• l’année dernière
Il était temps de dire la vérité sur les médias rap. C'est pour ça qu'on a invité Ouafa Mameche, Sandra Gomes & Raphaël Da Cruz à discuter des l'effervescence des médias rap dans le cadre de la L2P Convention à La Place.

Comment être un bon média ? Quelle est la place du journalisme culturel dans les médias rap d'aujourd'hui ? Comment gagner de l'argent en tant que média rap ou journaliste rap ? Un média doit-il être neutre et un journaliste peut-il être subjectif ?

Voilà quelques questions qui ont été posées aux 3 piliers du journalisme rap en France, pour cette émission : La vérité sur les médias rap.

Ouafa Mameche : https://www.instagram.com/ouafae_mame...
Sandra Gomes : https://www.instagram.com/1993initiales/
Raphaël Da Cruz : https://www.instagram.com/rphldcrz/
La Place : https://www.instagram.com/laplacehiphop/
L2P Convention : www.l2pconvention.com/

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Musique
Transcription
00:00 Il y a une différence entre acheter un espace publicitaire pour diffuser quelque chose et
00:05 faire une chronique qui est tirée par d'autres cordes.
00:09 Comme on consomme tout sur internet, sur les réseaux sociaux, il y a des informations
00:13 qui se mélangent et on ne sait plus dissocier un article, une chronique, une promotion,
00:18 du contenu sponsorisé.
00:19 Il faut que le public soit averti.
00:21 Bonjour, merci à tous les trois d'avoir accepté de dire la vérité sur les médias
00:31 rap.
00:32 Quand je dis la vérité, c'est vraiment l'idée de démystifier pour les jeunes artistes,
00:38 les jeunes professionnels, les journalistes, les futurs journalistes, ce qu'est un média,
00:42 ce que ça n'est pas, comment ça fonctionne et où est-ce qu'on va avec toute cette effervescence
00:47 qu'on a aujourd'hui.
00:48 Qui de mieux que vous trois pour en parler, trois piliers du journalisme rap on va dire.
00:52 Toi Wafamamech qui dédie ton travail au fait de valoriser des parcours inspirants.
00:58 Comment toi tu arrives à appréhender la notion du temps de l'industrie musicale ?
01:03 Je pense que la notion de timing c'est un peu comme les formats.
01:08 Je pense qu'elle dépend vachement de ton propos.
01:11 Notamment avec ta maison d'édition Face Caché et on te connaît du coup sur la BCDR
01:16 pour des interviews fleuve notamment avec Médine, Sandra, merci aussi d'être là.
01:20 Bon pour vous trois ça va être difficile de citer tout ce que vous faites, je vais
01:24 essayer de m'en tenir à des marqueurs.
01:26 Donc Sandra t'es photographe, directrice artistique, on te connaît également en tant
01:30 que journaliste érudite du rap, notamment dans le Code Review.
01:34 Elle a un univers bien marqué en plus, très graphique, un peu proche de l'Aurore Corp.
01:41 On te connaît sur tes interviews 69 minutes avec sur ta chaîne YouTube, mais aussi en
01:45 tant que rédac chef du média de Nanas Benz, Raphaël Dacrouze, merci d'être là.
01:49 On te connaît notamment aux côtés de Sandra dans le Code Review en tant que journaliste,
01:54 mais également derrière le micro entre autres de BPM pour Booscaper, qui a un podcast dédié
01:59 à la rencontre de beatmakers.
02:01 Est-ce que tu es dans la démarche de me dire il faut que j'essaye de correspondre à
02:05 son univers ou au contraire tu te dis il y a un défi aussi d'essayer de le sortir
02:09 de sa zone de confort ou dans quelque chose d'inédit sur lequel peut-être tu t'es
02:13 projeté ?
02:14 Exactement.
02:15 Et enfin en tant que coordinateur pour la BCCR du son.
02:17 Donc j'ai la chance d'avoir trois profils journalistiques solides en face de moi et
02:22 à la fois assez variés.
02:23 Je vais en profiter pour essayer d'avoir vos réponses à des questions que je pense
02:28 comme je disais tout à l'heure, beaucoup de gens se posent.
02:30 Globalement on va essayer de parler premièrement de l'effervescence du coup des médias ou
02:35 des personnes qui parlent de rap aujourd'hui.
02:37 Deuxièmement on va parler un petit peu d'argent parce que je pense que ça fait partie aussi
02:41 de la thématique et ensuite on va parler de subjectivité.
02:43 Pour commencer à parler de l'effervescence, je vais reprendre la phrase d'Alassane Konaté
02:53 fondateur de Dean Records qui dit dans une interview pour Yard "Nous sommes stylés
02:58 ça y est !" en parlant des gens qui parlent de rap, qui font du rap, qui défendent le
03:02 rap ou qui le font vivre.
