Rosacée : une vraie maladie de peau à déstigmatiser

  • l’année dernière
On en parle peu et pourtant, la rosacée touche 2 à 3% de la population en Europe du Nord. Affichante, cette maladie chronique de la peau est souvent vécue comme un véritable fardeau par les personnes qui en sont atteintes ! Au-delà des rougeurs, des boutons et autres picotements qu’ils doivent supporter, les patients doivent aussi faire face aux « regards » des autres et à leurs préjugés. Pourtant, aujourd’hui, il est possible de se traiter jusqu’à disparition complète des lésions/symptômes pour gagner en qualité de vie et en mois sans rechute Les explications du Dr Sandra Ly, dermatologue à Gradignan.

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00:10 On en parle peu et pourtant la rosacée touche 2 à 3% de la population en Europe du Nord.
00:16 Affichante, cette maladie chronique de la peau est souvent vécue comme un véritable fléau par les personnes qui en sont atteintes.
00:23 Au-delà des rougeurs, des boutons et autres picotements qu'ils doivent supporter,
00:27 les patients doivent aussi faire face au regard des autres et à leurs préjugés.
00:31 Pour en parler aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir le Dr. Sandrali, dermatologue à Gradignan.
00:37 Bonjour Docteur !
00:38 Bonjour !
00:39 Alors Docteur, tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est une rosacée,
00:44 quelles sont ses causes et ses symptômes et à ce qu'elle concerne des profils en particulier ?
00:49 Alors, la rosacée, c'est une maladie de la peau, donc on appelle ça une dermatose qui est d'origine inflammatoire.
00:57 La problématique de la rosacée, c'est que c'est une dermatose qui est très visible puisqu'elle va toucher essentiellement le visage
01:04 et se manifester par des rougeurs, un érythème du nez et des joues.
01:10 Sur cet érythème peuvent apparaître des boutons, qu'on appelle nous des papulopustules.
01:16 Donc, c'est la rosacée papulopustuleuse et ces éruptions vont apparaître par poussée de façon imprévisible.
01:25 D'autre part, il peut y avoir une atteinte des yeux au cours de la rosacée,
01:29 qui va être très gênante pour les patients, se manifester par des sensations de sécheresse oculaire
01:34 et puis plus rarement, un épaississement de la peau, en particulier sur le nez.
01:40 Alors, cette rosacée, non seulement elle est visible, mais en plus, elle se manifeste chez les patients par des sensations de brûlure,
01:47 parfois des rougeurs assez impromptus qu'on appelle des flushs, des sensations de sécheresse de la peau,
01:55 un inconfort quand même qui peut être assez important et difficile à vivre.
02:01 La rosacée, ça touche des patients qui ont la peau claire, les yeux bleus, mais en fait, ça peut toucher un peu tout le monde.
02:07 Et puis, en ce qui concerne les causes de cette affection, elles sont encore assez mal élucidées.
02:13 On va dire que c'est une dermatose de causes complexes avec des phénomènes inflammatoires,
02:19 des phénomènes vasculaires et probablement neurovasculaires qui sont à l'origine des sensations très désagréables qui sont perçues par les malades.
02:28 C'est une maladie très affichante, c'est le terme que l'on va retenir.
02:32 J'ai l'impression qu'on ne considère pas toujours cette maladie comme une maladie.
02:36 Et en tout cas, ce qui ressort des patients, c'est qu'ils se sentent moqués, stigmatisés, moqués.
02:41 Et même pour 29% d'entre eux, se disent que les médecins ne les prennent pas vraiment au sérieux.
02:46 Vous, les patients qui sont à votre cabinet, qui viennent vous voir pour de la rosacée, est-ce que c'est ça aussi ?
02:52 Quel est leur sentiment vis-à-vis de cela ?
02:55 Comme toute maladie de la peau est visible, mais celles qui vont toucher le visage sont particulièrement affichantes dans la vie sociale,
03:03 la vie professionnelle, la vie personnelle.
03:06 C'est toute la problématique des dermatoses faciales.
03:10 Il y a quand même autour de la rosacée toujours ce préjugé.
03:15 On dit "j'ai des rougeurs, donc je bois".
