VIDEO - Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Étienne Daho dans «Iconiques»

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Transcript
00:00 Etienne Dao se confie aux auditeurs d'Europe 1, aux côtés de Stéphanie Loire.
00:04 C'est iconique !
00:06 Etienne Dao, bonjour.
00:07 Bonjour.
00:08 Merci d'être là sur Europe 1.
00:09 C'est avec plaisir.
00:10 C'est un grand plaisir partagé.
00:12 On va parler de cet album, Tirer la nuit sur les étoiles.
00:15 Je sais que vous n'aimez pas expliquer les chansons, puisque de toute façon je suis
00:19 d'accord avec vous, je trouve que les chansons, ça se ressent.
00:22 Ça ne s'explique pas forcément.
00:24 En revanche, essayer de décortiquer, de comprendre comment il a été fabriqué.
00:28 Bien sûr.
00:29 Je pense que vous êtes d'accord.
00:31 Déjà, quelle a été l'impulsion de départ de cet album ?
00:34 Le premier titre a été Virus X, qui était un maxi qui est sorti avant avec des remixes.
00:41 C'est une chanson que j'ai faite avec deux Italiens, Italo Connection, qui sont deux
00:46 mecs vraiment super.
00:47 Paolo Gozzetti et Fred Ventura.
00:49 Avec l'accent, c'est encore mieux.
00:51 Ils ont des noms qui sonnent comme de l'aventure déjà.
00:54 Ce titre était une manière de parler un peu de la période qu'on a tous traversée.
00:59 Ce que je trouvais vraiment incroyable, que l'humanité entière traverse une période
01:04 où on vit tous la même chose.
01:06 Et ça, c'était incroyable.
01:07 Ça n'arrivera peut-être plus jamais.
01:08 Enfin, on l'espère.
01:09 Mais en même temps, il y avait cette chose incroyable de la collectivité.
01:13 Je trouvais ça très fort.
01:14 Le fait d'être tous chez soi, tous isolés.
01:17 Mais en même temps.
01:18 Et au même moment.
01:19 Vivre la même chose.
01:21 C'était assez fou.
01:22 Et donc, cette chanson, c'était une manière un peu humoristique de parler de la toxicité
01:26 d'une relation et de faire une espèce de parallèle avec la toxicité du virus.
01:31 Et c'était assez marrant à faire.
01:33 Et ça, c'était la première chanson.
01:36 Parce que je sortais de l'album pour Jane Birkin que je venais juste de réaliser.
01:39 Et donc, ça a ouvert des choses.
01:45 De travailler avec elle aussi.
01:46 Et notamment autour de l'amour.
01:49 C'était imagé, mais l'amour toxique.
01:53 Mais l'amour, vous le décortiquez sous toutes ses formes.
01:56 Tirer la nuit sur les étoiles, c'est mieux.
02:00 Oui, parce qu'il y a plein de formes.
02:01 C'est pour ça que je ne fais que décrire ce que je ressens.
02:06 Et Virus X, qui d'ailleurs, est sur cet album.
02:09 Oui, je trouvais ça comme si c'était un tube qui était passé à côté.
02:12 Il faut absolument le remettre une couche.
02:14 Je suis d'accord.
02:15 Et donc, on l'a retravaillé en studio.
02:18 On a rajouté une vraie basse, une vraie batterie.
02:20 Et là, tout d'un coup, il y a une espèce de groove bien lourd.
02:23 Et vraiment, j'adore cette chanson.
02:25 Il vient apporter un up-tempo dans l'album aussi.
02:28 Oui, il y avait besoin.
02:31 Parce qu'en fait, c'est un album où il y a eu beaucoup de chansons qui étaient mid
02:34 ou slow tempo.
02:35 Et donc, pour équilibrer, c'était parfait.
02:38 C'est parfait dans cet équilibre.
02:39 Cet album, on le disait, il décortique l'amour au sens large.
02:43 L'amour solitaire, l'amour qui fait du bien, l'amour qui peut être toxique.
02:49 Vous ouvrez l'album avec "Tirer la nuit sur les étoiles" avec Vanessa Paradis en duo.
02:56 Un extrait.
02:57 Un titre qui a un tube en puissance.
03:16 J'espère.
03:17 Duo avec Vanessa Paradis avec qui vous aviez déjà collaboré, notamment en studio à
03:23 l'époque des heures hindous, je crois.
03:26 On a chanté ensemble plusieurs fois, soit sur scène, soit pour des télés.
03:30 On n'a jamais créé une chanson inédite.
03:35 Comment ça s'est passé cette rencontre artistique avec Vanessa Paradis, avec ce titre
03:40 qui vient en plus ouvrir cet album ?
03:42 Oui, on ouvre l'album main dans la main.
03:45 C'est trop beau.
03:47 C'est quelqu'un que j'adore depuis longtemps.
03:49 On est depuis vraiment très longtemps.
03:51 Il y a vraiment cette chose de la familiarité où on sait à l'œil l'un et l'autre depuis
03:57 longtemps.
03:58 On s'apprécie depuis longtemps.
04:00 Et puis, quand j'ai commencé à travailler sur cette chanson, j'entendais vraiment sa
04:03 voix.
04:04 Vraiment, c'était comme une obsession.
04:06 Elle a une voix comme un instrument.
04:08 Je lui ai posé la question.
04:10 Je lui ai envoyé un texte en lui disant "Est-ce que tu chantes avec moi ?" Et sans écouter
04:15 la chanson, comme ça, sur la confiance, elle m'a dit oui.
04:19 Comme dans la chanson, un grand oui.
04:21 Elle est venue en studio et ça a été magique parce que vraiment nos voix ensemble s'harmonisent
04:29 parfaitement.
04:30 Elle a vraiment une voix dans les aigus.
04:32 En haut, elle a de très beaux aigus.
04:35 Moi, je suis plutôt dans les graves.
04:36 Et quand on chante ensemble, ça fait un spectre qui est assez harmonieux.
04:40 Qui est très harmonieux, je le confirme.
04:42 Le nom de cette chanson, c'est le nom de l'album aussi.
04:47 Quid du nom de cet album, du nom de cette chanson ?
04:50 J'ai vu un documentaire sur Ava Garner.
04:55 Et dans ce documentaire, il y avait cette anecdote que quand elle a rencontré Sinatra
04:59 et qu'ils ont entamé cette passion folle.
05:03 Ils sont partis dans le désert.
05:05 Ils étaient un peu bourrés.
05:06 Ils sont partis dans le désert.
05:07 Ils sont tirés au revolver sur les étoiles.
05:10 Je trouvais que c'était une anecdote très cinématographique, un peu folle.
05:15 Comme quand on a envie de séduire quelqu'un et on a envie de faire un peu n'importe quoi.
05:20 Des choses qui vont séduire l'autre.
05:23 Je ne sais pas si c'est séduisant pour tout le monde.
05:26 Mais en tout cas, l'image me paraissait extrême.
05:29 Moi, ça me séduirait.
05:31 Moi aussi.
05:32 On en parlera d'ailleurs de votre rap.
05:34 Parce que vous avez évoqué le cinéma et les images très importants pour vous dans
05:38 votre manière de créer de la musique, d'aborder la créativité.
