VIDEO - Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Étienne Daho dans «Iconiques»

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Transcript
00:00 Etienne Dao se confie aux auditeurs d'Europe 1, aux côtés de Stéphanie Loire.
00:04 C'est iconique !
00:06 Etienne Dao, bonjour.
00:07 Bonjour.
00:08 Merci d'être là sur Europe 1.
00:09 C'est avec plaisir.
00:10 C'est un grand plaisir partagé.
00:12 On va parler de cet album, Tirer la nuit sur les étoiles.
00:15 Je sais que vous n'aimez pas expliquer les chansons, puisque de toute façon je suis
00:19 d'accord avec vous, je trouve que les chansons, ça se ressent.
00:22 Ça ne s'explique pas forcément.
00:24 En revanche, essayer de décortiquer, de comprendre comment il a été fabriqué.
00:28 Bien sûr.
00:29 Je pense que vous êtes d'accord.
00:31 Déjà, quelle a été l'impulsion de départ de cet album ?
00:34 Le premier titre a été Virus X, qui était un maxi qui est sorti avant avec des remixes.
00:41 C'est une chanson que j'ai faite avec des Italiens, deux Italiens.
00:44 Italo Connection.
00:45 Italo Connection, qui sont deux mecs vraiment super.
00:47 Paolo Gozzetti et Fred Ventura.
00:49 Avec l'accent, c'est encore mieux.
00:50 Ils ont des noms qui sonnent comme de l'aventure déjà.
00:54 Ce titre était une manière de parler un peu de la période qu'on a tous traversée.
00:59 Ce que je trouvais vraiment incroyable, que l'humanité entière traverse une période
01:04 où on vit tous la même chose.
01:06 Et ça, c'était incroyable.
01:07 Ça n'arrivera peut-être plus jamais.
01:08 Enfin, on l'espère.
01:09 Mais en même temps, il y avait cette chose incroyable de la collectivité.
01:13 Je trouvais ça très fort.
01:14 Le fait d'être tous chez soi, tous isolés.
01:17 Mais en même temps.
01:18 Et au même moment.
01:19 Vivre la même chose.
01:21 C'était assez fou.
01:22 Et donc, cette chanson, c'était une manière un peu humoristique de parler de la toxicité
01:26 d'une relation et de faire une espèce de parallèle avec la toxicité du virus.
01:31 Et c'était assez marrant à faire.
01:33 Et ça, c'était la première chanson.
01:36 Parce que je sortais de l'album pour Jane Birkin que je venais juste de réaliser.
01:39 Et donc, ça a ouvert des choses de travailler avec elle aussi.
01:47 Et notamment autour de l'amour, que vous avez imagé, l'amour toxique.
01:53 Mais l'amour, vous le décortiquez sous toutes ses formes.
01:56 Tirer la nuit sur les étoiles, c'est mieux.
02:00 Oui, parce qu'il y a plein de formes.
02:01 C'est pour ça que je ne fais que décrire ce que je ressens.
02:06 Et Virus X, qui d'ailleurs, est sur cet album.
02:09 Oui, je trouvais que c'était un tube qui était passé à côté.
02:13 Il faut absolument le remettre une couche.
02:14 Je suis d'accord.
02:15 Et donc, on l'a retravaillé en studio.
02:18 On a rajouté une vraie basse, une vraie batterie.
02:20 Et là, tout d'un coup, il y a une espèce de groove bien lourd.
02:23 Et vraiment, j'adore cette chanson.
02:25 Il vient apporter un up-tempo dans l'album aussi.
02:28 Oui, il y avait besoin.
02:31 Parce qu'en fait, c'est un album où il y a eu beaucoup, beaucoup de chansons qui étaient
02:34 mid ou slow tempo.
02:35 Et donc, voilà, pour équilibrer, c'était parfait.
02:38 C'est parfait dans cet équilibre.
02:39 Cet album, on le disait, il décortique l'amour au sens large.
02:43 L'amour solitaire, l'amour qui fait du bien, l'amour qui peut être toxique.
02:49 Vous ouvrez l'album avec "Tirez la nuit sur les étoiles" avec Vanessa Paradis en duo.
02:56 Un extrait.
02:57 Un titre qui a un tube en puissance.
03:16 J'espère.
03:17 Duo avec Vanessa Paradis avec qui vous aviez déjà collaboré, notamment en studio à
03:23 l'époque des heures hindous, je crois.
03:26 On a chanté ensemble plusieurs fois, soit sur scène, soit pour des télés.
03:30 On n'a jamais fait une chanson.
03:33 On crée une chanson inédite.
03:35 Comment ça s'est passé cette rencontre artistique avec Vanessa Paradis, avec ce titre
03:40 qui vient en plus ouvrir cet album ?
03:42 Oui, on ouvre l'album main dans la main comme ça.
03:46 C'est trop beau.
03:47 Et c'est quelqu'un que j'adore depuis longtemps, parce qu'on est depuis vraiment très longtemps.
03:51 Il y a vraiment cette chose de la familiarité où on sait à l'œil l'un et l'autre depuis
03:57 longtemps.
03:58 On s'apprécie depuis longtemps.
04:00 Et puis, quand j'ai commencé à travailler sur cette chanson, j'entendais vraiment sa
04:03 voix.
04:04 Vraiment, c'était comme une obsession.
04:06 Elle a une voix comme un instrument.
04:08 Et je lui ai posé la question.
04:10 Je lui ai envoyé un texte en lui disant "Est-ce que tu chantes avec moi ?" Et sans écouter
04:15 la chanson, comme ça, sur la confiance, elle m'a dit oui.
04:19 Comme dans la chanson, un grand oui.
04:21 Et donc, voilà, elle est venue en studio et ça a été magique, parce que vraiment
04:25 nos voix ensemble...
04:27 Elles s'harmonisent parfaitement.
04:29 Oui, parce qu'en fait, elle a vraiment une voix dans les aigus.
04:32 En haut, elle a de très beaux aigus.
04:35 Moi, je suis plutôt dans les graves.
04:36 Et quand on chante ensemble, ça fait un spectre comme ça, qui est assez harmonieux.
04:40 Qui est très harmonieux, je le confirme.
04:42 Le nom de cette chanson, c'est le nom de l'album aussi.
04:47 Quid du nom de cet album, du nom de cette chanson ?
04:50 Alors, j'ai vu un documentaire sur Ava Garner.
04:55 Et dans ce documentaire, il y avait cette anecdote que quand elle a rencontré Sinatra,
04:59 et qu'ils ont entamé cette passion folle, en fait.
05:03 Ils sont partis dans le désert, ils étaient un peu bourrés.
05:06 Ils sont partis dans le désert et ils sont tirés au revolver sur les étoiles.
05:10 Et je trouvais que c'était une anecdote très cinématographique, un peu folle.
05:15 Comme quand on a envie de séduire quelqu'un et on a envie de faire un peu n'importe quoi.
05:20 Des choses qui vont séduire l'autre.
05:23 Alors, je ne sais pas si c'est séduisant pour tout le monde, mais en tout cas, l'image me paraissait extrême.
05:29 Moi, en tout cas, ça me séduirait.
05:31 Oui, moi aussi.
05:32 On en parlera d'ailleurs de votre rap, parce que vous avez évoqué le cinéma et les images.
05:36 C'est très important pour vous dans votre manière de créer de la musique, d'aborder la créativité.
05:41 On l'évoquera un petit peu plus tard, "Tirez la nuit sur les étoiles".
05:45 C'est aussi à l'écran, "La nuit" est évoqué.
05:50 Vous aviez déjà chanté "La nuit" notamment dans un titre qui s'appelle "Sortir ce soir",
05:54 qui est ensuite devenu une compilation.
