• il y a 2 ans
#Ukraine - Kinjal, le missile russe pas si "inarrêtable" que ça ? : “C’est une des attaques les plus massives en termes de niveau de matériel. On n'avait pas encore vu autant de Kinjals envoyés au même moment.” Vera Grantseva

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Transcription
00:00 il s'est passé quelque chose la nuit dernière,
00:02 qui nous renseigne à la fois sur l'arsenal russe,
00:07 mais qui a aussi un impact politique sur le discours russe
00:12 pour terroriser les populations ukrainiennes.
00:15 De quoi s'agit-il ? Du fameux missile Kinzhal.
00:18 Alors on en a régulièrement parlé ici même.
00:21 Pourquoi ? Parce que pour Moscou, c'était l'arme absolue.
00:25 Le Kinzhal est inarrêtable.
00:27 Le Kinzhal, le jour où on s'en sert,
00:29 vous allez voir ce que vous allez voir,
00:31 parce que c'est un missile très particulier,
00:33 très perfectionné,
00:35 et que personne n'a les moyens de le contrer.
00:38 Eh bien, la nuit dernière, pour la première fois,
00:40 il y a eu une attaque d'ampleur de Kinzhal
00:42 contre les populations civiles, semble-t-il,
00:44 et contre la population civile à Kiev.
00:47 Et ces attaques ont été neutralisées
00:50 par la défense anti-RN de Kiev.
00:52 C'est un mythe qui s'effondre,
00:54 celui de l'invincibilité de cette arme.
00:57 Voici les indispensables avec Quentin Berrichel.
01:00 - Bonsoir, Quentin. - Bonsoir, David. Bonsoir à tous.
01:05 Donc, moralité, les discours tonitruants,
01:09 terrorisants de Poutine seraient une nouvelle fois démentis.
01:13 Le fameux Kinzhal n'est pas du tout invincible.
01:16 Eh bien, non. Et pourtant, souvenez-vous, le Kinzhal,
01:19 c'est le missile de tous les superlatifs, David.
01:23 Hypersonique, capable de voler à Mach 10,
01:26 10 fois la vitesse du son, soit 12 000 km/h,
01:29 capable d'atteindre des cibles à 2 000 km,
01:32 capable surtout de porter des charges nucléaires.
01:35 Bref, le missile que la Russie prétendait comme l'arme absolue,
01:39 qualifié même d'inarrêtable par Vladimir Poutine,
01:43 dès 2018, lors de son inauguration en grande pompe,
01:46 devant une centaine d'invités. Écoutez.
01:49 - C'est clair pourquoi les armes du monde
01:51 veulent avoir un arme idéale,
01:53 et pourquoi ils ont choisi, à ce jour, l'arme.
01:56 - Les amis, la Russie a un arme idéale.
02:00 - Ces derniers mots, que ce soit à la télévision publique
02:04 ou dans les rangs des élus, Vladimir Poutine brandissait
02:07 le Kinzhal comme l'arme de tous les dangers pour l'Ukraine.
02:10 Tous ces discours ont volé en éclats en quelques heures,
02:14 plus précisément la nuit dernière à Kiev,
02:16 lorsque la Russie a décidé pour la 1re fois
02:19 de les utiliser massivement.
02:21 C'est à l'heure 3h du matin, lorsque les défenses antiaériennes de Kiev
02:25 rentrent en action. Écoutez.
02:27 Bilan de ces attaques selon l'Ukraine.
02:42 Aucun de ces missiles n'a atteint sa cible,
02:45 et surtout, non pas un, mais six missiles Kinzhal
02:49 ont été interceptés par les systèmes de défense antiaériens.
02:53 Regardez ce qu'annonce Olexy Reznikov,
02:56 le ministre de la Défense ukrainien.
02:58 Succès incroyable pour les forces aériennes ukrainiennes.
03:01 La nuit dernière, nos défenseurs du ciel ont abattu
03:04 six missiles hypersoniques russes Kinzhal et 12 autres missiles.
