Maïwenn parle de sa relation avec Johnny Depp - En Aparté - CANAL+

  • l’année dernière
Pour voir l'intégralité des autre émissions, rendez-vous dès maintenant sur myCANAL : http://can.al/EnAparte


Le Plus de CANAL+ : Ce qu'il ne fallait pas rater sur CANAL+
Toutes les vidéos : http://bit.ly/1kaNHYM

Category

😹
Fun
Transcript
00:00 *Musique*
00:17 Avec son cinéma vérité, elle ne laisse personne indifférent.
00:20 Cet actrice et réalisatrice ultra précoce a inspiré toute une nouvelle génération de cinéastes
00:26 et chacun de ces films fait l'événement, pour de bonnes ou de mauvaises raisons d'ailleurs.
00:30 C'est à nouveau le cas avec Jeanne du Barry qui sera projetée demain en ouverture du Festival des Cannes.
00:35 D'apparence, son film le moins personnel, mais elle n'est plus à un paradoxe près.
00:40 Et elle va sans doute nous prouver le contraire. Dans un instant, Maïwenn est en aparté.
00:44 Bonjour Maïwenn.
00:49 Bonjour.
00:50 Bienvenue en aparté.
00:51 Ravi de vous accueillir.
00:53 Vous allez bien ?
00:56 Oui ça va.
00:57 Oulala.
00:58 C'est troublant ?
01:00 C'est marrant que j'avais pas cette image là à la télé.
01:04 Et puis y a le regard de la cinéaste que vous êtes aussi.
01:07 Oui.
01:09 Je m'excuse, je regarde.
01:14 Vous regardez si on a tout bon ou pas ?
01:16 Je vais me mettre mes lunettes parce que sinon je vois rien.
01:21 Est-ce qu'on est bien sur vos fondamentaux ?
01:24 Oui.
01:25 C'est déjà un bon point.
01:27 Comment vous vous sentez là, dans cet espace ?
01:30 Ça va.
01:31 Vous avez vu la cour d'honneur du château de Versailles, bien sûr, dans la baie Vitrée, on y est presque.
01:36 J'étais persuadée que vous alliez me mettre le port d'Alger.
01:40 Ah, claquez des doigts.
01:42 On n'est pas loin.
01:47 Sans les heures de vol, comme ça, téléportation, c'est le lieu qui vous apaise par-dessus tout ?
01:57 Oui.
01:58 Vous êtes particulièrement chez vous ?
02:00 Oui, je me sens chez moi, mais quand même étrangère.
02:03 C'est-à-dire que j'y suis allée tout au long de ma vie, mais j'aime la sensation de me sentir chez moi.
02:11 C'est comme dans les bras de mon homme, je me sens.
02:14 D'ailleurs, je lui dis souvent, quand je suis dans tes bras, je suis en Algérie.
02:17 Et puis, il y a des endroits à Paris où je ne me sens pas chez moi, mais je ne me sens pas non plus étrangère.
02:24 Je me sens française, mais pas chez moi.
02:26 À Alger, en Algérie d'ailleurs, à Tougour, je me sens chez moi.
02:31 Parce que le caractère des Algériens, leur humour, leur intégrité, leur dignité,
02:42 c'est mon enfant, c'est ma famille, c'est le bon côté de ma famille aussi, surtout.
02:47 C'est vos grands-parents ?
02:49 C'est mes grands-parents, oui. Essentiellement, mon grand-père.
02:51 Votre relation a été très forte, très fusionnelle, ça se passait dans l'échange ?
02:56 Qu'est-ce qui vous a transmis ?
02:58 C'est surtout mes grands-parents, parce que c'était vraiment un couple fusionnel.
03:02 Est-ce que vous voulez vous asseoir, d'ailleurs ?
03:04 Oui, pardon, je marche trop.
03:05 Non, c'est pour vous, si vous voulez être plus confortable.
03:07 Vous avez plusieurs propositions, le canapé, le fauteuil marron, le bar,
03:11 ce qui vous semble le plus tentant ?
03:14 Allez, canapé.
03:16 Ces grands-parents, ils sont évidemment un socle fondamental.
03:24 Oui.
03:25 Vos fondations ?