03:03 En effet ça se ressent, le rap est devenu stylé ces dernières années, ça se ressent
03:08 dans le nombre de personnes, le nombre de clans digitaux, le nombre de médias qui en
03:12 parlent.
03:13 De quel oeil vous regardez cette évolution, cette effervescence ?
03:16 Je vois toute cette effervescence d'un point de vue positif parce que ça prouve comme
03:22 tu disais que le rap est à la mode.
03:24 On s'en est plaint pendant longtemps donc essayons de prendre le côté positif quand
03:28 il y en a.
03:29 Après évidemment on va parler des points négatifs après.
03:32 C'est vrai qu'aujourd'hui il suffit d'un téléphone, d'un ordinateur, d'avoir des
03:39 écoutes d'albums dans les oreilles et puis de pouvoir donner son avis.
03:43 Mais c'est vrai qu'il y a une différence entre juste donner son avis, être un média
03:47 et être journaliste et c'est là que les frontières sont un peu floues aujourd'hui.
03:51 Je partage un point de vue avec Wafaa effectivement, c'est qu'il y a beaucoup de médias mais
03:56 peu de journalisme en fait.
03:57 C'est qu'effectivement il y a, comme tu le disais, via les réseaux sociaux sur ces
04:01 5-6 dernières années, parce qu'on est dans ce cercle vertueux du rap à l'ère du streaming,
04:10 il y a des opportunités qui se créent, professionnelles, économiques etc.
04:13 Il y a plein de jeunes et c'est très bien qui entreprennent, qui ont envie de faire
04:16 des choses, qui ont créé effectivement des médias mais qui à la base peuvent être
04:20 des comptes Twitter, des comptes YouTube etc. qui essaient de construire des choses autour
04:23 de eux mais qui sont effectivement pour beaucoup juste des médias, c'est-à-dire des intermédiaires
04:29 entre les artistes et leur public, soit le public des artistes, soit le public qui arrive
04:33 à créer justement les médias.
04:36 Mais ça manque de journalisme, je trouve que ça manque d'exigence parfois, de précision
04:44 et surtout de recul critique.
04:45 Ce qui est le plus important dans le journalisme, je ne vais pas faire le mécérudis, mais il
04:49 y a notamment le fondateur du Monde qui s'appelait Hubert Boeufmeri qui avait dit que le journalisme
04:53 c'était la proximité et la distance.
04:55 Je trouve que parfois il y a un peu ce truc d'être trop proche et d'avoir cette distance
05:01 critique qui n'est pas nécessairement négative, simplement d'avoir un minimum de réflexion
05:05 et de recul critique sur ce dont on traite, c'est-à-dire là pour le coup dans une activité
05:10 de journalisme culturel, d'une musique et de le rap.
05:12 Et c'est vrai que comme tu disais, le fait que ce soit devenu stylé, il y a de plus
05:15 en plus de monde qui veut en être.
05:16 Déjà je pense que si on parle juste nous de nos métiers, ça fait un peu rêver, sauf
05:21 que les gens ne connaissent pas forcément et la charge de travail qu'il y a derrière
05:26 et les revers, finalement, parce que ça reste un métier comme un autre, qui peut être
05:31 un stade, qui peut être précaire, etc.
05:33 Et puis il y a plein de questionnements d'éthique, de subjectivité, de proximité qu'il faut
05:38 se poser.
05:39 Et c'est vrai que les gens ont juste envie peut-être des fois d'être proche de leur
05:43 artiste préféré ou beaucoup finissent en label.
05:46 Et c'est vrai que c'est plus le monde de l'industrie qui les attire que finalement
05:52 la musique en elle-même.
05:54 Ou le fait de faire du journalisme culturel en fait.
05:58 Il y a vraiment ce truc là, effectivement, par moment on a l'impression que des gens
06:00 ont envie d'en être, ce qui peut être parfaitement naturel, effectivement.
06:03 C'est une culture, un courant musical sur lequel tu as envie de faire des choses toi
06:07 aussi, mais la question à se poser c'est comment le faire en fait.
06:11 Et je pense qu'effectivement il y a beaucoup de flou sur le fait d'avoir un média, c'est
06:15 quoi et pour quoi faire exactement.
06:17 Trouver sa ligne éditoriale, être exigeant dans son approche, je pense qu'il y a beaucoup
06:21 de choses parce que c'est aussi, encore une fois, de l'effervescence de jeunesse,
06:25 sur lesquelles il y a encore chez certains je trouve un angle peut-être de réflexion
06:29 et de recul, ce qui est tout à fait normal aussi.
06:30 Et ce que je trouve intéressant, notamment dans ce que tu as dit Raphaël, il y a la
06:35 notion du journalisme et la notion du média qui se différencient.
