Journée sans tabac, Catherine Breuilly Leveau, addictologue

  • l’année dernière
Journée mondiale sans tabac, ça marche beaucoup mieux en étant accompagné !

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Transcription
00:00 si c'était le premier jour du reste de votre vie.
00:03 On s'adresse particulièrement à vous les fumeurs. Bonjour Catherine Brouilly-Levauffe.
00:07 Oui bonjour.
00:08 Vous êtes médecin addictologue, responsable du service tabacologie à l'hôpital de Quimper-Concarnot.
00:12 Est-ce que d'abord ça marche ? Est-ce que des journées comme ça peuvent être un déclic,
00:16 un moment symbolique ?
00:17 Oui ça fonctionne parce que c'est des moments où on rencontre des professionnels,
00:24 c'est des moments aussi où l'autre peut nous stimuler pour raconter son expérience.
00:29 Oui donc c'est des moments, c'est des journées comme le mois sans tabac qui fonctionne très bien.
00:35 Le mois sans tabac fonctionne aussi beaucoup.
00:37 Il y a beaucoup de gens qui arrivent à tenir le challenge parce que le mois sans tabac,
00:40 en fait on s'épaule les uns les autres quand on veut arrêter de fumer.
00:43 Exactement, ça fonctionne comme ça en fait.
00:45 C'est par l'émulation collective, les mois sans tabac fonctionnent.
00:50 Alors la journée mondiale sans tabac, on est sur une seule journée,
00:53 on peut faire des expériences mais c'est comme, ça peut être une journée d'expérience
00:56 qui donne envie de continuer dans cette poursuite de l'arrêt du tabac bien sûr.
01:02 Alors, il n'y a pas de méthode miracle mais est-ce qu'il y a des méthodes qui sont plus faciles que d'autres,
01:08 plus efficaces que d'autres pour arrêter de fumer ?
01:10 Alors les méthodes validées, déjà c'est de se faire accompagner
01:14 parce qu'on sait que c'est difficile d'arrêter de fumer seul.
01:17 Et puis ensuite la méthode validée numéro 1 c'est la substitution nicotinique.
01:22 Donc la substitution nicotinique c'est des pâches,
01:24 c'est tout l'effort moral de nicotine, les pastilles, les sprays, les gommes à mâcher, l'inaleur,
01:31 qui sont maintenant toutes remboursées sauf l'inaleur dont je viens de parler.
01:35 L'inaleur c'est la cigarette électronique, la e-cigarette c'est ça ?
01:38 Non, c'est un dispositif médicamenteux qui ressemble en fait à une petite cartouche.
01:45 Il n'y a pas de fumée, il n'y a pas de combustion, il n'y a pas de vapeur d'eau non plus.
01:48 C'est des dispositifs qu'on peut utiliser par exemple dans les chambres d'hôpitaux
01:52 et qui délivrent des micro-gouttelettes de nicotine.
01:56 Et donc ça, ça permet d'avoir entre guillemets sa dose de nicotine
02:00 et d'être maître de son arrêt, de la diminution de la nicotine dans son organisme ?
02:05 C'est ça en fait, la substitution nicotinique permet de venir calmer les signes de sevrage
02:10 et même normalement de les prendre complètement en charge.
02:13 Quand on arrête de fumer, une des raisons pour lesquelles c'est difficile
02:17 c'est qu'en fait on a des signes de manque physiques à l'arrêt.
02:21 Le principal signe de manque c'est d'avoir des envies très très fortes,
02:24 mais c'est d'être irritable avec son entourage,
02:27 c'est d'avoir des envies très fortes de manger, de manger du sucre,
02:32 parfois de prendre du poids, c'est des fois d'être très triste.
02:37 Et tous ces signes de manque peuvent être corrigés par la prise de substituts.
02:42 Et tout à l'heure quand je parlais des formes orales,
02:43 les formes orales elles viennent s'associer au patch.
02:46 Elles ne se prennent pas seules, sauf chez les petits fumeurs,
02:49 enfin en tout cas chez les jeunes fumeurs qui ont une dépendance très peu forte au tabac.
02:54 Mais normalement on associe les patchs,
02:56 enfin en tout cas c'est ce qu'on propose, on associe les patchs et les formes orales de nicotine.
03:00 Alors il y en a qui disent "moi j'ai arrêté de fumer du jour au lendemain",
03:03 d'autres qui disent "mais moi j'y arrive pas".
03:05 Est-ce qu'on est tous égaux devant la dépendance et la nicotine ?
03:08 Non bien sûr qu'on n'est pas tous égaux face à la dépendance.
03:10 Il faut aussi se rassurer, pas culpabiliser.
03:12 Les gens qui ont arrêté de fumer seuls, ils sont très très très très rares.
03:16 Ce n'est pas la majorité des fumeurs.
03:19 Quand on arrête de fumer seul, c'est difficile parce que c'est entre 3 et 5% de réussite.
