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TF1, 08/06/1992 :
- Début "Combien Ca Coûte" (Jean-Pierre Pernaut), incluant page de publicités, bande annonce "Le Provincial"

A noter :
- "Combien Ca Coûte" existe depuis moins d'un an, Jean-Pierre Pernaut reçoit la comédienne Bernadette Lafont et le romancier sulfureux Alphonse Boudard.

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00:38 Bonsoir à toutes et à tous, je suis très heureux de vous retrouver pour cette nouvelle émission sur un thème qui nous intéresse, qui vous intéresse beaucoup, qui doit intéresser le public, l'argent.
00:51 Combien ça coûte, on va vous le dire ce soir avec encore beaucoup de reportages. Et ce soir, deux invités, tous les deux très connus pour leur franc-parler, leur franchise.
00:59 L'une est comédienne, elle s'appelle Bernadette Laffont, l'autre est écrivain. M. Alphonse Boudard, Isabelle Quenin nous les présente.
01:05 Bernadette et Alphonse, deux prénoms à vous faire tout un roman. Entre ces deux-là, que des ressemblances. Bernadette a vécu à l'ombre des studios, alors qu'Alphonse s'épanouissait à l'ombre des barons.
01:18 Bernadette a cumulé les vrais succès, tandis qu'Alphonse fabriquait des faux billets. Sont-ils radins ou pinks ? Non, plutôt flambeurs.
01:25 Mais flambeurs alternatifs. Un jour champagne, le lendemain, ceinture. Chez eux, la cigale a mis KO la fourmi. Pas de livret de caisse d'épargne, pas de point de retraite, non, ils ont tout claqué.
01:37 En fait, malgré leur célébrité, ils sont restés désespérément sains. Alphonse se balade à pied, Bernadette en métro. Pas de danseuse, à l'horizon pas le moindre château, pas de Rolls, rien. De quoi déprimer tous les inspecteurs du fisc.
01:51 Ce sont deux contribuables modèles. Pour la première fois ce soir, Bernadette Laffont va jouer du Alphonse Boudard, à moins que ce ne soit Alphonse qui joue du Bernadette. Oui, mais alors qui va toucher les droits d'auteur ?
02:02 Bernadette Laffont, Alphonse Boudard. Comme ça vous êtes restés si sûrs pour tous les deux. C'est vrai ? Vous vous êtes la pour reprendre le métro ?
02:21 Oui, ça m'arrive et l'autobus aussi. Donc on peut être comédienne ? Je marche beaucoup à pied. Pourquoi ? Parce que vous n'aimez pas les grosses voitures ou parce que vous aimez garder votre argent dans une boîte ?
02:30 Mais c'est une façon pour moi de lutter contre la pollution. Vous savez, il y a cette campagne contre les fumeurs. Alors moi, je n'abandonne pas la cigarette, mais j'ai abandonné la voiture. Je pense que c'est une manière aussi de contribuer.
02:42 Non, pas du tout. Alors moi, j'ai abandonné les cigarettes et j'ai gardé la voiture. Donc je travaille aussi. Non, mais j'avais abandonné il y a plus longtemps. Je prends le métro aussi, mais parce que j'ai un éditeur qui est direct.
02:55 Alors ça va plus vite qu'avec la bagnole où il faut se garer, etc. Donc, alors ligne directe, je prends mon truc à Saint-Georges et j'arrive à Bac et je suis tout à côté. Et avant, la table ronde, c'était aussi à Bac. Je n'ai pas changé.
03:10 Je peux vous demander à tous les deux le prix d'un ticket de métro, ça, vous le savez, sans aucun problème.
03:14 Le carnet, c'est 34,50.
03:17 Bravo.
03:19 Vous savez que les invités, combien ça coûte qu'ils savent, ne sont pas si nombreux que ça. Bernadette Laffont, combien de films avez-vous tourné ? Est-ce que vous avez un chiffre en tête ?
03:31 Plus de 100.
03:33 Plus de 100 ?
03:36 En beaucoup d'années.
03:39 Quand on a tourné autant de films, on n'a pas envie de s'arrêter ? On a besoin de continuer ?
03:44 Ah oui, quand même, oui, oui, j'aime bien tourner les films. Ça suscite des rencontres. Un film, c'est une équipe, c'est beaucoup de gens.
03:52 Ça m'arrive d'accepter un film pour un partenaire ou pour un scénariste ou pour... comme ça, plein de raisons.