05:56 Cet hype est sorti en 2005.
06:13 La version originale n'est même pas celle de 2005, c'est celle de 1981.
06:18 Alors, celle que j'ai entendue, je crois que c'est une remix.
06:23 Qui était sur l'album "Live".
06:25 "La nuit", c'est un écran qui vous inspire.
06:29 Ça m'a beaucoup inspiré.
06:31 Mon deuxième album s'appelait "La Notte et la Notte", ce qui veut dire "La nuit, la nuit" en italien.
06:34 D'ailleurs, c'est un album qui communique vachement avec celui-là, je trouve.
06:37 Oui, parce qu'en fait, ils ont été écrits tous les deux en Bretagne.
06:40 À Saint-Malo.
06:41 Entre Dinard, Saint-Malo, Saint-Lunaire, Sable-d'Or,
06:43 enfin des endroits comme ça qui sont, pour moi, assez magiques.
06:47 Très fort avec les éléments, c'est-à-dire qu'on se sent extrêmement vivant.
06:52 Justement, j'allais évoquer, parce que cet album, je crois qu'il a été enregistré
06:56 et à Paris et à Londres et à Saint-Malo, fabriqué aussi.
07:00 Vous avez collaboré avec des musiciens que vous appréciez beaucoup,
07:03 qui s'appellent "Unloved".
07:05 Avant de venir à votre relation avec ces artistes-là, qui ont eu un rôle important dans cet album,
07:11 le fait d'enregistrer et d'écrire aussi à Saint-Malo,
07:14 cet écrin, cette proximité avec l'élément marin, ça a rejailli dans l'album.
07:18 J'ai l'impression que vous évoquez beaucoup la mer.
07:20 Oui, c'est vrai qu'il y a plein...
07:22 les éléments...
07:24 Le phare, la mer, les rochers, les embruns...
07:26 C'est très iodé, quoi.
07:27 C'est très iodé.
07:28 C'est important, le lieu dans lequel on enregistre un album, ça vient du...
07:31 Oui, ça contamine complètement ce qu'on est en train de faire.
07:34 À chaque fois, j'ai pris des lieux différents,
07:36 j'ai habité dans plein plein d'endroits différents,
07:38 pour écrire des albums, uniquement.
07:40 C'était vraiment mon idée principale.
07:44 Donc j'ai vécu à Lisbonne, à Barcelone, à Lissane, à New York, à Lourdes...
07:48 Pour écrire un album.
07:49 Oui.
07:50 Sauf Londres, où je suis resté assez longtemps,
07:51 mais il y avait des raisons extra-professionnelles.
07:54 Voilà.
07:55 Pour votre rencontre avec ce groupe "Unloved",
07:58 que vous avez découvert, je crois, en écoutant la radio, un peu par hasard.
08:01 Oui, j'ai écouté la radio anglaise, je suis tombé sur ce titre.
08:03 C'est exactement tout ce que j'aime, vraiment.
08:06 C'est-à-dire, côté très sixties, un peu girls group, Phil Spector,
08:10 et puis en même temps, très contemporain.
08:13 Et vous aviez d'ailleurs collaboré sur leur album qui s'appelle "Le Pink Album".
08:17 Oui.
08:18 Sur ce titre-là.
08:19 Oh, mon amour.
08:24 Il est merveilleux, ça.
08:32 Un titre absolument tauride.
08:34 Ça l'est.
08:35 C'est "Jetez-moi non plus 2.0".
08:37 Oui, exactement.
08:38 Vous avez aussi collaboré sur "Glitz" avec eux.
08:42 Et là, sur cet album, dans la fabrication de cet album,
08:45 ils tiennent une place importante à vos côtés ?
08:47 Oui, très importante.
08:48 D'abord, ils sont devenus des amis très proches.
08:51 Dans l'histoire, je me permets de préciser,
08:53 eux, habités à Los Angeles...
08:55 Oui, c'est ça.
08:56 Ils sont habités à Los Angeles.
08:57 Ils sont habités à Los Angeles.
08:58 Ils ont quitté Los Angeles pour venir s'installer à Saint-Malo.
09:00 Oui, ils sont venus me voir à Noël à Saint-Malo.
09:02 Ils sont restés, ils se sont installés.
09:04 Et voilà.
09:05 Donc, c'est très bien parce que comme ça, je peux les voir plus souvent.
09:09 Je peux travailler avec eux.
09:10 Et puis, voilà.
09:11 J'ai vraiment...
09:12 J'ai tellement envie de les voir souvent.
09:14 Affinité humaine et artistique.
09:15 Oui, oui, vraiment.
09:16 Ça a été un coup de foudre.
09:17 Ce qui va souvent de pair, j'ai l'impression, chez vous, dans vos collaborations aussi.
09:21 "Boyfriend", c'est une chanson qu'ils ont écrite.
09:24 Vous avez écrit la chanson.
09:25 "Boyfriend", c'est une chanson qu'ils ont écrite ou vous avez écrite ensemble ?
09:29 Alors, j'ai fait le texte et eux ont fait la musique.
09:31 Quand ils m'ont amené cette musique, vraiment cette mélodie incroyable, vraiment c'était un cadeau.
09:37 Et "Boyfriend", il y a aussi les questions d'amour, de tous les amours, de l'amour libre, de l'amour solitaire, et aussi de l'amitié.
09:42 Oui, parce qu'en fait, on a toujours tendance quand on dit...
09:45 Alors, ça parle d'amour, de la relation à deux, qui est super aussi.
09:50 Mais l'amour, c'est plein de choses.
09:52 C'est l'amour qu'on met dans son travail.
09:54 C'est l'amour filial, c'est l'amour sororal.
09:56 C'est l'amitié amoureuse, c'est la passion charnelle.
10:01 D'ailleurs, "Amitié, amour"...
10:03 Les amours platoniques, vraiment, la palette est quand même assez large.
10:07 "Amitié, amour", il y a une racine étymologique qui est exactement la même et ça raconte évidemment quelque chose.
10:12 Puisqu'on parle d'amour, justement, cet album-là, "Tirer la nuit sur les étoiles", c'est l'album d'un homme heureux, amoureux.
10:20 Oui.
10:21 Ça résonne fort dans cet album.
10:25 L'amour, c'est votre carburant humain et artistique.
10:28 Oui, je le dis dans la chanson, c'est une dope.
10:31 C'est ce qui vous fait vraiment...
10:35 Qui vous donne envie de devenir meilleur.
10:39 Et parfois, qui ne nous rend pas forcément meilleurs aussi.
10:41 On ne s'en rend pas compte.
10:44 On va parler de la phase où on a envie d'être meilleur.
10:47 Le meilleur, c'est quand on monte les escaliers.
10:49 C'est toujours la meilleure phase.
10:51 Il y a quelque chose de très cinématographique, on l'a rapidement évoqué tout à l'heure dans ce disque et aussi dans votre musique en général.
10:58 Dans ce disque, on suit les étapes d'une histoire d'amour.
11:01 On passe par différentes étapes.
11:03 On commence avec Vanessa Paradis, "Main dans la main", et puis on finit avec Romain Inachevet.
11:07 "Où sont tous nos je t'aime ? Où sont-ils à présent ? Brisés sur les rochers et ventrés sur ce bord."
11:18 C'est un album qui a été construit comme un film.
11:21 En fait, il est contaminé par plein de choses, par des films, par des images, par des bouquins.
11:28 Il y a plein de choses qui ont nourri ce disque.
11:31 De la nourriture.
11:32 J'ai besoin de faire des breaks entre deux albums pour pouvoir vraiment prendre des choses un peu partout.
11:40 Vraiment d'être vraiment nourri par plein de choses très différentes.