03:08 Alors, bien sûr, il ne s'agit ici que de déclarations.
03:11 Il n'existe aucune image distincte qui atteste
03:14 qu'un Kinzhal a bel et bien été intercepté par ces systèmes.
03:18 Les seuls dégâts se sont provoqués par les débris de ces missiles,
03:22 mais on note qu'aucun bâtiment n'a été détruit,
03:25 seulement des incendies de matériel urbain
03:27 ou bien encore des véhicules.
03:29 Vous pouvez voir ce quart.
03:30 Trois personnes ont été blessées, selon le maire de la ville,
03:33 Vitaly Klitschko, mais on imagine que ces dégâts
03:36 et le bilan auraient été bien plus importants
03:38 si ces engins avaient trouvé leur cible.
03:40 Il existe quand même quelques photos,
03:43 et notamment celle-ci.
03:44 Regardez, un débris retrouvé dans les rues de Kiev hier soir.
03:48 Elle est présentée par l'Ukraine
03:49 comme un morceau d'un Kinzhal intercepté.
03:52 Alors on a exposé cette image à de nombreux spécialistes
03:55 pour savoir leur point de vue.
03:56 Ils n'attestent pas, ils n'excluent pas, pardon,
03:59 que cette pièce soit bel et bien un débris de Kinzhal,
04:02 mais ils ne peuvent pas le certifier.
04:04 - Alors, comment les Ukrainiens
04:09 auraient-ils pu neutraliser cette fameuse arme absolue ?
04:13 - Eh bien, tout indique que ce sont des systèmes antiaériens
04:17 patriotes ceux livrés par Washington ces dernières semaines
04:21 qui ont neutralisé la salve de missiles Kinzhal.
04:23 D'ailleurs, souvenez-vous, il y a 10 jours,
04:25 Kiev avait déjà affirmé avoir détruit un missile Kinzhal.
04:29 Grâce déjà au système patriote,
04:31 Washington avait confirmé dans un second temps.
04:34 - Et est-ce que Moscou a réagi ?
04:35 - Oui, et le Kremlin affirme, lui,
04:38 que les missiles Kinzhal ont atteint tous leurs cibles hier soir,
04:41 et curieux hasard, notamment atteint
04:44 un système de défense antiaérien patriote.
04:47 Le système de missiles Sol-Air patriote
04:50 fabriqué par les États-Unis a été touché
04:52 par le véhicule planeur hypersonique Kinzhal à Kiev,
04:55 a déclaré le ministère de la Défense.
04:57 Aujourd'hui, là encore, aucun élément n'est fourni
05:00 à l'appui de cette information.
05:02 - Merci, Quentin. Premier point, l'effet.
05:05 Parce que là, il reste quand même une incertitude.
05:08 Mais est-ce qu'on ne peut pas imaginer
05:11 que si les Russes, avec ces fameux Kinzhal,
05:14 avaient atteint leurs objectifs, comme ils le disent,
05:16 on aurait des images,
05:19 ils dévoileraient eux-mêmes des images,
05:21 ne serait-ce que des images par satellite,
05:23 des dégâts qui auraient été causés ?
05:25 - Bah écoutez, on est dans le... - Le brouillard de la guerre ?
05:29 - Et la propagande ou la communication,
05:33 comme on voudra, d'un côté, effectivement,
05:35 les Ukrainiens disent avoir abattu six Kinzhal,
05:39 c'est peut-être vrai,
05:40 mais on n'a aucun moyen de...
05:42 Comme Quentin nous l'a très bien expliqué,
05:44 on n'a aucun moyen de le vérifier, on a des débris.
05:47 - Ce morceau-là de débris,
05:49 c'est vrai qu'on est un peu surpris quand on voit ce morceau de débris,
05:52 et qu'on nous dit "c'est la signature d'un Kinzhal",
05:54 mais quand on ne connaît rien au domaine,
05:57 on se dit peut-être qu'effectivement...