06:39 Alors dans ce que tu dis, ce que je comprends c'est qu'on peut effectivement être un
06:42 intermédiaire sans avoir une démarche journalistique, si on prend vraiment l'idée d'être un intermédiaire
06:46 effectivement entre le public et les artistes ou des informations.
06:48 Et je me souviens il y a quelques années on avait tendance à dire il y a plus de rappeurs
06:53 que de fans de rap, maintenant c'est un peu il y a plus de médias que de journalistes
06:56 rap.
06:57 Le truc c'est que j'ai l'impression qu'il y a aussi cette génération où on est autodidacte
07:01 et moi je suis un peu dans ce cas là où j'avais cette envie de faire du journalisme
07:05 rap sauf que j'ai pas cette formation.
07:06 Comment est-ce qu'on peut se former au journalisme et comprendre la déontologie qui selon vous
07:11 correspond ? Je pense qu'il n'y a pas de réponse toute
07:14 faite à cette question là.
07:15 Il y a effectivement des personnes qui sortent d'école de journalisme, ça ne veut pas
07:18 nécessairement dire qu'elles ont une grande déontologie monétique non plus dans leur
07:22 boulot.
07:23 Donc voilà, je pense que c'est juste des questionnements personnels.
07:27 En fait ce qui m'interroge souvent c'est le parcours des personnes et ça revient un
07:31 peu à ce que disait Wafa sur qu'est-ce que tu as envie de faire et comment tu as envie
07:34 de le faire.
07:35 Pour une fois, si par le fait de créer un média pour toi c'est juste le fait de partager
07:40 tes coups de cœur, de créer des liens avec des artistes et le public, finalement t'es
07:49 une agence de com ou t'es un média dans le sens justement normalement au sens journalistique
07:54 du terme, c'est-à-dire avec un minimum de recul sur l'objet que tu traites.
07:59 Pour moi c'est là où il est ce flou et c'est là où effectivement il y a des questions
08:03 de déontologie qui se posent.
08:05 C'est parfois ce flou entre la com et un média qui normalement avec sa ligne éditoriale,
08:11 avec son regard critique, ne doit pas être entièrement dans la com et au servi des artistes
08:15 il n'y a pas très longtemps.
08:16 Il y a un confrère à nous qui s'appelle Jean Morel, je l'estime beaucoup, pour lequel
08:21 j'ai même de l'amitié parce qu'on se connaît personnellement, qui avait dit justement
08:24 dans une interview avec MIFA, c'était chez Camino, qu'un média c'était un relais
08:28 en fait entre l'artiste et le public.
08:29 Là dessus je ne suis pas d'accord avec lui, c'est-à-dire que pour moi un média dans
08:33 le sens journalistique du terme c'est l'objet sur lequel se fait le travail, ce n'est
08:37 pas avec les artistes en fait.
08:38 Ça ne veut pas dire qu'il faut négliger les artistes, ça ne veut pas dire qu'il
08:40 faut les prendre de haut, ça ne veut pas dire qu'on doit s'en méfier, pas du tout.
08:45 C'est juste que l'objet normalement là, quand on parle de journalisme culturel, en
08:48 l'occurrence de journalisme musical sur le rap, l'objet c'est la musique, ce n'est
08:52 pas les artistes en soi.
08:53 Donc je pense que c'est ça le plus important, encore une fois c'est se demander, ça revenait
08:57 à ce que disait Wafa, d'où on part, de quoi on veut parler et comment on veut en
09:01 parler.
09:02 - Et moi je te rejoins sur ton parcours parce que je n'ai pas non plus de parcours journalistique
09:06 comme Raphaël, je n'ai pas fait d'école, j'ai commencé en étant passionné comme
09:09 beaucoup aujourd'hui, sauf que c'était à l'époque de l'écrit, des blogs, il
09:13 n'y avait pas encore les réseaux sociaux et tout ce truc vidéo et podcast.
09:18 Et c'est vrai qu'on apprend juste sur le tas mais je pense que la première chose qu'il
09:22 faut se dire c'est qu'il faut toujours se mettre à l'ombre de l'objet qu'on traite.
09:27 C'est-à-dire qu'on parle de la musique, on parle de l'artiste de sa carrière et
09:31 nous on n'est que des passeurs d'informations, des gens qui structurent la pensée, des gens
09:36 qui donnent des informations nouvelles.
09:37 Et c'est vrai qu'aujourd'hui vu que c'est évidemment plus facile finalement juste
09:42 de prendre le micro et de donner son avis, ce n'est pas du tout une critique parce
09:46 que écrire, tout le monde n'aime pas ça, donc ça c'est une chose.
09:51 Et on a tendance à plus peut-être parler de ce que la musique nous fait ressentir,
09:55 notre rapport à la musique, plus que de la musique en elle-même.
09:57 Et ça c'est quelque chose qu'on voit de plus en plus, même chez certains journalistes
10:04 qui sont confirmés.
