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Court métrageTranscription
00:00 [Musique]
00:24 [Musique]
00:32 Tu te rappelles Mistral dans le Ranch ?
00:33 Oui, il nous avait marqué parce que la mise en scène le présentait comme un véritable animal difficile à contrôler.
00:38 On s'est fait spontanément la réflexion que c'était rare dans les dessins animés que les animaux soient campés comme des animaux.
00:42 Et c'est vrai ça au final ?
00:44 C'est à nuancer je suppose comme toutes les impressions générales qui restent quand on a regardé vraiment beaucoup beaucoup de dessins animés
00:50 et qu'on a l'impression d'observer certaines récurrences sans pour autant se rappeler d'exemples précis.
00:53 Déjà puisque ce jugement tient à ce que le fait d'être comme un vrai animal entre en conflit avec le fait d'agir de manière efficace dans une intrigue
00:59 car rappelons qu'une intrigue est plus qu'une succession d'événements,
01:02 ce qu'on peut observer sur la façon dont les animaux sont campés dans les dessins animés peut sans doute s'étendre à la fiction en général
01:06 au moins à la fiction jeunesse et ne pas être tellement spécifique des dessins animés.
01:10 Mais surtout cette question sera étroitement liée à une autre.
01:12 Pourquoi la fiction met-elle en scène des animaux ?
01:14 La réponse variera en fonction de la situation.
01:16 D'abord selon qu'on est dans une histoire d'humains qui interagissent avec des animaux,
01:19 dans une histoire d'animaux anthropomorphisés
01:21 ou dans une histoire de protagonistes animaux qui évoluent dans un monde d'humains,
01:24 l'effet produit ne sera pas le même
01:26 et ensuite, chacune de ces trois bases peut être explorée de manière très variée.
01:29 L'aspect animal de l'animal peut être très exploité ou très peu exploité dans tous les cas de figure.
01:33 On a donc vraiment un large panel de situations diverses.
01:35 Donc je suppose que c'est vrai que le cas de figure "l'animal du héros humain est un vrai animal" est un cas de figure plutôt rare.
01:41 Mais est ce que c'est pas dû à la multiplicité des cas de figure possible ?
01:43 Je sais pas trop.
01:45 Dans le cas d'une histoire où le héros humain a un animal de compagnie, le plus courant est quand même que cet animal de compagnie
01:50 même quand il ne parle pas, ne soit pas un vrai animal mais une espèce de créature fantastique connectée à la vérité suprême de l'univers.
01:58 Assez intelligente pour faire ce qu'il faut quand il faut,
02:00 comprendre qu'il y a un truc qui cloche sans véritable raison
02:03 et deviner le scénario avant tout le monde.
02:05 Il faut dire que ça donne une utilité à l'animal dont on ne saurait sans doute pas trop quoi faire sinon
02:09 à moins que comme dans le Ranch, il soit le sujet du scénario.
02:12 Oui bien vu, le mot clé est celui d'utilité.
02:14 Quand nous entreprenons une action, nous sommes utiles à l'exécution de cette action
02:18 mais c'est un non-sens de parler des autres animaux en termes d'utilité si l'idée est de leur faire faire des choses pertinentes dans l'histoire de personnages humains.
02:23 Or c'est pourtant le but de la fiction, de raconter une histoire, pas de retranscrire fidèlement la réalité
02:28 et du coup, le comportement des animaux sera dicté plus par la nécessité scénaristique vue en termes d'utilité
02:33 que par leur caractère animal vu comme un état de fait.
02:35 C'est normal, c'est même très bien.
02:37 Je ne dis pas le contraire mais j'ai l'impression que cette tendance n'est pas sans effet sur l'inconscient collectif.
02:42 Nous sommes aujourd'hui dans une société très urbanisée, très éloignée à ses propres yeux de l'idée qu'elle se fait de la nature et du monde animal.
02:49 Et en écoutant mes contemporains, j'ai l'impression que la dite nature et les dits animaux sont très idéalisés
02:56 ne serait-ce qu'à travers le fait qu'on les définit par exclusion de l'humain et de ses créations.
03:00 Combien de publicités sont fondées sur l'idée que tel produit vendu est fabriqué à partir d'ingrédients d'origine naturelle?
03:06 Alors que bon, quel que soit le degré de transformation d'un produit, il y aura forcément au début de la chaîne de production un élément de construction qui a été ramassé dans la nature.
03:15 D'ailleurs ce serait quoi l'alternative?
03:17 D'aller le chercher dans une autre dimension?
03:19 En outre, à l'époque où je cherchais un emploi, j'ai travaillé une semaine dans une animalerie
03:23 et une chose m'a marqué, c'est combien les propriétaires d'animaux parlaient entre eux comme d'une évidence de la sagesse et de l'empathie que leur amour des animaux leur donnait.
03:32 Sagesse et empathie que ne pourraient bien évidemment jamais éprouver ceux qui n'ont pas d'animaux vu que seule la proximité des animaux peut y donner accès.
03:40 Et tu as l'impression que ça, c'est dû à la façon dont les animaux sont représentés dans les dessins animés?
03:44 L'idée n'est pas de moi.
03:45 Quand j'étais plus jeune, j'ai lu ce roman de Janine Boissart, Croisière.
03:49 C'est l'histoire de deux filles qui font une croisière.
03:51 J'aurais pas deviné.
03:51 Peu importe, c'est vraiment pas mon livre préféré mais il y a un passage qui m'a marqué.
03:56 A un moment, le capitaine du bateau découvre qu'une des deux filles a emmené dans sa cabine son lapin de compagnie.
04:01 Ce qui est interdit pour des raisons d'hygiène et de sécurité.
04:03 Il veut faire débarquer l'animal aussitôt ce qui désespère et scandalise l'héroïne.
04:08 La narration en style indirect libre nous livre son cheminement de pensée.
04:12 Elle se fait la réflexion que quand on était petit, on nous faisait aimer les animaux via les dessins animés et les livres pour enfants
04:17 et qu'une fois adultes, on mange de la viande et on enferme les animaux dans des cages.
04:21 Je crois que ce passage a été écrit tout à fait au premier degré par Janine Boissart
04:26 qui relève réellement le décalage entre la façon dont les dessins animés nous dictent de percevoir les animaux
04:31 et la façon dont la société humaine les perçoit effectivement.
04:34 Alors la question du droit des animaux et du statut juridique qu'il faut leur accorder, c'est un sujet vaste et complexe sur lequel d'autres sont plus experts que nous
04:41 donc on va pas s'étendre sur ce point.
04:42 Mais effectivement, on peut se poser la question de la représentation des animaux dans les dessins animés.
04:46 Est-ce si rare de la part de la fiction jeunesse de présenter le règne animal sous un jour négatif
04:50 et est-ce que les dessins animés ont effectivement tendance à idéaliser la nature et les animaux?
04:53 Sachant qu'un grand nombre de fictions pour enfants impliquent des animaux venant en aide aux héros parce que c'est le héros,
04:59 le fait de les présenter sous un jour positif se fera plus par automatisme et par nécessité scénaristique que par militantisme animaliste.
05:06 "Oh Batman, quelle noblesse dans le geste chevaleresque de ce morceau."
05:11 "Oui Robin, noblesse de la part de cet animal de s'être placé sur la trajectoire de cette torpille."
05:17 Et c'est encore plus automatique dans les fictions impliquant des animaux qui parlent.
05:21 Oui parce que des fois, on est dans un monde où les animaux parlent, c'est comme ça.
05:24 Dans ce contexte, on se demande pourquoi les animaux sont soumis à l'homme.