03:18 Ce que nous disent les patients, c'est que tout le monde pense qu'ils boivent de l'alcool.
03:22 Ce sont les alcooliques.
03:24 Exactement.
03:26 C'est très stigmatisant, c'est vrai.
03:29 Ensuite, par rapport à la prise en charge médicale, comme je l'ai dit, c'est une maladie qui évolue par poussée.
03:34 Parfois, on voit les patients en dehors des poussées.
03:37 Si on ne connaît pas bien cette maladie, on peut dire "vous n'avez pas grand-chose aujourd'hui".
03:42 Effectivement, aujourd'hui, ils n'ont pas grand-chose, mais peut-être que demain, ils vont être en poussée.
03:47 C'est une première difficulté avec, pour nous, dermatologues, le problème des délais de rendez-vous.
03:54 Nous, dermatologues, nous ayons un dialogue avec les médecins traitants de ces patients,
04:00 parce qu'eux peuvent les voir peut-être plus vite, ou adapter le traitement à ce moment-là.
04:05 Il faut un traitement des poussées et un traitement de fonds adaptés pour chaque individu.
04:13 Donc, une maladie affichante, docteur, forcément, ça a des répercussions, des impacts sur la vie des patients.
04:18 Quel cri d'alerte à votre cabinet vous a touché, vous touche le plus en général ?
04:23 Ce qui me touche le plus au cours de la rosacée, c'est la douleur que ressentent certains patients
04:29 lors des poussées papulopustuleuses, au-delà de la rougeur sur le visage, de la présence de ces lésions
04:36 qui réellement impactent la vie sociale, professionnelle et personnelle.
04:41 Alors, un handicap, heureusement, pour lequel on peut trouver des solutions, docteur Li.
04:46 Ces dernières années, on peut dire qu'effectivement, les choses ont quand même bien évolué
04:51 en termes de prise en charge de la rosacée. Est-ce que vous pouvez nous dire, justement,
04:56 ces solutions dont on dispose aujourd'hui, dont les dermatologues disposent,
05:00 pour aider les patients à aller vers le mieux et peut-être même à être guéris ?
05:04 Alors, guéris, c'est un grand mot, mais soulager, ça, il est certain qu'on peut soulager nos patients.
05:11 En fait, les traitements vont être adaptés au phénotype, c'est-à-dire au type de la rosacée.
05:17 Comme je l'ai dit, il peut y avoir des rougeurs, des rougeurs qui vont être plus ou moins permanentes
05:23 ou fluctuantes. Il peut y avoir des papulopustules, il peut y avoir des vaisseaux beaucoup plus visibles.
05:30 Donc, on va adapter le traitement. Ce qui est tout d'abord essentiel, c'est d'avoir une hygiène douce de la peau.
05:38 Donc, ça, ça va être acconseillé à tous les patients qui ont de la rosacée.
05:42 Quelque chose de doux et se protéger du soleil, se protéger aussi des changements brutaux de température,
05:48 par exemple, qui vont aggraver les rougeurs ou les sensations de brûlure. Ça, c'est la base.
05:54 Ensuite, pour une personne qui va présenter la forme papulopustuleuse, qui est peut-être la plus affichante,
06:02 la plus visible, eh bien, on disposera soit de crème, de topique, en fait, souvent à base d'antibiotiques,
06:10 mais surtout d'anti-inflammatoires, et aussi d'antibiotiques par voie orale à petite dose,
06:18 qu'on va proposer sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour calmer ces poussées papulopustuleuses.
06:26 Pour qu'on soit très concret, ça veut dire quoi, une hygiène douce ? Parce que ça veut dire qu'on ne peut pas se laver
06:32 comme on le ferait sans rosacée ?
06:34 Alors, il vaut mieux éviter, c'est vrai, le contact avec l'eau, avec des savons qui vont être plus ou moins desséchants.
06:42 On favorisera peut-être une toilette avec ce qu'on appelle des scindettes, c'est-à-dire des non-détergents pour la peau,
06:49 ou des eaux micellaires. Hydratez quotidiennement sa peau avec des produits adaptés.