10:05 Tout ce mélange, c'est un peu aussi la limite entre l'influence et le journalisme,
10:09 et aussi la com et le journalisme.
10:11 Et comment on apprend ? On apprend juste avec l'expérience finalement.
10:14 Si on arrive à rentrer dans des rédactions c'est très bien parce qu'on apprend auprès
10:17 de collègues, sinon c'est juste de l'expérience.
10:20 Mais le journalisme c'est aussi beaucoup d'humilité en réalité.
10:23 Je rejoins ce que Raph et Wafa disent.
10:26 Pour rebondir sur cet aspect d'humilité, je pense que c'est le plus important.
10:31 Parce que tu parlais du fait d'être autodidacte.
10:34 Pour ma part, tous les métiers que j'exerce aujourd'hui sont le fruit d'un apprentissage
10:40 personnel.
10:41 Et à la fois solitaire, parce que j'ai fait ma propre expérience tout seule, mais
10:47 aussi je me suis rapprochée de gens dont c'était le métier et qui peut-être avaient
10:50 eu un parcours académique ou une formation ou des années d'expérience.
10:54 Ça c'est peut-être la première chose à se dire aussi, c'est savoir pourquoi on
10:58 fait les choses.
10:59 Comme disait Wafa, ne pas se tromper sur la fonction que tu vas incarner.
11:06 T'es pas là pour briller, tu parles d'autres artistes ou tu parles d'une culture.
11:10 Donc ça c'est les deux aspects essentiels.
11:13 Mais aussi prendre son temps et ne pas vouloir aller trop vite.
11:19 J'ai de la chance que c'est aussi un marqueur de notre génération.
11:22 On veut susciter des réactions.
11:23 Plus que de faire ses armes et écrire des articles par dizaines avant de se dire "ok
11:29 je commence à affûter ma plume, ça commence à devenir un peu pertinent".
11:32 On veut directement, parce qu'on voit que ça marche aussi, on veut directement faire
11:37 le truc qui va marcher.
11:38 Ça peut fonctionner, mais concrètement est-ce qu'on a vraiment appris avant d'atteindre
11:43 un certain statut ? C'est le risque en fait.
11:46 D'avoir toute la lumière sur toi et que ton média explose et qu'après on voit les
11:51 potentiels lacunes qu'il y a derrière.
11:53 Donc prendre son temps aussi c'est hyper important.
11:55 Le fait d'être autodidacte c'est aussi important pour le milieu dans lequel on est
12:01 parce que le rap c'est aussi le mode d'expression d'une certaine catégorie socio-professionnelle.
12:07 Des gens qui n'ont pas accès à des études ou qui ne pensent pas pouvoir le faire.
12:12 Donc le fait d'être autodidacte j'encourage toujours ça, mais attention à ne pas vouloir
12:17 aller trop vite et respecter aussi ce que les anciens ont fait, observer et demander
12:22 aussi de collaborer avec d'autres personnes.
12:24 C'est toujours un bon moyen de le faire.
12:25 Parce que le temps, effectivement Sandra a raison, le temps c'est important à mon
12:28 avis pour deux choses.
12:29 Déjà parce que quand on est sur du journalisme culturel, ça veut dire qu'on est spécialisé
12:33 dans un domaine très particulier, le rap, le temps c'est ce qui permet aussi d'acquérir
12:37 de l'érudition, d'avoir justement ce recul critique.
12:39 Et je comprends que ce soit encore plus compliqué pour un gamin qui a entre 18 et 20 ans maintenant
12:46 que moi déjà à l'époque quand j'avais 18 et 20 ans, j'avais déjà 20 ans ou 30
12:50 ans de rap à rattraper.
12:51 Là on est dans les 50 ans du rap officiellement, de la culture hip-hop cette année.
12:56 T'as 50 ans de culture hip-hop à rattraper en fait, donc forcément t'as besoin de
13:00 temps pour tout avaler si tu veux vraiment avoir cette érudition qui te permet d'avoir
13:05 une forme de recul critique.
13:06 Et je pense que le temps ça permet aussi autre chose, c'est encore une fois de définir
13:09 ta ligne éditoriale pour ton média.
13:11 Wafaa elle a utilisé ce mot d'influence, c'est de la prescription, c'est de la curation
13:17 et ça peut être complètement une ligne éditoriale acceptable.
13:20 Il y a plein de médias qui font ça très bien, mais je trouve qu'ils le font bien
13:23 parce que justement ils ont réussi à définir un filtre sur on va vous parler de quoi en
13:27 termes de scène rap.
13:29 Et ça permet je trouve de définir certaines choses parce que forcément à partir du moment
13:33 où tu vas choisir, c'est-à-dire que tu vas moins parler de certaines choses ou tu
13:36 vas en parler différemment et tu peux développer justement un discours critique en fait.
