Soir Info (Émission du 24/05/2023)

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Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 Bonsoir à tous, il est 22h pile, ravi de vous retrouver comme chaque soir dans Soir
00:00:04 à fond, et être ensemble jusqu'à minuit.
00:00:06 Au sommaire, ce soir notamment, on va revenir sur le profil très inquiétant du malade
00:00:11 qui a tué l'infirmière à Reims et gravement blessé une secrétaire médicale.
00:00:14 Les psychiatres et les proches de l'individu n'étaient pas d'accord sur sa dangerosité.
00:00:18 On attendra le procureur affirmer que l'homme de 59 ans, schizophrène, voulait tuer des
00:00:22 boulouses blanches car il estimait avoir été maltraité par les médecins.
00:00:25 Il a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat.
00:00:29 On reviendra sur cette douloureuse affaire évidemment.
00:00:31 Attrape là aussi un drame, c'est une petite fille de 6 ans à vélo dans la rue qui a
00:00:35 été percutée de plein fouet par une jeune conductrice de 21 ans sous l'emprise de cannabis.
00:00:40 Tous les jours, des personnes sont testées positives, aux stupéfiants, au volant.
00:00:44 Comment éviter ces drames à répétition sur la route avec des automobilistes qui sont
00:00:48 des dangers de mort pour les autres.
00:00:50 Enfin, est-on en train d'évacuer les sans-abri et les migrants de Paris pour les envoyer
00:00:55 en région afin de nettoyer les rues de la capitale en perspective des Jeux de 2024 ?
00:00:59 On répondra à cette question ce soir dans Soir Info.
00:01:02 Autour de la table, Karim Abri, comme chaque soir.
00:01:04 Bonsoir, cher Karim, de la rédaction de CNews, comme chacun sait.
00:01:08 Jean-Sébastien Ferge, directeur Atlantico, est parmi nous.
00:01:10 Bonsoir, Jean-Sébastien.
00:01:11 Jean Messia, président de l'Institut Vivre Français.
00:01:14 Bonsoir, cher Jean Messia.
00:01:15 Maître Calfon est parmi nous, avocat pénaliste.
00:01:18 Bonsoir, Jérémy Calfon.
00:01:19 Bonsoir à Valérie Lecab, journaliste, présidente de HK Stratégie.
00:01:22 Le meilleur pour la fin, Yoann Huzaï, du service politique de CNews.
00:01:26 Bonsoir, cher Yoann.
00:01:27 Les présentations sont faites.
00:01:29 22h01, le rappel de l'actualité.
00:01:31 Adrien Spiterri, à tout de suite.
00:01:32 Un homme tué par balle aujourd'hui à Paris.
00:01:38 Une fusillade a éclaté près de la station de métro Courcel.
00:01:41 Selon une source policière, il pourrait s'agir d'un règlement de compte.
00:01:45 La victime est un agent immobilier d'une trentaine d'années.
00:01:48 Plusieurs auteurs auraient pris la fuite sur des deux roues.
00:01:52 « Je n'ai pas signé de prêt avec Vladimir Poutine.
00:01:55 Ce sont les mots de Marine Le Pen, l'ancienne présidente du Rassemblement national.
00:01:59 C'est expliqué sur le pré-russe contracté par l'UFN en 2014.
00:02:03 Elle se défend de toute contrepartie politique.
00:02:06 Elle était entendue par la commission d'enquête parlementaire aujourd'hui.
00:02:11 Et puis les dons aux associations pénalisées par l'inflation.
00:02:14 Ils ont baissé de près de 4% en 2022, selon le baromètre publié aujourd'hui
00:02:20 par France Générosité.
00:02:22 La baisse du nombre de nouveaux donateurs augmente année après année.
00:02:25 Moins 11% entre 2012 et 2022. »
00:02:31 Voilà, pour l'essentiel, on marque une courte pause.
00:02:32 Et puis on va revenir avec un néologisme que nous a fait connaître le chef d'État aujourd'hui,
00:02:37 le président de la République, Emmanuel Macron, qui parle...
00:02:40 J'en ai même perdu le...
00:02:41 Oui, de décivilisation, la décivilisation, pour décrire le climat de violence générale
00:02:46 dans le pays ces derniers jours.
00:02:47 On décryptera les mots d'Emmanuel Macron dans un instant.
00:02:49 A tout de suite.
00:02:50 Nous sommes de retour sur le plateau de Soir Info avec Yoann Huzai, Valérie Lecabre,
00:02:58 Karim Abrik, Jean-Sébastien Ferjus, Jean Messia et Jérémy Calfon.
00:03:02 Notre premier thème ce soir, c'est le climat de violence actuel dans lequel est plongé le pays.
00:03:07 Eh bien, il valait bien un néologisme, cher Yoann Huzai.
00:03:10 Lors du Conseil des ministres qui s'est déroulé dans la matinée,
00:03:12 Emmanuel Macron a évoqué les agressions et menaces contre les élus.
00:03:15 Ce climat de violence des derniers jours,
00:03:17 le président a résumé le contexte en un mot,
00:03:20 référencé, non référencé dans les dictionnaires, mais suffisamment éloquent.
00:03:24 Décivilisation, lisez avec moi.
00:03:26 Il faut être intraitable sur le fond.
00:03:28 Aucune violence n'est légitime, qu'elle soit verbale ou contre les personnes.
00:03:31 Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation.
00:03:37 Les fameux hoffs du président, on le sait, ils sont faits pour être révélés.
00:03:41 Qu'est-ce que c'est que la décivilisation pour Emmanuel Macron ?
00:03:44 Oui, d'abord, vous avez raison de dire, et c'est très important,
00:03:46 quand on pose le débat, que quand Emmanuel Macron,
00:03:48 il prononce cette phrase dans le huis clos du Conseil des ministres,
00:03:51 il sait évidemment, en utilisant ce mot, que ça va faire énormément parler
00:03:55 et que le débat politique des prochains jours va naturellement tourner autour de ce mot-là.
00:04:00 C'est un mot qu'il n'emploie pas par hasard.
00:04:02 Décivilisation, c'est un mot qui a d'abord une signification et une portée politique,
00:04:08 qui est utilisé beaucoup par Renaud Camus.
00:04:10 C'était d'ailleurs le sens, le titre d'un de ses ouvrages, il y a une dizaine d'années.
00:04:15 Je précise que Renaud Camus, c'est le théoricien du grand remplacement.
00:04:18 Voilà, absolument, qui est le théoricien du grand remplacement,
00:04:21 donc qui est plutôt étiqueté, entre guillemets, "extrême droite".
00:04:25 Donc, quand il utilise ce mot-là, il le fait volontairement
00:04:28 pour, quelque part, provoquer une sorte d'onde de choc, en réalité.
00:04:33 Après, quand on a dit cela, il lance le débat, d'accord,
00:04:36 lancer le débat quand on est chef de l'État, poser un constat, c'est très bien,
00:04:41 mais il manque la suite.
00:04:42 Si notre pays est face à une décivilisation, comment lui, chef de l'État,
00:04:46 propose de régler le problème ?
00:04:49 Poser le constat ne suffira pas.
00:04:50 Et pour l'instant, on n'a pas les réponses, parce que quand on parle de décivilisation,
00:04:54 c'est à ce point grave qu'il faut agir en urgence.
00:04:57 J'allais dire presque convoquer un conseil de défense, dire
00:05:00 "alors, il y a une décivilisation en cours, comment on renverse la table ?
00:05:04 Qu'est-ce qu'on fait pour changer les choses ?"
00:05:05 Et là, il y a ce mot, mais il n'y a pas d'impulsion.
00:05:08 C'est quand même assez amusant tout cela.
00:05:10 Jean-Messia, il y a quelques années, tout le monde était tombé sur Gérald Darmanin,
00:05:14 qui parlait d'ensauvagement de la société.
00:05:16 La décivilisation, j'essaie de comprendre ce terme, c'est juste un synonyme,
00:05:21 un peu moins choquant peut-être, mais le constat de l'ensauvagement de la société
00:05:25 est partagé au plus haut sommet de l'État.
00:05:27 C'est-à-dire que l'ensauvagement est une conséquence des civilisations en même temps ?
00:05:32 On est d'accord que décivilisation est un peu l'euphémisme d'ensauvagement ?
00:05:36 C'est-à-dire qu'il n'y avait pas besoin d'inventer un néologisme pour décrire la réalité,
00:05:41 il lui fallait juste parler de défrancisation.
00:05:44 Ce n'est pas ce qu'il veut dire.
00:05:45 Ce n'est pas ce qu'il veut dire, parce que j'imagine qu'il inclut tous les Français dans cette analyse.
00:05:50 Quand vous dites décivilisation, de quelle civilisation vous parlez ?
00:05:53 La Terre est pleine de civilisations.
00:05:56 De quelles civilisations parle en principe le président de la République française ?
00:05:59 Mais la civilisation n'est pas forcément la nationalité.
00:06:01 On se retrouve autour d'une culture et d'un esprit commun.
00:06:05 Plus que d'une nationalité pure.
00:06:07 Si vous dites un processus de décivilisation, c'est que vous décrivez un phénomène
00:06:12 qui a un point de départ et qui se dénature.
00:06:16 C'est quoi le point de départ à l'origine ?
00:06:18 C'est que le point de départ à l'origine, c'était un pays qui s'appelait la France,
00:06:22 avec une civilisation qui est une civilisation française.
00:06:25 La défrancisation en réalité, elle a deux causes.
00:06:28 Et c'est d'ailleurs pour ça qu'il ne parle pas de défrancisation mais de décivilisation.
00:06:30 C'est que ça répond à ce que disait Johann Hussein.
00:06:33 Une fois que vous avez dit décivilisation, vous n'avez plus d'explication.
00:06:36 Parce que c'est un mot neutre, qui est un mot en quelque sorte apatride.
00:06:40 Donc sans solution.
00:06:41 Or, la défrancisation, pour le coup, elle a deux causes.
00:06:44 Donc ce constat de décivilisation, vous ne le partagez pas ?
00:06:48 Moi, je reste sur ce terme-là.
00:06:49 Ce n'est pas que je ne le partage pas.
00:06:51 Vous ne trouvez pas que pour une fois, peut-être, Emmanuel Macron fait le bon constat ?
00:06:55 C'est le bon constat, mais il convient de le préciser.
00:06:56 Parce que si on n'identifie pas les causes, si vous voulez,
00:07:00 on ne peut pas non plus identifier les moyens de se battre pour.
00:07:03 Or, les causes de la décivilisation, c'est quoi ?
00:07:06 C'est premièrement une idéologie qui gouverne la France depuis 40 ans,
00:07:10 qui vise effectivement à défranciser d'une certaine façon la France,
00:07:14 à casser l'autorité, par exemple, à bannir toute forme de limite,
00:07:18 toute forme de responsabilité.
00:07:20 Et évidemment, une immigration massive et incontrôlée,
00:07:23 en tout cas certaines immigrations,
00:07:25 qui participent effectivement du processus de défrancisation.
00:07:28 Donc l'élément idéologique et l'élément quantitatif
00:07:31 fait qu'aujourd'hui, la France, on est face à un véritable retour du primitif.
00:07:36 C'est ça dont il s'agit.
00:07:37 Valérie Lecabre, est-ce que la vague de violence qui sévit en France
00:07:40 est le signe d'une décivilisation ?
00:07:42 Comme le dit le président Macron devant ses ministres ce matin.
00:07:45 Moi, je trouve intéressant ce mot d'abord, parce qu'il est effectivement très fort.
00:07:49 Mais pas si surprenant de sa part.
00:07:51 Ça fait quand même plus...
00:07:52 Enfin, je veux dire, absolument, tout le monde ne parle que de ça depuis cet après-midi.
00:07:56 Donc je pense qu'effectivement, comme l'a dit Johan Usai,
00:07:58 c'était l'objectif.
00:07:59 Donc en ça, c'est un très bon coup de communication.
00:08:02 Et je trouve que c'est intéressant parce qu'il prend un état de fait
00:08:06 comme une déstructuration, pour moi, de la société en raison de la violence.
00:08:10 C'est beaucoup plus global que la défrancisation,
00:08:13 parce que Jean-Michel a amené les choses souvent à l'immigration.
00:08:16 Mais je pense que c'est un mot qui est plus global et qui porte plus de choses.
00:08:21 Je veux dire, toute la violence du gars qui sort de l'hôpital psychiatrique
00:08:26 et qui tue l'infirmière, elle n'est pas liée à la défrancisation.
00:08:29 Elle est liée au fait qu'il n'est pas bien dans sa tête et que ça ne va pas.
00:08:33 Et tout le monde dit que depuis cet épisode, notamment du premier confinement,
00:08:38 les Français sont devenus plus violents, plus énervés, plus agressifs,
00:08:41 plus mal dans leur tête, plus mal dans leur peau.
00:08:43 Il y a une hausse de 20%.
00:08:44 Ils ont bon dos le Covid et le confinement.
00:08:48 Bah oui, parce que si tout s'explique par le confinement,
00:08:50 il y a un moment où c'est un peu facile.
00:08:52 Il y a des études qui ont été menées et qui constatent...
00:08:54 Ça fait 40 ans que la France part à Volo, Valérie.
00:08:57 ... qui constatent une augmentation de 20% des troubles mentaux,
00:09:00 psychologiques de tous sortes, liés à ça.
00:09:03 Donc on en a suffisamment à parler sur ce plateau.
00:09:05 Peut-être que ça a eu des conséquences, j'en sais rien.
00:09:07 Mais au-delà de ça, et je vais terminer là-dessus pour ne pas être trop longue,
00:09:11 ce truc de dire qu'il y a un processus de décivilisation,
00:09:13 je trouve que c'est une façon pour lui-même de s'en exonérer,
00:09:17 qui du coup est un petit peu...
00:09:21 Moi, je trouve que c'est un peu un aveu d'échec, surtout.
00:09:24 Parce que ça veut dire que depuis 6 ans, il n'a pas endigué ce phénomène.
00:09:28 C'est comme s'il n'y était pour rien,
00:09:30 c'est comme s'il n'y pouvait pas grand-chose.
00:09:32 Peut-être qu'il n'y a pas de mesure parce qu'il ne sait pas comment prendre le sujet.
00:09:35 Et je trouve que cette distance qu'il met dans cette phrase
00:09:38 est un petit peu pas bonne pour son autorité à lui, en fait.
00:09:42 Maître Calfon, votre analyse, il reconnaît que la société...
00:09:45 Karima, pardon, juste après, il reconnaît que la société est de plus en plus violente.
00:09:49 Mais depuis 6 ans, la société ne va pas mieux, bien au contraire.
00:09:53 Alors, sans forcément m'exprimer sur le constat,
00:09:56 je trouve le terme quand même plutôt bien choisi.
00:09:58 En tout cas, beaucoup mieux choisi qu'en sauvagement.
00:10:02 Parce que dans l'idée de décivilisation,
00:10:05 on a l'idée qu'en fait,
00:10:07 on a une idée plus large de la violence que l'ensauvagement.
00:10:10 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que dans les statistiques et de façon générale,
00:10:14 le spectre de la violence s'est élargi.
00:10:16 A l'époque, les violences qui étaient comptabilisées, c'était seulement les violences physiques.
00:10:19 Maintenant, vous avez aussi les violences verbales,
00:10:21 vous avez d'autres formes de violences.
00:10:23 Et ce que nous dit Emmanuel Macron aujourd'hui,
00:10:24 c'est qu'à cause de toutes ces formes de violences-là,
00:10:27 il n'est aujourd'hui plus possible de vivre ensemble,
00:10:30 c'est-à-dire de vivre en civilisation,
00:10:34 de façon pacifique, tous ensemble.
00:10:37 Donc, je trouve ce terme politiquement plus intelligent,
00:10:41 plus signifiant que le terme d'ensauvagement,
00:10:43 qui renvoie simplement à une augmentation bête et méchante de la violence physique.
00:10:47 Les propos du président de la République,
00:10:50 des propos qui sont analysés dans un papier du Parisien ce soir
00:10:54 par un proche du président de la République qui dit
00:10:57 « Emmanuel Macron évoque le regard que la société doit porter sur elle-même,
00:11:01 une interpellation de la société,
00:11:02 estimant que le politique n'est pas le seul responsable en la matière. »
00:11:05 Jean-Sébastien Ferjou, ça veut dire que oui,
00:11:08 c'est une façon de se dédouaner aussi de la situation sociale de la France.
00:11:13 Oui, je trouve qu'au-delà du choix du mot,
00:11:14 l'analyse que faisait Valérie Lecabre est très juste.
00:11:16 Effectivement, c'est une manière aussi de dire que c'est tellement énorme
00:11:19 que finalement, que voulez-vous qu'on y fasse ?
00:11:22 Il y a une espèce d'aveu quasi d'impuissance en creux,
00:11:26 c'est-à-dire c'est la prise de conscience,
00:11:27 mais la prise de conscience a-t-elle réellement besoin d'être faite ?
00:11:29 Les débats qu'il y a eu avec son ministre intérieur d'ailleurs,
00:11:32 qui avait parlé d'ensauvagement, le constat a déjà été posé,
00:11:35 et il a été posé pour le coup en France, dans d'autres pays étrangers.
00:11:39 Donc, je pense que ça dépasse la question qu'évoquait Jean Messia,
00:11:42 la défrancisation, même si l'immigration peut avoir un lien
00:11:46 dans l'implantation de certaines formes de violence.
00:11:49 Et on l'a vu, là encore, dans différentes sociétés autres que la France,
00:11:53 y compris dans des pays du Sud.
00:11:55 Entre eux, les flux migratoires peuvent générer de la violence,
00:11:58 aussi dans des pays du Sud.
00:11:59 Entre eux, ce n'est pas une question génétique, évidemment, ou de culture,
00:12:03 c'est une question tout simplement de capacité à faire cohabiter des gens
00:12:05 qui ont des vraies visions du monde différentes.
00:12:07 Mais de l'autre côté, il reconnaît qu'on a besoin...
00:12:09 Ce que je ne comprends toujours pas dans le "en même temps",
00:12:11 c'est aujourd'hui, il nous dit ça, et puis le lendemain,
00:12:14 il va nous dire qu'il est contre le principe de légitime défense.
00:12:17 Il est assez doué pour nommer les choses.
00:12:19 C'est vrai que ce vocable est assez bien choisi,
00:12:21 il est assez doué pour nommer les choses,
00:12:23 mais il est capable de dire le contraire.
00:12:24 On n'attend pas qu'il soit commentateur,
00:12:26 il serait certainement très bon, meilleur que nous, sur ce plateau,
00:12:28 mais il est quand même le président de la République.
00:12:30 C'est quand même lui qui a choisi Éric Dupond-Moretti.
00:12:32 Je ne pense pas qu'Elisabeth Borne d'elle-même aurait eu l'idée
00:12:34 de renommer Éric Dupond-Moretti en tant que garde des Sceaux.
00:12:37 Donc, c'est quand même lui qui l'a choisi,
00:12:39 un garde des Sceaux qui lui contestait cette notion même,
00:12:42 parce qu'on l'appelle des civilisations en sauvagement,
00:12:44 on peut avoir des débats sur l'élégance sémantique d'un concept ou de l'autre.
00:12:47 C'est vrai que ça aurait été intéressant d'avoir la réponse d'Éric Dupond-Moretti
00:12:50 sur le terme choisi par Émile Macron.
