Maxim Töller, avocat de Marc Tarabella: 'L'enquête avance à un rythme exceptionnel'

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Transcript
00:00 Pourquoi est-ce qu'il prend la parole ?
00:02 Parce qu'à un moment donné, c'est son choix.
00:04 Il a toujours dit qu'il voulait d'abord parler à la justice.
00:08 Il a demandé pendant plusieurs mois à être entendu.
00:10 Puis il a été entendu, mais en détention préventive.
00:12 Et là, il a estimé que, et c'est son choix personnel évidemment,
00:15 qu'il était temps qu'il parle lui-même, qu'il puisse une fois s'exprimer lui-même
00:19 sur les éléments du dossier et ne plus laisser tous les autres parler,
00:22 ou les fuites notamment.
00:24 Et là, il a décidé qu'une fois, il devrait parler lui-même des éléments qui lui semblent importants.
00:28 Oui, parce qu'on n'entend pas les autres parler de fuites,
00:30 mais les autres ne prennent pas la parole.
00:32 On a entendu certaines personnes, certains avocats, certains éléments,
00:35 mais au travers des fuites, ce sont les autres qui parlent.
00:38 Les authorsitions de M. Tarbella n'ont par exemple jamais fuité de manière étonnante.
00:42 Donc cette fois-ci, il dit des choses, non pas les éléments du dossier,
00:45 il n'a pas commenté les éléments du dossier,
00:47 mais il a dit les choses qui lui semblaient devoir être dites.
00:49 Son objectif, c'est de reprendre au plus vite sa vie politique, celle d'avant ?
00:53 Elle ne sera jamais comme avant, sa vie politique.
00:55 Il veut redevenir Bourgmest-Dantin,
00:57 c'est quelque chose qui est important pour lui.
00:59 Il va continuer de travailler, notamment en matière d'agriculture,
01:01 par exemple au Parlement européen.
01:03 Ça, c'est important pour lui, mais il sait très bien qu'en 2024,
01:06 il avait déjà décidé avant l'affaire, sa carrière politique se terminera.
01:10 Il est placé sous libération conditionnelle, on lui retire le bracelet.
01:13 Selon vous, quelles sont les raisons qui font qu'on retire ce bracelet aujourd'hui ?
01:16 Je ne peux pas me substituer évidemment au juge.
01:19 Je suppose qu'en tout cas, les éléments du dossier ne nécessitent plus,
01:24 de manière indispensable, la détention de M. Tarabella,
01:28 puisque c'est ça la définition finalement d'une libération sous condition.
01:31 Mais il reste bien sûr inculpé, et ça c'est très important.
01:34 M. Tarabella n'entend pas dire ici qu'il est innocenté,
01:37 que les choses se terminent.
01:38 Il est toujours inculpé, il doit toujours se défendre.
01:40 L'enquête continue, il s'agit d'une étape parmi beaucoup d'autres,
01:43 et le vrai combat sera évidemment celui devant le juge du fond.
01:46 Ce qui est impressionnant de lui, c'est qu'il parle de mensonges
01:48 vis-à-vis de M. Kronzerich, qu'il présente comme un ami aussi.
01:52 Oui, il vivait cette relation de presque amitié.
01:56 Ils avaient vraiment une relation importante concernant le football.
01:59 C'était quelqu'un qu'il admirait également pour ses positions.
02:01 M. Panzerich, c'était quelqu'un d'extrêmement important au Parlement.
02:04 En 15 ans de carrière, il a fait du bruit, il a pu s'entourer de beaucoup de monde.
02:09 Et oui, ce qu'il a décrit aujourd'hui, ce sont ses mots évidemment.
02:14 Il a été incroyablement surpris et déçu de voir à quel point M. Panzerich,
02:19 un, était, selon M. Panzerich, appliqué dans une organisation criminelle,
02:23 et deux, qui l'accusait.
02:25 On lui reproche toujours d'avoir touché en liquide entre 120 et 140 000 euros.
02:29 Comment est-ce qu'il vit ça ? Il considère à nouveau, toujours, il réitère son innocence ?
02:34 M. Tarabella n'a pas varié d'une virgule depuis le premier jour où cette affaire a éclaté.
02:38 Il continue à dire qu'il n'a jamais touché le moindre argent ou le moindre cadeau
02:41 contre ses positions politiques.
02:43 Ça a dû être très dur de ne pas s'exprimer pendant tout ce temps.
