• l’année dernière
L'inflation touche de plein fouet les ménages, les entreprises mais aussi les communes. Face à la hausse du gaz, de l'électricité, elles doivent faire des choix budgétaires. Alors pour rester à l'équilibre, certaines communes rurales mettent leurs projets entre parenthèses. Pour les aider, Julien Rancoule, député Rassemblement National de la 3ème circonscription de l'Aude, a déposé une proposition de loi demandant la création d'un fonds national de revitalisation. Nous l'avons suivi dans son département, le 2ème le plus pauvre de France à la rencontre des maires de ces petits villages, étranglés par l'inflation. Comment parviennent-ils à boucler leur budget ? Peuvent-ils encore investir dans les services publics ? Est-ce à l'Etat d'aider davantage ces communes rurales ?

Reportage de Marion Becker et Vincent Feirrera

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 Bonjour, merci à vous d'être venus.
00:04 On vient regarder notamment vos infrastructures,
00:07 vu qu'il y a un projet de rénovation des vestiaires
00:11 qui je pense n'est pas du luxe.
00:12 Quand on se douche dans un truc comme ça,
00:14 comme je dis, on va au CEP.
00:15 Chez nous c'est la région,
00:17 donc voilà, on s'en va aux champignons,
00:19 on s'en va pas au football.
00:20 Entre les bactéries qui peuvent se développer,
00:22 les douches qui ne sont pas saines,
00:24 les radiateurs à l'ancienne qui peuvent mettre le feu à tout moment.
00:27 Le prochain point de non-retour c'est Clermont.
00:29 À vous de jouer messieurs les élus.
00:31 Bonjour, je suis Julien Rancoul,
00:38 député de la 3ème circonscription de Lod.
00:40 Je suis en quelque sorte un enfant du pays,
00:43 j'ai grandi dans cette ruralité
00:45 et j'ai souhaité faire une proposition
00:47 visant à créer un fonds d'investissement
00:49 pour les petites communes,
00:50 les communes de moins de 3 500 habitants
00:51 qui rencontrent aujourd'hui des difficultés
00:53 pour réaliser les investissements nécessaires pour leurs communes.
00:56 Je vais vous emmener avec moi
00:58 rencontrer ces différents maires
01:00 pour qu'ils nous expliquent leurs difficultés.
01:02 À Esperadza, à 20 km au sud de Limoux,
01:08 dans la Haute-Vallée de Lod,
01:10 le maire voudrait rénover les vestiaires de son stade.
01:14 Il a convié le député.
01:16 - Et ils se changent là alors les joueurs ?
01:18 - Après c'est surtout dans les vestiaires.
01:22 - L'hiver ils ne doivent pas se régaler là.
01:25 - Vous avez de la moisissure au plafond.
01:29 - Moi je vous dis, nous on y jouait dans les années 80,
01:32 c'était strictement pareil,
01:34 il n'y a jamais rien qui a été refait.
01:36 - Au niveau de l'hygiène, c'est pas top.
01:38 - Là, voilà les doucheurs,
01:41 c'est l'électricité qui passe au-dessus.
01:44 Il n'y a rien pour aérer,
01:47 donc ça pouille,
01:50 il y a tout qui se casse à la figure.
01:53 - Les champignons, les mycoses, c'est fabuleux.
01:58 Et les plaques que tu vois dessus,
02:01 ce sont des plaques d'isolation des fissoles,
02:04 c'est du polyréthane expansé,
02:07 et c'est un produit cancérigène.
02:10 On va casser les blocs et on va les refaire propres.
02:14 - Reste maintenant à trouver les 80 000 euros
02:18 nécessaires pour les travaux,
02:20 car le maire n'a plus les moyens.
02:23 La commune est étranglée par l'inflation.
02:29 Jusqu'à présent, elle payait 30 000 euros de gaz
02:32 et d'électricité par an.
02:34 - On passe sur des factures qui explosent,
02:38 donc tu le sais aussi bien que moi,
02:41 sur les petites communes, c'est très compliqué.