00:12:51 Oui, mais on voit bien, ce sont les limites du jeu en même temps,
00:12:54 et on voit bien à quel point c'est toxique,
00:12:56 c'est même mortifère pour le climat démocratique français,
00:12:58 parce que de facto, ça démonétise la parole publique.
00:13:00 Quand vous dites blanc un jour et noir le lendemain,
00:13:02 plus personne ne vous croit, ni le jour où vous dites blanc,
00:13:04 ni le jour où vous dites noir.
00:13:05 Karima?
00:13:06 Moi, je trouve que c'est intéressant de parler de décivilisation.
00:13:10 D'ailleurs, ce concept-là, comme tel, on parle de néologisme,
00:13:12 mais c'est quand même un concept dans les sciences sociales
00:13:15 où on a réfléchi à ça à partir du 20e siècle.
00:13:18 Donc, ce n'est pas non plus nouveau.
00:13:19 Et d'arriver avec ça, c'est vrai qu'au cours des dernières semaines,
00:13:22 des derniers mois particulièrement,
00:13:24 on a été bousculé par des faits de société,
00:13:27 des faits divers, mais des faits de société aussi,
00:13:29 qui nous ont bousculé par la teneur de cette violence,
00:13:32 par la barbarie, dans certains cas, de certains gestes qu'on a vus.
00:13:36 Donc non, moi, je pense que c'est une invitation aussi
00:13:38 à se regarder comme société, comme citoyen,
00:13:41 de se regarder dans la glace et de voir qu'effectivement,
00:13:44 il y a peut-être des choses qui ne tournent pas rond.
00:13:46 Et quand on parle aussi de ce concept aussi,
00:13:49 qu'on pourra en débattre longtemps,
00:13:51 mais je pense qu'il y a une question de délitement du lien social aujourd'hui.
00:13:56 Il y a ce problème-là.
00:13:58 - Il y a quelque chose qui devient fou.
00:13:59 - Et aussi sur la violence,
00:14:00 parce que dans un principe de civilisation, qu'est-ce qu'on dit?
00:14:03 On dit que la violence appartient...
00:14:04 En fait, c'est l'État qui a le monopole de cette violence.
00:14:08 Et notamment, mais aujourd'hui, les gens, justement,
00:14:10 il y a beaucoup d'individus qui décident de retourner à leur bas instinct,
00:14:14 d'utiliser la violence contre d'autres citoyens.
00:14:16 Donc oui, à ce stade-ci,
00:14:18 on peut parler d'un processus de décivilisation.
00:14:21 Et il y a un problème en termes d'éducation, de respect.
00:14:25 Je pense qu'il y a toutes ces petites frontières
00:14:27 qu'on franchit maintenant et qu'on délaisse.
00:14:29 C'est un problème.
00:14:30 Et c'est une invitation quand même, peut-être philosophique.
00:14:33 Et on a peut-être besoin de ça aujourd'hui.
00:14:35 - Mais sauf qu'il n'est pas philosophe.
00:14:36 Parce que pour prendre juste un exemple très clair,
00:14:38 il y avait aujourd'hui, il y a un livre qui sort d'un journaliste,
00:14:41 Judith Hyrell, que je connais,
00:14:43 qui a subi une agression terrible dans le métro à Concorde.
00:14:46 Il a voulu aider une femme qui se faisait agresser.
00:14:47 Lui-même a été agressé par l'agresseur.
00:14:49 C'est d'ailleurs la jeune femme qu'il avait voulu aider,
00:14:51 qui lui a sauvé la vie.
00:14:53 Et bien, figurez-vous qu'il lui a fallu plus de trois ans,
00:14:55 comme des dizaines, des centaines d'autres milliers de victimes
00:14:57 d'agressions qui ont lieu chaque jour,
00:14:59 pour obtenir un expert judiciaire.
00:15:02 Ça, Emmanuel Macron, c'est sa responsabilité.
00:15:04 Il ne peut pas empêcher la montée de la violence,
00:15:05 les causes de la violence, elles sont multiples.
00:15:07 Il peut y avoir des raisons psychologiques, sociologiques.
00:15:10 Bref, il n'est pas responsable de l'évolution de la société française
00:15:13 depuis 40 ans ou 50 ans.
00:15:14 Mais il est le président de la République.
00:15:15 Et quand on est le président de la République,
00:15:16 le fait que des victimes d'agressions, d'une part,
00:15:19 parfois la réponse pénale n'est pas à la hauteur,
00:15:20 elle n'ait même pas le droit aux indemnisations,
00:15:22 même pas le droit aux expertises judiciaires dont elles ont besoin.
00:15:24 Ça, il en est responsable.
00:15:26 Et moi, je préfère qu'il soit dans le rôle
00:15:27 où il se préoccupe de ses actions concrètes
00:15:29 que dans le rôle où il joue au philosophe.
00:15:30 En fait, il est en effet dans la réponse à une émotion récente,
00:15:33 mais il n'apporte pas de solution.
00:15:35 Il fait un constat, en effet, pour reprendre ses termes d'argument.
00:15:37 Et le lit de Julie Calirel est très bien.
00:15:38 Il est quasi philosophique, mais il n'est pas dans le rôle
00:15:40 du président de la République.
00:15:41 Il est un commentateur.
00:15:42 Déjà, il faut faire le constat.
00:15:43 Il est un commentateur de la société.
00:15:45 C'est bien de faire le constat, en effet,
00:15:46 mais c'est intéressant de proposer des choses.
00:15:48 Parce qu'il dit...
00:15:49 On fait partie de cette société.
00:15:50 Il demande au gouvernement de proposer des actes.
00:15:55 Bon, là, on n'a pas le début d'un indice
00:15:58 sur ce qui pourrait être proposé pour lutter contre les violences.
00:16:00 Tout à l'heure, je vous disais, en caricaturant un peu volontairement,
00:16:03 s'il fait un constat à ce point sévère sur l'état de la société,
00:16:07 je dis, il faut convoquer un conseil de défense.
00:16:09 On a convoqué des conseils de défense hebdomadaires
00:16:11 sur la crise sanitaire.
00:16:11 Si vraiment la situation est à ce point grave,
00:16:14 il réunit l'ensemble des ministres et il dit...
00:16:16 Parce que le mot est extrêmement fort, en effet.
00:16:17 Certainement, le mot est à ce point fort qu'à ce moment-là,
00:16:19 il dit, voilà, un mot fort, constat extrêmement sévère,
00:16:23 on va renverser la table et on change radicalement politique.
00:16:26 Il aime les mots forts.
00:16:27 Non, mais on ne peut pas invoquer des concepts aussi forts
00:16:30 et laisser passer le train comme ça.
00:16:32 Laissez finir, s'il vous plaît.
00:16:34 En plus, on doit aller en pause, donc très vite, s'il vous plaît.
00:16:36 Effectivement, si le constat est à ce point sévère,
00:16:39 ça doit aussi signifier la fin du en même temps.
00:16:41 Ça veut bien dire qu'on ne peut plus aller vers le en même temps.
00:16:43 Mais néanmoins, pourquoi est-ce qu'il utilise ce terme-là ?
00:16:46 On parlait de défrancisation, etc.
00:16:48 La décivilisation, d'abord, ça veut dire dans son esprit,
00:16:51 me semble-t-il, que c'est un problème qui n'est pas franco-français,
00:16:53 mais qui concerne au moins l'ensemble de l'Europe.
00:16:54 Quand on parle de civilisation...
00:16:55 C'est un problème occidental.
00:16:56 Exact, oui, occidental.
00:16:58 Vous avez raison, mais en tout cas, qui concerne au moins l'ensemble des Européens.
00:17:01 Donc, il a voulu mettre le problème à cette échelle-là.
00:17:03 Ça, c'est tout à fait clair.
00:17:06 Et la décivilisation, effectivement, dans son esprit,
00:17:09 ça veut aussi dire, je pense, que les individus en tant que tels
00:17:12 ont une responsabilité, qu'une partie importante des individus
00:17:16 pense d'abord à eux avant de penser aux conséquences
00:17:19 qu'auront leurs actes sur la société.
00:17:21 C'est ça aussi qu'il veut pointer les doigts.
00:17:22 Deux fois trente secondes, s'il vous plaît.
00:17:23 Vous voulez...
00:17:24 Je pense que vous avez peur d'utiliser le mot défrancisation
00:17:26 pourtant c'est la définition même...
00:17:28 C'est parce que c'est pas ce qu'il veut dire.
00:17:29 C'est juste, c'est pas ce qu'il veut dire.
00:17:30 Je vais vous lire juste rapidement la définition du mot civilisation.
00:17:34 "Ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique,
00:17:36 morale, sociale et matérielle d'un pays ou d'une société,
00:17:39 une civilisation se qualifie."
00:17:40 On dit civilisation chinoise ou civilisation égyptienne, par exemple.
00:17:44 Donc, ça veut dire que le mot civilisation, dans son ensemble, ne veut rien dire.
00:17:48 Oui, enfin, je ne parle pas de civilisation lettonne ou lithuanienne.
00:17:51 Si le président de la République française ne parle pas de la civilisation française,
00:17:54 je ne vois pas de quelle civilisation il parle.
00:17:55 Non, il parle de toutes les civilisations.
00:17:57 Il parle de la civilisation, peut-être avec un grand C,
00:18:00 par opposition à un état de sauvagerie.
00:18:02 Quand il parle de décivilisation, alors même qu'il est président français,
00:18:05 il parle bien d'une forme de défranchissement.
00:18:08 C'est parce que 95% des gens ont compris,
00:18:11 mais si c'est votre lecture, pourquoi pas ?
00:18:13 C'est la définition même du mot.
00:18:14 Oui, mais vous savez très bien que derrière ça se cache une culture,
00:18:17 une identité plus qu'une nationalité sur une carte d'identité.
00:18:21 Non mais ça fait référence...
00:18:22 Attendez, là je pense que c'est très désagréable pour nos téléspectateurs.
00:18:25 Je termine juste en une seconde.
00:18:26 Je pense que c'est ça le problème,
00:18:28 c'est que la France a une identité nationale.
00:18:30 Et si vous refusez de parler de défranchisation,
00:18:33 c'est parce que l'identité nationale française vous fait peur,
00:18:35 mais ne vous en déplaise, elle existe.
00:18:37 Valérie Lecable, et on conclura là-dessus.
00:18:39 Ce qui est intéressant, c'est que le mot employé par le chef d'État,
00:18:41 c'est décivilisation.
00:18:43 Donc c'est un mot extrêmement fort.
00:18:44 Et moi, ce que je trouve dangereux quand même, là-dedans,
00:18:47 en utilisant ce mot, c'est que, et Yoann Ozeille a raison,
00:18:50 c'est-à-dire qu'en utilisant un mot aussi fort,
00:18:53 il donne une image de la situation de la société française
00:18:57 extrêmement dangereuse.
00:18:59 Enfin, ça fait peur quand même d'entendre ces mots qui interpellent,
00:19:03 qui choquent, qui rendent anxieux,
00:19:06 qui veulent impliquer les gens.
00:19:09 Et c'est vrai que...
00:19:10 – Quel est le but caché de cette déclaration ?
00:19:12 – Voilà, alors moi, c'est ça la question qui me reste.
00:19:13 – C'est quoi le but caché ?
00:19:14 – C'est ça la question.
00:19:15 – C'est d'aller séduire l'électorat de Marine Le Pen ?
00:19:18 – Alors, moi, ce mot entraîne une réaction forte.
00:19:23 Donc est-ce qu'il prépare une réaction forte de sa part ?
00:19:25 Est-ce qu'il y a quelque chose ?
00:19:27 Il y a la fameuse loi sur l'immigration, là, en débat avec les LR,
00:19:31 on ne sait pas exactement...
00:19:32 – Ça doit être présenté en juillet.
00:19:33 – On était en garde contre le Covid, on n'a jamais fait le traçage,
00:19:36 on n'a jamais fait l'isolement,
00:19:37 on est dans l'hyperbolisation du vocabulaire, c'est sûr que ça...
00:19:41 – Je veux juste terminer mon présentement, deux secondes.
00:19:42 – Oui, mais rapidement, s'il vous plaît.
00:19:43 – Pardon ? Allez-y, vous êtes...
00:19:44 – Non, non, et donc la question que je me pose aujourd'hui,
00:19:47 c'est que comme LR essaie de le pousser vers la droite de la droite
00:19:51 pour essayer de reprendre la main, etc.
00:19:53 Est-ce qu'il va les suivre ? C'est ça la question.
00:19:55 Moi, quand j'entends ce mot, je me pose la question.
00:19:57 Est-ce qu'il va les suivre ou pas ?
00:19:59 Parce que je pense qu'il doit être en train d'y réfléchir.
00:20:01 – La suite aux prochaines épisodes.
00:20:02 – Parce qu'il cherche sa majorité et que, tactiquement, il peut se poser la question.
00:20:07 – On va revenir sur l'émotion, dans un instant, l'émotion à Reims,
00:20:10 après le terrible assassinat de cette infirmière
00:20:14 et l'agression de la secrétaire médicale qui, elle, s'en est sortie
00:20:18 avec de graves blessures.
00:20:19 Et puis, on reviendra aussi sur les propos du procureur
00:20:21 qui nous en a dit plus sur les antécédents du tueur,
00:20:24 sur sa condition psychiatrique.
00:20:26 Et là encore, il y a beaucoup, beaucoup de questions à poser, à soulever.
00:20:30 À tout de suite, après la dernière pause de la soirée.
00:20:32 [Générique]
00:20:36 Il est pile 22h30, merci d'être avec nous en direct sur CNews.
00:20:39 Le rappel de l'actualité, Adrien Spiteri.
00:20:41 Et Soir Info revient.
00:20:42 [Générique]
00:20:45 Plusieurs milliers de personnes ont défilé aujourd'hui à Saint-Brévin-les-Pins
00:20:48 en soutien aux maires démissionnaires de cette commune de Loire-Atlantique.
00:20:52 Plusieurs élus de gauche, dont le patron du parti socialiste,
00:20:56 Olivier Faure, était présent.
00:20:58 Yannick Moraise n'a pas pris part au défilé.
00:21:00 Il a en revanche pris la parole devant sa mairie au passage du cortège.
00:21:05 Tariq Ramadan a quitté en Suisse.
00:21:08 Il était accusé de viol et de contraintes sexuelles.
00:21:11 Le tribunal a jugé qu'il n'y avait pas de preuves contre lui.
00:21:14 Il s'agissait du premier procès pour viol contre Tariq Ramadan.
00:21:18 Il est menacé d'un procès en France pour des faits similaires.
00:21:22 Et puis une légende du rock nous a quitté aujourd'hui.
00:21:25 Tina Turner est décédée à l'âge de 83 ans dans sa maison près de Zurich.
00:21:30 L'annonce a été faite par l'un de ses représentants dans un communiqué.
00:21:34 Véritable légende de la musique qu'elle aura bercée toute une génération.
00:21:39 Yohann Usaï, Valérie Lecabre, Karim Abrik, Jean-Sébastien Ferjus, Jean Messia et Jérémy Calfon.
00:21:46 On rendra hommage à Tina Turner d'ici la fin de cette émission.
00:21:49 Cette papesse du rock américain qui nous a quittés, on l'a appris aujourd'hui à l'âge de 83 ans.
00:21:56 On en dira un mot, on lui rendra hommage à la fin de l'émission.
00:21:58 Retour à des considérations beaucoup plus terre à terre,
00:22:01 surtout plus dramatiques, en tout cas plus proches de nous.
00:22:03 Alors qu'une minute de silence a eu lieu à midi dans tous les hôpitaux de France.
00:22:08 Le procureur de la République de Reims a donné les premiers éléments de l'enquête sur l'assassinat.
00:22:13 Lundi de Karen Mezino, infirmière de 37 ans, l'agresseur présumé atteint de troubles psychiatriques lourds,
00:22:18 a admis en vouloir aux blouses blanches.
00:22:20 Il a été mis en examen aujourd'hui pour assassinat tentative d'assassinat.
00:22:24 Retour d'abord sur l'émotion à Reims et dans tous les hôpitaux de France.
00:22:28 Aujourd'hui avec Michael Dos Santos.
00:22:31 Visage fermé, tête baissée, le personnel hospitalier de France a rendu hommage à Karen Mezino.
00:22:38 Plus qu'ailleurs, au CHU de Reims, la colère et l'émotion étaient palpables.
00:22:42 Dans la cour de l'hôpital, collègues et patients s'étaient réunis pour un moment de recueillement.
00:22:47 À Paris, une minute de silence a également été observée à l'hôpital Georges Pompidou
00:22:52 en présence du ministre de la Santé et d'Elisabeth Borne.
00:22:55 L'occasion pour la Première ministre de saluer la mémoire de cette mère de deux enfants,
00:23:00 une professionnelle de santé appréciée de tous.
00:23:02 Elle se donnait pleinement pour ce métier qu'elle avait choisi.
00:23:07 L'énergie et la douceur, l'empathie et le professionnalisme,
00:23:13 la présence toujours pour soutenir ses collègues, pour soigner ses patients.
00:23:19 Déjà connu pour de possibles violences commises avec un couteau sur quatre personnes,
00:23:24 le présumé meurtrier, un schizophrène de 59 ans, s'est confié après sa détention.
00:23:29 Des motivations dévoilées cet après-midi par le procureur de Reims lors d'une conférence de presse.
00:23:34 Il reconnaissait avoir volontairement agressé les deux membres du personnel de santé
00:23:38 en raison de leur qualité et parce qu'il en voulait à la psychiatrie,
00:23:42 qu'il qualifiait de criminel, d'assassin ou encore de faux jetons.
00:23:45 Le suspect a été mis en examen et écroué pour assassinat et tentative d'assassinat.
00:23:50 Maître Jérémy Calfon, avocat pénaliste,
00:23:53 comment un individu dangereux, psychologiquement avec de tels troubles,
00:23:56 est-il resté libre sans aucune contrainte ?
00:23:59 C'est la question qui beaucoup se pose aujourd'hui, qui est peut-être évidente pour vous,
00:24:03 beaucoup moins pour le commun des mortels.
00:24:05 Non, ce n'est pas évident, même pour moi.
00:24:06 Je pense qu'il y a eu une double défaillance dans cette affaire.
00:24:09 Aucun contrôle judiciaire malgré la dangerosité.
00:24:12 C'est là que porte le débat.
00:24:13 D'abord, en fait, une défaillance judiciaire,
00:24:15 mais la défaillance judiciaire la plus scandaleuse, elle est sur la durée de la procédure.
00:24:19 Les premiers faits qu'il aurait commis auraient été commis en 2017.
00:24:24 Nous sommes en 2023 et la procédure n'a toujours pas été clôturée.
00:24:31 Et c'est très important...
00:24:32 Attendez, excusez-moi, vous êtes avocat ?
00:24:34 Oui, mais attendez...
00:24:35 Vous êtes en train de me parler d'une défaillance, mais c'est juste normal.
00:24:37 Mais c'est comme ça que ça se passe en France ?
00:24:39 Six ans pour une procédure de cette nature, c'est énormissime.
00:24:45 Ah bon ?
00:24:46 Énormissime.
00:24:47 Il y a, de façon générale, dans les services d'instruction de quasiment tous les tribunaux de ce pays,
00:24:53 des retards qui sont absolument colossaux parce qu'il n'y a pas assez de juges et pas assez de greffiers.