02:46 Il dit notamment qu'il a des bonnes relations avec la presse, encore maintenant.
02:50 Oui, ça a été très dur de ne pas pouvoir s'exprimer, parce que c'est quelqu'un qui a l'habitude de cela,
02:55 c'est un homme politique, et donc le silence n'est pas totalement en adéquation avec sa carrière.
03:00 Mais je dirais qu'il a pu constater auprès des citoyens, auprès de collègues,
03:07 et auprès de la presse, une certaine neutralité qui lui faisait du bien, entre guillemets.
03:11 Maintenant, il y avait des fuites qui, évidemment, donnaient un aspect totalement orienté à l'enquête
03:16 et aux éléments qui sont dans le dossier.
03:18 Aujourd'hui, il ne compte pas rééquilibrer les choses, il ne va pas donner des éléments d'enquête en contrepartie,
03:24 mais il voulait au moins qu'une fois qu'on l'entende, pas seulement au travers des dires d'autres personnes
03:28 qui fuient de la presse, mais au travers de sa propre voix, sa vérité.
03:32 On a l'impression que c'est plus celui qui voulait prendre la parole que vous.
03:36 Vous étiez opposés à sa prise de parole ?
03:39 Ce n'est pas un fait judiciaire de mon fait.
03:42 M. Gérard Sucçon a pris la décision seul de libérer M. Taravella.
03:48 Donc, effectivement, c'est lui qui prend la décision de prendre la parole publiquement.
03:53 Je suis son conseil, je le suis pour ce qui est judiciaire, pas pour ce qui est de sa prise de parole,
03:57 mais je l'assiste dans toutes les étapes de sa procédure.
04:01 Mais vous lui avez conseillé de ne pas la prendre, cette parole ?
04:04 C'est mon client, donc je lui donne des conseils qui restent dans le "secret des dieux".
04:09 Ensuite, il me prend une décision, je ne lui dirai pas ce que je lui ai conseillé, bien entendu.
04:14 Votre relation avec M. Gérard Sucçon a été houleuse par moments.
04:17 On en est où aujourd'hui ? La situation s'améliore, ça reste très compliqué de travailler avec lui ?
04:21 M. Gérard Sucçon, c'est un grand professionnel, c'est quelqu'un de brillant.
04:25 À un moment donné, nous nous sommes posé des questions sur son impersonnalité par rapport à des mots qu'il a utilisés.
04:30 D'autres magistrats ont pu expliquer ces mots d'une autre manière que d'une prise de position.
04:35 Nous nous sommes rassurés par ces positions de la justice de manière globale.
04:38 M. Gérard Sucçon, ensuite, il continue son enquête, de m'admettre,
04:43 je veux dire, ce n'est pas quelqu'un qui est connu pour la faire mal, pour être lent, ou quoi que ce soit de ce type-là.
04:47 Il l'a fait selon la manière dont il estime devoir la faire, je n'ai pas à commenter cet élément-là.
04:52 Et donc la seule relation que nous avons, c'est que c'est lui le chef d'enquête,
04:55 et moi je suis l'avocat d'une personne dans ce dossier, donc nous n'avons pas de relation particulière.
04:59 Je lui demande certaines choses, il l'autorise ou il ne l'autorise pas en fonction de ce qu'il estime être
05:04 la nature à rencontrer l'objectif de la justice, et ça s'arrête là.
05:08 On sent dire que vous êtes fort touché par ce qu'il a fait en cette pression.
05:13 Oui, mais comment ne pas l'être quand on a vécu ce qu'il a vécu.
05:19 Je veux bien prendre la position qui viendrait à dire qu'il est coupable à la fin.
05:25 Vivre ce qu'il a vécu c'est dur pour tout le monde, mais comme il l'a dit, vivre ce qu'il a vécu,
05:29 alors qu'on est innocent, alors qu'on est trahi par un ami, alors qu'on est trahi par son parti,
05:33 alors qu'on est mis en détention préventive et qu'il a toujours estimé ne pas représenter
05:37 le moindre danger pour la sécurité publique, ne jamais avoir représenté un danger pour l'enquête
05:41 ou ne pas avoir le risque de fuite, c'était quelque chose d'incroyablement violent le concernant.
05:46 Et oui, c'est quelque chose qui blesse profondément un homme, qui blesserait n'importe quel homme,
05:50 et lui peut-être en particulier aujourd'hui.

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