Noémie Montagne, ex-compagne de Dieudonné, raconte avoir été sous l'emprise du comédien. Elle a déposé plainte pour "harcèlement" et "escroquerie" à l'encontre de son ancien compagnon.
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00:00 Noemi, ce qui m'interpelle dans votre récit et j'imagine ce qui fait réagir également certains de nos téléspectateurs, c'est que cet homme avait des prises de position extrêmement fortes,
00:10 il a été condamné à plusieurs reprises et au cours de votre histoire. Ça, vous n'avez pas pu l'ignorer en un sens. Comment est-ce que, avec le recul, vous regardez cela aujourd'hui ?
00:20 Est-ce que, pour dire les choses le plus clairement du monde, est-ce qu'aujourd'hui vous condamnez absolument tout ce qu'il a pu dire et pour lequel il a été lui-même condamné par la justice ?
00:29 Complètement. Alors ça, c'est vrai que dans le quotidien, quand on vit, Dieu donné, il cloisonne tout et c'est tentaculaire. C'est-à-dire qu'il y a des gens, et c'est pour ce qui fait son succès,
00:42 et la diversité qui est autour de lui, lui, c'est toujours le gentil, on va dire. Et puis quand il y avait l'extrême gauche, l'extrême droite qui se côtoyaient,
00:54 eux étaient en conflit et lui, il prenait position en fonction de qui il avait en face de lui. Dans la vie de tous les jours, c'était la même chose.
01:03 Il pouvait me briefer en me disant "tu te comportes comme une employée". Donc en fait, il me dénigrait quand même dans mon travail.
01:11 D'ailleurs, j'ai essayé de faire ce qui lui plait, parce que c'est toujours un problème entre deux personnes, les relations d'emprise.
01:22 Donc pour lui plaire, je me disais "je suis parfaite là". C'est un peu orgueilleux, mais je me disais "c'est pas possible qu'il ne soit pas satisfait".
01:34 Mais en fait, il n'est jamais satisfait. Donc il pousse toujours plus loin, toujours plus... Voilà, j'ai un peu oublié la question.
01:42 – Je vous demanderais Noemi, pour la clarté de nos échanges, est-ce que vous les condamnez aujourd'hui ?
01:48 Est-ce que vous dites "moi, tout ce qui a pu être dit au cours de ces 15 années où il a partagé ma vie, et pour lesquelles il a notamment été condamné par la justice,
01:55 à la prison ferme notamment, je m'en détache, je le condamne fermement". Est-ce que vous le dites aujourd'hui ?
02:02 – Bien sûr, bien sûr. J'ai eu des échanges avec la communauté juive et aujourd'hui, parce que comme il noie, nous, quand on est au bureau, par exemple, à 1h de Paris,
02:15 c'est un autre univers que le théâtre, jamais il va montrer, enfin jamais, ou très peu, des comportements haineux, violents, etc.
02:26 A un moment donné, c'est un nounours quand on le voit, au premier abord, on ne se dit pas du tout que tout ce qu'il dit c'est vrai, et puis il détourne tout en dérision,
02:36 même dans la vie du quotidien, même la violence, c'est en dérision, tout est tourné en dérision, donc on ne sait jamais s'il rit, si c'est sérieux,
02:45 et à la fin, c'est parce qu'il faut savoir que l'emprise, ça ne se fait pas du jour au lendemain, c'est quelque chose qui rentre en nous,
02:53 qui est carrément dans le sang et la tête, c'est extrêmement sournois, en fait, donc après pour s'en sortir, il faut obligatoirement de l'aide et des thérapies,
03:05 comme a fait Marine, son ex-femme, et moi aujourd'hui qui suis suivie, et les enfants, parce qu'il faut savoir que quand on vit avec des personnes comme ça,
03:15 quand on les a dans l'entourage, ça a forcément un impact sur les enfants, parce que c'est extrêmement violent, et les premiers mots qu'on m'a dit,
03:23 c'est parce que ça a été dit par des professionnels, il faut savoir que moi je ne fais que raconter des faits, et que si aujourd'hui on m'a parlé d'emprise,
03:31 c'est parce que des professionnels ont posé les mots et m'ont aidé à comprendre mon histoire, ça c'est extrêmement important,
03:38 et notamment aussi quand je suis allée voir ce fameux gendarme, il y a des personnes comme ça qui sauvent la vie, que ce soit une psychiatre qui m'a dit
03:49 "vous auriez pu en mourir, ça n'aurait rien changé, vous ne l'auriez jamais changé", c'est des petites phrases qui restent dans ma tête.
03:57 – Vous pensez vous être rescapée aujourd'hui Noemi, c'est comme ça que vous vivez les choses ?
04:01 – Bien sûr je suis rescapée, je suis abîmée, tant que je n'aurais pas vu un juge d'instruction et déposé tout ce que j'ai en moi,
04:14 parce que c'est des milliers et des milliers de choses, avec des preuves, parce que j'ai pu en retrouver, des témoignages d'autres personnes,
04:20 je ne serais jamais libérée, et après il faut se reconstruire, alors ça parait fou, j'ai été entendue par l'unité médico-judiciaire de Bordeaux,
04:30 quand j'ai vu des femmes battues, je n'ai pas compris pourquoi au départ, je me disais "mais elle c'est pire", parce que ça se voit,
04:39 mais moi la violence que j'ai vécue, elle ne se voit pas, et je veux parler aussi à toutes ces femmes qui vivent ces violences-là,
04:47 qui sont sournoises et qui ne se voient pas, de partir et de couper les liens qui sont extrêmement toxiques,
04:56 et surtout de se faire aider parce qu'on ne peut pas y arriver tout seul.