00:24:58 Quand je parle de défaillance, je parle en réalité, vous l'avez compris, d'une défaillance globale.
00:25:01 C'est-à-dire qu'on n'arrive pas à régler un dossier,
00:25:04 qui est pourtant à mon avis pas un dossier très compliqué, même si je ne suis pas dedans,
00:25:08 en moins de six ans.
00:25:09 Et c'est particulièrement dommageable parce que les mesures de sûreté sont prises à l'issue de la procédure.
00:25:14 Et donc on n'a toujours pas d'issue au bout de six ans.
00:25:16 Donc ça, c'est un premier problème.
00:25:17 Et le deuxième problème, la deuxième défaillance, c'est une défaillance au niveau psychiatrique,
00:25:23 au niveau peut-être même préfectoral.
00:25:26 J'ai cru comprendre qu'il avait été placé en hôpital psychiatrique en 2020,
00:25:31 comment se fait-il qu'il ait sorti ?
00:25:33 Peut-être que les psychiatres se sont trompés ou peut-être, par contre...
00:25:38 Oui, t'as qu'un psychiatre que je salue d'ailleurs, Dr Pierre Sidon, vers qui je vais aller dans une minute.
00:25:42 Peut-être qu'il y a eu aussi des évolutions dans sa maladie que les psychiatres n'ont pas vu venir.
00:25:46 C'est quand même très compliqué d'avoir dans la société des personnes.
00:25:48 Ce qui m'intéresse, c'est le volet judiciaire que vous venez d'évoquer.
00:25:51 Ces délais insupportables, astronomiques,
00:25:54 et ce n'est pas l'avocat que vous êtes, encore une fois, qui va me contredire.
00:25:57 C'est ça le pire, en fait, c'est que c'est une situation normale.
00:26:01 Vous avez bien fait de reprendre en parlant de défaillance globale,
00:26:04 parce que de défaillance spécifique, il n'y en a pas.
00:26:06 C'est comme ça que ça se passe en France.
00:26:08 Aujourd'hui, la société ne se protège plus, en fait, d'une certaine manière.
00:26:12 En réalité, le problème des délais est un problème de moyens humains.
00:26:18 On le dit, on le redit, je le dis quasiment toutes les semaines dans cette émission,
00:26:22 la justice française est en voie de clochardisation.
00:26:25 Je travaille à Rouen pour un bassin de 600 000 habitants.
00:26:30 600 000, j'ai quatre juges d'instruction, qui ont chacun 140 dossiers.
00:26:35 C'est 1,5 jour par dossier dans l'année en moyenne.
00:26:39 C'est infaisable.
00:26:40 Donc, il faut plus de magistrats, plus de greffiers.
00:26:43 Ça fait des années que les professionnels le disent et ça n'est pas mis en place.
00:26:47 Écoutez le procureur, aujourd'hui le procureur de Reims,
00:26:49 donc sur les antécédents de celui qui a porté ce couteau mortel à Karen Mezina.
00:26:57 Sur le plan de ces antécédents ténons,
00:26:59 il n'a jamais été condamné, mais avait été mis en examen à Châlons-en-Champagne
00:27:04 pour des faits de violence aggravée.
00:27:07 Il lui était reproché d'avoir, le 21 juin 2017,
00:27:10 commis des violences avec un couteau sur quatre personnels de l'ESAT,
00:27:14 où il travaillait alors, souffrant de schizophrénie et de paranoïa.
00:27:19 Il faisait l'objet de soins psychiatriques depuis 1985,
00:27:23 avec de nombreux séjours hospitaliers et était reconnu adulte handicapé.
00:27:28 Docteur Pierre Sidon, merci d'être avec nous.
00:27:30 Vous êtes psychiatre en direct par vidéo.
00:27:33 Merci de prendre le temps de répondre à nos interrogations.
00:27:37 On est surpris qu'un homme avec un tel passif n'ait pas bénéficié d'un suivi plus serré,
00:27:41 sans une liberté d'aller et venir.
00:27:43 C'est bête à dire, mais il ne serait pas passé à l'acte.
00:27:48 Oui, j'écoute tous les commentaires depuis tout à l'heure.
00:27:52 On a mis beaucoup en avant les défaillances de la justice.
00:27:57 C'est vrai qu'il y a eu une judiciarisation du fait du passage à l'acte.
00:28:02 Mais il ne faut pas oublier non plus qu'il y a des procédures très lourdes en psychiatrie,
00:28:06 qui sont des procédures de contrôle,
00:28:09 qui garantissent les libertés à tous les citoyens,
00:28:12 et en particulier aux patients de la psychiatrie,
00:28:14 et qui alourdissent énormément le travail de la psychiatrie au quotidien,
00:28:19 notamment le contrôle de la liberté, des droits.
00:28:22 Il faut bien dire que la psychiatrie est une pratique
00:28:26 qui n'est pas une pratique tout à fait compatible avec les droits de l'homme.
00:28:30 C'est une pratique d'exception.
00:28:32 À partir du moment où on a voulu, depuis quelques années,
00:28:35 introduire les droits de l'homme dans la psychiatrie,
00:28:38 avec l'accord de toute la profession,
00:28:43 on a introduit des lenteurs,
00:28:45 qui sont majorés par le fait qu'il y a eu un passage à l'acte,
00:28:48 et donc cette procédure qui n'en finit pas.
00:28:50 Mais le problème principal, il me semble,
00:28:53 c'est que la psychiatrie a voulu elle-même,
00:28:55 depuis des années, dans l'horreur de son acte,
00:28:59 se dessaisir de sa responsabilité psychiatrique,
00:29:02 et a, d'une certaine manière,
00:29:04 opéré un transfert de compétences à la justice.
00:29:07 Donc on en voit les effets aujourd'hui.
00:29:09 Avec des gens qui ont des profils psychiatriques,
00:29:12 qui évidemment n'ont pas leur place en prison,
00:29:14 mais on le dit souvent également,
00:29:16 la psychiatrie est le parent pauvre de la santé en France.
00:29:20 - Revenons sur le profil de cet homme dépeint par le procureur.
00:29:24 On comprend bien qu'il y a un très lourd passé psychiatrique.
00:29:26 Qu'est-ce que ça vous évoque, vous, docteur ?
00:29:29 Cet acte, c'est une folie meurtrière aveugle ?
00:29:32 C'est ça qui semble se dessiner ?
00:29:35 - Elle n'est pas aveugle, puisqu'il a énoncé des mobiles très clairs,
00:29:39 qui étaient anciens, du reste,
00:29:41 et avec des antécédents de passage à l'acte du même type.
00:29:44 Donc on peut difficilement soutenir
00:29:48 qu'il n'y avait pas un mobile dans cette affaire-là,
00:29:51 une préméditation même.
00:29:55 Et quand vous dites que les patients n'ont pas leur place en prison,
00:29:59 c'est vrai pour certains, ce n'est pas vrai pour d'autres.
00:30:01 - Oui, je parle d'une partie d'entre eux,
00:30:02 ceux qui ont des vrais troubles psychiatriques, psychotiques.
00:30:06 - Oui, mais à ce moment-là, il faudrait que la psychiatrie
00:30:08 soit un petit peu plus capable d'accueillir ces personnes.
00:30:12 Et elle a été dépouillée
00:30:14 et elle-même a accepté de se dessaisir depuis des décennies
00:30:18 d'une partie de ses capacités, au conflit de l'idéal
00:30:21 de pouvoir prendre les gens en charge en ambulatoire,
00:30:24 ce qui, dans un cas comme ça, n'était peut-être pas raisonnable.
00:30:28 - Il y a des avis contradictoires qui ont été émis ces dernières heures,
00:30:31 de l'aveu du procureur sur le profil de cet homme
00:30:35 et l'éventualité d'un passage à l'acte.
00:30:37 Écoutez ce que disait le procureur.
00:30:39 Encore une fois, j'aimerais avoir votre réaction, docteur.
00:30:44 - La mandataire, qui a été entendue dans le cadre de la présente enquête,
00:30:48 a fait état de plusieurs crises verbales depuis l'été 2022,
00:30:52 la dernière le 15 mai 2023,
00:30:55 et a précisé s'en être ouverte à plusieurs reprises
00:30:58 aux psychiatres depuis deux ans,
00:31:00 faisant des signalements non suivis des faits selon elle,
00:31:03 précisant que la mère de l'intéressé, qui n'a pu être entendue,
00:31:06 avait les mêmes craintes d'un nouveau passage à l'acte.
00:31:09 Elle ajoutait ne pas avoir été surprise de ce nouveau passage à l'acte.
00:31:13 Fin octobre 2022, elle avait même sollicité du juge des tutelles
00:31:17 son dessaisissement au regard de la dangerosité potentielle
00:31:21 et imprévisible de l'intéressé en lien avec sa pathologie psychotique,
00:31:25 justifiant selon elle un suivi médical permanent.
00:31:29 - Docteur Sidon, ça vous surprend une telle différence de regard
00:31:31 sur un même homme, sur un même profil,
00:31:34 des avis divergents entre la mère mandataire
00:31:36 et le psychiatre qui le suivait depuis longtemps,
00:31:39 donc deux individualités qui connaissent bien le personnage.
00:31:43 Comment expliquer une telle distorsion de la vision de cet homme, sur cet homme ?
00:31:48 - Malheureusement, ça ne me surprend pas parce que je vis ça tous les jours.
00:31:52 On adresse des patients à un collègue aux urgences
00:31:56 et on nous répond "je n'ai pas retrouvé ce que tu me décris".
00:32:00 De quoi ça témoigne ?
00:32:02 Ça témoigne du fait qu'il y a une rupture dans ce qu'on appelle la clinique,
00:32:06 à savoir que quand vous transmettez des informations,
00:32:11 ces faits que vous transmettez ne sont pas considérés comme d'importance.
00:32:17 Votre parole n'a pas de poids.
00:32:19 À partir du moment où le psychiatre ou le médecin qui reçoit la personne
00:32:23 ne constate pas les troubles, ce qui arrive très souvent
00:32:25 puisqu'on est tout à fait capable de dissimuler dans un entretien beaucoup de choses,
00:32:29 on sait qu'il faut beaucoup de temps pour obtenir le fond de la pensée de quelqu'un
00:32:36 qui est parfois même à lui-même obscur
00:32:38 et qu'il faut développer ça sur un certain temps.
00:32:41 À partir du moment où on n'a plus confiance dans la parole,
00:32:43 on obtient ces effets-là.
00:32:45 C'est un phénomène qui est généralisé,
00:32:48 qui s'appelle la disparition de la clinique,
00:32:51 c'est la disparition de la psychiatrie
00:32:52 et ça a été encouragé par l'enseignement de la psychiatrie en France.
00:33:00 Jean Messiaen a tout à l'heure parlé non pas de décivilisation mais de défrancisation.
00:33:04 On peut discuter d'un point de vue civilisationnel
00:33:06 si l'un n'est pas contenu dans l'autre,
00:33:08 mais en psychiatrie, il y a eu une défrancisation, très clairement.
00:33:11 C'est-à-dire que l'enseignement universitaire de la psychiatrie,
00:33:14 qui est une catastrophe depuis 30 ans,
00:33:16 a enseigné aux psychiatres comment boucher leurs oreilles
00:33:21 et dont on en a les effets aujourd'hui.
00:33:23 Donc en fait, ça dit beaucoup de notre incapacité
00:33:26 et celle des experts, donc, d'anticiper un comportement psychotique,
00:33:30 un passage à l'acte.
00:33:31 Écoutez, là...
00:33:32 C'est une fatalité en fait, c'est ça qu'on doit comprendre.
00:33:35 Il faut vraiment se boucher les oreilles dans ce cas
00:33:38 pour ne pas se rendre compte que ce sujet était
00:33:41 effectivement persécuté par les soignants,
00:33:45 qu'il était dangereux.
00:33:46 Il avait fait...
00:33:47 Alors j'ai entendu une chronique de Guillaume Bigot,
00:33:49 d'ailleurs excellente, chez Christine Kelly tout à l'heure,
00:33:51 qu'il faut vraiment écouter et réécouter,
00:33:54 dans laquelle il signale que le sujet était dangereux
00:33:57 depuis probablement 1985.
00:33:59 Je ne sais pas d'où il a ces informations parce que...
00:34:01 - C'est ce que disait le procureur aujourd'hui,
00:34:03 c'est l'année où il a commencé à être suivi,
00:34:05 on a détecté des troubles du comportement.
00:34:07 Voilà, mais il y aurait eu des antécédents de passage à l'acte
00:34:10 déjà depuis ce temps-là, donc soutenir qu'on ne savait pas,
00:34:13 il faut vraiment...
00:34:14 Bon, alors après c'est l'évaluation...
00:34:15 - Donc là, vous mettez en cause clairement un de vos confrères,
00:34:18 cher docteur, parce que la maman mandataire dit
00:34:20 "Attention, il est dangereux, moi je vois des signes
00:34:23 qui m'inquiètent", et le psychiatre dit
00:34:25 "Non, moi je ne vois rien de particulier".
00:34:27 Donc là, c'est vraiment le psychiatre qui est mis en cause.
00:34:30 - Ce que j'allais vous dire, c'est que
00:34:31 l'évaluation de la dangerosité chez quelqu'un qui est chroniquement
00:34:35 persécuté, puisque on peut le dire dans ce cas-là,
00:34:37 c'est quelque chose qui est difficile et qui reste à l'appréciation de chacun.
00:34:40 Donc là, je ne connais pas le dossier, je ne peux pas me prononcer
00:34:43 précisément sur le...
00:34:44 - Quand vous dites... Pardon de vous couper, je suis désolé,
00:34:45 mais quand vous dites qu'il est persécuté...
00:34:46 - Il se sent persécuté.
00:34:47 - Ah, il se sent persécuté, oui, parce que c'est son...
00:34:50 C'est son sentiment personnel, on est d'accord.
00:34:52 Parce qu'il n'était persécuté par personne, a priori.
00:34:54 - Dans notre verbiage, c'est...
00:34:56 - Non, non, mais c'est pour être sûr de bien comprendre, je ne veux pas...
00:34:59 Je ne veux pas me méprendre.
00:35:00 - Un dernier extrait, je voudrais vous soumettre un dernier extrait,
00:35:02 Pierre Sidon, s'il vous plaît, un dernier extrait du procureur
00:35:04 sur les motivations du prévenu.
00:35:06 - Dès son interpellation, il avait déclaré à plusieurs reprises
00:35:11 aux fonctionnaires de police en vouloir au milieu hospitalier,
00:35:15 indiquant avoir été maltraité depuis plusieurs années
00:35:17 par le milieu psychiatrique.
00:35:19 Il ajoutait, en vouloir, je cite, aux blouses blanches,
00:35:22 précisant que chaque fois qu'il croiserait une blouse blanche,
00:35:25 il la planterait car il voulait se venger.
00:35:27 L'enquête a mis en évidence une divergence de point de vue
00:35:32 entre la mandataire judiciaire et le psychiatre de l'intéressé.
00:35:36 La première estimant à plusieurs reprises, entre 2021 et 2023,
00:35:42 que depuis au moins décembre 2020, l'intéressé ne prenait plus
00:35:46 régulièrement son traitement, tandis que le psychiatre estimait
00:35:50 que la situation était stabilisée, que le traitement était pris
00:35:54 et que la mesure même de protection ne se justifiait plus.
00:35:58 - Docteur, la schizophrénie, parce que tout le monde connaît le terme,
00:36:01 mais les tenants et aboutissants peut-être un petit peu moins,
00:36:05 la schizophrénie, elle entraîne régulièrement un passage à l'acte.
00:36:08 On sait que cet homme a arrêté de prendre son traitement
00:36:12 pendant un moment.
00:36:13 Ça peut avoir ce fameux effet dévastateur ?
00:36:16 - Les passages à l'acte sont rares, mais ils sont très fréquemment
00:36:24 causés par des troubles psychiatriques.
00:36:26 Il y a un problème rhétorique qui est souvent avancé par les psychiatres,
00:36:29 qui est de dire "oui, mais ils ne sont pas responsables
00:36:32 de la plupart des actes violents, ils sont très fréquemment
00:36:38 eux-mêmes victimes".
00:36:39 C'est vrai, mais quand il y a un passage à l'acte, très fréquemment,
00:36:42 il y a un trouble psychiatrique en arrière-plan.
00:36:45 Ce qu'on a pensé, c'est pouvoir faire prendre en charge
00:36:48 la maladie mentale en général par les médicaments.
00:36:51 Or, ça ne fonctionne pas.
00:36:53 Il faut, comme ça a été déjà relevé par nombreux de vos intervenants,
00:36:57 notamment sur ce plateau, on ne peut pas prendre en charge
00:37:01 des patients uniquement par une prescription à domicile.
00:37:06 Il faut qu'on puisse apprendre à parler avec les patients.
00:37:10 Et ça, on a empêché cette transmission de la psychiatrie française
00:37:14 et de la psychanalyse à être attaquée par l'université.
00:37:17 On a appris aux médecins à pratiquer d'une manière
00:37:22 qui ne fonctionne pas.
00:37:23 Et aujourd'hui, vous voyez que ce monsieur était très en colère
00:37:27 contre les soignants.
00:37:28 Alors, évidemment, il y a une part, on peut dire, délirante
00:37:31 derrière tout ça, mais il est possible aussi qu'il n'ait pas été
00:37:34 correctement pris en charge parce qu'on ne sait plus le faire.
00:37:36 Aujourd'hui, on n'apprend plus aux psychiatres à parler.
00:37:39 Or, la fonction, s'il y a une fonction du psychiatre
00:37:43 et en particulier du médecin, c'est celle de la parole.
00:37:46 Ce qu'on apprend à l'université aujourd'hui, c'est à faire remplir
00:37:49 des auto-questionnaires d'évaluation par le patient tout seul
00:37:53 ou bien à le faire prendre en charge de façon très irrégulière
00:37:57 ou bien on le fait venir tous les trois mois.
00:37:59 On s'est tiré une balle dans le pied, en fait.
00:38:02 C'est ça que vous nous dites ?
00:38:03 On s'est tiré une balle dans le pied ?
00:38:06 En fait, pendant toutes ces années.
00:38:08 On avait la meilleure psychiatrie du monde, probablement, en France.
00:38:11 Et en effet, on s'est américanisé à l'occasion du marché des antidépresseurs,
00:38:17 qui a été une manne pour beaucoup de gens.
00:38:20 Et on a préféré dire que la pilule du bonheur,
00:38:25 vous vous souvenez, en 90, le Prozac, que tout allait s'arranger.
00:38:28 Maintenant, on a Emmanuel Macron qui se plaint d'une décivilisation,
00:38:33 alors que lui-même a vanté la Startup Nation et qu'il vante des logiciels
00:38:39 pour prendre en charge les patients qui vont s'auto-évaluer.
00:38:41 C'est délirant.
00:38:43 Un dernier mot, docteur, avant de vous libérer.
00:38:46 Qu'est-ce qui va déterminer, selon vous, si un procès pourra se tenir ou non contre lui ?
00:38:49 Il pourrait pénalement être reconnu irresponsable ?
00:38:55 Il y a une tendance très forte à la baisse des irresponsabilités,
00:38:59 l'article 122, depuis des années.
00:39:02 Une baisse considérable, en un facteur 10,
00:39:05 parce qu'on a plus confiance dans la prison,
00:39:08 malheureusement, que dans l'hôpital psychiatrique.