05:58 - Au sein de la direction du Renseignement Militaire français,
06:00 il y a un spécialiste qui doit savoir,
06:03 enfin je pense qu'il doit savoir...
06:04 - Ça peut être un débris... - Ça peut être un débris, bref.
06:07 Là, vraiment, moi je...
06:09 Et puis de l'autre côté, on a une autre communication
06:12 qui est propre à beaucoup de régimes,
06:16 qui est de dire "nous avons des armes miracles,
06:18 les armes les meilleures du monde que personne ne peut intercepter",
06:22 tout ça c'est du vent, ou du flanc, comme on voudra.
06:24 Tout... Il n'y a pas d'arme absolue.
06:27 - Il n'y a pas d'arme absolue ? - Non, il n'y a pas d'arme absolue.
06:29 - Quand ce Kinzhal avait été présenté, Jean-Dominique,
06:32 quand il avait été présenté, qu'on avait dit "12 000 km/h",
06:36 - Oui, oui, oui. - Une puissance énorme,
06:38 vous vous étiez dit déjà... - Un missile balistique,
06:41 un missile balistique, quand ça redescend,
06:44 ça redescend à Mach 25 à peu près,
06:47 donc à 25, 25, 28 000 km/h.
06:50 Donc tous les missiles intercontinentaux fonctionnent comme ça.
06:54 Un missile balistique, ça va très très vite.
06:56 Or, un Kinzhal, c'est un missile en partie balistique.
06:59 Donc qu'il aille vite, c'est pas étonnant.
07:01 - Donc aller à 25 000 km/h, c'est pas le signe qu'on est indestructible ?
07:05 - Alors, l'affaire, c'est qu'en face,
07:09 il y a une vraie défense solaire de très haut niveau.
07:14 On voit, c'est quelque chose qu'on découvre dans cette campagne,
07:19 dans la campagne aérienne, dans la campagne de frappe russe,
07:23 c'est qu'en face, les missiles occidentaux,
07:25 les systèmes de défense occidentaux fonctionnent très bien.
07:29 On ne le savait pas, à ce point-là.
07:31 On pouvait s'en douter, mais on ne le savait pas.
07:33 Parce que les occidentaux, depuis une génération,
07:37 n'avaient jamais été confrontés,
07:39 les systèmes d'armes occidentaux, plus exactement,
07:42 n'avaient jamais été confrontés à des attaques de ce type.
07:45 Donc les Américains ont développé ce système,
07:48 le système Patriot, dont les premières versions
07:51 avaient été utilisées il y a 30 ans pendant la guerre du Golfe,
07:54 mais c'était des versions très anciennes.
07:56 Tout ce système a été extrêmement modernisé depuis lors,
08:00 ça a toujours le même nom, mais c'est plus du tout la même chose,
08:02 c'est comme les voitures ou les avions,
08:04 ça a le même nom, mais c'est plus du tout la même chose.
08:06 Et il a notamment été conçu pour arrêter,
08:10 pour abattre des avions, mais aussi pour abattre des missiles,
08:13 et notamment pour abattre les missiles iskanders russes,
08:16 qui sont des missiles à relativement courte portée,
08:19 dont le Kinzhal est une version transportée par avion.
08:23 Donc on ne savait pas si ça marchait.
08:26 Ça marche.
08:27 Comme on voit, par exemple, les Israéliens
08:29 avec leur bouclier antimissile,
08:31 ils marchent leur bouclier antimissile, ça ne passe pas.
08:34 Il y a toujours un certain nombre de choses
08:36 qui vont passer à travers ou qu'on laisse passer à travers
08:39 parce qu'on a calculé la trajectoire à l'avance
08:42 et qu'on sait qu'il va aller dans un endroit
08:44 et il va s'écraser sur un champ.
08:46 On ne va pas dépenser des centaines de milliers de dollars
08:49 à intercepter quelque chose qui va s'écraser dans un champ,
08:52 alors qu'on sait pertinemment que sa trajectoire le conduit là.