06:56 Il y a des gammes de cosmétiques qui sont tout à fait adaptées aux peaux qui ont des rougeurs,
07:00 ou aux peaux sensibles, aux peaux réactives. Donc, on va conseiller ce type de prise en charge, je dirais,
07:08 d'accompagnement cosmétique, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes d'ailleurs.
07:13 Donc, évidemment, docteur, vous l'avez dit, il y a une prise en charge, donc il ne faut pas baisser les bras.
07:18 Quel conseil donner aux patients qui sont démunis et qui cherchent justement des solutions face à leur rosacée ?
07:25 Alors, l'interlocuteur, ça je ne vais pas dire le contraire, c'est le dermatologue.
07:30 Donc, peut-être pour une consultation initiale et ensuite une bonne concertation avec le médecin traitant
07:35 va permettre de prendre en charge le patient sur du long terme, à la fois au moment de ses poussées
07:42 et puis dans la phase d'entretien du traitement.
07:45 Merci docteur Lee, je vous propose de rester avec moi pour répondre maintenant aux questions de nos internautes.
07:51 Alors, quels sont les facteurs, docteur Lee, qui peuvent déclencher les rougeurs ? Est-il possible de les maîtriser ?
07:57 C'est vrai que ce n'est pas facile quand même d'empêcher les rougeurs d'apparaître ou aussi ces flushs,
08:05 c'est-à-dire ces poussées de rougeurs un peu paroxystiques avec ces sensations de brûlure.
08:10 Donc, on sait qu'elles vont être déclenchées par exemple lors des changements de température.
08:15 Donc, lorsqu'il fait froid en hiver et qu'on passe dans une pièce chauffée, là on risque un flush.
08:21 On sait aussi que certains aliments particulièrement épicés peuvent déclencher les flushs, la prise d'alcool aussi.
08:31 Et puis, je crois quand même que la protection contre le soleil est essentielle pour diminuer l'apparition de ces rougeurs,
08:40 éviter qu'elles deviennent permanentes.
08:42 Alors, existe-t-il différents types de rosacées ? Vous l'avez expliqué tout à l'heure.
08:46 Est-ce que c'est assimilable à la coupe rose ?
08:49 Absolument. En fait, l'érythème sans pustules, je dirais, c'est la coupe rose, c'est la composante vasculaire de la rosacée.
08:58 Puis ensuite, il y a la composante inflammatoire avec les papulopustules.
09:03 Alors, la coupe rose, elle est de différentes intensités.
09:07 On va, nous, côté dermatologue, on va dire que quand elle est très légère, on va parler d'erythrose, d'érythrocoupe rose.
09:14 Et puis, parfois, il peut y exister des vaisseaux réellement visibles qu'on va appeler des télangiectasies.
09:20 Donc, tout ça, ça nous permet d'adapter le traitement.
09:24 Et enfin, est-ce que l'acné rosacée et la rosacée sont la même chose ?
09:30 Alors, j'imagine que non, sinon ça n'aurait pas des noms différents ?
09:33 Eh bien, pas du tout. L'acné, c'est l'acné, c'est la maladie des adolescents.
09:38 La rosacée, c'est la maladie inflammatoire dont on vient de parler, des adultes d'âge moyen au rattachemur.
09:48 Et donc, l'acné, ce n'est pas du tout la rosacée et la rosacée, ce n'est pas de l'acné.
09:53 Voilà, il ne faut plus utiliser le terme d'acné rosacée.
09:56 C'est bien de le préciser, plus jamais.
09:58 Et est-ce que la rosacée peut toucher les plus jeunes, par exemple du bébé ?
10:03 Absolument. La rosacée de l'enfant a été décrite, en particulier à Bordeaux, au CHU de Bordeaux, en dermatopédiatrie.
10:13 Ça va se manifester par des boutons, en particulier.
10:18 Puis souvent, une atteinte aussi chez l'enfant ophtalmologique, sous la forme de chalasions.
10:23 Alors, c'est quand même rare, mais ça existe.
10:26 Merci infiniment, Dr. Lee.
10:28 De rien. J'espère avoir bien répondu à vos questions.
10:31 Absolument. Merci à vous tous de nous avoir suivis.
10:34 Et je vous dis à très vite pour de nouvelles expertises santé.
10:37 [Musique]

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