À l'occasion de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, l'invité de France Bleu Saint-Etienne Loire est Jérôme Masegosa, le président de l'association Triangle Rose qui défend les droits des personnes de la communauté LGBT+.
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00:00 Très bon début de journée avec nous, il est 7h46, avec notre invitée.
00:04 Nous parlons de cette journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie.
00:08 Car même si beaucoup a été accompli en 10 ans, c'est aujourd'hui l'anniversaire de la loi qui a ouvert le mariage pour tous.
00:14 Il y a encore du chemin à parcourir. Bonjour Jérôme Masegossa.
00:17 Bonjour.
00:18 Vous êtes le président de l'association ligérienne Triangle Rose qui défend les droits des personnes LGBT.
00:24 Cet anniversaire donc, 10 ans qu'a été promulgué la loi pour le mariage pour tous.
00:29 Qu'est-ce que ça a changé dans la vie des couples homosexuels ?
00:32 Alors 10 ans effectivement, c'est un anniversaire qui est important parce que ça nous a quand même ouvert de nouveaux droits.
00:39 Ça a permis aussi l'ouverture d'autres droits plus tard, comme le droit à l'ouverture à la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules.
00:45 Le droit aussi à l'adoption, donc même s'il y a encore beaucoup à faire sur ce sujet là.
00:50 Ça a aussi malheureusement eu d'autres répercussions puisque avec l'expression des personnes qui étaient contre le mariage pour tous,
00:59 donc de la manif pour tous dans la rue, on a aussi eu directement une augmentation l'année suivante des agressions en caractère LGBTQIphobe.
01:06 Puisque l'année qui a suivi le mariage pour tous, les agressions ont augmenté de 74% d'après les chiffres de SOS Homophobie.
01:12 Et ce qu'il faut savoir c'est que depuis 2014, les chiffres n'ont jamais baissé en fait.
01:15 Ils ont continuellement augmenté aussi bien pour les agressions verbales que physiques.
01:19 Et cette année c'est encore malgré le cas, on l'a vu avec les chiffres, c'est 28% d'augmentation cette année.
01:24 Et ça c'est lié au fait que peut-être il y a aussi davantage de visibilité pour les couples LGBT+.
01:30 Alors davantage de visibilité oui, parce qu'on le remarque généralement quand il y a un peu plus de visibilité,
01:37 il y a aussi malheureusement des personnes qui sont plus enclin à être contre cette visibilité là.
01:42 On a aussi une parole qui s'est libérée, ça il ne faut pas l'oublier.
01:45 Donc la parole des victimes s'est un peu libérée, il y a encore beaucoup à faire.
01:50 Malheureusement trop de gens qui ne portent pas plainte ou qui ne sont pas en capacité d'avoir des plaintes qui soient reçues aussi,
01:56 pas quand elles les déposent, donc ça il y a du travail encore.
01:59 Mais effectivement il y a quand même aussi plus de témoignages.
02:04 Malheureusement on a aussi plus de personnes qui inversement sont violentes.
02:08 Et donc les actes homophobes, vous en parliez, il y en a toujours chaque jour.
02:11 Dernièrement, rien que ce week-end, dans le milieu du football, plusieurs joueurs de Ligue 1 ont refusé de jouer ce week-end à Toulouse, à Guingamp, à Nantes,
02:19 parce qu'ils ne voulaient pas porter un maillot aux couleurs du drapeau arc-en-ciel, le drapeau de la communauté LGBT+.
02:25 C'était une opération de sensibilisation de la Ligue de football professionnelle.
02:29 Est-ce que ces réactions de joueurs vous ont surpris, est-ce que ça vous a même choqué ?
02:32 Alors, surprise non, parce que ce n'est pas la première fois que ça arrive en fait.
02:35 Ça fait cinq ans que cette campagne existe dans le football.
02:38 L'an dernier, on a déjà eu un joueur du PSG qui avait refusé de jouer par rapport à cela.
02:43 Cette année, on constate qu'il y en a plus en fait que les années précédentes, et c'est ça qui est un peu plus embêtant.
02:49 Non seulement il y a plus de joueurs, mais on a aussi des déclarations de coachs qui sont quand même un peu lunaires ce week-end.
02:55 Vous pensez au coach de Brest notamment ?
02:57 Le coach de Brest, ou le coach de Rennes aussi, où c'est problématique.
03:01 Bruno Genesio notamment, qui déclare qu'il ne voit pas l'intérêt de faire une journée comme ça dans le football.