08:55 Donc c'est pour ça que les taux de réussite à déchets,
08:59 c'est toujours des choses avec lesquelles il faut être prudent.
09:02 Donc oui, un, il n'y a pas d'arme miracle,
09:06 deux, les systèmes occidentaux américains,
09:11 mais les nôtres aussi, les crottales français, interceptent.
09:16 Les Ukrainiens disent "interceptent" à 100%,
09:18 je pense que ce n'est pas vrai,
09:20 je pense, mais ils interceptent sans doute à 90%.
09:23 – Ils pourraient intercepter un Kinzhal ?
09:25 – Un Kinzhal, non, je ne pense pas.
09:28 Mais les missiles que nous sommes en train de livrer aux Ukrainiens,
09:31 les fameux Mamba, les Samb-BT,
09:34 oui, bien sûr, c'est l'équivalent d'un Patriote.
09:36 Donc tout ça, on découvre en direct
09:42 ce sur quoi les militaires travaillaient depuis des décennies,
09:47 dans la défense aérienne, on voit que nos systèmes fonctionnent,
09:50 et qu'en face, comme on pouvait s'en douter,
09:53 parce qu'on avait déjà vu ça en Syrie,
09:55 on avait déjà vu ça en Libye, on avait déjà vu ça dans la guerre du Haut-Karabakh,
10:00 les systèmes de défense antiaérienne russes fonctionnent moins bien que les nôtres.
10:06 Parce qu'ils sont moins bons en électronique, voilà, c'est aussi simple que ça.
10:11 – Simplement, sur le factuel, c'est vrai qu'on est habitué,
10:14 depuis le début de cette guerre,
10:15 à voir nombre d'images tournées sur des téléphones portables.
10:19 Imaginons qu'un Kinzhal ait touché sa cible,
10:22 une bête comme ça, on imagine que ça peut faire s'effondrer un immeuble,
10:26 on aurait ces images, ou alors ça s'est passé loin de toute zone habitée.
10:32 – Qu'est-ce qu'ils faisaient ?
10:33 Parce que le Kinzhal c'est quelque chose qui a été à l'origine, je crois,
10:36 conçu pour aller taper les porte-avions, les gros bateaux.
10:42 Donc on peut taper un poste de commandement militaire, quelque chose de…
10:47 Mais taper des immeubles, ça n'a pas de sens, c'est des choses…
10:51 D'abord parce que ça n'a pas un pouvoir explosif considérable,
10:55 ça ne transporte pas des tonnes et des tonnes de matière explosive.
10:58 – Pas quand même pour faire exploser un porte-avions.
11:00 – Non, parce que c'est la vitesse qui compte, c'est la vitesse d'arrivée.
11:04 En fait, pour détruire un porte-avions ou un bateau à la mer,
11:08 il n'y a même pas besoin d'explosifs.
11:09 La simple vitesse, quand le missile arrive à 7, 8, 10 fois la vitesse du son,
11:15 le simple impact de quelque chose en métal fait que ça troue le bateau.
11:21 – Et ça ne fait pas s'écrouler un immeuble.
11:22 – Ça peut s'écrouler un immeuble, si, mais quel intérêt de faire s'écrouler un immeuble ?
11:25 – Oui bien sûr, on est habitué à voir les Russes terroriser les populations.
11:29 – Alors détruire des immeubles d'habitation avec des engins de surprise,
11:37 parce que c'est des engins très coûteux, c'est vraiment…
11:42 on se dit, bon, c'est quand même pas très intelligent.
11:46 – La morale de l'histoire ?
11:47 – Moi je ne suis pas sûr que ça fasse pchit.
11:49 En fait, pour l'instant, on est dans une guerre de communication entre deux adversaires,
11:53 les uns disant qu'ils ont tout arrêté et les autres disant qu'ils ont réussi.
11:57 – Oui mais je refais ma remarque, est-ce qu'on n'aurait pas des images
12:01 comme on en a eu à chaque fois qu'il y a eu des dégâts importants,
12:04 notamment contre les civils ?
