« Le Retour » à Cannes de Catherine Corsini

  • l’année dernière
Interview de la réalisatrice Catherine Corsini pour son film « Le Retour » présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2023.

Une vidéo d'Alice Dubernet.

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Transcript
00:00 Je m'appelle Catherine Corsini, j'en suis à mon 13e ou 14e film, je ne sais pas bien compter.
00:04 Et je vais vous présenter, je vais présenter "Le Retour".
00:07 Et il m'a fait la cour pendant tout le trajet.
00:09 Il a fait la cour ?
00:10 Bah, qu'est-ce que tu veux que je dise ?
00:13 Comme une règle.
00:14 C'est un moment à la fois joyeux, anxieux, mais quand même, c'est une très très belle fierté de présenter ce film.
00:23 J'allais dire vraiment que je n'y croyais pas, parce qu'effectivement, on n'a pas un plateau de stars.
00:27 On a des jeunes acteurs et une actrice comme Aïssa Tout, qui n'a fait qu'un film avant.
00:32 Ça doit être super d'avoir des enfants qui réussissent leurs études.
00:35 Gaïa, c'est tout l'inverse.
00:37 Super, merci.
00:39 Je dis la vérité, elle a même cru qu'elle n'aurait jamais son bac.
00:43 Ah, bah là, ça me fait plus confiance, hein, Farah.
00:45 Je ne sais pas, quand on voit le film, c'est tellement pas moi, tout ce qu'on a pu dire sur moi,
00:50 même si je suis quelqu'un, effectivement, d'intense, de vif, qui peut être emporté parce que je suis dans les choses,
01:00 mais je suis quelqu'un de, foncièrement, pas quelqu'un d'agressif, ni de méchant, ni de tyrannique, ni de...
01:08 Voilà, je ne sais pas, sinon, je pense que les acteurs ne seraient pas comme ils sont dans mes films.
01:13 Et je pense que ça se ressent, la liberté que je leur donne, la façon dont je les magnifie.
01:17 Avec toute l'équipe qui vient, tous les acteurs qui sont là, et avec qui on a envie que ce film, justement, ne soit pas entaché,
01:25 mais soit vraiment... C'est aussi sur eux que ça fait plus de mal, même que sur moi,
01:31 parce que moi j'ai déjà fait tellement de films, et rien ne m'empêchera d'en faire d'autres.
01:35 Donc je trouve que c'est pour eux que j'ai envie de les préserver le plus possible.
01:38 Khadija, vous avez de la chance d'avoir...
01:41 C'est pas Khadija, c'est Kédidja.
01:43 Kédidja... Bah, je suis désolé.
01:45 C'est pas grave, il n'y a...
01:47 Mais elle te l'a dit, en fait, elle te l'a dit dix fois, c'est juste que tu n'écoutes rien, comme d'habitude.
01:51 Je raconte une histoire de famille, et effectivement, une histoire de famille qui s'est construite sur des choses qui n'ont pas été évoquées,
02:00 sur une culpabilité, sur une mère qui a voulu bien faire, mais qui n'a pas su,
02:06 parce qu'elle n'avait pas, justement, le langage qu'a sa fille, pas peut-être la rébellion qu'a l'autre.
02:10 Finalement, quelque part, elle leur a transmis ce qu'elle a été incapable d'avoir pour elle-même, quoi.
02:20 Et je pense que le chemin du film fait qu'elle, comme elle le dit à la fin, qu'elle s'étue et qu'il faut qu'elle arrive à reprendre la parole.
02:29 Il y a comme quelque chose qui, tout d'un coup, s'ouvre.
02:31 Comme Jessica, elle sait pourquoi elle travaille, mais en même temps, elle n'a pas le choix.
02:35 C'est hyper condescendant, ce que tu es en train de dire.
02:37 Mais pas du tout. Je te dis simplement que si tu éprouvais un peu plus de nécessité, tu te bougerais un peu plus, c'est tout.
02:42 D'accord.
02:43 Non ?
02:44 Non, peut-être.
02:46 J'avais envie de traiter ça comme n'importe quelle histoire d'amour.
02:50 C'est-à-dire que, justement, il y a un peu un jeu avec sa sœur quand elle dit "mais t'es lesbienne", etc.
02:57 "Tu peux tout me dire", et qu'il y a un truc qui est amusant, presque.
03:01 On sent bien que pour la mère, c'est quand même quelque chose de compliqué.
03:04 Il y a quand même cette chose de génération.
03:07 Et ça, c'est quelque chose que j'avais vraiment envie de marquer.
03:10 Parce que c'est aussi... Moi, je viens d'une génération où avouer qu'on est homosexuel, ça a été un long chemin.
03:18 Ça a été très, très difficile.
03:21 Et Dieu soit loué aujourd'hui, c'est différent.
03:24 C'est pour ça que, finalement, Jessica le vit aussi directement, aussi simplement.
03:31 On sent qu'elle n'a pas été empêchée de vivre son homosexualité.
03:36 L'idée de cet été, c'est tout d'un coup comme une espèce de parenthèse et de havre.
03:41 Où, effectivement, elle a cette histoire d'amour avec cette fille, beaucoup plus décomplexée qu'elle,
03:46 qui s'approche d'elle et qui... Bon, elle y va.
03:49 Mais je ne voulais pas qu'il y ait plus de "ça aurait été un garçon, ça aurait été un garçon, c'est une fille, c'est une fille".
03:54 Aujourd'hui, on veut justement dépasser, dans tous les cas, ce que nous ou moi, j'ai vécu de cette terreur de dire les choses,
04:03 de cette terreur de passer à l'acte.
04:05 Et je veux montrer des images d'aujourd'hui contemporaines par rapport aux jeunes filles,
04:12 qui, je le vois maintenant dans les écoles, des jeunes filles de 13-14 ans disent qu'elles préfèrent les filles
04:19 ou que pour le moment, elles se cherchent.
04:21 Et je vois bien tout ce qui se passe au niveau de la sexualité de l'adolescence.
04:25 Et c'est quand même vraiment un grand, grand, grand soulagement.
04:29 Dans tous mes films, il y a toujours quelque chose qui est très incarné sur le social.
04:46 C'est quelque chose qui est récurrent.
04:48 Dans "La Fracture", c'était très frontal, très mis en avant.
04:52 Là, c'est quelque chose qui est beaucoup plus par en dessous.
04:56 C'est quelque chose qui court, mais qui est moins le sujet qui pourrait être évident,
05:01 alors que je pense que c'est un film, finalement, qui est assez politique.
05:04 J'aimerais que le public voie mon amour des actrices, que c'est un film profondément humain,
05:10 que c'est un film qui raconte combien le secret peut être nocif et peut laisser des traces.
05:15 C'est un film où il y a plein de petits ruisseaux, il y a plein de petits chemins
05:19 et qu'on peut chacun se retrouver à travers un des chemins et se comprendre.
05:23 Et sortir aussi des idées reçues qu'on a les uns sur les autres,
05:26 puisque le film commence un peu avec des idées reçues qu'on aurait sur la Corse, sur les Corses, etc.
05:32 Et puis, on voit plutôt en continuant le film que, quand on casse ces idées reçues,
05:37 les gens eux-mêmes sont différents que ce qu'on imaginait au départ.
05:41 [Musique]

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