02:44 - Là, en plus, c'est à quelques mois d'intervalle.
02:47 C'est fin 2022 par rapport à...
02:50 - À janvier 2023.
02:52 On a été impacté directement sur une hausse
02:55 de 19 à 200 euros.
02:57 - C'est de la folie.
02:59 - Multiplié par 11 sur le gaz.
03:02 - Tu t'es renseigné pour voir si tu as droit à un abattement ?
03:06 - Oui, on n'a droit à rien.
03:08 Ni amortisseur, ni bouclier.
03:10 Si la commune met entre 300 000 et 400 000 euros
03:14 dans les fluides, dans 2 ans, 3 ans,
03:17 je ne sais même pas comment je vais payer les employés.
03:21 Voilà. Alors tenable, non.
03:23 - Christian Soula a déjà dû couper le chauffage
03:26 des salles de sa commune.
03:28 Il a stoppé tous ses projets.
03:31 La situation inquiète le député.
03:34 - C'est la mort à petit feu de la ruralité.
03:37 Elles ne peuvent plus...
03:39 Elles rentrent tout juste dans leur budget
03:42 pour assurer les dépenses de fonctionnement.
03:45 Donc elles ne peuvent plus assurer les dépenses,
03:48 les investissements indispensables pour leur commune.
03:51 - Alors Julien Rancoult a déposé une proposition de loi.
03:55 Il veut créer un fonds de revitalisation
03:58 de 400 millions d'euros pour ses communes rurales.
04:02 Une aide supplémentaire versée par l'Etat
04:05 pour financer leurs projets.
04:07 - On se sent assez abandonnés par les pouvoirs publics ici.
04:11 On se sent vraiment abandonnés.
04:13 Et donc moi, en tant que député, j'essaie justement
04:17 d'alerter le gouvernement sur la situation,
04:21 de proposer des solutions à cette situation,
04:25 notamment par la création de ce fonds pour les petites communes
04:29 qui permettrait justement de revitaliser cette ruralité.
04:33 - Sur ces terres autrefois de gauche,
04:36 la défense du territoire dépasse.
04:39 A Brousse et Villaret, le maire cherche des fonds
04:43 pour restaurer ces 2 églises.
04:46 Depuis 1905, elles sont à la charge des communes,
04:50 une charge très lourde pour les villages.
04:54 - On doit refaire tous les induits extérieurs,
04:58 les vitraux, toutes les menuiseries, les fenêtres,
05:02 les vitraux, tout ça.
05:04 Les sous-bassements, parce que c'était des sous-bassements
05:08 qui étaient déjà construits, donc on a désamienté.
05:11 Il y a du bois, il faut vraiment tout reprendre.
05:14 Il y a de la pierre, il y a du ciment vraiment très dur,
05:17 qui n'a rien à faire là.
05:19 Donc il y a vraiment un gros, gros travail de restauration
05:22 à reprendre là.
05:24 Pour vous montrer vraiment dans quel état se trouvent
05:27 les vitraux de l'église de Saint-Etienne,
05:30 on les a même bouchés avec du papier bulle
05:33 pour éviter que les bestioles rentrent ou même que le froid rentre.
05:37 Donc il faut les changer, les refaire de A à Z.
05:40 Et c'est ce qui coûte ça aussi très, très cher.
05:43 - C'est de notre responsabilité et de la responsabilité
05:46 de l'Etat aussi de prendre les choses en main.
05:49 - C'est ça.
05:51 Il ne faut surtout pas que l'Etat oublie son patrimoine.
05:54 - Pour eux, pas question de désacraliser et de vendre
05:57 cette église, même si elle ne sert qu'occasionnellement.
06:00 - C'est le patrimoine rural, c'est la ruralité, c'est la France.
06:03 Tout simplement, c'est la France.
06:05 Et se rattacher à un patrimoine, à une histoire, à une culture,
06:08 à des traditions, ça nous permet encore d'avoir
06:11 un esprit d'équilibre, un esprit de village.
06:14 Et c'est essentiel ici.
06:16 - Cela a un coût.