12:05 Or là, il y en a un peu eu.
12:07 – Non mais ils ont peut-être détruit les PC militaires,
12:09 et ça les Ukrainiens ne le montreront pas,
12:10 et quand aux Russes ils le montrent, ce qu'il faudra d'abord,
12:14 avoir le satellite et que le satellite soit repassé au-dessus de leur PC
12:18 pour récupérer les images, ensuite ils vont traverser les images
12:20 et peut-être les envoyer sur les réseaux sociaux ou les diffuser, ça c'est possible.
12:23 Mais en tous les cas, côté ukrainien, ils n'ont pas intérêt à monter les destructions,
12:27 sauf si c'est du civil, pour dire c'est le salon de Russe,
12:30 et si c'est du militaire, ils ne le montreront pas
12:32 parce que l'objectif des Russes était atteint.
12:34 Est-ce que les Russes se monteront ? C'est une autre paire de manches.
12:36 Parce que les Russes, jusqu'à présent,
12:37 ne nous ont jamais trop montré les destructions qu'ils opéraient,
12:39 finalement presque jamais.
12:42 Donc pour l'instant, on est un peu dans le brouillard et dans le bleu.
12:45 – Alors Romain et Vera.
12:47 – Oui, je crois qu'il faut faire attention à un truc,
12:49 et c'est toujours un peu la même chose, de ne pas trop spignoler
12:52 sur un des éléments au milieu de l'ensemble.
12:55 La question, ce n'est pas de savoir si Mbappé ou Messi,
12:57 il y en a un qui court plus vite que l'autre.
12:58 La question, c'est chacune des équipes, comment elle se prépare
13:01 à avoir une offensive qui va franchir la défense adverse.
13:05 Là, par exemple, côté russe, ce n'est pas un missile tout seul,
13:09 c'est une salve de missiles, de formats différents,
13:12 qui viennent de lieux différents, il y en a qui sont venus de la terre,
13:15 il y en a qui sont venus des airs, il y en a qui sont venus des mers,
13:17 et donc eux, l'effort, c'est d'arriver à coordonner tous ces missiles-là
13:20 pour qu'ils arrivent à peu près au même moment sur les mêmes cibles,
13:23 en espérant que certains d'entre eux passent et détruisent la cible.
13:27 Côté ukrainien, l'objectif, c'est d'empêcher,
13:30 notamment les stars de l'équipe adverse de passer,
13:33 et donc comment on fait ?
13:34 On coordonne pareil ces éléments de défense,
13:36 dont les Patriotes, mais pas qu'eux, avec leur force et leur faiblesse.
13:40 La force du Patriote, c'est qu'il détecte les tirs de très loin,
13:44 son radar est extrêmement efficace,
13:45 mais il faut qu'il intercepte les missiles les plus dangereux,
13:48 d'où l'intérêt pour les Russes de grouper les tirs.
13:51 Et puis avec ça, on va coordonner les autres systèmes de défense.
13:55 Probablement que l'un des éléments ciblés par les Russes...
13:57 Et pareil, je ne suis pas convaincu que l'objectif
13:59 soit de détruire des immeubles pour détruire des immeubles.
14:01 - Probablement que l'une des cibles... - Je dis ça parce qu'on a vu ça dans le passé.
14:05 On ne sait jamais ce qui cible exactement.
14:08 Terroriser une ville avec 16 missiles,
14:11 c'est quand même pas...
14:12 Le bilan humain, a priori, il a les trois blessés,
14:14 on peut sous-estimer les Russes autant qu'on veut,
14:17 c'est probablement pas le cas.
14:18 Eux, ce qu'ils visent, ce sont les Patriotes.
14:20 Le point faible du Patriote...
14:22 - Ils visent les batteries des Patriotes. - Oui, absolument.
14:24 Le point faible du Patriote, c'est que ça ne bouge pas.
14:26 Donc leur objectif, c'est d'arriver à identifier
14:29 où sont les différents éléments du Patriote.
