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00:00 Il y a de plus en plus d'incivilité contre les maires, ce sont eux qui alertent sur ce phénomène.
00:04 A Saint-Brévent, Loire-Atlantique, c'est allé loin, la maison du maire a été incendiée,
00:09 celui-ci a démissionné.
00:10 On en parle avec l'ex-maire de Nontron, il répond à vos questions, Louis de Bergevin.
00:14 Bonjour Pascal Bourdeau.
00:15 Bonjour.
00:16 En 2020, vous aviez donc décidé de ne pas vous représenter au municipal après avoir
00:20 été pris à partie suite à l'accueil de familles de réfugiés syriens sur votre commune,
00:24 avec des menaces de mort sur les réseaux sociaux.
00:26 Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous avez appris la décision du maire de Saint-Brévent ?
00:31 J'ai ressenti un épisode malheureusement qui se renouvelle et qui je pensais aurait
00:36 pu être que partiel sur ma commune, mais je me rends compte que malheureusement on a
00:41 encore des incidents et de la xénophobie un peu partout sur le territoire et Yannick
00:46 Borez, je pense, a bien fait de protéger sa famille et de se protéger.
00:50 Et je pense que malheureusement dans les années à venir, il sera compliqué de trouver des
00:54 candidats au municipal.
00:56 Qu'est-ce que vous aviez vécu vous sur votre commune ? Ça n'était pas allé jusqu'à
01:01 l'incendie de votre maison, mais vous avez quand même reçu des menaces de mort.
01:04 Oui, tout à fait.
01:05 J'avais avec mon conseil municipal décidé d'accueillir deux familles de réfugiés syriens
01:09 qui fuyaient la guerre, comme on a pu le faire pendant la deuxième guerre mondiale à l'accueil
01:16 de ces gens d'Alsace qui sont venus en Dordogne, notamment à Perregueux et à Nontron.
01:20 Donc on avait accueilli deux familles de Syriens et lors d'un conseil d'école, la veille
01:26 de la veille, un jeudi soir, j'avais donc demandé aux instituteurs et aux parents de
01:31 se préparer à accueillir des enfants de migrants qui allaient arriver, à juste titre.
01:36 Et quelques jours après, sur les réseaux sociaux, on a demandé ma tête.
01:41 Il fallait couper la tête du maire de Nontron.
01:43 Mon fils, à ce moment-là, faisait ses études en Espagne, à Valence, donc a été très
01:47 choqué.
01:48 Il m'a appelé, il m'a dit "qu'est-ce qui se passe papa ? On veut ta tête".
01:51 Donc il ne comprenait pas.
01:52 Donc c'est vrai que ça m'a fortement choqué et donc c'est vrai que j'ai eu beaucoup
01:56 de difficultés à réagir à cet événement.
01:58 Et je me suis dit "à quoi bon poursuivre dans une quête de bien-être et de bien-vouloir
02:05 par rapport à mon environnement ?" Donc j'ai décidé de ne pas représenter au municipal
02:10 2020.
02:11 Comment vous expliquez que le climat se dégrade à ce point-là, qu'on aille jusque là finalement ?
02:16 Je pense qu'il n'y a plus de retenue.
02:18 Les gens maintenant, les incivilités, accentuées par la Covid, je pense maintenant en plus,
02:24 parce que c'est vrai qu'il y a eu un individualisme prégnant, qui est important sur notre territoire.
02:30 Et maintenant les gens ne se cachent plus.
02:32 Avant, je veux dire que les xénophobes se cachaient un petit peu derrière leur visage.
02:36 Maintenant c'est fini.
02:37 On le voit en plus à Saint-Brévent-l'Épin.
02:40 Quand il y a eu cette manifestation, les gens manifestent à visage découvert.
02:45 Ils se disent maintenant du Front National sans se cacher.
02:49 Je veux dire que c'est encore plus grave.
02:51 7h48 sur France Bleu Périgord.
02:53 Notre invité dans le 6.9 ce matin, c'est Pascal Bourdeau, vice-président du conseil
02:57 départemental et ancien maire de Nontron.
02:59 Alors il n'y a pas que des problématiques de xénophobie.
03:01 Il y a parfois simplement les maires qui viennent faire des reproches à des habitants.
03:08 Par exemple, on avait vécu l'histoire sur un monsieur qui avait déversé des ordures
03:13 dans la nature.