00:39:11 C'est malheureux à dire, mais il est probable qu'en effet,
00:39:13 on trouvera des experts qui vont considérer qu'étant donné les menaces,
00:39:19 étant donné le mobile qui a été énoncé auparavant,
00:39:23 l'après-méditation, il est probable qu'il soit en prison
00:39:26 et peut-être que c'est mieux pour la société aussi.
00:39:27 C'est votre sentiment ?
00:39:29 Il faut qu'un homme comme lui soit jugé ?
00:39:34 Ça peut être tout à fait humanisant, un procès.
00:39:37 On a beaucoup de patients qui témoignent qu'ils n'ont jamais été aussi heureux
00:39:39 que pendant leurs années de prison, vous savez.
00:39:41 Donc simplement, il faudrait qu'en prison, on puisse soigner correctement les gens
00:39:45 et qu'à l'hôpital psychiatrique, on puisse les garder plus longtemps.
00:39:48 Merci de nous avoir éclairé, Dr Pierre Sinon.
00:39:51 Je vois que vous êtes un fidèle téléspectateur en plus.
00:39:53 Donc vous êtes le bienvenu quand vous voulez sur nos plateaux.
00:39:56 C'était un plaisir de vous entendre.
00:39:57 Très bonne soirée à vous.
00:39:59 Valérie Lecal, ça a fait beaucoup réagir ce que disait le Dr Sinon,
00:40:02 parce que déjà, c'est passionnant.
00:40:03 Et ensuite, c'est vrai que la réalité décrite de la psychiatrie française
00:40:07 fait peur à entendre. Merci beaucoup.
00:40:09 Mais j'ai trouvé très intéressant cette intervention et en particulier
00:40:13 quand le psychiatre a dit "on ne peut plus parler en psychiatrie".
00:40:17 C'est extrêmement fort.
00:40:18 Je trouve que c'est la clé d'énormément de choses,
00:40:21 parce que c'est vrai que des gens qui sont malades
00:40:24 et qui ont besoin d'un psychiatre ne peuvent plus parler au psychiatre
00:40:26 parce qu'il y a de plus en plus de médicaments
00:40:30 et qu'il n'y a pas forcément le temps de l'écoute dont un patient a nécessaire.
00:40:34 Et quand il dit "on les renvoie chez eux tout seuls avec leurs médicaments
00:40:37 et on ne les écoute plus".
00:40:38 C'est ça un psychiatre, ce n'est pas un psychologue, un psychothérapeute.
00:40:41 Aujourd'hui, l'image du psychiatre, c'est "on va le voir,
00:40:42 il nous donne des médicaments, il fait planer,
00:40:46 il fait oublier notre réalité et c'est fini".
00:40:48 Et cette pauvre mère qui est désarçonnée, qui ne sait pas comment faire
00:40:51 parce qu'elle voit que son fils ne va pas bien
00:40:53 et elle ne sait pas à quel sens jouer.
00:40:54 Et je trouve que ça en dit long sur notre société d'une façon générale,
00:40:58 parce que c'est vrai que la parole...
00:41:01 On parle souvent de solitude, de tous les gens qui sont tout seuls chez eux,
00:41:05 tous ces trucs numériques, on ne parle plus que par les réseaux sociaux.
00:41:08 Les gens, ils croient qu'ils sont branchés avec le monde,
00:41:10 ils ne sont branchés avec rien du tout, sauf avec eux-mêmes.
00:41:13 Le fait que dans les familles,
00:41:15 maintenant, les gens sont plus devant la télé, ils se parlent moins.
00:41:18 Le rite qu'il y avait autrefois, du repas pris ensemble tous à table,
00:41:23 des discussions que des parents pouvaient avoir avec leurs enfants, etc.
00:41:27 Il y a une espèce d'évolution à l'américaine, comme il a dit,
00:41:30 où le numérique s'est imposé de plus en plus sous toutes ses formes et a fracturé.
00:41:35 Je pense que ça contribue très largement,
00:41:38 puisqu'on a commencé sur la décivilisation,
00:41:40 parce que le lien entre les gens, la civilisation, c'est le lien entre les gens.
00:41:44 Et s'il n'y a plus de parole, il n'y a plus de lien, finalement.
00:41:47 Et c'est vrai que cet homme qui s'est malheureusement vengé de cette façon-là,
00:41:53 ça a dû être difficile, ce qu'il a vécu.
00:41:55 - On parle encore une fois d'un homme qui souffre de très graves troubles,
00:42:00 qui est diagnostique et schizophrène, qui n'avait pas pris ses traitements,
00:42:04 donc qui est dans un délire aussi.
00:42:07 Ce n'est pas vengé au premier degré.
00:42:09 - Indispensable et qu'il ne faut pas perdre.
00:42:11 - Ce murve qui repose la question de la situation catastrophique
00:42:14 de la prise en charge des malades mentaux dans ce pays, évidemment.
00:42:18 Maître Calfon, c'était passionnant d'entendre le Dr Sidon, en effet.
00:42:21 - Moi, je voudrais rebondir sur ce qu'a dit Valérie Lecable
00:42:24 et sur ce qu'a dit le Dr Sidon, parce que nous, dans les procédures pénales,
00:42:27 on constate aussi qu'il y a une baisse de l'écoute
00:42:30 et que la parole n'est plus à sa place.
00:42:32 Lorsqu'un psychiatre va en prison ou reçoit à son cabinet
00:42:36 une personne mise en examen ou en prévenue pour faire son expertise psychiatrique,
00:42:41 la plupart du temps, c'est à pleurer.
00:42:44 L'expertise dure 25 minutes, 30 minutes, une heure grand maximum,
00:42:50 où le mis en examen va décrire quelques éléments de personnalité très brefs
00:42:56 et le psychiatre va se contenter d'un diagnostic clinique
00:43:01 sur le fondement d'un entretien qui ne sera pas plus long, en général, que 40 minutes.
00:43:05 On voit bien que la parole, aujourd'hui, n'est peut-être plus à sa place en psychiatrie.
00:43:10 Je rejoins ce qu'a dit Valérie Lecable et aussi le Dr Sidon de ce point de vue.
00:43:14 - Jean-Mathien ?
00:43:15 - Oui, en fait, on a deux évolutions opposées, mais qui ont un résultat catastrophique.
00:43:21 La première, c'est évidemment une société de la solitude, voire de l'individualisme,
00:43:27 où, effectivement, de moins en moins de gens reconnaissent un sens à leur vie.
00:43:31 Il n'y a plus de verticalité, plus d'autorité, plus de limites.
00:43:34 Et les gens ont du mal, effectivement, à trouver une signification à leur existence et à leur quotidien.
00:43:40 Donc ça, évidemment, ça constitue un terreau, si vous voulez,
00:43:44 sur lequel vous allez avoir un certain nombre de dérives psychiatriques de nombreux individus.
00:43:51 Et la deuxième chose, c'est que vous avez effectivement l'écosystème psychiatrique
00:43:56 qui se délide, c'est-à-dire que, par exemple, à l'université, on a dégommé presque la psychanalyse.
00:44:03 C'est devenu des cases à cocher.
00:44:05 Cette complémentarité qu'il y a entre la psychologie, la psychanalyse et la psychiatrie a tendance à se déliter.
00:44:12 Et donc, du coup, moins il y a de moyens, plus cet écosystème s'effondre, plus cet écosystème s'effondre,
00:44:18 plus, évidemment, vous avez des cas dramatiques comme ça.
00:44:20 Mais ça, c'est, je dirais, la face émergée de l'iceberg.
00:44:23 Et derrière, il y a évidemment, on refile la patate chaude à la justice,
00:44:27 qu'on charge effectivement de juger ces cas.
00:44:30 Donc, tout est à revoir en termes de moyens et en termes aussi de politique.
00:44:35 Le fond de cette affaire, c'est aussi la violence que subissent les personnels hospitaliers, les médecins,
00:44:42 alors que la minute de silence avait lieu dans tous les hôpitaux de France, vous le savez, aujourd'hui à midi.
00:44:46 Elisabeth Borne, avec le ministre de la Santé d'ailleurs, était à l'hôpital Georges Pompidou à Paris.
00:44:51 Elle a échangé avec une infirmière sur son quotidien et les violences qu'elles peuvent connaître en général,
00:44:57 les infirmières, les infirmiers, les hospitaliers.
00:44:59 Regardez ce moment.
00:45:01 C'est vrai qu'on a partout, dans tous les services, des mouvements de violence assez incontrôlés.
00:45:09 C'est plutôt les patients et les familles, qui ne supportent pas la frustration.
00:45:15 Ça, on voit ça.
00:45:17 Oui, et puis c'est vrai que plus on imagine, il peut y avoir de l'angoisse, du stress aussi.
00:45:20 Oui, bien sûr, on comprend tout ça, mais c'est parfois juste le fait de ne pas avoir une chambre seule.
00:45:26 Ça met des gens dans des colères terribles.
00:45:29 Et pour les soignants, c'est très compliqué au quotidien à gérer.
00:45:33 Puis les agressions verbales qui sont devenues une bonne échoante, qui sont passées comme ça.
00:45:38 En fait, les infirmières font même plus de signalement quand elles sont agressées.
00:45:42 Et c'est pour ça que je pense que ça passe aussi dans le quotidien.
00:45:46 Parce qu'elles ont le sentiment de ne pas avoir de réponse derrière.
00:45:50 Moi, qui fais deux ans de ces infirmières, j'ai été confrontée beaucoup à ces agressions,
00:45:57 on a dit que pour deux minutes avant l'urgence.
00:46:00 Et c'est vrai qu'elles ne cherchent pas à aller plus loin.
00:46:03 Il n'y a pas de concept d'acte derrière, en fait, de répression de ces actes de violence.
00:46:08 Jean-Sébastien, comment c'était il y a 30, 40 ans ? C'était différent ?
00:46:12 Qu'est-ce qui s'est dégradé ? C'est sociologiquement que ça s'est dégradé, selon vous ?
00:46:17 Pourquoi est-ce qu'on en est là ? Pourquoi est-ce qu'on en est à voir des panneaux dans les hôpitaux ?
00:46:21 Il y a eu des phases de violence dans le passé.
00:46:22 Mais ce que disait l'infirmière, je trouve que c'est très intéressant
00:46:25 quand elle parle de gens qui ne supportent pas la frustration.
00:46:28 On a une société qui a renoncé à éduquer à la frustration.
00:46:31 Peut-être que la décivilisation, elle est là.
00:46:33 On ne supporte plus les contrariétés.
00:46:34 On ne supporte plus la frustration.
00:46:35 Et peut-être même au-delà, un cran au-dessus, on ne reconnaît plus l'existence du mal.
00:46:39 Mais dans une double exception, du mal par opposition au bien, la civilisation,
00:46:42 c'est de reconnaître que le mal existe.
00:46:44 Et c'est justement être civilisé pour ne pas se laisser aller au mal.
00:46:48 Mais peut-être aussi le mal comme la maladie.
00:46:50 Parce que finalement, derrière les médicaments, qu'est-ce qui se cache ?
00:46:53 Il se cache l'idée de la culture de l'excuse, souvent.
00:46:55 C'est parce que les gens ont été victimes d'un parcours, la société est injuste, etc.
00:46:59 Ça fait 30 ans, 40 ans, 50 ans qu'on déconstruit pour le coup notre civilisation
00:47:03 en disant que tout est de la faute de la société.
00:47:05 On ne prend jamais en compte le mal.
00:47:07 Un individu qui est véritablement atteint psychiatriquement,
00:47:11 il est porteur d'une part de mal sans pour autant être responsable.
00:47:15 Mais ça, on ne veut plus le voir et à force d'en être arrivé là,
00:47:18 et de le mélanger avec une logique purement technocratique.
00:47:21 Parce que là, je fais mes 30 secondes libérales comme le docteur Cyclopède.
00:47:24 Moi, je veux bien faire confiance aux gens qui ont décidé des numerus clausus
00:47:28 pour les médecins, qui ont décidé.
00:47:29 Il y a deux fois moins de lits en psychiatrie qu'il y en avait en 1990.
00:47:32 Alors, on avait dit qu'on supprimait des lits d'hospitalisation
00:47:35 pour passer à de l'ambulatoire, c'est-à-dire de la prise en charge de jour,
00:47:38 sauf qu'on ne l'a pas fait.
00:47:40 Moi, je veux bien que les mêmes qui nous expliquent,
00:47:41 ce ne sera pas l'innovation ni les marchés qui vont nous sauver du dérèglement climatique,
00:47:45 mais nous expliquent comment ils nous ont créé la société qu'elle a.
00:47:47 Parce qu'ils ont exactement la même prétention et exactement les mêmes œillères.
00:47:50 - Karim Abrik.
00:47:51 - Moi, je veux revenir sur ce drame comme tel,
00:47:55 rappeler le fait de la lenteur de cette justice.
00:47:58 Et moi aussi, ce qui m'interroge beaucoup, c'est les signalements de la maire,
00:48:02 les signalements des proches autour qui disent,
00:48:04 on ne serait pas étonné qu'il passe à l'acte,
00:48:06 qu'il faut faire quelque chose et que ça n'a pas été écouté.
00:48:08 - C'est ça.
00:48:09 - Et pourquoi ça interroge énormément?
00:48:11 Parce qu'on le dit souvent, même, ce sont des spécialistes qui vont le dire,
00:48:14 même des psychiatres qui vont le dire,
00:48:16 vont dire, vous savez, les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale,
00:48:19 qui ont des maladies mentales graves, la plupart ne sont pas violentes.
00:48:23 Alors, dans ce cas-ci, on parle,
00:48:24 si ce n'est pas justement la majorité de ces personnes qui sont violentes,
00:48:29 quand il y a un individu qui a des antécédents,
00:48:32 notamment, on parle ici d'actes, il avait, on le suspecte d'avoir poignardé,
00:48:36 donc c'est un peu des faits similaires, disons-le comme ça,
00:48:40 et qu'on ne fait rien, moi, c'est ça que je ne comprends pas.
00:48:43 Je veux dire, on dit que les personnes qui ont des problèmes de santé mentale
00:48:46 ne sont pas violentes majoritairement.
00:48:48 Dans ce cas-ci, on a signalé qu'il y avait eu des comportements violents
00:48:51 et en plus, tout récemment, des signalements pour dire,
00:48:55 on craint, il y a quelque chose et on n'entend pas ses voix,
00:48:59 ça, je trouve que c'est un problème.
00:49:00 Il faudra voir, est-ce qu'il y a eu, disons,
00:49:02 dans le processus d'évaluation, un manquement,
00:49:04 est-ce que c'est simplement, bon, on l'a échappé,
00:49:06 on ne pouvait absolument pas prévoir cette situation,
00:49:09 donc toutes les procédures ont été faites comme il fallait,
00:49:13 donc on ne pouvait pas rien faire.
00:49:14 Je pense qu'il va vraiment falloir vérifier cet aspect-là très précis
00:49:17 parce qu'on ne veut pas que ça se reproduise,
00:49:19 donc tout l'enjeu est là.
00:49:21 - Dernier mot, Yvan Usaï.
00:49:23 - Oui, moi, ce qui m'interpelle, c'est la réponse politique.
00:49:26 Elisabeth Borne, quand elle écoute cette infirmière,
00:49:29 on voit bien qu'elle est sensible,
00:49:31 qu'elle est un peu atterrée face à tout ce qui se passe,
00:49:34 mais elle semble totalement...
00:49:36 Elle est défaite, en réalité.
00:49:38 Elle semble être davantage observatrice qu'actrice de ce qui se passe
00:49:43 parce qu'elle n'a pas de réponse à apporter.
00:49:46 Mais c'est flagrant, quand elle parle...
00:49:47 - Quand elle vient, elle se sent stressée.
00:49:48 - Elle n'a aucune réponse politique à lui apporter.
00:49:52 Et ça me fait penser, en voyant cette séquence,
00:49:54 que le mot qu'utilise Emmanuel Macron, en fait,
00:49:57 quand il parle des civilisations,
00:49:59 c'est un mot qui signe l'impuissance des gouvernements successifs.
00:50:02 C'est une manière de dire, nous n'avons pas, moi compris,
00:50:06 collectivement réussi à empêcher ce qui est arrivé.
00:50:10 Et c'est une manière de dire, ce que nous avons fait,
00:50:13 ça n'a pas fonctionné, ça ne fonctionne pas.
00:50:15 On n'a pas de solution.
00:50:17 Donc, j'utilise ce mot qui sonne un peu comme un bing-bang
00:50:20 pour espérer qu'il y ait une prise de conscience collective,
00:50:23 y compris au sein de la classe politique,
00:50:24 pour trouver des solutions, j'allais dire, de manière commune,
00:50:29 une sorte d'unité politique sur ce sujet.
00:50:31 D'abord, c'est complètement vain,
00:50:33 mais effectivement, ça signe, me semble-t-il,
00:50:35 clairement, une impuissance manifeste.
00:50:38 - Est-ce qu'on a un État qui s'effondre sous son propre poids ?
00:50:40 - Il était 23h pile, Adrien Spiteré, pour le rappel de l'actu,
00:50:44 puis on part pour Trappes, où cette petite fille de 6 ans
00:50:47 a été percutée par une personne qui a été testée positive au cannabis,
00:50:51 hier soir.
00:50:53 Emmanuel Macron sera à Roubaix demain.
00:50:58 Le président rendra hommage aux trois policiers
00:51:00 tués dimanche matin dans le Nord.
00:51:02 Il rencontrera les familles et les collègues des trois victimes.
00:51:06 Le conducteur mort sur le coup était positif à l'alcool et au cannabis.
00:51:10 Une enquête a été ouverte pour homicides et blessures involontaires.
00:51:15 Le Conseil d'État valide l'usage des drones par les forces de l'ordre.
00:51:19 La plus haute juridiction administrative avait été saisie
00:51:22 par l'Association de défense des libertés constitutionnelles
00:51:25 à l'approche des manifestations du 1er mai.
00:51:28 Le juge estime qu'il n'existe pas de doute sérieux sur la légalité.
00:51:33 Et puis une légende du rock nous a quitté ce soir.
00:51:36 Tina Turner est décédée à l'âge de 83 ans.
00:51:40 L'annonce a été faite par l'un de ses représentants dans un communiqué.
00:51:44 Véritable légende de la musique, elle aura bercé toute une génération.
00:51:48 La Maison-Blanche salue ce soir une icône et déplore une pertinence.
00:51:53 « Attrape, merci Jean-Messia de passer devant la caméra,
00:51:57 c'est vraiment comme ça qu'on fait de la bonne télé.
00:52:00 Attrape, une petite fille de 6 ans qui faisait du vélo dans la rue
00:52:05 a été percutée de plein fouet, tuée par une conductrice
00:52:08 sous l'empresse de cannabis hier soir.
00:52:10 Comment éviter ces drames à répétition sur la route
00:52:12 avec des automobilistes qui sont souvent,
00:52:15 en tout cas lorsqu'ils ont consommé de l'alcool ou des stups,
00:52:18 des dangers de mort pour les autres.
00:52:19 Retour à Trappes d'abord avec ce sujet. »
00:52:22 Attrape, c'est une journée douloureuse.
00:52:27 Rama, 6 ans, a été percuté par une jeune conductrice,
00:52:31 tout juste titulaire du permis de conduire et sous l'emprise de stupéfiants.