05:27 C'est en général justifié par le fait que contrairement à ce que dit le générique des Contes du chat perché, les animaux sont bêtes.
05:32 Quand les humains parlent aux animaux mais que ceux-ci sont des vrais animaux,
05:34 on s'efforce de faire avoir aux personnages animaux un comportement qui rappelle que c'est des animaux.
05:38 Ou alors comme dans Cendrillon, la parole ne vient aux animaux que lorsque l'héroïne humaine cesse de les traiter en animal et leur donne accès à l'humanité en leur mettant des vêtements.
05:45 C'est assez subtil dans le Disney.
05:47 La série Mondo va plus loin.
05:49 C'est la fée marraine qui donne la parole aux animaux pour les récompenser s'ils se sont bien comportés.
05:53 Mais faire parler les animaux tout en les laissant subordonner aux humains sans attirer l'attention du petit spectateur sur le fait qu'il y a un problème systémique là-dedans,
05:59 ça implique de montrer les animaux heureux ou en tout cas satisfaits de leur subordination.
06:03 Donc d'en faire des personnages extrêmement gentils et extrêmement sympathiques
06:06 et s'ils se rebellent contre leur maître, de démontrer que cette rébellion est illégitime et dictée par un fort mauvais caractère.
06:11 Ca c'est dans le cas où l'histoire présente effectivement comme normal la subordination des animaux qui parlent aux humains.
06:16 Ce n'est pas un cas de figure si courant dans les séries animées car ça renvoie à une sorte d'idée d'ordre naturel des choses
06:22 et présenter un rapport de domination impliquant des humains comme légitime car naturel, ça fait bien longtemps que ce n'est plus très à la mode.
06:28 Mais même dans le cas de figure inverse où les animaux n'acceptent pas la domination des humains,
06:33 si on présente le point de vue animal de la situation, on est obligé de présenter les animaux comme positifs, ne serait-ce que par comparaison.
06:40 Si l'humain a besoin de faire des tests sur des animaux pour faire progresser la médecine,
06:45 la narration doit bien insister sur le fait que faire progresser la médecine, ça a pour but de satisfaire une curiosité malsaine, pas de sauver des vies.
06:53 Oui bon, il faut bien tenir compte du fait que la cruauté des humains vis-à-vis des animaux ne suscitera pas autant d'antipathie selon qu'ils comprennent les animaux qui parlent ou non.
07:00 Dans les cas de figure qui sont quand même les plus rares où ils les comprennent et entendent leur plainte,
07:04 la mise en scène n'a pas besoin d'en rajouter sur le fait que les parents sont vraiment des connards de vouloir noyer le chat.
07:08 Lorsque les humains, à la possible exception du héros, ne comprennent pas les animaux,
07:12 il faut vraiment forcer le trait et rendre les braconniers particulièrement antipathiques pour bien faire comprendre que c'est pas un malentendu et qu'ils ont mérité les sales tours que leur jouera Elisa de la jungle pour protéger ses amis.
07:20 A noter que dans les dessins animés, si les humains ne comprennent pas toujours les animaux qui parlent,
07:25 en tout cas, les animaux qui parlent de différentes espèces se comprennent entre eux, systématiquement.
07:29 Les animaux qui ne parlent pas aussi d'ailleurs.
07:31 Bah oui, rappelle-toi, les animaux sont des espèces de créatures fantastiques reliées télépathiquement à l'esprit de la nature.
07:36 Oui, ils se comprennent tous entre eux.
07:38 Selon la fiction, ils ne comprennent pas les humains quand ils parlent ou les comprennent mais c'est pas réciproque.
07:42 Les humains sont exclus de cette compréhension universelle car ils sont artificiels.
07:45 On en revient à tes produits d'origine naturelle.
07:47 Bon évidemment, il y a aussi quelques cas comme Wounchpounch et la petite sirène où les humains comprennent les animaux tant qu'ils ne savent pas que c'est des animaux qui parlent
07:53 et où du coup, c'est pas tellement que les humains sont fondamentalement exclus de la nature avec un grand N
07:57 mais plutôt qu'ils lui ont volontairement tourné le dos
07:59 et ne l'entendent que quand quelque chose surmonte leur blocage psychologique qui les rend sourds à la voix des animaux.
08:03 A noter que s'il n'y avait pas eu les suites de Cendrillon, on ne saurait pas si d'autres humains que Cendrillon sont en mesure de comprendre le peuple souris
08:08 qui a gagné la parole parce que Cendrillon les a civilisés et artificialisés en leur donnant des vêtements.
08:13 Tout ça, c'est plutôt l'exception que la règle alors on va peut-être pas trop s'attarder sur ce cas de figure.
08:17 Mais pour en revenir au cas des animaux qui se comprennent tous entre eux,
08:20 à partir du moment où l'histoire a établi ça, quelques problèmes se posent.
08:25 Déjà dès qu'il s'agit d'introduire des intrigues amoureuses.
08:29 "Minus, tu es une souris et c'est une jument."
08:32 "Ne recommence pas avec ça s'il te plaît."
08:34 Je veux bien être ouverte d'esprit mais d'un point de vue purement technique.
08:40 Comment vont-ils faire pour...
08:43 Ca pose pas de problème dans Shrek visiblement
08:45 mais sinon c'est évidemment le premier truc auquel tu penses.
08:47 Non, c'est pas le premier truc.
08:48 Le premier truc auquel je pense, c'est qu'on se retrouve avec le même type de problème que dans les histoires d'animaux qui parlent subordonnés aux humains.
08:55 Les prédateurs qui parlent mangent des proies qui parlent et qu'ils peuvent comprendre.
09:00 La plupart des histoires qui partent sur cette base essayent de noyer le poisson pour faire oublier ce fait
09:05 et quand elles le font pas, ça donne des histoires perturbantes.
09:09 Perturbantes pour toi surtout.
09:10 Oui j'avoue.
09:11 Il y a des histoires qui me perturbe plus que les autres et quelque chose avec quoi j'ai beaucoup de mal,
09:16 c'est les histoires impliquant du cannibalisme.
09:18 Le visionnage de Madagascar et celui de Beastars ont été vraiment très douloureux pour moi à cause de ça.
09:24 Les deux cas de figure sont très différents.
09:26 Madagascar traite plus ou moins ça comme un gag et ne s'attend pas à ce que le jeune spectateur trouve ça choquant.
09:30 Alors que Beastars aborde le sujet de front pour choquer.
09:33 Justement, on viendra sur le fait d'aborder le sujet de front
09:36 mais Beastars présente ça comme trop anormal pour être normal et trop normal pour être anormal.
09:40 On est censé trouver ça simultanément choquant, routinier et crédible.
09:44 Ça marche pas, faut choisir deux sur trois.
09:47 L'approche moins irrationnelle de Zootopie sur le même sujet m'a plus convaincue
09:51 et m'a permis davantage d'accepter la mise en scène du cannibalisme.
09:54 Mais bon, quoi qu'il en soit, c'est assez rare que les auteurs prennent ce type de partie dans les histoires d'animaux qui parlent.
10:01 En général, la solution est plutôt d'évoquer le moins possible le régime alimentaire des personnages
10:05 ou bien de camper les carnivores comme étant les méchants de l'histoire.
10:08 Ça fait passer les prédateurs pour des personnages cruels alors que bon, ils sont bien obligés de se nourrir pour survivre.
10:14 Mais en même temps, comment rendre compatible le fait que les personnages parlent et doivent pour survivre manger d'autres personnages qui parlent?
10:20 Plusieurs solutions.
10:21 Soit les animaux carnivores de l'histoire acceptent de se mettre au végétarisme temporairement ou définitivement,
10:26 soit on ne donne la parole qu'à certaines catégories d'animaux et pas d'autres.
