• l’année dernière
Jeudi 1 juin 2023, SMART IMPACT reçoit Jean-Philippe Ndobo-Epoy (directeur technique, STO France)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Bonjour Jean-Philippe Hennedebaut, bienvenue.
00:08 - Bonjour.
00:09 - Vous êtes donc le directeur technique de Sto France, entreprise allemande, qui existe
00:11 depuis 1835 je crois.
00:13 - Oui, tout à fait.
00:14 - C'est toujours une entreprise familiale aujourd'hui ?
00:15 - Tout à fait, c'est toujours une entreprise familiale.
00:17 On est présent dans 65 pays, donc un groupe qui fait à peu près 1,8 milliard d'euros
00:21 de chiffre d'affaires.
00:22 Et en France, on emploie 330 personnes.
00:24 - 330 personnes en France.
00:25 Votre cœur de métier c'est quoi ? L'isolation thermique ?
00:27 - Oui, l'isolation thermique par l'extérieur.
00:29 C'est tous les travaux de façade, ravalement de façade, isolation.
00:33 Et avec les enjeux actuels évidemment de rénovation énergétique des bâtiments.
00:36 Donc on est les leaders aujourd'hui au niveau de la façade.
00:39 - Ça veut dire qu'on est en plein débat autour de la lutte contre les passoires thermiques.
00:43 Vous sentez-vous que dans votre activité en France, il y a un avant et un après, les
00:48 réglementations qui sont passées ?
00:49 - Oui, très clairement.
00:50 C'est aidé à la fois par la réglementation environnementale à R.E. 20-20 dans le 9,
00:55 mais également dans la rénovation.
00:56 On a de plus en plus de besoins justement de rénovation de ces passoires énergétiques.
01:00 Et donc on estime à peu près 700 000 logements par an à rénover.
01:04 Donc clairement, il y a un marché qui est en pleine expansion.
01:06 Et nous, nous apportons nos solutions pour ce marché.
01:10 - Alors il y a votre solution, mais si on jette un regard peut-être un peu plus général
01:14 sur le secteur, est-ce qu'on va y arriver ?
01:16 C'est-à-dire qu'il y a des enjeux de rénovation des passoires thermiques qui sont très ambitieux,
01:20 qui sont évidemment dictés par aussi l'urgence environnementale, on l'a bien compris.
01:24 Mais est-ce qu'on peut y arriver ?
01:25 Est-ce que le secteur est capable d'assurer ?
01:27 - Alors nous, évidemment, on a cette conviction qu'on peut y arriver.
01:30 Alors clairement, il va falloir augmenter la fréquence des rénovations.
01:33 Il faut au moins multiplier par 3 ou par 4, je dirais,
01:36 la vitesse à laquelle on va devoir rénover tous ces bâtiments.
01:39 Et aujourd'hui, on peut y arriver s'il y a un engagement politique,
01:42 s'il y a évidemment des soutiens de l'État à ce niveau, il faut avancer sur ce sujet.
01:46 - Oui, avec un risque d'effet pervers, c'est au contraire des propriétaires qui disent
01:49 "Oh là là, c'est trop compliqué, c'est trop coûteux, j'y vais pas".
01:51 - Alors il y a toujours ce risque,
01:53 mais aujourd'hui, on est dans une logique où on essaye justement de convaincre,
01:57 d'aller vers plus de rénovation énergétique aussi pour le confort d'été.
02:00 Là, on va arriver en période, je dirais, d'été avec tout ce qui est canicule,
02:04 qui va se répéter de plus en plus, tout ce qui est augmentation des coûts de l'énergie,
02:07 du gaz et de l'électricité.
02:09 Et petit à petit, les gens prennent conscience que rénover,
02:12 isoler les bâtiments, il y a un retour sur investissement.
02:15 Et aidé en plus par, justement, les nouvelles réglementations
02:18 sur l'éradication des passeurs thermiques, on pense qu'on peut y arriver.
02:21 Mais il faut clairement accélérer ce mouvement.
02:23 - Oui. C'est un secteur qui innove, et une entreprise Stofrance qui innove.
02:28 Je le disais en titre, dernière innovation, c'est nichoir responsable.
02:32 De quoi on parle ?
02:33 - Alors, en fait, on avait un besoin de nos clients
02:36 concernant tout ce qui est, je dirais, les oiseaux qui font des nids au niveau des façades.
02:41 Donc, quand on fait de la rénovation énergétique par l'extérieur,
02:44 donc on isole la façade.
02:45 Et parfois, on peut avoir des nids d'oiseaux,
02:47 donc des martinets, des hirondelles, etc., qui ont déjà niché.
02:50 Et le Code de l'environnement oblige à conserver, justement, ces nids.
02:54 C'est-à-dire que vous avez le code, c'est un article, c'est le L411-2, très d'accord,
02:58 qui dit, en gros, que si vous détruisez tout ce qui est habitat des espèces protégées,
03:04 en fait, vous pouvez aller avoir jusqu'à 150 000 euros d'amende.
03:06 Donc, ça peut aller très loin à ce niveau-là.
03:09 Et donc, il y a une obligation légale de conserver ces nids.
