• l’année dernière
Une femme noire en lice pour la Palme d’or, tout un symbole alors que l’Afrique est souvent absente de la compétition cannoise. Quatre ans après le sacre de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, Grand Prix du festival pour "Atlantique", le continent a une nouvelle chance de briller sur la Croisette. La franco-sénégalaise Ramata Toulaye-Sy présente "Banel et Adama", son premier long-métrage. À 36 ans, elle est la benjamine de la compétition. Elle est l'invitée de Louise Dupont dans ce nouveau numéro de "À l'Affiche à Cannes".

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Transcription
00:00 *Musique*
00:11 Une femme noire en lice pour la palme d'or.
00:14 Tout un symbole alors que l'Afrique est souvent absente de la compétition canoise.
00:18 Quatre ans après le sacre de la réalisatrice franco-sénégalaise Mathilde Diop, Grand Prix pour Atlantique,
00:24 le continent a une nouvelle chance de briller sur la croisette.
00:27 La réalisatrice franco-sénégalaise Ramata Tulaïsi présente Banel et Adama son premier long métrage.
00:34 A 36 ans, elle est la benjamine de la compétition et je vais tout de suite la rencontrer.
00:38 *Musique*
00:44 Bonjour Ramata, ça va ?
00:46 Bonjour, enchantée.
00:47 On est ravis d'être avec vous.
00:48 Alors lors de la conférence de presse où Thierry Frémaux, le délégué général du festival, a listé les films en compétition,
00:54 il a parlé de votre réaction quand il vous a appelé au téléphone.
00:57 Vous pouvez nous raconter en quelques mots ce coup de fil ?
01:00 Alors c'était à minuit, la veille de la conférence de presse, et je n'ai pas eu directement Thierry Frémaux.
01:04 Il était là dans la pièce parce que c'était sous un parleur.
01:06 Je décroche, déjà je ne décroche jamais à cette heure-ci, et là on m'annonce que je suis en compétition et j'y croyais.
01:11 Je n'y croyais pas du tout et je commençais à crier.
01:13 Alors ce n'est même pas mon style mais je pense que c'est l'émotion.
01:15 Je commençais à crier partout chez moi.
01:17 Ma mère ne comprenait rien et je sautais partout et j'embrassais tout le monde et elle ne comprenait rien.
01:22 C'était vraiment un moment très émouvant.
01:24 C'est un super beau symbole pour un premier long métrage.
01:26 Donc on peut vous dire bravo déjà.
01:28 Vous êtes sélectionnée pour ce premier long métrage qui s'appelle "Banel et Adama".
01:31 C'est l'histoire d'un jeune couple dont l'amour est un peu contrarié par le poids des traditions dans leur village.
01:37 C'est une histoire intemporelle, universelle.
01:40 Pourquoi est-ce que vous avez voulu la placer au Sénégal ?
01:44 C'était important pour moi de la placer au Sénégal, aussi pour représenter cette culture peule dont je suis originaire.
01:51 Et aussi pour peut-être amener une autre vision du monde aussi de l'Afrique, une autre image de l'Afrique.
02:10 Avec ma double culture, j'ai des choses en plus, en toute humilité bien sûr, à apporter en Afrique.
02:16 Parce que je me sens aussi, même si j'ai cette double culture très africaine, j'ai ma place en Afrique.
02:20 Mais ce que je voulais, c'était créer une histoire universelle, une grande histoire d'amour.
02:24 Parce qu'on n'en voit pas souvent aussi en Afrique.
02:26 On traite beaucoup plus des thèmes sociaux de façon naturaliste.
02:30 Et je voulais amener un film de genre.
02:32 Alors si c'est toujours trop peu, c'est vrai que l'Afrique est plutôt bien représentée cette année à Cannes.
02:37 On peut comparer aux éditions précédentes, avec plusieurs longs-métrages qui figurent en sélection officielle.
02:42 Vous êtes vous-même considérée comme une sorte de figure de proue de cette nouvelle génération de cinéastes africains.
02:48 Comment est-ce que ça vous fait vous sentir ?
02:50 Je ne sais pas si je suis une figure de proue, mais en tout cas, je sais que je fais partie de cette jeune génération de cinéastes africains.