10:30 Dans ce dernier cas, quand les prédateurs parlent mais pas les proies, la vie des proies n'est pas spécialement prise en considération.
10:36 Et quand les proies parlent mais pas les prédateurs, les prédateurs sont campés comme des monstres que les héros vont affronter courageusement.
10:43 Il y a aussi des cas intermédiaires.
10:45 Dans Madagascar, Alex le lion parle très bien mais les foussas, eux, parlent très peu et mal.
10:50 Il arrive aussi que les prédateurs muets deviennent parlants au cours de la série.
10:53 Comme tu as dit, on peut aussi essayer de noyer le poisson en faisant faire au carnivore un long discours sur combien il est reconnaissant à sa proie de lui laisser le droit de la manger.
11:00 Mais je ne suis pas sûr que ça passe des masses.
11:01 Comme dit précédemment, ça renvoie à une notion d'ordre naturel des choses qui est démodée.
11:04 Le public accepte sans doute plus facilement qu'on lui parle de cycle de la vie que de légitimité de l'asservissement
11:09 mais tout de même, vaut mieux ne pas en faire la pierre angulaire de l'intrigue.
11:12 Bon bref, à part quand on veut éviter de camper des situations glauques où prédateurs et proies parlent entre eux,
11:18 les animaux parlent généralement une espèce de langage universel qu'ils comprennent tous.
11:22 Les pagnoles?
11:24 Tu viens de perdre tous ceux qui n'ont pas vu la vidéo sur la mystériosité d'or.
11:27 Quand un humain comprend ce langage universel des animaux, ça s'apparente souvent plus à de la télépathie qu'à un langage.
11:33 Il n'y a guère qu'Elisa de la jungle qui parle aux animaux en imitant leurs cris.
11:36 D'ailleurs dans la famille de la jungle, du coup, c'est assez incompréhensible que les animaux se comprennent entre eux alors qu'ils ne comprennent pas les humains
11:43 vu qu'à côté, c'est assez clair qu'ils ont des cris différents.
11:46 Note que dans le projet d'origine, les animaux comprenaient les humains.
11:48 C'est vraiment un développement tardif dans la conception de la série.
11:51 Dans les fictions où les animaux ne parlent pas,
11:53 il n'est pas rare de les voir malgré tout agir et se comporter comme s'ils étaient capables d'un raisonnement compliqué du genre de ceux que les humains produisent.
11:58 Dans Phineas et Ferb, les agents de l'OSS ne parlent pas.
12:01 "Le chat parle, le hibou parle, le chien parle, l'adun parle."
12:04 Il est présenté comme normal que les animaux ne parlent pas.
12:07 Pourtant ils raisonnent et savent lire et s'expriment en langue des signes.
12:09 C'est un exemple caricatural tiré d'une série humoristique mais ce cas de figure se retrouve aussi dans les fictions sérieuses
12:15 ou au moins les fictions où le cas de l'animal n'est pas censé être un gag.
12:18 Alors ne nous faites pas dire ce qu'on n'a pas dit.
12:20 Nous savons bien qu'on peut faire faire un tas de choses très compliquées à un tas d'animaux différents.
12:24 C'est plus un problème de flexibilité et de fiabilité.
12:26 Milou dans Tintin ou Spip dans Spirou agiront toujours avec un ordre de priorité identique à celui des humains
12:31 et donc c'est toujours sûr et certain qu'ils vont orienter leurs efforts d'une manière qui paraîtra logique et compréhensible au spectateur humain.
12:36 C'est ça qui rend Le Ranch aussi marquant.
12:38 Mistral n'a pas cette fiabilité.
12:40 On est interpellé par cette série parce qu'on s'attend plutôt à voir les animaux se conduire de façon aussi intelligente que des humains muets
12:45 voire être plus intelligent que des humains muets.
12:48 Donc les animaux de fiction sont à la fois des humains qui s'ignorent ou des humains que l'humanité ignore
12:52 et les particules élémentaires d'un grand ensemble naturel dont l'humanité est exclue ou s'est exclue.
12:56 Selon toi, c'est de ce paradoxe que provient notre perception inconsciente collective des animaux?
13:00 Ben c'est logique.
13:01 Les animaux de fiction peuvent faire la même chose que les humains de la même façon et pour les mêmes raisons
13:05 mais ils sont liés entre eux et au reste de la nature par une langue commune qui les rassemble et les distingue de l'homme.
13:11 La seule conclusion à tirer de cette représentation est qu'il existe une différence essentielle et non pas de degré entre le naturel et l'artificiel.
13:19 Et la fiction pour enfants, même s'il y a comme on l'a dit plusieurs cas de figure possible,
13:23 fonctionne très majoritairement sur ce modèle lorsqu'elle aborde la question des animaux.
13:27 Du coup avant d'aller plus loin, on devrait les lister ces cas de figure possible.
13:30 Alors seulement on pourra juger de s'ils nous semblent plus ou moins fréquents.
13:33 Ok...
13:34 Pour vous en exclusivité dans ces dessins animés là qui méritent qu'on s'en souvienne,
13:38 voici notre top je sais pas combien des types d'animaux qu'on peut trouver dans la fiction en général et dans les dessins animés en particulier.
13:44 Mais c'est impossible à prononcer ce truc, comment tu fais?
13:46 Je souffre mais je fais.
13:48 Bref, type d'animal numéro 1, celui qui parle qui est comme un humain mais en animal.
13:52 Il y a des cas un peu ambigu comme celui de Pichu dans les cités d'or ou la grenouille dans la forêt de l'étrange
13:57 mais la plupart du temps, le dessin animé tranche assez clairement sur le fait que l'animal parle, que les humains comprennent ce qu'il dit
14:04 et qu'il comprend ce que lui disent les humains.
14:06 Il n'est pas rare qu'on lui ajoute un titre de langage, une diction particulière voire qu'on le fasse parler dans une autre langue.
14:12 Des fois, le fait qu'il parle est justifié scénaristiquement.
14:15 La vache dans Monaré Nenko est comme ça parce qu'on lui a greffé le vocabulateur du frigo.
14:19 Et la diction particulière de l'animal peut aussi être un gag.
14:23 "Scooby, c'est Vera. Passe moi Samy.
14:26 Parce que j'ai beaucoup de mal à te comprendre au téléphone."
14:29 Le gag peut aussi porter sur le fait que l'animal est exceptionnellement intelligent, voire méchamment intelligent.
14:33 Mais souvent, de gag, il n'y aura pas.
14:35 Le personnage sera juste un personnage normal avec un skin d'animal et peut-être une personnalité légèrement plus animale mais tout à fait sérieux.
14:41 Souvent, cet animal est unique ou rare.
14:44 Mais plus rarement, comme on l'a évoqué en début de vidéo, tous les animaux du monde sont comme ça.
14:48 C'est notamment le cas dans Bernard et Bianca.
14:50 Du coup, type d'animal numéro 2, celui qui ne parle pas mais est quand même intelligent comme un humain.
14:55 Des fois, c'est justifié scénaristiquement aussi comme pour Data 7, la panthère dans Cyber 6 qui est la même chose que Cyber 6 dans Un corps de panthère.
15:01 Type d'animal numéro 3, la mascotte.
15:03 Ah la mascotte!
15:05 Parlons en de la mascotte!
15:07 La mascotte est une mauvaise idée?
15:08 Les mauvaises idées, c'est rare.
15:10 Les idées mal exploitées, c'est plus courant.
15:12 La mascotte, c'est comme l'épisode du singe.
15:14 Il n'y a pas de raison conceptuelle pour que ce soit souvent raté.