04:01 Vous allez nous dire dans l'émission, vous allez nous parler de l'argent et du cinéma, est-ce qu'on gagne bien sa vie quand on est comédien, etc., etc.
04:08 Je vous pose la question, combien de livres avez-vous écrit ?
04:12 Je vais dire, j'ai dû en écrire une quinzaine. Je n'ai pas compté.
04:15 Vous n'êtes pas arrivé à 100, vous n'êtes pas là.
04:17 Oh non, et sans bouquin, vous vous rendez compte ? Simonin a fait 220 romans.
04:22 Il est mort à 80 piges. Ah non, mais il avait commencé plus tôt.
04:25 Vous avez commencé en quel année ?
04:28 En 1962. Ça fait 30 ans.
04:29 Et avant, vous écrivez quoi ?
04:31 Ça fait à peu près un livre tous les deux ans. J'ai fait des films, des téléfilms.
04:34 Donc, je vide ma plume depuis 1962.
04:38 Et avant ?
04:40 Avant, j'ai fait tout. Tout, tout, tout. J'étais en pôle, j'étais malade.
04:44 Quand tout jeune, j'étais à 14 ans, j'étais dans une fonderie de caractère typographique.
04:49 J'étais apprenti. Après, j'ai été dans un maquis. Je suis revenu, j'ai vendu des enseignes lumineuses, j'ai vendu du pinard.
04:57 J'ai tenu une librairie. J'étais au placard. Je suis ressorti. Enfin, voilà, j'ai vendu de tout, de tout.
05:03 Donc, vous connaissez le prix des choses.
05:05 Je le connaissais, mais je connais le prix des choses. C'est-à-dire que j'ai vraiment été à la table qui recule.
05:09 Il n'y avait rien. Je cherchais toujours quatre sous. Et puis maintenant, ça va mieux quoi.
05:14 Comment avez-vous commencé ? Est-ce que vous aviez de l'argent à vos débuts ? Ou est-ce que vous ne l'aviez pas ?
05:22 Je ne crois pas qu'on ait été payé pour le premier film de François Truffaut qui était "Les Mistons", qui était un court-métrage.
05:28 Je n'ai pas souvenir d'argent. Et pas non plus sur le film de Chabrol "Le beau Serge". Je ne me souviens pas.
05:36 Ça devait être très symbolique. Donc, j'ai commencé à gagner ma vie avec ce métier assez vite après, quand les films sont sortis et ont eu du succès.
05:43 Mais c'est important pour tous les deux l'argent quand même.
05:45 Si on n'avait pas d'argent, on ne pourrait pas vivre.
05:49 Tendu. Alors, on va voir comment on vit avec de l'argent et comment. On va voir comment on gaspille l'argent, comment on peut le dépenser facilement.
05:56 Le sommaire de l'émission et on se retrouve dans un instant.
05:59 Adopter un enfant venu d'ailleurs. Filière humanitaire ou raquette de bébés ?
06:04 Supermarché déchet ? Attention, on le jette.
06:08 L'argent par les fenêtres ? À corbeil et sonne. Un tunnel très cher qui ne mène nulle part.
06:13 La journée ? Elle dorme. La nuit ? Elle danse. Profession danseuse ? Le salaire du strass est de la sueur.
06:20 [Musique]
06:25 [Musique]
06:30 Seat Toledo. Derrière ce nom, il y a qui ?
06:33 Il y a une berline spacieuse qui se sent bien et qui veut le faire partager.
06:35 Si je vous dis sécurité, j'aurais pour habitacle renforcé, ABS sur les versions 16 sous papier de litre, sens pratique, espace modulable, vaste coffre avec aïon.
06:43 Avant la Seat Toledo, vous aviez quoi comme voiture ?
06:47 Seat Toledo. Parlez-en après l'avoir essayé.
06:50 [Musique]
06:57 Mes cheveux ? Ils sont très très délicats.
07:01 Comme certaines de mes plantes.
07:04 Et j'en prends le plus grand soin.
07:06 Alors j'ai choisi le tout nouveau shampoing UltraDoux des laboratoires garnis au lait d'amande douce.
07:13 UltraDoux prend soin de mes cheveux avec une infinie délicatesse.
07:17 L'extrême douceur pour mes cheveux, c'est essentiel.
07:22 Nouveau shampoing UltraDoux au lait d'amande douce pour les cheveux délicats, garantie par les laboratoires garnis.
07:27 Les amateurs de viande l'attendaient depuis longtemps.
