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En Suisse, un homme paraplégique a réussi à remarcher grâce à des implants qui se situent dans le cerveau et dans la moelle épinière. Ce néerlandais âgé de 40 ans avait subi un accident de vélo il y  aune dizaine d'années.

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Transcription
00:00 Ce matin, je vais vous montrer un miracle.
00:02 Regardez cet homme, il s'appelle Gert Jan.
00:05 Il est néerlandais, il a 40 ans.
00:07 Il y a encore quelques mois, il était incapable de faire un pas.
00:10 Il est resté paraplégique après un accident de vélo il y a une dizaine d'années.
00:13 Il était condamné à se déplacer en fauteuil roulant.
00:16 Concrètement, son cerveau ne pouvait plus communiquer avec la région
00:20 de Samoa-l'Épinière, qui contrôle le mouvement de ses jambes.
00:23 Bien regardé, désormais, il marche.
00:25 Il peut même monter les escaliers.
00:28 Et forcément, il a retrouvé le sourire écouté.
00:30 Ça faisait dix ans que je n'avais pas bu une bière debout avec des amis.
00:35 Au bout de deux jours, il s'est passé quelque chose de très surprenant.
00:38 Après cinq ou dix minutes, j'ai pu contrôler mes hanches.
00:42 En fait, l'implant dans mon cerveau
00:45 avait compris que je voulais bouger mes hanches.
00:49 Et ça a été une immense victoire pour tout le monde.
00:51 Alors, vous allez me dire qu'on en a déjà vu des avancées technologiques,
00:58 des exosquelettes, des implants qui fonctionnaient avec des télécommandes.
01:01 Mais cette fois, la prouesse tient dans le fait que pour la première fois,
01:04 cet homme peut de nouveau contrôler par la pensée
01:07 le mouvement et le rythme de ses pas.
01:10 Des scientifiques sont parvenus à rétablir cette communication
01:13 grâce à ce qu'ils appellent un pont digital.
01:15 Ils ont placé des électrodes à deux endroits, dans une région du cerveau
01:18 et de la moelle épinière.
01:20 Et ce pont digital opère en mode sans fil.
01:23 Ce qui est encore plus génial, c'est qu'après six mois d'entraînement,
01:27 Gert-Jan semble avoir récupéré une partie de ses facultés sensorielles et motrices.
01:32 Même quand le système est éteint.
01:33 Ça veut dire que des connexions nerveuses ont été recréées.
01:38 Imaginez l'espoir pour les personnes paralysées aujourd'hui.
01:40 Les équipes s'apprêtent d'ailleurs à lancer un essai pour restaurer,
01:44 avec la même technologie, les fonctions des bras et des mains.
01:47 Nous sommes en direct avec Jocelyne Bloch, qui est professeure de neurochance
01:51 à Lausanne, justement, qui a participé à cette expérience,
01:54 ainsi que Grégoire Couritn, qui est professeur lui aussi de neurosciences
01:58 et de neurotechnologie, toujours à Lausanne.
02:01 Bonjour à tous les deux.
02:02 On est...
02:04 On ne sait pas quoi vous dire, d'ailleurs, tellement on est impressionnés
02:06 par votre travail. Bravo !
02:09 D'abord...
02:10 - C'est impressionné d'avoir pu observer comme ça ses premiers pas de Gert-Jan.
02:13 - Ils avaient très bien filmé.
02:16 - Racontez-nous, combien de temps il vous a fallu pour mettre ça au point ?
02:22 - Bon, c'est un long, long effort.
02:25 On a commencé il y a 20 ans déjà sur des rongeurs, puis après sur des primates.
02:28 Et ensuite, les premiers tests sur des êtres humains, dont Gert-Jan faisait partie
02:32 il y a quelques années, où on avait juste la stimulation de la moelle épinière.
02:35 Puis, comme vous l'avez dit, la grande révolution aujourd'hui,
02:37 c'est qu'on a été capables d'aller extraire les pensées de Gert-Jan
02:40 avec ses implants placés en regard du cerveau,
02:43 qui nous permettent de lire ses pensées et puis d'avoir, du coup,
02:46 quelque chose d'extrêmement naturel, fluide dans le contrôle de ses membres.
02:49 - Et très rapide, à partir du moment où on l'a opéré,
02:52 quelques jours après, on a fait les premiers tests
02:54 et il a vite appris à bouger ses hanches.
02:57 Le jour même, on a pu le lever et il a fait ses premiers pas.