03:26 Oui, absolument. C'était des gens très simples,
03:32 qui avaient aussi beaucoup de culture, mais qui avaient l'intelligence du cœur
03:37 et qui avaient une vie simple.
03:40 Ils habitaient au premier étage d'un immeuble où mes parents vivaient au quatrième.
03:44 Puis après, quand mes parents se sont séparés, mon père a continué à vivre au quatrième étage.
03:49 Donc, quand j'allais voir mon père, je passais toujours par le premier étage pour voir mes grands-parents.
03:54 Et ce que j'aimais, c'était réconfortant, il faisait chaud, c'était propre.
04:01 Il y avait tout le temps à manger, il y avait tout le temps la télé,
04:07 c'était réconfortant, c'était apaisant.
04:10 Et j'aimais bien le côté rituel chez eux, on mangeait à 20h pile devant le journal télévisé,
04:17 on était fins, on regardait Anne Sinclair.
04:21 J'adorais les habitudes avec eux.
04:23 Ma grand-mère cousait au coin du feu.
04:26 Et... Parce que chez moi, c'était le chaos, en fait.
04:32 Chez ma mère et chez mon père, c'était le chaos.
04:34 Donc j'avais besoin d'être rassurée avec eux.
04:38 - Vous avez un prénom breton, Maïwen ? - Oui.
04:41 - Vous auriez pu vous choisir ? - J'ai un prénom algérien aussi, je m'appelle Nedjma.
04:46 - Nedjma. Vous préférez ? - Oui.
04:51 Je crois que ma mère voulait m'appeler Nedjma, mais c'est mon père qui a eu le dernier mot.
04:58 - Alors évidemment, Alger, c'est les souvenirs, c'est des madeleines de Prousse, c'est des goûts, des odeurs.
05:03 Mais Versailles, j'y fais un détour parce que j'ai vu le film, j'ai adoré Jeanne Dubarry.
05:09 Jeanne Dubarry, finalement, c'est une rencontre, elle et vous ?
05:12 - C'est une rencontre entre elle et moi, absolument.
05:15 J'ai eu un coup de foudre, même une obsession sur cette femme, sur sa vie.
05:24 Et aussi sur l'époque, finalement, parce que j'ai pas que lu sur elle.
05:31 Et je pensais que le désir allait partir au fur et à mesure,
05:36 parce que j'ai quand même découvert cette femme en 2006 dans le film de Sofia Coppola,
05:40 qui était joué par Asia Argento.
05:43 Et généralement, moi, quand je me lance dans un film, j'ai du désir pendant six mois, un an.
05:49 Après, j'ai tendance à me lasser ou à passer à autre chose.
05:52 Et c'est ce qui s'est passé quand j'ai eu envie de faire ADN.
05:57 J'ai cru que Jeanne Dubarry était morte.
06:01 Et bizarrement, le désir est revenu, je ne sais pas comment.
06:05 - Jeanne Dubarry qui va être là, ça y est, c'est imminent, projeté à Cannes, bien sûr.
06:10 Vous êtes dans quel état d'esprit ? Fébrile ? Enthousiaste ?
06:13 - Oui, je suis fébrile. Je suis un mélange de tout ça.
06:16 C'est un peu l'ascenseur émotionnel.
06:19 Tantôt, je suis excitée, tantôt, je suis angoissée.
06:24 Parce que la sortie est le même jour, c'est important de le préciser.
06:27 Je n'ai jamais vécu ça.
06:30 Et puis, j'ai fini le film il y a très peu de temps, en fait, il y a une dizaine de jours.
06:35 Donc, j'aimerais tellement encore être derrière ma table de montage et changer des choses.
06:40 Et puis, c'est trop tard, ça y est.
06:42 - Parce qu'on veut toujours changer des choses ? - Moi, oui, en tout cas.
06:46 - On va regarder, quand même, quelques images, si vous êtes d'accord, un extrait de la bande-annonce.
06:51 On regarde, on s'en parle après.
06:53 - La Comtesse Jeanne Dubarry !
06:59 - Surtout, ne regardez pas le roi dans les yeux.
07:04 Ce serait perçu par la cour comme une invitation.
07:07 - Une invitation à quoi ? - À la baguette.