03:12 - Donc, vos clients vous ont dit, trouvez-nous une solution, c'est ça ?
03:14 - Exactement.
03:15 Donc, la Ligue de protection des oiseaux, justement,
03:17 a proposé des boîtes qui peuvent se fabriquer, donc avec du bois,
03:20 des éléments, de façon à pouvoir sauvegarder, justement, ces nids.
03:23 Comme on peut imaginer, c'est très difficile à faire sur site.
03:26 Il faut avoir du matériel, il faut avoir le temps.
03:28 Ce n'est pas évident.
03:29 Et comme chez Sto, on a cette approche, justement, de l'approche client,
03:32 on s'est dit, il faut qu'on développe quelque chose de simple,
03:34 facile à utiliser pour nos clients.
03:36 Quand ils font l'isolation par l'extérieur,
03:38 ils peuvent mettre ces nichoirs directement dans l'isolation,
03:41 les encastrer, et après, donc, on vient enduire la façade directement.
03:45 - Donc, on conjugue les économies d'énergie et la défense de la biodiversité.
03:49 Les deux enjeux vont de pair.
03:51 - Absolument.
03:52 Et en plus, là, on vient juste de passer le week-end de Pentecôte,
03:54 où la Ligue de protection des oiseaux a amené les Français
03:57 à essayer de recenser les espèces qu'il y a dans leur jardin.
04:00 On a malheureusement cette baisse de 30% des espèces ces 30 dernières années
04:05 à cause, justement, du développement urbain.
04:08 Et sur le fait que sur les façades, les travaux de façade,
04:11 malheureusement, parfois, peuvent amener à détruire l'habitat des oiseaux.
04:14 Et donc, là, on a réussi à conjuguer les deux avec ces nichoirs
04:17 qu'on peut implanter directement.
04:19 - Vous en avez déjà installé ? Et ça marche ?
04:21 - Alors, ça marche.
04:22 - Les oiseaux se réhabituent, retrouvent leur marque, en quelque sorte ?
04:25 - Tout à fait. On a des projets dans le Grand Est,
04:26 que c'est aussi bien pour les oiseaux, également pour les chauves-souris,
04:28 donc toutes les espèces protégées.
04:30 Donc, quelques projets dans le Grand Est qui ont vu le jour,
04:32 parce qu'on a lancé ce produit l'année dernière.
04:34 Et donc, ce sont des nichoirs qui peuvent aussi bien s'encastrer dans l'isolation
04:38 ou être ramenés par-dessus l'isolation.
04:41 Donc, vous faites votre isolation extérieure
04:44 et vous venez fixer le nichoir directement sur l'isolation extérieure.
04:47 - Autre innovation, une ligne de produit à base d'huile de peint.
04:51 Alors, déjà, c'est une alternative à quoi ?
04:54 Quel produit, j'imagine, hydrocarboné ?
04:57 - À base de pétrole, tout à fait.
04:58 Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, dans tout ce qui est peinture,
05:00 enduit de façade, on utilise beaucoup de dérivés de pétrole
05:02 pour faire des liants qui tiennent en façade.
05:04 Et on a cherché à remplacer une partie de ce pétrole
05:07 par des liants biosourcés.
05:08 Et on a trouvé une alternative avec des déchets de ciril de peint, justement.
05:12 Et quand on les transforme, on arrive à faire un liant,
05:15 un liant qui est biosourcé,
05:16 qui permet de limiter fortement la quantité d'éléments à base de pétrole
05:21 dans les liants qu'on utilise pour les façades.
05:23 - C'est-à-dire que vous l'intégrez au liant,
05:25 il y a un peu d'hydrocarbure et de l'huile de peint.
05:30 Votre objectif, c'était quoi ?
05:32 C'était de ne pas venir en concurrence avec l'agroalimentaire ?
05:35 Parce que c'est vrai que parfois, on peut arriver à une absurdité
05:38 qui consiste à utiliser les terres agricoles pour faire du biogaz.
05:43 Si c'est à petite échelle, ça va,
05:45 mais si ça devient à grande échelle, on pourrait en discuter.
05:47 Ça, ça faisait partie du cahier des charges au départ ?
05:49 - Oui, tout à fait.
05:50 Il ne faut absolument pas toucher à l'agroalimentaire.
05:53 Là, on est sur des déchets de ciril, des déchets ultimes, je dirais,
05:57 au niveau de la ciril.
05:59 Et c'est ça qu'on a utilisé pour faire ce liant.
06:01 - La filière existait ou il a fallu tâtonner ?
06:04 Il y a eu pas mal d'aller-retour, d'itération pour trouver la solution ?
06:08 - Les déchets de ciril existaient, donc étaient disponibles.
06:12 Mais après, on a travaillé avec des partenaires
06:14 qui ont travaillé sur l'utilisation de ces déchets
06:17 de façon à créer ce liant.
06:18 Et tout le challenge était de faire des liants
06:20 qui tiennent sur les façades extérieures.
06:22 Parce qu'on utilise en intérieur, on arrive assez facilement
06:24 à faire des peintures intérieures à base d'éléments biosourcés.