11:44 C'est qu'à ce moment-là que je peux écrire parce que je n'ai absolument aucune imagination.
11:48 Je suis obligé d'écrire sur des choses concrètes de la vraie vie.
11:51 Je n'y arrive pas autrement.
11:53 Ça fait quand même 40 ans que vous écrivez des chansons et que vous racontez des histoires.
11:56 Justement.
11:57 Plus on avance en âge et plus on écrit.
12:00 Pour en garder sous le talon encore, il faut vraiment être enrichi.
12:07 Il faut aller chercher de la nourriture intellectuelle.
12:10 Je la cherche en permanence.
12:13 Vous regardez beaucoup de films.
12:14 Vous allez souvent au cinéma.
12:15 Oui, je regarde plein de films.
12:17 Je lis plein de bouquins.
12:18 J'essaie vraiment que toutes les disciplines puissent être des choses qui peuvent contaminer et nourrir les chansons.
12:28 Et ça infuse chez vous naturellement.
12:30 Quand je dis contaminer, c'est vraiment...
12:31 Oui, on ne pense pas à virus sexuel.
12:33 Voilà, c'est ça.
12:34 Ça infuse chez vous naturellement ou vous êtes du genre à prendre des notes ?
12:38 Je ne sais pas comment ça se prononce.
12:39 Je prends des notes.
12:40 Je prends pas mal de notes.
12:41 J'écris pas mal.
12:42 Et puis au bout d'un moment, les choses arrivent d'une manière assez fluide.
12:46 Mais j'ai besoin de ce temps d'attente, vraiment d'absorber le monde.
12:51 Et puis après, les choses se transforment en chansons.
12:54 Ça infuse et après ça rejaillit.
12:56 Mais je ne sais jamais.
12:57 Entre deux albums, par exemple, j'ai toujours l'impression que je ne saurais plus comment faire.
13:02 Vraiment.
13:03 J'ai vraiment cette espèce de...
13:05 De vertige ?
13:06 Oui, de me dire comment j'ai fait ? Comment j'ai écrit ça ? Je ne sais plus.
13:10 Quand vous retournez sur ces 40 ans de carrière et cette multitude d'albums, de chansons que vous avez faites,
13:18 vous réalisez que vous les avez faites ? Vous arrivez à y croire ?
13:22 Non, pas tellement parce que je n'y pense pas en fait.
13:24 Je suis très très sur le moment, sur l'instant, sur ce que je dois faire maintenant, demain.
13:30 Et ce que vous avez fait aujourd'hui ?
13:31 J'adore.
13:32 Enfin, je revendique tout ce qui s'est passé avant, mais je n'y pense pas.
13:36 Ce que vous avez fait, c'est cet album qui a été d'ailleurs, au tout départ, vous avez révélé "Boyfriend".
13:42 Premier titre.
13:44 Je porte le t-shirt parce qu'on vient de me l'offrir.
13:46 Vous pourrez voir à l'image ce magnifique t-shirt "Boyfriend" Carbor Etienne Dao.
13:51 Sublime chanson.
13:53 Le clip aussi est très beau.
13:56 Il a été réalisé par Manon Engel, j'espère que je ne décorche pas leurs noms, les prononçants,
14:01 et Alma Dericou, qui sont réalisatrices et photographes et directrices artistiques.
14:06 Oui, elles sont assez incroyables ces filles.
14:08 Il y a un vrai travail sur l'image et ça a souvent été le cas dans vos clips.
14:13 Est-ce que vous vous faites confiance ? Vous échangez, vous proposez des idées ? Comment ça se passe ?
14:19 J'échange beaucoup.
14:20 J'ai eu de la chance d'avoir des rencontres artistiques, que ce soit dans les clips, les photographes pour les pochettes.
14:26 Vous avez travaillé avec ?
14:27 Des graphistes.
14:28 Avec Jean-Pierre Jeunet, avec Pierre Egile, avec un pléthore de réalisateurs, de photographes.
14:35 De très grandes qualités.
14:37 Ça permet justement de faire ces rencontres artistiques.
14:40 En plus de la musique, il y a toutes ces aventures qui sont les aventures des clips, des pochettes.
14:47 Donc c'est un échange, c'est un dialogue.
14:50 Oui, c'est un échange.
14:51 Et puis une pochette, c'est important, c'est quand même la vitrine de ce qu'il y a à l'intérieur.
14:54 Bien évidemment.
14:55 Donc il faut vraiment choisir l'image qui symbolise le plus la musique qu'on vient de faire.
15:02 D'ailleurs, quand on parcourt votre discographie et qu'on va défiler les pochettes d'albums, on se rend compte du travail qui a été fait.
15:07 Oui, des belles rencontres.
15:09 Et des belles vues.
15:10 Pierre Egile, notamment, il y a cette très belle peinture.
15:12 Je précise pour les auditeurs que j'invite à venir découvrir la vidéo repeint qu'on est en train de faire avec Etienne Dao.
15:19 On est dans un studio de production repeint qui a été entièrement décoré.
15:23 C'est incroyable.
15:25 Avec des affiches.
15:26 On peut remercier vraiment toutes les équipes qui ont fait.
15:28 C'est Bertien Guidis et Julien Tharaud qui sont vraiment à la production et aussi à la décoration.
15:34 Qui font un super travail.
15:36 Il y a des couvertures d'albums, des vinyles.
15:38 C'est agréable pour vous de redécouvrir ces images, de voyager.
15:42 Oui, surtout cette affiche avec Ellie.
15:45 Parce que c'était le moment où on a explosé tous les deux.
15:48 Elle avec toi, mon toit, avec Épaule Tattoo, Du Halleau Soleil et tout ça.
15:51 Une affiche de l'Olympia.
15:52 On a fait un Olympia en 86 qui était une folie.
15:54 Ce qui nous intéressait c'est de savoir combien de fauteuils avaient été cassés.
15:58 Et alors ? Vous avez la réponse.
16:00 Il y en avait beaucoup.
16:01 C'est bien.
16:02 Ça veut dire que c'était un super concert.
16:03 On a vraiment fait péter le budget.
16:05 Le budget des couilles.
16:06 Le budget des fauteuils.
16:07 La première chanson que vous avez révélée sur l'album, je le disais, c'est "Boyfriend".
16:12 Hymne à l'amour, tous les amours.
16:14 Amour solitaire.
16:15 C'est pas un amour solitaire.
16:17 Moi j'avais le sentiment que c'était aussi une manière de revendiquer que l'amour,
16:21 c'est pas forcément quelque chose qu'on partage.
16:23 On peut aussi aimer à sens unique.
16:25 Alors, vous avez raison parce qu'en fait, on ne peut pas expliquer.
16:29 Chacun le ressent à sa manière.
16:30 La manière dont on prend une chanson, l'auditeur a toujours raison de toute façon.
16:36 Nous, au contraire, c'est vraiment quelqu'un qui dit "Allô, je serai là pour toi.
16:40 Je serai toujours là pour toi.
16:42 Je serai ni ton psy ni ton père mais je serai toujours là.
16:44 Oui, père et psy, on va passer parce que vraiment pas.
16:48 Mais pour le reste, oui.
16:50 Pour le reste, tu peux compter sur moi.
16:51 Pour le reste, je suis là, je suis l'épaule.
16:53 Je suis en train dans cette chanson de faire ma pub absolue.
16:57 Je fais comme si j'étais le super boyfriend.
17:00 C'est vrai que ça marche bien.
17:02 À la fin, on a envie de vous appeler, de vous dire "Allô Etienne, où es-tu ? Je t'attends".
17:06 Pour ce titre, est-ce qu'au loin dans votre esprit, quelque part,
17:10 vous pouvez raisonner cette chanson qui est totalement à l'opposé de "Boyfriend"
17:14 dans ce qu'elle raconte.