07:31 Micro One de Charal. Un vrai hamburger en une minute trente au micro-onde.
07:36 Charal. Maintenant la viande à un nom.
07:40 [Musique]
07:58 L'essentiel c'est de se sentir bien dans son corps.
08:01 C'est boire Evian, l'eau équilibre en calcium et en magnésium.
08:08 L'Evian, l'équilibre est une force.
08:10 Découvrez le nouveau visage de la marque qui crée l'envie.
08:14 Envie de couleurs, de fraîcheur, de surprises.
08:18 Pour vous, Sopiquel crée l'envie.
08:21 Le Petit Marseillais. Ce qui nous dit simple, rassurant, authentique.
08:30 Le Petit Marseillais Douche ExtraDoux. Il dit vrai.
08:36 [Musique]
08:51 One Colony Hermès. Le plaisir après le plaisir.
08:55 Vous avez déjà goûté Cornetto ? Succomber à son cœur de crème ?
09:02 Tentez par Cornetto. Cette glace délicieusement onctueuse, préparée avec de la vraie crème fraîche, du fin cacao et des noisettes croustillantes.
09:10 Et vous découvrirez toute la magie de Cornetto.
09:14 Cœur de crème.
09:16 [Musique]
09:26 [Musique]
09:30 Saint-Marie-Express crée une nouvelle fraîcheur.
09:32 Grand frais, comme une vague de propreté.
09:36 Qui sent bon l'air marin.
09:38 Et si Saint-Marie-Express ne se rince pas et fait tout briller plus vite, c'est parce qu'entre nous, les femmes ont mieux à faire.
09:45 Saint-Marie-Express, c'est du temps pour le reste.
09:48 Fraîcheur Grand Frais. Et toujours peint d'élan des citrons verts.
09:52 Que tous ceux qui aiment la danette, c'est l'air de la France.
09:58 [Musique]
10:02 Mesdames et Messieurs, nous rendons l'antenne au moment où tout le monde se lève.
10:07 [Musique]
10:14 Grand Arabica, c'est le café de l'oeuf.
10:17 Grand Arabica, de l'Egal le goût.
10:20 [Musique]
10:24 Allez, musique !
10:27 Le Provincial, avec Roland Giraud, Gabriel Lazur et Michel Galabru.
10:31 Entre un amoureux de la nature...
10:33 Et une jolie parisienne, c'est le coup de foudre.
10:36 Vous allez me prendre pour une conne.
10:38 Alors ça, c'est la meilleure.
10:40 Joie et bonne humeur, une comédie nature, pleine de rire et de tendresse.
10:45 Tu me fais peur.
10:47 J'avais envie de te voir.
10:49 Le Provincial, avec Roland Giraud et Gabriel Lazur, mardi 20h50 sur TF1.
10:56 [Musique]
11:01 [Applaudissements]
11:07 Bernadette Lafleau, Alphonse Boudard, les deux invités de "Combien ça coûte ce soir ?"
11:12 Avec beaucoup de reportages.
11:14 Vous l'avez vu dans le sommaire que nous a présenté tout à l'heure Isabelle Cunin.
11:18 Et comme on sort de la publicité, j'ai envie de faire tout de suite de la publicité au dernier livre d'Alphonse Boudard
11:23 qui s'appelle, devinez, "Faits divers et châtiments".
11:26 C'est vous qui avez eu l'idée du titre ?
11:28 Oui, je crois, j'en ai discuté avec l'éditeur.
11:31 Je ne sais plus lequel de nous deux a eu cette idée.
11:33 L'éditeur, c'est le pré-Auclair.
11:35 C'est le pré-Auclair.
11:37 Il vous racontait des quantités de faits divers.
11:39 C'est un domaine que vous connaissez parfaitement bien.
11:41 Oui, là c'est décrit, mais il y a du fric là-dedans aussi.
11:43 Évidemment, dans le fait divers, il y a le sang, il y a le fric, il y a le sexe.
11:46 Alors vous, le fric, vous avez commencé avec ça finalement.
11:51 Vous avez commencé à aller derrière les barreaux.
11:52 En général, à part pour les attentats à la pudeur,
11:55 c'est pour des questions de pognon qu'on se retrouve derrière les grises.
11:58 Qu'est-ce que vous avez fait ?
12:00 Je fais tout un tas de choses.
12:02 En dernier, j'ai eu des histoires de coffres, enfin,
12:05 et puis auparavant tout un tas de bricoles.