02:57 Et en fait, ça me fait vraiment beaucoup de fierté, parce que ce sont des gens hyper doués.
03:01 Après, bien sûr, il y a des premiers films, donc je n'ai pas tout vu.
03:04 Et il y a aussi énormément d'audace dans leurs films, énormément de créativité.
03:08 Et je pense que c'est un nouveau souffle qu'on apporte au continent.
03:12 Alors justement, on parle de cette nouvelle génération dans la catégorie "Un certain regard", on retrouve donc Augur.
03:17 C'est le premier long-métrage du rappeur belgeo-congolais Balogi.
03:22 Renaud Lefort l'a rencontré pour nous.
03:24 Balogi, "Un certain regard sur le monde" que la croisette s'arrache.
03:29 De la pub à la scène, en passant par le court-métrage, ce caméléon artistique est de retour avec Augur.
03:35 Le cinéaste narre le retour au pays de Kofi, parti vivre en Europe et considéré par sa famille congolaise comme sorcier.
03:41 Alice, son épouse, l'accompagne tant bien que mal.
03:45 - Je m'en vais ce soir. J'aurais aimé voir papa et avoir votre bénédiction pour vivre avec cette femme.
03:51 Et on va fonder une famille.
03:54 On va le faire avec ce qu'elle est, avec ce que je suis.
03:57 Et c'est un peu de vous, de ce pays.
04:00 - Augur est un film choral.
04:02 Le personnage de Kofi est celui qui nous permet de rentrer dans la narration.
04:07 Son regard et celui d'Alice sont intéressants, mais ils ont la particularité de pouvoir partir, en fait.
04:15 Ce qui n'est pas le cas des autres, ce qui n'est pas le cas de la sœur, ce qui n'est pas le cas de la mère.
04:20 Eux, ils restent.
04:22 - Drame social, ça tire sur le poids des traditions.
04:26 Le belgo-congolais convoque un monde psychédélique et un labyrinthe de couleurs.
04:31 - Je fais de la synesthésie.
04:33 Donc, du coup, j'ai cette espèce de maladie un peu sensorielle où j'associe des sons avec des couleurs.
04:40 Et donc, j'ai travaillé sur une espèce de bande-son augure, c'est-à-dire que chaque personnage avait sa couleur.
04:48 - Quand il n'est plus sur les tournages, ce fan d'une icône camerounaise...
04:52 - Je suis retourné à la musique africaine un peu par accident, en trouvant un sample de Manu Dibango.
04:57 - Retourne sur scène. Prochaine tournée 2024.
05:01 - Alors, grâce à votre film, à celui de Balogi qu'on vient de découvrir, on voit donc ces images d'Afrique sur grand écran qui sont, c'est vrai, assez rares au cinéma.
05:11 Pourquoi cette question de la représentation du continent est si importante pour vous ?
05:15 - C'est important parce que là, on nous demande, surtout avec Suleymane Sissé, qui a dit quelque chose de très important lorsqu'on lui a remis le prix à la quinzaine.
05:24 On lui a demandé la place du cinéma africain dans le monde et il a dit une chose très, très vraie.
05:29 Il a dit que le cinéma africain a toujours existé, a toujours été là.
05:33 Mais en fait, c'est les gens et les distributeurs et les exploitants qui n'étaient pas très intéressés par le cinéma africain.
05:38 Et ce qui est agréable, c'est que cette année à Cannes, ça lance un nouveau souffle au cinéma africain, en espérant bien sûr que les autres festivals et les exploitants et les distributeurs vont être intéressés par ce cinéma.
05:50 - Suleymane Sissé, donc ce grand réalisateur malien dont vous parlez, a même parlé de censure.
05:56 Est-ce que vous, votre nouvelle génération, vous trouvez que les portes s'ouvrent un peu plus pour le cinéma africain ?
06:02 - Oui, nous avons de la chance. Les portes s'ouvrent un tout petit peu plus.
06:05 Mais à quel degré ? Parce que nous, avec Mathilde Diop, on est les deux seules femmes à avoir été en compétition officielle.
