C'était la journée mondiale contre le tabbagisme hier.
Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, en 2022, un français sur 3 continuait de fumer.
Et parmi les fumeurs, il y a une plus grosse proportion de personnes en situation de précarité.
Et d'ailleurs, moins on a de diplômes, et plus on fume....
Il semble enfin que la consommation de tabac soit repartie avec la crise sanitaire.
On en parle ce matin avec l'invitée du 6/9.
Le Docteur Anne Stoebner, tabaccologue au centre Val d'Aurelle de Montpellier.
Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, en 2022, un français sur 3 continuait de fumer.
Et parmi les fumeurs, il y a une plus grosse proportion de personnes en situation de précarité.
Et d'ailleurs, moins on a de diplômes, et plus on fume....
Il semble enfin que la consommation de tabac soit repartie avec la crise sanitaire.
On en parle ce matin avec l'invitée du 6/9.
Le Docteur Anne Stoebner, tabaccologue au centre Val d'Aurelle de Montpellier.
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00:00 L'invité du 6/9 de France Bleu Héros ce jeudi, c'est le Dr Anne Staubner,
00:04 tobacologue au centre Val d'Orel à Montpellier-Guillaume.
00:07 Bonjour Dr Staubner.
00:08 Bonjour.
00:09 Merci d'être venue nous rejoindre en studio ce matin.
00:12 C'était la journée mondiale contre le tabagisme hier,
00:15 et à cette occasion, Santé publique France a fait connaître,
00:19 on le connaissait depuis quelques jours cela dit,
00:21 les derniers chiffres de la consommation du tabac en France.
00:24 Il date de 2022, l'année dernière,
00:25 et on se rend compte que la consommation de tabac en France,
00:28 on pensait qu'elle avait baissé, ben non, elle n'a pas baissé,
00:30 au contraire même peut-être, non ?
00:32 Elle reste quand même dans des chiffres actuellement plutôt stables,
00:36 vers le plus bas qu'elle ait connu jusqu'à présent.
00:39 Un français sur trois environ.
00:40 C'est ça.
00:42 Consomme au moins de temps en temps du tabac,
00:44 c'est sûr que c'est beaucoup plus que les Anglais,
00:46 où il n'y a que 13% de consommateurs de cigarettes.
00:50 Le prix n'est pas le même, le prix du paquet n'est pas le même non plus.
00:52 Aussi.
00:54 Et par contre il y a des bonnes nouvelles,
00:56 c'est-à-dire que globalement depuis plus de 13 ans,
00:59 la consommation baisse chez les jeunes.
01:01 Alors on parle bien de gens qui fument du tabac,
01:04 on ne parle pas de gens qui utilisent les cigarettes électroniques,
01:07 ça c'est autre chose.
01:08 Est-ce que les confinements, la crise sanitaire,
01:12 a contribué à ce qu'effectivement cette baisse s'arrête un peu tout d'un coup là, non ?
01:16 C'est ce qu'on dit en tout cas.
01:18 Oui, ça peut être un des éléments,
01:22 je pense que c'est un peu tôt pour analyser une tendance
01:26 quand elle ne date que d'un ou deux ans.
01:28 Il faut voir ça dans une globalité,
01:32 et on en saura plus dans encore deux ou trois ans,
01:35 pour voir si c'est une tendance réelle ou si c'est juste un artefact.
01:40 Il y a quelque chose qui est assez étonnant, voire incompréhensible,
01:43 c'est que le prix du paquet de cigarettes n'arrête pas d'augmenter,
01:46 d'une année sur l'autre, voire tous les six mois,
01:48 mais manifestement ça ne dissuade pas,
01:50 ça ne décourage pas les fumeurs de continuer à fumer.
01:53 Ça c'est embêtant quand même.
01:54 - Globalement, on peut dire qu'il y a eu quand même un impact,
01:58 c'est-à-dire que le prix a vraiment entraîné une diminution du tabac,
02:03 mais elle est moins visible à l'heure actuelle,
02:06 paradoxalement chez les personnes les plus pauvres de notre pays.
02:11 Donc en fait la cigarette est plutôt un outil inégalitaire à l'heure actuelle,
02:16 mais la tendance dans toutes les catégories socio-professionnelles moyennes ou favorisées,
02:23 c'est une réelle diminution du tabac.
