La fabuleuse histoire de Marinette Pichon

  • l’année dernière
Transcript
00:00 Je ne pensais pas être arrivée à ce niveau-là.
00:02 Que des gens me rencontrent et me disent
00:04 « Waouh, le parcours de vie que vous avez eu, vous m'inspirez ».
00:07 Je suis contente de ça parce que, mine de rien,
00:10 ce que j'ai vécu va aider et c'est l'objectif recherché.
00:15 Ma passion du foot a commencé à 5 ans tout simplement
00:20 parce que j'ai joué avec des garçons.
00:22 J'ai entendu ces rires, ce bonheur et cette joie se dégager du terrain.
00:27 Et plus je venais, plus ça me donnait de l'oxygène
00:30 pour supporter ce qui se passait dans ma vie.
00:33 Il y a un éducateur, Patrick Kwaszek, qui est venu et qui m'a dit
00:37 « Mais t'as envie de jouer ? ».
00:38 J'ai dit « Je ne peux pas, je suis une fille ».
00:41 Et puis il m'a tendu un chassis, il m'a dit « Allez, on file ça et puis viens jouer ».
00:45 Je n'avais pas de modèle féminin dans le foot parce que ça n'existait pas.
00:48 C'était encore un peu sexiste avec essentiellement
00:52 de la communication autour des garçons.
00:55 La FED ne veut pas entendre parler d'équipe mixte au-delà de 16 ans.
00:58 J'ai tout essayé, tu sais bien.
00:59 À 16 ans, comme je ne pouvais plus évoluer avec les garçons
01:06 parce que j'avais déjà bénéficié d'une dérogation,
01:08 j'avais « décidé » de mettre un terme à ma petite carrière
01:12 parce qu'il n'y avait pas de club féminin.
01:14 Et puis finalement, Jean-Claude m'a prouvé le contraire.
01:17 Il a fait le travail et puis résultat des courses,
01:20 j'ai pu rejoindre un club féminin dans lequel
01:23 j'ai vécu des années merveilleuses.
01:25 Quelle fratte !
01:28 16 ans, c'est ça ?
01:30 16 ans, oui.
01:32 Quand je suis arrivée dans ce club à Saint-Mémi,
01:35 j'avais un temps d'avance.
01:37 Je m'entraînais avec des garçons, donc il fallait que je cours aussi vite qu'eux.
01:40 Et puis j'ai continué à travailler,
01:42 donc ça m'a permis de continuer à développer ce potentiel.
01:46 Quand j'arrive en équipe de France, peu importe la rémunération,
01:51 pour moi c'est déjà un privilège d'être convoquée.
01:54 Je suis là, je suis en équipe de France, je reçois des tenues.
01:56 Je me dis "mais c'est l'extase ici".
01:58 Je ne suis pas dans la comparaison homme-femme.
02:01 À ce moment-là, pour moi c'était vraiment la passion, l'exutoire.
02:06 Il y a aussi une découverte d'un potentiel que je ne soupçonnais pas.
02:09 En ayant été la première joueuse à signer un contrat professionnel,
02:19 le fait de partir, j'ai eu une longue réflexion quand même.
02:22 Est-ce que j'ai envie de quitter cette zone de confort
02:24 pour aller me mettre volontairement en concurrence
02:28 contre les meilleures joueuses du monde ?
02:29 Parce que ça a changé de partir aux États-Unis.
02:33 La reconnaissance sportive, la médiatisation,
02:36 j'ai été fortement médiatisée.
02:37 Puis ça m'a permis de donner tort à mon père en lui disant
02:42 que lui qui pensait que je ne ferais jamais rien de ma vie,
02:45 finalement j'étais une joueuse reconnue.
02:47 À partir de là, j'avais gagné un combat.
02:50 On m'a valorisée pour mes compétences.
02:53 Ça a été tout de suite des messages de confiance, d'encouragement, de soutien.
02:57 Parce qu'on veut que je réussisse pour le bien de l'équipe.
03:00 Parce que chacune travaille pour l'autre.
03:03 Et ça, c'est fabuleux.
03:04 Aujourd'hui, les joueuses françaises n'ont toujours pas le statut pro.
03:13 Pourquoi ? Parce qu'elles évoluent dans la ligue amateur.
03:15 On aurait dû capitaliser sur l'organisation de la Coupe du Monde 2019.
03:20 On avait tous ces médias qui étaient là,
03:22 tout cet engouement du public dans les stades.
03:25 On n'a pas eu de proposition derrière à faire.
03:28 J'ai arrêté l'équipe de France en 2006.
03:32 Puis après, j'ai arrêté le club
03:34 parce que les moyens n'avaient pas été redéfinis et augmentés.
03:38 Je ne regrette absolument pas.
03:40 J'ai pris et j'ai donné tout ce qu'on avait à recevoir et à donner au football.
03:44 Il y a eu forcément du progrès parce qu'il y a eu une médiatisation
03:48 avec un diffuseur qui retransmet les matchs.
03:51 Mais là où c'est le plus important,
03:54 c'est les moyens qui sont dédiés au développement du potentiel de la joueuse.
03:58 On a encore certaines lacunes.
03:59 Pouvoir bénéficier de terrains, d'infrastructures adaptées.
04:04 On progresse.
04:04 Il y a des clubs qui aujourd'hui ont une santé financière
04:08 qui permettent de rémunérer leurs joueuses comme si elles étaient professionnelles.
04:13 Mais elles évoluent toujours dans une ligue amateur.
04:15 J'ai un message pour les jeunes filles qui aimeraient se mettre au foot
04:22 ou qui sont dans le foot.
04:24 Ne jamais croire que vous n'y arriverez pas.
04:27 Parce que vous allez entendre "Déménante n'est pas capable",
04:30 "T'es une fille" et blablabla.
04:31 Ça, on oublie.
04:33 Et puis le deuxième, c'est faites-vous confiance.
04:36 Faites-vous confiance.
04:38 Si vous êtes là, si vous avez fait la démarche,
04:40 si vous avez du caractère, faites-vous confiance.
04:42 Prenez toutes les bonnes rondes positives et croquez la vie à pleines dents.
04:46 [SILENCE]

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