13:40 Je pense que le temps ça sert à ça aussi et là-dessus je suis complètement d'accord
13:42 avec Sandra de comprendre quelle ligne éditoriale tu veux développer.
13:46 Est-ce que tu veux juste faire des interviews ou est-ce que tu veux faire un média justement
13:50 d'approche critique comme Teso Rap par exemple.
13:51 Si on parle de choses récentes, Teso Rap, ils se sont complètement axés là-dessus.
13:54 Comme 1863 sur la Next Gen, comme Midi Minuit sur un certain type de rap aussi.
14:00 Donc je pense que ça c'est important aussi et c'est le temps qui permet justement de
14:04 faire ça parce que sinon effectivement tu fais comme tout le monde quoi.
14:07 Et faire comme tout le monde, c'est pas forcément quelque chose de très intéressant quoi.
14:10 Et pour rebondir sur le temps, c'est vrai que le côté négatif avec lequel les gens
14:15 doivent traiter c'est cette pression de l'actualité.
14:17 Aujourd'hui il y a tellement de choses, que ce soit des vidéos, des podcasts, des albums,
14:22 des EP, des singles, qu'en fait déjà en termes de consommateurs on est assaillis,
14:27 on a cette pression de "il faut écouter à temps, il faut pouvoir en discuter, donner
14:32 son avis".
14:33 Alors j'imagine qu'encore plus si on a un média, si on a un compte etc. qui veut être
14:39 à la pointe de l'actualité, on a envie de le faire avant tout le monde.
14:43 Et ça rajoute de la pression.
14:44 Donc aussi c'est lié, je sais pas qui vient avant, mais il y a aussi cette notion de consommation.
14:50 Peut-être que si on révisait, si on revoyait notre façon de consommer la musique aujourd'hui,
14:55 ça influerait sur les médias et inversement.
14:57 Et je pense que c'est des choses qu'on peut pas séparer.
15:00 C'est clair.
15:01 Sandra, je reviens sur le lien que t'as fait entre le fait d'être autodidacte et le rap.
15:06 Il y a autre chose qui est importante dans tout ça et qui va être liée aux médias
15:09 et au journalisme, c'est l'indépendance.
15:11 Qui est aussi très très liée à ce qu'est le rap, à ce que ça représente.
15:14 Qu'est-ce que ça veut dire l'indépendance en tant que médias et en tant que journaliste?
15:18 Alors en tant que journaliste c'est de ne pas être lié, de ne pas avoir d'exclusivité
15:23 avec une rédaction.
15:25 Donc de pouvoir proposer des sujets à différentes rédactions.
15:30 Et en tant que médias c'est de ne pas être lié économiquement à des structures qui
15:36 produisent l'objet duquel on parle.
15:38 Très bien, super clair.
15:40 Je suis limite à avoir préparé ta réponse.
15:44 Mais effectivement il y a cette notion d'économie, de lien économique.
15:48 L'indépendance dans une société capitaliste va toujours être aussi une question d'argent.
15:52 Déjà premièrement, pour vraiment parler de votre expérience à vous, à quel moment
16:03 vous avez pu vivre de ce que vous faites dans le rap?
16:06 Moi j'ai vraiment commencé à pouvoir en vivre il y a 5 ans, début 2018.
16:11 Parce qu'avant ça, en fait moi ça fait 13 ans que je fais partie de l'ABCD'heures
16:14 du son, mais pour ceux qui ne savent pas c'est un site au fonctionnement bénévole, on n'a
16:17 pas de modèle économique, donc on n'a pas de rentrée d'argent liée à l'ABCD'heures
16:20 du son.
16:21 J'ai pu entre temps au KLM, sur lequel on arrivait à gagner un petit peu d'argent,
16:24 il y avait No Fun, un podcast de Critique Musicale sur lequel on pouvait gagner un petit
16:28 peu d'argent aussi, mais tout ça ne me permettait pas d'en vivre en fait.
16:31 Donc c'est depuis 2018 où je me suis lancé à plein temps en tant que journaliste indépendant
16:35 freelance.
16:36 Et donc ça fait 5 ans que je vis complètement de ça, avec les différents médias avec
16:40 lesquels j'ai pu bosser, les projets de livres, etc.
16:42 Que ça implique en étant 100% dans le journalisme, c'est du coup de travailler sur différents
16:47 médias, sur différents suivants, etc.
16:49 Oui exactement, ce qui prend du temps aussi à créer, à promener.
16:53 Et après pour le coup, je pense que c'est la vie de beaucoup de freelance de manière
16:56 générale, donc que tu sois journaliste, photographe, graphiste, etc.
17:00 C'est un métier passion, donc un métier passion c'est forcément un métier chronophage.
17:03 Toi, il me semble que tu as toujours eu un équilibre économique qui ne te dépendait
17:08 pas uniquement de ce que tu faisais dans le rap.