00:52:36 C'est le père de la fillette qui a découvert le corps sans vie de son enfant.
00:52:40 Un ami de la famille le décrit anéanti.
00:52:43 « Il n'a pas les mots, il n'arrive même pas à pleurer tellement il est choqué.
00:52:48 Je ne vois même pas ses larmes descendre tellement il ne croit pas
00:52:52 à tout ce qui s'est passé.
00:52:53 Il court partout, il n'arrive pas à dormir, il ne mange pas. »
00:52:56 Des habitants ont tenu à venir sur les lieux du drame pour y déposer des fleurs.
00:53:01 « L'enfant de 6 ans est mort et c'est déjà très triste.
00:53:05 Ça ne devrait pas arriver. »
00:53:08 Et des peluches.
00:53:09 « Je fais des peluches comme ça, je remets une pour la petite. »
00:53:14 La conductrice, âgée de 21 ans, a rapidement été interpellée et placée en garde à vue.
00:53:19 Elle possédait un permis probatoire.
00:53:22 Le parquet de Versailles a ouvert une enquête pour homicide involontaire aggravé
00:53:26 par l'usage de stupéfiants.
00:53:28 « C'est vraiment une terrible loi des séries qui est en train de frapper la France.
00:53:32 On est en train de se rendre compte, Karim Abrik, de l'ampleur du phénomène,
00:53:37 l'alcool et le cannabis au volant tue encore malgré les affaires retentissantes
00:53:42 des derniers mois.
00:53:43 La prise de conscience semble-t-il en tout cas n'a pas eu lieu. »
00:53:45 « Mais on voit, en fait, c'est la pointe de l'iceberg.
00:53:48 On constate, on le dit chaque jour, on en parle sur ce plateau à quel point les Français,
00:53:53 je suis désolée, c'est peut-être l'hypocrisie, mais les Français consomment de la drogue.
00:53:56 Je vous l'apprends plein de ce soir.
00:53:58 » « Non, on est le premier consommateur européen de cannabis. »
00:54:00 « Exactement.
00:54:01 Donc, à un moment donné, on voit que ça a des répercussions aussi sur la route
00:54:04 parce qu'il n'y a aucune prévention aussi.
00:54:06 Et il y a certaines personnes, est-ce que ça va être le fil conducteur de cette soirée,
00:54:11 la décivilisation, est-ce qu'il y en a qui se permettent justement d'être centrés
00:54:15 trop sur eux-mêmes?
00:54:16 Donc, c'est un vrai problème.
00:54:17 Mais, et on a un juriste ici pour nous le dire, c'est toute la question des peines.
00:54:22 Est-ce qu'on a l'assurance finalement d'être puni pour nos actions si on fait quelque
00:54:27 chose?
00:54:28 Je pense qu'il y a un véritable problème dans l'application des peines, la sévérité
00:54:30 aussi des peines.
00:54:31 Je veux dire, il n'y a pas de peine minimale.
00:54:34 Je peux comprendre si c'est une première infraction, si c'est quelqu'un qui est récidiviste.
00:54:39 On verra tout ça.
00:54:40 Je pense que l'analyse, donc les enquêtes, on verra.
00:54:42 Mais quand même, je pense qu'il y a un véritable enjeu.
00:54:44 Il faut qu'on se regarde, je pense, collectivement et se dire, est-ce qu'on tolère encore ces
00:54:48 choses-là?
00:54:49 Est-ce qu'on tolère encore que des enfants qui meurent comme ça?
00:54:51 Je pense que c'est intenable.
00:54:53 - Ce concept, cette théorie soulevée par le président de la République, c'est un
00:54:57 petit peu le leitmotiv, le fil rouge de la soirée, cette décivilisation prononcée
00:55:02 par Emmanuel Macron.
00:55:03 C'en est un signe, ce manque d'empathie qui semble disparaître chez beaucoup dans
00:55:09 le pays.
00:55:10 C'est-à-dire j'ai bu, j'ai fumé, j'ai fait les deux, mais je vais prendre la route
00:55:14 quand même parce que je ne pense pas au mal que je pourrais produire envers autrui.
00:55:19 C'est un des symptômes aussi, selon vous?
00:55:21 - Je pense que le décès d'une fillette de 6 ans qui n'avait rien demandé à personne,
00:55:26 ça sort de tout cadre.
00:55:27 C'est quand même la chose la pire qui puisse arriver, je pense sincèrement.
00:55:32 Mais je pense aussi au chef de cuisine Alenau et son association, il n'y a pas longtemps,
00:55:39 parce qu'il a perdu son fils.
00:55:40 - Et on pense à la famille qui a vécu le terrible accident en face de Pierre Palma,
00:55:44 on pense au policier de Roubaix qu'on évoquera dans quelques instants.
00:55:47 C'est une loi des séries, c'est ce que je disais il y a 5 minutes.
00:55:51 - En fait, ce qu'il y a, c'est qu'on met des visages, on met des histoires, on met
00:55:54 des gens sur l'histoire.
00:55:56 Ce chef étoilé, c'est terrible son témoignage.
00:55:59 Ça fait un an, il n'arrive pas à vivre avec ça.
00:56:01 - Lui milite pour qu'on requalifie l'homicide involontaire en homicide routier ou en homicide
00:56:07 volontaire.
00:56:08 - Mais je trouve qu'à condition qu'il y ait effectivement prise de stupéfiants ou
00:56:12 d'alcool, il a raison.
00:56:13 - Il a raison, on va en parler avec Maître Calfon, mais le principe de l'homicide volontaire,
00:56:18 c'est qu'il y a un acte volontaire de donner la mort.
00:56:21 - Je pense sincèrement qu'avoir un accident mortel sur quelqu'un de moins de 25 ans,
00:56:30 alors qu'on est en état d'ébriété ou qu'on a pris de la drogue, je pense que l'homicide
00:56:37 involontaire, ce n'est pas suffisant.
00:56:38 Moi, je ne suis pas juriste et je ne suis pas avocate.
00:56:40 - On va laisser Jérémie Calfon répondre.
00:56:42 - Mais on ne peut pas laisser viser des parents à ce stade-là, sur ce type de crise.
00:56:49 - La justice n'est pas celle de l'émotion, même si encore une fois, je pense qu'à la
00:56:53 place de ces familles, on devient complètement fou.
00:56:58 - La qualification d'homicide involontaire, elle fait mal au cœur.
00:57:01 - On en a suffisamment parlé avec le cas Pierre Palmade.
00:57:05 - On en reparlera malheureusement, j'en suis persuadé.
00:57:07 - On ne sait plus trop où il est.
00:57:12 - On sait où il est, il est dans un hôpital à Bordeaux.
00:57:14 - Il était sorti.
00:57:16 - Non, il n'est pas sorti, il est dans un hôpital à Bordeaux.
00:57:19 Il a un droit de sortie, je crois.
00:57:21 - Ce n'est pas acceptable ou tolérable d'avoir ce type de situation sous l'emprise de l'alcool
00:57:28 ou de la drogue.
00:57:29 - Maître Calfon, qu'est-ce qu'on répond à ce besoin d'une justice plus forte, plus
00:57:32 intransigeante avec les meurtriers de la route ?
00:57:35 - Plus particulière.
00:57:36 - Plus particulière, peut-être.
00:57:37 - La question, c'est pourquoi faire ? Si on a besoin, pourquoi avoir besoin d'une justice
00:57:42 plus forte ? Qu'est-ce qu'on attend de la justice exactement ?
00:57:44 - Je peux poser la question à l'envers.
00:57:47 Pourquoi est-ce que ça met autant en colère qu'on qualifie d'homicide involontaire la
00:57:51 mort d'un proche ou d'un enfant par un automobiliste ?
00:57:55 - Ça met en colère les familles de victimes, celui qui se bat, c'est notamment Yannick
00:57:58 Allénaud.
00:57:59 - Bien sûr.
00:58:00 - Et c'est normal.
00:58:01 C'est évidemment normal.
00:58:02 On n'a rien à répondre à une victime qui est en colère de la qualification.
00:58:05 On ne peut rien répondre.
00:58:06 Maintenant, si on prend un peu de recul et un peu de hauteur, moi qui suis juriste et
00:58:11 qui ne suis pas victime, la question, c'est pourquoi faire un homicide routier ?
00:58:16 - Pour frapper plus fort et dissuader.
00:58:19 - En termes de dissuasion, ça n'aura aucun impact.
00:58:23 On l'a vu mille fois.
00:58:24 - Mais si on ne le fait pas, on ne l'en saura jamais.
00:58:25 - On l'a vu mille fois.
00:58:26 - On ne l'a jamais fait.
00:58:27 - Comment ça on ne l'a jamais fait ?
00:58:28 - On a qualifié d'homicide routier en France un jour ?
00:58:29 - Attendez.
00:58:30 D'abord, les gens, la qualification, ne connaissent pas homicide routier, homicide
00:58:31 baroutier.
00:58:32 Ce que je peux vous dire, c'est que de façon générale, les peines encourues dans notre
00:58:33 droit pénal ont considérablement augmenté depuis ces 20 dernières années.
00:58:34 Ça n'a eu aucun impact sur la criminalité.
00:58:35 - Les gens ne conduisent plus.
00:58:36 - Ça n'a eu aucun impact sur la criminalité.
00:58:37 - Ils ne conduisent plus.
00:58:38 - S'il vous plaît, Valérie.
00:58:39 - Par exemple, aux Etats-Unis, vous avez eu des lois considérablement, vous avez eu
00:59:00 des lois très difficiles sur l'augmentation des peines.
00:59:03 Elles n'ont eu aucun impact sur la criminalité et sur la délinquance.
00:59:06 L'augmentation des peines encourues n'est pas dissuasive.
00:59:10 Après, si on peut prêter à la qualification d'homicide routier une dimension symbolique,
00:59:16 pourquoi pas ? Mais si on appelle juste homicide routier, homicide…
00:59:20 - Non, mais si vous requalifiez le terme, vous requalifiez les peines, vous…
00:59:24 - Et requalifier les peines, ça n'aura aucun impact en matière de sécurité routière.
00:59:27 Voilà, je vous le dis.
00:59:28 - Ça, je…
00:59:29 - Non, mais on le sait.
00:59:30 - Je ne sais pas sur quoi en base.
00:59:31 - On le sait.
00:59:32 - Si ça n'existe pas, comment on peut le savoir ?
00:59:33 - Parce qu'on l'a vu sur tout un tas d'infractions.
00:59:35 Ça n'a eu aucun impact.
00:59:36 C'est pas vrai ?
00:59:37 - Non, mais là où je suis un peu d'accord avec M. Calfon, c'est qu'effectivement,
00:59:41 il ne faudrait pas, si vous voulez, que l'excitation sur les mots vienne se substituer à l'opérationnalité
00:59:49 des actes et à la concrétisation des peines.
00:59:52 Parce que si on qualifie d'homicide routier et que derrière, il n'y a ni justice plus
00:59:58 sévère ni plus rapide, ça ne sert strictement à rien.
01:00:01 Bon, ça, c'est la première chose.
01:00:02 - Rapide, si vous voulez.
01:00:03 - Et la deuxième chose, si vous voulez, c'est que quand j'ai entendu, avec beaucoup d'émotion,
01:00:07 le témoignage de Julien Courbet, dont le papa a été fauché par un individu ivre mort
01:00:12 qui a fait un délit de fuite, qui a ensuite été raconté un mensonge à la police pour
01:00:17 essayer d'échapper à son sort, il a eu trois mois avec sursis à la fin du processus.
01:00:24 Qu'est-ce que cela signifie ? Ça veut dire qu'en fait, la justice, même dans des cas
01:00:29 aussi graves où on laisse quelqu'un pour mort sur la chaussée sans rien faire, avec
01:00:35 la circonstance aggravante de l'alcool, la justice n'est pas foutue de condamner sévèrement
01:00:40 en exemple.
01:00:41 Parce qu'aujourd'hui, il nous faut des exemples.
01:00:43 - Non, il ne faut pas d'exemple.
01:00:45 - La justice n'est pas forcément là pour faire des exemples.
01:00:48 - Et je termine par ça aujourd'hui.
01:00:49 - La politique pénale.
01:00:50 - Aujourd'hui, à son corps défendant, la justice donne des exemples, mais de laxisme,
01:00:55 pas de sévérité.
01:00:56 - Je voudrais juste qu'on entende, parce que j'ai beaucoup d'éléments à vous faire
01:00:58 entendre, je voudrais saluer également le docteur Laurent Gourarier, pardonnez-moi,
01:01:01 addictologue qui est avec nous et vers qui j'irai dans un instant.
01:01:04 Merci docteur d'avoir patienté.
01:01:06 Je viens vous voir dans une petite minute.
01:01:07 Je voudrais juste qu'on entende cette témoin, une riveraine qui est arrivée sur les lieux
01:01:13 du drame à Trappes, et qui nous raconte ce qu'elle a observé.
01:01:22 - Elle était clairement en état de choc, ça m'a prendu le cœur.
01:01:26 Ça se voyait qu'elle était vraiment désespérée.
01:01:28 Au début, je ne comprenais pas, je me suis dit pourquoi elle pleure ? Est-ce que c'est
01:01:32 elle qui a tapé ? Et quand j'ai compris ce qui s'était passé, là j'ai compris son
01:01:36 désespoir, son désarroi, et ça m'a vraiment fendu le cœur de la voir comme ça.
01:01:39 La passagère à côté d'elle était une fille aussi, ça devait être sa copine.
01:01:44 Elles étaient toutes les deux choquées.
01:01:45 Mais sa copine essayait un peu de tempérer les choses et de garder son calme.
01:01:49 Et l'autre garçon, du coup, il était en état de choc aussi.
01:01:53 Je n'ai pas eu le temps de regarder, je n'ai pas voulu regarder, mais la seule chose qui
01:01:56 m'a vraiment perturbée sur le moment, c'est vraiment la fille en pleurs, avec les mains
01:02:00 sur la tête, vraiment désespérée.
01:02:03 - Et pour qu'on comprenne bien, la fille dont cette jeune fille parle, c'est la conductrice
01:02:07 qui est auteure de cet accident qui a tué cette petite fille.
01:02:12 Laurent Gourarier, que je vous salue plus proprement.
01:02:15 Bonsoir, merci d'être avec nous sur CNews.
01:02:18 Déjà, on a détecté du cannabis dans l'organisme de la conductrice.
01:02:26 Mais à l'heure où l'on se parle, nous ne savons pas si la drogue est responsable de
01:02:31 l'accident, puisqu'on n'est pas encore capable de dire si elle a consommé un joint, si elle
01:02:35 a fumé dans les heures, les minutes qui ont précédé ou si c'était deux, trois, quatre
01:02:40 jours avant.
01:02:41 Combien de temps le cannabis peut agir sur l'organisme ?
01:02:45 - Techniquement, il y a deux réponses.
01:02:47 D'abord, le cannabis, ce n'est pas le même quand on le fume sous la forme habituelle
01:02:54 de ce que vous avez entendu certainement de joint, de pétard, de bédo, ça porte des
01:03:01 noms différents.
01:03:02 Ce n'est pas pareil que quand on le mange ou quand on fume des formes un petit peu plus
01:03:08 concentrées en produits lactifs.
01:03:10 Donc, cette dame, elle est positive au cannabis.
01:03:17 On ne sait pas quand elle a pris ce cannabis, puisque les tests habituels ne peuvent pas
01:03:25 chiffrer avec précision la durée, la date de la dernière prise.
01:03:34 Il y a un instrument un petit peu plus nouveau utilisé par les formes de l'ordre qui est
01:03:39 la salivette, qui est quelque chose d'un petit peu plus discriminant et d'un peu plus précis
01:03:43 en durée.
01:03:44 Mais même la salivette ne peut pas rendre compte de l'effet du cannabis.
01:03:49 Et le problème, ce n'est pas le cannabis, c'est que cette dame avait vraisemblablement
01:03:53 pris du cannabis et d'autres choses.
01:03:56 - Qu'est-ce qui vous fait dire ça, monsieur ?
01:03:58 - Là, le licite et l'illicite, hélas, font mauvais ménage.
01:04:01 C'est-à-dire que l'alcool, c'est quelque chose qui…
01:04:04 - Pardon, docteur, mais qu'est-ce qui vous fait dire qu'elle aurait consommé de l'alcool
01:04:07 parce que je n'ai pas forcément cette info ?
01:04:09 - Alors, évidemment, ce n'est pas une info que je donne.
01:04:12 Je suis absolument désolé, je ne suis pas un homme d'information.
01:04:15 - Non, ce n'est pas ce que je dis, c'est juste que j'essaie de me confondre.
01:04:18 - Ce que j'essaye de dire, c'est que ce qui passe à la trappe, ce n'est pas la responsabilité
01:04:24 d'un produit ou d'une drogue.
01:04:26 C'est souvent que les gens qui ont des problèmes avec la drogue ont des problèmes en général
01:04:32 qu'ils méconnaissent avec d'autres substances illicites.
01:04:35 Là, je viens de parler de l'alcool parce que c'est très connu en France et que c'est
01:04:40 maintenant tout à fait reconnu que l'alcool est un ennemi des conducteurs et de la voie
01:04:48 publique en général.
01:04:49 Mais d'autres substances ne sont pas du tout étudiées, le café, le thé et surtout le
01:04:56 mélange.
01:04:57 Voilà, mon message là, c'est que les gens qui prennent le volant ne doivent pas simplement
01:05:03 ne pas avoir consommé telle ou telle substance, mais ne surtout pas faire de mélange.
01:05:08 Voilà, on doit, si on prend le volant, être le plus net possible.
01:05:14 - En fait, on parle beaucoup des drogues illicites, mais vous, ce que vous nous dites d'une certaine
01:05:17 manière, c'est qu'il y a un grand déni, une hypocrisie sur l'alcool ?
01:05:21 - Une grande confusion, pas forcément volontaire.
01:05:25 Hypocrisie, c'est donner un jugement un petit peu.
01:05:28 Non, il y a insuffisamment d'informations et c'est la raison, me semble-t-il, pour laquelle
01:05:36 vous m'avez invité.
01:05:38 C'est en tout cas pour ça que moi, j'interviens.
01:05:40 Je veux parler à vos téléspectateurs en disant qu'il faut faire attention pas seulement
01:05:43 à l'alcool ou au cannabis, il faut faire attention à ne prendre le volant que le plus
01:05:49 net possible.
01:05:50 Et si on ne peut pas être net, on ne prend pas le volant.
01:05:53 - La jeune femme qui est au volant hier soir et qui tue malheureusement cette petite fille
01:05:59 de 6 ans, elle a 21 ans.
01:06:01 Elle a 21 ans, donc elle aussi, d'une certaine manière, c'est encore une très jeune femme.
01:06:06 Pourquoi la jeunesse est autant attirée par les drogues, selon vous ?
01:06:10 - Ça, c'est une vraie question.
01:06:13 Quand on est jeune, on fait ses expériences.
01:06:16 On apprend la vie sur à peu près tout.
01:06:20 - Mais de plus en plus et de plus en plus jeunes, les chiffres sont astronomiques.
01:06:24 Ce n'est pas à vous que je vais les apprendre.
01:06:26 Je pense que les jeunes de 17 à 30, 35 ans consomment beaucoup plus de stupéfiants, font
01:06:32 beaucoup plus d'expériences psychotropiques, si je puis m'exprimer de cette façon, à
01:06:38 notre époque que par le passé.
