L'Irish Times piégé par l'intelligence artificielle : «Nous vivons une époque virtuelle !»

  • l’année dernière

Chaque jour, Bruno Donnet regarde la télévision, écoute la radio et scrute les journaux ainsi que les réseaux sociaux pour livrer ses téléscopages. Ce jeudi, il s'intéresse au piège dont a été victime un journal irlandais qui a publié un article dont l'auteur n'existe pas réellement.

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Transcript
00:00 c'est l'heure des télescopages de Bruno Donnet. Bonjour Bruno !
00:02 - Bonjour Philippe. - Ah voilà, votre micro n'était pas ouvert.
00:06 Tous les jours Bruno, vous observez ici la fabrique médiatique et ce matin,
00:08 vous nous racontez l'histoire d'un journal irlandais qui s'est fait totalement piéger
00:13 par un article dont l'auteur est un bien curieux personnage.
00:16 - Oui, c'est Eric Albert qui est le correspondant du journal Le Monde au Royaume-Uni
00:20 qui vient tout juste de révéler cette affaire édifiante.
00:23 L'histoire a commencé il y a tout juste deux semaines, le jeudi 4 mai.
00:27 Et ce jour-là, une certaine Adriana Acosta-Cortez envoie un mail
00:31 au service Opinion de l'Irish Times qui est l'un des plus grands quotidiens irlandais.
00:36 Elle se présente comme une équatorienne qui vit à Dublin depuis huit ans
00:40 et elle propose une tribune consacrée aux dangers des crèmes autobronzantes
00:44 que nombre d'Irlandaises utilisent.
00:47 Quatre jours se passent et l'une des rédactrices en chef du journal lui répond.
00:51 Elle lui écrit que son papier est très original, qu'il fait réfléchir,
00:55 mais elle lui suggère tout de même une ou deux petites modifications.
00:58 Adriana Acosta-Cortez modifie donc très légèrement son texte
01:02 et la rédactrice en chef lui dit « ok, nous sommes d'accord pour le publier ».
01:06 Elle lui demande alors de lui envoyer une photo ainsi qu'une courte biographie.
01:10 Adriana Acosta-Cortez s'exécute, elle envoie la photo d'une jeune femme de 29 ans
01:14 aux cheveux teints en bleu et se présente comme « administratrice dans les services de santé
01:19 habitant le nord de Dublin et maman d'un chat ».
01:23 Et jeudi dernier, sa tribune est donc publiée, publiée dans les colonnes du journal.
01:27 Elle est extrêmement lue au point que deux stations de radio contactent même l'Irish Times
01:32 pour obtenir les coordonnées d'Adriana Acosta-Cortez.
01:36 Et c'est à ce moment-là Bruno que l'histoire se gâte.
01:38 Oui, car le journal transmet alors la demande des radios à Adriana
01:42 qui répond dardard en donnant le numéro de téléphone d'un clown.
01:47 Un clown qui propose ses services aux Irlandais en malle de distraction.
01:51 Car la jeune Adriana Acosta-Cortez n'existe pas et elle n'a pas non plus rédigé
01:57 le moindre mot du papier qu'elle a envoyé.
02:00 La personne qui est derrière cette gigantesque supercherie
02:03 et dont on ne sait toujours absolument rien, aujourd'hui encore, de l'identité réelle
02:07 s'est en fait contentée d'utiliser un programme d'intelligence artificielle
02:12 pour créer ce texte de toutes pièces.
02:14 Bref, l'Irish Times s'est faite empapouter dans les grandes largeurs.
02:19 Alors, le journaliste du monde Eric Albert a pris contact via Twitter
02:23 avec l'auteur de cet énorme canular.
02:25 Il, ou elle, on ne sait pas, n'a pas accepté de lui parler au téléphone
02:29 mais a bien voulu lui répondre par écrit.
02:31 Et il, ou elle, explique avoir tout simplement demandé au robot conversationnel chat GPT
02:38 (on comprend mieux la formule maman d'un chat)
02:40 de bien vouloir rédiger une tribune de 1000 mots sur les dérives du bronzage artificiel
02:46 afin de duper le journal et de montrer que n'importe qui peut parfaitement faire publier
02:51 n'importe quoi opération réussie.
02:54 Et dire qu'il lui suffit pour se prémunir de cette énorme gague de l'intelligence artificielle
03:00 qu'une intelligence humaine prenne quelques toutes petites minutes pour parler pour de bon
03:06 avec la prétendue Adriana Acosta-Bidule.
03:09 Nous vivons, cher Philippe, une époque virtuelle.
03:12 Merci beaucoup Bruno Denet et Jean-Témoin, vous êtes bien là dans le studio, même au jeudi de l'Ascension.
03:18 - Bon, merci.

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