05:41 On l'évoquera un petit peu plus tard.
05:44 "Tirer la nuit sur les étoiles", c'est aussi l'écran.
05:48 Il y a la nuit.
05:49 La nuit est évoquée.
05:50 Vous aviez déjà chanté la nuit, notamment dans un titre qui s'appelle "Sortir ce soir",
05:55 qui est ensuite devenu une compilation.
05:56 Ce titre est "Comme ceci", sorti en 2005.
05:59 Ça, c'est la version originale.
06:15 Ce n'est même pas celle de 2005, c'est celle de 1981.
06:18 Alors celle que j'ai entendue, là, je crois que c'est une remix.
06:22 C'est sur l'album live.
06:23 C'est une chanson.
06:24 La nuit, c'est un écran qui vous inspire.
06:29 Ça m'a beaucoup inspiré.
06:31 Mon deuxième album s'appelait "La Notte et la Notte", ce qui veut dire la nuit, la
06:34 nuit en italien.
06:35 D'ailleurs, un album qui communique vachement avec celui-là, je trouve aussi.
06:37 Oui, parce qu'en fait, ils ont été écrits tous les deux en Bretagne, à Saint-Malo,
06:41 entre Dinard, Saint-Malo, Saint-Lunaire, Sable d'Or.
06:44 Des endroits comme ça qui sont, pour moi, assez magiques, très forts avec les éléments.
06:50 C'est-à-dire qu'on se sent extrêmement vivant.
06:52 Justement, j'allais évoquer, parce que cet album, je crois qu'il a été enregistré
06:57 et à Paris et à Londres et à Saint-Malo, fabriqué aussi.
07:00 Vous avez collaboré avec des musiciens que vous appréciez beaucoup, qui s'appellent
07:05 Unloved.
07:06 Et donc, avant de venir à votre relation avec ces artistes-là, qui ont eu un rôle
07:10 important dans cet album, le fait d'enregistrer et d'écrire aussi à Saint-Malo, cet écran,
07:15 cette proximité avec l'élément marin, ça a rejailli dans l'album.
07:18 J'ai l'impression que vous évoquez beaucoup la mer.
07:20 Oui, c'est vrai qu'il y a plein d'éléments.
07:22 Le phare, la mer, les rochers, les embruns.
07:27 C'est très iodé.
07:28 C'est important le lieu dans lequel on enregistre un album.
07:31 Oui, ça contamine complètement ce qu'on est en train de faire.
07:34 À chaque fois, j'ai pris des lieux différents.
07:37 J'ai habité dans plein de l'endroit différent pour écrire des albums.
07:41 Uniquement, c'était vraiment mon idée principale.
07:45 J'ai vécu à Lisbonne, à Barcelone, à Lyssa, à New York, à Londres.
07:48 Pour écrire un album.
07:50 Sauf Londres où je suis resté assez longtemps, il y avait des raisons extra professionnelles.
07:54 Pour votre rencontre avec ce groupe Unloved, que vous avez découvert en écoutant la radio
08:00 un peu par hasard.
08:01 Oui, j'ai écouté la radio anglaise, je suis tombé sur ce titre.
08:04 C'est exactement tout ce que j'aime.
08:06 C'est-à-dire le côté très sixties, un peu girls group, Phil Spector, et puis en même
08:12 temps très contemporain.
08:14 Vous aviez d'ailleurs collaboré sur leur album qui s'appelle le Pink Album, sur ce
08:19 titre-là.
08:20 Un titre absolument tauride.
08:40 Ça l'est.
08:41 C'est jeter moi non plus 2.0.
08:44 Exactement.
08:45 Vous avez aussi collaboré sur Blitz avec eux.
08:48 Et là, sur cet album, dans la fabrication de cet album, ils tiennent une place importante
08:53 à vos côtés ?
08:54 Oui, très importante.
08:55 D'abord, ils sont devenus des amis très proches.
08:57 Dans l'histoire, je me permets de préciser, eux habitaient à Los Angeles.
09:01 Oui, c'est ça.
09:02 Ils ont quitté Los Angeles pour venir s'installer à Saint-Malo.
09:04 Ils sont venus me voir à Noël à Saint-Malo, ils sont restés, ils sont installés.
09:07 C'est très bien parce que comme ça, je peux les voir plus souvent, je peux travailler
09:13 avec eux.
09:14 J'ai tellement envie de les voir souvent.
09:18 Affinité humaine et artistique.
09:19 Oui, vraiment.
09:20 Ça a été un coup de foudre.
09:21 Ce qui va souvent de pair, j'ai l'impression, chez vous dans vos collaborations aussi.
09:24 Boyfriend, c'est une chanson qu'ils ont écrite ou que vous avez écrite ensemble ?
09:29 J'ai fait le texte et eux ont fait la musique.
09:31 Quand ils m'ont amené cette musique, vraiment cette mélodie incroyable, vraiment c'était
09:36 un cadeau.
09:37 Et Boyfriend, il est aussi une question d'amour, de tous les amours, de l'amour libre, de
09:41 l'amour solitaire et aussi de l'amitié.
09:42 Oui, parce qu'en fait, on a toujours tendance quand on dit, alors ça parle d'amour, de
09:47 la relation à deux, qui est super aussi.
09:49 Mais l'amour, c'est plein de choses.
09:52 C'est l'amour qu'on met dans son travail.
09:54 C'est l'amour civil, c'est l'amour sororal.
09:57 C'est l'amitié amoureuse, c'est la passion charnelle.
10:02 D'ailleurs, amitié amour.
10:03 Les amours platoniques.
10:05 La palette est quand même assez large.
10:07 Amitié amour, il y a une racine étymologique exactement la même et ça raconte évidemment
10:12 quelque chose.
10:13 Puisqu'on parle d'amour, justement, cet album-là, Tirer la nuit sur les étoiles,
10:18 c'est l'album d'un homme heureux, amoureux.
10:21 Ça résonne fort dans cet album.
10:25 L'amour, c'est votre carburant humain et artistique.
10:29 Oui, je le dis dans la chanson, c'est une dope.
10:30 C'est ce qui vous fait vraiment, qui vous donne envie de devenir meilleur.
10:37 Et parfois qui ne vous rend pas forcément meilleur aussi, sans s'en rendre compte.
10:43 On va parler de la phase où on a envie d'être meilleur.
10:47 Le meilleur, c'est quand on monte les escaliers.
10:49 C'est toujours la meilleure phase.
10:51 Il y a quelque chose de très cinématographique.
10:53 On l'a rapidement évoqué tout à l'heure dans ce disque et aussi dans votre musique
10:57 en général.
10:58 Dans ce disque, on suit les étapes d'une histoire d'amour.
11:02 On passe par différentes étapes.
11:04 On commence avec Vanessa Paradis, main dans la main, et puis on finit avec Romain Inachevay.
11:07 C'est un album qui a été construit comme un film ?
11:20 En fait, il est contaminé par plein de choses, par des films, par des images, par des bouquins.
11:28 Il y a plein de choses qui ont nourri ce disque.
11:31 J'ai besoin de faire des breaks entre deux albums pour pouvoir vraiment prendre des choses
11:39 un peu partout.
