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Ce vendredi, à l'occasion de la matinale spéciale en direct de Roland-Garros, Dimitri Pavlenko reçoit Gilles Moretton, président de la Fédération Française de Tennis.
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NewsTranscription
00:00 Radio officielle de Roland Garros.
00:03 Et oui, vous venez de l'entendre, Europe 1 Matin est en direct ce matin du cours Philippe Châtrier à Roland Garros.
00:08 Le cours Philippe Châtrier, c'est le cours central.
00:10 Il ne fait pas très chaud, c'est vrai.
00:12 On dit aussi qu'il n'y a plus de Français en lice à Roland Garros, mais c'est faux.
00:16 L'équipe d'Europe 1 Matin est présente et le président de la Fédération française de tennis nous a rejoint.
00:22 Merci d'être avec nous. Bonjour, Gilles Moreton.
00:24 Bonjour.
00:25 Bienvenue sur Europe 1.
00:26 Peut-être racontez-nous comment s'est passée cette première semaine du tournoi ? Quels ont été vos temps forts à vous du tournoi ?
00:32 Alors d'abord, je ne vais pas vous parler de la première semaine, mais des deux semaines qui viennent de s'écouler.
00:36 Parce qu'avant le tournoi, il y a une semaine de qualifications.
00:38 Et comme vous le savez, on a décidé d'ouvrir les portes au plus grand nombre.
00:42 L'objectif d'une fédération, c'est de faire la promotion du tennis.
00:45 Les qualifications, c'est du beau niveau, du beau spectacle.
00:49 On a eu près de 50 000 personnes qui sont venues voir les matchs.
00:51 Avec beaucoup d'émotion déjà dans les qualifications avec Lucas Pouy, Fiona Ferro.
00:56 Et cette première semaine, qui s'est plutôt bien passée.
00:58 La météo est au rendez-vous, même s'il fait un peu frais ce matin.
01:01 Et une déception peut-être des Français, mais ils sont à leur niveau.
01:04 Il ne faut pas, je pense que Nicolas Escudet, directeur technique national, s'est exprimé.
01:08 Il ne faut pas espérer non plus de miracle.
01:10 On est un peu déçu par Caroline Garcia, parce qu'elle était tête de série.
01:13 Le reste, c'est un petit peu dommage parce qu'ils ont eu des matchs difficiles.
01:17 Mais on a toute une nouvelle génération qui arrive derrière.
01:19 - Alors Roland-Garros 2023, on va parler du tournoi.
01:22 Mais quand même, rappelons, c'est le 40e anniversaire de la victoire de Yannick Noah.
01:25 N'oublions pas, on l'a signalé tout à l'heure, parce qu'on a tendance un peu à la négliger,
01:29 Marie Peirce, quand même, le titre en 2000.
01:31 Mais peut-être Gilles Moreton, vous, vous avez joué contre Yannick Noah.
01:35 Je crois même que vous l'avez joué ensemble.
01:38 Et peut-être l'avez-vous battu, je ne sais pas, vous allez nous le dire.
01:40 - On a joué, on a fait plein de choses ensemble.
01:42 Puisqu'on s'est retrouvé à l'âge de 12, 14 ans en sport-études pendant 4 ans.
01:45 Puis après, on a joué effectivement à la Coupe Davis.
01:48 On a joué l'un contre l'autre ici en finale des Championnats de France Junior, il y a très longtemps.
01:53 Donc oui, oui, on a... Alors il m'a plus souvent battu que je ne l'ai battu, il faut être clair.
01:57 Mais non, non, c'est une année un peu particulière, effectivement.
02:00 Une année anniversaire où on se souvient de cette victoire le 5 juin 1983,
02:06 avec Yannick qui faisait vibrer ce stade.
02:09 - Oui, victoire en 3-7. Pourquoi a-t-il tant marqué Yannick Noah ?
02:12 40 ans qu'on en parle encore, Gilles Moreton, c'est assez incroyable quand même.