03:14 Il avait agressé le maire.
03:16 Donc il n'y a pas que la xénophobie.
03:18 Les maires aujourd'hui ne sont plus autant respectés qu'avant.
03:23 Oui, j'ai vécu aussi ça.
03:25 J'ai été pris à partie dans la rue parce que je n'avais pas réalisé des travaux
03:28 sur une voie riche chez un Nontronais et qu'il m'a reproché de ne pas aller assez
03:32 vite.
03:33 Alors je lui ai demandé, je ne peux pas parce qu'il y avait des problèmes financiers.
03:36 Il m'a répondu, mais je n'en ai rien à faire.
03:38 Vous voulez être maire, c'est votre problème.
03:40 C'est ce qu'il m'a répondu.
03:41 Donc voilà, il y a quand même un énorme problème par rapport à ça.
03:44 Les sensibilités sont perpétuelles, que ce soit pour les ordures ménagères, que
03:48 ce soit pour tout, pour les conflits de voisinage.
03:50 On est pris à partie en permanence.
03:52 Mais c'est du 24/24 par endroit.
03:55 Donc c'est vrai que c'est hyper compliqué et hyper tendu.
03:58 Est-ce que vous vous sentez suffisamment aidé par l'État, par les forces de sécurité ?
04:04 Aujourd'hui, non.
04:07 C'est vrai qu'en tant que maire, nous sommes officiers de police.
04:11 Mais bon, après, les sanctions ne sont pas assez importantes.
04:13 C'est vrai qu'il y a quelques heures de travail d'intérêt général.
04:17 Mais il n'y a rien du tout.
04:19 Et tout à l'heure, vous parliez de la reconnaissance des maires.
04:21 Je me rappelle, quand j'étais jeune, mon père a été conseiller municipal à pieds
04:24 aiguës de Puvier.
04:25 Les maires, c'était des notables.
04:27 On les respectait autant que les maîtres d'école, autant que les médecins.
04:31 Et aujourd'hui, on se rend compte qu'il n'y a aucune reconnaissance, aucun respect
04:35 de ces personnes, de ces notables.
04:37 Qu'est-ce qu'il faut faire pour redorer le blason des maires ?
04:39 Redorer le blason des maires.
04:40 Je pense qu'il faut qu'il y ait plus d'instructions, même au niveau des jeunes.
04:44 L'instruction civique n'existe plus.
04:46 Les jeunes ne connaissent même pas leur maire.
04:48 Je suis sûr que si vous vous interrogez dans la rue de Périgueux, de Nantron, qui est
04:53 le maire de Nantron ? Qui est le maire de Périgueux aujourd'hui ? Personne n'est capable de vous
04:55 répondre.
04:56 Donc, il y a une instruction civique, une instruction au niveau de l'éducation.
05:00 Et il faut aussi que l'État apporte des solutions plus importantes, avec des sanctions plus
05:06 lourdes par rapport à ceux qui agissent de telle sorte.
05:09 Il y en a qui vont jeter l'éponge aux prochaines municipales.
05:11 Vous en connaissez ?
05:12 J'en suis persuadé.
05:13 Même autour de moi, quand je discute, parce que j'ai beaucoup d'amis qui sont conseillers
05:16 départementaux et maires à la fois, c'est vrai que c'est le mandat le plus...
05:20 C'est celui qui est au contact direct de la population.
05:22 En tant que conseiller départemental, on est éloigné de la population.
05:26 Donc, on n'a pas ce contact frontal qu'on peut avoir avec le concitoyen.
05:30 Donc, c'est vrai qu'aujourd'hui, je pense qu'il y aura de grandes difficultés, non
05:33 seulement pour les maires, mais aussi pour les conseillers municipaux.
05:37 Et je voudrais dire une chose aussi, parce qu'on parle des maires, mais n'oublions pas
05:40 les employés municipaux.
05:42 Parce que les employés municipaux, c'est au quotidien qu'ils se font agresser, insulter
05:44 dans les rues par rapport à "ils n'ont pas ramassé telle ordure parce que c'est leur
05:48 travail, c'est votre travail".
05:49 Donc, il y a un irrespect total de tout ce qui est municipal.
05:54 C'est vrai que c'est vraiment un problème grave.
05:56 Merci Pascal Bourdeau, vice-président du conseil départemental et donc ancien maire
06:01 de Nantronc.
06:02 Merci beaucoup.

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