07:10 - Père, nous sommes devenus la risée de Versailles à cause de vos égarements.
07:33 - Le Premier ministre ne va pas tolérer que vous laissiez une fille des rues côtoyer votre entourage.
07:37 - Cette jeune femme est mon entourage.
07:40 - Je vous le sais.
07:46 - Nous coûtons tout sur vous pour que cette misérable femme soit chassée de la cour.
07:51 - Le roi a d'autres maîtresses ?
07:55 - T'es en train de découvrir le côté sombre du roi.
07:59 - Vous êtes en danger, Madame.
08:07 - Bayouane, ce film Jeanne Dubarry qui arrive sur le tapis rouge, évidemment sur La Croisette avec vous, bien sûr.
08:18 Ce casting 5 étoiles avec cette histoire qui nous embarque.
08:23 Benjamin Lavergne, extraordinaire.
08:26 Pierre Richard, tout aussi épatant. Melville Poupot et Johnny Depp, bien sûr.
08:31 Un casting 5 étoiles, oui.
08:33 Et puis une histoire très forte.
08:37 Vous l'avez dit, vous aviez été embarquée depuis 2006.
08:41 Mais qu'est-ce qui vous a tellement séduit chez ce personnage ?
08:45 - D'abord, avant de vous répondre, je crois qu'il y a des choses que je ne maîtrise pas et que je ne cherche pas à maîtriser.
08:52 J'évite d'analyser pourquoi j'aime les gens et les choses et les films.
08:59 Mais je crois que la vie de Jeanne Dubarry pourrait ressembler à une espèce de métaphore sur ma vie.
09:07 C'est-à-dire que Versailles pourrait être le milieu du cinéma hostile, condescendant, que j'ai rencontré quand j'ai commencé à vouloir faire des films.
09:18 Et puis ce que j'aime avec Jeanne, c'est que c'est une fille du peuple, une fille de la rue,
09:25 qui comprend que sa plus grande arme dans la vie, ce sera son charme, sa beauté.
09:30 Et que c'est le plus grand pouvoir de l'humanité.
09:36 Dans son compérement, il y a des choses qui raisonnaient en moi.
09:39 La peur de la sensation parfois de trahir son origine, de ne pas lui rester fidèle,
09:51 de ne pas se sentir bien ni avec les gens riches ni avec les gens pauvres.
09:56 La peur de manquer, la peur de tomber amoureuse d'un homme de pouvoir.
10:02 Comment à l'époque c'était vu et finalement c'est toujours ce regard-là accusateur.
10:10 Dès qu'une femme tombe amoureuse d'un homme de pouvoir, elle sera forcément jugée, critiquée, à l'emporte-pièce.
10:19 L'amour entre deux personnes que les classes sociales opposent, sont toujours jugés de façon caricaturale, sans effort, sans nuance.
10:30 J'ai eu la sensation, je ne crois pas en Dieu, je ne suis pas du tout là-dedans,
10:37 mais j'ai eu la sensation que j'étais choisie pour parler d'elle, pour parler de cet amour-là.
10:43 On vous voit l'image avec Johnny Depp, je ne peux pas faire l'impasse sur la complicité.
10:49 Quel type de relation c'était avec Johnny Depp ?
10:51 En fait, c'est un animal Johnny. C'est quelqu'un qui, déjà, tous les matins, arrive avec une humeur différente.
11:00 On ne peut jamais savoir dans quelle humeur il va arriver.
11:03 Il y a parfois des humeurs où il est très joyeux, il a envie d'essayer plein de choses, de rigoler avec les gens,
11:11 et il y a des moments où il n'en a pas envie.
11:13 Mais qui a toujours la même humeur ?
11:17 Il faut savoir quand même que c'est quelqu'un qui est tout le temps exposé, qui sortait de deux procès.
11:22 Moi, je peux comprendre. Quand je reçois un recommandé, déjà, je suis nouée toute la journée.
11:26 Donc j'imagine que lui...
11:29 Il y avait des moments où on était très complices.
11:32 Évidemment, ce n'est pas dans ces moments-là que les médias s'y intéressent, nos amis les médias.
11:37 Il a été dit que c'était l'enfer. C'était faux, ce n'était pas du tout l'enfer.