17:15 Et encore une fois, c'est mon interprétation.
17:17 "I'll be your mirror" du Velvet Underground.
17:20 Ah oui, bah oui.
17:22 C'est vrai que je n'y avais pas pensé.
17:24 Comme "I wanna be your dog" des Stooges où vraiment on est,
17:28 je suis dans la soumission extrême.
17:30 Là, ce n'est pas le cas.
17:31 Là, c'est une autre manière d'exprimer l'amour.
17:33 Non, la soumission, je trouve que c'est vraiment...
17:35 Si on est soumis, on a perdu.
17:37 C'est foutu.
17:38 Il faut être le trophée tout le temps.
17:39 C'est une partie d'échec, c'est compliqué.
17:41 Oui, mais c'est la grande aventure humaine.
17:44 Enfin, une des grandes aventures humaines,
17:46 mais c'est peut-être la plus belle quand elle est réussie.
17:48 Oui, c'est du bon carburant.
17:50 Le Velvet Underground, Nico, ce sont des artistes qui comptent pour vous.
17:57 Qu'est-ce qu'ils représentent pour vous, par exemple, cette chanson ?
18:00 Ça a été l'ouverture à un autre monde.
18:03 J'ai l'impression d'être sorti du monde d'un jeune garçon,
18:07 d'un pré-ado à tout d'un coup un ado.
18:10 Je ne comprenais pas tout, mais je ressentais le souffle qu'il y avait dans ce disque.
18:14 Ça ouvrait tout un monde magique, fantastique.
18:18 Et ces sensations d'adolescence, vous les avez toujours quand vous écoutez cette musique ?
18:23 Oui, complètement.
18:25 C'est vrai, j'ai resté accroché à cette musique.
18:28 Pour revenir à Unloved et à votre collaboration avec eux,
18:34 il y a un duo dans l'album avec Jade Vincent, qui fait partie du groupe Unloved.
18:39 Je propose qu'on en écoute un extrait.
18:41 C'est le seul titre en anglais de l'album ?
18:57 Oui, parce qu'en fait, je n'ai pas réussi à faire le texte en français.
19:01 Ah bon ?
19:02 Non.
19:03 Ça sonne bien en anglais comme ça ?
19:04 Oui, ça sonne bien.
19:05 Et puis elle, ça l'arrangeait, parce que comme elle est américaine...
19:07 C'était plus facile pour elle pour chanter ?
19:09 C'était plus facile pour elle, oui.
19:10 Pour parler de l'anglais, du français,
19:12 la musique anglo-saxonne tient une place très importante dans votre vie.
19:17 Oui, mais la musique française aussi.
19:19 La musique française aussi.
19:20 J'ai été biberonné à la musique française, au yéyé.
19:23 C'est ce grand mélange d'influences qui donne votre éclectisme.
19:26 Je suis très éclectique.
19:27 J'aime plein de choses très différentes.
19:29 Tout me plaît à partir du moment où je suis transpercé par une chanson.
19:33 Je ne m'enferme pas dans un style.
19:36 Je trouve que c'est dommage de se fermer.
19:39 Ce qui compte, c'est ce qu'on ressent quand on écoute de la musique.
19:41 Voilà, exactement.
19:43 Chanter en anglais, chanter en français, même combat ?
19:46 Oui, j'ai fait un album de reprise qui s'appelle "Surf",
19:50 que j'aime beaucoup aussi.
19:52 C'est tellement plus facile de chanter en anglais,
19:55 parce que d'abord, ce ne sont pas mes textes.
19:57 Donc je m'abandonne beaucoup plus facilement.
19:59 Sur cet album "Surf", vous aviez fait des revisites de chansons
20:03 de vos artistes préférés.
20:04 Oui, c'est ça.
20:05 Et vous chantez uniquement en anglais.
20:07 Uniquement en anglais, avec un accent de Maurice Chevalier,
20:09 mais qui n'a gêné que les Français, pas les Anglais.
20:11 Les Anglais adorent ça.
20:13 "It's so French, it's so cute."
20:16 D'ailleurs, vous évoquez cet album "Surf".
20:19 Sur cet album, il y a une collaboration,
20:22 enfin non, il y a un titre que vous aviez fait avec Alain Bachelon,
20:26 que là, vous interprétez seul.
20:28 Et ce titre, c'est...
20:30 "You", non, "You Choose", c'est pas ça,
20:33 c'est les Pet Shop Boys.
20:35 Le titre, c'est "I Can't Escape".
20:37 "I Can't Escape From You".
20:38 Duo magnifique.
20:54 Alors, Bachelon, je vous sens ému en train d'écouter cette chanson.
20:57 Oui, parce que c'était un moment...
20:59 C'était un homme tellement gentil.
21:02 C'est une qualité extrême pour moi.
21:04 Qui est précieuse et souvent sous-estimée, je trouve, la gentillesse.
21:07 Pour moi, je trouve ça très sexy.
21:09 Ah ouais ?
21:10 Ouais.
21:11 Gentil, il se verrait sexy.
21:13 J'allais évoquer les nombreuses collaborations
21:16 que vous avez faites au cours de votre carrière.
21:18 Je ne vais évidemment pas toutes les citer, parce qu'il y en a...
21:20 Il y en a vraiment beaucoup.
21:21 Vous avez cette appétence, cette curiosité, cette ouverture.
21:24 Et puis, il y a des choses qui se font.
21:26 La vie amène des cadeaux.
21:28 Des rencontres.
21:29 Des rencontres, oui.
21:30 Et puis, alors, ça va,
21:32 Jane Birkin, Jacques Dutronc,
21:35 Blondie, Dominique Have, Vanessa Paradis, Daniel Darst...
21:38 Marianne Faizfoul.
21:39 Marianne Faizfoul, toute la nouvelle scène électro...
21:41 Jacques Dutronc.
21:42 Ron...
21:43 Pléthore.
21:45 Pléthore, un spectre très, très large.
21:48 Jeanne Moreau, bien sûr, avec qui vous avez collaboré pour "Le Condamné à mort",
21:50 c'était magnifique.
21:51 À la Bachot, on en parlait.
21:53 Sur ce titre-là, puisqu'on évoquait "Surf",
21:56 vous vous êtes amusé à reprendre des chansons.
21:59 C'est un exercice qui vous amuse ou la revisite ?
22:02 Oui, parce qu'en fait, quand on aime vraiment tellement les chansons,
22:05 on a l'impression qu'on les a faites soi-même.
22:08 Qu'elles sont à soi.
22:09 C'est une appropriation, en fait.
22:11 Il faut aimer l'artiste pour chanter sa musique ?
22:16 En général, j'apprécie les deux.
22:21 Ça va le faire.
22:23 C'est la même chose, en fait.
22:25 La seule personne que je n'ai jamais voulu rencontrer, c'est Lou Reed.
22:29 J'avais trop peur d'être défané,
22:31 parce que tout le monde me disait qu'il était tellement imbuvable.
22:33 Et alors, finalement, j'allais...
22:34 Et en fait, on s'est croisés plusieurs fois,
22:36 et on s'est ratés, et en fait, il me connaissait.
22:38 Et je regrette, après coup, de ne pas être allé lui parler,
22:42 parce qu'il a dit des choses sur moi qui étaient très, très, très gentilles.
22:45 Sur ma voix, notamment.
22:47 Et au final, vous n'avez jamais échangé, discuté ?
22:49 Non, mais non, je me tenais à distance.
22:52 La pudeur, tout simplement.
22:54 Non, non, mais...
22:55 La peur d'écorner une idole.
22:57 Il était tellement important pour moi que je n'avais pas envie.
