• l’année dernière
Gaël Monfils a vécu l'une de ses plus belles émotions en carrière ce mardi en night session à Roland-Garros. Opposé à Sebastian Baez, le Français a remonté un retard de 4-0 dans le cinquième set avant de s'imposer 3-6, 6-3, 7-5, 1-6, 7-5 après 3h47. Un combat qui restera dans les annales.

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Sport
Transcription
00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain depuis 50 ans.
00:13 En fait, tu oublies que c'est le premier tour, tu te dis "putain, j'ai vécu un truc de dingue".
00:19 C'est surtout ça, je me suis dit "j'ai vécu un truc de dingue ce soir".
00:22 J'oublie où je suis, de se dire que j'ai réussi à gagner un match au fond que je
00:33 savais que ça allait être très très dur, parce que je m'étais entraîné avec lui
00:36 la semaine dernière et je le trouvais monstrueux.
00:38 Quand j'ai vu le tableau, je n'étais pas très content.
00:40 Je me suis dit "putain, ce n'est pas le gameplay que je voulais vraiment pour jouer au premier
00:47 tour".
00:48 Une fois que tu es dedans, tu acceptes et tu acceptes et tu acceptes.
00:54 D'avoir réussi à trouver des solutions inespérées, je suis juste très content.
01:01 Vraiment très content.
01:02 Comme je dis, c'est un des meilleurs moments de sport que j'ai pu vivre.
01:07 - Tu disais avant le tournoi que tu voulais surtout kiffer.
01:10 Là, je pense que tu as dû pas mal kiffer.
01:13 Est-ce que tu t'attendais à kiffer autant ? Ça a dû dépasser.
01:16 - Non, franchement, comme tu dis, j'ai kiffé.
01:20 Mais je ne m'attendais pas du tout à ça.
01:26 Pas du tout à même pouvoir rebondir sur certains choix tactiques, sur certaines choses.
01:36 Encore une fois, je fais quelque chose de très gutsy, de lâcher le quatrième parce
01:43 que je suis fatigué, je suis mort.
01:46 Il y a beaucoup de personnes qui m'ont dit « pourquoi tu n'y sais pas ? »
01:50 Mais là, je sens que je n'en peux plus.
01:53 Je dis à Michael, « j'ai besoin de 10 minutes, j'en ai eu 25 minutes.
02:00 » C'est fou parce que tu le fais inconsciemment,
02:08 on peut penser que c'est une bêtise, mais tu le fais très conscient.
02:11 Tu le fais parce que tu as une certaine sérénité, chose que franchement, je n'ai pas du tout
02:15 en ce moment.
02:16 Mais je le fais quand même.
02:17 C'est ça qui est fou.
02:18 À Roland-Garros, j'ai réussi mentalement à me dire « t'inquiète, je vais le récupérer
02:25 et je vais le niquer dans le cinquième.
02:27 » Tu imagines le malade que je suis ? Je te dis vraiment, c'est ce que je me suis quand
02:32 même dit.
02:33 Je me suis dit « si je fais le contraire, je perds 6-4, le quatrième, je prends 600
02:43 en cinquième.
02:44 » Je me dis ça, « si ça ne passe pas pour X raisons, je suis mort.
02:50 » Je ne te cache pas que j'aurais aimé commencer le match à 4-0 au cinquième, mais
02:57 le fait est que ça a été un choix payant.
03:00 Justement, c'est un peu la suite.
03:03 Tu lâches le quatrième, mais à 4-0 au cinquième, balle de break contre toi même je crois.
03:09 Donc on a un point du 5-0.
03:11 Est-ce que tu peux nous décrire ce que tu ressens, mentalement, physiquement, à ce
03:16 moment du match ? Je pense à trois trucs.
03:18 Je me dis « putain, je n'ai pas envie de prendre 6-0 au cinquième, il n'y a que
03:21 Meuret qui me l'a foutu.
03:22 » Je me dis « putain, non.
03:23 » Héro Bredo aussi je crois.
03:26 Je me dis « non, j'ai envie de gagner un jeu au moins.
03:29 » Et inconsciemment, je me dis « si j'arrive à pousser, il y a un monde où il y a le
03:38 vent avec moi de l'autre côté, on ne sait pas.
03:42 » Et je suis dans le mix où je suis hyper content d'avoir gagné mon jeu.
03:47 Donc je me relâche, c'est bon, je n'ai pas pris 6-0.
03:49 Et j'ai mis deux bons coups de bras après.
03:52 Et là je me suis dit « il y a un monde où on va essayer de faire quelque chose.
03:56 » Gaël, avant la balle de match, quand vous boitez,
03:59 puis que vous vous retournez pour faire quelques pas de danse, une petite grimace comique
04:03 au public, est-ce que ça voulait dire « ok les gars, je suis cuit, mais je rajoute un
04:07 tout petit peu pour essayer de l'avoir et on va l'avoir ? »
04:09 Là franchement, on peut dire qu'on fait du cinéma de temps en temps, là franchement
04:13 j'ai mal.
04:14 Là j'ai mal.
04:17 Mais c'est là où on nous appelle sportif de haut niveau.
04:23 C'est là où de temps en temps, à l'entraînement, tu as réussi à pousser, tu as eu ces douleurs.
04:27 J'ai des crampes assez hautes, je ne crampe pas trop dans le quadri, c'est vraiment super
04:32 haut dans le quadri.
04:33 Donc finalement, j'ai le gauche-droite, vers l'avant un peu moins, mais j'ai le gauche-droite.