11:45 Il y a eu des désaccords, mais comme sur tous les tournages, comme dans toutes les entreprises,
11:50 comme partout ailleurs, dès lors que vous passez deux mois ensemble, toute la journée, avec des horaires qui sont très lourds,
11:58 c'est obligé qu'il y ait des désaccords.
12:02 Et puis, je vais vous dire honnêtement, je ne lui en veux absolument pas,
12:05 parce que les désaccords que nous avons eus sont la preuve qu'il était énormément investi,
12:10 qu'il voyait le roi d'une certaine manière, qu'il avait envie de défendre les choses que lui savait de Louis XV.
12:19 Et j'avais beau lui dire, tu sais, Johnny, ce n'est pas un documentaire.
12:22 Donc la vérité, lui, il était basé sur les choses vraies de Louis XV.
12:27 Je ne remettais pas en cause, mais je sais de le ramener toujours à l'idée que c'est un film de fiction
12:33 et que c'était mon regard sur ce roi-là.
12:38 Et aussi de parler d'une histoire d'amour.
12:43 Après, je lui disais, oui, le film, c'est Jeanne du Barry.
12:47 Donc moi, je préfère mille fois rencontrer des désaccords avec un acteur parce qu'il est très investi
12:55 que rencontrer un acteur qui attend, qui cachetonne et qui ne me propose rien.
13:03 Qu'est-ce qu'il vous a proposé, Diego ? Alors je parle de Diego parce que,
13:07 parce qu'évidemment, vous avez dirigé My When, votre propre fils.
13:10 Il a 19 ans. Il est beau comme un dieu. Il incarne Louis XVI.
13:15 Qui de vous a initié cette... ?
13:18 Il n'a pas du tout envie d'être acteur. Il prend ça comme une expérience, comme un truc sympa.
13:26 C'est vous qui l'avez sollicité ?
13:28 C'est moi qui l'ai sollicité. Alors, il faut savoir que ça fait depuis 2016,
13:33 depuis que j'écris le film, que je voulais lui donner le rôle de Louis XVI
13:37 parce que Louis XVI était quelqu'un dans sa bulle,
13:43 qui se sent étranger à tout le bordel du luxe, du confort, du glamour.
13:50 Ça, ça correspond au trait de caractère de mon fils. Mon fils n'est pas du tout matérialiste.
13:55 Pour lui, la seule chose qui l'intéresse, c'est le tennis, c'est le sport.
14:02 Et donc, je trouvais que c'était ce Louis XVI-là que je voulais.
14:05 Je voulais que Diego l'interprète parce que j'étais sûre qu'il allait rendre un Louis XVI,
14:09 en plus différent des Louis XVI qu'on a toujours vu au cinéma,
14:12 à savoir des Louis XVI complètement autistes sur leurs serrures,
14:19 ce que Louis XVI n'était pas.
14:22 Il était quelqu'un de beaucoup plus raffiné et érudit que les portraits qui ont été faits au cinéma.
14:27 - Mais comment le dirige, son propre fils, sur un plateau où il côtoie les autres acteurs ?
14:32 - Comme les autres, comme les autres.
14:34 Oui, sauf que peut-être je disais "chéri" au début de chaque phrase, mais c'est tout.
14:40 - Est-ce que vous voulez bien vous déplacer vers le fauteuil gris, vers Alger ?
14:43 - Alors, je crois que la télécommande est en toque.
14:50 - Bon, écoutez, Maïwenn, c'est pas très sympa,
14:54 alors si vous allez sur ce terrain-là...
14:57 Non, non, testez, testez, et puis vous allez voir, hop, la magie opère.
15:02 Oui, ça a opéré derrière aussi.
15:04 - Mise en scène par Horacio Massaro, Maïwenn joue ici tous les personnages du spectacle.
15:15 En s'inspirant de sa famille, elle raconte l'histoire d'une petite fille programmée pour être star,
15:19 par une mère abusive.
15:21 - Ah oui, pardon, je suis la mère de Maïwenn.
15:23 - Bonsoir.
15:25 - Mes rêves passent pas par le désir des autres.
15:30 Mes rêves sont les choses que je veux faire moi.