11:40 Vraiment d'être vraiment nourri par plein de choses très différentes.
11:43 Et c'est qu'à ce moment-là que je peux écrire parce que je n'ai absolument aucune
11:47 imagination.
11:48 Donc je suis obligé d'écrire sur des choses concrètes de la vraie vie.
11:51 Je n'y arrive pas autrement.
11:52 Ça fait quand même 40 ans que vous écrivez des chansons, que vous racontez des histoires.
11:56 Oui, justement.
11:58 Plus on avance en âge et plus on écrit.
12:00 Pour en garder sous le talon encore, il faut vraiment être enrichi.
12:07 Et donc il faut aller chercher de la nourriture intellectuelle.
12:11 Voilà, donc je la cherche.
12:12 En permanence.
12:13 Vous regardez beaucoup de films, vous allez souvent au cinéma ?
12:15 Oui, je regarde plein de films, je lis plein de bouquins.
12:18 J'essaie vraiment que toutes les disciplines puissent être vraiment des choses qui peuvent
12:26 contaminer et nourrir les chansons.
12:28 Et ça infuse chez vous naturellement ?
12:29 Quand je dis contaminé, c'est vraiment...
12:30 Oui, mais on ne pense pas à virus sexuel.
12:33 Voilà, c'est ça.
12:34 Ça infuse chez vous naturellement ou vous êtes du genre à prendre des notes ?
12:38 Je ne sais pas comment on s'en sort.
12:39 Je prends des notes.
12:40 Je prends pas mal de notes, j'écris pas mal.
12:42 Et puis au bout d'un moment, les choses arrivent d'une manière assez fluide.
12:46 Mais j'ai besoin de ce temps d'attente, vraiment d'absorber le monde.
12:52 Et puis après, les choses se transforment en chansons.
12:55 Ça infuse et après, ça rejaillit.
12:56 Mais je ne sais jamais.
12:57 Enfin, entre deux albums, par exemple, j'ai toujours l'impression que je ne saurais plus
13:02 comment faire.
13:03 Vraiment.
13:04 J'ai vraiment cette espèce de...
13:06 De vertige ?
13:07 Oui, de me dire "mais comment j'ai fait ? Comment j'ai écrit ça ?".
13:10 Je ne sais plus.
13:11 Et quand vous retournez sur ces 40 ans de carrière et cette multitude d'albums de chansons
13:18 que vous avez faites, vous réalisez que vous les avez faites ? Vous arrivez à y croire
13:22 ?
13:23 Je ne crois pas vraiment parce que je n'y pense pas en fait.
13:25 Je suis très très sur le moment, sur l'instant, sur ce que je dois faire maintenant, demain.
13:30 Et ce que vous avez fait aujourd'hui ?
13:32 J'adore.
13:33 Enfin, je revendique tout ce qui s'est passé avant.
13:35 Mais je n'y pense pas.
13:36 Ce que vous avez fait, c'est cet album qui a été d'ailleurs, au tout départ, on vous
13:42 avait révélé "Boyfriend".
13:43 Premier titre.
13:44 Je porte le t-shirt parce qu'on vient de me l'offrir.
13:47 Oui, alors vous pourrez voir à l'image ce magnifique t-shirt "Boyfriend" Carbor Etienne
13:52 Dao.
13:53 C'est une sublime chanson.
13:54 Le clip aussi est très beau.
13:57 Il a été réalisé par Manon Engel.
13:59 J'espère que je n'écorche pas leur nom, les prononçants.
14:02 Et Alma Dericou qui sont réalisatrice et photographe et directrice artistique.
14:07 Elles sont, c'est incroyable ces filles.
14:09 Il y a un vrai travail sur l'image et ça a souvent été le cas dans vos clips.
14:13 Est-ce que vous vous faites confiance ? Vous échangez ? Vous proposez des idées ? Comment
14:18 ça se passe ?
14:19 J'échange beaucoup.
14:20 J'ai eu de la chance d'avoir des rencontres artistiques, que ce soit dans les clips, les
14:25 photographes pour les pochettes.
14:27 Vous avez travaillé avec Jean-Pierre Jeunet, avec Pierre Egil, avec un pléthore de réalisateurs,
14:35 de photographes.
14:36 De très grandes qualités.
14:38 Et ça permet justement de faire ces rencontres artistiques.
14:41 En plus de la musique, il y a toutes ces aventures qui sont les aventures des clips, des pochettes.
14:47 Donc c'est un échange, c'est un dialogue.
14:51 Oui, c'est un échange.
14:52 Et puis une pochette, c'est important.
14:53 C'est quand même la vitrine de ce qu'il y a à l'intérieur.
14:55 Donc il faut vraiment choisir l'image qui symbolise le plus la musique qu'on vient de
15:02 faire.
15:03 D'ailleurs, quand on parcourt votre discographie et qu'on va défiler les pochettes d'albums,
15:06 on se rend compte du travail qui a été fait.
15:07 Oui, il y a des belles rencontres.
15:09 Pierre Egil notamment, il y a cette très belle peinture.
15:12 Je précise pour les auditeurs que j'invite à venir découvrir la vidéo Europe 1 qu'on
15:18 est en train de faire avec Etienne Dao.
15:19 On est dans un studio de production Europe 1 qui a été entièrement décoré avec des
15:24 affiches.
15:25 Si on peut remercier vraiment toutes les clips qu'il y a fait.
15:29 Sébastien Guidis et Julien Tharaud qui sont vraiment à la production et aussi à la décoration
15:35 qui font un super travail.
15:36 Il y a des couvertures d'albums, des vinyles.
15:38 C'est agréable pour vous de redécouvrir ces images, de voyager.
15:42 Oui, surtout cette affiche avec Ellie.
15:45 C'était le moment où on a explosé tous les deux.
15:48 Elle avec "Toi mon toit", moi avec "Epaule Tattoo", "Du Val au soleil" et tout ça.
15:51 Une affiche de l'Olympia.
15:52 On a fait un Olympia en 86 qui était une folie.
15:55 Ce qui nous intéressait, c'est de savoir combien de fauteuils avaient été cassés.
15:58 Et alors ? Vous avez la réponse.
16:00 Il y en avait beaucoup.
16:01 C'est bien.
16:02 Ça veut dire que c'était un super concert.
16:03 On a vraiment fait péter le budget.
16:05 Le budget des couv' !
16:07 Le budget des fauteuils, oui.
16:08 La première chanson que vous avez révélée sur l'album, je le disais, c'est "Boyfriend".
16:12 Hymne à l'amour, tous les amours, amour solitaire, amour...
16:15 Ce n'est pas un amour solitaire.
16:17 Alors, moi, j'avais le sentiment que c'était aussi une manière de revendiquer que l'amour,
16:21 ce n'est pas forcément quelque chose qu'on partage.
16:24 On peut aussi aimer à sens unique.
16:26 Alors, vous avez raison parce qu'en fait, on ne peut pas expliquer.
16:29 Chacun le ressent à sa manière.
16:30 La manière dont on prend une chanson, l'auditeur a toujours raison de toute façon.
16:36 Au contraire, là, c'est vraiment quelqu'un qui dit "Allô, je serai là pour toi, je
16:41 serai toujours là pour toi".
