qu'est-ce que t'en penses ? Quel est ton bilan de cette course ?
08:10 Mon cerveau d'un côté il se rend pas vraiment compte de la distance que j'ai parcourue en marchant
08:16 Parce que je suis arrivé, j'avais tellement de douleur après dans la course
08:21 Que je me suis dit les 10 mètres que je me suis fixé, ils étaient de trop haut
08:24 Et en fait je me suis tellement portée par le public qui tapait dans les mains en rythme
08:27 Au moment où on descendait, par le sourire de Peggy et d'Anthony quand ils m'ont portée
08:31 Que en fait j'aurais pu faire 30 mètres de plus sans problème
08:35 Je sentais plus mon handicap
08:37 C'est comme si il avait disparu pendant un laps de temps infime
08:41 Mais j'avais l'impression de marcher normalement, sans avoir de difficulté à marcher
08:44 Ce que j'ai jamais ressenti
08:45 Et ça c'est un truc que seul le Marathon des Sables ou une course avec autant de bonheur autour
08:50 Peut procurer
08:52 Et forcément que les sensations elles étaient belles, elles étaient bonnes
08:55 J'étais remplie de fierté parce que ces gars là c'est des guerriers
08:59 En fait vous pouvez chercher n'importe où sur Terre
09:01 Vous ne trouverez pas une seule personne qui a autant de mental que les guerriers que j'ai eu autour de moi
09:06 Que ce soit la recruteuse qui a été chercher
09:09 Ces mecs là qui ont été génial pendant toute la course
09:12 Ils ont tous été génial en passant par le stage
09:15 Ma mère qui a été exceptionnelle
09:17 Pierre qui a eu quelques défauts sur le réparage des roues
09:20 Mais sinon tout s'est super bien passé
09:22 Je suis fière d'avoir réalisé ça
09:25 Et comme j'ai toujours dit, c'était pour moi une occasion de montrer aux gens qui portent un handicap
09:32 Que ce n'est pas parce qu'on est en situation de handicap qu'on ne peut pas avoir des rêves et qu'on ne peut pas les réaliser
09:37 Il suffit juste de provoquer un peu le destin
09:39 Et de rencontrer les bonnes personnes
09:41 Aux bonnes personnes comme Peggy et le reste de l'équipe
09:43 Et à tous ceux que ça ne plairait pas
09:45 De dire gentiment "j'en ai rien à faire de ce que les autres pensent"
09:48 Et voilà, je compte continuer à vivre, vivre les expériences
09:51 C'est grâce à Peggy et grâce à tout le monde que j'ai pu vivre ça
09:55 Et je leur en serai éternellement reconnaissant
09:57 -Oui.

Recommandée