15:33 Je crois que si ça plaît, c'est que les gens passent d'une émotion à une autre, c'est ce qu'on me dit souvent.
15:39 - Eh oui, on est en 2002-2003, votre seule en scène, le pois-chiche, jouée au Café de la Gare,
15:47 qui a fonctionné très bien, qui a fait que les gens se sont déplacés en nombre,
15:52 alors pas toujours au début, d'ailleurs vous faisiez gagner des places, pour la petite anecdote,
15:56 et puis ensuite ça le comble.
15:58 Elle est importante cette étape dans votre vie, vous en parlez vraiment comme d'une seconde naissance, ça veut tout dire.
16:04 - Oui, tout a commencé grâce à ce spectacle.
16:06 C'était génial parce que, en fait, si je vous dis que c'était génial,
16:11 c'est que je me souviens très bien de ce qu'il y avait dans ma tête à cette époque-là.
16:14 Je me sentais libre, je me sentais sans prise de risque,
16:19 personne ne m'attendait au tournant, personne ne venait voir le spectacle, en fait, aucun journaliste.
16:25 Donc il n'y a rien de mieux pour créer que de savoir que personne ne va venir nous voir.
16:30 - Alors une autre image, si vous voulez bien.
16:33 - Bonjour.
16:43 - Il faudrait acheter une caméra.
16:45 - La voix même, la voix...
16:47 - Une caméra, c'est pour faire les petits films de famille ?
16:50 - Non, pas du tout, non.
16:51 - D'accord.
16:52 - C'est pour faire un documentaire, un film pour le cinéma.
16:55 - Pour le cinéma ?
16:57 - Oui.
16:58 - Alors moi je peux vous diriger vers une caméra professionnelle, mais c'est pas les petits formats...
17:02 - Oui, mais j'ai besoin qu'on y croie, j'ai besoin que les gens que je filme n'y croient pas.
17:05 - Pardon ?
17:06 - Voilà, j'ai besoin que les gens que je filme croient que c'est pas possible que je fasse un film, vous voyez ce que je veux dire ?
17:12 - Là encore vous faites tout, Maïwenn. Vous écrivez, vous produisez, vous jouez aussi. Premier rôle.
17:19 - Oui, c'était mon premier film.
17:21 - Ouais, c'est 2006.
17:22 - Je crois que Pardonnez-moi c'est plus un film sur un fantasme, plus qu'un film autobiographique.
17:28 - Ce que je fais dans le film, je ne l'ai jamais fait. Rien de ce que je fais dans le film m'est arrivé.
17:33 - Mais j'ai toujours fantasmé de le faire.
17:35 - Ce que vous êtes dans le film, permettez-moi de préciser pour le téléspectateur, vous êtes excessive, capricieuse, naïve, insupportable.
17:43 - Oui, mais j'ai au moins le mérite de me confronter aux personnages qui ont été violents dans la vie du personnage.
17:53 - Dans la trajectoire de la...
17:54 - Voilà, et c'est sûrement quelque chose auquel je n'ai jamais eu le courage de m'affronter.
17:59 - Dans ce film, dans Pardonnez-moi, vous insérez les rushs de cette audition qui remonte à l'âge où vous avez 7 ans.
18:06 - Oui, absolument.
18:07 - Dans ce moment-là, le directeur de casting vous demande de la dernière fois où vous aviez pleuré.
18:12 - Il vous pose la question. Vous vous souvenez ou pas ?
18:15 - Ah oui, oui, ça y est.
18:17 - Et vous avez dit, quelques années plus tard, que c'était le moment de votre vie le plus impudique.
18:21 - Je n'ai jamais dit pourquoi j'avais pleuré. Je me souviens très bien de ce qui s'est passé dans ma tête.
18:26 C'est qu'en vrai, je savais très bien pourquoi j'avais pleuré.
18:29 Je crois que j'avais dû encore pleurer pour la violence que je subissais.
18:33 Et qu'au moment où on me pose la question, je sais que je n'ai pas le droit de dire la vérité.
18:37 Donc j'ai dû inventer un truc bénin, genre tomber par terre ou tomber dans les escaliers.
18:43 Je ne sais plus ce que j'ai dû dire.