14:31 L'avantage du Patriote, c'est quand même que ce sont plusieurs éléments.
14:34 Les batteries qui tirent les missiles sont dispersées.
14:39 Il y en a huit différentes.
14:40 Quand bien même l'un des missiles en toucherait une,
14:42 il en reste sept pour continuer.
14:44 Donc à chaque fois, c'est un système extrêmement complexe de part et d'autre.
14:47 Il ne faut pas sous-estimer le travail que font les Russes
14:50 en termes d'apprentissage, de gain de précision au fur et à mesure.
14:53 Les différentes opérations qu'ils font sont à chaque fois différentes.
14:56 Et puis, côté ukrainien, le gain en efficacité, en compétence, etc.
15:01 Alors, on ne sait pas ce qu'ils ont eu comme résultat précis ici.
15:04 Il faut faire attention de ne pas non plus prendre pour argent content
15:07 ce qu'ils disent.
15:08 Ce qui est certain, c'est qu'ils ont du matériel extrêmement pointu
15:10 qui a été en partie conçu pour faire face à ce type de missiles russes.
15:15 Et puis derrière, ils ont surtout des opérateurs
15:17 qui gagnent en compétence au fur et à mesure
15:19 des tentatives d'attaque des Russes.
15:21 - Vera, votre regard ?
15:23 - Effectivement, c'est une des attaques les plus massives
15:26 au niveau de matériel.
15:28 On n'a pas vu encore tant de Kinzhal envoyés en même moment.
15:32 Et à mon avis, j'ai peut-être une tentative de répondre
15:35 à ce qu'ils visaient, en fait,
15:37 parce que d'après ce que j'ai lu aujourd'hui,
15:40 et avant, dans les milieux pro-guerre,
15:42 proches au ministère de la Défense,
15:44 à chaque fois, après un incident qui se passait en Russie
15:47 ou après un coup fort de l'Ukraine envers la Russie,
15:51 ces milieux-là appelaient à faire un coup
15:54 sur le centre de la prise de décision.
15:56 Ils appellent ça comme ça.
15:58 Ca veut dire viser le centre où il y a beaucoup de militaires,
16:00 où il y a Zaloujny, où il y a quelqu'un d'important.
16:03 Et cette attaque assez massive, à mon avis, ça peut être ça.
16:06 Parce qu'aujourd'hui, ils discutaient entre eux
16:08 qu'il faut faire des attaques comme ça
16:10 pour viser le centre de la prise de décision,
16:13 pour éliminer le commandement.
16:15 C'est ça qu'ils visaient,
16:17 parce qu'effectivement, on ne voit pas des autres cibles
16:20 qu'ils visaient, on ne voit pas des preuves
16:22 de ce qu'ils ont essayé de détruire,
16:24 comme les dépôts de l'essence,
16:28 ou quelque chose comme ça, plus logistique.
16:30 Donc ça ressemble à une tentative de venger,
16:32 peut-être, qu'ils ont préparée
16:34 et qu'ils ont essayé de faire un peu en surprise
16:35 contre les Ukrainiens.
16:37 - C'est vrai que quand les Russes touchent un objectif,
16:39 en général, ils le mentionnent.
16:41 Ils savent quels objectifs ils touchent.
16:43 Là, ils ont simplement dit, nous avons atteint les objectifs,
16:46 ils n'en ont précisé aucun.
16:47 - Vous savez, David, la campagne de frappe stratégique sur l'Ukraine,
16:50 elle a commencé, de mémoire, le 9 octobre,
16:52 après l'attaque du pont de Kerch.
16:55 Donc nous sommes sept mois plus tard.
16:58 Alors, elle a eu des hauts et des bas.
17:02 Là, on est plutôt dans une phase haute,
17:05 qui durera ce qu'elle durera,
17:07 parce qu'ils n'ont pas une quantité monstrueuse de missiles à tirer.
17:10 Mais on peut tirer un premier bilan
17:14 de cette campagne de frappe stratégique de sept mois,
17:16 c'est qu'elle n'a pas mis le crène à terre à jeu.
