• l’année dernière
« L’Allemagne, son pragmatisme, son industrie, ses saucisses, sa rigueur budgétaire, sa balance commerciale excédentaire et ses grosses voitures. L’Allemagne est un modèle auquel toujours il faut se comparer… En fait, non ! »

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Transcription
00:00 Cette semaine, mesdames, messieurs, l'idée à la con c'est, devinez quoi ? L'Allemagne.
00:09 L'Allemagne, vous la connaissez, son pragmatisme, son industrie, ses grosses saucisses, sa rigueur
00:15 budgétaire, sa balance commerciale excédentaire et ses grosses voitures bien lourdes.
00:21 L'Allemagne, c'est un modèle auquel toujours il faut se comparer.
00:25 Et bien en fait, moi je vous dis non.
00:28 L'Allemagne, mesdames, messieurs, est une amie très hostile.
00:32 Voyez la question de l'énergie par exemple.
00:35 L'Allemagne, comme vous le savez, est le paradis des écolos.
00:39 La preuve, elle a définitivement renoncé au nucléaire en fermant ses trois dernières
00:43 centrales le samedi 15 avril.
00:45 L'Allemagne va débrancher samedi ses trois derniers réacteurs nucléaires qui ont fourni
00:50 l'an passé 6% de l'énergie du pays.
00:52 Le nucléaire, vous comprenez, ça pollue et c'est la bombe atomique.
00:56 L'Allemagne ne veut plus tuer personne et c'est un pays très très propre.
01:00 En réalité, l'Allemagne est contre le nucléaire parce qu'il procure, enfin parce qu'il
01:05 procurait un avantage à son seul concurrent véritable en Europe, la France.
01:09 La France qui est suée avec le nucléaire se rendre en partie indépendante des Etats-Unis
01:13 en développant sa propre force de frappe, premier crime de l'Est-Germanie, et se rendre
01:18 presque autonome en production d'électricité, un second crime.
01:22 Car voilà pour l'industrie française un avantage compétitif important par rapport
01:26 à l'industrie allemande vu que nos usines, enfin ceux qui en restent, ont longtemps payé
01:30 leur électricité entre 1,5 et 3 fois moins chère que les usines allemandes.
01:35 Une concurrence forcément déloyale et donc inacceptable vu de l'autre côté du Rhin.
01:41 Comment mesdames, messieurs, l'Allemagne pouvait-elle accepter que la France est encore
01:44 un monopole d'Etat EDF alors qu'elle avait, elle, libéralisé à 100% avec 4 opérateurs.
01:51 Il fallait donc faire rentrer, urgentement, les Français dans le rang.
01:56 Le travail de Sape a commencé avec la libéralisation du marché de l'électricité enterrinée
02:01 par le traité de Lisbonne en 2000, effective entre 2004 et 2007.
02:05 Ensuite, l'Europe, enfin l'Allemagne c'est la même chose, a menacé les industriels
02:10 français de devoir lui rembourser la différence existant entre le tarif auquel ils payaient
02:15 à EDF leur électricité et le tarif de marché.
02:17 Ça allait se chiffrer en dizaines de milliards par an.
02:20 Alors obéissante, la France a répondu par un chef-d'œuvre bureaucratique absolu.
02:26 Pas de remboursement mais l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique,
02:31 l'ARNH.
02:33 Lequel ARNH impose jusqu'en 2025 à EDF de céder 25% de sa production nucléaire
02:40 à la concurrence à un prix défini par ARTÉ, 42 euros, qui s'est révélé le plus souvent
02:45 inférieur à ses coûts de revient, autour de 50 euros.
02:48 Autrement dit, EDF doit vendre à perte à ses concurrents une électricité très peu
02:52 chère, produite à partir de centrales nucléaires amorties, payées par le contribuable français.
02:57 Et ce, à des concurrents qui sont juste des traders, qui ne produisent rien et revendent
03:02 bien plus cher cette électricité bon marché, sur le marché et parfois même à EDF elle-même.
03:09 L'ARNH, l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique.