01:06:39 - Alors, vous me dites que vous n'apprenez rien.
01:06:42 Si, d'abord, premièrement, moi, je pense que vous pouvez m'apprendre des choses.
01:06:45 Et surtout, les chiffres que vous citez, ce sont des chiffres qu'on ne peut pas prendre
01:06:53 isolément.
01:06:54 En fait, vous décrivez une tendance.
01:06:56 Ça, c'est une vraie tendance.
01:06:57 Les jeunes consomment de plus en plus de drogues.
01:07:01 Alors, la loi n'est pas plus permissive aujourd'hui et pas plus permissive en France qu'elle
01:07:07 ne l'était auparavant ou qu'elle était ailleurs.
01:07:10 Mais c'est vrai qu'on a un problème d'accident, d'accidentalité chez les jeunes Français.
01:07:16 Et c'est vrai sur la route, mais c'est vrai pas que sur la route.
01:07:19 Et je vois, moi, et pour moi, c'est paradoxal, se développer des modes, on appelle ça les
01:07:26 mobilités urbaines.
01:07:27 Enfin, on rend ça attractif.
01:07:29 Mais les gens qui utilisent et qui sont incités à utiliser ces nouveaux moyens de transport,
01:07:35 ils ne sont pas au courant du code de la route.
01:07:36 Aujourd'hui, en fait, moi, je trouve, parce que je suis aussi, j'utilise la voie publique,
01:07:43 je trouve que les gens qui se baladent avec des trottinettes électriques, ils font plus
01:07:48 attention qu'il y a quelques mois.
01:07:50 C'est subjectif.
01:07:51 Je me balade, j'ai moins peur de ces gens qui… et puis j'ai l'impression qu'ils
01:07:56 prennent moins le trottoir aussi, etc.
01:07:59 Mais pour être honnête, je n'ai jamais vu de message de prévention ciblé concernant
01:08:04 quiconque à propos de ces trottinettes électriques.
01:08:07 Et si vous voulez, là, ça regarde… c'est pour ça que c'est bien qu'on en parle
01:08:13 ici, chez vous.
01:08:15 Je n'ai jamais vu de message de prévention spécifique.
01:08:19 Ne prenez pas le volant quand vous avez pris des drogues de synthèse, quand vous avez
01:08:23 pris du telavis.
01:08:24 On ne fait pas de prévention sur ce qui est illégal en France.
01:08:28 On ne le fait pas non plus sur les médicaments, alors qu'on sait très bien qu'il y a
01:08:31 des drogues légales qui altèrent le comportement et notamment…
01:08:35 C'est ce que disait le docteur il y a un instant sur les fameux mélanges.
01:08:38 Exactement.
01:08:39 Ce que vous venez de dire tous deux est exactement ce que je veux vous entendre dire.
01:08:43 Ce que je voudrais pouvoir dire moi-même, en fait on fait un bel ensemble, une belle
01:08:48 harmonie.
01:08:49 C'est-à-dire, nous disons, en France on ne parle pas assez et pas suffisamment sérieux
01:08:56 de ces problématiques qui concernent effectivement des gens de plus en plus jeunes.
01:08:59 Parce qu'effectivement, les gens qui maîtrisent l'informatique, ce sont des gens qui sont
01:09:05 jeunes, plus exposés, mais comme ils sont plus exposés, ils vont être plus ciblés
01:09:14 par les revendeurs de ces trucs ubiquites.
01:09:17 Et où est la régulation ? Où est la codification ? Où sont les peines encourues ? Où est
01:09:23 l'intervention de celui qui va essayer de lutter contre ces trucs ?
01:09:27 Et c'est bien là le problème.
01:09:30 On pourrait discuter des heures parce que c'est passionnant de vous entendre, mais
01:09:34 malheureusement, vous savez comment ça se passe à la télé, chaque minute compte et
01:09:38 le chrono tourne.
01:09:39 Mais c'est un plaisir de vous entendre Laurent Gourarier, la dictologue.
01:09:42 Je vous remercie.
01:09:43 Vous vouliez dire un mot de la fin peut-être ? Sur quelques secondes à peine ?
01:09:46 Oui, je veux surtout dire aux gens qui nous écoutent et qui sont peut-être jeunes, de
01:09:53 faire très attention quand ils prennent pas seulement le volant, mais le vélo par exemple.
01:09:58 Et toutes ces nouvelles mobilités, elles sont aussi concernées par cette histoire d'être
01:10:03 net quand on se balade dans la rue.
01:10:05 Merci.
01:10:06 Merci beaucoup, docteur Laurent Gourarier, addictologue et psychiatre d'être intervenu
01:10:10 sur ces news en direct.
01:10:12 Yohann Usaï, un petit mot, ça vous a fait réagir ?
01:10:14 Oui, mais ce qui me fait réagir, c'est l'ensemble de ce qui a été dit sur ce plateau en réalité,
01:10:19 parce que je crois malheureusement que ce n'est pas une loi des séries.
01:10:21 Parce qu'on en parle beaucoup depuis l'affaire Palmade, ça a été très médiatique effectivement,
01:10:27 beaucoup de Français ont pris conscience de ce qui se passait.
01:10:29 Mais non, hélas, ça n'est pas une loi des séries, parce qu'une loi des séries, ça
01:10:32 voudrait dire que c'est quelque chose de récent et d'inhabituel.
01:10:34 Et ce qui arrive là, ce qui s'est passé avec cette jeune fille de 6 ans…
01:10:38 C'est des centaines de cas par an.
01:10:40 Ça arrive plusieurs fois par jour, hélas.
01:10:42 Donc c'est quelque chose qui est durable, qui est bien ancré dans la société.
01:10:46 On dit que c'est entre 700 et 800 morts par an.
01:10:49 Donc vous voyez bien que c'est quelque chose qui est profondément ancré.
01:10:53 C'est un mal avec lequel nous vivons depuis trop longtemps.
01:10:56 Et puisqu'on parle d'électrochoc, Emmanuel Macron souhaitait un électrochoc ce matin
01:10:59 en Conseil des ministres.
01:11:00 Là aussi, il faut un électrochoc.
01:11:02 Je suis assez d'accord avec ce qu'a dit Maitre Slama, dans le sens où on peut toujours…
01:11:05 Calfon, Calfon.
01:11:07 On salue Maitre Slama qui nous regarde tous les soirs.
01:11:09 On est interchangeable, manifestement.
01:11:12 Il y en a un qui est une drogue licite et l'autre un licite.
01:11:13 Il y en a un qui est juge de l'âge du jour père et l'autre du jour impair.
01:11:15 Maitre Calfon est assez juste.
01:11:17 On peut toujours faire des lois.
01:11:19 C'est très politique.
01:11:20 Il y a une actualité, on fait une loi pour calmer l'opinion, pour rassurer.
01:11:23 Ça ne sert jamais à rien.
01:11:25 Jamais une loi en réaction à une actualité n'a servi à quoi que ce soit.
01:11:29 Jamais.
01:11:30 Donc arrêtons de dire qu'on va alourdir les peines, qui d'ailleurs ne sont jamais appliquées.
01:11:34 Si on dit maximum 10 ans de prison…
01:11:36 On peut mettre 500 ans de prison si c'est jamais prononcé.
01:11:38 Ça n'a aucun intérêt.
01:11:40 Il faut éventuellement, et c'est un débat porté notamment par Les Républicains,
01:11:43 par Marine Le Pen, mais il faut avoir ce débat politique encore une fois.
01:11:46 Vous allez me dire que j'en parle souvent, mais parler de la modification éventuelle
01:11:50 de la Constitution pour mettre des peines.
01:11:52 À force d'en parler, il faudra peut-être le faire un jour.
01:11:54 La certitude de la peine pour quand il faut consommer des stupéfiants,
01:11:57 pas forcément aller en prison.
01:11:58 Je n'en sais rien, c'est le législateur qui doit dire ça.
01:12:00 Une lourde amende, quelques semaines de prison.
01:12:02 Mais pour tout un tas de choses, vous comprenez bien.
01:12:04 Justement, il y a une colère encore une fois du côté de la famille qui réclame justice.
01:12:08 Écoutez l'un des membres de la famille de cette petite fille de 6 ans morte hier
01:12:12 sous les roues de la voiture d'une jeune femme.
01:12:15 - C'est là qu'on met des stupéfiants.
01:12:16 Je ne sais pas, ce n'est pas un homicide involontaire.
01:12:19 C'est volontaire, puisque c'est de sa faute.
01:12:21 Il ne faut pas consommer des stupéfiants si on conduit une voiture.
01:12:25 Parce que moi, j'ai entendu qu'il était sous stupéfiants, sous cannabis.
01:12:32 Du coup, ça enlève le réflexe.
01:12:34 Peut-être s'il était agent, il allait avoir le réflexe de freiner, de voir la petite.
01:12:39 Un truc comme ça.
01:12:40 - Elle a déclaré qu'elle avait consommé des stupéfiants deux jours avant l'accident.
01:12:43 - C'est impossible.
01:12:45 C'est impossible.
01:12:45 Deux jours avant l'accident, elle a tous ces réflexes.
01:12:50 Moi, je ne la crois pas.
01:12:51 Et j'espère que la justice soit faite.
01:12:55 Moi, j'ai entendu que la peine, c'est 7 ans.
01:12:58 C'était un homicide involontaire.
01:13:01 Mais pour moi, c'est volontaire, c'est tout.
01:13:03 Mais c'est tout ce que j'ai à dire.
01:13:06 Que la justice soit faite.
01:13:08 - Qui peut contredire la colère de cette personne ?
01:13:12 - Non, je suis d'accord avec ce que disait Maître Calfon tout à l'heure.
01:13:14 Évidemment qu'on ne peut que comprendre la tragédie épouvantable
01:13:17 que vient de vivre cette famille.
01:13:19 Pour autant, le droit a un sens, l'intentionnalité a un sens.
01:13:22 Foncer sur quelqu'un délibérément.
01:13:24 Quand on voit qu'on condamne à peine les gens qui poignardent quelqu'un,
01:13:27 à quoi ça rime de réclamer, de condamner plus lourdement les gens ?
01:13:31 Parce que là, on ne sait même pas quelle est la responsabilité exacte
01:13:34 de la consommation de drogue dans ce cas-là.
01:13:36 Ne parlons pas de ce que là, puisque l'enquête n'est pas faite.
01:13:39 En revanche, il y a autre chose en matière de prise de conscience aussi.
01:13:42 Aujourd'hui, il y a une étude majeure qui a été publiée
01:13:44 dans la revue Psychological Magazine.
01:13:46 Une étude qui a été faite au Danemark,
01:13:48 y compris par des scientifiques danois et américains,
01:13:50 sur plus de 7 millions de Danois depuis 1972.
01:13:53 Ce n'est pas une petite étude qui a été faite comme ça.
01:13:55 En passant, la consommation de cannabis est très liée aux dépressions,
01:13:59 au suicide, au cas de schizophrénie.
01:14:01 C'est très difficile d'établir des corrélations exactes,
01:14:04 mais on voit les causalités exactes,
01:14:06 mais on voit que ça a explosé,
01:14:08 et que ça a explosé avec la teneur en THC.
01:14:11 Le risque, et particulièrement le psychiatre qu'on entendait à l'instant
01:14:14 disait sur les jeunes, mais oui, il n'y a pas que le fait de sortir.
01:14:16 Mais il faut enlever le consommateur.
01:14:17 - On parle beaucoup du cannabis, et on a raison,
01:14:20 parce que c'est un vrai sujet.
01:14:22 - Oui, mais c'est important parce que les gens ont l'impression que c'est...
01:14:22 - Mais l'alcool, on est dans un déni total.
01:14:24 - Mais pardon, mais juste cette...
01:14:26 - Mais l'alcool est une drogue, c'est ça qu'il faut dire aussi.
01:14:28 - L'alcool est une drogue.
01:14:30 - Mais je suis en train de vous parler d'autre chose, pardon.
01:14:32 - Oui, mais je trouve qu'on focalise...
01:14:34 - Oui, mais dans ce cas-là, on peut parler de tout tous les jours,
01:14:36 n'importe comment, dans tous les sens.
01:14:37 Il se trouve que cette étude-là, aujourd'hui,
01:14:39 a été publiée sur les 13 à 16 ans,
01:14:41 parce que le cannabis est perçu comme inoffensif.
01:14:43 Les gens ont compris, ça ne les empêche pas nécessairement
01:14:45 de prendre le volant, mais globalement, ils ont quand même compris
01:14:47 que quand on conduisait en étant ivre, on n'avait plus de réflexes.
01:14:50 Le cannabis, les gens ont l'impression que c'est inoffensif.
01:14:52 Ça ne l'est ni pour les réflexes, ni pour votre santé mentale.
01:14:56 C'est particulièrement grave pour les gamins entre 13 ans et 16 ans.
01:14:59 Vraiment, regardez cette étude-là.
01:15:01 - Non, mais vous avez raison.
01:15:02 - Non, mais pas juste vous, je parle à ceux qui nous écoutent.
01:15:04 Mais c'est absolument impressionnant sur l'impact que ça a sur la santé mentale
01:15:09 et notamment la santé mentale des jeunes hommes.
01:15:11 - Et sur l'intelligence aussi.
01:15:12 - C'est pour ça que je trouve que le cas du Canada est intéressant,
01:15:16 parce que la loi, c'est sur conduite avec les facultés affaiblies.
01:15:20 Et c'est le message qu'on passe, en fait, à la population.
01:15:22 Les facultés affaiblies, ça peut être l'alcool, ça peut être la drogue,
01:15:26 ça peut être des médicaments, ça peut être n'importe quelle substance
01:15:29 qui altère vos réflexes, votre jugement, etc.
01:15:32 - Ça peut être la fatigue.
01:15:33 - Oui, la fatigue aussi.
01:15:34 - Donc, on parle avec des facultés affaiblies.
01:15:36 Et ensuite, il peut y avoir des circonstances aggravantes.
01:15:39 Ça peut être conduite avec facultés affaiblies, causant la mort.
01:15:43 Et ça, vous pouvez être passible d'une peine d'emprisonnement à vie.
01:15:46 Bien sûr, il va y avoir une gradation.
01:15:49 C'est-à-dire, si c'est votre première infraction et que votre taux d'alcoolémie
01:15:53 ou les substances, disons, vous avez consommé de la drogue,
01:15:55 vous avez dépassé légèrement, bien peut-être que vous auriez simplement une amende.
01:16:00 Mais si vous en êtes à votre troisième ou quatrième décisive,
01:16:03 bien là, c'est autre chose.
01:16:04 - Non, mais moi...
01:16:05 - Vraiment, dix secondes, Valérie, parce que je...
01:16:07 - En dix secondes, l'exemple du Canada, il est extrêmement intéressant.
01:16:09 Et si c'est vrai que les peines, l'alourdissement des peines n'a pas d'effet,
01:16:13 concernant la conduite, je ne suis pas d'accord,
01:16:15 parce que depuis qu'on ne peut plus conduire en France en ayant bu,
01:16:18 il y a beaucoup moins de gens...
01:16:19 - Qui ne peut plus conduire en France en ayant bu?
01:16:21 - Non, c'est interdit.
01:16:22 - Mais vous avez créé une infraction.
01:16:23 C'est normal, les gens sont plus conformes.
01:16:24 - Autrefois, ce n'était pas interdit.
01:16:25 - Ce n'était toujours pas interdit.
01:16:26 Vous avez un seuil d'alcoolémie,
01:16:27 mais vous pouvez avoir bu avant de conduire.
01:16:28 - Oui, mais il y a un seuil.
01:16:29 Il y a un seuil d'alcoolémie qui est assez bas.
01:16:30 - Il y a un seuil qui est très bas,
01:16:31 mais qui n'est pas tolérance zéro, comme dans certains États.
01:16:32 - Il y a 20 ans...
01:16:33 - Déjà, on pourrait être sur la tolérance zéro sur l'alcool, je pense.
01:16:34 - Oui, mais il y a 20 ans, on pouvait boire et conduire.
01:16:35 Et donc...
01:16:36 - Il y a 20 ans, non.
01:16:37 Il y a 20 ans, c'était 2003,
01:16:38 je ne pense pas qu'on pouvait boire et conduire en 2008.
01:16:59 - Je ne sais pas en quelle année c'était.
01:17:00 - Évidemment, si on crée une infraction...
01:17:01 - Attends, je voudrais juste terminer
01:17:02 pour dire que le fait d'avoir créé l'infraction
01:17:03 a diminué considérablement le nombre de gens.
01:17:04 - Oui.
01:17:05 - Voilà.
01:17:06 Donc, moi, je ne comprends pas qu'on dise
01:17:07 que c'est un nombre qui est diminué.
01:17:08 - On va faire un hommage aux trois policiers
01:17:09 qui sont décédés dans un accident de la route à Villeneuve-d'Ascq.
01:17:10 L'accident qui s'est déroulé,
01:17:11 vous vous en souvenez certainement, dimanche matin,
01:17:13 entre un véhicule de la police nationale et une autre voiture,
01:17:17 dont le conducteur était sous l'emprise d'alcool et de stupéfiants.
01:17:20 Le président, qui était initialement attendu dans le Var jeudi,
01:17:23 rencontrera les familles, les collègues des trois victimes
01:17:25 pour un hommage à l'école nationale de la police de Roubaix.
01:17:28 Écoutez ce qu'en pense Benoît Barret du syndicat Alliance.
01:17:33 - C'est important que le président de la République
01:17:35 soit rendu à Roubaix. Extrêmement important.
01:17:38 - Ça aurait été une faute qu'il n'y aille pas.
01:17:40 - Oui, on peut dire une faute.
01:17:43 Parce qu'aujourd'hui, nous avons été reçus il y a peu de temps
01:17:45 par le président, par ses conseillers, justement,
01:17:47 parce que le mal-être de la police nationale,
01:17:50 on en parle depuis des années, mais aujourd'hui,
01:17:52 elle arrive à un niveau qu'on n'a jamais vu.
01:17:54 Cette violence, les collègues l'ont physiquement,
01:17:57 tous les jours, sur les interpellations.
01:17:59 Ils l'ont aussi par des paroles violentes de certaines personnes
01:18:02 et de responsables politiques.
01:18:03 Et j'ai envie de vous dire aujourd'hui, ce qu'on a besoin,
01:18:05 les policiers, ce qu'ils ont besoin, c'est effectivement
01:18:07 cette parole du chef de l'État.
01:18:09 Cette parole du chef de l'État pour dire "oui, je vous soutiens".
01:18:11 Et très clairement, cette présence va faire du bien.
01:18:13 Alors, ça ne va jamais enlever le deuil, la douleur.
01:18:16 Vous savez, aujourd'hui, on ne polémique pas
01:18:17 parce que ce n'est pas le temps, on est dans le recueillement.
01:18:19 Très clairement. Il y a un avant et un après.
01:18:22 - Yoann Huysa, déplacement important du chef de l'État
01:18:24 qui a mis un peu plus ce drame en perspective avec les propos.
01:18:27 Je vous le disais, c'est notre fil rouge,
01:18:29 ces propos ce matin en Conseil des ministres
01:18:31 sur la... J'ai du mal.
01:18:33 - Décivilisation.
01:18:34 - Décivilisation, pardonnez-moi.
