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Dans son édito du 11/06/2023, Guillaume Bigot revient sur le besoin de rassemblement après un événement tragique, en particulier après l'attaque d'Annecy.

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Transcription
00:00 Guillaume Bigot, on sent bien que pour les Anéciens,
00:03 ce rassemblement, ce moment de recueillement, il est important.
00:06 Il est important pour les Anéciens, c'est aussi l'unité de toute une nation aussi.
00:11 Oui, exactement. Ce n'est pas seulement les Anéciens.
00:13 D'ailleurs, c'est un...
00:14 Il y avait, comme vous le savez, deux petites victimes,
00:16 une britannique et une néerlandaise, et même au-delà.
00:20 C'est assez normal qu'il y ait ce phénomène de rassemblement,
00:25 parce que je pense que lorsque les êtres humains sont autant affectés, frappés,
00:30 alors ceux qui le sont dans leur chair n'en parlons pas,
00:33 plus on est proche de la tragédie, plus on a des enfants,
00:36 on a des enfants qui fréquentent ce parc.
00:39 On a eu l'occasion d'avoir des parents qui ont amené leurs enfants dès le lendemain,
00:43 voire même dès le jour même.
00:45 Là, il y a l'effet traumatique qui est extrêmement puissant.
00:47 Le souffle de l'émotion est encore plus puissant.
00:50 Donc, plus on est proche de l'événement, plus on a besoin de cette sorte de catharsis
00:54 qui consiste en quoi ?
00:55 Qui consiste d'abord à se rassembler.
00:57 Alors, pourquoi les êtres humains se rassemblent quand il y a des tragédies comme ça ?
01:00 D'abord parce qu'il y a quelque chose de la chaleur humaine,
01:02 on a besoin de se retrouver ensemble pour faire front face à l'adversité,
01:06 face, je dirais, au destin, à la fatalité, à ce qu'il y a de plus cruel.
01:12 C'est vrai face à tout deuil, à la mort, là, ce n'est pas la mort, heureusement,
01:16 mais à l'irruption du mal, du mal absolu.
01:18 Donc, il y a ce phénomène-là, ça existe dans toutes les civilisations humaines,
01:21 dans toutes les sociétés humaines.
01:22 Je crois que c'est profondément anthropologique.
01:24 Ensuite, l'autre raison, c'est de marquer symboliquement un...
01:29 Finalement, qu'est-ce que c'est que ces coups de couteau ?
01:30 Ils ont déchiré la trame du quotidien.
01:35 Ils ont déchiré la trame du quotidien et ils ont ouvert une sorte de brèche,
01:39 quelque chose qui est vraiment comme une sorte de, je dirais, de vertige très angoissant.
01:45 Et il faut quelque chose qui symboliquement referme, d'une certaine façon, cette parenthèse.
01:49 Donc, il y a une intrigue, il y a une sortie.
01:50 C'est pour ça qu'on fait souvent appel à des cérémonies,
01:52 des cérémonies religieuses ou des cérémonies civiques,
01:54 des cérémonies républicaines, dans lesquelles il y a quelque chose,
01:57 il y a une sorte de dimension sacrée.
01:59 Et en général, ce qu'on essaye de faire, c'est effectivement mettre des mots,
02:03 M-O-T-S, sur les mots M-A-U-X.
02:06 Et en fait, le but, c'est de leur donner un sens.
02:08 Et là où je pense qu'il y a justement une sorte de glissement de sens,
02:12 c'est qu'à la fois, c'est très bien de faire ça,
02:14 c'est même indispensable de faire ça,
02:16 mais il ne faut pas que ces mots M-O-T-S soient comme des pansements
02:21 et soient comme des moyens de, j'allais dire, de trop rapidement passer à autre chose.
02:26 C'est vraiment le coup de la séquence émotion qui empêche la raison, le sens.
02:30 Je pense que là, ça a été exprimé aussi, il y a une sorte de colère,
02:33 il y a une incompréhension, il y a une stupéfaction.
02:36 Évidemment, c'est important aussi de dire que peut-être que cet homme,
02:39 s'il avait fait sa demande d'asile en France,
02:41 au vu des moyens d'investigation qui sont ceux des services de l'État,
02:45 peut-être que, d'une mesure où il venait d'un pays en guerre,
02:48 où les chrétiens étaient persécutés, où il se disait chrétien,
02:50 il aurait très bien pu avoir l'asile chez nous, d'une certaine façon.
02:53 Donc peut-être qu'il y avait-il quelque chose d'inévitable là-dedans,
02:56 donc on ne va pas nécessairement apporter toutes les réponses.
02:58 Mais enfin, grosso modo, tout le monde est un peu en colère
03:01 parce qu'on se dit que là, il y avait quelque chose quand même
03:03 qui fait qu'il n'aurait pas dû être là.
03:04 Alors, est-ce qu'il faut mélanger ou pas mélanger ?
03:07 Vous voyez, c'est toute la question.
03:08 Est-ce qu'il faut une sorte de temps de recueillement, d'émotion, d'attente,
03:13 de pur symbolique qui n'ait pas de sens ?
03:15 Je ne crois pas.
03:16 Je pense que le symbolique doit toujours avoir un sens.
03:19 [Musique]
03:22 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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