15:18 Allons donc, l'épisode du singe est plus souvent raté que la mascotte.
15:20 Oui, non, c'est pas ce que je voulais dire.
15:23 La mascotte n'est pas toujours un animal mais s'en est souvent un.
15:26 C'est surtout une recette impopulaire.
15:29 Tout le monde en a ras le bol et le personnage de la mascotte est souvent clivant
15:33 parce qu'il a souvent un comportement excité et une voix énervante,
15:36 parce qu'il détonne quand le style général de la série est par ailleurs plutôt sérieux
15:40 sans compter son utilisation un peu facile comme des housses ex machina.
15:43 Cette impopularité n'est pas forcément méritée parce que le concept en soi n'est pas mauvais,
15:48 c'est juste que...
15:50 comment dire...
15:51 Allez, exprime-toi.
15:52 J'ai pas envie de dire que c'est une recette paresseuse.
15:55 C'est ce qu'on prétend des recettes de prophétie
15:57 et quand je vois les efforts de cohésion et d'ingéniosité que nécessitent les histoires de prophétie,
16:02 je trouve l'accusation injuste.
16:04 Cependant, des mascottes réussies, j'en vois plein
16:06 mais il n'y en a aucune qui me fait dire que l'accusation de facilité serait mal placée.
16:11 La mascotte, ça paraît une recette facile à mettre en place
16:14 qui ne nécessite pas beaucoup d'efforts pour marcher
16:16 et je ne vois pas vraiment cette facilité compensée par des trésors d'ingéniosité dans la façon de l'utiliser.
16:22 Si la mascotte est badass, ça marche à cause du décalage entre sa badassitude et le fait que c'est la mascotte.
16:27 Où est le problème du moment que ça marche?
16:29 Et la plupart du temps, ça marche.
16:30 Et quand ça marche pas, le plus souvent, la mascotte est juste insignifiante et on la retient un peu à part pour sa mignonitude.
16:34 Il y en a dont la mignonitude est une fin en soi et ça fonctionne.
16:38 Donc ce que je veux dire, c'est que je comprends un peu mieux l'impopularité de la recette de la mascotte
16:41 que je ne comprends l'impopularité de la recette de la prophétie.
16:44 La mascotte est quand même bien pratique pour ne pas trop se poser la question de comment captiver et amuser les enfants en attendant que l'intrigue continue.
16:51 Si les mascottes sont créées pour attendrir et amuser le petit spectateur pendant que l'intrigue est en pause,
16:55 pourquoi il en existe qui sont juste là et dont la fonction n'est pas plus élaborée que celle des éléments de décor?
16:59 Par volonté de camper le héros comme sympathique parce qu'il s'occupe d'un animal peut-être?
17:04 Quoi qu'il en soit, le problème fréquent des mascottes, c'est pas uniquement qu'elles sont parfois énervantes,
17:09 c'est aussi que ce sont elles qui se retrouvent dans le cas de figure qu'on a déjà évoqué
17:12 où l'animal est trop intelligent pour notre suspension consentie de l'incrédulité.
17:17 Ouais quand elles sont utilisées comme ça.
17:18 Des fois, les mascottes sont juste là pour avoir leur sous-intrigue de leur côté comme les animaux dans Clémentine.
17:22 Oui mais c'est pas forcément le cas de figure le plus courant.
17:25 La plupart du temps, on introduira une mascotte surtout pour qu'un personnage puisse monologuer sans avoir l'air fou.
17:31 Bon on a fini avec les mascottes.
17:32 Je suppose, qu'est ce qu'on a d'autre?
17:34 Type d'animal numéro 4, le vrai animal genre Mistral dans Le Ranch.
17:37 Un oiseau rare, enfin il nous a semblé.
17:39 Est ce qu'il est réellement si rare?
17:40 Eh ben de mémoire, je peux te citer Mistral, la panthère de Stelina et le chat de Blaise dans Blaise le Blazé.
17:45 Bon ça c'est des animaux qui viennent réellement d'intrigues dans le sujet et parler de comment on s'occupe d'animaux domestiques.
17:50 Reconnaissons que nous n'avons pas vu tellement de dessins animés qui parle de ce sujet là.
17:53 Notons d'ailleurs que Kiwi dans Code Lyoko est très très peu désanimalisé afin de se rendre utile dans l'intrigue
17:58 et quand on y réfléchit, c'est probablement parce que sa principale fonction est qu'entre autre chose,
18:02 les héros doivent cacher qu'ils ont un chien parce que c'est interdit d'en avoir un au collège.
18:05 C'est peut-être pas le cas de figure qui est rare, c'est peut-être nous qui ne regardons pas les bons dessins animés.
18:08 Nous faisons des vidéos sur des dessins animés depuis 12 ans et nous regardons des dessins animés souvent.
18:14 Pour que nous ne soyons pas tombés fréquemment sur un cas de figure,
18:17 je pense pouvoir affirmer sans trop de prétention que ce n'est pas un cas de figure trop fréquent.
18:21 Mais admettons, type d'animal numéro...
18:24 5.
18:24 Type d'animal numéro 5, le plus tôt.
18:26 Le quoi?
18:27 L'animal d'animal.
18:28 Une souris qui a un chat.
18:30 Tu crois qu'on veut parler de ça avant de parler des humains qui ont un skin d'animal plus ou moins significatif dans leur personnalité?
18:35 Hum... t'as peut-être raison.
18:37 Type d'animal numéro 5 bis, l'humain avec un skin d'animal.
18:40 Il y a les cas où c'est vraiment juste cosmétique comme dans Montana
18:43 et il y a les cas comme Franklin qui sont plus ambiguës parce que les personnages ont réellement les caractéristiques de leur espèce.
18:48 Arnaud est petit et lent, Lily vit dans un barrage, Laurignal marche à 4 pattes, la chauve-souris vit la nuit
18:53 et donc comme on disait, ils ont des animaux de compagnie tout en étant des animaux eux-mêmes.
18:56 C'est perturbant.
18:57 C'est d'autant plus perturbant quand l'animal et le maître ont la même tête.
19:01 Dungan et Pluto sont dessinés de manière très similaire.
19:04 C'est d'autant plus flagrant quand on voit des versions humanisées de Pluto pour être les voix de sa conscience.
19:08 Mais pour revenir à l'humain avec un skin d'animal,
19:11 il faut noter que la plupart du temps, on est dans un univers où tous les humains ont des têtes d'animaux.
19:14 La plupart du temps.
19:15 Et de temps en temps, on a des cas de figure où il y a un animal anthropomorphisé parmi les humains sans que ce soit commenté le moins du monde
19:21 ou que son animalité soit justifiée scénaristiquement comme dans Collège Rinovelos, Shrek and School, Dragon Ball ou Kangoo.
19:26 Dans ce cas, que dire de Dilbert où il y a à la fois des animaux qui parlent comme Duckbert
19:30 et des humains avec un skin d'animal comme Catbert.
19:32 On s'y retrouve plus!
19:34 Type d'animal numéro 6.
19:35 Celui qui est un vrai animal mais qu'on entend parler et commenter sa condition d'animal.
19:40 Il y a pas mal de cas de figure dans celui-là.
19:42 Ca peut couvrir tous les cas intermédiaires entre des animaux qui ont des caractéristiques d'animaux tout en ayant reconstitué une société humaine comme dans Redwall
19:50 et des animaux qui ont l'air excessivement débiles à nos yeux du fait qu'ils ne maîtrisent pas des compétences de base pour être efficaces dans l'intrigue pensée en des termes humains
19:57 alors qu'ils maîtrisent le langage associé à ces compétences comme dans les animaux du bois de katsu.