01:18:36 - Oui, effectivement, normalement, c'est Gérald Darmanin
01:18:39 qui avait annoncé lui-même qu'il présiderait cette cérémonie.
01:18:42 Finalement, c'est le chef de l'État lui-même qui la présidera.
01:18:45 Ça signifie qu'Emmanuel Macron a décidé lui-même
01:18:47 de se rendre sur place parce qu'il a considéré manifestement
01:18:50 que l'émotion à la fois nationale, mais aussi l'émotion
01:18:54 au sein de la police était trop grande.
01:18:56 Et donc, il avait besoin de s'y rendre pour les réconforter
01:18:59 et porter un message.
01:19:00 - Ça aurait été une faute politique de ne pas y aller ?
01:19:02 - Non, non, non, non.
01:19:03 Non, parce qu'encore une fois, ce qui s'est passé,
01:19:05 c'est dramatique, absolument dramatique.
01:19:07 Mais ça reste un accident.
01:19:09 C'est un accident.
01:19:10 Généralement, le chef de l'État préside des hommages nationaux.
01:19:13 - L'enquête le dira, j'ai envie de dire.
01:19:14 - Quand il y a des accidents...
01:19:16 - L'enquête dira si c'est un accident,
01:19:17 parce qu'il y a une hypothèse qui n'est pas du tout vérifiée.
01:19:20 Puisque par définition, il y a eu une enquête.
01:19:22 Mais a priori, vous aviez le gyrophare de la voiture
01:19:25 qui était allumé, donc visible à distance.
01:19:28 Peut-être que l'enquête le dira encore une fois,
01:19:31 mais peut-être que le conducteur,
01:19:33 dans un moment de folie, de délire,
01:19:34 sous l'emprise des produits qu'il avait pris,
01:19:36 a dit "je vais foncer sur les flics".
01:19:37 C'est une éventualité.
01:19:38 Même si elle n'est pas du tout confirmée
01:19:40 et que l'enquête est en cours.
01:19:41 - On verra, vous aurez raison de le dire.
01:19:42 - C'est pour ça que le mot d'accident m'a fait réagir.
01:19:44 - On verra aussi, vous aurez raison de le dire.
01:19:46 C'est très important ce que dira le passager
01:19:47 s'il s'en sort et s'il arrive à être auditionné.
01:19:50 Mais en tout cas, s'il ne s'y était pas rendu,
01:19:52 ça n'aurait pas été une faute.
01:19:53 Mais le fait qu'il s'y rende, c'est bien.
01:19:55 Je trouve que compte tenu de l'émotion suscitée
01:19:58 et compte tenu de ce que traverse la police,
01:20:00 en règle générale, la police qui est face à ce drame,
01:20:03 trois policiers, mais qui est face à un drame,
01:20:05 à toutes les manifestations,
01:20:06 qui vit ça très difficilement,
01:20:08 qui perd des membres,
01:20:10 certains de leurs membres très régulièrement.
01:20:12 Il y a plusieurs morts tous les ans
01:20:13 au sein de la police nationale.
01:20:14 Donc compte tenu de ce que traverse la police
01:20:16 depuis plusieurs années maintenant,
01:20:17 c'est sa place d'y être.
01:20:19 Il y a Benoît Barret qui disait,
01:20:21 le syndicaliste policier,
01:20:22 "Le mal-être de la police atteint un niveau jamais vu".
01:20:25 C'est pour ça que la présence d'Emmanuel Macron,
01:20:27 demain, elle a un vrai sens.
01:20:28 Je me demandais si ça aurait été une faute politique
01:20:30 de ne pas y aller.
01:20:31 Il n'est que de voir, si vous voulez,
01:20:32 les démissions record de la police nationale
01:20:35 et des forces de l'ordre de manière générale
01:20:37 en 2022, année record de démission.
01:20:39 C'est vrai.
01:20:40 Et parfois des démissions de personnes
01:20:41 qui sont engagées dans la police depuis très longtemps,
01:20:44 qui ont sacrifié une partie de leur vie à la police.
01:20:47 C'est pour ça qu'aujourd'hui,
01:20:49 les forces de l'ordre sont assez peu soutenues,
01:20:51 même si effectivement Gérald Darmanin fait un effort,
01:20:53 mais sont assez peu soutenues
01:20:54 par le système médiatico-politique dans son ensemble,
01:20:57 prompte à parler davantage de violence policière systémique
01:21:00 que de se rendre au chevet des policiers
01:21:02 et des gendarmes blessés.
01:21:04 J'ajoute qu'Emmanuel Macron eût été mieux inspiré,
01:21:08 je dirais, d'aller rendre hommage aux policiers
01:21:11 qui sont blessés dans l'exercice de leurs fonctions,
01:21:14 par exemple au contact des manifestants
01:21:16 ou des policiers qui sont morts sous les coups de la violence.
01:21:22 Il n'y a pas eu d'émeu pour le policier qui a été fait feu.
01:21:24 Il y a eu d'émeu pour le policier
01:21:25 qui a été transformé en torche humaine le 1er mai.
01:21:27 Qu'il aille évidemment à cette cérémonie,
01:21:28 personne ne peut y être opposé,
01:21:30 mais je dirais qu'il prend assez peu de risques,
01:21:32 parce que comme il y a beaucoup de gens
01:21:34 qui croient que c'est un accident,
01:21:35 effectivement il y a moins de risques.
01:21:37 A raison peut-être, l'enquête est en cours.
01:21:39 C'est beaucoup moins risqué que d'aller rendre hommage
01:21:41 à un policier qui est blessé, par exemple,
01:21:42 ou qui perd sa vie dans un quartier ou au contact de malfrats.
01:21:46 Il est 23h31, on suivra évidemment ce déplacement présidentiel
01:21:50 et cet hommage demain à ces trois policiers à Roubaix.
01:21:53 On fait un point sur l'actualité avec Adrien Spiteri
01:21:55 et puis on prend la direction de Saint-Brévin
01:21:57 où une marche avait lieu pour soutenir
01:21:59 le maire démissionnaire de cette ville.
01:22:02 A tout de suite.
01:22:03 Une minute de silence a été observée aujourd'hui
01:22:08 dans les hôpitaux français en mémoire
01:22:10 à l'infirmière Karen Mezino, tuée au CHU de Reims lundi.
01:22:14 Elisabeth Borne était présente à l'hôpital européen
01:22:17 Georges Pompidou à Paris.
01:22:19 Aujourd'hui, toute la communauté des soignants est en deuil,
01:22:22 a déclaré la Première Ministre.
01:22:24 Je n'ai pas signé de près avec Vladimir Poutine.
01:22:27 Ce sont les mots de Marine Le Pen.
01:22:29 L'ancienne présidente du Rassemblement National
01:22:32 s'est expliquée sur le prérusse contracté par l'EFN en 2014.
01:22:36 Elle se défend de toute contrepartie politique.
01:22:39 Elle était entendue par la commission d'enquête parlementaire.
01:22:43 Et puis les dons aux associations pénalisées par l'inflation.
01:22:47 Ils ont baissé de près de 4% en 2022,
01:22:50 selon le baromètre publié aujourd'hui par France Générosité.
01:22:54 Le nombre de nouveaux donateurs baisse année après année,
01:22:58 -11% entre 2012 et 2022.
01:23:01 Cette marche de soutien à Saint-Brévin à l'appel de la gauche
01:23:07 pour le maire Yannick Maures, dont le domicile a été incendié,
01:23:10 a démissionné, mais a décidé de ne pas se joindre
01:23:13 à ce rassemblement aujourd'hui,
01:23:15 parce qu'il dénonce la récupération politique autour de l'événement.
01:23:18 Il a préféré s'adresser directement à ses administrés
01:23:21 un peu après cette marche, vers 18h.
01:23:24 Vous allez l'entendre, ce que vous ne voyez pas,
01:23:27 et ce qui est paradoxal et très gênant pour les politiques
01:23:30 qui sont venus le soutenir alors que lui les a boycottés,
01:23:33 c'est qu'ils l'entendent, ils sont au premier rang.
01:23:36 Tous les politiques présents de gauche sont face au maire
01:23:39 au moment où il s'exprime.
01:23:41 Yannick Maures, écoutez-le tout à l'heure.
01:23:43 - Pour cette marche, comme vous avez pu le voir dans mon communiqué,
01:23:47 je n'ai pas souhaité participer à la marche,
01:23:50 puisque c'est grâce à Johanna Roland, maire de Nantes-Métropole,
01:23:55 qui a décidé d'organiser cette marche à ma demande.
01:23:59 En fait, on en discute ensemble.
01:24:01 Je ne le souhaitais pas dans le sens où je souhaitais
01:24:04 qu'il n'y ait aucune participation politique.
01:24:07 Donc, comme ça a été repris par certains partis politiques,
01:24:14 j'ai souhaité m'arrêter tout à fait d'eux,
01:24:18 avec mon équipe municipale.
01:24:20 - Il a raison de ne pas être complaisant avec cette marche,
01:24:23 c'est de la récupération politique.
01:24:25 Jean-M. Sia, votre avis ?
01:24:27 - Si on veut être cohérent, évidemment.
01:24:29 Je dirais qu'à Saint-Brévin, personne...
01:24:31 - Cohérent avec quoi ?
01:24:33 - C'est le mot "récupération" qu'on fait métier d'utiliser
01:24:36 dans d'autres cas de figure.
01:24:38 - Vous avez été accusé personnellement aussi.
01:24:40 - Exactement.
01:24:41 - Dans la feur Lola ?
01:24:42 - Je vais en parler.
01:24:43 À Saint-Brévin, en réalité, personne ne sait aujourd'hui
01:24:46 ce qui s'est vraiment passé.
01:24:48 - On sait qu'il y a eu des menaces venant de groupes d'extrême droite.
01:24:52 Ça, c'est factuel.
01:24:53 - L'incendie, pour l'instant...
01:24:55 - Je ne parle pas de l'incendie, je parle des menaces
01:24:57 et de la pression qui a été mise sur le maire
01:24:59 au moment de bouger ce centre de Mégant.
01:25:01 - On a une concurrence pour Lola.
01:25:03 On sait parfaitement ce qui s'est passé, du début à la fin.
01:25:06 On connaît le profil de la meurtrière.
01:25:09 On sait qu'elle est...
01:25:11 - Je ne vous fais pas de procès en récupération ce soir.
01:25:13 Ce n'est pas la peine de comparer avec cette affaire Lola
01:25:15 qui est tragique, qui nous glace le sang à tous.
01:25:17 - Lorsque nous avons manifesté, justement, pour dire notre refus
01:25:22 de ce qui se passe en France par rapport à ce meurtre,
01:25:25 on nous a accusé de manipulation et de récupération.
01:25:28 Et d'ailleurs, France 5 a consacré un documentaire
01:25:31 dans lequel je suis nommément cité,
01:25:33 où il parle de la fabrique du mensonge.
01:25:36 On attend avec impatience qu'ils fassent là un nouveau documentaire
01:25:40 sur la fabrique d'un vrai mensonge, celui-là,
01:25:43 qui est ce qui se passe à Saint-Brévin.
01:25:45 Parce que, si vous voulez, on ne peut pas...
01:25:47 S'ils veulent faire du journalisme jusqu'au bout,
01:25:49 il faut qu'ils traitent tout de la même manière.
01:25:51 - C'est le maire qui parle de récupération, ce n'est pas un journaliste.
01:25:53 - Ou alors ce n'est pas du journaliste, c'est du militantisme politique.
01:25:55 - Yannick Morez n'est pas journaliste, ça ne vous aura pas échappé.
01:25:57 - Oui, mais je parle de vos confrères de l'autre chaîne.
01:25:59 - Écoutez Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS
01:26:02 et député socialiste également, qui explique la raison
01:26:05 pour laquelle la gauche avait décidé de marcher aujourd'hui à Saint-Brévin.
01:26:09 - Le message, il est simple, il est double.
01:26:12 C'est à la fois le soutien à un maire qui fait son boulot,
01:26:15 et en même temps, c'est aussi la volonté de lutter
01:26:18 contre ces idées d'extrême droite qui se répandent
01:26:21 et qui donnent une légitimité à des gens
01:26:24 qui viennent contester tout simplement la loi de la République.
01:26:26 Et donc, il faut un moment mettre le haut là
01:26:29 et faire en sorte de retrouver cet état d'esprit qui était celui de 2015,
01:26:33 celui où toute la France se retrouvait autour de valeurs
01:26:35 qui sont des valeurs simples et qui sont celles
01:26:38 que nous avons toujours proclamées ensemble.
01:26:40 Et c'est un moment où effectivement tout le monde devrait être là.
01:26:44 Aucune volonté de récupération.
01:26:46 On n'est pas venu avec des drapeaux du PS, de la France insoumise,
01:26:49 des écologistes ou du Parti communiste.
01:26:51 On est venu en fait avec nos écharpes tricolores
01:26:54 simplement pour dire que ici nous défendons des idées,
01:26:57 des valeurs qui sont celles de tous les républicains.
01:27:00 C'est un soutien ou c'est une opération politicienne cette marche, Jean-Sébastien ?
01:27:05 Moi je ne vois pas tellement où est la récupération.
01:27:08 Il y a une émotion sur ce qui se passe pour les maires.
01:27:10 La récupération c'est d'aller soutenir un maire pour dire
01:27:12 "Regardez, c'est l'extrême droite qui vous a tapé dessus, nous nous sommes là".
01:27:15 Ça ne m'a pas échappé, mais ça fait partie de l'ADN du combat du PS.
01:27:22 Oui mais il y a un côté indécent à instrumentaliser le combat d'un homme,
01:27:27 la détresse d'un homme ou la mort de quelqu'un
01:27:29 comme ça a pu être condamné par d'autres.
01:27:31 Ce sont des fausses accusations de récupération pour le coup.
01:27:34 Mais moi je suis cohérent, je trouve qu'il n'y avait pas de récupération.
01:27:37 Je n'étais pas forcément d'accord avec tout ce qui a été dit
01:27:39 ou des gens qui avaient pu aller jusqu'à déposer des noms de marques.
01:27:44 Mais pour le coup j'essaie d'être cohérent.
01:27:47 Je trouve qu'il n'y a pas de récupération quand il y a des faits divers
01:27:50 qui en eux-mêmes deviennent représentatifs de faits de société.
01:27:53 Que ça heurte l'opinion française, il n'y a pas de récupération à en parler.
01:27:57 Après tout est dans la manière certainement de le faire.
01:28:00 Et donc là le PS est contre l'extrême droite, ça fait partie de son ADN.
01:28:04 Le problème ce n'est pas tellement qu'il y ait une manifestation,
01:28:07 le problème c'est que faisons-nous pour changer la réalité ?
01:28:10 Est-ce qu'Olivier Faure se pose la question ?
01:28:11 Ce qui est intéressant c'est de voir la position d'Yannick Moraise.
01:28:13 Pardon mais à l'aune de sa position.
01:28:15 Je vais juste aller au bout à propos des violences qu'il y a dans le pays.
01:28:18 Aujourd'hui je voyais un certain nombre, Antoine Léaument en premier rang,
01:28:21 député de la France Insoumise, qui dit que si jamais la proposition de loi
01:28:25 sur la bourgation de la réforme des retraites est empêchée d'être examinée,
01:28:29 alors il va y avoir des manifestations spontanées, ça va brûler dans le pays.
01:28:32 Le spontané qu'on annonce c'est un concept assez...
01:28:34 Mais je veux dire qu'il soit cohérent Olivier Faure dans ce cas-là.
01:28:37 Il est allié avec des gens qui font cramer dans le pays
01:28:40 ou qui soutiennent l'idée qu'on fasse cramer dans le pays.
01:28:42 Qu'ils ne viennent pas se plaindre ensuite de la violence contre les élus
01:28:45 et que ça entretient la violence contre les élus Renaissance.
01:28:48 Je voudrais juste que vous voyez cette photo qui a été tweetée ce matin
01:28:51 par la députée Clémence Guettet qui allait à cette marge.
01:28:55 Vous voyez Jean-Luc Mélenchon, Clémence Guettet, Louis Boyard
01:28:58 et d'autres responsables, Manuel Bompard également au fond.
01:29:02 Ils sont tous sourires, ils se marrent, ils sont contents.
01:29:05 Ils vont soutenir un maire agressé ou ils vont au parc Astérix ?
01:29:08 Non mais ça...
01:29:10 Non mais dites-moi !
01:29:12 Ça a un sens une photo ?
01:29:14 Vous allez soutenir un maire qui a été agressé, qui démissionne,
01:29:17 qui est en détresse totale, qui vient quitter sa mission
01:29:20 après l'avoir exercée avec passion et vous faites la photo de groupe
01:29:23 comme ça avec les copains, on va voir le maire ?
01:29:25 Vous faites ça vous ?
01:29:27 Peut-être que je surinterprète, que j'en fasse quelque chose...
01:29:30 Valérie tu ne sens jamais personne.
01:29:32 Peut-être que j'en fasse quelque chose qui ne le mérite pas.
01:29:34 Mais moi je suis surpris quand je vais sur un événement dramatique,
01:29:36 je vais soutenir un maire qui a la photo, on est tous en train de se marrer.
01:29:39 Je trouve que politiquement, en termes de com', vous qui êtes une spécialiste
01:29:42 de la communication, chère Valérie, je trouve que c'est un faux pas.
01:29:45 Ce n'est pas grave, il n'y a pas de quoi...
01:29:48 Mais c'est un petit faux pas.
01:29:51 Voilà, ça s'arrête là.
01:29:53 Non mais peut-être qu'effectivement avoir un grand sourire
01:29:55 dans des circonstances dramatiques, c'est un petit peu malvenu.
01:29:58 Après qu'ils se mettent ensemble et qu'ils se prennent un selfie
01:30:01 dans un wagon, je ne suis pas plus choquée que ça.
01:30:04 Moi j'ai l'impression qu'ils vont à un concert...
01:30:06 C'est pas le cas de ce que fait la France Insoumise.
01:30:08 J'ai l'impression qu'ils vont au concert de Bruce Springsteen.
01:30:10 Pour moi c'est assez anecdotique.
01:30:12 Mais pour revenir au fond du sujet, récupération politique
01:30:15 ou pas récupération politique, ce qui est surprenant effectivement,
01:30:18 et je trouve que ça a été bien dit, c'est que tous les maires
01:30:21 auraient dû y aller en fait.
01:30:23 Ce qui aurait été fort, c'est qu'ils y aillent tous en fait.
01:30:26 Parce que peu importe la raison, ce qui est important,
01:30:29 c'est ce qui s'est passé.
01:30:31 C'est comment le maire de Saint-Bavin a mal vécu son histoire.
01:30:34 C'est comment l'incendie a poussé à la démission.
01:30:37 Il est devenu symbolique aujourd'hui, ce maire qu'on le veuille ou non,
01:30:40 de la situation impossible dans laquelle sont les élus
01:30:44 de 36 000 communes de France.
01:30:46 C'est ça qui compte aujourd'hui.
01:30:48 Donc est-ce que la gauche a voulu récupérer ?
01:30:50 J'en sais rien, mais les autres auraient bien fait d'y aller avec eux.
01:30:53 Parce que finalement ça concerne tout le monde cette histoire.
01:30:55 Mais il met tout le monde à dos ce maire.
01:30:57 Il est assez intelligent, c'est intéressant son comportement.