03:00 Donc, ça a été presque immédiat.
03:02 - Alors, racontez-nous, quelle est la suite maintenant ?
03:05 Est-ce que c'est un prototype, en quelque sorte ?
03:07 Donc, l'idée, c'est quoi ? C'est d'essayer de développer cela ?
03:10 - Alors, bien entendu, on est un prof de concept.
03:14 Justine utilise souvent l'analogie des premiers pacemakers.
03:17 Je peux vous rappeler, il y a 50 ans, on voyait la première personne avec un pacemaker
03:20 où il y avait en fait un énorme rack à côté,
03:23 sur un déambulateur, pour aller stimuler le cœur.
03:25 Aujourd'hui, vous avez vu les images, il y a encore un ordinateur
03:28 qui reçoit les informations, qui décode, etc.
03:30 Donc, nous, première étape, miniaturisation,
03:33 qui est en cours grâce à la compagnie en noirs médicales.
03:35 Et puis, deuxièmement, l'application.
03:38 - Oui, on n'a pas seulement envie d'appliquer ça à la locomotion,
03:41 mais aussi au mouvement du bras.
03:43 On pense pouvoir rétablir ce pont digital aussi chez le patient quadriplégique,
03:48 celui qui a une lésion cervicale et ne bouge pas ses bras.
03:51 Et en stimulant la moelle cervicale avec les mêmes implants au niveau du cerveau,
03:54 on pourrait améliorer ses fonctions motrices.
03:56 Et ça, c'est une étude clinique qui va débuter très bientôt.
03:59 On a reçu les autorisations.
04:00 - Mais j'imagine que tout cela a un coût,
04:03 la recherche pour ce genre d'avancée aussi spectaculaire.
04:09 Est-ce que vous avez les moyens de ces ambitions ?
04:12 - Alors, effectivement, c'est énormément de développement au niveau académique.
04:17 Nous sommes, nous, dans un laboratoire de recherche avant tout.
04:20 Donc on est soutenu en particulier par l'Europe, par la France aussi,
04:23 l'Agence pour la recherche,
04:25 grâce à nos collaborations avec les Grenoblois, ClinAtec, CEA.
04:28 Et puis, après, pour l'application en plus large aisselle,
04:32 il y a une industrie en loi médicale, qui est cotée en bourse,
04:34 en fait, qui a vraiment pris le flambeau pour en faire un dispositif
04:38 commercialement disponible.
04:40 - Puis l'objectif, une fois que ce dispositif sera disponible,
04:43 c'est qu'un jour, il soit remboursé par les assurances maladies.
04:46 Et on y travaille.
04:48 - Est-ce qu'il est ouvert à tous les paraplégiques ?
04:50 Est-ce que ça marche parce que ce patient-là était,
04:55 je ne sais pas, particulièrement sportif
04:57 ou parce qu'il s'est particulièrement entraîné ?
04:59 Ou est-ce que tout le monde peut y avoir accès et y arriver ?
05:03 - Alors, tout le monde, non.
05:06 Pour nous, une des conditions sine qua non est que la partie de la moelle épinière
05:10 qui est responsable de la locomotion soit intacte.
05:13 C'est là où on implante nos électrodes pédulaires.
05:16 Et donc, il faut une lésion qui soit suffisamment haute.
05:19 Des lésions très basses de la moelle épinière,
05:21 ces gens-là ne seront pas des bons candidats.
05:23 Après, Gertien a 40 ans.
05:25 Oui, il est sportif, mais pas non plus un athlète.
05:28 On a d'autres patients qui ont été inclus dans des études
05:30 de stimulation de moelle épinière seul.
05:33 Et puis, on pense que dans le futur, plus on appliquera tôt cette stimulation,
05:37 aussi, plus ça sera facile pour les patients de reprendre la marche
05:40 rapidement après un accident.
05:42 - Mais vous avez raison de souligner qu'il faut quand même s'impliquer
05:45 dans un processus de réhabilitation qui est quand même long et intense.
05:47 Ce n'est pas magique.
05:49 Un, ce n'est pas une cure.
05:51 Il faut encore beaucoup d'efforts et de beaucoup d'entraînement
05:53 pour voir ce résultat.
05:54 - Merci à tous les deux.
05:55 Grégoire Courtine, pardon d'avoir écorché votre nom tout à l'heure,
05:58 Jocelyne Bloch.
05:59 Merci infiniment et bravo encore pour cette extraordinaire avancée scientifique.

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