17:18 Voilà.
17:19 Ils devaient mettre le crène à terre.
17:21 Rappelez-vous, ils devaient détruire les systèmes électriques,
17:25 par exemple.
17:26 Les systèmes électriques, il suffit de regarder les images.
17:28 Il y a de la lumière à Kiev.
17:29 Voilà, c'est aussi simple que ça.
17:31 - Mais là, on a approché un cran dans les armes utilisées.
17:35 Ici, les crimes, là, elles sont de sortie.
17:36 Et visiblement, ça ne change pas la donne.
17:38 - Plus vous utilisez du matériel sophistiqué,
17:41 pour...
17:43 Effectivement, vous n'en avez pas beaucoup,
17:46 parce que, si on balance des bombes...
17:51 Vous savez, vous envoyez des avions avec des bombes
17:54 et vous les laissez tomber sur la ville,
17:56 vous pouvez le faire des dizaines et des dizaines de fois.
17:59 Là, c'est quand même très, très, très, très, très sophistiqué.
18:02 - Pendant la Seconde Guerre mondiale,
18:03 les V1 et les V2 qui ont été tirés sur la Grande-Bretagne
18:06 n'ont jamais changé le cours de la guerre, en réalité.
18:09 - C'était censé être l'arme absolue,
18:10 en attendant éventuellement une bombe nucléaire.
18:12 - Les Wunderwaffen, les armes miracles,
18:14 il n'y a pas d'armes miracles.
18:15 - Les V1 ou les V2.
18:16 On s'inquiète, en tout cas, à la télévision publique russe,
18:19 de ces armes toujours plus sophistiquées,
18:21 en l'occurrence, les armes de défense, les Patriotes.
18:24 Souvenons-nous, quand il y avait eu les fuites de la CIA,
18:28 elles insistaient beaucoup sur...
18:31 - L'Ukraine ne dispose pas suffisamment d'armes antiaériennes
18:36 pour protéger sa contre-offensive, en particulier les Patriotes.
18:40 Bon, là, les Patriotes, on les voit à l'œuvre,
18:42 et ça inquiète la télévision russe.
18:45 Écoutez.
18:47 ...
19:12 - Quelles sont les conclusions ?
19:14 - Montage Gélodi, allez.
19:40 Alors, il n'est pas question des Kinzhal précisément,
19:43 mais il est question des armements toujours plus sophistiqués de l'Ukraine,
19:47 et on constate qu'encore une fois, le ton n'est plus du tout le même
19:51 qu'il y a un mois ou deux mois à la télévision russe.
19:54 Là, on est dans le constat que ces armements arrivent en Ukraine,
19:58 que ces armements posent de plus en plus de problèmes.
20:01 C'est assez saisissant, ce changement de ton, Vera,
20:04 vous qui suivez cette télévision.
20:06 - Oui, mais il y a la réalité qui rattrape, en fait,
20:07 la réalité de Téhéran, déjà.
20:09 Il voit que depuis un an, il n'arrive pas à vaincre,
20:13 à s'emparer d'un pays dont il a douté l'existence.
20:15 Il croyait que l'Ukraine, ce n'est pas une nation, ce n'est pas un Etat,
20:18 il va s'effondrer le lendemain de l'invasion.
20:21 Après, effectivement, il y a un décalage entre Zelensky
20:25 et ses alliés qui continuent à lui fournir des armements,
20:29 malgré ce qu'était le calcul de Kremlin.
20:31 On se rappelle très bien que le calcul,
20:33 et à mon avis, jusqu'à maintenant, le calcul de Poutine,
20:35 c'est compter et attendre le moment
20:37 jusqu'à ce que les Européens auront marre
20:41 et vont arrêter, en fait, d'aider l'Ukraine.
20:44 Ça ne se passe pas, et il n'y a pas d'horizon,
20:47 et il n'y a pas de quelques preuves que ça peut se passer bientôt.
