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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcription
00:00 - Culture Média jusqu'à 11h avec votre invité Philippe Vandel.
00:03 - Bonjour André Dussolier. - Bonjour.
00:05 - Comédien, monstre sacré devrais-je dire, vous avez vu que je vous mets déjà dans le sujet du jour,
00:09 votre actu sur la scène du Théâtre Marigny,
00:12 avec des monstres sacrés dans tous les styles, dans tous les genres,
00:15 3 Césars du meilleur acteur, un Molière, c'était en 2015 pour la pièce Nové Cianto,
00:20 on le cite pas toujours, et justement vous revenez sur les planches après 11 ans d'absence,
00:24 et votre actualité ça s'appelle Sans Dessus Dessous, c'est un seul en scène, c'est pas une pièce séo.
00:28 Théâtre Marigny ça démarre le 24 mai, 30 représentations exceptionnelles,
00:33 non seulement vous êtes seul en scène, mais c'est également vous qui avez conçu le spectacle, la mise en scène,
00:38 c'est vous qui avez tout fait. Le principe du spectacle, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'auteurs, il est très bon.
00:43 - Beaucoup d'auteurs de toutes les époques, de tous les genres, comiques et graves,
00:47 enfin majoritairement comiques d'ailleurs, et c'était un plaisir comme ça de faire une balade à travers des textes
00:53 qu'on connaît peu, qu'on connaît pas ou qu'on a entendu quelques fois,
00:57 et que j'avais envie d'incarner, c'est un peu une succession de petites pièces de théâtre,
01:01 j'ai envie d'appeler ça comme ça, parce que vraiment ce sont des pages
01:05 issues de romans qu'on connaît bien, comme Les Misérables de Hugo,
01:10 ou bien des textes, enfin voilà, il y a une variété de textes
01:14 qu'on n'a pas l'habitude souvent d'entendre, qui sont dans les livres qui traînent sur les étagères,
01:18 mais c'est vraiment des petits moments de théâtre.
01:21 - Alors c'est une vraie pièce, c'est pas une lecture, vous n'êtes pas comme ces comédiens
01:25 qui ont un lutrin devant eux et qui lisent ? - Je n'aime pas les lectures,
01:27 non, tant qu'à faire c'est bien de savoir... - Vous n'aimez pas les lectures ?
01:30 - Non, parce que... - Ah mince, j'allais vous faire un compliment.
01:32 - Ah bon ? - Oui.
01:33 Ma lecture préférée de Proust sur les disques audios, c'est la vôtre.
01:38 - Alors, je l'accepte.
01:40 [Rires]
01:42 Non mais c'était un plaisir, parce que Proust en l'occurrence, je connaissais un peu,
01:47 comme tout élève qui a lu Proust, mais je trouvais ça un petit peu ennuyeux,
01:51 au bout d'un certain temps j'avais l'impression d'avoir compris ce qu'il voulait dire,
01:53 bon bref, et en le disant, c'est vrai que tout d'un coup, j'ai découvert l'humour,
01:58 la finesse, l'analyse de Proust, vraiment c'était un régal.
02:02 Mais c'est vrai que, je l'ai dit, alors j'étais dans un studio,
02:04 mais quand je suis sur scène, j'ai envie de savoir les textes,
02:06 parce que c'est le rôle de l'acteur de savoir, on peut jouer,
02:09 on peut avoir de la fantaisie, avoir un rapport direct avec le public.
02:13 - Et vous racontez le plaisir qu'il y a dans la lecture,
02:16 vous mettant en avant le besoin pour l'homme de littérature, de fiction,
02:20 et vous faites une observation assez extraordinaire,
02:22 vous racontez qu'à la Révolution française, les condamnés à mort faisaient un truc assez spécial
02:25 avant de monter sur l'échafaud, certains avaient des livres.
02:27 - Voilà, c'est Michel Houellebecq, j'ai trouvé cette page-là,
02:30 où il écrit en disant, pour dire la force de la littérature,
02:33 il disait qu'en effet pendant la Révolution française, on guillotinait à la chaîne,
02:36 il y a certains qui lisaient, avant d'être guillotinés,
02:39 ça paraît bizarre, mais on a un cas précis, André Chénier, donc il lisait.
02:42 Et pour dire la force de la littérature, c'est qu'au moment où les aides du bureau
02:46 venaient les chercher pour être traînés à l'échafaud,
02:48 ils cornaient la page du livre qu'ils étaient en train de lire.
02:51 C'est pour dire que franchement, bon, c'est un événement et un cas assez rare, j'imagine,
02:57 mais c'était pour dire, pour démontrer la force de la littérature.
03:00 - Alors c'est très savant parfois, mais aussi c'est très modeste,
03:04 vous ne jouez pas l'érudit qui surplombe la piétaille
03:07 avec des grands auteurs qu'il a dans sa manche, à un moment donné,
03:09 vous jouez le comédien qui sait plus son texte, et qui dit "nanana",
03:13 mais ça fait quand même la petite musique du comédien et les alexandrins !