01:30:59 Parce qu'il stigmatise la gauche en disant "vous faites de la récupération"
01:31:01 et la droite également en disant qu'elle est très discrète sur cette thématique.
01:31:04 Et l'État également en disant qu'il ne l'a pas aidée.
01:31:07 Finalement il tire sur tout le monde et il tire son épingle du jeu.
01:31:10 Il nous reste très peu de temps.
01:31:12 Je vais faire tourner Karima qui voulait dire un mot très rapide là-dessus
01:31:15 avant qu'on parle de Gérard Depardieu qui est traqué par les féministes.
01:31:18 - C'est parce que par les temps qui courent, on parle énormément.
01:31:21 C'est toujours la question de la récupération politique.
01:31:23 Si on revient à ce qui s'est passé avec l'affaire Lula,
01:31:26 je pense que c'est le pays entier qui a été secoué.
01:31:29 Le pays entier a réagi.
01:31:31 Ça réagissait de partout sur les réseaux sociaux.
01:31:34 Il y avait vraiment un émoi.
01:31:36 Il y avait des questions qui se posaient.
01:31:38 Donc c'est venu aussi de façon assez spontanée.
01:31:41 Dans ce que si, peut-être ce qui interroge, c'est qu'on ne sait même plus
01:31:43 quelle est la cause que ces gens, que les politiques en ce moment défendent
01:31:47 quand ils vont manifester.
01:31:49 Est-ce que c'est finalement une manifestation pour soutenir le maire?
01:31:52 Est-ce que c'est finalement une manifestation contre l'extrême droite?
01:31:54 - C'est les deux. Il l'a dit Olivier Faure.
01:31:56 - Non mais c'est ça que je dis.
01:31:58 C'est que ce n'est plus finalement une cause comme telle.
01:32:00 Il a défendu plusieurs causes.
01:32:01 Donc manifestation contre l'extrême droite, finalement c'est une manifestation
01:32:04 contre les autres partis politiques.
01:32:06 C'est un peu tout et n'importe quoi.
01:32:07 Et en plus, vous l'avez dit, le maire qui a dit,
01:32:09 je ne veux pas que ce soit quelque chose de politique.
01:32:11 Je veux finalement que ce soit tout simplement...
01:32:12 - Il voulait que ce soit transpartisan.
01:32:13 - Voilà. Donc il y a quand même une distinction à faire
01:32:15 entre cet émoi, j'allais dire, collectif national de l'affaire Lula
01:32:19 et dans ce que si, où on a laissé aussi le temps passer.
01:32:23 Ça fait quand même plusieurs jours de tout ça, plusieurs semaines,
01:32:25 et même des mois qu'il y avait des signalements, des choses.
01:32:29 Le maire en parlait quand même depuis des mois.
01:32:31 Donc la réaction vient quand même un peu tard.
01:32:33 - Avant de se souvenir de la papesse du rock américain Tina Turner
01:32:38 qui nous a quitté à l'âge de 83 ans, je voudrais qu'on parle de Gérard Depardieu
01:32:42 qui se produisait à Bordeaux ce soir.
01:32:45 Jusqu'ici, rien d'incroyable.
01:32:47 L'acteur qui chante Barbara au théâtre Fémina,
01:32:50 il devait s'y produire pour deux jours, hier et aujourd'hui.
01:32:53 Alors la date d'hier a été annulée.
01:32:56 13 femmes, vous le savez, ont dénoncé des agressions sexuelles et viols
01:33:00 commis par Gérard Depardieu, annulé.
01:33:02 Parce que vous avez des collectifs de militantes, de manifestantes,
01:33:04 Gérard l'aigle noir, en référence à Barbara, c'est toi.
01:33:07 Voilà ce que disent les manifestantes qui voulaient empêcher l'acteur de se produire
01:33:14 sous fond de ces accusations évidemment de viol.
01:33:17 Avant qu'on en dise un mot, je voudrais que vous entendiez ces témoignages
01:33:20 recueillis par Jérôme Rampenu, des gens qui eux, ont choisi d'aller voir Gérard Depardieu,
01:33:24 qui ont payé leur place et à qui Gérôme a demandé leur position sur le cas Gérard Depardieu.
01:33:31 Je pense que c'est complètement inutile, il faut faire la séparation entre l'œuvre et l'homme.
01:33:37 C'est compliqué ça, il y a quand même une instruction en cours.
01:33:40 C'est très compliqué, mais après c'est la parole des uns et des autres.
01:33:43 Oui, tout est compliqué, s'il a fait des choses répréhensibles,
01:33:47 qu'il soit jugé, qu'il soit condamné. Actuellement il ne l'est pas.
01:33:50 Donc j'ai payé ma place.
01:33:52 Gérard Depardieu a mis un examen pour viol et agression sexuelle en 2020.
01:33:55 En 2018, il aurait violé une jeune comédienne des faits qu'il conteste.
01:33:59 La danseuse-pianiste-comédienne Charlotte Arnault accuse Gérard Depardieu de viol.
01:34:03 Elle a témoigné hier, elle a survivu à un enfer.
01:34:07 C'est vrai que c'est complexe.
01:34:09 Maître Calfon, d'abord, le tribunal populaire a jugé Gérard Depardieu ?
01:34:15 Ça commence à devenir assez insupportable, et particulièrement dans ces affaires dites de mœurs.
01:34:21 Gérard Depardieu n'a pas été, à ma connaissance, condamné.
01:34:25 Ce que font ces femmes, et ces hommes d'ailleurs, qui participent à cette manifestation sauvage,
01:34:32 qui expliquent qu'il faut respecter les droits de chacun,
01:34:36 ne respectent pas le droit élémentaire à la présomption d'innocence,
01:34:40 et vont qualifier de violeur un homme qui n'a pas été condamné.
01:34:42 Ces gens-là discréditent la justice, expliquent "ce que fait la justice, je le mets dans la poubelle,
01:34:48 ça ne m'en tient pas compte, ce qui compte c'est ma conviction et mon ressenti".
01:34:51 Et dans un pays démocratique, ça ne peut pas fonctionner comme ça.
01:34:54 La justice n'est pas passée. Il a mis en examen, mais la justice n'est pas passée.
01:34:58 Est-ce que quelqu'un qui est visé par une plainte a le droit de se produire un spectacle ?
01:35:02 Jean Messiaen, tout le monde veut dire un petit mot.
01:35:04 Tout le monde est présumé innocent tant qu'il n'a pas été jugé coupable par la justice.
01:35:08 On est dans un état de droit, oui ou quoi ?
01:35:11 Est-ce que quand on est visé par une plainte, on doit continuer à se produire ?
01:35:15 La réponse est toute donnée par ces féministes. Quel est la vôtre ?
01:35:19 Est-ce que quelqu'un a vu toutes ces groupies et ces belles-âmes qui se drapent des oripeaux
01:35:24 de la lutte pour le droit des femmes se révéler ou aller manifester
01:35:28 dans des conférences données par Tariq Ramadan ?
01:35:31 C'est bizarre.
01:35:33 Je ne suis pas sûr que les conférences de Tariq Ramadan se déroulent dans un climat des plus pacifiques.
01:35:38 Elles ne se déroulent pas dans ce climat-là.
01:35:41 Je n'ai jamais vu aucune féministe venir défiler devant un lieu où Tariq Ramadan est invité à une conférence.
01:35:48 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la lutte contre le féminisme, la lutte pour les femmes...
01:35:53 Il y a eu un non-lieu aujourd'hui dans l'affaire Tariq Ramadan en Suisse.
01:35:56 En Suisse, mais jusqu'à aujourd'hui, il était bien accusé.
01:36:02 On parle de Gérard Depardieu.
01:36:04 Ce que je veux dire, c'est qu'il y a toujours deux poids, deux mesures.
01:36:07 Les féministes sont promptes à aller manifester contre le mal blanc de plus de 50 ans.
01:36:11 Mais quand les violences faites aux femmes et avec des discours rétrogrades...
01:36:15 Franchement, je ne suis pas sûr que les filles, les dames qui sont allées manifester contre Gérard Depardieu
01:36:22 soient des fans de M. Ramadan.
01:36:25 Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles n'expriment pas leur refus de certaines violences.
01:36:30 Vous ne les connaissez pas ?
01:36:32 On parle de Tariq Ramadan, mais il y a plein d'imams radicaux qui déversent leur haine des femmes libérées sur les réseaux sociaux.
01:36:38 Je n'ai jamais vu aucun féministe...
01:36:40 Restons dans le sujet, s'il vous plaît.
01:36:42 Je vous parle de présomption d'innocence.
01:36:44 Est-ce que quelqu'un qui est visé par une plainte...
01:36:46 C'était ça, ma question.
01:36:48 Je veux bien que vous me parlez de Tariq Ramadan et de tous les imams que vous voulez.
01:36:50 Je vous demande si quelqu'un qui est visé par une plainte a le droit de se produire en spectacle.
01:36:57 Oui. Il n'a pas été condamné.
01:37:00 Il a le droit moralement.
01:37:02 De quel droit ces gens veulent interdire à quelqu'un qui pour l'instant est présumé innocent de se produire en spectacle ?
01:37:10 Je vais faire un scénario d'anticipation.
01:37:13 Jean-Sébastien Fargeau, scénario d'anticipation de fiction.
01:37:16 Admettons, Gérard Depardieu est condamné.
01:37:18 Dans la fiction, dans un futur hypothétique.
01:37:21 Gérard Depardieu est condamné.
01:37:23 Est-ce qu'il faut interdire ces films de diffusion à la télévision ?
01:37:26 Non. Bien sûr que non.
01:37:28 Vous êtes d'accord autour de ce scepte ?
01:37:30 Bien sûr que non.
01:37:32 C'est militante. Elles vous disent oui. C'est pour ça que je pose cette question.
01:37:36 Ce n'est pas parce qu'il y a une conviction derrière.
01:37:38 Oui, mais c'est parce qu'il y a une doxa qui veut...
01:37:43 Vous voyez beaucoup de films de Polanski à la télé en ce moment ?
01:37:46 Je crois qu'il y a deux choses à distinguer.
01:37:48 Il y a la justice, et vous l'avez dit, quand on n'est pas condamné, on est présumé innocent.
01:37:52 Après, il y a aussi un droit à la réprobation.
01:37:54 Malgré tout, il y a une répétition dans les accusations.
01:37:57 Ce n'est pas exactement la même chose qu'une seule accusation portée de manière isolée.
01:38:01 Quand vous avez beaucoup de femmes, et on sait que les accusations de viol peuvent être difficiles à qualifier,
01:38:06 parce qu'il y a le temps que la parole se libère,
01:38:08 il y a le fait d'établir la matérialité des faits.
01:38:10 Bref, ça peut être difficile.
01:38:12 Quand vous avez beaucoup de femmes qui dénoncent les mêmes faits,
01:38:15 ça dit quelque chose de la personne qui en est accusée,
01:38:18 parce que ce ne sont pas des femmes qui se connaissent entre elles.
01:38:21 Il me semble qu'on peut distinguer la réprobation.
01:38:24 Si elles ont un droit à la réprobation, c'est leur droit de l'interdiction
01:38:28 ou du fait d'empêcher les gens d'aller voir un spectacle.
01:38:31 C'est encore autre chose.
01:38:32 - Un dernier avis, Karima Brick.
01:38:34 - C'est intéressant, parce qu'avec l'affaire #MeToo,
01:38:37 il y a beaucoup de choses au sujet des violences sexuelles qui ont éclaté.
01:38:40 Oui, bien sûr, la présomption d'innocence,
01:38:42 mais ce que je vois, notamment en Amérique du Nord,
01:38:45 je ne sais pas si c'est comme ça en France,
01:38:47 on voit que pour les procès, de plus en plus,
01:38:49 il y en a qui décident de ne plus aller aux criminels comme tels,
01:38:52 et ce que je vois, c'est ce qu'on appelle le hors de tout doute raisonnable.
01:38:55 Bien sûr, parce que vous risquez la prison.
01:38:57 Le hors de tout doute raisonnable,
01:38:59 dans certains procès de violences sexuelles, d'agressions sexuelles, de viols,
01:39:03 c'est la parole souvent de l'un contre l'autre.
01:39:05 Il n'y a pas de témoin, donc ça devient difficile à prouver.
01:39:09 Alors, certaines victimes décident maintenant de se tourner aux civils
01:39:14 parce qu'on va vers ce qu'on appelle la prépondérance de culpabilité
01:39:18 et on va aller chercher, par exemple,
01:39:20 on peut aller chercher des dédommagements
01:39:22 parce qu'on se dit qu'aux criminels, de toute façon, ça va prendre des années
01:39:26 et est-ce que la personne qui est accusée va vraiment payer ou pas?
01:39:32 Souvent, on n'a pas cette confiance en la justice.
01:39:34 Cela dit, je ne parle pas du cas de Gérard Depardieu ici.
01:39:37 On verra avec l'enquête, il a toujours la présomption d'innocence très bien,
01:39:40 mais je comprends quand même que pour beaucoup de femmes,
01:39:43 beaucoup d'hommes aussi qui ont vécu des violences sexuelles,
01:39:46 ils n'ont pas toujours confiance envers la justice.
01:39:48 Il nous reste deux minutes, je suis vraiment désolé Valérie.
01:39:50 Non, mais juste en un seul mot,
01:39:52 je suis d'accord que les femmes ont le droit à la réprobation.
01:39:55 L'autorité en France, vous voyez.
01:39:56 Mais elles n'ont pas le droit d'interdire aux autres d'y aller,
01:39:59 c'est ça qui ne va pas en fait.
01:40:01 Est-ce que je peux me permettre?
01:40:03 Il y a ceux qui veulent y aller, chacun fait ce qu'il veut.
01:40:07 J'y vais?
01:40:08 Pourquoi ce terrorisme?
01:40:09 Qu'est-ce que je fais, vous voulez que j'y aille Valérie?
01:40:10 Vous voulez que je m'en aille?
01:40:11 Pas du tout.
01:40:12 Ah, merci.
01:40:13 Je voudrais qu'on profite des dernières secondes de cette émission
01:40:16 pour rendre hommage à la star derrière les tubes
01:40:20 "What's love got to do with it?"
01:40:22 Et "The Best".
01:40:24 La chanteuse américaine Tina Turner, star du rock,
01:40:26 de la pop des années 80,
01:40:28 est morte à l'âge de 83 ans.
01:40:30 C'est laquelle que vous avez mise là?
01:40:31 "What's love".
01:40:32 What's love got to do with it?
01:40:37 Elle est morte à l'âge de 83 ans à suite d'une longue maladie.
01:40:40 Son agent a confié qu'elle était décédée paisiblement
01:40:42 dans sa maison près de Zurich en Suisse,
01:40:44 surnommée la "Reine du Rock'n'Roll".
01:40:46 Tina Turner a été considérée comme l'une des plus grandes artistes de tous les temps.
01:40:49 On a des gens qui ont réagi, je crois, dans les rues de Paris aujourd'hui
01:40:54 sur le décès de Tina Turner.
01:40:56 C'est très triste, une triste nouvelle que vous nous annoncez.
01:41:02 C'était une très très grande artiste.
01:41:04 Un talent fou.
01:41:06 Il est vraiment avec des rythmes dingues.
01:41:09 Franchement, ouais, ça fait de la peine.
01:41:14 On a toute une époque et puis un magnifique chanteur.
01:41:17 Pour moi, c'est quelque chose de terrible
01:41:21 parce que bon, ma garçonnage, je l'adorais.
01:41:24 Une légende.
01:41:25 On peut remettre la musique, les amis?
01:41:26 Le témoin?
01:41:27 Une légende.
01:41:28 Quelqu'un veut dire un mot sur Tina Turner?
01:41:29 C'est presque une époque.
01:41:32 Une époque qui s'éteint en même temps.
01:41:34 Je voulais vous dire, on en parle peu.
01:41:36 Là, c'est vrai qu'on entend "What's love got to do with it",
01:41:38 on entend The Best, qui sont ses gros tubes internationaux.
01:41:41 Mais je rappelle qu'elle a commencé sa carrière avec son premier mari, Ike Turner.
01:41:44 Et les tubes des années 70, Ike et Tina, qui formaient un duo, lui étaient à la guitare.
01:41:50 C'était funky, soul, c'était magnifique.
01:41:52 Moi, j'écoute encore.
01:41:53 Je préfère d'ailleurs les tits des années 70 d'Ike et Tina Turner que cette pop à succès.
01:41:58 Ça a été compliqué entre Ike et Tina.
01:42:00 Bien sûr, un comportement très très très violent de la part d'Ike Turner.
01:42:07 Mais artistiquement, ils s'étaient trouvés les deux.
01:42:09 Ils ont fait un magnifique bout de chemin artistique l'ensemble.
01:42:12 Et donc Tina Turner, qui est une légende.
01:42:15 Et une époque aussi.
01:42:16 C'est fini la musique ?
01:42:17 Oh non, musique encore quand même.
01:42:18 Il faut rendre l'antenne.
01:42:19 Mais je voulais faire quand même une dernière image.
01:42:20 Est-ce qu'on peut faire un petit quelque chose les amis en régie ?
01:42:23 Vous me remettez Tina Turner et je vous fais l'image de fin,
01:42:25 exceptionnellement avec un peu de musique en fond.
01:42:28 Une image de fin dingue d'un western ce soir.
01:42:31 On est en plein milieu d'une autoroute aux Etats-Unis.
01:42:34 Les policiers de l'état du Michigan.
01:42:35 On peut la jouer l'image, les amis ?
01:42:38 Ah elle arrive.
01:42:39 Je vous la raconte quand même.
01:42:40 Les policiers de l'état du Michigan qui publient une séquence complètement folle
01:42:43 sur les images à bord de la voiture de police.
01:42:45 Vous allez voir si ça arrive un jour, parce que là je commence à avoir un peu chaud.
01:42:48 Voilà, on peut voir cette vache qui déboule à toute vitesse sur l'autoroute
01:42:53 dans le côté d'Auckland.
01:42:54 Il y a un cow-boy derrière.
01:42:56 Non mais c'est fou hein ?
01:42:57 C'est véridique.
01:42:58 Un cow-boy à cheval qui s'élance au galop
01:43:00 pour faire tournoyer son lasso au-dessus de sa tête.
01:43:02 La vache s'est échappée d'une ferme.
01:43:04 En fait, elle était coincée dans une carrière à gravier.
01:43:07 Les cow-boys sont intervenus à la demande de la police pour la libérer.
01:43:10 Après cette courte poursuite, la vache a finalement été capturée.
01:43:13 On peut dire qu'elle les a fait tourner en bourrique.
01:43:15 Excellent !
01:43:16 Sauf que les bourriques c'est plus...
01:43:18 En tout cas, plus peur que...
01:43:19 Et ils ont été aussi drôles que vous les policiers américains
01:43:21 puisqu'ils ont communiqué.
01:43:22 Le bovin n'a pas été inculpé.
01:43:24 Il est de retour au pâturage avec une histoire à raconter à tous les autres animaux d'élevage.
01:43:28 Voilà, pour l'image.
01:43:29 On pense à Tina Turner.
01:43:31 Immense carrière, immense star qui s'est éteinte à l'âge de 83 ans.
01:43:35 Merci les amis, merci à Louvna Daoudi.
01:43:37 Merci à vous surtout de nous suivre.
01:43:39 A demain pour Soir Info.
01:43:40 Bonne nuit !
01:43:41 ♪ ♪ ♪

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