20:02 Et dans la première catégorie, il y a ceux qui vivent dans un monde sans humains et ceux qui partagent leur monde avec les humains.
20:08 Type d'animal numéro 7.
20:10 Le monstre sans slabette.
20:11 La créature dangereuse et sauvage face auquel les personnages humains doivent survivre.
20:14 Le méchant qui est un animal quoi.
20:15 Donc pas vraiment un méchant.
20:17 Plus une catastrophe naturelle qui met les héros à l'épreuve mais n'inspire pas d'antipathie, juste de la crainte.
20:21 Dans un contexte où les héros sont des animaux, comme on l'a dit, le prédateur peut être la bête.
20:25 En conséquence logique, dans ce type de contexte, l'homme peut être la bête.
20:28 Mais c'est plutôt rare.
20:29 Et du coup, type d'animal numéro 8, le monstre sans ligne humain genre Digimon, Pokémon, etc.
20:34 Ce sont des créatures pensantes mais ils ont un type de fonctionnement spécifique.
20:37 Ca peut aller des monstres de Monster Rancher aux gargouilles de gargoles.
20:40 Je sais pas si les gargouilles comptent.
20:41 Elles ont un animal de compagnie gargouille.
20:43 C'est le cas de figure que tu évoquais juste avant, un animal d'animal.
20:46 Les gargouilles sont pas des animaux, ils ont des vêtements.
20:48 Ils en ont pas beaucoup et les souris d'anatoles aussi ont des vêtements.
20:51 Si c'était des animaux, ce serait quoi comme animaux?
20:53 Ils naissent dans des oeufs alors que les femelles ont des mamelles.
20:56 Ce sont des monotrèmes comme les ornithoraques.
20:57 Elles se nourrissent de l'énergie solaire qu'elles emmagasinent à l'état de pierre
21:00 et ça dépend non pas du soleil mais de l'heure qu'il est.
21:03 Que l'auteur le veille ou non, c'est plus des créatures magiques qu'autre chose.
21:06 Oui bon.
21:07 Mais les pokémons aussi sont des créatures fantastiques avec un fonctionnement qui ne correspond pas à celui des autres espèces animales.
21:12 Et que dire des digimons ou des monstres de Monster Rancher qui sont carrément des êtres artificiels voire des aliens d'une autre dimension?
21:18 Ce qui compte, c'est que tout est fait pour montrer qu'ils ne sont pas humains
21:20 que bien que manifestement doués de paroles et de raisons, ils ne comprennent pas le fonctionnement humain.
21:24 Ils sont une autre humanité.
21:25 Et la solution que la mise en scène trouve généralement pour montrer qu'ils ne sont pas humains est de leur donner un comportement animal.
21:30 Toutes les fictions appliquant des créatures fantastiques ne font pas ça.
21:33 Quand on imagine une créature fantastique appartenant à une autre espèce,
21:36 la plupart du temps, on imagine juste un humain en lui donnant à la rigueur un certain caractère pour le différencier des humains.
21:41 Mais des fois, les auteurs se posent réellement la question de comment peut réagir une créature pensante qui n'aurait vraiment rien d'humain.
21:45 En général pour ce faire, la meilleure solution est de lui donner des caractéristiques animales.
21:49 Le comportement animal crée le sentiment de distance par rapport à l'humanité.
21:52 Ca peut même être le but de la manœuvre, de donner une définition de l'humanité par le contre exemple.
21:56 Ca me rappelle une conférence que j'ai entendue en 2019 à la BNF à l'occasion de la sortie d'Assassin's Creed Odyssey
22:00 où entre autre chose, le conférencier expliquait, j'ai pas retenu son nom,
22:03 que la grande question existentielle des grecs anciens était de savoir quel est le propre de l'homme
22:07 et que la fonction des monstres dans la littérature grecque était de donner une définition en miroir de l'humanité.
22:11 Ils se définissent par des caractéristiques qui sont le contraire de caractéristiques humaines.
22:14 Il prenait l'exemple du cyclope polyphème dans l'Odyssée qui est un berger normal mis à part qu'il est anthropophage.
22:18 C'est une digression mais ça a une certaine importance pour ce qui nous intéresse.
22:21 L'inhumain peut être une expérience de pensée pour distinguer par le raisonnement ce qui relève de la caractéristique nécessaire qui va avec le simple fait d'être intelligent
22:28 et ce qui est réellement spécifique des humains.
22:30 Par exemple, les gargouilles n'ont pas de nom et jugent les liens généalogiques insignifiants.
22:33 Ce rôle ne peut pas être joué par des animaux qui seraient authentiquement des représentations fictionnelles d'animaux réels, même fantasmés
22:38 parce qu'il n'est pas joué par les animaux de la réalité.
22:40 Ce n'est généralement pas le type de réflexion que leur observation nous inspire.
22:43 En tout cas, quel que soit le but, quand on met des créatures quasi humaines mais non humaines,
22:47 il faut créer un sentiment d'étrangeté pour bien camper une autre humanité.
22:50 C'est ce qui fait marcher les Digimons à mes yeux même si leurs bizarreries sont souvent des ajouts de la VF.
22:54 C'est aussi ce qui fait marcher Sam et Max.
22:56 Max est fascinant et effrayant parce qu'il est plus animal que Sam
22:59 qui lui est vraiment un humain avec une apparence de chien à part qu'il grogne de temps en temps.
23:03 Sinon, type d'animal numéro 9, l'esprit de la nature, celui qui sent d'instinct que la planète est en danger.
23:09 Ca aussi on l'a évoqué en début de vidéo.
23:11 Il y a cette idée répandue dans la fiction comme quoi les animaux sont connectés télépathiquement à la vérité universelle et sont de parfaits outils de divination.
23:17 Ca provient du fait authentique que de nombreux animaux perçoivent des choses que les humains ne perçoivent pas.
23:21 Par exemple, certains oiseaux utilisent le champ magnétique terrestre pour leur migration.
23:24 L'inverse est vrai aussi mais nos sens à nous nous paraissent plus banals parce que nous y sommes habitués.
23:28 Donc cette aptitude d'animaux à percevoir un monde qui nous est caché est souvent interprétée poétiquement comme une connexion plus générale à la nature que les humains n'ont pas
23:35 qui leur permet de sentir venir la fin du monde et d'en alerter l'humanité.
23:38 Ca va plus loin que ça.
23:39 Est ce que je peux raconter la fin de La face obscure du soleil de Terry Pratchett?
23:42 Non, c'est pas son roman le plus connu, il mérite d'être lu et c'est un spoiler.
23:45 C'est pas un spoiler, c'est cousu de fil blanc dès les premières pages du livre.
23:48 J'ai honnêtement rien vu venir moi.
23:50 Bon parle pas, du coup tu m'as prêté le livre en me disant "tu vas voir, y a un twist à la fin"
23:53 et moi quand j'ai vu le truc se mettre en place, je me suis dit "ça peut pas être ça vu que la fin est censée être un twist"
23:58 et c'était ça.
23:59 Bon comme tu veux.
24:00 Mais ceux qui veulent pas savoir vont aller au time code qui s'affiche en bas de l'écran.
24:03 C'est bon, on est entre nous?
24:06 Ok.
24:07 La face obscure du soleil est un roman de science fiction non parodique,
24:11 je le précise puisque c'est du Terry Pratchett.
24:14 Enfin quasi non parodique.
24:15 Y a des aspects un peu malicieux
24:17 mais c'est pas grand chose comparé à ce que Pratchett fera ensuite avec les annales du disque monde.