03:16 - Bien sûr, c'est arrivé, j'ai assisté à ça à la comédie française.
03:19 - C'est pas vrai raconté ?
03:20 - C'était Maurice Escande, c'était vraiment une tragédie de racines, je ne sais plus,
03:25 et donc il avait une astuce, quand les comédiens à la comédie française,
03:29 ils ont tellement la musique des vers dans l'oreille,
03:30 que quand il avait un trou, il allait dans le fond du décor,
03:33 il tournait le dos au public et il disait "nanana",
03:36 et c'était l'espace de temps qu'il retrouve le vers suivant,
03:40 et du coup on se disait, on culpabilisait, on disait "bon, on n'a pas dû comprendre,
03:44 c'est de notre faute quoi !" Mais voilà, ça passait.
03:47 - Et le faisait vraiment.
03:48 - Et donc Roland Dubillard, dont c'est issu ce à quoi vous faites allusion,
03:53 s'est amusé dans "Tragédie classique",
03:55 un comédien qui essaye de se souvenir de cette tragédie de racines,
04:00 ah non, de corneilles, je ne sais plus, à chaque fois,
04:02 mais c'est tellement drôle Dubillard,
04:04 et tout d'un coup, à un moment donné, les vers ne viennent plus,
04:06 donc il fait "nanana", mais c'est assez rigolo,
04:09 parce qu'on a toujours envie de faire ça,
04:11 vu qu'on passe le nombre de syllabes qu'il faut pour un vers.
04:14 Et me revient une histoire qui arrive de l'anthologie de l'humour noir,
04:18 vous connaissez l'histoire du type qui monte sur l'échafaud ?
04:20 Le type monte sur l'échafaud...
04:21 - J'en connais plusieurs.
04:22 - Moi j'en connais une, il loupe une marche,
04:24 il dit "eh ben décidément".
04:26 - Alors voilà, c'est malaisiable, ça n'a pas la même chose,
04:30 et il monte l'échafaud, il heurte la première marche et il dit "mauvais présage".
04:34 Voilà, il y en a eu plein d'histoires comme ça.
04:36 - Vous avez vu la différence entre un gars qui raconte bien les blagues
04:38 et un gars qui les raconte mal ?
04:40 Je ne devrais plus raconter de blagues, mauvais présage,
04:42 on est avec André Dussolier, il mérite son titre de monstre sacré,
04:46 "Sans-dessus-dessous", il est sur Europe 1 dans Culture Média, l'émission continue.
04:49 - Culture Média sur Europe 1 avec Philippe Vandelle,
04:52 et avec votre invité vous recevez André Dussolier,
04:55 de retour sur scène au Théâtre Marigny.
04:57 - "Sans-dessus-dessous", ça s'appelle,
04:58 ce n'est pas un bilan de son état mental,
05:02 c'est ce qu'on entend dans la pièce,
05:03 mais il reprend des textes très célèbres,
05:07 et vraiment je me suis dit quand même,
05:08 s'attaquer à ce texte de Raymond Deveaux,
05:10 ce qui donne le titre du spectacle,
05:13 "Sans-dessus-dessous", André Dussolier dans ses oeuvres.
05:16 - Actuellement mon immeuble est sans-dessus-dessous.
05:19 Tous les locataires du dessous voudraient habiter au-dessus.
05:23 Tout ça parce que le locataire qui est au-dessus
05:24 est allé raconter par en-dessous que l'air que l'on respirait à l'étage au-dessus
05:27 était meilleur que celui que l'on respirait à l'étage en-dessous.
05:29 Alors le locataire qui est en-dessous a tendance à envier celui qui est au-dessus,
05:33 et à mépriser celui qui est en-dessous.
05:36 Moi je suis au-dessus de ça.
05:37 Si je méprise celui qui est en-dessous,
05:40 c'est pas parce qu'il est en-dessous,
05:40 c'est parce qu'il convoite l'appartement qui est au-dessus, le mien.
05:43 Remarquez, moi je sais très bien mon appartement est celui du dessous
05:45 à condition d'obtenir celui du dessus.
05:48 Mais je compte pas trop dessus.
05:50 D'abord parce que j'ai pas de sous.
05:52 Ensuite au-dessus de celui qui est au-dessus, il n'y a plus d'appartement.
05:54 Alors le locataire du dessous qui monterait au-dessus
05:56 obligerait celui du dessus à redescendre en-dessous.
06:00 Or je sais que celui du dessus n'y tient pas.
06:04 D'autant que comme la femme du dessous est tombée amoureuse de celui du dessus,
06:08 celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que le mari de la femme du dessous monte au-dessus.
06:13 (Rires)
06:15 - C'est pas facile.
06:17 - Et là-dessus... - Et là-dessus ça continue, ça continue, ça continue.
06:19 Faut du courage pour passer après De Vos.
06:22 - Oui, oui, c'est vrai. - Surtout qu'un texte de référence, un texte connu,
06:24 c'est pas comme exhumer un...