06:18 Rien que sur cette église, ces travaux sont estimés
06:21 à 100 000 euros.
06:23 Et aujourd'hui, les subventions ne couvrent qu'une petite partie
06:26 de la facture.
06:28 - On peut espérer 25 %, 30, on n'y arrivera pas.
06:31 Donc même sur 100 000 euros, il reste quand même
06:34 une somme énorme.
06:36 Il faut sortir encore 60 000 euros.
06:38 Une commune comme la nôtre, avec un budget à 400 000 euros,
06:41 on ne passe pas.
06:43 On ne peut pas se permettre de mettre 60 000 euros sur 400 000
06:46 dans la rénovation d'une seule tranche de l'église.
06:49 Voilà.
06:51 C'est pour ça qu'on compte vraiment beaucoup sur ce projet.
06:54 - Les aides du département, de la région et les dotations
06:57 ne suffisent plus.
06:59 Face à l'inflation, ces maires ruraux veulent que l'Etat
07:02 les aide davantage.
07:04 ...
07:12 Jinkla, au coeur du pays Qatar, 46 habitants à l'année.
07:15 Ici, faute de moyens, le maire et son frère
07:18 entretiennent eux-mêmes le village.
07:21 - Là, par exemple, on avait eu une rupture de canalisation,
07:24 une canalisation fonte qui s'est cassée.
07:27 On n'a pas appelé un plombier.
07:30 Le petit frère a pris son tractopelle, on a pris la pelle,
07:33 la pioche, et on est allés chercher le matériel pour réparer.
07:36 Ça a été fait dans la journée.
07:38 Ça a été très rapide.
07:40 Personne n'a souffert de manque d'eau pendant la journée.
07:43 - On touche la plomberie, la maçonnerie, on touche à peu près tout.
07:46 C'est vrai que ça permet de pouvoir faire beaucoup de travaux
07:49 par nous-mêmes, justement, pour éviter de plonger
07:52 avec le peu de moyens que les communes ont.
07:55 - Les économies, vous faites venir un plombier pour réparer
07:58 une canalisation comme ça, vous arrivez tout de suite
08:01 pour 1 500 euros.
08:03 Donc, sur un budget de 5 000, 1 500 euros, ça compte.
08:06 C'est 3 jours ou 4 jours de vie de la commune.
08:09 Donc, tous les travaux, toutes les petites économies
08:12 sont importantes.
08:14 - Mais pour l'HOC, il faut bien faire appel à une entreprise.
08:17 Julien Rancoul est venu constater les difficultés
08:20 que rencontre le maire sur ce dossier.
08:23 - Le goudronnage devrait se faire normalement
08:26 fin du mois de mai, début du mois de juin.
08:29 Mais bon, vous voyez, il y a des gouffres partout,
08:32 sur la route, sur le traitement de suites.
08:35 C'est en pire, c'est en pire. Et là, ça a donné 400 litres.
08:38 - Rien que pour cette route, le coût est important,
08:41 impossible à assumer sans aide.
08:44 - Là, on est entre 25 et 30 000 euros.
08:47 Le problème, c'est qu'on avait demandé les subventions
08:50 il y a 3 ans de ça.
08:53 Le devis de il y a 2 ans et demi en arrière.
08:56 Vu le prix des matières premières maintenant,
08:59 je sais pas à quel niveau on va arriver.
09:02 On arrivera peut-être à 35 000.
09:05 Auquel cas, ce sera 10 000 de plus pour la commune.
09:08 - Parce que les réponses du département et de la région
09:11 ont tardé, le maire a dû reporter tous ses autres projets.
09:14 - La place de la mairie est complètement défoncée.
09:17 Elle était prévue de la faire cette année.
09:20 Mais avec le retard qu'il y a eu sur les demandes de subventions,
09:23 donc on a 2 ans de retard, ce sera le projet futur
09:26 pour dans 2 ans de plus.
09:29 Pendant 2 ans encore, ça va se dégrader.
09:32 On peut pas tout faire à la fois, c'est sûr.