23:00 Pour finir, sur cet album "Surf",
23:03 j'avais vraiment envie qu'on en parle, parce que je l'ai beaucoup aimé.
23:06 Merci.
23:07 Parmi les chansons, il y a un titre des Petshop Boys, qui est "You Choose".
23:11 On en entend un extrait.
23:13 Il est parti, tu as perdu
23:17 Reste derrière et viens à la câste
23:22 Tu es tenté, tu as perdu
23:26 Tu ne tombes pas en amour par chance
23:30 Tu choisis
23:32 Il ne devait pas y avoir un projet avec Petshop Boys
23:34 qui allait un peu au-delà de la reprise de cette chanson ?
23:37 Alors, il m'avait envoyé une chanson, et en fait,
23:39 à l'époque où ils m'ont envoyé cette chanson,
23:41 que d'ailleurs, ils ont rechanté par la suite,
23:44 c'est une chanson qui ne collait pas du tout à l'album que j'étais en train de faire.
23:48 C'est un album qui s'appelle "Révolution",
23:50 qui est un album assez brut, comme ça, avec le groupe de scène.
23:53 Et le titre des Petshop Boys était trop discoïd,
23:56 enfin, ça ne collait pas.
23:58 Donc, je ne l'ai pas fait.
24:00 Donc, merci, mais non merci.
24:02 Mais je les aime vraiment beaucoup.
24:05 Mais la vie est longue, il y a encore des choses à faire avec eux.
24:08 Bien sûr. Je reviens sur votre album, le dernier, "Tirer la nuit sur les étoiles".
24:14 Apparemment, il existerait un 13e titre, parce qu'il y a 12 pistes.
24:18 Ah oui, c'est vrai.
24:19 Alors, quid de ce titre ? Où est-il ? Je n'ai pas pu l'écouter, j'étais extrêmement frustrée.
24:23 Alors, en fait, c'est comme le ticket d'or dans "Charlie et la chocolaterie".
24:27 C'est un 13e titre qui se trouvera sur certains CD,
24:30 mais c'est très aléatoire, on ne sait pas.
24:32 Mais c'est génial.
24:33 Et ça s'appelle "Brise l'arme".
24:35 Et il est question de quoi dans cette chanson ?
24:37 Hum, mystère !
24:39 On n'en saura pas plus.
24:41 L'amour toujours, peut-être qu'il est question d'amour dans "Brise l'arme",
24:44 en tout cas, ça sonne un peu comme tel.
24:46 Il est aussi parfois question de l'amour qui pique, celui qui aspire,
24:51 celui qui attire deux personnes comme deux aimants.
24:55 Je reviens te chercher
24:58 Et dans un commun élan
25:02 Nous sommes attirés
25:05 Comme un le serait
25:08 Deux aimants
25:11 Est-ce qu'on peut se perdre dans le sentiment amoureux ?
25:17 Ah, bien sûr !
25:19 Bien sûr !
25:20 Et on se relève toujours après ?
25:22 Parfois !
25:24 Je vous consulte comme le docteur S. Amour que vous êtes.
25:27 Non, mais j'ai un peu l'impression d'un oracle.
25:29 Pas du tout, je ne fais que des conneries.
25:31 Je ne suis pas du tout un spécialiste de ça.
25:34 Mais vous chantez l'amour de la meilleure personne.
25:36 Mais je le chante, parce que c'est un sujet inspirant et inépuisable.
25:39 Ça ne fait pas de moi un spécialiste et un gourou de ça.
25:43 Non, non, mais je ne vous consulte pas comme un gourou,
25:45 j'ai juste comme un spécialiste du domaine.
25:48 Non, non, je sais, j'avais compris.
25:50 Il y a un sentiment marin dans cet album qui est très présent,
25:52 notamment dans la chanson "Le Pas".
25:54 Et alors dans cet album aussi, ma préférée, j'avoue,
26:10 c'est "Les derniers jours de pluie".
26:12 Ah !
26:13 Je vais vous expliquer pourquoi après.
26:15 Elle m'embarque cette chanson, elle me prend par la main.
26:19 "Reste, reste, reste, quelques kilomètres, mètres, mètres,
26:24 avant que je ne touche ton âme que cesse.
26:28 Les derniers jours de pluie."
26:31 Expliquez-moi alors pourquoi.
26:32 C'est la première chanson qui a été écrite pour l'album.
26:35 Donc je pris ma petite guitare et j'ai fait cette chanson.
26:38 Et elle m'a été inspirée par un livre écrit par Suzy Solidor,
26:42 qui s'appelle "Fille d'or".
26:43 C'est un bouquin qui est sorti il y a un an et demi.
26:45 Vous voyez qui est Suzy Solidor ?
26:48 C'est une des muses de Man Ray.
26:49 Souvent on la voit, elle a une espèce de carré blond.
26:51 Ah oui, d'accord, je vois.
26:52 À la serpe.
26:53 Malouine aussi, comme par hasard.
26:55 Et donc elle a fait ce bouquin qui est ressorti il y a un an et demi.
26:59 Et qui est un bouquin très confidentiel,
27:01 et qui évoque une espèce de fiction qui commence en Orient
27:05 et qui se termine dans les bars de Saint-Malo.
27:07 Donc c'était écrit pour vous.
27:08 Voilà, c'est ça.
27:09 Et cet album parle aussi beaucoup des bars,
27:11 des endroits où on échange.
27:13 Des bars à Paris, des bars que vous fréquentez aussi à Saint-Malo.
27:16 Oui.
27:17 Il y a une question du bar Camille.
27:18 Exactement.
27:19 Vous connaissez ?
27:20 Je le connais.
27:22 Je fréquente aussi cet endroit.
27:25 La Bretagne, et vous, c'est une longue histoire d'amour.
27:29 Ah oui.
27:30 Jamais houleuse, celle-ci, non ?
27:33 Non, jamais.
27:34 Jamais.
27:35 Rennes a été une ville très bonne pour moi.
27:38 C'est la ville où je suis arrivé quand j'avais neuf ans, huit ans.
27:42 C'est là où j'ai fait toutes mes premières expériences,
27:44 où j'ai commencé à chanter.
27:46 C'est là où vous avez fait vos premières scènes.
27:48 Oui, c'est vraiment là où je suis né une deuxième fois, vraiment.
27:52 Et Saint-Malo, c'est tout près.
27:54 Je me sens très breton aussi.
27:56 Je me sens plein de choses.
27:57 Parce que quand on est né ailleurs et qu'on est transporté dans un autre pays,
28:02 la chose très positive, c'est qu'on est partout chez soi, en fait.
28:07 Avec des endroits où on a un peu plus d'affection, un peu plus d'affinité.
28:12 Globalement, je me sens partout chez moi.
28:14 Je me suis installé dans plein d'endroits.
28:15 Je me suis dit, voilà, c'est chez moi.
28:17 Lorsqu'on est déraciné, on arrive à trouver des racines un peu partout.
28:21 Pour vous, en tout cas.
28:23 Pour vous, vous qui êtes le gourou de l'amour,
28:25 donc vous êtes peut-être aussi le gourou du voyage.
28:28 Pour la partie parisienne de l'enregistrement de cet album,
28:33 ça s'est passé au studio Motorbass dans le 18e.
28:35 Qu'est-ce qu'il a de particulier de ce lieu ?
28:37 Moi, je ne le connais pas.
28:38 Pour les auditeurs, qu'est-ce qu'il a de particulier ?
28:40 Est-ce que vous pouvez nous le décrire ?
28:41 Alors, en fait, il est tout en bois.
28:43 Mon deuxième album avec "Weekend à Rome", "Le Grand Sommeil",
28:47 toutes ces chansons, les gens connaissent,
28:49 a été mixé là-bas par Dominique Blanfranca.
