La Sexy News de Philippe Hofman - Le besoin de contact physique chez les ados

  • l’année dernière
Retrouvez la Sexy News chaque jour dans l'émission de Brigitte Lahaie sur Sud Radio
-
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

________________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

________________________________________


Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

☀️ Et pour plus de vidéos de le sexy news : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDTBIbwA9DxIucvN7n954ZId

##SEXY_NEWS-2023-05-10##
Transcript
00:00 Brigitte Lahaye, Sud Radio, c'est l'instant sexy news.
00:04 Eh bien Hugues Rennes, nous retrouvons Philippe Hoffman qui comme tous les mercredis nous parle des ados et de leurs besoins
00:11 aujourd'hui de contact physique. Bonjour Philippe Hoffman.
00:15 Oui bonjour, bonjour Brigitte, bonjour Hugues.
00:19 Oui alors voilà, je vais parler un peu de quelque chose de particulier aujourd'hui parce que
00:25 on parle beaucoup de la violence à l'adolescence, d'ailleurs on associe souvent dans nos sociétés qui sont pacifiées
00:31 où il n'y a pas eu de guerre depuis 80 ans, la violence et l'adolescence parce que bon
00:38 c'est plus spectaculaire tout ce qui est donné par les jeunes et particulièrement les garçons.
00:45 Mais en fait le terme de violence c'est un fourre-tout, on retrouve tout, les homicides, les bagarres, la maltraitance physique, psychique, le harcèlement,
00:54 la violence sociale et même les paroles politiques qu'on dit violentes.
00:59 En fait, chez l'animal par exemple on ne parle pas vraiment de violence mais d'une réaction agressive, émotionnelle qui permet la survie.
01:09 C'est ce qui caractérise aussi certains de nos comportements mais en fait la violence humaine c'est beaucoup plus complexe.
01:16 Elle n'est pas qu'émotionnelle, elle est intrinsèque on pourrait dire, il n'y a pas d'humanité sans violence malheureusement.
01:24 Les sociétés qui sont dites pacifiées comme la nôtre, elles essayent de contenir la violence dans le sport, les jeux, la compétition, le savoir.
01:35 Mais on voit bien que c'est toujours plus ou moins enfoui et ça peut ressurgir sans prévenir.
01:42 Et puis à ce moment-là ça devient destructeur pour les autres et puis aussi pour soi-même parfois, c'est le cas de beaucoup d'ados d'ailleurs et de beaucoup de familles aussi, pathologies.
01:54 Alors je ne vais pas parler du drame universel que constituent toutes ces violences parce que ce n'est pas mon sujet,
02:00 mais plutôt du besoin vital des ados dits normaux d'avoir des contacts physiques et parfois un peu brutaux pour se constituer une identité.
02:12 En fait les conflits qu'il peut y avoir avec les ados qui sont verbaux ou physiques, ça ressemble à de la violence,
02:21 mais parfois, le plus souvent d'ailleurs, c'est un processus classique d'affirmation de soi qui participe à la construction de toute l'identité des jeunes.
02:33 Les enfants, les ados comme les bébés qui ont dû découvrir un univers sensoriel et corporel pour distinguer sa réalité interne et la réalité externe,
02:47 pour les ados c'est un peu la même chose, ça revient cette histoire-là parce qu'ils sont en train de changer,
02:53 ils se métamorphosent et ils vont devoir composer avec ce qu'on pourrait appeler une nouvelle enveloppe corporelle.
03:01 Avant de trouver une image unifiée d'eux-mêmes, c'est un peu troué, c'est un peu particulier, c'est un peu démembré on va dire.
03:12 Il va falloir expérimenter des contacts et qu'ils feront parfois souffrir, même si ça lui fait plaisir aussi,
03:20 et il y a une ambivalence comme ça qu'on retrouve dans beaucoup de comportements chez les jeunes.
03:25 Donc ce qui se passe c'est que la peau c'est un récepteur sensoriel qui est autant physique que psychique.
03:31 On pourrait dire que depuis les premières perceptions du fœtus jusqu'à aujourd'hui, tous les souvenirs qu'on accumule passent par la peau