03:24 Et quand on est suivi par un professionnel formé à la dicto ou à la tabaco,
03:28 c'est entre 25 et 30%.
03:30 Vous voyez, même les gens suivis n'y arrivent pas toujours
03:33 parce que c'est une dépendance qui est très forte.
03:35 Et donc effectivement la dépendance n'est pas la même,
03:38 déjà elle n'est pas la même quand on a 50 ans et qu'on fume depuis 30 ans,
03:41 ou quand on fume depuis quelques années, depuis 5-6 ans.
03:44 Il est 7h49 sur France Bleu, Brézizel Catherine Bruy-Levaux,
03:48 médecin dictologue et responsable du service tabacologie à l'hôpital de Quimper-Concarneau.
03:52 Il y a cette piste du gouvernement.
03:55 Vous parliez de l'inaleur qui n'était pas remboursée,
03:57 la cigarette électronique n'est pas remboursée,
04:00 mais François Brault, le ministre de la Santé, ouvrait la porte il y a quelques jours
04:04 à ce remboursement de la cigarette électronique.
04:07 Ça irait dans le bon sens pour vous ?
04:09 Oui, je pense, parce que c'est vrai qu'en conjonctation,
04:13 normalement on a pas ou on parlait de la cigarette électronique,
04:17 mais sauf que c'est une méthode qui est utilisée par nos patients,
04:19 parce que ce n'est pas un dispositif médicamenteux,
04:21 donc normalement ça ne fait pas partie des recommandations,
04:23 mais nous on voit bien qu'en pratique,
04:25 on a de nombreux patients qui l'utilisent, un peu comme une forme orale dont je vous parlais tout à l'heure.
04:29 Donc en plus de la substitution par patch,
04:32 donc oui c'est un bon outil, on a des patients qui,
04:35 malgré des efforts répétés pour y arriver, n'y arrivent pas,
04:38 et parfois avec la cigarette électronique en plus,
04:41 bien dosée en nicotine, encore, peuvent y arriver.
04:45 Donc ça serait embêtant de s'en passer,
04:50 c'est un bon outil de sevrage,
04:51 c'est pas quelque chose qu'on doit utiliser de nouveau,
04:53 c'est pas un bon outil pour les jeunes,
04:55 ça c'est sûr qu'il faut pas que les jeunes aillent vers cette cigarette électronique,
05:00 mais pour les gens fumeurs et qui n'arrivent pas à arrêter de fumer,
05:03 le vapotage c'est un bon outil de sevrage.
05:06 Et justement, vous parlez des cigarettes électroniques et des jeunes,
05:09 des peufs notamment, qu'est-ce que c'est les peufs ?
05:11 Des cigarettes électroniques jetables qui sont très colorées,
05:13 qui ont souvent des goûts de bonbons, qui contiennent de la nicotine,
05:16 pour vous c'est une porte d'entrée au tabagisme ?
05:20 Alors, ça n'a pas vraiment été complètement démontré,
05:23 et puis il y a peu de jeunes qui du coup consomment,
05:26 mais dans tous les cas c'est un problème écologique,
05:30 parce que c'est vrai que c'est des cigarettes électroniques jetables,
05:35 et ça peut attirer certains jeunes.
05:38 Je pense que ce n'est pas la majorité, c'est parce que,
05:40 montrent les études, c'est plutôt une catastrophe écologique.
05:43 Mais plus on commence jeune à aspirer de la nicotine,
05:47 plus on a des risques d'être dépendants, ou ça ne marche pas comme ça ?
05:50 Si, c'est sûr.
05:52 Quand la première cigarette arrive tôt, à partir de 15 ans,
05:56 il y a plus de risques de dépendance sur du long terme,
05:59 comme la première consommation d'alcool,
06:01 comme la première consommation d'un autre produit psychoactif.
06:05 Mais pour la peuf, en tout cas la cigarette électronique et les jeunes,
06:09 il n'y a pas d'études qui montrent que quand on est vapoteur très jeune,
06:16 on va aller vers la cigarette électronique,
06:18 pour faire comme les pères, et c'est un peu moins pire que de fumer.
06:20 Je ne dis pas qu'il faut le faire,
06:22 mais il ne faut pas être non plus trop alarmiste.
06:24 Le problème de la peuf est un peu différent,
06:26 c'est vraiment lié à ce côté bonbon, un peu marketing,
06:31 on vient vers ça parce qu'on est attiré par la couleur, etc.
06:34 Et en plus on lui jette au bout de quelques bouffées.
06:37 Merci Catherine Bruy, le Vaud, addictologue responsable du service tabacologie
06:41 à l'hôpital de Quimper-Concarneau.
06:43 Vous intervenez aujourd'hui à Pont-l'Abbé, demain à Quimper, jeudi à Concarneau également.
06:48 Exactement, je serai contente de vous recevoir de 10h à 16h dans les halls de ces différents hôpitaux.

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