28:52 Ça s'appelait "Continental".
28:53 Ensuite, j'ai produit un album pour Jacques Knaud là-bas.
28:55 Ce qui est bien, c'est que c'est à deux mètres de chez moi.
28:57 Donc, c'est l'annexe de votre maison.
28:59 Et ensuite, il a été repris par Philippe Zard, du groupe Cassius.
29:02 Qui est là, mais plus là.
29:05 Et j'ai eu du mal à retourner dans ce studio
29:08 parce que vraiment, le manque de lui, le déni de son départ,
29:13 m'empêchait d'y retourner.
29:15 Et j'y suis retourné et ça a été vraiment...
29:17 Sa présence nous a accompagnés.
29:19 On a eu tout le temps des clins d'œil de sa présence.
29:23 C'est fantastique, comme si il nous entourait.
29:25 Et voilà, c'est un mec merveilleux.
29:28 À qui on pense et qui manque à beaucoup d'artistes aussi,
29:33 que je reçois et qu'il évoque très souvent.
29:36 C'est une véritable empreinte.
29:38 Au sujet des intervenants, des gens avec lesquels vous avez collaboré
29:43 dans l'aventure de cet album,
29:46 il y a des historiques à vos côtés.
29:48 Jean-Louis Pierrot notamment, qui est très important.
29:51 Musicien, arrangeur, compositeur,
29:53 pléthore de talents et pléthore de casquettes, encore une fois.
29:57 Vous connaissez depuis très longtemps tous les deux.
29:59 - 1986. - Oui, c'est une longue histoire.
30:03 Un partenaire qui est précieux.
30:05 Qu'est-ce que vous avez construit tous les deux ?
30:08 On a fabriqué des chansons.
30:10 Il n'y a pas plus grande intimité que de faire de la musique avec quelqu'un.
30:14 C'est fou.
30:16 Ça crée des liens indéfectibles.
30:18 Et lui, il a co-réalisé "Tirer la nuit sur les étoiles".
30:21 Oui, on a réalisé tout l'album ensemble
30:25 et arrangé tout l'album ensemble,
30:27 sauf les trois titres "I can't love",
30:29 et puis un titre, "Les derniers jours de pluie",
30:31 qu'on évoquait tout à l'heure,
30:33 et qui a été fait aussi avec ce duo parisien
30:35 qui s'appelle Global Network.
30:37 Ils sont deux gars vraiment très doués.
30:41 Avec Jean-Louis Pierrot, vous avez fait beaucoup de chansons ensemble.
30:46 Vous avez fait "L'homme qui marche".
30:48 Je crois que c'est votre chanson préférée.
30:50 Oui, j'ai l'impression qu'on a atteint, avec cette chanson,
30:54 quelque chose de rare.
30:56 Je ne peux pas expliquer pourquoi.
30:58 Et puis de faire une chanson avec cinq épisodes quasiment,
31:01 en trois minutes trente.
31:03 Pour ceux qui seraient passés à côté de ce bijou,
31:05 on en écoute un extrait.
31:07 C'était sur l'album "Les chansons de l'innocence retrouvées"
31:22 que j'aime beaucoup aussi,
31:24 parce qu'il y a la peau dure aussi sur cet album.
31:26 C'est une chanson qui me transperce la peau.
31:28 C'est vrai ?
31:29 Oui.
31:30 Bon voilà, on ne va pas l'expliquer,
31:32 on va passer à autre chose.
31:34 On ressent la musique, c'était juste pour le plaisir de l'évoquer.
31:36 À vos côtés, à bord de ce navire,
31:38 dans la fabrication de cet album,
31:40 des collaborations plus récentes.
31:42 Vous l'aviez évoqué tout à l'heure,
31:44 notamment Italo Connection pour Virus X.
31:46 Oui, Moisturizer, Jan Wagner,
31:49 et puis aussi des gens qui sont venus offrir leur voix.
31:53 Lou Le Sage, Calypso Valois, Dorian,
31:55 Vanessa bien sûr.
31:57 C'est ce grand mix collaboratif
32:00 qui fait la grandeur orchestrale de cet album.
32:03 Je ne sais pas.
32:08 Je ne sais pas, mais c'était bien d'avoir
32:10 toutes ces énergies de gens
32:12 qui viennent d'univers très différents,
32:14 et d'arriver à faire une boule.
32:16 C'est-à-dire avoir la cohérence de l'ensemble,
32:18 avec des gens qui viennent
32:20 de plein d'endroits différents.
32:22 Vraiment beaucoup, beaucoup de gens.
32:24 C'est-à-dire qu'en fait,
32:26 souvent pour chaque titre,
32:28 il y a des montages de plein
32:30 de contributions de gens différents.
32:32 Ça a été ça le gros boulot.
32:34 C'est un immense puzzle.
32:36 Faire des choix pour donner quelque chose
32:38 qui a l'air d'être dans une grande fluidité.
32:41 Qui sonne très organique dans le résultat.
32:44 Cet éclectisme-là,
32:46 qui rejaillit dans vos collaborations,
32:48 vos chansons, vos albums,
32:50 votre musique,
32:52 qui caractérise d'ailleurs votre carrière,
32:54 vos 40 ans de carrière,
32:56 qui sont nourris de ça.
32:58 Il vient d'où cet éclectisme ?
33:00 Je crois de mon enfance.
33:02 J'ai écouté beaucoup,
33:04 beaucoup de choses très différentes.
33:06 J'avais des temps où il y avait
33:08 un restaurant à Paris,
33:10 puis un bar en Algérie.
33:12 À chaque fois qu'on changeait les disques
33:14 et donc j'ai tout écouté.
33:16 Depuis tout petit, je me suis vraiment
33:18 fait l'oreille avec plein de choses différentes.
33:20 Les Yeye, mais aussi la pop anglaise,
33:22 la soul des années 60
33:24 avec tous les artistes Motown.
33:26 Ça a été une manière
33:28 de m'ouvrir à plein de musiques différentes.
33:30 Et puis,
33:32 la musique c'est vraiment
33:34 ma vie, c'est vraiment ma respiration.
33:36 Donc j'écoute beaucoup
33:38 la musique des autres.
33:40 Vous écoutez
33:42 beaucoup de musique.
33:44 Dès le matin,
33:46 vous vous réveillez en musique ou pas ?
33:48 Pas forcément, non. Mais j'en écoute beaucoup.
33:50 J'en écoute beaucoup et j'essaie d'écouter
33:52 de la musique, pas comme un fond sonore.
33:54 Si je mets un disque, je mets un disque.
33:56 Donc par exemple, si vous écoutez de la musique, vous ne parlez pas ?
33:58 Sauf si il y a du monde et qu'on est en soirée
34:02 et qu'un mot se commune.
34:04 Là, en revanche, on peut discuter.
34:06 Si vous avez envie de
34:10 prolonger cet entretien
34:12 avec Étienne Dao, au-delà de la diffusion
34:14 de cette émission, je vous invite à découvrir
34:16 le podcast iconique sur
34:18 europe1.fr, puisqu'on aura le temps
34:20 d'aller un peu creuser plus dans le fond des choses.
34:22 Je rappelle aussi qu'il y a un
34:24 livre qui est sorti cette année
34:26 qui a été édité aux éditions
34:28 La Martinière, écrit
34:30 par une amie à vous dont vous êtes très proche
34:32 qui est journaliste, qui s'appelle Sylvie Comin,
34:34 préfacée par Elie Méderos,
34:36 à environ 400 pages,
34:38 on rentre vraiment dans l'intimité
34:40 de votre parcours. - Il est fou ce bouquin !