18:45 - Cette petite fille de 7 ans, qu'est-ce qu'il en reste aujourd'hui ?
18:48 Quand vous regardez, quand vous êtes seule avec vous-même ?
18:52 - J'ai plus la nostalgie de ma période avec mes enfants que la nostalgie de quand j'étais enfant.
19:01 - C'est vrai, vous êtes nostalgique de leur enfance ?
19:03 - Oui.
19:04 - Elle a 30 ans, votre fille Shana. 19 ans pour Diego.
19:07 - Oui.
19:08 - Quelle maman vous êtes ? Enfin, ils sont grands maintenant.
19:11 - C'est compliqué d'être une maman pour des enfants qui sont grands. C'est dur.
19:15 C'est dur de savoir répondre à ce qu'ils ont envie, de savoir se montrer présente sans être oppressante, étouffante.
19:25 J'apprends tous les jours, j'essaye des nouvelles astuces pour qu'ils sentent que je suis toujours là.
19:33 Mais je crois que malheureusement, ils ont plutôt besoin de mon absence que de ma présence.
19:39 Mais quand je dis ça, ils disent "mais non, c'est pas vrai".
19:44 - La création, elle est de plus en plus féminine dans le cinéma.
19:47 Maïwenn, vous l'avez observée, j'imagine.
19:49 Rebecca Zlotowski, Alice Winokour, Sophie Boudre, Mélissa Dreyjar, Sophie Le Tourneur.
19:53 Je pourrais en citer d'autres.
19:55 Il y a une évolution. Vous la sentez ? Vous voyez ce qui s'opère ?
20:00 Le sexisme est en baisse dans l'industrie cinématographique ?
20:04 - Il y a toujours eu des réalisatrices. Il y en a toujours eu.
20:08 Maintenant, j'ai l'impression qu'on parle plus des réalisatrices femmes en rappelant qu'il y a des chiffres...
20:19 J'ai l'impression qu'on parle plus des réalisatrices en les victimisant qu'en les mettant en valeur.
20:27 Moi, je préférais qu'on parle des cinéastes en disant "le film devient tel, tel", mais sans stabiloter que c'est une femme.
20:36 La meilleure façon d'être féministe, c'est de faire exactement comme les hommes,
20:41 c'est-à-dire d'exister avec son art, son travail, sans se victimiser, sans revendiquer son sexe.
20:49 On revendique un cerveau.
20:51 - Votre féminisme à vous, si je dis féministe dans le fond, féminine dans la forme, est-ce que c'est proche de votre philosophie ?
20:57 - Oui, bien sûr, je le suis, dans la forme et dans le fond, mais pas de façon radicale.
21:02 Je suis féministe en aimant les hommes, et les hommes sont très féministes.
21:07 La plupart des hommes que je fréquente, je ne vois pas le potentiel agresseur dans leur regard.
21:14 Enfin, ou alors, je ne sais pas, j'ai d'autres yeux, mais...
21:18 - Vous vous sentez rejointe ou pas ? - Totalement rejointe.
21:22 - Dans votre voix, dans ce discours-là ?
21:25 - Mais oui, oui. Tous les gens autour de moi sont désolés que ce monde soit restitué avec peu de nuances.
21:36 Mais c'est comme si les nuances n'étaient plus audibles.
21:42 Et puis il y a le problème des médias aussi, les médias adorent les discours radicaux.
21:47 C'est beaucoup plus...
21:50 - Vendeur ?
21:51 - Vendeur, il y a beaucoup plus de clics, de buzz, tous ces mots-là que je déteste.
21:56 - Alors, une image, si vous voulez bien.
22:00 - Tu cherches quoi exactement ? Dis-moi, qu'est-ce que tu veux ?
22:04 - Vivre sans toi, ne plus te voir. Tu vas pouvoir faire ce que tu veux, quand tu veux.
22:08 Personne ne fera de création, il n'y aura pas de larmes.
22:10 - Mais c'est toi, Viagé. Tu te rappelles quand même que c'est toi qui es venue me chercher ?
22:14 - Moi, je suis venue te chercher ?
22:15 - Tu as bien vu que j'étais un mec avec des potes, avec des bouteilles, tu m'as vu ?
22:18 Tu m'as calculé quand même, tu es une avocate.