16:42 Je serai ni ton psy ni ton père, mais je serai toujours là.
16:44 Oui, père et psy, on va passer.
16:47 Parce que vraiment pas.
16:49 Mais pour le reste, oui.
16:50 Pour le reste, tu peux compter sur moi.
16:51 Pour le reste, je suis là, je suis l'épaule.
16:53 Je suis en train, dans cette chanson, de faire ma pub absolue.
16:57 Je fais comme si j'étais le super boyfriend.
17:00 C'est vrai que ça marche bien.
17:02 À la fin, on a envie de vous appeler, de vous dire "Allô Etienne, où es-tu ? Je
17:05 t'attends".
17:06 Pour ce titre, est-ce qu'au loin dans votre esprit, quelque part, résonnait cette chanson
17:12 qui est totalement à l'opposé de "Boyfriend" dans ce qu'elle raconte ?
17:16 Encore une fois, c'est mon interprétation.
17:18 "I'll be your mirror" du Velvet Underground.
17:21 Ah oui, oui, oui.
17:22 Bah oui.
17:23 C'est vrai, je n'y avais pas pensé.
17:25 Comme "I wanna be your dog" des Stooges, où vraiment on est, je suis dans la soumission
17:30 extrême.
17:31 Là, ce n'est pas le cas.
17:32 Là, c'est une autre manière d'exprimer l'amour.
17:33 Moi, la soumission, je trouve que c'est vraiment… Si on est soumis, on a perdu.
17:38 C'est foutu.
17:39 Il faut être le trophée tout le temps.
17:40 C'est une partie d'échec, c'est compliqué.
17:41 Oui, mais c'est la grande aventure humaine.
17:44 Enfin, une des grandes aventures humaines, mais c'est peut-être la plus belle quand
17:48 elle est réussie.
17:49 C'est du bon carburant.
17:50 Le Velvet Underground, Nico, ce sont des artistes qui comptent pour vous.
17:58 Qu'est-ce qu'ils représentent pour vous ? Par exemple, cette chanson.
18:00 Ça a été l'ouverture à un autre monde.
18:03 J'ai l'impression d'être sorti du monde d'un jeune garçon, d'un pré-ado,
18:09 à tout d'un coup, un ado.
18:11 Je ne comprenais pas tout, mais je ressentais le souffle qu'il y avait dans ce disque.
18:15 Ça ouvrait tout un monde magique, fantastique.
18:18 Et ces sensations d'adolescence, vous les avez toujours quand vous écoutez cette musique
18:23 ?
18:24 Complètement.
18:25 C'est vrai.
18:26 J'ai toujours resté accroché à cette musique.
18:28 Pour revenir à Unloved et à votre collaboration avec eux, il y a un duo dans l'album avec
18:36 Jade Vincent qui fait partie du groupe Unloved.
18:38 Je propose qu'on en écoute un extrait.
18:40 C'est le seul titre en anglais de l'album ?
18:57 Oui, parce qu'en fait, je n'ai pas réussi à faire le texte en français.
19:01 Ah bon ?
19:02 Non.
19:03 Mais ça sonne bien en anglais comme ça.
19:04 Oui, ça sonne bien.
19:05 Et puis elle, ça l'arrangeait, parce que comme elle est américaine, c'était plus
19:08 facile pour elle.
19:09 C'était plus facile pour elle.
19:10 Pour parler de l'anglais, du français, la musique anglo-saxonne, elle tient une place
19:16 très importante dans votre vie.
19:17 Oui, mais la musique française aussi.
19:19 La musique française aussi.
19:20 J'ai été biberonné à la musique française, au yéyé.
19:23 C'est ce grand mélange d'influences qui donne votre éclectisme.
19:27 Oui, je suis très éclectique.
19:28 J'aime plein de choses très différentes.
19:29 Tout me plaît à partir du moment où je suis transpercé par une chanson.
19:33 Je ne m'enferme pas dans un style.
19:37 Je trouve que c'est dommage de se fermer.
19:39 Ce qui compte, c'est ce qu'on ressent quand on écoute de la musique.
19:42 Voilà, exactement.
19:43 Chantez en anglais, chantez en français, même combat ?
19:46 Oui, j'ai fait un album de reprise qui s'appelle Surf.
19:50 Que j'adore.
19:51 Que j'aime beaucoup aussi.
19:53 C'est tellement plus facile de chanter en anglais.
19:55 D'abord, ce ne sont pas mes textes.
19:57 Donc, je m'abandonne beaucoup plus facilement.
20:00 Sur cet album Surf, vous aviez fait des revisites de chansons de vos artistes préférés.
20:05 Oui, c'est ça.
20:06 Et vous chantez uniquement en anglais.
20:07 Uniquement en anglais, avec un accent de Maurice Chevalier, mais qui n'a gêné que les Français,
20:11 pas les Anglais.
20:12 Les Anglais adorent ça.
20:13 It's so French, it's so cute.
20:16 D'ailleurs, vous évoquez cet album Surf.
20:20 Sur cet album, il y a une collaboration, enfin non, il y a un titre que vous aviez fait
20:25 avec Alain Bachelon, que là, vous interprétez seul, je crois.
20:29 Et ce titre, c'est…
20:31 You Choose, c'est pas ça, c'est les Pet Shop Boys.
20:35 Le titre, c'est I Can't Escape.
20:37 I Can't Escape From You.
20:38 Un duo magnifique, avec Alain Bachelon, que je vous sens ému en train d'écouter cette
20:57 chanson.
20:58 Oui, parce que c'était un homme tellement gentil.
21:02 C'est une qualité extrême pour moi.
21:04 Qui est précieuse et souvent sous-estimée, je trouve, la gentillesse.
21:07 Pour moi, je trouve ça très sexy.
21:09 Ah ouais ?
21:10 Ouais.
21:11 Gentil is very sexy.
21:12 J'allais évoquer les nombreuses collaborations que vous avez faites au cours de votre carrière.
21:18 Je ne vais évidemment pas toutes les citer parce qu'il y en a…
21:20 Il y en a vraiment beaucoup.
21:21 Beaucoup.
21:22 Vous avez cette appétence, cette curiosité, cette ouverture.
21:24 Et puis, il y a des choses qui se font.
21:26 La vie amène des cadeaux.
21:28 Des rencontres.
21:29 Des rencontres, oui.
21:30 Et puis, alors ça va, de Jane Birkin, Jacques Dutronc, Blondie, Dominique A, Vanessa Paradis,
21:38 Daniel Darf, Marianne Faizfoul, toute la nouvelle scène électro, Ron…
21:43 Pléthore.
21:44 Pléthore, un spectre très large.
21:48 Jeanne Moreau, bien sûr, avec qui vous avez collaboré pour Le Condamné à mort.
21:51 C'était magnifique.
21:52 Alain Bachelon, on en parlait.
21:53 Sur ce titre-là, puisqu'on évoquait surf, vous vous êtes amusé à reprendre des chansons.
22:00 C'est un exercice qui vous amuse, la revisite ?
22:03 Oui, parce qu'en fait, quand on aime vraiment tellement les chansons, on a l'impression
22:07 qu'on les a faites soi-même, qu'elles sont à soi.