34:42 - Il est génial ! - C'est vertigineux
34:44 de le traverser,
34:46 parce que pour moi,
34:48 c'est tellement d'amis, de chansons,
34:50 de tournées, de rencontres...
34:52 - Des notes que vous preniez
34:54 adolescents,
34:56 c'est la première fois que vous
34:58 levez un peu le voile sur des petits morceaux
35:00 d'intimité comme ça que vous lâchez ?
35:02 - Oui, parce qu'en fait, on m'avait proposé
35:04 une énième biographie,
35:06 il y en a qui sont très bien,
35:08 c'était pas la peine d'en rajouter,
35:10 il fallait trouver quelque chose qui soit un peu différent,
35:12 et donc là, j'ai décidé de confier
35:14 toutes mes archives, tout ce que j'avais conservé,
35:16 j'ai tout donné, et ils ont choisi.
35:18 - Encore faut-il, il fallait-il avoir confiance,
35:20 mais vous avez vraiment choisi les bonnes personnes.
35:22 - D'appartement, on dit oui, on dit oui.
35:24 - Il y avait un petit sticker dans ce livre
35:26 qui est collé comme
35:28 une petite affiche, et la phrase,
35:30 c'était "On peut mourir d'excès de musique".
35:34 - Ça vous dit quelque chose, non ?
35:36 - Ah si, si, si, je crois que c'était le...
35:38 - Moi, ça m'a interpellé, je me suis dit
35:40 "J'aime bien cette phrase, mais
35:42 a-t-elle du sens ?"
35:44 - Alors là, j'ai vraiment bonne mémoire, parce qu'en fait,
35:46 je crois que c'est la pub pour mon premier album.
35:48 - Ah ouais ?
35:50 - La pub était tellement bonne qu'on en a vendu quatre.
35:52 Ça faisait partie de trois ou quatre phrases comme ça
35:56 qui étaient une pub
35:58 dans les journaux
36:00 pour ce premier album.
36:02 - Ça va être rattrapé depuis.
36:04 Dans l'émission, "Iconique",
36:06 on va jouer des archives, extraites
36:08 d'Europe 1,
36:10 et dans ces archives-là,
36:12 à un moment donné, vous évoquez
36:14 un article
36:16 de Best
36:18 qui vous avait permis
36:20 d'accélérer votre carrière au tout début
36:22 de votre carrière. Là, vous n'allez pas l'entendre.
36:24 En fait, Sébastien Guidis
36:26 a remis la main sur cet article-là.
36:28 - D'accord.
36:30 - Je vais vous le lire. - OK.
36:32 - Je vais essayer de bien lire.
36:34 "Encore un qui n'a pas de soucis à se faire,
36:36 Étienne Dao,
36:38 gentil page
36:40 des années 80 un peu timide,
36:42 soutenu par une partie de l'équipe Mark Itzad,
36:44 il dégage une aura certaine,
36:46 une fraîcheur moderne, où pointe
36:48 le funk. Petit garçon, il aime
36:50 les voyages, il dort du sommeil des
36:52 enfants sages. La voix d'Étienne glisse
36:54 sur un sax très en avant.
36:56 Avec son look étudié, il affronte
36:58 son track et finit par le vaincre.
37:00 C'est super, peut-être plus proche de Paul Naref
37:02 que de Clash, mais peu importe,
37:04 les étiquettes sont faites pour être décollées."
37:06 - Ah ça, c'est au tout début, début.
37:08 - C'est tout début. - Je crois que j'avais même pas fait d'album.
37:10 - C'est ce que vous évoquez, c'est des
37:12 tout débuts à Rennes, je crois que c'est avec...
37:14 - C'est les Transmusicales. - Avec TDI, il me semble, en interview.
37:16 Et c'est un article qui a permis
37:18 de faire la lumière sur vous, qui a été
37:20 un peu... - Oui, ça m'a permis de signer, d'avoir des choses comme ça,
37:22 parce qu'en fait, les Transmusicales
37:24 étaient au début vraiment... c'était un festival
37:26 à Rennes, qui est très pointu,
37:28 et j'ai dû
37:30 inaugurer, en fait, il y avait
37:32 beaucoup, beaucoup de médias, et donc ça a permis
37:34 de mettre une lumière sur tous les artistes
37:36 aînés, dont moi. - Ça a été un point
37:38 de départ. - Ah, c'était un vrai point de départ,
37:40 oui. Et c'était la première fois où je suis monté sur scène,
37:42 en plus. - Vous vous en souvenez,
37:44 de ce moment ? - Oui.
37:46 - Et le track que vous aviez à ce moment-là,
37:48 par exemple, là, vous allez
37:50 retrouver la scène,
37:52 avec cet album et puis bien d'autres chansons,
37:54 j'imagine. Ce
37:56 track que vous aviez sur cette première scène,
37:58 il a évolué, il est encore là ?
38:00 - C'est pas le même.
38:02 J'ai plus d'excitation
38:04 que de... enfin, le track
38:06 est quelque chose que je ne veux pas perdre, parce que
38:08 il y a cette...
38:10 c'est une espèce d'énergie qui fait que
38:12 ce que vous allez faire, c'est
38:14 pas anodin. Vous allez rencontrer
38:16 des gens qui ont
38:18 payé leur place, qui sont
38:20 venus, peut-être avec leur
38:22 girlfriend, leur boyfriend,
38:24 leurs amis, je sais pas.
38:26 Ils y pensent depuis longtemps, comme moi j'y pense depuis
38:28 longtemps. Enfin, c'est un vrai truc. - C'est un rendez-vous.
38:30 - C'est un vrai truc important. C'est un vrai
38:32 rendez-vous. Un vrai beau rendez-vous.
38:34 On n'a pas envie de le foirer.
38:36 Et donc,
38:38 c'est cette tension, c'est cette envie de...
38:40 cette envie d'être à la hauteur de ce que les gens
38:42 attendent. C'est plutôt ça, le track.
38:44 C'est pas de la peur.
38:46 - C'est un rendez-vous. - Alors que la première peur,
38:48 c'était... voilà, je savais pas du tout
38:50 où je mettais les pieds. C'était quand même
38:52 un truc très bizarre. - C'est se jeter dans le vide.
38:54 - Oui, puis c'est pas du tout le fond de ma nature de me montrer
38:56 donc tout à coup d'être sur une scène.
38:58 C'était... y'a un côté un peu
39:00 absurde.
39:02 - Pour ce rendez-vous
39:04 avec La Senne et Étienne Dao,
39:06 vous allez être en tournée
39:08 dans toute la France. A partir du 4
39:10 novembre, vous démarrez à Caen.
39:12 Vous allez passer à Nantes le
39:14 7, à Toulouse le 10,
39:16 et vous serez à l'Accor Arena à Paris
39:18 le 22 décembre 2023.
39:20 Vous êtes
39:22 dans quel état l'idée de
39:24 faire cette tournée ? Comment vous l'appréhendez ?
39:26 - C'est hyper excitant.
39:28 Parce que je pense que c'est le bon
39:30 disque pour ouvrir en fait.
39:32 Pendant des années, j'ai fait des salles moyennes,
39:34 qui sont aussi des grandes salles, mais
39:36 ça suppose
39:38 un show complètement différent.
39:40 Alors que là, je me suis laissé convaincre,
39:42 c'était pas ma propre idée de base,
39:44 mais mon producteur
39:46 de spectacle, Thierry Suc,
39:48 m'a conseillé
39:50 d'ouvrir.
39:52 Ça fait longtemps qu'il pilonne.
39:54 Et là, cette fois-ci, je me suis dit "Ok, on y va".
39:56 - D'ouvrir à de grandes salles ?
39:58 - Après, je me suis dit "Mais je suis cinglé !"
40:00 - Et alors ?
