Nos députés devront repasser pour lever le voile sur les marges du groupe Hayot
Les députés ultra-marins restent sur leur faim. Après six heures d’audition des dirigeants du groupe Bernard Hayot dans le domaine alimentaire notamment, ils n’en savent pas plus sur les marges pratiquées par la multinationale.
Transcript
00:00 Dans un rapport du 5 septembre 2022 intitulé "État des lieux du marché de la distribution généraliste de détails à Dominante Alimentaire à la Réunion"
00:09 publié sur le site officiel de l'OPMR, il est indiqué en pages 11 et 12,
00:15 il convient en particulier de souligner la transparence dont fait preuve la quasi-totalité des dirigeants des acteurs de la distribution généraliste,
00:23 lesquels ont tous accepté de fournir un inventaire précis de leur parc de magasins avec leur chiffre d'affaires respectif sur les trois dernières années significatives.
00:33 Tel n'a pas été le cas s'agissant du groupe GBH, lequel a refusé de répondre à toutes les demandes d'informations relatives à son activité
00:43 ou certaines spécificités de ses différentes unités opérationnelles,
00:48 qu'il s'agisse du chiffre d'affaires développé sur le marché de la distribution généraliste ou de celui global du groupe à travers ses différentes filières à la Réunion.
00:57 Ma question est la suivante, vous refusez de communiquer les résultats comptables de vos activités de distribution sur l'île de la Réunion
01:05 et parallèlement vous qualifiez, vous savez pas vous, mais d'autres personnes ont qualifié de fantaisistes les estimations qui ont été produites,
01:13 ne pensez-vous pas qu'il est nécessaire que ces informations soient rendues publiques et dans la négative ?
01:19 Quelles sont les raisons qui expliquent ce refus de communication, ceci contrairement à ce qu'ont fait les autres acteurs locaux ?
01:25 Il y a deux ans de cela, suite au rachat de Vendemia à la Réunion, vous avez déclaré que si l'acquisition venait à se faire,
01:34 vous feriez tout pour baisser, vous vous êtes engagé à baisser les prix de 4% dans vos magasins, c'était la déclaration de M. Amauri de Lavigne.
01:44 Pouvez-vous nous expliquer si vous y êtes parvenu, forcez presque de constater que non, et est-ce que cela a été, comme on appelle dans notre jargon,
01:54 une belle promesse de campagne ? Et je vais rejoindre mon collègue Jean-Hugues Ratenon, quand vous dites que vous êtes réunionnais à la Réunion,
02:02 forcez de constater aussi quand on se promène sur l'île de Dignes que les cadres ou les postes à responsabilité dans le groupe Aïeud ne sont pas aux mains des réunionnais,
02:11 drôle de façon d'être réunionnais.
02:13 Quand on achète GBH à la Réunion, on achète ce qui concerne l'automobile, Renault, Dacia, Volkswagen, Audi, Hyundai, Honda, Jeep, Smart, Mitsubishi, Suzuki,
02:29 Mercedes en location Hertz, Jumbo Car, Clovis, Système, alors j'ai du mal à voir le système Elise, pneumatiques et centre-auto,
02:44 RAPE, Speedy, Norauto, concession, poids lourd, Mercedes à nouveau, Renault Trucks, Iveco, DAF, Komatsu, Hyundai, pièces détachées, BPA, j'en passe,
02:57 culture FNAC, sport, dégâtelons, bricolage, Monsieur Bricolage, Restauration rapide, brioche dorée, la croissanterie, grande distribution, Carrefour,
03:06 beauté et soins, Yves Rocher, production laitière, Danone, Velouté, Activia, Danette, Actimel, j'en passe, portefeuille de marque exclusive,
03:17 Enkel, Mir, Le Chat, Destop, Calgon, Saint-Marc, K2R, Björk, Vittel, Perrier, Epar, Kiri, Babybel, Lavage Kiri, Présidence, Wann,
03:33 Ma chère collègue, je crois que l'émonstration que vous voulez faire est assez parlante et je crains que vous nous reprochiez de faire de la pub pour ces marques.
03:42 Non, non, alors pas du tout, évidemment je ne fais pas la pub pour les marques, ce que je voudrais dire c'est que cette démonstration est assez éloquente selon moi
03:56 car la place que vous avez à La Réunion dans le marché réunionnais, vous savez que depuis 2020 on dénonce une situation de duopole et j'aurais voulu avoir votre sentiment là-dessus.