03:06 Vu les réactions qu'il y a eu ce week-end, je pense que l'intérêt est quand même assez visible.
03:10 Le coach de Brest, effectivement, sa déclaration est carrément lunaire,
03:15 puisqu'on a un coach qui déclare que ça va carrément frotter le championnat parce qu'il y a des joueurs qui seront absents.
03:20 Argant du fait que les points visiblement comptent plus quand il y a des joueurs absents en fin de championnat qu'en début.
03:27 Ce qui, honnêtement, pour moi, trois points c'est trois points.
03:29 Quand on les perd dans les deux cas, ça fait zéro.
03:31 Le coach de Brest a présenté ses excuses depuis, mais en effet ses propos ont fait énormément réagir.
03:36 Ça reste quand même symptomatique d'un état d'esprit dans le sport en général, dans le football particulièrement ?
03:41 Exactement. On prend en exemple le football là, mais dans le sport en général c'est quand même symptomatique.
03:45 Dans le sport masculin notamment. Dans le rugby c'est un peu moins compliqué.
03:50 On n'a quand même qu'un seul joueur professionnel actuellement en France qui a fait son coming-out.
03:54 Donc il joue en pro D2, qui joue à Rouen. Dans le foot, il y en a zéro en France.
03:58 Il n'y en a que deux dans le monde international qui ont fait leur coming-out.
04:02 Donc on en a un en Australie qui s'appelle Josh Cavallo.
04:04 Et récemment on a eu un international tchèque, que je vais écorcher sûrement au niveau de son nom,
04:10 qui s'appelle Yacoub Iankto, qui a fait son coming-out.
04:13 Mais c'est très très peu d'exemples encore dans le foot masculin.
04:16 Ça reste très marginal en effet.
04:18 Un mot sur la situation à Saint-Etienne, puisque l'association Triangle Rose de Jérôme Assegossa
04:23 a dénoncé le volet homophobe dans l'affaire du chantage à la vidéo intime.
04:27 Qu'est-ce que vous vouliez dire par là ?
04:29 Alors nous on a dénoncé effectivement le climat ambiant homophobe à Saint-Etienne,
04:34 parce qu'il faut savoir que c'est un tout en fait.
04:37 On a eu déjà avant l'affaire, des problèmes assez graves à Saint-Etienne d'agression dans la rue,
04:43 notamment de guetapans en plein centre-ville.
04:46 Donc il y avait déjà des problématiques.
04:49 Face à cela, on espérait avoir une municipalité qui soit la plus investie possible,
04:55 notamment quand elle vient, lors de la marche des fiertés, montrer son soutien,
04:59 dont on peut maintenant quand même questionner la sincérité.
05:02 On est plus dans le cadre du pink-washing, comme on le dit, que d'un soutien franc.
05:07 Et la question qu'on se pose en fait, c'est comment est-ce qu'on peut avoir une municipalité pleinement investie
05:12 quand notre maire, le premier rédif de la ville,
05:16 quand il est témoin lui-même d'insultes à caractère homophobe, ne réagit pas ?
05:19 Est-ce que ça compromet le travail et l'avenir avec la mairie,
05:22 notamment, vous le disiez, pour la deuxième marche des fiertés qui est censée avoir lieu à Saint-Etienne à l'automne ?
05:26 La deuxième marche des fiertés se fera en fait, sans la municipalité,
05:29 elle se fera quand même.
05:30 Elle se fera quand même.
05:31 Et vous envisagez de peut-être vous joindre à la procédure judiciaire
05:34 dans l'affaire justement sur cette chantage à la vidéo intime,
05:38 notamment "SOS Homophobie a dit qu'il pourrait se constituer partie civile".
05:41 Alors effectivement, on savait qu'SOS Homophobie pourrait se constituer partie civile.
05:44 Il y a d'autres initiatives qui sont actuellement en cours à Saint-Etienne.
05:47 En fait, on est en train de réfléchir un peu ensemble, sur toutes les associations,
05:50 à ce qu'on va faire plus tard.
05:52 Donc, quelle prendra la tournure des événements ? On ne le sait pas.
05:55 Mais par contre, il y aura une initiative qui sera faite, effectivement.
05:57 Merci beaucoup, Jérôme Masegossa, le président de l'association Triangle Rose,
06:01 association qui défend les droits des personnes LGBT+.
06:04 Merci d'avoir répondu à nos questions et passez une bonne journée.
06:06 Merci.