12:08 C'est amnistier maintenant, finalement.
12:10 Vous en direz d'autres.
12:12 Oui, je vous dirai.
12:14 Qu'est-ce que ça vous fait d'être assise à côté d'un ancien acteur,
12:17 vous qui avez joué dans "La prisonnière", je crois ?
12:20 "La prisonnière", oui.
12:21 Alors là, vous êtes à côté d'un vrai.
12:23 En pays de connaissance.
12:25 Pour jouer dans une prison, vous êtes restée longtemps ?
12:29 Non, le temps du tournage.
12:31 Mais c'était impressionnant parce que,
12:33 et je l'ai su seulement après ça,
12:35 le personnage que je joue dans le film de Charlotte Silbera,
12:37 prisonnière, a existé et a travaillé beaucoup sur l'histoire du film
12:43 avec Charlotte Silbera, la réalisatrice.
12:45 Et en fait, c'est elle que j'incarne.
12:47 Et elle était là tout le temps sur le tournage,
12:49 mais on ne m'avait pas dit que c'était elle que je jouais.
12:51 Mais je sentais comme ça une sorte de...
12:53 Il y avait quelque chose, quoi.
12:56 Quand elle était là, je faisais plus attention.
12:59 Et après, on m'a dit le dernier jour, mais c'est elle que tu as jouée.
13:02 Alors dans les prisons, vous les connaissez bien, il y a les gardiens.
13:04 Et aujourd'hui, dans les immeubles, il y a des concierges.
13:07 Ce n'est pas tout à fait pareil.
13:09 Ça se ressemble un peu ?
13:11 Non, quand même pas.
13:13 Il y a des concierges quand même qui ferment les portes à 11h et tout.
13:15 Moi, c'est au moins une concierge, maintenant.
13:18 Elle demande à se faire appeler gardien.
13:19 Voilà, alors des gardiens.
13:21 Oui, moi, j'ai une concierge.
13:23 Vous en avez une ?
13:25 Il n'y en avait un charmant, mais maintenant...
13:27 Il y a 4 ans, il y avait 123 000 concierges gardiens en France.
13:30 Aujourd'hui, il en reste 92 000, dont 60 000 à Paris.
13:33 Et 75 % sont des femmes.
13:35 Pourquoi je vous parle des concierges ?
13:37 Parce qu'on va essayer de savoir, avec Michel Isard,
13:39 combien gagnent les concierges.
13:41 [Musique]
13:49 Oui, bonjour Madame, je voulais savoir s'il y avait un gardien dans l'immeuble.
13:52 Non, Monsieur, il n'y en a pas.
13:54 Le salaire des concierges représente environ 30 % des charges dans un immeuble.
13:58 Pour un syndic, confier l'entretien à une entreprise extérieure revient beaucoup moins cher.
14:02 Et pourtant, la profession n'est assujettie ni aux SMIC, ni aux 39 heures.
14:07 Les concierges permanents travaillent 70 heures par semaine
14:09 et gagnent entre 2500 et 5000 francs sur 13 mois,
14:12 avec 5 semaines de congé payées.
14:14 3000 francs par mois que je touche, c'est tout.
14:17 3200 francs.
14:19 Je touche 380 000 francs par mois.
14:24 Ancien franc, ne rêvons pas.
14:26 La profession est réglementée par une convention.
14:28 Le salaire dépend des tâches accomplies.
14:30 Pour un immeuble de 20 appartements par exemple,
14:32 le rangement des poubelles rapporte en gros 300 francs par mois
14:36 et le nettoyage des locaux environ 1000 francs.
14:38 Dans les immeubles modernes ou les résidences,
14:40 on trouve souvent un couple de gardiens employés à plein temps.
14:42 Quand ils assurent les permanences des week-ends, ils gagnent plus.
14:46 Il faut compter à 2, 13 000 francs par mois.
14:49 12 000 ?
14:51 13 000 net.
14:53 Comptez à 5 semaines.
14:55 13 000 net à 2.
14:57 Mais alors ça vous demande beaucoup de travail ?
14:59 Beaucoup. 24 heures sur 24, il faut être là.
15:03 La tradition des étrennes permet d'arrondir les fins de mois et d'années.
15:06 C'est net d'impôts et dans les beaux quartiers, ça marche plutôt bien.
15:10 Notamment les pourboires à chaque petit service rendu.
15:14 Je peux compter presque 2000 francs plus.
15:18 2000 francs tous les mois supplémentaires à peu près.