02:25 On n'est pas sur les 30% dans ce cas-là,
02:28 on peut même être à 20% ou moins selon les catégories, vous voyez.
02:33 - Ce qui est assez étonnant, c'est que maintenant de fumer,
02:35 excusez-moi l'expression, ça coûte quand même un peu une blinde,
02:38 on peut se payer un beau voyage à la fin de l'année avec ce qu'on dépense pour le tabac,
02:43 mais parmi les fumeurs, il y a une plus grosse proportion de gens qui sont en situation de précarité.
02:47 En fait, moins on est diplômé, plus on fume.
02:51 Ça vous le constatez à travers les consultations que vous faites ?
02:53 - C'est le constat actuel en France,
02:56 et c'est aussi la problématique même de la dépendance aux produits.
03:00 C'est ce qui fait que c'est difficile de s'en débarrasser,
03:03 c'est pour ça aussi qu'il y a besoin d'aide pour être accompagné dans la démarche,
03:07 parce que seul, ça ne fonctionne pas.
03:09 - Et d'abord et avant tout, ça traduit une souffrance personnelle, sociale, voire professionnelle ?
03:17 - Ça peut, pas forcément, mais ça peut en effet être un élément qui s'inscrit dans des difficultés quotidiennes,
03:27 et c'est un produit dans ce cas-là qui est pris en espérant mieux vivre le quotidien.
03:34 Donc ça devient un outil de gestion du quotidien qui peut être difficile.
03:39 Et c'est pour ça que chaque accompagnement à l'arrêt du tabac doit être personnalisé,
03:44 et vraiment adapté à la situation.
03:46 - Et ça c'est ce que vous faites quotidiennement à travers vos consultations en tant que tabacologue.
03:51 J'aimerais qu'on parle un instant de la cigarette électronique.
03:54 En début de semaine, le ministre de la Santé, François Braun, s'est dit favorable
03:58 au remboursement de la cigarette électronique pour aider les fumeurs à arrêter de fumer.
04:03 Ce serait une bonne ou une mauvaise chose selon vous ?
04:04 On demande à nos auditeurs ce qu'ils en pensent, je ne vous dis pas pour l'instant ce qu'ils en pensent,
04:07 sauf si vous nous avez écoutés. Vous, vous en pensez quoi ?
04:10 - Je pense qu'il est important d'avoir des dispositifs qui aident le fumeur à se libérer
04:17 et à reprendre le contrôle.
04:19 Après, en tant que médecin, j'invite à la prudence pour que la consommation de cigarette électronique
04:26 soit dans ce cas-là envisagée sur un court terme, c'est-à-dire pas forcément sur une durée longue,
04:32 parce que dans la vaporisation, il y a quand même des cancérogènes, il y a des thératogènes,
04:36 il y a des produits que l'on connaît pour être toxiques.
04:38 - Alors justement, là on va sur un terrain sur lequel je voulais vous emmener, Docteur.
04:41 Il y a aussi, je ne dirais pas une polémique, mais un débat au sein de la communauté médicale
04:47 entre les gens qui disent "c'est toujours mieux que la cigarette", "c'est moins dangereux",
04:50 et ceux qui disent "c'est à peu près du pareil au même parce qu'il y a beaucoup de toxicité aussi".
04:54 Qu'en est-il exactement ? Est-ce que c'est mieux la cigarette électronique que la cigarette ou le cigare ou la pipe ?
05:00 - D'un point de vue scientifique, c'est toujours difficile de faire des réponses en blanc ou noir.
05:05 Vous savez, nous sommes plutôt dans des nuances et des palettes de couleurs plus riches que cela.
05:12 Il est observé des impacts à l'intérieur des vaisseaux avec la cigarette électronique
05:19 qui ressemblent en tout point à l'impact sur les vaisseaux de la cigarette.
05:24 - À cause des substances que contiennent ces E-liquides ?
05:27 - C'est la vaporisation, le fait que ça soit chauffé et émis à l'état de vaporisation.
05:34 Sur certains domaines, on observe vraiment des effets qui ressemblent à ceux de la cigarette.
05:41 Après, dans l'absolu, il y a moins de produits toxiques.
05:45 - Dans quelle proportion ? Vous m'avez dit un chiffre tout à l'heure,
05:48 on a un peu discuté avant de rentrer dans le studio, il est quand même impressionnant.