03:15 Depuis 2011, ce dispositif oblige EDF à vendre un quart de son électricité nucléaire à
03:23 ses concurrents.
03:24 Le but, leur permettre de rivaliser avec le mastodonte qui bénéficie de son parc nucléaire
03:33 amorti et très rentable.
03:35 Ce marché européen de l'électricité, en plus, a été calculé de sorte que le prix
03:39 du kWh est adossé au coût de production, du moyen de production utilisé lors des
03:45 périodes de pointe, celui où tout le monde veut du courant en même temps, c'est-à-dire
03:50 les centrales à gaz et à charbon.
03:52 Ces centrales se retrouvent ainsi favorisées et l'Allemagne, par pur hasard, en a beaucoup
03:57 et veut en construire beaucoup entre son abandon du nucléaire et le développement des énergies
04:02 renouvelables.
04:03 Des centrales que les Allemands ont installées où ils voulaient, même à notre frontière,
04:07 d'ailleurs à Cassereau par exemple, tout en hurlant parce que nos centrales nucléaires
04:12 se trouvaient à leur frontière.
04:13 C'est comme ça.
04:15 Alors l'Allemagne a réussi en obligeant SIEDF à subventionner de fait ses concurrents,
04:20 EDF aujourd'hui court à la ruine.
04:21 Et nous, Français, un peu bénêts, nous découvrons depuis la guerre en Ukraine qu'avec tout
04:27 cela le prix très bas de notre électricité nucléaire devient très haut car il est soumis
04:31 aux évolutions du prix du gaz.
04:34 Alors ce n'était toutefois pas encore assez pour notre amie allemande.
04:38 Car l'Allemagne fait en ce moment tout ce qu'elle peut pour que Bruxelles refuse de
04:42 considérer le nucléaire comme une énergie verte et refuse également que l'hydrogène
04:46 produit par le nucléaire soit lui aussi considéré comme vert.
04:49 A la clé, il y a les aides de l'Europe à la construction de moyens de production
04:53 d'énergie sans lesquels il n'y a pas de prêts bancaires nécessaires à la construction
04:57 des éventuels EPR.
04:59 Bref, il faut que le nucléaire français disparaisse pour que tourne pleinement l'éolienne
05:06 allemande.
05:07 Enfin, peut-être pas.
05:09 Car en attendant qu'elle produise d'ici 2030 80% de son énergie avec du vent et
05:13 du soleil, l'Allemagne va avoir besoin de gaz et de charbon.
05:17 Et pour faire la jonction d'électricité nucléaire achetée à la France.
05:23 Et oui.
05:24 Alors on peut appeler ça du cynisme.
05:26 Je dirais que c'est plutôt une défense résolue de l'industrie allemande.
05:29 Regardez par exemple le report du vote du texte interdisant les véhicules thermiques
05:33 en 2035 en Europe.
05:35 Report du texte obtenu par l'Allemagne.
05:37 "Ca ne devait être qu'une formalité et c'est aujourd'hui une source de tension
05:41 chez les Européens.
05:42 La semaine dernière, les 27 devaient voter le premier gros texte qui devait concrétiser
05:47 les engagements de l'Europe à devenir neutre en carbone.
05:50 Tout le monde était d'accord, il s'agissait d'enterriner la fin de la production du
05:55 moteur thermique en Europe en 2035.
05:57 Mais à la surprise générale, le consensus est tombé à l'eau.
06:01 Pourquoi ? Parce que ces constructeurs veulent continuer à faire tourner leurs grosses
06:04 voitures avec du carburant de synthèse qui sont un mariage hypothétique d'hydrogène
06:09 vert produit par des éoliennes et du solaire, surtout pas par du nucléaire français, et
06:13 du captage de CO2.
06:15 C'est un projet de carburant qui n'existe toujours pas, même pas en laboratoire.
06:19 Bref, l'Allemagne règne, l'Allemagne décide, l'Allemagne s'impose à nos politiques
06:23 s'encourager servile.
06:25 L'Allemagne, vous l'avez compris, c'est vraiment une idée à la con.
06:27 !

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