22:10 C'est une appropriation, en fait.
22:12 Il faut aimer l'artiste pour chanter sa musique ?
22:16 En général, j'apprécie les deux.
22:22 Ça va de pair.
22:23 Je trouve que c'est la même chose, en fait.
22:25 C'est la même chose.
22:26 La seule personne que j'ai jamais voulu rencontrer, c'est Lou Reed.
22:29 J'avais trop peur d'être défané parce que tout le monde me disait qu'il était
22:33 tellement imbuvable.
22:34 Et alors finalement, j'allais ?
22:35 En fait, on s'est croisés plusieurs fois et on s'est ratés.
22:37 En fait, il me connaissait.
22:38 Et je regrette après coup de ne pas être allé lui parler parce qu'il a dit des choses
22:43 sur moi qui étaient très, très, très gentilles, sur ma voix notamment.
22:47 Et au final, vous n'avez jamais échangé, discuté ?
22:49 Non, mais non, je me tenais à distance.
22:52 La pudeur, tout simplement.
22:54 La peur d'écorner une idole.
22:57 Il était tellement important pour moi que je n'avais pas envie.
23:00 Pour finir, sur cet album "Surf", j'avais vraiment envie qu'on en parle parce que je
23:05 l'ai beaucoup aimé.
23:06 Parmi les chansons, il y a un titre des Petshop Boys qui est "You Choose".
23:11 On en entend un extrait.
23:13 Il ne devait pas y avoir un projet avec Petshop Boys qui allait un peu au-delà de la reprise
23:37 de cette chanson ?
23:38 Alors, il m'avait envoyé une chanson et en fait, à l'époque où ils m'ont envoyé
23:41 cette chanson, que d'ailleurs, ils ont rechanté par la suite, c'est une chanson qui ne collait
23:47 pas du tout à l'album que j'étais en train de faire.
23:48 C'est un album qui s'appelle "Révolution", qui est un album assez brut comme ça, avec
23:53 le groupe de scène.
23:54 Et le titre des Petshop Boys était trop discoïd.
23:57 Ça ne collait pas.
23:59 Donc, je ne l'ai pas fait.
24:01 Donc merci, mais non merci.
24:02 Mais je les aime vraiment beaucoup.
24:05 Mais la vie est longue.
24:07 Il y a encore des choses à faire avec eux.
24:09 Je reviens sur votre album, le dernier, "Tirer la nuit sur les étoiles".
24:14 Apparemment, il existerait un treizième titre, parce qu'il y a douze pistes.
24:18 Oui, c'est vrai.
24:19 Alors, quid de ce titre ? Où est-il ? Je n'ai pas pu l'écouter.
24:22 J'étais extrêmement frustré.
24:24 Alors, en fait, c'est comme le ticket d'or dans Charlie et la chocolaterie.
24:28 C'est un treizième titre qui se trouvera sur certains CD, mais c'est très aléatoire.
24:32 C'est génial.
24:33 Ça s'appelle "Brise l'arme".
24:35 Et il est question de quoi dans cette chanson ?
24:38 Hum, mystère ! On en saura pas plus.
24:40 L'amour toujours, peut-être qu'il est question d'amour dans "Brise l'arme".
24:44 En tout cas, ça sonne un peu comme tel.
24:46 Il est aussi parfois question de l'amour qui pique, celui qui aspire, celui qui attire
24:52 deux personnes comme deux aimants.
24:55 Je reviens te chercher et dans un commun hélo, nous sommes attirés comme un le serait deux aimants.
25:10 Est-ce qu'on peut se perdre dans le sentiment amoureux ?
25:17 Ah, bien sûr.
25:18 Bien sûr.
25:19 Et on se relève toujours après ?
25:22 En fait, je vous consulte comme le docteur S.
25:26 Amour que vous êtes.
25:27 Non, mais j'ai l'impression d'être un oracle.
25:28 Pas du tout.
25:29 Je fais que des conneries.
25:30 Donc je ne suis pas du tout un spécialiste de ça.
25:34 Mais vous chantez l'amour mieux que personne.
25:35 Mais je le chante parce que c'est un sujet inspirant et inépuisable.
25:39 Ça ne fait pas de moi un spécialiste et un gourou de ça.
25:43 Non, non, mais je ne vous consulte pas comme un gourou.
25:45 J'ai juste comme un spécialiste du domaine.
25:48 Non, non, je sais, j'avais compris.
25:49 On parlait de l'élément marin dans cet album qui est très présent, notamment dans la chanson "Le Parc".
25:54 Et alors dans cet album aussi, ma préférée, j'avoue, c'est "Les derniers jours de pluie".
26:12 Ah, je vais vous expliquer pourquoi après.
26:15 Elle m'embarque cette chanson.
26:17 Elle me prend par la main.
26:19 Expliquez-moi alors pourquoi.
26:32 C'est la première chanson qui a été écrite pour l'album.
26:35 Donc je pris ma petite guitare et j'ai fait cette chanson.
26:38 Et elle m'a été inspirée par un livre écrit par Suzy Solidor qui s'appelle "Fille d'or".
26:43 C'est un bouquin qui est sorti il y a un an et demi.
26:46 Vous voyez qui est Suzy Solidor ?
26:48 C'est une des muses de Man Ray.
26:49 Souvent on la voit à un espèce de carré blond.
26:52 À la serpe.
26:54 Malouine aussi, comme par hasard.
26:56 Et donc elle a fait ce bouquin qui est ressorti il y a un an et demi.
26:59 Et qui est un bouquin très confidentiel et qui évoque une espèce de fiction qui commence en Orient
27:05 et qui se termine dans les bars de Saint-Malo.
27:07 Donc c'était écrit pour vous.
27:09 Cet album parle aussi beaucoup des bars, des endroits où on échange.
27:13 Des bars à Paris, des bars que vous fréquentez aussi à Saint-Malo.
27:16 Il y a une question du bar Camille.
27:18 Exactement.
27:19 Vous connaissez ?
27:20 Je le connais.
27:21 Je fréquente aussi cet endroit.
27:24 La Bretagne, et vous, c'est une longue histoire d'amour.
27:29 Jamais houleuse celle-ci, non ?
27:32 Non, jamais.
27:34 Jamais.
27:35 Rennes a été une ville très bonne pour moi.
27:38 C'est la ville où je suis arrivé quand j'avais neuf ans, huit ans.
27:42 C'est là où j'ai fait toutes mes premières expériences, où j'ai commencé à chanter.
27:46 C'est là où vous avez fait vos premières scènes.
27:48 Oui, c'est vraiment là où je suis né une deuxième fois, vraiment.
27:52 Et Saint-Malo, c'est tout près.
27:54 Je me sens très breton aussi.
27:56 Je me sens plein de choses.
27:58 Parce que quand on est né ailleurs et qu'on est transporté dans un autre pays,
28:03 la chose très positive, c'est qu'on est partout chez soi.
28:07 Avec des endroits où on a un peu plus d'affection, un peu plus d'affinité.
28:12 Globalement, je me sens partout chez moi.
28:14 Je me suis installé dans plein d'endroits, je me suis dit "voilà, c'est chez moi".