04:18 Vous nous demandez pourquoi nous ne publions pas nos comptes. Plus de 50% des entreprises en France métropolitaine à l'échelle nationale ne publient pas leurs comptes.
04:28 En Outre-Berre, très peu d'entreprises déposent leurs comptes. La seule raison c'est qu'elles essayent de se protéger et de ne pas confier à leurs concurrents des informations sensibles et importantes.
04:41 Mais ne pas confier d'informations sensibles à ses concurrents, il me semble que c'est important. Mais en réalité nous faisons preuve d'une grande transparence avec l'administration.
04:52 Quand l'autorité de la concurrence vient nous auditer en 2009 ou en 2019, nous ne sommes pas, ils ne se contentent pas de propos lapidaires, ils ne se contentent pas de quelques informations.
05:06 Ils ont un droit de police eux aussi et ils nous demandent des informations excessivement précises et détaillées.
05:14 Ils nous demandent de décortiquer notre mode de fonctionnement de A à Z, d'expliquer à toute notre organisation pourquoi un produit met de temps à venir, pourquoi il coûte cher, les marges, etc.
05:26 Tout. Nous déposons bien entendu nos comptes auprès de Bercy et des autorités fiscales. Donc nous sommes, de ce point de vue-là, nous respectons la loi.
05:37 Mais c'est vrai, comme beaucoup d'entreprises et comme à peu près la plupart des entreprises d'outre-mer, nous essayons de nous protéger.
05:47 Vous avez parlé de position dominante. Nous considérons que nous ne sommes en position dominante nulle part.
05:57 La position dominante, c'est une position qui vous permet d'agir sans vous préoccuper de vos concurrents ou de vos clients.
06:07 Dans aucun cas, nous ne sommes dans ce cas-là. On parle de différentiel prix. Dans aucun cas, nous ne sommes en situation de nous moquer de ce que peut penser le client ou même de la réaction de nos concurrents.
06:23 Je vous disais tout à l'heure, une entreprise qui n'est pas compétitive, une entreprise qui n'apporte pas des prix compétitifs à son consommateur et à son client, elle meurt.
06:34 Il y a eu dans l'histoire, y compris de l'outre-mer, mais pas que de l'outre-mer, beaucoup de cas d'entreprises qui ont oublié ça, justement, et qui n'ont pas été au rendez-vous.
06:44 Quand Vindémia est à vendre, pourquoi ? Le groupe Casido était en difficulté, mais ces difficultés continuent. On lit les uns et les autres, les journaux.
06:53 On sait qu'un des problèmes du groupe Casido en métropole, c'est d'être très décroché en prix par rapport à ses concurrents.
06:59 Le même problème était en place à l'île de la Réunion. En réalité, et peut-être que c'est d'ailleurs une raison pour laquelle nos concurrents ont été si vigoureusement opposés à notre reprise,
07:12 c'est que finalement, c'était assez confortable d'avoir un leader de marché très faible qui n'investissait pas dans ses magasins, qui avait un positionnement prix catastrophique
07:22 et qui, au fond, perdait mois après mois ses clients qui allaient chez le voisin. Admettons que chacun d'entre nous, nous sommes ici rapporteurs, présidents, députés,
07:34 mais dans la vie de tous les jours, nous sommes consommateurs, clients. Quand vous êtes consommateur, personne ne vous dit ce qu'il faut faire, personne ne vous dit où il faut aller.
07:43 Si vous allez à l'époque de Vindébia sous l'enseigne Casido, de moins en moins de gens allaient dans leurs magasins parce que justement, ils ne répondaient pas aux attentes des clients.
07:54 Depuis que nous avons repris ces magasins, oui, nous avons tenu l'engagement de baisser les prix. Nous n'avons pas baissé les prix de 4%, nous avons baissé les prix de 7% sur les magasins repris.
08:06 Et nous avons réinvesti plusieurs des sommes très importantes dans les magasins pour les refaire. Je regrette que M. le député Ratnon soit parti.
08:16 Je me souviens de l'avoir rencontré à l'époque de la reprise de Vindébia et lui-même admettait que le magasin Jumbo, qui était à Saint-Benoît, était dans un état pitoyable.
08:28 Nous l'avons refait intégralement, mais on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre. Ce n'est pas en refaisant le carrelage et l'éclairage d'un magasin qu'on fait revenir les clients.