22:21 Ce n'est pas comme si tu avais trouvé un mec dans une bibliothèque.
22:24 - Ouais.
22:26 - On quitte les gens pour la même raison.
22:29 - Exactement, exactement.
22:30 - Pour la même chose pour laquelle ils nous ont attirés en premier lieu.
22:32 - Exactement, et c'est pour ces raisons-là précisément.
22:34 - D'accord. Donc, ça veut dire que le prochain va t'attirer pour une raison et tu vas le quitter encore une fois.
22:39 Tu sais, il y a un moment où il faut construire.
22:40 - Mais on construit rien.
22:41 - Ah bon ?
22:42 - Non, on se détruit, c'est tout.
22:44 - 2015, Mont-Roi.
22:46 - J'adore cette scène.
22:47 - Oui, on adore cette scène, ce film avec Emmanuel Bercovin, son Cassel, bouleversant, troublant de justesse.
22:52 J'ai dû le voir cinq ou six fois, j'ai arrêté de compter.
22:55 Sans doute que ça fait écho aussi à une part de vie, une part d'improvisation aussi.
22:59 Est-ce que dans cette scène, c'est le cas ?
23:01 - Oui.
23:02 Franchement, ce film n'aurait pas été ce qu'il est sans le génie de Cassel.
23:07 C'était exceptionnel.
23:10 Il était tellement fort qu'à un moment donné, c'est comme s'il avait renversé le scénario.
23:16 Comme si on ne pouvait plus comprendre le personnage féminin.
23:23 Mais sur le tournage, on parlait beaucoup des rapports homme-femme.
23:28 Et c'était marrant parce que même le moindre régisseur, stagiaire, donnait sa perception des choses entre homme-femme.
23:38 Donc c'était une espèce d'écriture collégiale pendant tout le tournage.
23:44 - Avec quand même une vocation thérapeutique.
23:47 - Ça aussi, c'est...
23:51 Non.
23:52 C'est impossible de se laver ou de se soigner par les films.
23:57 Peut-être qu'il y a des gens qui tiennent un autre discours par rapport à ça.
24:01 En tout cas, moi, en l'occurrence, ce qui m'a sauvée des séquelles de mon enfance,
24:07 ce ne sont absolument pas d'avoir fait des films.
24:10 Ce sont l'analyse, prendre soin de soi.
24:15 Et ce qui m'a aidée, c'est que le cinéma m'a donné beaucoup d'amour, beaucoup de reconnaissance.
24:21 Mais ce n'est pas les sujets de mes films qui m'ont soignée.
24:24 - Mais aujourd'hui, vous êtes comment ?
24:26 - Maintenant, j'estime que je n'ai plus l'âge d'en vouloir à mes parents.
24:34 Mais je n'ai plus l'âge de me faire insulter non plus.
24:37 Donc c'est la limite que je donne entre eux et moi.
24:40 Ils ont le droit de ne pas être fiers de moi, de me critiquer, tout ce qu'ils veulent,
24:45 mais je ne veux pas qu'ils m'insultent.
24:47 - Maiwen, vous voulez bien vous déplacer ?
24:50 - Oui. - Allez !
24:52 Alors, cet appartement a été pensé pour vous, en tout cas accessoirisé pour vous.
24:59 Encore un peu plus loin, si vous voulez faire quelques pas vers la cheminée, en la dépassant.
25:05 - Ça, c'est le premier film que j'ai vu quand j'étais petite.
25:09 - Dès d'ici mai.
25:11 - Ma mère m'avait emmenée.
25:13 Il faut savoir que l'histoire de ce film, c'est l'histoire d'une mère
25:16 qui veut tout faire pour que sa fille devienne une star.
25:19 - Tout est dit. - Voilà.
25:21 J'étais dans la salle et comme ce que je voyais correspondait à ma vie de l'époque,
25:28 j'étais persuadée que c'était le film de ma mère.
25:31 J'ai mis du temps à comprendre que c'était juste un très grand cinéaste qui l'avait fait.
25:38 Mais dans mon inconscient de gamine, j'avais l'impression que ma vie dans un film existait déjà.
25:46 - Un peu comme une mise en abyme, je sais que vous aimez ça.