02:15 - Alors d'abord, je voudrais dire qu'effectivement, les garçons n'ont pas gagné à Roland-Garros depuis longtemps.
02:20 Vous l'avez dit Marie Pierce, mais les filles ont brillé.
02:22 Enfin brillé, on a 5 titres du Grand Chlem avec Amélie Moresmo,
02:25 avec Marion Bartoli aussi qui a gagné à Wimbledon.
02:29 Donc on a gagné des titres, on est un peu... Je pense qu'on peut faire mieux.
02:33 Très sincèrement, la Fédération Française de Tennis et le tennis français peut faire mieux.
02:37 On a un chantier qui est en cours avec Nicolas Escudet,
02:40 mais je crois que du jour au lendemain, on ne peut pas créer une nouvelle génération.
02:43 Il y a du travail à faire et ça commence dans nos clubs, dans les territoires,
02:47 dès l'âge de 5 ans où on est sur les écoles de tennis.
02:50 Donc tout ça est en route, mettra forcément un peu de temps.
02:53 - Alors justement, vous me tendez la perche, je la saisis.
02:56 Le tennis français nage en plein paradoxe, Gilles Moreton.
02:59 Je le soulignais tout à l'heure avec Nicolas Escudet.
03:02 C'est l'éternel sport individuel le plus pratiqué dans le pays.
03:06 On a plus d'un million de licenciés et on est en très forte augmentation.
03:09 Ces deux, trois dernières années.
03:11 Et malgré cela, on n'arrive pas à hisser une élite au plus haut niveau mondial.
03:15 Alors qu'il y avait effectivement Nicolas Escudet, le directeur technique national,
03:19 nous le rappelait tout à l'heure à 7h10 sur Europe 1.
03:21 Il y avait cette école française du tennis, cette école du tennis français.
03:25 Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est perdu selon vous, Gilles Moreton ?
03:28 - D'abord, la performance sur le haut niveau, c'est le fait d'individualité.
03:35 La Fédération peut mettre des moyens, peut essayer d'accompagner.
03:38 Peut-être trop d'ailleurs, c'est le reproche qu'on peut se faire.
03:40 C'est qu'on a des moyens à la Fédération.
03:42 On fait beaucoup de choses, trop de choses.
03:43 Peut-être on assiste trop nos joueurs et nos joueuses.
03:47 - Vous les assistez trop ? Vous pensez que c'est ça ?
03:49 - C'est possible. On essaie de trouver des raisons.
03:53 Au fait que d'abord, on est plus de 7000 clubs, que le tennis va très bien,
03:57 le tennis loisir va très bien.
03:58 Parce qu'il ne faut pas oublier que l'élite, c'est à peine 1% du tennis.
04:03 Vous parliez du million 55 000 licenciés.
04:06 Le tennis va très bien dans nos clubs.
04:08 La modernisation des écoles de tennis.
04:10 En revanche, l'accès au haut niveau, c'est une affaire individuelle.
04:13 C'est une affaire de responsabilité.
04:16 Est-ce que nos joueurs ne se responsabilisent pas trop tôt, trop vite ?
04:20 On a là-dessus un vrai travail, un chantier qui est en cours.
04:24 On a de très bons jeunes. On gagne dans les juniors.
04:26 On a gagné ici avec Elsa Jacquemaud chez les filles.
04:30 L'année dernière avec Gabriel Debrus.
04:32 On a une génération qui est là. C'est la transition entre le junior et le haut niveau
04:36 qu'on a du mal à faire.
04:38 On ne peut plus rien faire.
04:40 Nous, on a des moyens. On fabrique de bons jeunes joueurs.
04:43 Et derrière, la transformation est entre leurs mains.
04:46 La décision qu'on doit prendre quand on veut aller vers le haut niveau,
04:49 les sacrifices, les efforts, l'encadrement, on ne peut pas le faire pour eux.