15:21 Là-dessus, les étrennes en plus.
15:23 De combien ?
15:25 Les étrennes, il faut compter 20 000 francs.
15:27 Dans les quartiers plus modestes, les étrennes ont tendance à diminuer.
15:32 C'est ce qui fait que la population de l'immeuble rajeunit.
15:34 En moyenne, les sommes atteignent tout de même 4 à 8 000 francs par an, soit 1 à 2 mois de salaire.
15:39 Salut mon petit Dany, comment vas-tu ?
15:42 Bien ma chérie.
15:44 Et la forme, tu l'as ?
15:46 On me donne des pourboires, on me fait des gentillesses, on m'offre des fleurs.
15:52 Il y en a qui vous donnent 100 francs, d'autres 200 francs, d'autres 50 francs.
16:00 D'un côté, ils ne vous donnent rien de l'année, mais ils vous donnent 50 francs en gros et en détail.
16:03 Et d'autre, rien du tout.
16:05 Alors, ça, ça va tout seul. Je ne sais pas le merci à dire.
16:08 La loge fait partie du contrat de travail, mais les concierges payent un loyer, ici 300 francs par mois pour 20 mètres carrés.
16:15 Alors voilà le lit, et pas de place perdue.
16:18 Voilà.
16:20 Ailleurs, dans les vieux immeubles parisiens, on rencontre souvent des loges insalubres, des taudis.
16:28 Sans salle de bain, juste l'eau courante et de l'humidité partout.
16:33 Vous vous rendez compte de ce que je veux dire ?
16:37 Bonsoir, Hélène !
16:39 Le logement, c'est bien le problème des gardiens quand ils cessent d'exercer.
16:43 Les pensions de retraite sont très faibles, et c'est pourquoi aujourd'hui, 460 concierges de plus de 80 ans restent encore en activité.
16:56 La retraite, normalement, je dois l'avoir au mois de novembre. J'aurai mes 65 ans au mois de novembre.
17:03 Mais je ne veux pas m'en aller d'ici.
17:06 Pourquoi ?
17:08 Mais parce que c'est ma vie. Je n'ai pas d'argent pour m'acheter un logement.
17:12 Je n'ai pas d'argent pour aller dans une maison de retraite.
17:16 Même si je dois payer un loyer, je veux finir mes jours ici tranquille.
17:22 C'est ma vie, ici.
17:24 Je crois qu'on peut applaudir et rendre hommage à tous ces gens qui gardent des immeubles, qui sont de moins en moins nombreux.
17:34 On l'a vu tout à l'heure, 90 000 gardiens d'immeubles aujourd'hui contre 123 000 il y a 3 ou 4 ans.
17:39 Qu'est-ce que vous pensez de ce qu'on vient de voir ?
17:42 C'est assez poignant, c'est tragique.
17:45 Parce que...
17:47 Vous croyez qu'elle devrait gagner plus d'argent ?
17:49 C'est surtout l'état des endroits qui est terrifiant, effectivement.
17:53 Vous l'avez remarqué vous-même, vous, que les gardiens étaient souvent un peu serrés dans les immeubles ?
17:58 Je n'ai qu'un exemple, c'est l'immeuble où je suis, et qui a été envoyé loin les concierges, les gardiens.
18:07 Et c'est très dommage, parce que ça faisait de la vie dans les cours, aussi, ça.
18:11 3 à 5 000 francs par mois, Alphonse Boudard, vous pensez qu'on peut vivre avec 3 à 5 000 francs par mois, même quand on est logé ?
18:17 Non, mais les concierges de ce genre, moi j'ai eu une concierge aussi qui est dans un petit logement insalubre, sont des rescapés d'une autre époque.
18:27 Si vous voulez, moi j'ai connu toute mon enfance, dans le 13e, il y avait des concierges partout.
18:32 Tout le monde vivait pauvrement, il y avait une ambiance de pauvreté généralisée.
18:37 Et les concierges faisaient partie de cet univers.
18:40 Alors on ne trouvait pas anormal qu'elles ne soient pas très bien payées, elles marchaient un peu au pour-lit.
18:46 Mais ça n'a pas bougé depuis, en fait.
18:47 Mais alors en fait, elles sont restées à ce niveau, si vous voulez, elles sont encore dans ce climat.
18:52 Elles avaient une grande utilité.
18:54 C'était, bon, en dehors de l'utilité dans la concierge, c'était un peu partie de la vie à ce moment-là.