17:10 Je crois que c'est pareil pour toi Sandra, tu as différentes activités.
17:13 Oui.
17:14 À quel point c'est important, à quel point aussi ça permet d'être serein et de choisir
17:18 les projets qu'on fait en tant que journaliste notamment ?
17:21 Je pense que c'est différent de toi, parce que je ne compte pas faire un choix à un
17:26 moment.
17:27 Au fait, pour l'instant, je sais que j'ai en tête de cumuler plusieurs activités,
17:32 donc je ne vis pas uniquement des missions que je fais dans le rap parce qu'il y a
17:38 la photo à côté, c'est lié également.
17:40 Et il y a les missions de direction artistique, donc c'est un peu du bricolage entre plein
17:47 de choses.
17:48 Mais en réalité, même si on a l'impression qu'il y a énormément d'argent et que c'est
17:51 hype et que tout fonctionne bien, ça fluctue constamment.
17:55 Donc c'est aussi pour ça que je n'ai pas mis tous mes œufs dans le même panier.
17:58 Et même, comme le disait Raph, même si on gagne sa vie de piège, il faut voir aussi
18:03 quelle est la calmité et le taux de la piège proposée qui sont de plus en plus dérisoires,
18:09 voire où on nous oblige à passer sur le statut de freelance.
18:12 Donc il y a des choses qui nous dépassent dont on dépend constamment.
18:16 Tu disais notamment, il y a cette croyance qu'il y a plein d'argent dans le rap.
18:21 Ça fait quelques années qu'on dit qu'on est dans un âge d'or du rap français,
18:26 dans un nouvel âge d'or en tout cas.
18:27 Il y a effectivement même des moments où j'ai l'impression qu'on bascule dans un
18:31 âge d'argent parce qu'on a l'impression qu'il y a cet eldorado du rap.
18:34 Et du coup, il y a des gens qui se lancent non pas comme on pouvait le faire il y a quelques
18:38 années où il y avait moins cette impression-là, et du coup beaucoup plus avec l'ambition
18:42 de la passion parce qu'il fallait être très volontaire pour croire qu'on allait en vivre
18:48 il y a quelques années.
18:49 Aujourd'hui, je pense qu'il y a des gens qui se lancent, et notamment dans des comptes
18:52 digitaux, dans des comptes d'influence, en se disant "il y a de l'argent à se faire".
18:55 Il y a une nouvelle croyance que tout travail mérite salaire.
18:59 Alors c'est pas une croyance pour tout travail mérite salaire, mais du coup des comptes
19:04 digitaux qui se mettent à faire payer des relais.
19:07 Alors la question c'est pas de dire "est-ce que c'est bien, est-ce que c'est pas bien",
19:10 c'est d'essayer de capter qu'est-ce que c'est la différence entre encaisser un Paypal pour
19:14 relayer un artiste, en tant que vraiment auto-entrepreneur, créateur d'un compte digital, machin, et
19:20 entretenir une régie publicitaire sur un média.
19:23 Quelles sont vraiment à votre avis les différences ?
19:25 La régie publicitaire d'une entreprise, dans le cas d'une régie externe, ou un service
19:29 appartenant à une entreprise pour les grandes structures, une régie interne intégrée.
19:33 Son rôle est de vendre des espaces publicitaires à des clients en demande.
19:36 Les emplacements peuvent, à l'échelle du web, se trouver sur différents supports,
19:40 comme des moteurs de recherche, des sites web, des réseaux sociaux, des blogs, des newsletters,
19:45 ou encore des emails.
19:46 C'est vrai qu'on est dans des médias qui n'ont pas de régie publicitaire, donc c'est
19:51 un peu compliqué, mais peut-être pour faire le parallèle entre le métier en dehors des
19:55 rédactions et ce que tu viens de dire, c'est vrai qu'il y a de l'argent dans le marketing.
20:00 Et justement ce que tu viens de dire, les maisons de cité-label préfèrent payer des
20:04 comptes à forte influence pour pouvoir diffuser leur artiste et leur actualité, que de passer
20:11 par des médias traditionnels.
20:13 J'ai eu l'impression que, peut-être entre 2019 et 2021, j'avais l'impression que vraiment
20:20 on n'avait plus besoin de nous, surtout en plus du média écrit, on ne va pas se mentir.
20:24 On le voit aussi avec la Bcdr, pour certains c'est has-been, pour d'autres c'est super,
20:28 c'est historique.
20:29 Je pense qu'en fait c'est toujours le mélange des genres qui est compliqué, quand tu arrives
20:33 dans des gros médias, on sort un peu du milieu du ras, mais ça donne des exemples.
20:37 Tu prends des grands magazines, ou des grands quotidiens, etc.
