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SportTranscription
00:00 témoignage à présent au micro d'Europe 1 de Martin Lange, le témoignage d'une gymnaste, une ancienne gymnaste de l'équipe de France qui a décidé
00:07 de prendre la parole pour témoigner et donner un coup de pied dans la fourmilière, j'ai envie de dire, parce qu'elle a été
00:14 harcelée pendant
00:16 ses entraînements, notamment ses compétitions, notamment par l'encadrement. On écoute Clara
00:22 Della Vedova. - Je me suis dit que c'était une très bonne chose
00:26 pour les générations futures
00:30 ou même celles qui sont à l'entraînement à l'heure actuelle, parce que ces méthodes d'entraînement
00:36 sont contre-productives et en plus de ça elles
00:40 peuvent briser des carrières et des vies, parce que nous sommes avant tout des jeunes gymnastes, des jeunes filles en construction,
00:48 parce qu'il faut savoir que nos carrières de gymnaste, ça se fait entre 15 ans et 18 ans pour la plupart des filles,
00:56 et subir ça à nos âges, en fait,
00:59 c'est pas possible. Donc dix ans après, j'ose parler, j'ose prendre la parole et c'est avec plaisir que je le fais.
01:07 - Alors vous parlez de ça, qu'est-ce que vous dénoncez concrètement ? Qu'est-ce que vous avez subi ?
01:12 - Alors moi c'était des violences
01:15 psychologiques, j'appelle ça violence parce qu'en fait je me rends compte maintenant, après plusieurs années, que ce qu'on
01:24 m'a fait subir comme critique, ben en fait c'est pas normal, c'est des
01:29 insultes, c'est des comparaisons à
01:33 des choses qui ne devraient pas, c'est des insultes sur notre physique,
01:38 sur notre poids, alors qu'on est des jeunes filles de 15 ans, qu'on est en pleine croissance,
01:47 forcément,
01:50 on commence à avoir quelques formes de jeunes femmes, donc
01:54 voilà, même si ça reste très très
01:57 très minime parce qu'on est dans la gymnastique et que forcément avec le nombre d'heures d'entraînement
02:05 qu'on avale par jour, et bien notre corps il est
02:08 ralenti
02:11 au niveau de la croissance, en fait.
02:13 - Désolé de vous demander ça, mais vous avez des exemples concrets de mots que des entraîneurs ont pu avoir contre vous ?
02:20 - Alors sur mon physique, on m'a déjà fait des remarques telles que
02:25 "quand est-ce que tu vas arrêter de grossir ?"
02:27 ou alors un message le soir à 22h en pleine semaine tel que
02:32 "vous êtes privé d'entraînement parce que vous êtes en surpoids et que c'est dangereux pour votre santé".
02:38 Ensuite au niveau violence psychologique, ça peut être, enfin c'était des remarques telles que
02:49 "vous êtes des chèvres", "vous êtes bon à rien",
02:52 enfin voilà, des choses comme ça.
02:54 "Mais t'es autiste, tu comprends rien", enfin
02:58 ça c'était il y a une dizaine d'années, donc j'ai quelques mots qui me reviennent, mais c'est très peu par rapport à ce que
03:05 j'ai subi, je pense. - Et vous avez arrêté votre carrière sur une blessure,
03:11 c'était juste avant les Jeux de 2012, je crois, et vous dites même que ça a été une libération pour vous.
03:15 - Alors oui, ça a été une libération parce qu'en fait
03:19 toute cette année-là,
03:21 pré-Olympique, on n'a pas arrêté d'enchaîner les compétitions, donc les championnats du monde, le test event, les qualifications pour les Jeux Olympiques,
03:28 et on n'a pas eu
03:31 une seule
03:33 semaine de vacances, de repos, ne serait-ce que pendant cette année-là, donc mon corps il était
03:39 à bout, je pense,
03:42 et notamment à cause de la pression psychologique qu'on nous mettait,
03:46 mon corps m'a lâchée, en fait,
03:50 tout simplement, et ça m'a fait une sensation de soulagement quand
03:54 on m'a annoncé que je m'étais rompu le tendon d'Achille à l'INSEP,
03:59 j'ai eu comme un soulagement,
04:02 d'un coup je me suis dit "ça y est, enfin c'est fini". - Alors la ministre Amélie Oudéa Castera a réagi juste après la diffusion du
04:09 reportage hier, elle a dit qu'elle allait ouvrir une enquête, qu'est-ce que vous attendez maintenant que vous avez pris la parole ?
04:14 - Alors on attend bien évidemment que des mesures seront
04:19 prises, comme
04:21 libérer la parole,
04:25 faire comprendre aux jeunes gymnastes qu'il y a des gens autour d'elles qui peuvent les aider et qu'il ne faut pas hésiter à en parler
04:32 si jamais à l'entraînement elles subissent des violences
04:36 psychologiques ou physiques, et bien évidemment que la fédération prenne en considération
04:41 le fait de
04:44 choisir les bons entraîneurs, le bon encadrement pour travailler dans des conditions sereines et de confiance
04:53 qui permettent aux gymnastes de
04:55 pouvoir réaliser leurs rêves dans des bonnes conditions et pas
05:01 en ayant la pression sur elles et en subissant des violences pareilles.
05:09 - Le témoignage fort, choc, vérité de Clara Della Vedova, ancienne gymnaste de l'équipe de France, au micro de Martin Lange.