40:02 - Après, j'ai été...
40:04 Maintenant, je suis hyper excité, je ne pense qu'à ça.
40:06 Quelle chanson,
40:08 quel séno, quelle lumière...
40:10 - Vous êtes en train de la construire, la scénographie, de préparer le show ?
40:12 - Il n'est pas encore abouti ?
40:14 - Pas encore, non.
40:16 - Donc là, pour le moment,
40:18 il est en arrière-cuisine.
40:20 - C'est ça, je cherche.
40:22 - Pour vous faire
40:24 toujours réagir aux
40:26 archives qu'on aura entendues,
40:28 où on sort d'une séquence où on revient sur les débuts
40:30 des années 80,
40:32 quel regard vous portez
40:34 sur cette époque, vous, aujourd'hui ?
40:36 - Grande légèreté,
40:38 et puis un cadeau fantastique.
40:40 J'étais un jeune étudiant
40:42 provincial, et tout d'un coup,
40:44 j'arrive à Paris, et puis
40:46 les portes s'ouvrent, très grands.
40:48 - Quand vous voyez aujourd'hui
40:50 la mode 80's qui revient,
40:52 dans la musique, qui s'exprime dans la mode aussi,
40:54 ça vous amuse ?
40:56 Vous avez quelles regards, là ?
40:58 - Il y avait ce défilé d'Eddie Slimane,
41:00 le dernier, qui était au Palace.
41:02 Donc évidemment, un endroit où je dormais.
41:04 - Ah ah ah !
41:06 Pas de loyer, à l'époque, pas besoin !
41:08 Et donc, ça a réactivé
41:10 plein, plein, plein de souvenirs.
41:12 C'est fou, quoi. Vraiment, c'est un endroit
41:14 où je me suis beaucoup amusé, où j'ai eu plein de concerts,
41:16 des concerts assez improbables.
41:18 Enfin, c'était...
41:20 C'est dingue, cette salle.
41:22 Vraiment. Et donc, voilà, ça m'a rappelé
41:24 beaucoup de choses. C'était une époque
41:26 très, très joyeuse.
41:28 J'en ai beaucoup profité.
41:30 - Vous dites qu'il y a eu...
41:32 Alors là, je change totalement de...
41:34 de terrain, et de...
41:36 de sujet de question. On sort d'un...
41:38 d'une autre archive où il était question
41:40 d'Oran,
41:42 de...
41:44 la drogue, du sidaction,
41:46 de toute cette époque-là, du sida.
41:48 Vous dites qu'il y a eu
41:50 dans votre carrière un avant
41:52 et un après Eden,
41:54 qui est un album qui...
41:56 - Oui, c'est vrai. - ...est très important. Qu'est-ce qui a changé
41:58 à partir de Eden ?
42:00 - Si on qu'après la première décade... - C'était en 1996.
42:02 - La décade prodigieuse
42:04 82, 92, 93.
42:06 C'était un enchaînement
42:08 de tubes,
42:10 de fêtes, comme je vous l'ai dit,
42:12 donc de choses très joyeuses, mais en même temps
42:14 je ne savais pas comment gérer. Il n'y a pas de bouquin
42:16 pour apprendre ça. Donc je travaillais
42:18 beaucoup,
42:20 je dormais très peu, et...
42:22 Et puis au bout d'un moment,
42:24 j'ai toujours tendance à dire que
42:26 je voulais sortir d'un système qui ne me convenait pas.
42:28 Mais c'est pas le système qui ne me convenait pas,
42:30 c'est mon système qui...
42:32 qui ne me connait plus, en fait.
42:34 C'est-à-dire que, en fait, mon corps a explosé
42:36 en plein vol.
42:38 - Le sommeil, c'est pas mal comme concept.
42:40 - Ouais, non, mais je faisais n'importe quoi.
42:42 Enfin, vraiment, ça a duré longtemps, en plus.
42:44 Ça a duré des années où je rentrais
42:46 à 8h du matin et je repartais à 10h
42:48 pour faire une télé, machin,
42:50 pour...
42:52 pour refaire des concerts le soir,
42:54 faire des tournées
42:56 très longues, en faisant n'importe quoi,
42:58 en dormant pas.
43:00 Il y avait cette espèce de...
43:02 voilà, de légèreté, d'envie d'en profiter
43:04 à fond, comme si demain,
43:06 c'était le dernier jour, quoi.
43:08 Vraiment, il y avait cette espèce de chose
43:10 comme ça, "no future", profitons
43:12 à fond de tout.
43:14 Mais après, j'ai commencé
43:16 à entrevoir que peut-être il y avait un futur,
43:18 et j'ai voulu changer de système
43:20 du tout au tout.
43:22 Donc je suis parti en Angleterre, j'ai coupé avec
43:24 plein de choses à Paris et en France.
43:26 Je suis parti là-bas, tout seul, j'ai pris un petit appart,
43:28 et les choses ont commencé à revenir,
43:30 et tout d'un coup, j'ai commencé à
43:32 percevoir la possibilité d'un futur
43:34 différent. Et donc,
43:36 ma carrière et ma vie ont été
43:38 complètement différentes après.
43:40 Cette explosion a été hyper
43:42 bénéfique, parce que ça m'a permis vraiment... c'était une sonnette
43:44 d'alarme qui m'a dit "là, là ça va pas".
43:46 - Vous étiez au bout de quelque chose.
43:48 - Voilà, c'est fini.
43:50 Puis j'avais des ambitions de faire
43:52 des disques...
43:54 des disques meilleurs, enfin plus...
43:56 J'ai fait "Eden", dont je suis hyper fier,
43:58 qui est pour moi probablement un de mes meilleurs disques.
44:00 Et là, à partir de ce moment-là,
44:02 j'ai eu une deuxième partie de carrière,
44:04 alors moins visible,
44:06 beaucoup moins visible, à me montrer beaucoup moins,
44:08 parler beaucoup moins, et être vraiment sur la musique
44:10 et sur les concerts, pour qu'on me voyait pas.
44:12 Donc des fois, je sortais un disque,
44:14 c'est un peu de promo
44:16 quand même, et tu montes dans un taxi
44:18 et le mec te dit "alors vous faites
44:20 toujours de la musique ?"
44:22 - C'est un peu ce genre de choses,
44:24 alors qu'en fait, les albums ont tous,
44:26 malgré tout, très bien marché,
44:28 et les tournées aussi.
44:30 - Dernière question.
44:32 Pour un artiste, est-il plus important
44:34 d'être aimé ou d'être compris,
44:36 Etienne Dao ?
44:38 - D'être compris. Mais si en plus on est aimé,
44:40 c'est encore mieux !
44:42 Mais compris, c'est bien, parce qu'en fait,
44:44 ça veut dire qu'on est vraiment juste avec les gens
44:46 qui vous aiment, et aimé pour les bonnes raisons.
44:48 Voilà.
44:50 C'est peut-être un fantasme,
44:52 mais quand on y parvient, c'est quand même
44:54 vraiment plus confortable.
44:56 - Merci infiniment pour cet entretien.
44:58 - Merci à vous.
45:00 - Et sachez que sur Europe 1, on vous aime,
45:02 et on vous comprend.
45:04 - Merci beaucoup.
45:06 - Je rappelle que votre album s'appelle
45:08 "Tirer la nuit sur les étoiles",
45:10 qui vient de sortir, que vous êtes en tournée
45:12 dans toute la France à partir du 4 novembre,
45:14 et que vous serez à l'Accord Arena de Paris
45:16 le 22 décembre. Grande scène,
45:18 grand show, encore en préparation.
45:20 - Merci.
45:22 Sous-titrage Société Radio-Canada
45:24 ...
45:28 [SILENCE]

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