28:17 Lorsqu'on est déraciné, on arrive à trouver des racines un peu partout.
28:21 Pour vous, en tout cas.
28:23 Vous qui êtes le gourou de l'amour, donc vous êtes peut-être aussi le gourou du voyage.
28:28 Pour la partie parisienne de l'enregistrement de cet album, ça s'est passé au studio Motorbass dans le 18ème.
28:35 Ce lieu, je ne le connais pas.
28:38 Pour les auditeurs, qu'est-ce qu'il a de particulier ? Est-ce que vous pouvez nous le décrire ?
28:41 En fait, il est tout en bois.
28:43 Mon deuxième album avec "Weekend à Rome", "Le Grand Sommeil", toutes ces chansons, les gens connaissent,
28:49 a été mixé là-bas par Dominique Blanfranca, ça s'appelait "Continental".
28:53 Ensuite, j'ai produit un album pour Jacques Knaud là-bas.
28:55 Ce qui est bien, c'est que c'est à deux mètres de chez moi.
28:57 Donc c'est l'annexe de votre maison.
28:59 Ensuite, il a été repris par Philippe Zdar du groupe Cassis, qui est là mais plus là.
29:06 J'ai eu du mal à retourner dans ce studio parce que le manque de lui, le déni de son départ m'empêchait d'y retourner.
29:15 J'y suis retourné et sa présence nous a accompagnés.
29:20 On a eu tout le temps des clins d'œil de sa présence.
29:23 C'est fantastique, comme s'il nous entourait.
29:26 C'est un mec merveilleux.
29:29 À qui on pense et qui manque à beaucoup d'artistes que je reçois et qui l'évoquent très souvent.
29:36 C'est une véritable empreinte.
29:38 Oui.
29:39 Au sujet des intervenants, des gens avec lesquels vous avez collaboré dans l'aventure de cet album,
29:46 il y a des historiques à vos côtés.
29:48 Jean-Louis Pierrot notamment, qui est très important.
29:52 C'est un musicien, arrangeur, compositeur, pléthore de talents et pléthore de casquettes encore une fois.
29:58 Vous vous connaissez depuis très longtemps tous les deux.
30:00 1986.
30:01 C'est une longue histoire.
30:03 Un partenaire qui est précieux.
30:06 Qu'est-ce que vous avez construit tous les deux ?
30:09 On a fabriqué des chansons.
30:11 Il n'y a pas plus grande intimité que de faire de la musique avec quelqu'un.
30:15 C'est fou.
30:17 Ça crée des liens indéfectibles.
30:19 Et lui, il a co-réalisé "Tirer la nuit sur les étoiles".
30:22 Oui, on a réalisé tout l'album ensemble.
30:26 Et arrangé tout l'album ensemble, sauf les trois titres "Icon Loved".
30:29 Et puis un titre, "Les derniers jours de pluie", qu'on évoquait tout à l'heure,
30:32 et qui a été fait aussi avec ce duo parisien qui s'appelle Global Network.
30:37 Et qui sont deux gars vraiment très très doués.
30:41 Avec Jean-Louis Pierrot, vous avez fait beaucoup de chansons ensemble.
30:46 Vous avez fait "L'homme qui marche".
30:48 Je crois que c'est votre chanson préférée.
30:50 Oui, j'ai l'impression qu'on est atteint avec cette chanson.
30:54 Quelque chose de rare. Je ne peux pas expliquer pourquoi.
30:58 Et puis de faire une chanson avec cinq épisodes quasiment en trois minutes trente.
31:03 Pour ceux qui seraient passés à côté de ce bijou, on en écoute un extrait.
31:08 "L'escalier monte à sa chambre et l'homme se froide que l'enfant du roi fou"
31:18 C'était sur l'album "Les chansons de l'innocence retrouvées" que j'aime beaucoup aussi.
31:24 Parce qu'il y a la peau dure aussi sur cet album.
31:26 Ah oui ?
31:27 Qui est une chanson qui me transperce la peau.
31:29 C'est vrai ?
31:30 Bon voilà, on ne va pas l'expliquer. On va passer à autre chose.
31:34 On ressent la musique, c'était juste pour le plaisir de l'évoquer.
31:37 A vos côtés à bord de ce navire, dans la fabrication de cet album, des collaborations plus récentes.
31:41 Vous l'aviez évoqué tout à l'heure, notamment Italo Connection pour Virus X.
31:47 Moisturizer, Jan Wagner.
31:50 Et puis aussi des gens qui sont venus offrir leur voix.
31:53 Lou Le Sage, Calypso Valois, Dorian, Vanessa bien sûr.
31:58 C'est ce grand mix collaboratif qui fait la grandeur orchestrale de cet album.
32:04 Je ne sais pas.
32:07 Je ne sais pas, mais c'était bien d'avoir toutes ces énergies de gens qui viennent d'univers très différents.
32:13 Et d'arriver à faire une boule.
32:16 C'est-à-dire avoir la cohérence de l'ensemble avec des gens qui viennent de plein d'endroits différents.
32:21 Et vraiment beaucoup, beaucoup de gens.
32:24 C'est-à-dire qu'en fait, souvent pour chaque titre, il y a des montages de plein de contributions de gens différents.
32:32 C'était ça le gros boulot, en fait.
32:34 C'est un immense puzzle.
32:35 Faire des choix.
32:36 Des choix pour donner quelque chose qui a l'air d'être dans une grande fluidité comme ça.
32:41 Qui sonne très organique dans le résultat.
32:44 Cet éclectisme-là qui rejaillit dans vos collaborations, vos chansons, vos albums, votre musique,
32:51 qui caractérise d'ailleurs votre carrière, vos 40 ans de carrière qui sont nourris de ça.
32:56 Il vient d'où cet éclectisme ?
32:58 Je crois de mon enfance, en fait.
33:03 J'ai écouté beaucoup, beaucoup de choses très différentes.
33:05 J'avais des tantes qui avaient un restaurant à Paris, puis un bar en Algérie.
33:10 Et à chaque fois qu'on changeait les disques dans le jukebox, je les récupérais.
33:14 Et donc j'ai tout écouté.
33:16 Donc depuis tout petit, je me suis vraiment fait l'oreille avec plein de choses différentes.
33:20 Les Yeye, mais aussi la pop anglaise, la soul des années 60 avec tous les artistes Motown.
33:26 Ça a été une manière comme ça de m'ouvrir à plein de musiques différentes.
33:31 Et puis la musique, c'est vraiment ma vie, c'est vraiment ma respiration.
33:36 Donc j'écoute beaucoup la musique des autres.
33:40 Vous écoutez beaucoup de musique ?
33:43 Oui.
33:44 Dès le matin ? Vous vous réveillez en musique ou pas ?
33:47 Pas forcément, non. Mais j'en écoute beaucoup.
33:50 J'en écoute beaucoup et j'essaie d'écouter de la musique pas comme un fond sonneur.
33:54 Si je mets un disque, je mets un disque.
33:56 Donc par exemple, si vous écoutez la musique, vous ne parlez pas ?
33:59 Sauf si il y a du monde et qu'on est en soirée et qu'un mot se commune.