04:38 Je fais des grands pas, j'arrive, des grosses douates.
04:42 Mais l'amorti, elle m'a fait très mal.
04:44 Je te dis, quand il fait l'amorti, je gagne le point.
04:46 Je regarde Mickey, je rigole parce que là je lui dis « putain, là j'ai les deux,
04:50 ça va être compliqué quand même.
04:51 Là je peux dire que j'ai mal.
04:53 »
04:54 Gaël, juste une petite question technique par rapport à ton service, parce qu'on a
05:01 vu qu'entre la première et la deuxième balle, ce n'est pas du tout la même mécanique
05:05 en bas.
05:06 Est-ce que c'est un changement ? Est-ce que c'est une nouveauté ?
05:08 En fait, je passais par plusieurs étapes avec mon service.
05:16 Tu sais, les pieds joints, après le drive, après un peu plus écarté.
05:20 Après, avec Gunter, je servais d'une certaine façon.
05:26 J'ai voulu rechanger un tout petit peu avec Michael finalement.
05:32 Michael m'a refait servir d'une façon un peu différente.
05:35 Je lui dis « je me sens quand même mieux en deuxième comme ça.
05:39 Et en première, je me sens mieux avec le drive.
05:41 »
05:42 Du coup, je l'ai en fait.
05:45 C'est-à-dire que je ne me pose pas vraiment la question, c'est assez instinctif.
05:49 Après, le seul truc qui est un peu chiant, c'est que de temps en temps, si je veux kicker,
05:56 ça se voit un petit peu de temps en temps.
05:57 Parce que je resserre mes pieds.
05:58 Mais j'essaie de ne pas trop y penser.
06:01 Et je pense qu'au fur et à mesure, soit on va arriver à le gommer, soit je vais rester
06:05 comme ça.
06:06 Oui, Gaël, c'est votre première victoire sur le circuit principal depuis votre retour.
06:10 J'imagine que vous ne pouviez pas rêver mieux comme victoire pour revenir sur le circuit.
06:15 Oui, c'est sûr.
06:16 Quand je suis revenu sur le circuit, je me suis dit « j'attends Roland Garros, je
06:21 gagnerai mon premier match.
06:22 » De toute façon, c'est sûr.
06:23 Honnêtement, je ne m'attendais même pas à gagner ce match.
06:30 C'est que du bonus, du positif.
06:33 Mon but, c'est d'être en forme justement pour tenir des matchs comme ça.
06:42 C'est une meilleure façon quand même de ne pas avoir un gros drop, mais de pouvoir
06:47 retenir des gros matchs comme ça, des matchs à tension.
06:50 Ces semaines-là, j'ai bien travaillé.
06:54 J'ai senti que même en perdant beaucoup de matchs dernièrement, j'ai pu enchaîner
06:59 tournois, entraînement, entraînement, tournois, entraînement, entraînement, entraînement.
07:03 Et ça m'a fait du bien.
07:04 Ça m'a fait du bien.
07:05 J'ai senti que j'ai repris confiance dans mon corps.
07:09 Généralement, en fait, on se blesse et les gens oublient que la blessure, c'est
07:14 le plus facile.
07:15 Sur le pied, c'était le plus facile à se remettre parce que tu travailles, t'es
07:20 vraiment présent sur le pied.
07:21 Mais après, le reste, c'est l'appréhension, c'est reprendre les appuis, c'est renforcer
07:26 les genoux, c'est l'épaule, c'est le bras.
07:28 Et tout ça, tu perds.
07:31 Tu perds énormément.
07:33 C'est l'œil, c'est les bons choix, bons moments, c'est se ressentir puissant.
07:39 Et cette blessure, elle m'a fait un peu plus mal que d'habitude.
07:41 C'est qu'il y a deux choses que je n'ai pas pu faire.
07:44 La première, c'est que je n'ai pas pu courir.
07:45 D'habitude, je me blesse un petit peu.
07:46 J'ai toujours ce côté physique où je peux quand même faire pas mal d'activités
07:51 en dehors.
07:52 Basket, paddle, tout le truc.
07:55 Et là, rien.
07:56 Là, j'étais à l'arrêt total.
07:58 À un certain âge, ça coince un petit peu quand même quand on recommence.
08:05 Et ça, c'était la première fois.
08:08 Et puis, il y a un truc, c'est la première fois, c'est l'appréhension.
08:14 Je me suis fait super mal à Montréal.
08:17 Je me suis fait super mal.
08:18 Et honnêtement, le vrai premier match où je me suis bien rentré dedans, c'était
08:27 contre Hugo.
08:28 Trois jeux.
08:29 Mais c'est le premier match où je me suis dit « je peux courir, quoi.
08:33 Vraiment, je peux courir.
08:34 Vas-y, cours.
08:35 Vas-y.
08:36 Après, tu te fais mal.
08:37 Tu es là.
08:39 » Et justement, j'ai plein de choses à régler.
08:42 Et tu vois, le match de la semaine dernière à Lyon, il m'a fait beaucoup de bien.
08:47 Même perdu.
08:48 Mais j'ai pu courir.
08:50 J'ai pu courir sans cette appréhension, sans me dire « si je me décale un coup de
08:54 droit, ça va repéter ». On a toujours dans notre tête, forcément, quand on a une blessure
09:00 quand même un peu plus importante, cette petite appréhension.
09:02 Et ça met du temps.
09:03 Et là, je suis beaucoup mieux.
09:04 Donc, je suis content sur ça.
09:05 Merci.

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