24:20 Racontant l'histoire d'un riche héritier galactique vivant dans un univers où plein de civilisations extraterrestres se côtoient
24:27 et dont une prophétie ultra scientifique basée sur l'étude des probabilités
24:31 a prédit que s'il ne mourrait pas le jour de son premier mi-anniversaire comme ils disent,
24:36 il serait celui qui découvrirait ce qui est arrivé à...
24:40 l'équivalent des atlantomuins dans cet univers.
24:43 Ou plutôt l'équivalent des protéins ou des anciens de cet univers.
24:46 Une civilisation ancienne, les Jokers, non pas ceux là,
24:49 visiblement très avancé qui a laissé des artefacts un peu partout dans la galaxie
24:54 mais a disparu brusquement sans laisser de traces à part un message à destination des générations futures,
24:59 "Nous vous attendons sur la face obscure du soleil."
25:02 Le vrai message est un poème et il est un peu plus long.
25:04 Je résume, ok?
25:06 Le plus important à retenir, c'est que les Jokers ont annoncé qu'ils étaient partis sur la face obscure du soleil.
25:11 Vu que le héros sait que la prophétie se réalisera, c'est de la science, il ne peut pas test,
25:16 il part se balader dans toute la galaxie en attendant que ça arrive.
25:19 Et comme les indices sont en fait assez évidents, c'est juste que personne n'avait vraiment pris la peine de les examiner, il comprend.
25:25 Le soleil, c'est le savoir.
25:27 La face obscure, c'est l'instinct.
25:29 J'aurais plutôt dit "le soleil, c'est la vie, la lumière du soleil, c'est l'intelligence"
25:33 donc aller sur la face obscure du soleil, c'est renoncer à l'intelligence et rejoindre la part des êtres vivants qui ne la possèdent pas.
25:38 Arrivé au stade ultime de leur évolution, les Jokers ont tout simplement compris que la véritable sagesse, c'était de redevenir des animaux.
25:46 Ils n'ont pas disparu, ils sont juste retournés à la vie sauvage.
25:49 Le statut animal, c'est le stade ultime de l'évolution, l'ascension, l'accès à la divinité.
25:55 Moi j'ai pas trouvé la chute si évidente.
25:57 Bien sûr, ce n'est pas comme si le héros passait le livre à mener une réflexion sur ce que signifie être humain dans un univers avec de multiples espèces pensantes qui se côtoient
26:05 et sur ce qu'est l'évolution en réalité.
26:07 Il y a dans cette conclusion un pragmatisme très Pratchettien.
26:09 Puisque la simplicité est source de confort et la complexité source de tracas,
26:13 la sophistication croissante des êtres intelligents qui accumulent toujours plus de connaissances et de possibilités ne les rendra jamais heureux
26:19 et quand ils s'en sont rendu compte, les Jokers ont décidé d'y renoncer d'un coup.
26:22 Parenthèse terminée, ceux qui ne voulaient pas de spoil, vous pouvez revenir.
26:25 Or donc, cette conclusion est pragmatique dans le roman mais elle s'inscrit dans la lignée d'un point de vue un peu rousseauiste très répandu dans la fiction.
26:31 Les animaux sont purs.
26:32 Ce que nous avons créé avec notre intelligence, notamment l'argent et avec lui une vision transactionnelle des relations interindividuelles et le calcul cynique de nos intérêts au détriment de l'harmonie avec les autres, est une corruption.
26:41 C'est cette corruption qui nous prive de l'accès instinctif des animaux à la vérité du monde.
26:45 C'est bien sûr totalement faux. La théorie des jeux, ça concerne aussi bien les humains que les autres animaux.
26:48 De nombreuses études l'ont abondamment montré.
26:50 Mais je rappelle que là, on parle de fiction.
26:52 Bref, pragmatisme ou pas, il y a cette idée que les animaux sont des créatures divines qui sont spontanément détentrices d'une vérité plus pure et authentique que celle dont les humains acquièrent la connaissance.
27:01 Même quand ça ne va pas jusque là, il est effectivement assez courant qu'ils soient dotés d'une préscience surnaturelle
27:06 devinant qui est gentil, qui est méchant, qui est le super héros derrière son masque et si une catastrophe arrive.
27:10 Et du coup au final, on y arrive, type d'animal numéro 10, le figurant.
27:15 Bah oui, il y a parfois des animaux à l'écran parce que c'est normal dans le contexte, ce serait même bizarre s'il n'y en avait pas.
27:20 Pour ces animaux là, c'est difficile de juger de leur réalisme.
27:23 On peut citer tout ce qui est monture, par exemple dans Zoro, tout ce qui est animaux de la forêt lors d'une promenade en forêt, etc etc etc.
27:30 Bah oui, des fois la fiction met des choses parce que ce serait leur absence qui serait un vrai choix.
27:34 On va pas faire le top 10 des types de chaises dans les dessins animés ou le top 10 des types de trottoirs dans les rues.
27:38 Bon, ce qu'il faut retenir de tout ça, c'est que les animaux sont rarement de vrais animaux.
27:42 Souvent ce sont des personnages doués de raison, même quand ils ne parlent pas,
27:45 même si c'est seulement la raison de l'intrigue comme dans le cas des animaux qui prédisent la fin du monde.
27:50 C'est pas forcément intuitif de gérer un personnage non doué de raison au sens où on l'entend.
27:55 Pourtant en général, quand on met un animal dans une fiction, qu'il soit le personnage principal parlant ou à faire valoir muet, ce n'est pas pour rien.
28:02 C'est pour parler du rapport des humains aux animaux.
28:05 Le rapport des humains aux animaux ou le rapport des humains à la nature?
28:08 Les deux mon général.
28:09 Mais attention, le thème du rapport des humains aux animaux fait partie du thème du rapport des humains à la nature
28:15 mais ne couvre pas l'ensemble du sujet pour autant.
28:18 Dans la fiction, le rapport de l'humain à la nature sera généralement un rapport d'antagonisme entre deux univers dont les intérêts sont difficiles à concilier
28:25 tandis que le rapport de l'humain aux animaux sera l'occasion de parler du fait que les humains doivent se soucier des animaux voire prendre exemple sur eux.
28:32 C'est aussi une manière de donner une information sur les humains en question.
28:35 Le fait qu'un personnage soit méchant avec les animaux permet souvent d'identifier comme méchant avant même qu'il ait fait quelque chose de répréhensible.
28:40 Ca marche aussi dans l'autre sens.
28:41 Le fait qu'un personnage aime les animaux permet de montrer qu'il est bon au fond de lui même s'il travaille pour les méchants.
28:46 Bien sûr, le héros est tenu, s'il veut garder la sympathie du public, de se soucier du bien être des animaux et de ne leur faire de mal que contraint et forcé.
28:52 C'est un ressort de mise en scène qui a l'avantage d'être efficace donc il n'y a pas de raison de s'en priver.
28:57 C'est sans doute pour ça qu'il est souvent utilisé.
29:00 Sans qu'il y ait forcément de volonté militante derrière, les dessins animés se retrouvent donc souvent par automatisme à véhiculer l'idée que l'homme se doit d'être bon envers les animaux.
29:09 Lorsqu'il y a une volonté militante, c'est généralement pour donner des messages assez précis comme le fait que l'homme, du fait qu'il a matériellement la capacité de transformer l'environnement,
29:16 a aussi la responsabilité de protéger la diversité des espèces et veiller à ce qu'il ne s'en éteigne pas.
29:20 Même en restant vague, on retrouvera dans les dessins animés cette idée comme quoi l'homme doit être humble devant l'animal,
29:27 accepter de partager la terre avec lui et ne pas se sentir en droit d'exterminer les nuisibles qui sont sur son terrain.
