Le président turc, réélu dimanche avec plus de 52 % des voix, a été aperçu à la sortie de son bureau de vote à Istanbul distribuant des billets de banque à des enfants dans la foule. Une pratique qui interpelle. Explication avec Didier Billion, d irecteur adjoint de l’Institut IRIS.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 "Back, Dédé, back, Recep, back Tahir, back Tahir, Dédé, Dédé, Dédé,
00:03 c'est moi, je suis là, je suis là, je suis là, Tahir, Dédé, Dédé,
00:06 Effectivement, quand avec nos yeux de Français ou d'Européens de l'Ouest,
00:14 on voit ce type de pratiques, c'est assez choquant
00:17 de voir des billets de banque distribués dans la foule ainsi.
00:20 Ce n'est pas la première fois, ne serait-ce que pendant la campagne électorale,
00:24 que le président Erdogan pratique ce type d'actions, si je puis dire.
00:28 Avant le premier tour, il avait distribué des poupées.
00:31 Il était dans son quart de campagne et il lançait des cartons avec des poupées dans la foule,
00:36 ce qui est l'expression la plus nette, la plus pure de ce qu'on appelle nous le clientélisme.
00:40 C'est véritablement pour se constituer une clientèle par un système de dons personnalisés,
00:46 alors que ce soit des objets de consommation,
00:48 que ce soit des jouets pour les enfants, que ce soit des billets de banque.
00:51 Il est clair que M. Kirchner-Roulou, qui était le candidat de l'opposition,
00:55 finalement battu, n'a pas utilisé à ma connaissance ce type de pratique, lui personnellement,
01:00 et que dans son entourage, ce type de pratique est vivement condamné.
01:06 Ceci étant, si cette opposition était parvenue au pouvoir,
01:10 et elle l'a été au pouvoir il y a maintenant de nombreuses années,
01:14 elle a elle-même utilisé non pas le fait de distribuer des billets de banque
01:18 aux enfants ou à des gens plus âgés, ça je n'en ai pas mémoire,
01:21 mais en tout cas les pratiques clientélistes ne sont pas l'invention de M. Erdogan.
01:26 Donc évidemment, l'opposition a critiqué ce type d'activité,
01:30 mais cela n'a rien d'illégal, ça c'est une certitude.
01:33 On le voit qu'il choisit très précisément les mains qui se tendent
01:37 et auxquelles il donne le billet de banque, effectivement.
01:40 Mais je ne pense pas qu'il y ait eu un projet spécifique en direction des enfants,
01:44 c'est le cas présent,
01:47 mais il y a eu d'autres cas où il distribue des billets de banque
01:51 à des personnes qui sont beaucoup plus âgées.
01:53 C'est aussi les traditions musulmanes d'aider,
01:57 ça fait partie des cinq piliers de l'islam, c'est la zakat,
02:00 c'est la charité qu'on fait aux plus démunis, aux plus pauvres.
02:04 Ce geste des distributions de billets de banque,
02:06 c'est plutôt au moment des élections,
02:10 mais en dehors des pères d'électorale.
02:12 On a vu par exemple au cours des hivers précédents,
02:16 et notamment le dernier hiver,
02:18 une pratique qui est mise en œuvre notamment dans les municipalités dirigées par l'AKP,
02:23 la partie de M. Erdogan,
02:26 de distribution gratuite de charbon.
02:30 Vous comprenez bien que ce n'est pas uniquement pour la beauté du geste
02:33 et pour le bien-être des populations,
02:35 même si en l'occurrence cela peut y contribuer,
02:38 mais c'est aussi à vocation clientéliste.
02:40 On m'a expliqué que par exemple,
02:42 il y a des sacs de charbon qui étaient distribués
02:44 et puis il y avait un tract qui accompagnait
02:47 en faveur de la municipalité AKP ou en faveur du parti AKP
02:51 ou avec un petit cadeau siglé AKP.
02:53 Ce type de pratiques est très répandu dans tout le bassin méditerranéen.
02:57 En Grèce, membres de l'Union européenne par ailleurs,
03:01 au Liban, en Égypte, etc.
03:03 où lors de campagnes électorales,
03:05 il n'est pas rare de voir des responsables politiques,
03:07 des candidats aux élections,
03:09 pratiquer ce type d'action.
03:12 *brouhaha*