34:03 Non mais voilà, c'est ça.
34:05 Là en revanche, on peut discuter.
34:07 Bon, si vous avez envie de prolonger cet entretien avec Etienne Dao,
34:13 au-delà de la diffusion de cette émission, je vous invite à découvrir le podcast iconique sur Europe 1.fr
34:19 puisqu'on aura le temps d'aller un peu creuser plus dans le fond des choses.
34:22 Je rappelle aussi qu'il y a un livre qui est sorti cette année,
34:26 qui a été édité aux éditions La Martinière,
34:29 écrit par une amie à vous dont vous êtes très proche,
34:32 qui est journaliste, qui s'appelle Sylvie Comin,
34:34 préfacée par Elie Méderos, à environ 400 pages,
34:38 où on rentre vraiment dans l'intimité de votre parcours.
34:41 Il est fou ce bouquin.
34:42 Il est génial.
34:43 C'est vertigineux de le traverser.
34:46 C'est tellement d'amis, de chansons, de tournées, de rencontres...
34:52 Des notes que vous preniez, adolescents...
34:55 C'est la première fois que vous levez un peu le voile sur des petits morceaux d'intimité que vous lâchez ?
35:02 Oui, parce qu'on m'avait proposé une énième biographie.
35:06 Il y en a qui sont très bien, c'était pas la peine d'en rajouter.
35:10 Il fallait trouver quelque chose qui soit un peu différent.
35:12 Donc là, j'ai décidé de confier toutes mes archives, tout ce que j'avais conservé.
35:16 J'ai tout donné et ils ont choisi.
35:18 Encore faut-il... Il fallait-il avoir confiance, mais vous avez vraiment choisi les bonnes personnes.
35:22 À partir du moment où on dit oui, on dit oui.
35:23 Il y avait un petit sticker dans ce livre, qui est collé comme une petite affiche.
35:29 Et la phrase, c'était "On peut mourir d'excès de musique".
35:33 Ça vous dit quelque chose, non ?
35:36 Ah si, si, si ! Je crois que c'était...
35:38 Moi, ça m'a interpellée.
35:40 J'aime bien cette phrase, mais a-t-elle du sens ?
35:43 Alors là, j'ai vraiment bonne mémoire.
35:45 Parce qu'en fait, je crois que c'est la pub pour mon premier album.
35:48 Ah ouais ?
35:49 La pub était tellement bonne qu'on en a vendu quatre.
35:52 Ça faisait partie de trois ou quatre phrases comme ça,
35:56 qui étaient une pub dans les journaux pour ce premier album.
36:02 Vous vous êtes rattrapé depuis.
36:04 Dans l'émission Iconique, on va jouer des archives extraites de Ropin.
36:09 Et dans ces archives-là, à un moment donné, vous évoquez un article de Best,
36:17 qui vous avait permis d'accélérer votre carrière au tout début de votre carrière.
36:23 Là, vous n'allez pas l'entendre.
36:24 En fait, Sébastien Guidis a remis la main sur cet article-là.
36:28 Je peux vous le lire.
36:30 Je vous lis ce qu'ils disent.
36:32 Je vais essayer de bien lire.
36:34 "Encore un qui n'a pas de soucis à se faire, Étienne Dao."
36:37 "Étienne Dao, gentil page des années 80 un peu timide, soutenu par une partie de l'équipe Marquise Hadd,
36:44 il dégage une aura certaine, une fraîcheur moderne, où pointe le funk.
36:49 Petit garçon, il aime les voyages, il dort du sommeil des enfants sages.
36:53 La voix d'Étienne glisse sur un sax très en avant.
36:56 Avec son look étudié, il affronte son track et finit par le vaincre.
37:00 C'est super, peut-être plus proche de Paul Naref que de Clash,
37:03 mais peu importe, les étiquettes sont faites pour être décollées."
37:06 Ah ça c'est au tout début, début.
37:08 C'est tout début.
37:09 Je crois que je n'avais même pas fait d'album.
37:11 C'est ce que vous évoquez, c'est des tout débuts à Rennes, je crois que c'est avec...
37:14 C'est les Transmusicales.
37:15 Avec TDI, il me semble, en interview.
37:17 Et c'est un article qui a permis de faire la lumière sur vous, qui a été un bon...
37:20 Oui, ça m'a permis de signer, d'avoir des choses comme ça,
37:22 parce qu'en fait, les Transmusicales étaient au début vraiment de...
37:25 C'était un festival à Rennes, qui est très pointu, et j'ai dû inaugurer en fait.
37:31 Il y avait beaucoup, beaucoup de médias, et donc ça a permis de mettre une lumière sur tous les artistes rennais, dont moi.
37:37 Ça a été un point de départ.
37:39 Ah, c'était un vrai point de départ, oui.
37:41 Et c'était la première fois où je suis monté sur scène, en plus.
37:43 Vous vous en souvenez, de ce moment ?
37:45 Oui.
37:46 Et le track que vous aviez à ce moment-là, par exemple, là vous allez retrouver la scène,
37:51 avec cet album et puis bien d'autres chansons, j'imagine.
37:55 Ce track que vous aviez sur cette première scène, il a évolué, il est encore là ?
38:00 C'est pas le même.
38:02 J'ai plus d'excitation que de...
38:05 Enfin, le track est quelque chose que je ne veux pas perdre,
38:08 parce que c'est une espèce d'énergie qui fait que ce que vous allez faire, c'est pas anodin.
38:15 Vous allez rencontrer des gens qui ont payé leur place,
38:20 qui sont venus peut-être avec leur girlfriend, leur boyfriend, leurs amis, je sais pas.
38:26 Ils y pensent depuis longtemps, comme moi j'y pense depuis longtemps.
38:29 C'est un vrai truc important, c'est un vrai rendez-vous, un vrai beau rendez-vous.
38:35 On n'a pas envie de le foirer.
38:37 Et donc, c'est cette tension, cette envie d'être à la hauteur de ce que les gens attendent.
38:43 C'est plutôt ça le track, c'est pas de la peur.
38:46 Ce rendez-vous.
38:47 Alors que la première peur, c'était... je savais pas du tout où je mettais les pieds.
38:51 C'était quand même un truc très bizarre.
38:53 C'est se jeter dans le vide.
38:54 Oui, puis c'est pas du tout le fond de ma nature de me montrer, donc tout à coup d'être sur une scène.
38:59 C'était un côté un peu absurde.
39:01 Pour ce rendez-vous avec la scène et Étienne Dao, vous allez être en tournée dans toute la France.
39:09 A partir du 4 novembre, vous démarrez à Caen.
39:12 Vous allez passer à Nantes le 7, à Toulouse le 10, et vous serez à l'Accor Arena à Paris le 22 décembre 2023.
39:20 Vous êtes dans quel état l'idée de faire cette tournée ? Comment vous l'appréhendez ?
39:26 C'est hyper excitant.
39:27 Parce que je pense que c'est le bon disque pour ouvrir.
39:31 Pendant des années, j'ai fait des salles moyennes, qui sont aussi des grandes salles.
39:35 Mais ça suppose un show complètement différent.
39:39 Alors que là, je me suis laissé convaincre, c'était pas ma propre idée de base.