03:44 et après ça s'insère dans nos fantasmes.
03:47 C'est ce qui en fait construit la source de notre intimité, de notre identité corporelle, de notre érotisme aussi.
03:55 En psychologie on parle d'un bois-peau pour qualifier ça et j'en avais déjà parlé d'ailleurs un peu à propos des scarifications.
04:03 En fait, pour la bagarre, pour le contact physique, depuis l'âge de 3 ans, les petits garçons ou même les petites filles adorent jouer à la bagarre,
04:12 surtout avec leur père.
04:14 C'est un jeu du faire-semblant où l'enfant peut terrasser un géant, on rit, on chute, mais avec maîtrise, on chatouille.
04:22 Parfois le jeu va un peu trop loin et tout le monde s'excite un peu et on n'arrête plus à se contenir.
04:29 Alors, non, classiquement c'est le père qui arrête le jeu, qui s'emballe, qui pose des limites, des interdits.
04:36 Et puis la mère, quand elle fait ça, elle prend plutôt l'enfant dans ses bras et lui fait un câlin pour le calmer.
04:43 En fait, ça permet à l'enfant de ressentir à la fois la résistance du corps, de ressentir aussi une sorte de sentiment de toute puissance,
04:52 mais d'accepter aussi les règles et les lignes.
04:56 Et donc les enfants qui passent par là, ils sont un peu mieux défendus que les autres, on va dire,
05:03 parce que c'est passé par une sorte de jeu et ça a été limité par des adultes bienveillants.
05:11 Mais ce n'est pas le cas de tous les enfants malheureusement.
05:15 Et puis ce n'est pas le cas aussi des frères et soeurs.
05:18 C'est important ce que vous dites parce qu'on imagine bien en effet qu'un enfant qui n'aura pas eu cette capacité justement à se mesurer au corps à corps,
05:25 si je puis dire, risque à un moment donné, à 15-16 ans, d'être, justement, d'aller au contact de manière trop violente.
05:36 Exactement. Et puis qui n'aura pas joué avec ça.
05:39 Vous voyez, c'est parce que c'est une question de jeu, de limite aussi.
05:43 Et alors quand on est ado, on a envie de jouer et de s'opposer physiquement avec les autres,
05:52 parce qu'on ne s'autorise plus à le faire avec papa ou maman, parce que c'est un peu avec des désirs troublants.
05:57 D'ailleurs, on voit bien, on ne se rapproche plus physiquement des parents, même des adultes.
06:04 Les ados, ils n'aiment pas qu'on les touche. Ils ressentent une sorte de danger, limite incestueux, une sorte de sensation de viol.
06:12 Donc ils ne veulent pas. Par contre, ils veulent bien aller vers les autres jeunes.
06:17 Ils ont un contact parfois, surtout au début de l'adolescence, maladroit, brutal.
06:21 Ils recherchent parfois la confrontation physique.
06:25 Et par exemple, pour se rapprocher des filles ou des garçons, ils se bousculent.
06:32 Et puis, il y a aussi l'effet de la société et des stéréotypes.
06:39 Les garçons qui sont bien trop imprégnés par l'idéal viril du combattant, ils s'essaient aussi à l'ajout de physique depuis la maternelle.
06:46 Donc les filles qui sont qualifiées d'ailleurs de garçons manqués font pareil.
06:51 Et ça peut même dérailler après dans les bandes violentes de filles des quartiers qui sont très violentes d'ailleurs.
06:58 Mais arrivé à la puberté, les jeunes sont plus puissants physiquement.
07:04 Ils ont besoin de sensations fortes.
07:05 Évidemment, ça peut déraper.
07:07 Et d'autant plus que nos jours, ils se mettent en scène, ils se filment.
07:10 Et puis pour ressembler aux fictions où les coups pleuvent, ils en rajoutent et finissent par se faire mal ou par faire mal à ceux sur lesquels ils tapent.
07:21 Donc il y en a qui sont plus fragiles.
07:23 Alors ceux-là qui ont été maltraités, qui ont été séparés précocement, qui ont eu des choses difficiles dans leur enfance, leur petite enfance.
07:32 Et tout ce qui peut rappeler leur traumatisme, un regard, une expression, une injure même, ça les angoisse.
07:39 Et donc eux, ils vont passer plus facilement à l'acte violent et ils vont taper plus facilement pour évacuer leur pensée.