09:35 - Sur une petite commune, vous avez énormément de voiries
09:38 proportionnellement au nombre d'habitants.
09:41 Vous avez des hameaux, énormément de voiries communales.
09:44 C'est pour ça que j'ai intégré cet aspect,
09:47 ces dépenses-là, dans le fond qui n'est aujourd'hui
09:50 pas couvert par les subventions d'Etat existantes.
09:53 ...
09:58 - Sur les plateaux des Pyrénées, le maire de Rodome, lui,
10:02 lutte contre la désertification.
10:05 Pour revitaliser son village isolé,
10:08 il rénove les appartements de la commune.
10:11 - Ici, c'est l'ancien poste.
10:14 C'est un appartement qu'on a restauré.
10:17 Il y a 3 chambres, salle à manger, cuisine.
10:20 On remet en conformité électrique, hygiène, peinture, etc.
10:23 Il faut savoir que là...
10:26 - C'est tout à la charge de la commune?
10:29 - Tout est à la charge de la commune.
10:32 Ça, c'est le 2e appartement, on en a 4.
10:35 Le 1er, on l'a eu pour 14 000 euros.
10:38 Celui-ci, pour le moment, on est à 8 000 euros.
10:41 C'est pas fini.
10:44 - Cet appartement à loyer modéré sera bientôt remis en location.
10:47 Au total, ces 4 logements rapportent 18 000 euros par an au village.
10:50 Une rentrée non négligeable, mais surtout,
10:53 des habitants à l'année en plus.
10:56 - Deux enfants, ça serait bien.
10:59 Un couple de deux enfants.
11:02 Ça ferait marcher aussi l'épicerie.
11:05 Parce qu'on a une épicerie à la mairie.
11:08 Une épicerie communale.
11:11 Avec le gaz, du congelé, des produits locaux.
11:14 Moi, c'est mon projet de faire vivre le village.
11:17 C'est important.
11:20 - C'est un combat de tous les jours?
11:23 - C'est un combat de tous les jours, exactement.
11:26 - L'autre combat, c'est celui des aides.
11:29 Entre les aides à la rénovation, auxquelles il n'a pas le droit
11:32 et celles pour lesquelles il faut déposer des dossiers complexes.
11:35 - Il faudrait simplifier les aides.
11:38 C'est mon point de vue.
11:41 On a l'aide du département, de l'Etat, la région.
11:44 C'est hyper compliqué.
11:47 Nous, on a les petites communes.
11:50 Aujourd'hui, les maires, s'ils n'ont pas de secrétaire,
11:53 les maires sont foutus.
11:56 - Il y a une complexification.
11:59 - Si jamais vous pouvez simplifier les choses,
12:02 ce sera énorme.
12:05 - Un guichet unique pour regrouper et simplifier les demandes.
12:08 L'idée séduira peut-être le député.
12:11 Il espère déjà pouvoir défendre sa proposition de loi à l'Assemblée.
12:14 - C'est un choix politique.
12:17 L'Etat, pour moi, doit mettre les moyens dans la ruralité
12:20 pour la permettre de survivre, mais aussi d'être plus ambitieuse
12:23 et d'être vraiment en mesure de faire des choses
12:26 et d'être dans l'avenir.
12:29 - Comment l'Etat le finance?
12:32 - C'est un choix politique.
12:35 400 millions d'euros, c'est assumable par l'Etat.
12:38 C'est un choix politique.
12:41 J'ai parlé de la politique de la ville.
12:44 Je pense qu'on peut récupérer une partie des fonds
12:47 de la politique de la ville vers la ruralité.
12:50 Ce n'est pas un choix négatif.
12:53 - Le député de Quittes a ravivé la querelle
12:56 entre villes et campagnes.
12:59 Julien Rancoult va surtout devoir convaincre les députés
13:02 de dépenser plus pour ses territoires.
13:05 Jusqu'à présent, aucune proposition de loi du Rassemblement national
13:08 n'a été votée.
13:11 En France, 90 % des communes ont moins de 3 500 habitants.
13:14 ...

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