05:51 - Oui. La variation entre les produits de la fumée et les produits de la vaporisation dépend des molécules.
05:58 Certaines molécules sont 450 fois moins nombreuses dans la vaporisation que dans la cigarette.
06:05 Par contre, d'autres comme certains métaux vont être plus importantes
06:08 dans la vaporisation de la cigarette électronique que dans la fumée de tabac.
06:11 - Donc c'est difficile à trancher, d'autant que dans une cigarette, vous me disiez, il y a 7000 substances.
06:16 - Dans la fumée de cigarette, on identifie plus de 7000 substances toxiques.
06:21 - Dans certaines vapoteuses, ça peut être 450 fois moins.
06:23 - Pour certaines molécules.
06:25 - Est-ce que vous pensez que si par exemple on veut arrêter de fumer la cigarette normale,
06:28 passer à la cigarette électronique est une solution ?
06:30 Ou est-ce qu'au final on va se retrouver à fumer la cigarette électronique X années
06:34 parce que ça ne va pas nous empêcher de fumer au final ?
06:37 - Et c'est là que tout dépend vraiment de l'objectif.
06:39 Est-ce que l'on veut se libérer et reprendre le contrôle,
06:42 et donc ne plus être esclave d'un produit ?
06:45 Et dans ce cas-là, il faudra choisir tout, mais pas la cigarette électronique.
06:49 Ou est-ce que l'on pense que pour l'instant, on préfère faire un transfert
06:54 vers quelque chose qui est peut-être moins risqué ?
06:58 - Parce que moi j'ai un ami, un ami proche, qui est là, et je ne le vois pas diminuer.
07:03 Je vois juste que maintenant il est passé à la cigarette électronique,
07:06 mais au final, ce n'est pas forcément mieux.
07:08 - En fait, c'est certainement des expositions moindres à un certain nombre de toxiques.
07:14 Après, ce n'est pas une libération d'un produit.
07:18 - Et c'est aussi une question mentale.
07:20 Comme vous disiez, si on a vraiment envie d'arrêter, on finit par arrêter.
07:24 Le problème, c'est que c'est le rapport qu'on a aussi à l'objet, à cette consommation,
07:28 comme le rapport que j'ai avec ma propre vapoteuse, qui fait qu'on ne peut pas s'en passer.
07:32 Donc un individu ne fait pas l'autre.
07:34 - Chaque individu est unique. C'est vraiment ça qui est important,
07:37 et c'est pour ça que chaque approche doit être personnalisée.
07:40 - Sébastien a une question aussi.
07:42 - Est-ce que pour l'entourage, la vapoteuse c'est mieux ?
07:45 - Oui, parce qu'on parle du fumeur passif.
07:48 C'est peut-être mieux quand même.
07:50 - En tout cas...
07:52 - Mais non, je ne vapote pas dans ce milieu.
07:54 - Je plaisante.
07:55 - Il n'y a pas d'odeur en tous les cas.
07:57 Est-ce que ça peut être nocif aussi pour les gens qui sont autour ?
08:00 - Il existe du vapotage passif, en effet.
08:03 Ça a été démontré.
08:05 C'est-à-dire que l'on retrouve même de la nicotine dans les urines des enfants
08:09 qui sont exposés au vapotage de leur parent.
08:13 - Donc ça ne prouve pas la fumée.
08:15 - Ça prouve que ce n'est pas complètement anodin non plus.
08:17 Merci beaucoup Docteur Anne Stomner, tabacologue à Val d'Orel
08:20 d'être venue dans ce studio ce matin.
08:22 - Merci à vous.
08:23 - Je vous rappelle la question du jour.
08:25 Faut-il rembourser les cigarettes électroniques pour aider les fumeurs à arrêter de fumer ?
08:28 - Et vous dites non à 85%.
08:30 On n'a pas eu le temps d'en parler, Docteur.
08:32 - 85%.
08:33 Vous allez pouvoir prendre la parole tout à l'heure après les infos d'huit heures.
08:35 À huit heures et quart, avec le débat des jouteurs,
08:37 vous allez pouvoir nous dire ce que vous en pensez.
08:39 Vous pourrez écouter cette interview en allant sur notre site internet
08:42 Francebleu.fr.
08:43 Là c'est Johnny & Mary et Robert Palmer.
08:45 Et juste après, on a rendez-vous avec Sébastien Garnier.