Ali Asgari et Alireza Khatami ont présenté leur film « Terrestrial Verses » dans la compétition « un certain regard » à Cannes. Le film enchaîne les personnages face caméra qui parle avec des membres des autorités iraniennes. Le but ? Montrer l'absurdité de certaines situations relatives au pouvoir en Iran. Les deux réalisateurs avaient mis leur film en pause un instant lors des premières manifestations qui ont eu lieu dans le pays à la mort de Masha Amini, avant de reprendre un finir leur film aujourd'hui en compétition au Festival de Cannes.
Vidéo de Alice Dubernet.
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Court métrageTranscription
00:00 L'été dernier, je suis allé en Iran pour faire un film, un solo, et il a été arrêté.
00:05 Ali voulait me faire un coup de pouce et me dire "faisons un film".
00:10 Il avait eu quelques conversations avec son fils et sa soeur.
00:15 "Qu'en penses-tu de ces histoires?"
00:19 Et j'ai eu des conversations absurdes avec des autorités de pouvoir.
00:26 Et au fur et à mesure, on a réalisé qu'on avait un film.
00:31 Depuis le début, pendant notre conversation,
00:35 pour nous, c'était très important de ne pas répéter les mêmes choses
00:40 avec la même forme que nous avions déjà vue, peut-être, dans les cinéas iraniens.
00:44 On voulait, à ce moment-là, faire ça d'une autre manière.
00:49 C'est pourquoi, dès le début, c'était important de dire ce qu'on voulait dire,
00:56 mais c'était aussi très important de dire comment dire ça.
01:00 Ambitieusement, on voulait faire un petit délai et voir où on pouvait pousser l'Iran dans le cinéma.
01:06 On a arrêté pour un petit réflexion,
01:12 parce qu'on voulait que le film grasse organiquement, et puis le mouvement a commencé.
01:16 On n'était pas vraiment en mood, personne n'était en mood pour faire un film.
01:22 Après un moment, on s'est dit que peut-être c'était exactement ce qu'on devait faire.
01:28 Nous sommes des filmmen, c'est ce que nous faisons.
01:31 Et si c'est de se tenir à la force,
01:35 et de dire ce que nous croyons, c'est exactement ce que nous allons faire.
01:42 Nous allons couvrir différentes générations, différentes voix,
01:46 pour ajouter de la diversité à ce groupe.
01:50 Oui, mais nous avions aussi une règle,
01:53 que toutes les histoires devaient être des histoires personnelles,
01:56 sur la vie personnelle.
01:58 Nous pouvions écrire 100 autres choses sur l'absurde situation qui existe,
02:03 mais la règle était de faire un film sur un individu
02:08 qui essaie de lutter pour ses droits personnels.
02:12 Les choses ont changé, en Iran, et je pense que ça a duré pour toujours.
02:17 Et ça a nécessité une nouvelle forme de racontage,
02:22 pour honorer le nouveau mood, la nouvelle énergie dans l'air.
02:29 Et pour cela, nous voulions éliminer le cinéma de tous ses ornements.
02:36 Nous voulions le rendre à son corps,
02:39 et voir ce que ce corps, ce médium,
02:42 peut faire quand on le met face à face avec l'autorité.
03:02 Je ne me suis pas rendu compte qu'ils n'étaient pas ou ils l'étaient,
03:06 ou qu'ils n'étaient pas hijabés.
03:08 Pour moi, ils sont mes amis.
03:11 C'est leur décision d'en porter ou non.
03:16 Je les aime, et ils sont très courageux,
03:21 et ils sont très braves.
03:24 Je ne veux pas en faire un commentaire,
03:27 qu'ils l'ont porté ou non.
03:29 C'était l'essence du film.
03:32 Chaque personne avait le contrôle de son propre corps.
03:36 C'est pourquoi nous n'avons pas parlé de ça.
03:39 Même si l'une des actrices est ma soeur,
03:42 et elle est comme ma fille,
03:44 je n'ai même pas parlé avec elle de ce qu'elle voulait faire.
03:48 Nous voulions qu'elle décide de son corps,
03:54 et de la façon dont il voulait apparaître dans le public.
03:59 [Musique]