06:27 Mais il faut avoir une bonne durabilité
06:29 avec les UV, les intempéries, etc., en extérieur.
06:32 Et là, ça a été tout le challenge de l'aspect R&D.
06:35 - Et ça veut dire que vous pouvez incorporer
06:37 jusqu'à quel pourcentage d'huile de pin dans ces liants ?
06:41 - Aujourd'hui, 30 %, donc à peu près un tiers.
06:44 Et l'objectif à terme, évidemment, c'est de monter petit à petit,
06:46 d'y aller de manière progressive, à 50, 60 %,
06:48 voire demain, 100 % biosourcés.
06:50 - Qu'est-ce qui freine aujourd'hui ?
06:51 Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, vous ne pouvez pas être à 100 %, par exemple ?
06:54 - Aujourd'hui, ça va être déjà... Il y a un problème de coût, évidemment,
06:57 parce qu'il y a tout un procédé industriel qui n'est pas encore...
07:00 - Ça coûte plus cher de produire ces liants à huile de pin que les liants existants.
07:04 - Tout à fait. Après, il y aura un problème également de volume.
07:07 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on arrive à trouver localement des déchets de série.
07:11 Demain, l'objectif, évidemment, c'est d'harmoniser, d'optimiser, je dirais,
07:15 la collecte de ces déchets, de façon à avoir des volumes plus importants
07:18 et de faciliter le process industriel.
07:21 - J'aimerais qu'on parle de l'utilisation du bois dans le bâtiment.
07:27 Aujourd'hui, ça fait partie des métiers de Sto, de construire des façades en bois ?
07:31 - Alors, on ne construit pas les façades. Par contre, on agit activement sur l'isolation des façades en bois.
07:36 Et là, il y a un développement très fort qui a commencé avec les Jeux olympiques
07:40 sur le développement de la construction de bois de façon à stocker plus de carbone.
07:43 Et on a une vraie demande d'isolation thermique par l'extérieur des constructions de bois.
07:48 Et aujourd'hui, il y a tout un challenge au niveau de la durabilité, des tests,
07:52 de la sécurité incendie, de tout ce qui concerne l'isolation des structures bois.
07:56 Et on a développé des systèmes, aussi bien en façade ventilée qu'en enduit mince sur isolant,
08:02 pour les systèmes bois.
08:04 - Ça veut dire que c'est une nouvelle, enfin un retour d'ailleurs, une nouvelle demande du secteur du bâtiment,
08:08 de plus en plus de façades en bois, ça vous le ressentez ?
08:10 - Oui, tout à fait. C'est vraiment en croissance.
08:13 Et justement, dans le neuf, ou alors des très grosses rénovations, on ne va garder que les planchers béton.
08:17 On va remettre devant les planchers béton des façades bois, des façades non-porteuses.
08:21 Et on a besoin justement d'avoir une finition enduite, avec isolation devant ces façades bois.
08:26 - Alors dans votre première réponse sur le bois, vous avez dit deux choses.
08:28 Vous avez dit Jeux Olympiques et stockage carbone. Je voudrais qu'on y revienne.
08:31 D'abord, Jeux Olympiques, c'est quoi ?
08:33 Vous êtes partie prenante de certaines des constructions liées au Jeux de Paris ?
08:37 - Alors effectivement, on a certaines des façades où on a notre système de façade ventilée,
08:40 qu'on appelle le Stove Ventec, où on a des parements collés sur les façades.
08:45 Donc vous imaginez une structure en bois, une ventilation,
08:48 et après de façon à avoir une finition avec des parements collés type terre cuite par exemple ou équivalent,
08:53 on a un support d'enduit, un support d'éléments parements collés, qu'on appelle le Stove Ventec,
08:58 qui a été utilisé dans certains des bâtiments des Jeux Olympiques.
09:00 - Et dans le village olympique, c'est ça ? - Oui, tout à fait.
09:03 - D'accord, on suivra ça. Le compte à rebours est lancé.
09:06 Et donc sur le stockage du CO2, c'est naturel ?
09:10 A partir du moment où on fait une façade en bois, on va participer au stockage du CO2 ?
09:13 - Effectivement, c'est du moment qu'on utilise du bois, on va stocker une partie de CO2.
09:17 Alors ce CO2, justement... - Même du bois traité, même du bois que vous isolez,
09:22 il continue de stocker du CO2 ?
09:24 - Alors en fait, le stockage CO2 est calculé au moment où on va couper le bois, évidemment.
09:29 - D'accord, c'est ça que je voulais vérifier.
09:31 - Donc c'est au moment des coupes du bois qu'on a ce crédit carbone.
09:35 C'est ce crédit carbone qu'on va pouvoir utiliser à la construction
09:38 de façon à compenser les émissions de certains isolants, des plaques de plâtre, etc.
09:42 et pour arriver à la neutralité carbone.
09:44 - Merci beaucoup. Merci Jean-Philippe Hendoboe.
09:46 Et à bientôt sur Bismarck. On passe à notre débat.
09:49 On va détailler les leviers de croissance de la mobilité électrique.

Recommandations