04:52 Parlons du tournoi maintenant.
04:54 Parlons de Roland-Garros, Gilles Moreton.
04:56 Vous avez cité Amélie Moresmo.
04:58 Depuis un an, c'est elle, la directrice du tournoi.
05:00 C'est vous qui êtes allé la chercher.
05:02 Est-ce qu'on peut voir la patte de Moresmo dans cette édition 2023 de Roland-Garros ?
05:07 Je pense qu'on peut voir la patte d'une nouvelle équipe depuis plus de deux ans et demi.
05:12 Amélie est arrivée.
05:14 Elle a voulu faire bouger les lignes.
05:16 C'est un peu notre slogan à Roland-Garros.
05:18 On a fait des choses qui étaient très différentes.
05:21 Sur l'accueil des joueurs notamment. L'accent a été mis là-dessus.
05:24 Là-dessus, il y a vraiment...
05:26 Et moi, je le ressens. J'ai un passé de joueur.
05:28 Les gens de l'ATP et de la WTA viennent nous voir.
05:31 Les joueurs, il y a des efforts considérables.
05:33 C'est important pour nous parce qu'on est quelque part, en termes de surface, le plus petit des grands chelèmes.
05:38 On n'a que 12 hectares.
05:40 En revanche, on a vraiment accentué sur l'accueil du public.
05:43 Très important. Mais l'accueil de nos joueurs qui sont là et de nos joueuses.
05:47 Je crois que réellement, maintenant, les gens font la différence dans les zones d'accueil, des zones de repos.
05:52 La protection des joueurs aussi.
05:54 Donc oui, c'était important.
05:56 Amélie ne travaille pas simplement sur la partie des joueurs,
05:59 mais aussi l'accueil du public, des modifications qu'on a pu apporter.
06:02 La troisième semaine de qualification qui fait partie du tournoi,
06:05 c'est aussi l'idée d'Amélie.
06:07 Et on a apporté ces améliorations.
06:09 Il y a beaucoup de critiques aussi, l'an dernier notamment.
06:12 Mais on les entend encore sur les tribunes, un peu vides en journée,
06:15 et surtout aux alentours de midi.
06:17 Alors, vous avez mis en place...
06:19 Il y a ces fameuses places qu'on appelle "annexes up"
06:21 qui permettent, s'il y a du monde, par exemple, sur ce cours central Châtrier,
06:24 d'y accéder alors qu'on n'a pas forcément payé les billets pour.
06:27 Est-ce que ça suffit ou est-ce qu'il faut aller plus loin ?
06:30 - Oui, ce qu'il faut c'est comprendre comment fonctionne un tournoi de tennis.
06:34 Les gens restent ici en moyenne 8h40.
06:36 - Oui, on peut y passer la journée.
06:38 - Ça veut dire qu'on peut imaginer que des gens qui ont vu 3h ou 4h de tennis sur le central,
06:42 à un moment donné vont se restaurer ou vont aller sur un autre cours
06:46 voir un autre joueur, une autre joueuse.
06:48 Et on n'arrive pas forcément au début du match et on reste par contre à la fin.
06:53 Hier soir j'étais sur le match de Rinderknecht.
06:56 Je regrettais, alors que le cours Suzanne Lenglen était plein,
07:00 je regrettais que les tribunes, il y ait des places libres.
07:04 Mais ça, il faut le comprendre.
07:06 Les gens sont arrivés à 10h le matin.
07:08 Il est 22h, on est sur le Suzanne Lenglen
07:12 et peut-être que des gens sont rentrés chez eux.
07:14 Il y a beaucoup de gens qui viennent de province,
07:16 beaucoup de gens qui viennent de l'étranger et qui le soir doivent rentrer.
07:19 - Alors j'ai une question un peu piège pour vous, Gilles Moreton,
07:21 parce que vous avez cité cet éternel problème de Roland-Garros, de la place.
07:25 On est un petit peu comme ça, coincés par des barrières physiques.
