En exclu pour Lou : Caroline Goldman, psychologue pour enfants, conseille aux parents de poser des limites et d’exercer leur autorité sur leurs enfants, si nécessaire par la punition (non-violente).
Toute la presse en parle, son podcast sur l’éducation cartonne, Caroline Goldman a écrit plusieurs livres dont « Pourquoi ? Petites leçons de psychologie pour les enfants de 4 à 7 ans » et « File dans ta chambre ! ».
Et vous, que pensez-vous de l’éducation positive ?
Toute la presse en parle, son podcast sur l’éducation cartonne, Caroline Goldman a écrit plusieurs livres dont « Pourquoi ? Petites leçons de psychologie pour les enfants de 4 à 7 ans » et « File dans ta chambre ! ».
Et vous, que pensez-vous de l’éducation positive ?
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00:00 les parents me disent absolument ébahie,
00:03 mais on a le droit de punir.
00:05 Je m'appelle Caroline Goldman
00:08 et je suis psychologue pour enfants et adolescents.
00:10 L'éducation positive,
00:16 telle qu'elle a été conceptualisée à son origine,
00:18 je la trouve parfaitement juste
00:20 puisqu'elle offre une place à la fois à l'amour,
00:23 à la tendresse,
00:24 à l'éducation du côté de l'éveil intellectuel
00:28 et troisièmement aux limites éducatives.
00:30 Or, par des spécialistes autoproclamés,
00:33 ce troisième volet a été rogné.
00:36 Évidemment, ça pose de grands problèmes
00:37 parce que ça menotte les parents
00:39 dans l'exercice de leur autorité.
00:40 Lorsque je demande aux parents
00:44 comment ils réagissent à ces transgressions infantiles,
00:47 ils me disent qu'ils proposent un câlin,
00:50 qu'ils répètent l'instruction à l'infini.
00:53 Parfois, depuis 18 ans,
00:55 les parents s'épuisent à expliquer le bien et le mal
00:58 à leur enfant.
00:58 Et donc, je leur demande
00:59 "Mais vous ne le grondez jamais
01:01 et vous ne le punissez jamais votre enfant
01:03 lorsqu'il mort, lorsqu'il attaque,
01:05 lorsqu'il se met en danger,
01:06 qu'il se jette sous les roues des voitures, etc."
01:09 Et là, les parents me disent absolument ébahis
01:13 "Mais on a le droit de punir ?"
01:15 Alors, je leur explique que oui,
01:16 on a le droit de punir,
01:17 que c'est même conseillé à condition, évidemment,
01:19 qu'il s'agisse de punitions absolument non violentes.
01:22 Mais il se trouve qu'elles existent
01:24 et qu'elles appartiennent à cette littérature
01:26 de l'éducation positive à l'origine.
01:28 Une bonne punition, c'est une punition qui fait son travail,
01:34 c'est-à-dire qui limite efficacement l'enfant
01:36 sans dommages collatéraux
01:38 sur aucune partie de sa structuration psychique.
01:42 Donc, ce qu'il faut faire, à mon sens,
01:44 c'est les envoyer dans leur chambre
01:46 ou dans tout espace sécurisé
01:48 où il y aura des livres et des jeux
01:50 adaptés à leur tranche d'âge
01:51 pour un temps qui, au départ, est extrêmement court
01:55 puisqu'on peut commencer à mettre en place progressivement
01:57 cette technique qu'on appelle aussi le "time out"
02:00 dans la littérature scientifique anglo-saxonne,
02:03 donc une mise à l'écart temporaire hors de l'espace commun.
02:05 Je peux vous illustrer, si vous voulez, en quoi ça consiste.
02:08 Paul, est-ce que tu as le droit de jeter ta cuillère de purée
02:12 comme ça dans les cheveux de maman et par terre ?
02:14 Je t'ai déjà expliqué que non.
02:15 Donc, comme tu ne m'as pas obéi, je vais te punir.
02:18 Donc, viens avec moi.
02:19 Je prends l'enfant,
02:20 je l'emmène derrière la porte de sa chambre
02:22 ou toute autre pièce sécurisée accessible
02:24 et je lui dis "tu es puni pendant deux minutes
02:27 parce que tu ne m'as pas obéi".
02:28 Ma statistique empirique est la suivante.
02:36 Trois fois, vous punirez votre enfant
02:39 pour chaque transgression commise.
02:41 Par exemple, ouvrir le four pendant la cuisson,
02:44 trois fois, vous allez le punir pour ça.
02:46 Après, il n'y aura plus de sujet,
02:47 ouvrir le four pendant la cuisson.