20:41 Tu as effectivement toute la partie rédaction publicitaire, tu as aussi toute la partie
20:45 rédactionnelle avec un rédacteur en chef, un chef d'édition, qui sont là pour protéger
20:48 aussi normalement, c'est leur rôle, la liberté éditoriale.
20:52 Oui, ça je pense qu'il y a une distinction que vous avez tous les deux évoquées, qui
20:55 est très peu connue ou comprise justement par les jeunes qui vont lancer, et que moi
21:00 aussi j'ai mis longtemps à capter, la différence entre l'éditorial et le marketing, et du
21:04 coup les relations presse, où là on fait jouer effectivement la liberté de la presse,
21:08 chacun fait ce qu'il veut, et le marketing où là effectivement on va acheter du contenu,
21:13 des emplacements sur un média.
21:15 Tout ce qu'il faut payer, donc les stories, les tweets, les posts, c'est du marketing,
21:20 et l'attaché de presse normalement ne gère pas directement le marketing, c'est le chef
21:26 de projet.
21:27 Donc les relations presse, c'est ce qu'on appelle aussi un peu la liberté de la presse.
21:32 Je rajouterais juste quelque chose par rapport à ça, c'est qu'il y a une différence entre
21:36 acheter un espace publicitaire pour diffuser quelque chose, et faire une chronique qui
21:42 est influencée en fait, qui est tirée par d'autres cordes.
21:46 Et je pense que c'est ça la différence aujourd'hui, c'est que tout est dans un espèce de flou,
21:52 parce que comme on consomme tout sur internet, sur les réseaux sociaux, il y a des informations
21:56 qui se mélangent et on ne sait plus dissocier un article, une chronique, une promotion,
22:02 du contenu sponsorisé.
22:03 Et je pense qu'aujourd'hui ça rentre dans les débats.
22:06 Même en dehors du rap, c'est question justement de l'influence, il faut que le public soit
22:10 averti, c'est surtout ça.
22:12 La transparence.
22:13 C'est ça la clé en fait, peu importe, je pense que ça continuera d'exister, et c'est
22:16 bien que ça existe, parce que ça peut faire vivre plein de médias justement qui utilisent
22:20 leur influence pour, c'est leur modèle économique.
22:22 Il faut juste que le public soit averti de ce que c'est en fait, de ce que je suis en
22:27 train de lire en ce moment.
22:28 Dernière question, parce que là on a parlé de la thématique argent, mais il y a une
22:38 thématique autrement plus importante à mes yeux sur l'idée des médias et du journalisme,
22:43 dans le rap en tout cas, c'est l'idée de la subjectivité.
22:46 Est-ce qu'on peut être un média rap en prenant position ?
22:50 Ou est-ce que justement, il y a ces notions de neutralité à respecter, de quand on communique
22:57 sur les sorties d'albums du jour, est-ce qu'on doit communiquer sur tous les albums,
23:00 est-ce qu'on doit faire un choix, etc.
23:01 Moi je pense que la neutralité dans tous les secteurs du journalisme, ça n'existe pas.
23:06 Et encore moins dans le journalisme culturel.
23:08 Voilà, on est des êtres humains avec des émotions, avec des appétences.
23:13 Le but du journalisme c'est d'être peut-être le moins subjectif possible, mais on ne peut
23:18 pas enlever toute notion de subjectivité.
23:20 C'est clairement impossible.
23:21 Déjà, on a parlé tout à l'heure de cette notion de ligne éditoriale, c'est subjectif.
23:25 Et puis lors d'une chronique, je pense que cette subjectivité peut arriver à la fin,
23:31 dans le sens où si on fait bien son travail de journaliste, il y a un travail de contexte
23:35 à faire, il y a un travail de travail sur l'évolution de la discographie.
23:39 De remettre vraiment tous les éléments pour que quelqu'un qui n'a jamais écouté puisse
23:43 comprendre le mieux possible.
23:44 Et puis c'est surtout aussi des angles finalement.
23:48 Si par exemple tous les médias font des interviews d'une même personne, le fait de se dire
23:53 je vais angler sur ça ou sur ça, ça crée aussi des différences.
23:57 Et ensuite on donne notre avis personnel et on pose nos questions suivant comment on
24:02 a réceptionné cette musique.
24:04 Donc finalement il y a toujours une part de nous, et c'est ce qui fait aussi la force
24:07 d'une rédaction ou d'un avis personnel de toutes les manières.
24:12 Pourquoi on nous écoute, on nous guide plutôt qu'une autre personne ? Parce qu'on a un
24:16 bagage culturel, humain, on ne vient pas tous des mêmes lieux, on n'a pas grandi de la
24:22 même manière et on voit des choses différentes.
24:24 Une chronique ne peut jamais être la même, on aura beau tous chroniquer le même album,
24:29 on ne mettra jamais les mêmes choses à l'intérieur et c'est ça qui est beau et c'est ça la
24:32 richesse du journalisme.