25:49 Ça doit être déconcertant.
25:51 Alors, est-ce que vous voulez écouter un disque ?
25:53 Et plutôt nous proposer de découvrir un de vos disques.
25:56 - Il y en a d'autres de Chadey ou il n'y a que celui-là ?
25:58 - Là, on a fait une petite sélection forcément.
26:01 Il n'y a que celui-là, mais vous pouvez vous asseoir et choisir entre Chadey, Ami Moïnaous, Madonna...
26:10 - Alors, je n'ai pas de vinyles chez moi.
26:14 J'ai vu que tous les gens qui étaient dans l'émission, ils savaient très bien manier les vinyles.
26:18 - Non. Disons qu'il y a des petits coups de main.
26:25 - Bon, écoutez, là, vous tentez en tout cas l'expérience.
26:29 - J'aime tellement zapper comme ça.
26:32 Alors, OK.
26:35 Si on me disait à qui tu veux ressembler, si on peut faire un coup de baguette magique, je dirais Chadey.
26:44 Chadey, c'est la femme la plus sensuelle de la planète.
26:53 Mais la musique, parfois, m'aime trop.
26:57 Alors, je dis par période, il y a des moments où je me sens forte pour en écouter.
27:03 Et puis, voilà, ça bouge.
27:07 Voilà, ça bouge.
27:10 - Maywen, on a un cadeau pour vous. - Ah oui ?
27:27 - Dans l'angle du canapé, à côté des fleurs.
27:33 - Alors, par devant, il y a comme un petit aimant.
27:37 Voilà.
27:38 - Oh ! Trop gentil.
27:41 Attends, c'est quoi ?
27:44 La télé.
27:46 - Soyez les bienvenus au voyage de la Méditerranée au Sahara, aux éditions La Martinière.
27:51 - Vous ne pouviez pas me faire plus plaisir ?
27:54 - Vous n'avez pas besoin de me faire plus plaisir.
27:57 - Vous n'avez pas besoin de me faire plus plaisir.
28:00 - Vous n'avez pas besoin de me faire plus plaisir.
28:02 - Vous ne l'avez pas, donc ?
28:03 - Non.
28:04 - Ah, formidable.
28:05 - Et j'achète quasiment tout sur Algérie. Moi, je suis une dépensière.
28:08 - Alors, voilà, il aura, j'espère, une jolie place dans votre bibliothèque.
28:12 C'est le récit des auteurs qui ont passé quatre mois en Algérie,
28:17 avec les dessins aussi qui vont bien, les photos, les images.
28:21 On a presque les odeurs, en fait, en parcourant ce livre, vous verrez, Maywen.
28:25 - C'est trop bien.
28:27 - Maywen, on a envie d'avoir une photo de vous.
28:30 Est-ce que vous voulez bien vous plier à l'exercice,
28:32 ce petit rituel de fin d'émission ?
28:35 - L'oranie.
28:37 - Donc, vous m'avez dit quoi ? Ah oui, l'appareil photo.
28:42 - L'appareil photo, il se trouve dans la bibliothèque de gauche.
28:46 Vous pouvez le laisser sur l'étagère.
28:48 Il suffit juste d'appuyer sur la petite étiquette orange qui est face à vous
28:51 et de prendre la télécommande en main.
28:53 Hop, ça va s'allumer.
28:56 Ça y est.
28:58 - Eh bien, voilà, il n'y a plus qu'à...
29:00 Parfait.
29:02 - Je la laisse là.
29:04 - Oui, s'il vous plaît.
29:06 Merci, Maywen. Je vais venir vous saluer.
29:09 - Hum.
29:11 - Merci, Maywen.
29:13 - Merci à tout de suite.
29:15 - Merci beaucoup d'être venue nous voir.
29:17 Ça s'appelle Jeanne Dubary, bien sûr, à Cannes, sur La Croisette.
29:19 On vous attend, on sera à vos côtés. Merci.
29:21 - Là, je sais qu'on est enregistré, donc je fais attention à ce que je dis.
29:24 Je connais les pièges.
29:27 C'est sympa.
29:30 J'aimerais bien que ça vive pareil.
29:32 Sous-titrage Société Radio-Canada
29:34 ...
29:57 ...