02:49 Ou râler à table, couper la parole aux parents,
02:51 trois fois au prorata du temps qu'on passe avec nos enfants.
02:55 C'est absolument ridicule.
02:57 Les parents ne doivent jamais perdre leur stoïcisme.
03:04 Ils doivent se comporter comme des girafes,
03:06 très élevés, très hautes, stoïques,
03:09 face à des petits moucherons excités
03:11 ou des petites fourmis rouges
03:13 qui, encore une fois, font leur travail d'enfant
03:15 et vont voir jusqu'où s'étend leur pouvoir.
03:17 Parfois, je fais lever les parents dans mon cabinet,
03:21 à côté de leur enfant,
03:22 parce qu'ils m'amènent des enfants de un an et demi ou deux ans
03:23 en me les présentant comme un dragon.
03:26 Vraiment, c'est infernal,
03:28 ils pourrissent toute l'ambiance de la maison,
03:30 ils hurlent en permanence, etc.
03:32 Et moi, je vois un tout petit Asticot
03:35 avec sa petite totote et son doudou,
03:36 je me dis, comment en sont-ils arrivés
03:39 à avoir de leur tout petit enfant
03:41 une représentation aussi puissante ?
03:44 Évidemment, quand ils sont menottés
03:46 dans l'exercice de leur autorité
03:47 par cette littérature douteuse que j'ai évoquée,
03:50 ils sont entravés dans la possibilité
03:53 de remettre la petite fourmi à sa place de fourmi.
03:57 On explique aux parents,
04:02 c'est pas un mauvais bougre, votre enfant,
04:03 il fait juste son travail, il appelle vos limites.
04:06 Donc, il fallait les lui offrir.
04:07 Et quand il fait la girouette
04:09 dans l'expression de désir incessant
04:11 qui passe d'un truc à l'autre,
04:13 je veux plus de petits pois, je veux plus de jus d'orange,
04:15 en fait, c'est pas du tout ce qu'il appelle,
04:16 il appelle vos limites.
04:18 Donc, offrez-les lui et voyez le sous-titre qui clignote
04:21 au lieu de coller à ses revendications.
04:24 À partir du moment où j'annonce à l'enfant
04:30 ce changement d'air,
04:31 je lui dis très solennellement
04:33 à l'issue de l'entretien diagnostique,
04:34 à partir de maintenant,
04:35 tes parents ne vont plus jamais te crier dessus,
04:37 ils ne vont plus te répéter sans arrêt
04:40 des mises en garde et des reproches,
04:42 ils vont arrêter de taper s'ils tapaient.
04:45 Par contre, à partir de maintenant,
04:46 à chaque fois que tu désobéiras,
04:49 tu seras envoyé dans ta chambre, tu seras puni.
04:52 Chacun des enfants à qui j'ai annoncé ça
04:54 a fait un très grand sourire.
04:56 Voilà, il m'a adressé ce sourire
04:57 et il a adressé ce sourire à ses parents
05:00 et donc je ne manque jamais de le signifier aux parents.
05:03 J'ai même cette petite phrase typique
05:05 que je répète séance après séance,
05:07 voyez comme ça a l'air de le contrarier.
05:09 Ne jamais se désavouer devant l'enfant,
05:15 mais de réorienter l'axe d'action répressive.
05:20 Par ces mots,
05:22 "Écoute ta mère et va dans ta chambre"
05:24 ou "Écoute ton père et va dans ta chambre".
05:27 Ça, ça met tout le monde d'accord,
05:29 sachant que l'enfant, à partir du moment
05:32 où un de ses parents le rabroue
05:35 et que l'autre parent reste silencieux,
05:37 ne me demandez pas pourquoi,
05:38 la seule réalité que l'enfant va retenir de cette scène,
05:41 c'est le silence du second parent.
05:43 C'est-à-dire que jusqu'à ce que le second parent
05:44 se rallie à l'autorité du premier,
05:47 l'enfant va y voir une brèche dans la matrice éducative
05:51 et une fêlure,
05:52 et va se faufiler dans cette brèche
05:54 jusqu'à ce que cette matrice fasse front ensemble.
05:58 Lorsque je reçois plus tard ces enfants,
06:04 donc trois semaines après en général,
06:06 ils me disent que l'enfant est transformé,
06:09 que tout le monde le dit,
06:12 la maîtresse, les grands-parents,
06:14 la baby-sitter, la nounou,
06:16 les parents parlent de miracle,
06:17 ça n'a rien à voir avec mon travail,
06:20 ça a à voir avec la méthode.
06:22 C'est tout.
06:22 [Musique]