06:12 Mais nous sommes deux jeunes femmes aussi qui venons d'une double nationalité.
06:16 Donc moi, j'attends qu'au prochain Festival de Cannes et dans les Cannes suivants, il y ait des personnes qui sont 100% africains, qui revendiquent vraiment toute leur africanité, qui soient sélectionnées.
06:26 - Alors on parle de Suleymane Sissé, grand réalisateur malien qui a donc reçu ce carrosse d'or, récompense très prestigieuse remise par la quinzaine des cinéastes ici à Cannes pour l'ensemble de sa carrière.
06:37 Florence Gaillard nous fait son portrait.
06:40 S'il est célébré au Festival de Cannes, à Ouagadougou, Suleymane Sissé est un monument au sens propre du terme.
06:49 Réalisateur, producteur, scénariste, il a mis ses 50 ans de carrière au service du continent africain, loin de tous les clichés.
06:57 - Mon combat personnellement, c'était de sortir le cinéma africain du cinéma calabas.
07:04 Excusez-moi, il y a eu une période où on disait que le cinéma calabas, ce n'est pas la peine.
07:08 Bon, je voudrais tout simplement que les films qui passent ici puissent être vus dans les points les plus...
07:16 Ceux qui ne pensent même pas au cinéma africain, je parle de l'Amérique, par exemple, où il y a Hollywood et tout.
07:23 Il y a 30 ans, un film africain, est-ce qu'il était regardé à Hollywood? Non.
07:28 Tu le fais voir, oh là là, c'est...
07:31 Aujourd'hui, je pense qu'ils viendront faire des films ici.
07:37 Suleyman Syse est né à Bamako et a étudié à Dakar avant d'apprendre les métiers du cinéma à Moscou.
07:44 Ses films traitent des problèmes sociaux et politiques de son pays, le Mali.
07:50 Dans Denmousso, il aborde dès 1975 le viol et le rejet auxquels se confrontaient les victimes.
07:57 Dans Bahara, il s'intéresse à la classe ouvrière dans un pays en développement.
08:04 Certaines de ses oeuvres ont été confrontées à la censure, d'autres sélectionnées à Cannes.
08:10 En 1987, il décroche le prix du jury avec "Yeh Elen", qui en Bambara signifie "la lumière".
08:30 L'an dernier, la fille du réalisateur Fatou Syse, qui a longtemps travaillé avec lui, a rendu un vibrant hommage à son père dans un documentaire.
08:39 Le regard que je porte déjà, c'est quelqu'un qui adore son pays, qui aime l'Afrique.
08:46 Il est toujours là à défendre les faibles, à montrer l'injustice qui se passe.
08:51 Et c'est ça qui rend ses films universels aussi.
08:55 A 82 ans, Souleymane Syse devient le deuxième cinéaste africain à recevoir le Carross d'or à Cannes, après le Sénégalais Saint-Benousmane en 2005.
09:05 Ramata Toulhaisi, est-ce qu'un réalisateur comme Souleymane Syse fait partie de vos influences ?
09:12 On me pose souvent cette question, est-ce que j'ai des influences de cinéaste africain ?
09:16 Et vraiment, pour être honnête, ce ne sont pas mes influences, mais ce sont des réalisateurs dont j'admire et j'aime beaucoup leurs films.
09:23 Je les ai vus, que ce soit Ousmane Sembène, que ce soit Djibril Mbethi Diop.
09:28 Ce sont des films que j'aime beaucoup, que j'admire et qui apportent aussi dans leur temps une nouvelle vision de l'Afrique.
09:37 Ce ne sont pas vraiment des cinéastes qui m'influencent dans moi, ma créativité, mais qui m'influencent plus dans ma lancée de cinéaste africaine.
09:46 On parlait du film de Balogi, Augur, qui, même s'il y a aussi un côté un peu surnaturel, s'ancre quand même dans l'Afrique d'aujourd'hui.
09:55 Vous nous livrez avec Banel et Adama une histoire d'amour qui est presque un conte.
09:59 C'est un film qui me fait penser à la guerre.
10:01 C'est un film qui me fait penser à la guerre.
10:05 C'est un film qui me fait penser à la guerre.
