"Tais-toi et intègre-toi", les confidences de Ramzy Bedia sur son enfance

  • l’année dernière
Il a débarqué sur nos écrans presque par hasard. Trente ans plus tard, Ramzy Bedia, muni de son regard espiègle, fait parti des comédiens les plus appréciés en France. L'humour a toujours été pour lui une arme très efficace. Faire rire pour se faire aimer, c'est le mantra de sa vie. Car le rire lui a permis de surmonter humiliations et galères.

"Je tiens mon humour de la grand-mère. Elle avait toujours des copines à la maison et je les voyais rigoler dans le salon, se faire des blagues tout le temps. Elle aimait bien aussi que je fasse des vannes", a confié l'acteur, dont les parents ont quitté l'Algérie pour la France en 1962 (année de l'indépendance de l'Algérie).

"Tais-toi et intègre-toi", tels ont été les mots de son papa à l'époque. "Il m'a mis à l'école catholique. Je faisais mes prières tous les matins. Le soir, quand je rentrais, je le voyais, dans sa chambre, le front sur le sol, en train de prier. Je ne comprenais pas. 'Mais papa, pourquoi je ne prie pas comme toi?' Sois comme les autres. Intègre-toi comme les autres."

Un papa qui a trimé pour un Smic, bossant jusqu'à ses 80 ans "pour me payer mon école privée parce qu'on était à Gennevilliers dans une banlieue difficile. Donc il m'a mis à l'école dans la ville d'à-côté", a confié le comédien de 51 ans.
Transcript
00:00 - En 1962. - C'est ça.
00:01 - L'année de l'indépendance de l'Algérie. - C'est ça.
00:04 - Votre père vous transmet le respect des deux pays.
00:07 - Oui. - Il vous dit quoi ?
00:09 - Il me dit "tais-toi et intègre-toi".
00:13 A l'époque, c'était ça.
00:14 Mon père m'a mis à l'école catholique.
00:17 J'allais à l'école, je faisais mes prières tous les matins.
00:19 "Né notre Père, né je vous salue, né Marie."
00:21 Je les connais par cœur.
00:23 Je les connais par cœur encore.
00:25 Et le soir, quand je rentrais, je voyais mon père dans sa chambre,
00:29 le front sur le sol, en train de prier.
00:31 J'avoue que je ne comprenais pas.
00:32 Je disais "Papa, pourquoi je ne prie pas comme toi ?"
00:34 Il me dit "Tais-toi, on verra plus tard.
00:37 "Là, sois comme les autres, intègre-toi comme les autres."
00:40 - A l'époque, votre père trime pour vous offrir ce qu'il pense être le meilleur.
00:44 - On est 11 à la maison et il y a un smic à la retraite.
00:48 Il a continué à travailler en artisan taxi
00:50 pour pouvoir me payer l'école privée,
00:52 parce qu'on a été à Gennevilliers, dans une banlieue difficile.
00:55 Donc il m'a mis à la ville d'à côté, à Angier, à l'école privée.
00:59 Il travaillait juste pour me payer ça.
01:00 Il a bossé jusqu'à ses 80 ans.
01:02 - A l'école, c'est compliqué, vous avez l'impression d'être invisible.
01:06 - Je suis tout le temps mis à côté, j'ai pas les bonnes chaussures,
01:08 j'ai pas les bons habits, j'ai pas la bonne amobilette.
01:12 Et jusqu'au jour où je découvre l'humour.
01:15 Et je le découvre un jour.
01:17 Dans la cour de récré, il y a un groupe d'élèves qui prépare une fête.
01:21 Et là, j'entends "On n'a qu'à inviter Ramzi, il nous fera rire."
01:24 C'est ce jour-là où j'ai compris.
01:26 Et donc j'ai été à cette boum,
01:27 et je commence à faire des vannes, à être rigolo.
01:29 Et c'est là que tu vois que les choses s'enclenchent.
01:32 Je commence à avoir des amis, les filles te regardent.
01:35 Te pécho pas, mais elles te regardent déjà.
01:38 [Musique]

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