39:44 Mais mon producteur de spectacle, Thierry Suc, m'a conseillé d'ouvrir.
39:51 Ça fait longtemps qu'il pilonne.
39:53 Et là, cette fois-ci, je me suis dit "Ok, on y va".
39:56 D'ouvrir à de grandes salles ?
39:58 Après, je me suis dit "Mais je suis cinglé !"
40:00 Maintenant, je suis hyper excité.
40:05 Je ne pense qu'à ça.
40:06 Quelle chanson, quel scéno, quelle lumière.
40:09 Vous êtes en train de la construire, la scénographie, de préparer le show.
40:12 Il n'est pas encore abouti.
40:14 Pas encore, non.
40:16 Donc là, pour le moment, il est en arrière-cuisine.
40:19 Ça travaille.
40:20 C'est ça, je cherche.
40:22 Pour vous faire toujours réagir aux archives qu'on aura entendues,
40:27 où on sort d'une séquence où on revient sur les débuts des années 80,
40:32 quel regard vous portez sur cette époque, vous, aujourd'hui ?
40:35 Grande légèreté.
40:37 Et puis, un cadeau fantastique.
40:40 J'étais un jeune étudiant provincial.
40:43 Et tout d'un coup, j'arrive à Paris.
40:45 Et puis, les portes s'ouvrent.
40:47 Très grand.
40:48 Quand vous voyez aujourd'hui la mode 80's qui revient dans la musique,
40:52 qui s'exprime dans la mode aussi, ça vous amuse ?
40:56 Vous avez quel regard là-dessus ?
40:57 Oui, justement.
40:58 Il y avait ce défilé d'Eddie Slimane, le dernier, qui était au Palace.
41:02 Donc, évidemment, un endroit où je dormais.
41:04 Ben non, pas de loyer à l'époque.
41:06 Pas besoin.
41:07 Pas besoin.
41:09 Et donc, ça réactivait plein, plein, plein de souvenirs.
41:12 C'est fou, quoi.
41:13 Vraiment, c'est un endroit où je me suis beaucoup amusé,
41:15 où j'ai eu plein de concerts.
41:17 Des concerts assez improbables.
41:19 Enfin, c'est dingue, cette salle.
41:22 Vraiment.
41:23 Et donc, voilà, ça m'a rappelé beaucoup de choses.
41:25 C'était une époque très, très joyeuse.
41:28 J'en ai beaucoup profité.
41:29 Vous dites qu'il y a eu...
41:32 Alors là, je change totalement de terrain et de sujet de question.
41:37 On sort d'une autre archive où il était question d'Oran, de la drogue, du sidaction,
41:46 de toute cette époque-là, du sida.
41:48 Vous dites qu'il y a eu, dans votre carrière, un avant et un après Eden,
41:54 qui est un album qui est très important.
41:57 Qu'est-ce qui a changé à partir de Eden ?
42:00 Si on capte la première décade, la décade prodigieuse 82, 92, 93,
42:07 c'était un enchaînement de tubes, de fêtes, comme je vous l'ai dit,
42:12 donc de choses très joyeuses.
42:14 Mais en même temps, je ne savais pas comment gérer.
42:16 Il n'y a pas de bouquin pour apprendre ça.
42:17 Donc, je travaillais beaucoup.
42:19 Je dormais très peu.
42:21 Et puis, au bout d'un moment, j'ai toujours tendance à dire
42:26 que je voulais sortir d'un système qui ne me convenait pas.
42:28 Mais ce n'est pas le système qui ne me convenait pas,
42:30 c'est mon système qui ne me convenait plus.
42:33 C'est-à-dire que mon corps a explosé en plein vol.
42:38 Le sommeil, ce n'est pas mal comme concept.
42:40 Oui, mais je faisais n'importe quoi.
42:42 Ça a duré longtemps en plus.
42:44 Ça a duré des années où je rentrais à 8h du matin
42:47 et je repartais à 10h pour faire une télé,
42:49 pour refaire des concerts le soir, faire des tournées très longues,
42:56 en faisant n'importe quoi, en dormant pas.
42:59 Il y avait cette espèce de légèreté, d'envie d'en profiter à fond
43:04 comme si demain, c'était le dernier jour.
43:08 Vraiment, il y avait cette espèce de chose comme ça,
43:10 no future, profitons à fond de tout.
43:13 Mais après, j'ai commencé à entrevoir que peut-être il y avait un futur
43:18 et j'ai voulu changer de système du tout au tout.
43:21 Donc, je suis parti en Angleterre.
43:22 J'ai coupé avec plein de choses à Paris et en France.
43:25 Je suis parti là-bas tout seul.
43:27 J'ai pris un petit appart et les choses ont commencé à revenir.
43:30 Et tout d'un coup, j'ai commencé à percevoir la possibilité d'un futur différent.
43:35 Et donc, ma carrière et ma vie ont été complètement différentes après.
43:39 Cette explosion a été hyper bénéfique parce que ça m'a permis vraiment,
43:43 c'était une sonnette d'alarme qui m'a dit là, ça ne va pas.
43:46 C'est fini.
43:50 J'avais des ambitions de faire des disques meilleurs.
43:55 J'ai fait Eden, dont je suis hyper fier, qui est pour moi probablement un de mes meilleurs disques.
44:01 Et là, à partir de ce moment-là, j'ai eu une deuxième partie de carrière,
44:04 alors moins visible, beaucoup moins visible, à me montrer beaucoup moins,
44:08 à parler beaucoup moins, à être vraiment sur la musique et sur les concerts.
44:11 Donc, on ne me voyait pas.
44:13 Des fois, je sortais un disque, c'est un peu de promo quand même,
44:17 tu montes dans un taxi, le mec te dit "alors vous faites toujours de la musique?"
44:22 C'est un peu ce genre de choses, alors qu'en fait, les albums ont tous malgré tout très bien marché,
44:28 et les tournées aussi.
44:30 Dernière question.
44:33 Pour un artiste, est-il plus important d'être aimé ou d'être compris, Etienne Dao ?
44:37 D'être compris. Mais si en plus on est aimé, c'est encore mieux.
44:41 Mais compris, c'est bien parce qu'en fait, ça veut dire qu'on est vraiment juste avec les gens qui vous aiment.
44:46 Et aimer pour les bonnes raisons.
44:48 C'est peut-être un fantasme, mais quand on y parvient, c'est quand même vraiment plus confortable.
44:54 Merci infiniment pour cet entretien.
44:56 Merci à vous.
44:58 Et sachez que sur Europe 1, on vous aime et on vous comprend.
45:01 Merci beaucoup. Je serais si proche de vous écouter.
45:04 Je rappelle que votre album s'appelle "Tirer la nuit sur les étoiles" qui vient de sortir,
45:08 que vous êtes en tournée dans toute la France à partir du 4 novembre,
45:11 et que vous serez à l'Accor Arena de Paris le 22 décembre. Grande scène, grand show, encore en préparation.
45:18 Merci beaucoup.
45:19 Merci à vous.
45:21 Iconique spécial Etienne Dao.
45:23 Deux heures de musique, de confidence et d'archives exclusives.
45:27 exclusive.
45:28 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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