24:33 Et de toute façon le journalisme culturel c'est des questions de perception et de représentation.
24:38 C'est le journalisme qui peut être le moins objectif possible, précisément.
24:42 Ce n'est pas la subjectivité qui compte, c'est l'impartialité, et là on est sur
24:46 effectivement des questions de transparence, etc. d'avoir une propre forme d'autocritique,
24:49 c'est-à-dire "ok j'ai ressenti ça mais pourquoi j'ai pu ressentir ça ? Est-ce que
24:53 c'est justifié ? Est-ce que je ne suis pas biaisé ?".
24:55 Je pense qu'il y a beaucoup de ces questionnements-là aussi à voir, et des questions de nuances
24:59 aussi.
25:00 Parce qu'effectivement une oeuvre tu peux l'adorer, la détester, mais il y a aussi
25:04 des entre-deux et d'essayer de comprendre justement pourquoi toi tu vas adorer cet album-là,
25:08 pourquoi finalement ça ne marche pas, pourquoi tu vas détester cet album alors que beaucoup
25:12 de gens vont l'apprécier, et d'essayer de nuancer ton propre avis justement pour essayer
25:16 d'enrichir ta réflexion, ta critique, et nous je pense que c'est un peu l'exercice
25:20 qu'on essaie d'avoir individuellement sur le code review par exemple.
25:22 Et c'est la même chose quand tu prépares une interview par exemple.
25:24 Si tu fais une interview de lèche-botte, ce n'est pas intéressant.
25:27 Il ne faut pas aller au conflit avec l'artiste, mais il faut aussi, avec diplomatie, nuancer,
25:33 poser des questions, pas le mettre en difficulté mais le faire sortir un peu de sa zone de
25:36 confort justement pour essayer d'aller vers autre chose.
25:39 Le dialogue c'est intéressant parce que tu peux parfois même faire ressortir des
25:42 choses à l'artiste qu'il n'aurait pas soupçonné.
25:43 Et c'est ça les meilleurs moments, c'est « ah ouais t'as raison » ou « non je
25:47 suis pas d'accord avec toi ». Il peut peut-être même te convaincre tu vois.
25:50 Et je trouve que c'est intéressant parce que ce dialogue-là, c'est un dialogue qui
25:52 se crée via toi qui est média dans le sens un intermédiaire parce que tu représentes
25:57 un auditeur lambda qui peut être n'importe qui d'autre dans le public justement.
26:00 Le dénominateur commun c'est qu'on fait ce métier parce qu'on est passionné par
26:04 le rap aussi donc il ne faut pas l'oublier, il ne faut pas gommer ses aspérités parce
26:07 que le rap ce n'est pas des mathématiques sinon on aurait juste des comptes qui nous
26:12 disent « aujourd'hui Prince Wally a fait tant de streams et c'est pas intéressant
26:17 on a besoin de parler de ce qui nous touche en fait, nos sensibilités » parce que c'est
26:21 comme ça que les gens écoutent la musique aussi.
26:22 Pour conclure là-dessus, on pourrait dire qu'on a le droit d'être subjectif, que
26:26 c'est même intéressant d'être subjectif.
26:27 Il le faut.
26:28 Et que pour rendre cette subjectivité encore plus pertinente, il faut de la transparence
26:33 c'est ça ?
26:34 Ouais c'est ça.
26:35 La transparence, de l'impartialité, de l'autocritique aussi quoi.
26:36 Et de la nuance, arrêter les superlatifs et de dire « c'est incroyable » à tout
26:40 bout de temps.
26:41 Tu vois c'est finito ou c'est incroyable ?
26:42 Masterclass, masterclass.
26:43 Il y a plein de choses qui existent tu vois.
26:45 Cette interview elle est masterclass tu vois, on est tous d'accord.
26:49 Non mais voilà je pense qu'effectivement elle a raison.
26:50 C'est bon pour tout le monde parce que même nous avec du recul on peut s'enflammer
26:54 et après on se dit « bon en fait peut-être que six mois plus tard je me suis un peu emballée
26:58 là-dessus quoi ». Donc c'est bon pour tout le monde de savoir prendre du recul et
27:01 tempérer un peu des fois.
27:02 Super.
27:03 C'est une magnifique conclusion, je n'essaie pas de prendre plus de temps à dire.
27:06 Le rap ce n'est pas des mathématiques, chez nous on dit « les chiffres montrent
27:09 pas la qualité ». Et qu'on remercie La Place de nous avoir accueillis dans le cadre
27:13 de la L2P convention et Larum d'avoir coproduit ce contenu avec nous.
27:17 Merci encore à vous trois, c'était super.
27:18 Merci à toi.
27:19 Merci à toi.
27:20 Merci à toi.
27:20 Merci à toi.
27:21 Merci à toi.
27:22 [Musique]

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