10:08 C'est un film qui me fait penser à la guerre.
10:14 Ces personnages sont presque des héros mythologiques.
10:17 Pourquoi avez-vous choisi ce mode de narration ?
10:20 Parce que j'aime beaucoup la littérature.
10:22 Je suis passionnée de littérature, j'adore la tragédie, j'adore le réalisme magique, j'adore le conte aussi.
10:27 Je voulais que Banel soit un personnage mythique, à l'image de Médée, de Lady Macbeth, de Phèdre,
10:33 et que ce soit un personnage antipathique qu'on aimerait détester.
10:36 C'est vrai que là, je fais beaucoup de presse et il y a beaucoup de journalistes qui me disent
10:40 "Elle est horrible, mais elle est égoïste".
10:43 Mais moi j'ai beaucoup aimé l'adorer et c'est ça qui était important,
10:47 apporter la complexité à ces femmes africaines, ne plus faire des femmes lisses,
10:51 juste très gentilles, très sympas, qui ne parlent pas, parce qu'on a toute cette complexité.
10:56 Parce qu'elle incarne aussi cette émancipation de la femme.
10:59 C'était important pour vous de rendre ça sur l'écran ?
11:02 Oui, mais ce n'est pas une émancipation classique à laquelle on s'attend.
11:05 Parce que pour moi, quand on commence le film, Banel est déjà émancipé.
11:07 Mais en fait, l'émancipation qu'elle veut, c'est son émancipation amoureuse.
11:11 Donc c'est une autre sorte d'émancipation.
11:13 C'est une émancipation de cœur, c'est une émancipation de passion,
11:16 c'est une émancipation de folie aussi, parce que c'est un film qui traite de la folie.
11:20 Et donc, c'est vraiment tout ça que je voulais explorer dans ce personnage.
11:24 Bon, alors à part une palme d'or, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?
11:28 Beaucoup de succès pour ce film.
11:30 C'est vraiment un film que j'ai voulu universel,
11:32 donc qu'il soit vu en Afrique pour ouvrir le cinéma africain.
11:35 Mais aussi qu'il soit vu dans le monde entier,
11:38 parce que le personnage de Banel, je veux que toutes les femmes se reconnaissent en Banel.
11:41 Et pas seulement les Africaines, qui parlent aux Asiatiques,
11:44 qui parlent aux Américaines, qui parlent aux Françaises, vraiment à tout le monde.
11:47 Et que ce film ait un grand succès.
11:49 Eh bien, on vous souhaite bonne chance.
11:50 Merci beaucoup.
11:51 Merci beaucoup.
11:52 Et merci évidemment à vous aussi de nous avoir suivis.
11:54 On va se quitter avec Goodbye, Julia, le film de Mohamed Kordofani.
11:58 C'est la première fois que le Soudan est en sélection officielle.
12:02 Un film qui fait évidemment écho à la situation actuelle au Soudan
12:06 et à la crise que le pays traverse depuis plusieurs années.
12:09 Je vous laisse découvrir et vous dis à très vite.
12:12 Tu es une artiste ? J'ai vu ta photo dans les dollars.
12:16 J'ai voulu la faire, mais je l'ai laissée.
12:20 Et pourquoi ?
12:22 Akram m'a dit que je devais la laisser.
12:24 C'est vrai. Comment peut-on laisser quelqu'un comme toi ?
12:28 On devrait se divorcer pour la laisser.
12:30 Akram ne reviendra pas, je vais la laisser.
12:32 C'est comme si les hommes étaient humains et leurs coeurs étaient comme des pierres.
12:36 Facilitez l'arrosage de votre jardin en regardant La Météo
12:40 avec le tuyau nouvelle génération Liano.
12:43 Léger, flexible et robuste. Gardena, expert en arrosage.
12:48 Super maniable. Par contre, les enfants ont dû laisser des vignettes
12:51 et j'ai peut-être heurté un poteau reculant.
12:53 Du coup, je vous laisse la caution.
12:55 La Météo avec Carrefour Location.
12:57 Une large sélection de véhicules pour tous les besoins et budgets.
12:59 Carrefour, bien plus que des courses.

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