Alain Alphon-Layre dans les studios de France Bleu Gard Lozère.
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00:00 On est dans un contexte de crispation autour de la réforme des retraites,
00:03 quatorzième journée de mobilisation aujourd'hui.
00:07 Et vous sortez un livre aux éditions L'Armatan,
00:10 si on écoutait les experts du travail, ceux qui le font.
00:13 Bonjour Alain Alfonlaire.
00:15 Bonjour.
00:16 Je ne vous demande pas où est-ce que vous serez tout à l'heure,
00:18 j'imagine aux côtés des manifestants contre la réforme des retraites, n'est-ce pas ?
00:22 C'est ça, d'autant plus que je trouve que Macron est complètement à côté de la plaque.
00:29 On a besoin de travailler moins pour travailler tous,
00:33 et surtout pour travailler mieux,
00:34 parce que le maltravail coûte énormément de chère à notre société.
00:39 C'est ce que vous disent les salariés que vous avez interrogés,
00:41 je crois qu'il y a 14 entretiens dans votre livre.
00:43 C'est ça, il y a 14 interviews, et je leur pose deux questions.
00:48 Je leur demande comment ils travaillent aujourd'hui,
00:51 et comment ils aimeraient travailler,
00:52 et on peut voir qu'ils ont des solutions.
00:55 Et que si on les écoutait un peu plus,
00:58 peut-être qu'on n'en serait pas dans cette situation,
01:00 à la fois de mal-être au travail,
01:02 ce qui se montre avec la mobilisation sur les retraites,
01:05 mais qui s'est montré aussi sur les démissions importantes qu'on a eues,
01:10 et puis le désengagement que l'on trouve dans le travail,
01:13 les risques psychosociaux, etc.
01:15 Et en même temps, ça permettrait effectivement d'avoir d'autres solutions.
01:20 Et je pense notamment aux conséquences environnementales sur la planète,
01:25 parce qu'il ne suffira pas de consommer différemment
01:28 pour sauver nos conditions de vie sur la planète.
01:30 Il va falloir produire différemment.
01:31 Il va falloir aussi produire et travailler différemment.
01:33 Alors quelles sont leurs solutions ?
01:35 Alors déjà, peut-être aussi, quels sont les profils ?
01:37 Quel métier vous avez interrogé sur ces 14 entretiens ?
01:39 J'ai interrogé tous les profils possibles.
01:42 J'ai fait 14 entretiens, j'aurais pu en faire 14 de plus.
01:45 Ça va du policier à l'AESH,
01:52 qui s'occupe des enfants handicapés dans les écoles,
01:57 à une infirmière, à un livreur à vélo, etc.
02:01 Donc tous les statuts ?
02:02 Voilà, avec tous les statuts.
02:03 Donc privé, public, libéral ou pas ?
02:07 Et chaque fois, ils ont effectivement plein de solutions.
02:10 Quelles sont leurs solutions pour mieux travailler ?
02:13 Ou aimer son travail ?
02:15 La question c'est qu'ils partent de ce qui est le travail réel,
02:18 c'est-à-dire de ce qu'ils vivent tous les jours.
02:20 Et donc, bien évidemment qu'ils ont des solutions.
02:23 Le problème c'est qu'on ne les écoute pas.
02:25 C'est-à-dire qu'on est dans une société
02:27 où de l'entreprise jusqu'à l'État,
02:29 on est sur le chiffre.
02:31 Et que la question ce n'est pas d'évaluer le travail,
02:33 c'est d'évaluer les résultats.
02:35 Et donc on est sans arrêt en train de faire du chiffre, du chiffre, du chiffre.
02:38 D'ailleurs ils le disent eux-mêmes.
02:40 Et on ne regarde pas la réalité du travail elle-même.
02:43 Si on partait de la réalité du travail,
02:45 peut-être qu'on arriverait à trouver des solutions.
02:47 Alors après, bien sûr, ça demanderait d'autres moyens financiers.
02:51 Mais je pense qu'il y en a.
02:53 - Mais concrètement, ils proposent quoi comme solution ?
02:56 Je ne sais pas, par la semaine de 4 jours ?
02:58 - Alors, il y a des propositions telles que celles-là.
03:03 - La réduction du temps de travail ?
03:05 - La réduction du temps de travail, avec l'idée surtout d'aller moins vite au travail.
03:09 Notamment avec le numérique aujourd'hui,
03:12 on est de plus en plus connectés en permanence,
03:16 y compris en dehors du temps du travail.
03:18 Et on voit bien que ça va très vite.
03:21 Et ils n'ont pas le temps de réfléchir,
03:23 collectivement, à la fois personnellement mais collectivement.
03:26 Et du coup, il y a du mal-travail qui est fait.
03:29 Et vous savez, dans mes responsabilités syndicales,
03:33 j'ai eu l'occasion de côtoyer des ministres.
03:36 Et dans le ministère du Travail,
03:39 on avait évalué à 80 milliards par an le coût du mal-travail.
03:43 80 milliards par an, quand on voit que le trou de la Sécu,
03:46 comme on nous dit, c'est 20 milliards,
03:48 il y a des choses à aller chercher.
03:50 - Selon l'Institut Montaigne,
03:52 77% des sondés cette année
03:55 se disent satisfaits de leur travail.
03:59 Alors, pourquoi ce gap entre ce chiffre-là
04:03 et la réalité de ce que les gens vivent ?
04:05 - On a cette particularité en France,
04:08 c'est que les gens s'investissent beaucoup dans leur travail.
04:10 Et ils y tiennent beaucoup.
04:12 Et c'est très bien. C'est une très bonne chose.
04:14 Mais justement, ce qui est problématique,
04:17 c'est que c'est le travail qui est malade.
04:18 On les empêche de bien travailler.
04:20 Ce qu'ils souhaitent les salariés, c'est pouvoir bien travailler.
04:22 Et ils ne peuvent pas le faire comme ils voudraient.
04:25 Donc, soit ils se désengagent,
04:27 soit ça les rend malades.
04:28 Et on a beaucoup de risques psychosociaux
04:30 qui n'existaient pas il y a 40 ans.
04:32 - Donc, ils aspirent à rendre le travail moins malade,
04:35 les Français, aujourd'hui.
04:36 - C'est ça.
04:37 - C'est le propos de votre livre, je rappelle le titre.
04:40 Et si on écoutait les experts du travail,
04:43 ceux qui le font, c'est édité aux éditions L'Armatant.
04:46 On le trouve où ?
04:47 - On le trouve à la librairie Tessier.
04:49 - À Nîmes.
04:50 - À Nîmes.
04:51 Et puis, vous pouvez le trouver, j'imagine, à la FNAC ou à Cultura.
04:54 Mais à la librairie Tessier, il est là.
04:56 - Merci beaucoup Alain Alffandler.
04:57 - Merci.
04:58 - Et bonne journée à vous et bonne marche pour la manifestation.
05:00 Mais pour un corps à rapier que vous êtes,
05:02 ça ne va pas trop vous poser de problèmes.
05:03 - Merci.
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