Toute l'actualité de la Côte d'Ivoire chaque jour sur RTI Info avec les journaux, reportages et magazines d'information RTI1, RTI2, Radio Côte d'Ivoire.
www.rti.info
https://www.facebook.com/RTIinfo225
https://twitter.com/RTI_info
https://www.instagram.com/rtiinfo/
https://www.linkedin.com/company/rtiinfo
https://www.dailymotion.com/rtiinfo
www.rti.info
https://www.facebook.com/RTIinfo225
https://twitter.com/RTI_info
https://www.instagram.com/rtiinfo/
https://www.linkedin.com/company/rtiinfo
https://www.dailymotion.com/rtiinfo
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Le Bandama, vu du pont qui relie la village de Bamba Cro et de Bozy.
00:04 Ce fleuve sur lequel est construit le barrage de Kossou et qui traverse la ville de Boaflé,
00:10 se laisse découvrir dans toute son étendue.
00:13 On est frappé par sa couleur. Une couleur ocre,
00:16 semblable à celle que donne à voir de l'eau mélangée à du sable, issu d'un sol latéritique.
00:21 Ce n'est pas le même Bandama auquel sont habitués les habitants des villages riverains.
00:28 Leur rapport au fleuve a changé. C'est le cas de Bamba Cro, un village de pêcheurs.
00:33 Nos enfants vont plus dans l'eau pour faire la baissette, pour faire la laissée d'armes.
00:36 La laissée va être interdite, ça dimanche.
00:38 Quand ils y accélèrent, la boue là, là elle est versée dans le Bandama.
00:41 Au delà de Bamba Cro, plus au nord, un campement du village Daka Oungé Sankro.
00:47 Ici aussi, à 20 kilomètres du village chef-lieu, c'est la même couleur ocre que présente le fleuve Bandama.
00:55 Les pêcheurs de ce campement accusent les orpailleurs d'en être la cause.
00:59 Cette situation affecte la pêche.
01:01 Il y a des machines, des drags sur l'eau.
01:04 On dit qu'ils polluent l'eau.
01:06 Ils prennent la boue, ils sortent la surface de l'eau.
01:08 Ce qui fait que les poissons ne peuvent pas s'arrêter. Ils vont ailleurs.
01:10 Avant, les poissons venaient tout juste à la rive.
01:12 Même en bas, comme ça, tu touches la nuit, tu peux les voir.
01:16 Mais maintenant, ce n'est plus ça.
01:17 La rareté du poisson oblige les pêcheurs à adopter de nouvelles techniques de pêche,
01:22 comme par exemple battre l'eau pour faire sortir les poissons des profondeurs.
01:27 Les habitants de ce campement sont obligés d'adopter un nouveau mode de vie.
01:39 Pour être à l'abri des maladies hydriques, ils ne boivent plus de l'eau de ce fleuve, pollué, selon eux.
01:45 Les gens des drags, qu'ils travaillent dedans, ne m'en veulent pas.
01:49 La couleur de l'eau change. Si ça devient rouge, ça y est pas.
01:53 Dans ces différents villages et campements, les orpailleurs mènent en toute tranquillité leurs activités.
02:00 À l'aide de pelleteuses, de pioches, de perles, de tamis, de motopompes ou de drags, en plein lit du fleuve,
02:09 ils creusent le sol pour en extraire la terre, susceptible de leur offrir la pierre précieuse.
02:15 Les amas sont lavés. Si le lavage n'est pas directement fait dans le banc d'amas, les résidus y sont déversés.
02:22 Pour ces orpailleurs, il n'y a pas de danger possible. Des précautions sont prises pour éviter la pollution de l'eau.
02:29 On prend une machine pour mettre au banc d'amas, on tire, on vient mettre ici, après on met la machine ici,
02:36 on tire pour partir où on travaille. On serre les trous pour mettre,
02:39 là après on prend la machine qui est au banc d'amas pour venir là-bas pour laver.
02:43 Ici, comme l'eau a un pépite, nous n'utilisons pas d'autres produits. On lave directement et on recule directement.
02:51 Les orpailleurs sont-ils exempts de reproches ?
02:54 Direction Boisflé, chef-lieu de la région de la Maraoué.
02:58 Dans cette localité, c'est à partir du banc d'amas que les services des eaux alimentent la ville en eau potable.
03:04 Nous rencontrons les autorités sanitaires pour avoir une idée de la qualité de l'eau et des poissons sur la base des maladies hydriques
03:12 ainsi que des intoxications alimentaires.
03:15 Sur les ressources hallucinatriques, il me serait difficile de me prononcer parce que je ne suis pas spécialiste en ressources hallucinatriques et animales.
03:23 Mais sur la santé humaine, c'est vrai qu'il est décrit dans la littérature que le mercure qui est utilisé dans l'orpaillage illicite
03:30 a un effet nocif sur la santé même de l'homme.
03:33 Mais depuis que je suis à Boisflé, nous n'avons pas constaté de changements notables dans ce domaine.
03:40 Il faut peut-être des études beaucoup plus poussées pour pouvoir prouver l'imputabilité du mercure sur un certain nombre de phénomènes de santé qu'on pourrait constater.
03:50 De retour à Abidjan, nous saisissons le centre ivoirien anti-pollution.
03:54 Il se rend à Bambaqro pour faire des prélèvements.
03:58 Les scientifiques ont prélévé deux échantillons à différents endroits du fleuve étiquetés Boisflé 1 et Boisflé 2 pour analyse.
04:06 Les résultats sont accablants.
