Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez
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AmusantTranscription
00:00 Elisabeth El Moetier a une vraie réponse à cette question.
00:03 Elisabeth, avez-vous compris pourquoi Edouard Berre était là ?
00:07 Oui, j'ai compris et comment ça m'arrange.
00:09 Edouard Berre, avec le journal de Paris, vous mettez votre célébrité au profit d'autres artistes.
00:14 On voit votre nom sur l'affiche, mais le soir venu, on découvre à vos côtés sur scène
00:17 des chanteurs, danseurs, acteurs et autres jongleurs moins connus.
00:21 Et aujourd'hui, j'ai une proposition à vous faire Edouard.
00:24 Moi aussi, je joue mon spectacle à Paris et c'est une galère à remplir cette merde.
00:28 Donc je voulais savoir si je pouvais aussi mettre votre nom sur mon affiche.
00:31 Puis quand les gens arrivent dans la salle, non seulement il n'y aurait pas que vous sur scène,
00:35 mais en fait il n'y aurait pas vous du tout, il y aurait juste moi.
00:37 Voilà, c'est une proposition comme ça.
00:40 Je me suis dit.
00:41 Au-delà de la question de la promo, votre spectacle m'a questionné sur mon statut d'artiste.
00:46 On y voit des gens pour qui l'art n'est pas nécessairement un métier, parfois juste une passion.
00:50 Et moi en fait, je raconte des blagues, mais j'ai aussi encore mon travail d'avant.
00:54 Mon travail non artistique, mon travail que ma grand-mère qualifie de vrai travail,
00:57 un travail à garder absolument, Lisa.
00:59 J'ai vu ton spectacle, mais c'est pas là-dessus pour la fin.
01:02 Évidemment, je suis tentée de vivre exclusivement de l'humour,
01:06 mais j'ai aussi conscience que dépendre de son art pour manger,
01:09 ça reste quand même le meilleur moyen d'enfin avoir ton summer body.
01:12 C'est quoi ton secret minceur, Lisa ?
01:14 Ben l'intermittence.
01:15 Une jeune intermittente au nom de statut d'intermittente.
01:18 Moi j'ai peur aussi qu'en devenant mon gain-pain, mon art n'en perde en intégrité.
01:24 Parce que moi si je boycotte les 200 000 euros d'Amazon pour Lolkiri sort comme Blanche Gardin,
01:28 c'est un peu par principe, mais enfin surtout aussi parce qu'on m'a proposé.
01:31 Mais le jour où je vais devoir payer mon loyer que avec mes boutades.
01:34 J'aimerais vous dire que je resterai droite,
01:37 mais enfin soyez quand même pas étonnés quand dans deux mois je deviens co-auteur de Poutine.
01:41 Alors rassurez-vous France Inter, du calme la gauche,
01:44 vous avez entendu mes chroniques, compris mon clown.
01:46 Si j'écris un jour pour l'ennemi, c'est juste parce que ma spécialité,
01:49 c'est clairement les discours de défaite.
01:51 Pour vous faire part à l'enterrement, vos discours de divorce,
01:53 il n'y a qu'un loser à appeler, c'est Lisa Delmoitié.
01:56 Et il y a évidemment des professionnels brillants à vos côtés sur scène,
01:59 comme le costumier flamboyant Michel Dussart ou la poète drôle Claire Izirdi par exemple.
02:04 Mais quand je vois la pureté de vos compagnons amateurs sur scène,
02:07 Edouard, je me dis que peut-être qu'artiste, ça ne devrait pas être un métier,
02:11 juste un devoir citoyen, un peu comme juré d'assise.
02:14 Imagine, une fois dans ta vie, t'es tiré au hasard, tu reçois ta convocation,
02:17 ah putain, ça y est, c'est mon tour, je dois être artiste.
02:21 Là, c'est un peu comme la politique, c'est quand tu ne dois pas te faire réélire qu'il n'y a plus de populisme
02:26 et quand tu ne dois pas vendre de tickets ou de CD qu'il n'y a plus de pop.
02:28 Du coup, pardon, tu ne fais pas de pub si tu ne dois pas vendre.
02:32 Ce qui est dommage en soi, parce qu'il y a évidemment de la pop de qualité,
02:35 c'est moins vrai pour le populisme.
02:37 Personne n'a jamais dit "écoute, personnellement, l'interdiction du voile par Marine Le Pen,
02:40 ce n'est pas mon style, mais tu ne peux pas le nier, c'est le tube de l'été".
02:43 Ah, ça reste en tête cette merde.
02:46 Alors vous allez me dire "est-ce qu'il n'y a pas des artistes qui méritent plus qu'un quart d'heure de gloire ?"
02:50 Beeeh, beaucoup finissent par se répéter quand même.
02:54 J'ai énormément de respect pour Monet, mais enfin, au 32e des Nuffar, on a compris le délire, Claude.
03:00 Après, je dis ça, mais je suis fascinée par les artistes monomaniaques, moi-même.
03:04 Je suis fascinée par les artistes qui tapent sur le même clou
03:06 pour qu'à la fin de leur vie, ils arrivent à peindre le plus beau des Nuffar.
03:09 Prenez moi, par exemple, et mon obsession pour les blagues de cul.
03:13 Bon, vraiment, j'insiste, prenez moi.
03:16 Je cherche juste la blague de bite parfaite et un jour je la trouverai.
03:21 Mais d'ici là, venez voir mon spectacle le 3 juin au Théâtre Le Métropole.
03:24 Je partage la scène avec Edouard Baer, ou pas.
03:27 Enfin, venez voir quand même.
03:29 (Applaudissements)