20:49 Et pendant ce temps-là, l'armée russe peut subir une défaite sur le front.
20:53 Donc bien sûr, il y a une fébrilité,
20:55 et peut-être un peu la préparation d'après-guerre.
20:57 Quelle va être la responsabilité de cette personne qui...
21:00 - Vous pensez qu'ils ont ça en tête ?
21:02 - Bien sûr, bien sûr. - Déjà ?
21:03 - Bien sûr. - Aujourd'hui ?
21:04 - Parce qu'ils commencent à renvoyer la responsabilité l'un vers l'autre,
21:08 en disant qui est à l'origine de cette défaite,
21:11 qui on doit accuser,
21:14 c'est à cause de qui qu'on n'arrive pas à gagner.
21:16 Donc oui, ils sont très dans l'esprit.
21:18 Qu'est-ce qui peut se passer si ça ne fonctionne pas du tout, cette guerre ?
21:21 - En tout cas, on boucle la boucle et on repense à cette phrase
21:24 des dirigeants de la CIA tout à l'heure, lorsqu'on examinait ces petits films.
21:28 "Le moment est peut-être le plus propice que nous ayons jamais connu
21:31 pour recruter des agents."
21:33 Et on imagine les Russes en train de regarder cette télévision publique
21:36 où le tronc triomphaliste du début n'est plus du tout de mise.
21:41 Peut-être, à ce moment-là, que leur esprit est plus vulnérable.
21:44 Oui, Romain ?
21:45 - Attention quand même, le fonctionnement de ces émissions,
21:48 depuis le départ, s'appuie sur des gens qui ont chacun un rôle.
21:52 Et il y a effectivement, depuis le départ, des gens qui disent
21:54 "Ouh là là, c'est difficile sur le terrain, c'est compliqué,
21:57 on a des morts, etc. Est-ce qu'on est suffisamment préparés ?"
22:00 Il y a déjà des oiseaux de mauvaise aigueur dès le départ.
22:03 Et il y a derrière d'autres intervenants qui viennent et qui disent
22:06 "Mais non, ne vous inquiétez pas, notre armée est extrêmement performante
22:09 et nos soldats sont tellement patriotes que quoi qu'il arrive,
22:12 missiles ou pas missiles, ils arriveront à se retourner."
22:14 Et puis normalement, à la fin, il y a le joker qui arrive
22:17 et qui dit "Si jamais les Britanniques, leurs missiles allaient trop loin,
22:20 hop, une bombe nucléaire et tout est réglé."
22:22 Donc ce jeu de rôle, il se reproduit en boucle depuis le départ.
22:27 - Mais Olga Skabeïava, puisqu'on l'entend depuis le début,
22:32 c'est une des figures de cette télé publique,
22:33 elle était plutôt dans les discours martiaux, très durs,
22:37 et là on la sent un peu affectée quand même.
22:40 - Ils ont déjà eu dans le passé des moments de baisse de morale,
22:44 et puis ensuite ça repart exactement comme le dit Romain,
22:47 c'est-à-dire que ça repart vers le haut, ils repartent tambour battant,
22:50 en se frappant le corps.
22:51 - Là ça fait un moment quand même qu'on les entend plus.
22:53 - C'est exactement comme un plateau de Cyril Hanouna,
22:55 le rôle du méchant, il tourne selon les saisons.
22:58 Mais il y a toujours un méchant, un gentil, un un peu plus agressif,
23:01 un un peu plus sympa, et en fait ça tourne.
23:04 Alors c'est pas toujours exactement la même personne,
23:06 mais les discours, on les retrouve depuis le départ.
23:09 Et si vous regardez l'émission en entier,
23:11 vous verrez qu'à la fin, globalement, rassurez-vous, les Russes vont gagner.
23:14 - Et qu'il y en a quand même un qui cogne.
23:16 - Et qu'il y en a quand même un qui cogne.
23:17 - Romain, expert aussi de sémantique télévisuelle, vous avez toutes les...

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