29:33 Par contre, peu de dessins animés osent aborder de fond le fait que l'homme a pour coutume de tuer les animaux pour manger de la viande
29:38 et ceux qui traitent la question le font généralement dans le but de le dénoncer et de promouvoir le végétarisme ou le véganisme.
29:43 Oh il arrive que le héros, proche de la nature et habitué à chasser pour se nourrir,
29:47 se fente d'un discours pour exprimer le respect qu'il a envers l'animal qui lui permet de manger sa viande
29:52 et la nécessité qu'il y a de veiller à ce que ces animaux puissent continuer à vivre et prospérer pour que la nourriture reste abondante.
29:59 C'est démodé car, disons le une troisième fois, ça renvoie à l'idée dépassée d'un ordre naturel des choses
30:04 et en général, ce genre de situation est plutôt campé quand le dessin animé veut parler de la vie proche de la nature.
30:08 Comme dit plus tôt, le rapport que l'homme a avec les animaux est une sous-partie du thème du rapport de l'homme à la nature.
30:15 C'est donc l'occasion de montrer la distinction entre le naturel et le culturel.
30:19 Définir ce qu'est un animal permet aussi à la fiction de définir par opposition ce qu'est un humain.
30:24 Souvent pas pour en donner une image positive.
30:26 Ca dépend.
30:26 Certes, dans Brillby et le secret de Nîmes, comme on l'a déjà dit, la recherche biomédicale est unilatéralement réduite à de la simple curiosité
30:34 mais nous avons déjà eu l'occasion de dire que les animaux du bois de Katsu
30:37 qui pourtant ne présentent elles aussi QUE le point de vue des animaux, donnent une image plus nuancée de l'humanité.
30:43 Nous avons également dit que c'était probablement accidentel.
30:45 La volonté est bien de présenter les humains comme les méchants
30:48 mais l'honnêteté de la mise en scène laisse voir des qualités qu'ont les humains et que les héros animaux n'ont pas.
30:52 Il y a l'idée tout de même que l'homme ne sait pas ce qui est bon pour lui alors que les animaux le savent par instinct
30:56 et que, comme on l'évoquait précédemment, les motivations complexes de l'homme font de lui une créature malsaine
31:02 qui tue sans raison notamment tandis que les animaux, eux, ne tueraient que par nécessité.
31:07 Le but de cette représentation est de rendre le spectateur plus sensible aux intérêts des animaux qui sont spoliés et mis en danger par nos activités.
31:12 On met en scène leur point de vue en accord avec notre prise de conscience du fait que nous sommes des animaux comme les autres.
31:17 Mais il y a dans cette démarche générale dont nous parlons depuis le début de la vidéo quelque chose de paradoxal.
31:21 On considère les découvertes de Darwin comme l'un des grands tournants dans notre compréhension du monde, au même niveau que la révolution copernicienne,
31:26 un moment intellectuel qui remet en cause l'idée qu'on se fait de notre place dans l'univers en nous retirant l'illusion que nous serions uniques ou séparés de la nature.
31:32 Mais pourtant, ces dessins animés présentent justement la nature comme séparée de l'homme et le déplore.
31:37 Tout à fait. C'est très rare que la continuité du vivant aille de soi dans les dessins animés
31:41 à tel point que dans Les mystérieuses cités d'or, lorsque cette continuité est mise en valeur par le fait qu'une des dites cités d'or, pourtant tout aussi technologique que les autres,
31:48 a la forme d'un arbre et se situe dans le domaine d'un groupe de gorilles, on est un peu surpris.
31:52 On comprend pas spontanément le délire et on trouve ça un peu débile.
31:55 Bon c'est parce que ce passage est un peu débile.
31:57 Malgré tout l'amour qu'on a pour les saisons 3 et 4, il y a quelques délires idiots dedans et ce moment de la saison 4 en fait partie.
32:03 Reste que, comme sur pas mal d'autres sujets, la série semble prendre un parti original par rapport à ce qui se fait ordinairement.
32:09 Car comme tu l'as dit, le standard, c'est de faire de la civilisation, les cités, et la nature, les animaux, deux univers séparés.
32:15 A mon humble avis, ce standard a une cause assez simple.
32:17 C'est parce que le manque de considération qu'on a pour les animaux tient à ce qu'on les trouve bêtes comparé à nous.
32:21 L'éthologie s'efforce de comprendre scientifiquement les comportements animaux pour ce qu'ils sont plutôt que comme une version bête des nôtres
32:26 mais la fiction, c'est pas de l'éthologie
32:28 et donc sa démarche consiste à susciter notre empathie en nous disant que si on méprise les animaux, c'est parce qu'on ne les comprend pas
32:33 et si on ne les comprend pas, c'est parce qu'ils vivent dans un monde intellectuel parallèle qui nous est caché avec notamment leur langue universelle dont nous sommes exclus.
32:40 Un monde intellectuel parallèle super héros nôtre qui détecte la fin du monde, note qu'on trouve ça malgré tout aussi dans les cités d'or
32:47 et où on ne tue pas pour le plaisir.
32:49 Un exemple intéressant qui ne vient pas des dessins animés est celui des jeux Elder Scrolls
32:53 où il y a une différence fondamentale entre les PNJ et les créatures
32:56 qui se traduit entre autres par le fait que les créatures, les animaux et les esprits possèdent une âme simple mais blanche
33:01 et les PNJ, les humanoïdes vrais, possèdent une âme complexe, difficile à capturer mais noire.
33:07 Le choix des couleurs ne me paraît pas innocent.
33:10 Ce faisant, en nous vend les bêtes comme étant de dignité égale voire supérieure à celle des humains
33:14 mais en les représentant à l'appui de cette idée comme radicalement différents des humains.
33:17 On insiste beaucoup là dessus mais le coup de la langue universelle des animaux que les humains ne comprennent pas,
33:21 ça ressemble plus aux symptômes d'une différence de nature que d'une différence de degré.
33:24 En d'autres termes, la leçon morale est tirée
33:26 mais la remise en question métaphysique passe complètement à la trappe.
33:29 Quoi qu'il en soit, l'homme se définit par opposition à l'animal.
33:32 Forcément, la fiction est écrite par les humains
33:34 et quand on a à définir quelque chose qui paraît spontané et évident,
33:38 le mieux est de le définir parce que ça n'est pas.
33:41 C'est pour ça que comme on l'évoquait précédemment,
33:43 pour définir le comportement des extraterrestres de fiction, on est souvent obligé de puiser l'inspiration dans les comportements animaux
33:49 vu que c'est les seuls comportements non humains qu'on connaisse.
33:52 Ca permet également de définir ce qui, dans les créatures fantastiques fictives,
33:56 peut être considéré comme un humain et ce qui ne doit pas l'être.
33:58 Rappelons que dans certaines séries comme Malo Korygan,
34:00 le terme "humain" renvoie à une dignité partagée par tous les êtres capables de communiquer entre eux, pas à une notion d'espèce.
34:05 La plupart du temps, les créatures à considérer comme des personnages marcheront debout et auront un langage articulé.
34:10 Il y aura bien des exceptions et ça peut même faire un bon twist
34:13 mais ces exceptions sont d'autant plus remarquables qu'elles sont rares.
34:15 Les créatures extraterrestres non pensantes sont généralement faciles à identifier comme telles.
34:19 Malgré ce qu'on a dit précédemment, la fiction reconnait le plus souvent au protagoniste
34:24 le droit voire le devoir d'avoir plus de considération pour les créatures pensantes que pour les animaux
34:29 même dans des séries comme Sous les mers où on attendrait plutôt le contraire.
34:32 Plus généralement, si le héros rencontre une civilisation extraterrestre attaquée par des monstres de l'espace,
34:38 on s'attend spontanément à ce qu'il prenne le parti des créatures civilisées contre celles sauvages.