04:08 Boisflé 1 contient moins de 10 microgrammes de cyanure, 16,1 microgrammes d'arsénique, 11 microgrammes de chrome, 6 microgrammes de mercure,
04:18 moins de 5 microgrammes de plomb et 13 microgrammes de zinc par litre d'eau pour ne citer que ces métaux-là.
04:25 Sensiblement les mêmes concentrations pour Boisflé 2.
04:29 Les concentrations dépassent de très loin la valeur guide, à savoir le seuil tolérable admis par l'Union européenne.
04:35 L'un des éléments frappants, c'est la présence du mercure.
04:38 Il y a les eaux qui sont très turbides, vous savez la turbidité, les eaux sont troubles, donc il y a une turbidité très élevée.
04:43 Logiquement la norme d'eau potable nous recommande 5 unités de turbidité, mais ici nous avons jusqu'à 832, 850,
04:51 donc vous voyez que ce n'est plus des eaux naturelles.
04:53 Le mercure, effectivement, c'est ce qui est utilisé par les eaux pariaires pour faire la malgation des terres qui sont lavées,
04:58 pour mieux concentrer l'or.
05:00 Et lorsqu'ils finissent de concentrer l'or, tous les bouts sont rejetés également dans l'eau.
05:04 Donc ici on a des téneurs qui vont de 6 à 7, et pourtant la norme naturelle nous impose une valeur de 1,
05:11 c'est-à-dire que nous sommes au-dessus de la norme admise.
05:14 Donc ça veut dire que le milieu déjà, il est contaminé en mercure.
05:18 Si l'eau est contaminée en mercure, ça veut dire que tout ce qui vit peut être contaminé en mercure.
05:22 L'arsénique également aussi est un élément métallique qui se trouve aussi dans la coute terrestre
05:27 et qui peut aussi créer des impacts sanitaires importants.
05:30 Il va arriver un moment où dans les pommes de la population, vous allez voir qu'il y a des boutons,
05:35 comme ça qui apparaissent, des boutons ensanglantés.
05:38 Et ça c'est ce genre de maladies qui apparaissent, qui sont dues à ces types de métaux.
05:43 Le calnium, le chrome, il y a le mercure, le plomb, le zinc, ces éléments chimiques sont des éléments toxiques et qu'il faut proscrire.
05:50 L'analyse des poissons pêchés dans le Bandama donne des résultats aussi inquiétants.
05:55 Ces poissons ont été pris au niveau du lac de Kosovo, ils ont été achetés au niveau du marché, d'accord, de Yamsuko.
06:02 Et comme sur le nez, nous avons fait l'analyse de ces poissons-là au niveau du laboratoire.
06:07 Et on a été interpellé par la présence du mercure dans la chair de ces poissons.
06:12 Et donc, il n'y a pas le mercure seul, il y a le plomb, le calnium, le cuivre, le zinc, le chrome et le cobalt.
06:20 On a remarqué ici que celui qui était le plus important c'était le chrome.
06:24 Pourtant, le chrome, il est dans le sol, c'est vrai, et on l'a retrouvé dans l'eau.
06:30 Mais pourquoi ? C'est parce que les opéreurs sont allés le chercher là où il se trouvait, ils n'en ont pas besoin.
06:35 Quand ils ont enlevé l'eau, ils ont libéré le chrome.
06:38 Or, le chrome est un métal aussi très toxique.
06:41 L'absorption de ces métaux par bioaccumulation à travers l'eau, où les poissons engendrent des conséquences, inévitables au bout de 25 ans.
06:49 On serait étonné de voir qu'il y a une nouvelle maladie qui apparaît.
06:52 En Côte d'Ivoire, les gens sont dans une incapacité de mobilité, ils vont commencer à utiliser des fauteuils roulants.
06:59 On se dira certainement que non, qu'on n'est pas à l'origine, mais l'origine vient de là.
07:03 Le mercure que nous avons accumulé longtemps dans nos cours d'eau, il commence à faire ses effets
07:08 parce que ce mercure va maintenant adopter ce qu'on appelle sa forme métillée, qui est la forme toxique.
07:13 Face à l'impact de ces différents métaux sur l'eau, les cultures, les animaux et les humains,
07:19 les responsables du CIAPOL et l'autorité administrative font des propositions
07:24 afin d'éviter ce qui pourrait être une catastrophe humanitaire d'ici à deux décennies.
07:29 Cette activité peut être rationalisée. Il suffit d'un encadrement pour leur donner un savoir-faire.
07:34 Pour les milieux qui ont été déjà impactés, il faut les dépolluer.
07:37 Comment les dépolluer ? Cela n'est pas du tout possible. Il faut compter avec la nature.
07:42 Mais compter avec la nature veut dire ne pas amplifier encore l'eau paillasse.
07:46 Les canards qui s'enrichissent, c'est nocif pour toute la communauté nationale.
07:51 Parce que les poissons du Bandama, quand ils sont pêchés, c'est ça qui alimente le marché d'Abidjan.
07:57 Donc la lutte, nous sensibilisons. Ce n'est pas une affaire d'un individu, c'est une affaire collective.
08:03 Il faut que nous nous y engageons complètement et qu'on soutienne les autorités préfecturales dans la sensibilisation.
08:11 La pollution des cours d'eau, du fait de leur paillage illégal, est une réalité en Côte d'Ivoire.
08:16 Aucun des quatre grands fleuves n'est épargné. Une situation préoccupante.
08:21 À quand une réponse définitive à ce fléau ? À quand la fin de cette ruée effrénée vers l'enrichissement ?
08:29 Une course à l'enrichissement qui impacte la qualité de l'eau, source de vie.
08:34 Une eau devenue tueuse, silencieuse.
08:38 Merci d'avoir regardé cette vidéo !