Erik Pharabod, Délégué RTE dans le Sud-Ouest
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00:00 Et comme partout en France, nous avons moins consommé d'électricité en Gironde.
00:04 On fait le point sur la situation et sur les mois à venir avec Eric Farabaud, notre invité.
00:09 Farabaud, notre invité ce matin, il est délégué RTE dans le Sud-Ouest.
00:12 - Bonjour Eric Farabaud. - Bonjour.
00:14 La Nouvelle-Aquitaine a donc baissé sa consommation d'électricité de 10% l'hiver dernier.
00:19 Est-ce qu'on sait également si c'est similaire en Gironde ?
00:24 Alors, c'est l'ensemble de la France qui en fait a baissé sa consommation pendant cet hiver,
00:28 suite aux alertes que nous avions passées,
00:31 puisque nous avions peu de production comparé aux hivers précédents,
00:34 et puis la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.
00:38 Alors, effectivement, l'ensemble de la France a fait cet effort-là,
00:41 que ce soit les entreprises, les collectivités, les particuliers.
00:44 La Nouvelle-Aquitaine aussi, la Gironde aussi.
00:47 Sur la consommation, on peut dire que le comportement a été solidaire sur l'ensemble du territoire français.
00:51 Il n'y a pas de distinction forte entre départements.
00:54 Vous l'avez un peu évoqué, cette baisse de la production,
00:57 on l'attribue à plusieurs facteurs, et notamment à ses appels à la sobriété énergétique.
01:01 Les Girondins ont été sages cet hiver en termes de consommation ?
01:05 Oui, alors, c'est la production qui était beaucoup moins présente que les années précédentes.
01:11 Donc, sur la Nouvelle-Aquitaine, presque 30% de production en moins comparé à un autre hiver.
01:17 Et pour faire face à ce déficit en quelque sorte de production,
01:21 il a fallu prendre différentes mesures,
01:24 par exemple des importations depuis l'étranger,
01:27 mais aussi cet appel à consommer moins.
01:29 Et cette consommation moindre, entre le mois d'octobre et le mois de mars,
01:34 est ce qui fait que cet hiver s'est bien passé.
01:36 Donc c'est une bonne nouvelle pour cet hiver,
01:39 mais ça montre aussi que nous sommes capables de baisser un peu notre consommation,
01:43 significativement même, et c'est très important aussi pour l'avenir,
01:46 puisque la sobriété sera un enjeu clé des décennies à venir.
01:50 - Alors, on va peut-être d'abord expliquer pourquoi est-ce que la production a baissé de 30% cet hiver ?
01:56 - Alors, la production a baissé en France,
01:59 parce que l'ensemble des centrales nucléaires françaises ont subi des difficultés.
02:06 - Des arrêts de réacteurs.
02:07 - Des arrêts qui étaient liés d'une part à une maintenance qui était déjà perturbée suite à la crise Covid,
02:12 et à laquelle s'est ajouté un problème de corrosion sous contrainte
02:16 qui a touché une grande partie du parc français.
02:19 Ça a touché également la Nouvelle-Aquitaine,
02:22 notamment la centrale de Civeaux, qui est donc dans le nord,
02:25 et la centrale Ublayet n'était pas concernée directement par ce problème,
02:29 mais avait aussi des enjeux de maintenance.
02:32 Donc, sur la Nouvelle-Aquitaine, qui produit quand même essentiellement à partir d'électricité nucléaire,
02:37 c'est 40% de production nucléaire en moins par rapport à une année normale.
02:42 - Alors, on le sent, c'est une situation exceptionnelle.
02:44 Est-ce que du coup, on peut quand même imaginer que les hivers prochains,
02:47 il y aura un enjeu aussi en termes de réduction de consommation électrique,
02:50 de production et donc de consommation ?
02:52 - Alors, cette situation sur la production, elle est plutôt conjoncturelle.
02:56 Alors, même si elle va prendre un peu de temps à se résorber,
02:59 et nous allons rester vigilants pour l'hiver à venir,
03:02 à terme, cette production, elle va se développer aussi au travers des énergies renouvelables, etc.