07:45 Et ces jeunes, ils demandent une attention plus bienveillante que les autres, mais en même temps des limites.
07:52 Et ils vont petit à petit retrouver une enveloppe psychocorporelle que les autres ont et que eux n'ont pas.
08:01 Mais retenons une chose, cette violence, elle concerne autant les plus fragiles que les autres.
08:08 Parce qu'il y a des moments dans l'adolescence où on ne peut pas supprimer ce processus violent et agressif.
08:14 Et ça fait partie de la constitution de la personnalité humaine.
08:20 Il ne s'agit pas de le nier, mais il ne s'agit pas non plus de le valoriser en offrant un fusil à son enfant de 14 ans, comme on fait aux États-Unis.
08:31 Et donc il faut savoir se défendre, même des fois, quitte à avoir un peu mal, mais il ne faut pas non plus être complètement agressif.
08:42 Donc pour les parents qui sont effrayés souvent par spectacles brutaux, il faut rappeler ce que c'est véritablement que la violence.
08:51 Regarder ensemble des reportages, regarder ce qui se passe dans une vraie guerre qui est à nos portes, des fictions.
08:58 Et surtout, surtout, parler, mais sans trop intervenir en faisant la leçon.
09:06 Et puis leur rappeler qu'en fait, on peut s'affronter à autrui sans lui taper dessus.
09:11 Oui, ça me paraît important. Et puis peut-être rappeler que souvent, c'est parce qu'on manque de mots qu'on en arrive aux gestes.
09:18 C'est quelque chose qu'on entend aussi.
09:20 Exactement.
09:21 Ugrène, vous voulez réagir à ce que nous a dit Philippe Hoffmann ?
09:25 Oui, alors j'ai trouvé ça très, très intéressant.
09:28 Je n'ai pas du tout l'idée d'argumenter dans un autre sens.
09:32 C'est pas du tout ça.
09:32 Je voudrais juste dire des choses qui me sont montées pendant qu'il exposait tout ça.
09:38 C'est la violence et l'adolescence dans notre société, je dirais, parce qu'elle n'est pas forcément construite,
09:49 ou elle ne s'exprime pas de la même façon dans toutes les sociétés, en particulier les sociétés plus en lien avec le monde et plus en fraternité.
09:59 Après, je pense que dans l'adolescence, il y a aussi une autre idée, mais peut-être vous n'avez pas eu le temps de la développer.
10:03 C'est qu'il y a quand même un idéal d'absolu, un espoir d'absolu qui est déçu.
10:13 Et donc la violence exprime aussi ce désespoir déçu dans toute la construction psychique de l'enfant,
10:20 depuis la naissance, la petite enfance, l'enfance, l'adolescence.
10:22 Il y a tout un tas de blessures qui ont eu lieu, que vous avez évoquées rapidement,
10:25 et qui sont des vrais désespoirs qui arment un peu pour moi cette violence.
10:31 Ensuite, il y a quelque chose qui m'a quand même un petit peu accroché,
10:33 c'est quand vous dites, parce que par rapport à d'autres, nous sommes en effet dans une société pacifiée,
10:38 mais elle est pacifiée en superficie parce qu'en fait, on ne sait pas régler les conflits,
10:45 on ne sait même pas régler les dysfonctionnements, les mésententes, les incompréhensions.
10:52 On sait très bien, en théorie, c'est dans l'acte de la communication non-violente qui est un premier niveau,
10:58 où il y a des niveaux beaucoup plus profonds, et je pense que si on apprenait ça dans notre société
11:01 comme un impératif sociétal et politique, ce serait extrêmement intéressant,
11:06 parce que nous, on a beaucoup développé ça dans le centre où je le suis, et ça marche extrêmement bien.
11:11 La dernière chose que j'ai trouvée très intéressante aussi, c'est l'idée de la peau récepteur sensorielle,
11:17 parce qu'en effet, le bébé reçoit absolument tout le monde extérieur par la peau,
11:20 et pas forcément au début par les yeux et par les organes séparés,
11:23 mais par une espèce d'organe complet qui va ensuite se séparer dans tous les organes de perception qu'on connaît.
11:30 Voilà ce que m'évoque cet exposé.
11:32 – Voilà un exposé complet, merci beaucoup Philippe Hoffmann.

Recommandée