07:28 On est quoi ? C'est sur aujourd'hui 15 hectares, si je ne dis pas de bêtises ?
07:31 - 12 hectares.
07:32 - 12 hectares. Est-ce qu'on peut encore agrandir Roland-Garros
07:35 sachant que dans la décennie passée, mon Dieu, ça a été compliqué,
07:38 ça a été politiquement très compliqué.
07:40 Est-ce que vous espérez, vous rêvez de pouvoir vous élargir un petit peu, vous agrandir ?
07:46 - D'abord Roland-Garros et Wim Lodon sont les deux seuls tournois du Grand Cham,
07:50 à être restés. Le cours Philips-Satrier sur lequel on est là n'a jamais bougé.
07:55 - Il va y avoir 100 ans bientôt, en 2027.
07:57 - Il va y avoir 100 ans en 2028, il n'a jamais bougé.
07:59 Et c'est un privilège que d'être en plein centre de Paris avec un tournoi comme ça.
08:04 Deux se sont déplacés, l'US Open et l'Australian Open,
08:07 pour faire presque un parc d'attractions avec une âme qui est un petit peu différente de la nôtre.
08:12 C'est vrai qu'ils ont beaucoup plus de place.
08:14 On a des solutions, on y réfléchit.
08:16 On a des choses qui sont en place et qui vont probablement évoluer dans le temps.
08:22 Mais la qualité de ce qu'on peut proposer ici
08:25 compense quelque part la surface générale et l'accueil du public.
08:30 On a 44, 45 000 personnes par jour, là où nos concurrents en ont 95 000 voire 100 000.
08:37 - Alors on est ravis quand même d'être là.
08:40 Je le précise, Gilles Moreton, c'est vraiment exceptionnel de nous accueillir ce matin sur ce cours Philips-Satrier,
08:44 qui bientôt centenaire, on l'a dit.
08:46 Quelque chose d'intéressant, ça fait partie des coulisses pour les sportifs,
08:50 c'est le prize money, les gains du tournoi.
08:52 49,6 millions qu'ils se partagent aujourd'hui.
08:55 Est-ce que c'est l'inflation ?
08:58 On est en hausse de plus de 12 % par rapport à l'année dernière.
09:01 Et je note que l'effort budgétaire, il porte notamment sur ceux qui partent assez tôt,
09:04 ceux qui sont éliminés au premier tour.
09:06 C'est eux qui vont le plus profiter finalement de cette augmentation de...
09:09 Pardonnez-moi l'expression, mais c'est un peu ça la masse salariale.
09:12 Oui, on connaît un peu le problème général du tennis.
09:17 C'est que finalement, c'est un sport planétaire.
09:20 On joue au tennis de partout dans le monde.
09:22 Et on arrive à nourrir, entre guillemets, près de 200 joueurs ou 250 joueurs et joueuses.
09:28 Et c'est très peu quand on voit d'autres sports.
09:32 Donc nous, on a voulu privilégier effectivement à la fois les qualifications,
09:36 les joueurs qui sont au premier tour, deuxième tour,
09:38 parce que quelque part, pour le vainqueur, ça ne changera pas.
09:41 C'est le titre de Grand Chelem, ce n'est pas l'argent supplémentaire qu'il va pouvoir gagner
09:46 qui feront la différence sur un Nadal, un Djokovic ou autre.
09:50 Donc on a essayé de privilégier les joueurs qui font le circuit en général
09:56 et qui ont besoin de ces moyens financiers pour continuer à jouer.
10:00 Merci Gilles Moretton de nous avoir accordé cet entretien sur Europe 1.
10:04 Merci à vous de nous accueillir dans ce formidable endroit
10:06 qui est le stade Roland-Garros.
10:08 Bientôt centenaire, je le disais.
10:11 Sur ce, Philippe Châtrier, je vous souhaite une excellente journée.
10:13 Merci à vous.