34:42 Les héros de la Ligue des justiciers n'ont aucun scrupule à tuer les martiens blancs.
34:46 Un encore meilleur exemple.
34:47 L'objectif à atteindre pour Timberwolf dans son épisode d'introduction de La Légion des super héros est de prouver qu'il est humain,
34:53 pas de prouver qu'il a le droit d'exister.
34:55 Ca c'est le cas de figure où les créatures humanoïdes non humaines évoluent dans un univers où les humains existent.
34:59 Souvent et plus simplement, on est dans un univers peuplé entièrement d'animaux anthropomorphisés
35:04 et dans ces cas là, le chara design animal des protagonistes est plus ou moins utilisé.
35:07 Dans les séries Sony, il ne l'est pas tellement.
35:09 Dans Hargay, il est porteur d'une légère symbolique
35:11 mais de l'aveu de l'auteur, il a été utilisé parce qu'il croyait que c'était la norme pour les dessins animés.
35:15 Dans le roman de Renard et par extension moi Renard,
35:17 le type d'animal que sera chaque personnage se fera en fonction de sa personnalité.
35:20 Dans Sandokan, c'est à peu près pareil
35:22 mais le fait que les personnages aient des têtes d'animaux est encore davantage utilisé.
35:25 Il arrive à Sandokan de rugir comme un tigre pour effrayer ses ennemis.
35:28 A l'extrême de tout ça, on a les cas de figure comme Zootopia ou Beastars
35:30 qui se passe dans un univers sans humain où les animaux sont devenus les humains et ont dû construire une société,
35:35 fonder un contrat social qui s'accomode du fait d'avoir plein d'espèces d'animaux différents, de tailles différentes et ayant des besoins différents.
35:40 Ici, en quoi l'animal sert-il à définir l'humain?
35:42 Dans le cas de moi Renard, les personnages sont des humains.
35:45 Leur tête de poule ou de chat ne sert qu'à donner une information amusante sur leur caractère.
35:49 Mais Beastars et Zootopia apportent, involontairement je pense, une information sur l'humain.
35:54 C'est que contrairement aux animaux tels que vu par ses oeuvres comme une méta-espèce,
35:58 les humains ne sont qu'une seule espèce et devraient avoir beaucoup moins de mal à vivre ensemble que tous ces animaux,
36:04 grands et petits, hernivores et carnivores qui parviennent plus ou moins, bon en malant, à construire des villes et une civilisation à peu près fonctionnelles
36:11 malgré l'incompatibilité évidente de leurs besoins profonds.
36:14 Ca met l'accent sur le fait que notre diversité à nous, humains, est superficielle
36:18 et qu'on est fondamentalement tous semblables comparé aux personnages de Zootopia et surtout de Beastars.
36:24 Si je pense que c'est involontaire, c'est parce que dans Zootopia notamment, la diversité des animaux et les difficultés qui en résultent
36:30 sont clairement une métaphore des tensions, des discriminations et des rapports de nomination qui existent dans nos sociétés humaines.
36:36 Ces animaux sont donc d'abord et avant tout des projections, des représentations qui sont fondamentalement humaines puisque ce sont des humains qui les écrivent
36:42 mais qui sont aussi souvent dans le même temps foncièrement inhumaines parce que l'auteur sait bien que ce ne sont pas censés être des humains.
36:47 Si les animaux sont des personnages, l'auteur doit se poser la question "qu'est ce qu'un chien ferait dans cette situation?"
36:52 Or cette question devient fatalement "qu'est ce que JE ferais si j'étais un chien et que j'étais dans cette situation?"
36:57 Les données éthologiques sont peut-être insuffisantes pour savoir ce qu'un chien ferait en cas d'attaque de XANA
37:01 ou ce qu'un écureuil domestiqué ferait si ses maîtres humains étaient attaqués par un troupeau d'éléphants.
37:05 Il est nécessaire pour le scénariste de tenter de faire l'expérience phénoménologique de la conscience d'un personnage non humain.
37:09 Or pour reprendre le titre célèbre de l'article de Thomas Nigel, qui peut savoir ce que ça fait d'être une chauve-souris?
37:14 Par contre en supposant comme nous le faisons tous que les humains sont tous semblables,
37:19 on peut espérer aboutir à un résultat réaliste en se demandant en tant qu'auteur ce que ça fait d'être un policier,
37:25 ce que ça fait d'être une orpheline,
37:27 ce que ça fait d'avoir autant de pouvoir que Superman en étant tout de même humain au départ.
37:32 On peut même faire appel à ses souvenirs et tenter de se rappeler ce que ça ferait réellement d'être un enfant et de devoir sauver le monde.
37:38 Pourtant nous avons déjà eu l'occasion de dire qu'on atteignait déjà les limites de la possibilité de réalisme
37:43 alors il est évident que c'est pire pour les animaux.
37:46 L'héroïne de Croisière commet une grave erreur en fondant son engagement pour le lapin sur la différence entre une représentation fictionnelle et la réalité.
37:54 Si on s'engage en faveur des droits des animaux, il faut que ce soit sur base des animaux réels
38:00 et surtout pas sur base ou au moyen de représentations fictionnelles.
38:04 Nous qui sommes très attachés à la structure des intrigues, notre opinion est que les représentations fictionnelles,
38:10 si elles peuvent servir à faire connaître des choses, ne doivent pas avoir pour but premier de décrire.
38:16 Elles doivent avoir pour but d'imprimer un mouvement à l'intrigue pour la rendre satisfaisante
38:20 car c'est de ça qu'on peut réellement retirer quelque chose.
38:23 Nous avons beaucoup aimé Mistral dans le Ranch mais ce n'est pas par dégoût des abstractions que sont les autres types d'animaux.
38:29 Au contraire, nous aimons beaucoup les abstractions.
38:32 C'est simplement que les personnages d'animaux ne s'assument pas toujours suffisamment comme des abstractions.
38:36 Mais comme pour tout élément dans une histoire, plus on est au clair sur pourquoi on a voulu mettre des animaux dans son intrigue,
38:43 plus on a de chance de faire un dessin animé qui mérite qu'on s'en souvienne.
38:47 D'abord il y a Hector le castor et Edouard le canard et José le sanglier et Charlotte la marmotte
38:57 et Mireille l'abeille, Léon le frelon et Fédor le porc et Tonio le plairot.
39:04 Ils se réunissent et décident d'aller chercher des amis pour se rendre à leur rendez-vous.
39:08 Ils rencontrent Yvan le hareng et Edgar le cougar et Fidèle la sauterelle et Firmin le lémurien
39:16 et Ginette la mouette et Manon l'espadon et Yvon le saumon et Mario le bulot.
39:23 Et en chemin ils rencontrent aussi plein d'autres amis.
39:26 Lulu le zébu et Edir le tapir et Dédé la galilette cendrée et Salomon le cochon
39:33 et Jean-Marc la carpe et Théo le capillot et Pascal le chacal et Sophie le canarie.
39:40 Et avec tous ces amis ils rencontrent un autre groupe d'animaux qui se rendent au même endroit.
39:44 Mais quel hasard !
39:46 Il y a Jean-Pascal le rignal et Loïc le lombric et Nicolas le koala et Coé l'araignée
39:53 et Annie le wistiti et Hector l'alligator et Hubert le coquet et Raoul le pitbull.
40:01 Mais il y a aussi Armand l'éléphant et Bernard le balbuza et Géraldine le cygne
40:07 et Damien le requin et Arnaud le chamand et Cécile le mandril
40:13 et Éric le porc-épic et Éric le nazi...