03:08 Et on en aura besoin parce qu'il y a un objectif plus long terme, plus lointain,
03:12 qui est celui de la neutralité carbone,
03:14 qui va nécessiter de transférer un certain nombre d'usages,
03:17 notamment du gaz, du pétrole, etc., notamment des véhicules,
03:20 vers des usages de l'électricité.
03:22 Donc, il va aussi falloir produire plus d'électricité, de l'électricité décarbonée.
03:27 Et pour parvenir à produire suffisamment d'électricité,
03:31 il faut que nous modérions aussi nos consommations.
03:33 Ces transferts d'usages sont nécessaires.
03:35 A côté de ça, il faudra faire des efforts d'efficacité énergétique,
03:38 de sobriété dans la durée.
03:40 7h49 sur France Bleu Gironde, la consommation d'électricité dans le département.
03:44 On en parle avec notre invité, Eric Farabaud, délégué RTE dans le Sud-Ouest.
03:48 Donc, l'hiver s'est bien passé, finalement, il n'y a pas eu de coupure comme on a pu le craindre,
03:51 pas d'alerte rouge sur ECOWAT.
03:53 L'été arrive, avec, lui, la mise en marche des climatiseurs,
03:58 qui, eux aussi, provoquent des hausses de consommation d'électricité.
04:01 Est-ce que, là aussi, il y a un appel à la sobriété ?
04:03 Est-ce qu'il y a des inquiétudes liées à l'été ?
04:04 Alors, il n'y a pas d'inquiétudes, mais RTE, dans ses missions,
04:08 analyse toutes les périodes à venir, que ce soit les hivers, mais aussi les étés.
04:13 Alors, la situation de l'été, elle est quand même moins critique, en général, que l'hiver,
04:17 puisque l'hiver, ce qui est vraiment source de consommation très élevée, c'est le chauffage.
04:21 Et, en France, le chauffage électrique est sans commune mesure comparé à la climatisation.
04:25 Alors, il est vrai, toutefois, qu'en période de canicule,
04:28 il peut y avoir une consommation un peu supérieure liée à cette climatisation.
04:33 Nous verrons s'il y a lieu d'être particulièrement vigilants,
04:37 mais normalement, l'été se passe plus facilement que l'hiver.
04:40 Bon, globalement, le message qu'on peut passer, c'est que les efforts de sobriété
04:43 que nous avons faits cet hiver, il faut persévérer ?
04:46 Il faut les pérenniser sous une forme qui n'est pas seulement en réponse à une situation conjoncturelle,
04:51 mais aussi trouver des modes de consommation, des moments où consommer,
04:55 qui soient plus favorables à maîtriser notre besoin de production d'électricité.
05:00 Et vous le soulignez, Riffarabo, notre objectif, c'est de produire à long terme une électricité décarbonée.
05:04 Quels sont les atouts de la Nouvelle-Aquitaine à ce niveau-là ?
05:07 Alors, je dirais, l'électricité aujourd'hui, elle est déjà décarbonée,
05:10 en France en tout cas, grâce au nucléaire, aux barrages et aux énergies renouvelables.
05:15 L'enjeu, c'est qu'il va falloir en produire plus,
05:18 et les atouts de la Nouvelle-Aquitaine, c'est d'être un territoire d'accueil aussi pour les énergies renouvelables.
05:24 En particulier, aujourd'hui, la Nouvelle-Aquitaine est d'ores et déjà la première région de France
05:28 pour la production d'énergie solaire.
05:30 Donc, ce solaire qui a vocation naturellement à se développer plutôt dans le sud-ouest et le sud.
05:36 Et donc, c'est une contribution importante,
05:39 aux côtés aussi de l'éolien terrestre et de l'éolien offshore,
05:42 mais qui concerne, enfin qui aujourd'hui se développe plus dans d'autres régions,
05:45 en particulier l'offshore.
05:47 Nous avons l'an dernier lancé, raccordé au réseau, le premier parc éolien offshore à Saint-Nazaire.
05:54 Un parc éolien, en tout cas, sur Terre, qui n'existe pas en Gironde, faut-il le rappeler.
05:58 Merci beaucoup, Éric Farabault. Je rappelle que vous êtes le délégué RTE,
06:02 donc le gestionnaire du réseau électrique dans le sud-ouest.
06:04 Merci d'avoir été avec nous ce matin.
06:06 - Merci. - Et à 7h50, une soirée France Bleu Gironde.