18:59 Vous ne voyez pas un film, vous ne racontez pas une histoire, il n'y a pas de concierge.
19:02 A l'époque, c'était un personnage.
19:04 Il y avait toujours quelqu'un en bas d'un immeuble, le matin, le plus grand.
19:06 Tout à fait, et puis il y a le petit truc, la concierge dans l'escalier, la concierge ici, la concierge en vient de suite.
19:12 Vous étrennez votre concierge, vous leur donniez combien ?
19:14 Ah oui, pour Noël, bien sûr, ça dépendait de si c'était faste ou pas, mais enfin toujours, oui, je donnais.
19:20 Mais à l'époque, 200, 300, 400 francs par là.
19:25 Oui, moi, je donne un peu plus.
19:27 Je donne des trucs, mais enfin, c'est pas...
19:30 Bon, le gaspillage, autre thème habituel de combien ça coûte.
19:34 Est-ce que l'argent gaspillé jeté par les fenêtres vous en voyez autour de vous ?
19:40 Parce que l'argent gaspillé, c'est des choses qui vous énervent.
19:42 Oui, mais c'est surtout quand la nourriture gaspillée, ça, c'est terrifiant, ça.
19:47 Donc, c'est de l'argent, finalement, qui a été transformé en...
19:50 Mais ça, c'est... Vous vous parlez de...
19:52 D'argent ?
19:54 Oui, mais...
19:55 Vous voulez des exemples ?
19:56 Oui, on jette des billets comme ça, on bouge, on bouge, c'est ça.
19:58 Oui, mais il y a un gaspillage constant partout.
20:01 Alors, je vais vous donner un exemple.
20:03 Chaque mois, on vous donne un petit exemple.
20:06 Il y a eu un rapport de la Cour des Comptes entièrement consacré au gaspillage dans la construction de routes.
20:11 On voit de temps en temps des routes qui ne servent à rien, des ponts qui ne servent à rien.
20:14 L'exemple d'aujourd'hui, c'est un tunnel qui a servi à quelque chose,
20:17 mais comme il était construit à un endroit complètement ridicule, il a dû être fermé.
20:20 Regardez.
20:22 Route nationale 7, tunnel de dégagement de Corbeil-Essonne, sortie obstruée.
20:29 En réalité, ce tunnel est condamné.
20:32 Un tunnel qui, aujourd'hui, coûterait 12 millions de francs en bas mot.
20:35 Construit en 1973 pour soulager le trafic de ce carrefour régulièrement encombré,
20:40 il devait être définitivement fermé quelques années plus tard.
20:44 Pourquoi ? Parce que planté à la sortie d'un lycée, sous ce tunnel, trois écoliers ont été emportés.
20:49 Les services de l'État chargés de la gestion des routes nationales n'étaient pas sans ignorer,
20:56 tenaient des statistiques très précises sur les accidents à cette époque.
21:03 Effectivement, il aurait pu être imaginé, sans que les accidents graves surviennent,
21:09 que des dispositions soient prises pour fermer ce passage souterrain,
21:13 sachant que c'est une décision qui n'est jamais facile à prendre.
21:15 Aujourd'hui, pour camoufler le tunnel, des arbres ont été plantés.
21:20 Mais cette rangée d'arbres ne cache pas seulement le souterrain, elle cache également un restaurant.
21:25 Conséquence, le chiffre d'affaires est en baisse et la colère en hausse.
21:30 Pour le peu de temps qu'il a été ouvert, c'est de l'argent jeté par les fenêtres.
21:35 Si les voitures y sont interdites depuis longtemps, ce tunnel répond désormais à d'autres fonctions.
21:41 Passage pour piéton le jour, abri de fortune, pour clochard la nuit.
21:46 Je ne sais pas s'il faut applaudir, parce que de l'argent jeté par les fenêtres, c'est très énervant.
21:58 C'est notre argent, c'est l'argent des impôts.
22:00 Il y en a beaucoup, parce qu'il y a le tunnel, mais il y a des tas de trucs partout.
22:04 Vous en connaissez d'autres ?
22:06 Je ne sais pas, mais on en entend dire. Une fois, il y avait un bout d'autoroute qui n'allait nulle part.
22:10 Il y a eu aussi un pont sur lequel certains camions ne pouvaient pas passer.
22:14 Oui, il était trop bas pour les camions.
22:16 C'était à combien ça coûte ?
22:18 C'était chez vous.
22:20 Une télévision, c'est tous les souliers que ça vous laisse.

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