06:26 - Il y a des sketchs de De Vos auxquels je n'aurais pas touché
06:28 parce que c'est vraiment tellement lié à la fois son écriture et son interprétation,
06:31 c'est vrai qu'on peut pas dissocier les deux.
06:33 Mais celui-là était tellement bien écrit
06:35 que je me suis dit "oh là là, c'est trop tentant de le faire"
06:37 et je vois quand même que ça fonctionne bien.
06:39 J'avais mesuré un petit peu l'effet qu'il pouvait avoir
06:43 déjà avant de faire le spectacle, et puis bon, voilà,
06:45 ça s'est confirmé avec les spectateurs.
06:47 Mais celui-là, voilà,
06:49 celui-là, n'importe quel comédien je pense
06:51 peut l'interpréter et trouver son compte.
06:53 - Non, pas n'importe quel comédien.
06:55 - Non, non, non, tout le monde dit "dis donc".
06:57 Il y en a plein, on peut se dire "n'est pas De Vos qui veut".
07:01 - Enfin, De Vos, c'est vrai, on a peur de lui toucher.
07:03 Il est arrivé la même chose avec Sacha Guitry,
07:05 d'ailleurs personne n'osait jouer du Sacha Guitry,
07:07 puis un jour Robert Lamoureux,
07:09 alors ça, ça ne va rien dire aux jeunes générations,
07:11 mais a osé jouer du Guitry et c'était formidable aussi.
07:13 Donc ça veut dire que quand c'est bien écrit
07:15 et bien interprété, ça marche.
07:17 - Ah bah tiens, justement, sur ce coup-là, j'avoue mon ignorance,
07:19 j'ai lu que c'était inspiré d'une pièce de Guitry
07:21 "Un soir quand on est seul", le spectacle global.
07:23 - Ça commence comme ça, c'est-à-dire c'est un homme
07:25 qui est dans la rue, le bruit, Paris,
07:27 ça me ressemble beaucoup, j'en peux plus de cette vie
07:31 émiettée dans Paris et difficile et voilà, stressante.
07:34 - Stressante quelques fois et donc tout d'un coup,
07:36 cet homme rentre chez lui et dit "j'ai jamais été aussi libre
07:38 que lorsque je suis enfermé".
07:40 C'est un peu le texte de la pièce,
07:42 une pièce en un acte.
07:44 Alors la particularité de cette pièce,
07:46 ça aide à défiler le fil de ce spectacle
07:50 parce que bon, une fois qu'il est seul chez lui, tranquille,
07:52 il peut aller, il peut rêver,
07:54 il peut avoir des associations d'idées
07:56 et donc ça m'aide à passer d'un texte à l'autre,
07:58 et de faire des sauts de mouton à travers
08:00 toutes les époques et de passer,
08:02 voilà, tout selon son inspiration.
08:04 - Ah bah tiens, justement, j'en viens à la question
08:06 qui m'intéresse, comment vous choisissez les textes ?
08:08 C'est votre bibliothèque ?
08:10 - C'est tout. - Où est-ce que vous avez travaillé
08:12 pour ce spectacle ? Où est-ce que vous vous êtes dit
08:14 "tiens, je vais mettre en scène ce qui moi, me séduit" ?
08:17 - C'est l'accumulation de textes que j'ai aimés,
08:19 que j'ai aimé dire, que j'ai aimé jouer,
08:21 et que je trouve formidables.
08:24 Voilà, je suis très sensible à la possibilité,
08:26 enfin à la maîtrise du langage
08:28 et qu'ont ces grands auteurs.
08:30 Alors du coup, j'ai eu envie d'en faire un spectacle
08:32 parce que c'est le plaisir que j'avais ressenti
08:35 et que j'avais pu mesurer aussi quelques fois
08:37 quand je disais un texte ou l'autre.
08:39 Ça m'est arrivé comme ça dans une émission de télévision,
08:41 je pense un jour, pour parler d'un film sur la rumeur,
08:44 et je dis "mais la rumeur, on en parle depuis toujours"
08:47 et je dis le texte de Victor Hugo
08:49 qui s'appelle "Le mot" qui date de 1856
08:51 et franchement ça a surpris tout le monde,
08:53 enfin les gens qui ont entendu ce texte-là,
08:55 parce qu'ils disaient "mais c'est pas possible,
08:57 y'a pas le mot "pantouffe", y'a le mot etc."
08:59 Ah oui, ça date de 1856,
09:01 mais c'est tellement moderne, tellement bien écrit,
09:03 ça veut dire que quand c'est bien écrit,
09:05 quand y'a du talent, ça a l'air très moderne.
09:08 - Et attention, on n'a pas encore parlé de l'abbé de La Taignan,
09:11 vous allez découvrir qui c'est avec un texte absolument savoureux
09:14 et même truculent, et puis on n'a pas parlé
09:16 de la manière dont vous travaillez avec la vidéo,
09:18 y'a beaucoup de choses à dire,
09:20 André Dusselier avec nous dans Culture Média,