Chroniqueuse : Julia Vignali
Ce matin, Julia Vignali reçoit Patrick Roussel, ancien chauffeur et garde du corps de Johnny Hallyday. Après des années de silence, il sort un livre « Tout le monde l'appelait Johnny » dans lequel il raconte 17 années de vie au service du chanteur.
Ce matin, Julia Vignali reçoit Patrick Roussel, ancien chauffeur et garde du corps de Johnny Hallyday. Après des années de silence, il sort un livre « Tout le monde l'appelait Johnny » dans lequel il raconte 17 années de vie au service du chanteur.
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00:00 Bonjour Patrick Roussel, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:03 Alors jeudi prochain, le 15 juin, Johnny Hallyday aurait fêté ses 80 ans.
00:08 Pendant les cinq années qui ont suivi sa mort, vous n'avez pas du tout parlé,
00:11 vous avez gardé le silence.
00:12 Mais aujourd'hui, vous sortez ce livre, "Tout le monde l'appelait Johnny".
00:15 Pourquoi jusqu'alors vous n'aviez pas donné du tout d'interview ?
00:19 - Au premier temps, honnêtement, il a fallu que je digère un petit peu
00:25 parce que ça m'a fait de la peine.
00:28 Quand on partage la vie de quelqu'un comme ça pendant des années
00:31 et quand il disparaît, on a du mal.
00:34 Et puis beaucoup de gens ont parlé.
00:37 - Vous dites d'ailleurs que beaucoup de gens ont parlé,
00:38 des gens qui ne l'avaient pas aussi bien connu que vous.
00:41 - Qui n'ont pas partagé autant de choses que moi, ça c'est sûr.
00:44 - Est-ce que justement, vous pouvez nous raconter votre première rencontre avec Johnny ?
00:48 Comment il vous a repéré ? Comment ça s'est fait la rencontre ?
00:50 - La première rencontre, c'était à Guadeloupe où je vivais là-bas, je travaillais là-bas
00:56 et donc mon employeur m'avait désigné comme chauffeur de l'artiste pour son concert à Guadeloupe.
01:01 J'ai fait la Martinique également et ensuite, quand je suis rentré sur Paris deux mois plus tard,
01:07 j'ai été contacté par le responsable sécurité de la production Clavier
01:12 qui m'a dit "va te présenter, il cherche quelqu'un".
01:15 - Et ça s'est fait.
01:16 Et je crois que ce qu'il appréciait beaucoup chez vous en tant que chauffeur, c'était votre climatisation.
01:20 Il adorait la clim.
01:21 - Oui, ça il adorait la clim.
01:22 La première fois, par contre, elle était capricieuse et bon,
01:25 j'ai réussi à la régler juste avant qu'il monte dans la voiture et c'était pas mal.
01:28 Surtout en Guadeloupe où il fait quand même très chaud.
01:30 - Évidemment.
01:31 C'était quoi ? Comment vous décririez la relation que vous avez entretenue avec lui ?
01:35 Je crois que vous l'avez toujours vouvoyé par exemple. Pourquoi ?
01:40 - Parce que c'était mon patron.
01:42 Déjà au début, je me...
01:44 Et puis même après, avec le temps, quand effectivement il y a eu une relation un petit peu plus proche
01:49 et avec beaucoup plus de complicité,
01:51 j'ai conservé le vouvoiement pour...
01:53 C'était une forme de respect aussi.
01:54 C'était mon employeur, mais aussi c'était quand même une star.
01:56 Donc c'était une forme de respect.
01:58 - Tout le monde appelait Johnny, mais vous, vous l'appeliez patron.
02:01 - Oui.
02:02 Au début, je ne m'en voyais pas à l'appeler Johnny.
02:04 Quand on commence à partir, on ne va pas appeler son patron par son prénom.
02:08 Monsieur a l'idée, je trouvais ça très consensuel.
02:12 Et donc le patron est venu comme ça.
02:13 - Ça lui plaisait ?
02:14 - Je ne lui ai jamais posé la question.
02:17 Je ne lui ai jamais posé la question.
02:18 - Ah, c'est vrai ?
02:19 - Ça lui va bien, le patron.
02:21 - En plus, il y en a qui l'appellent le taulier, d'autres le boss, quelque part.
02:24 - Et vous parlez aussi dans le livre de son caractère,
02:28 qui n'était pas toujours évident.
02:30 Il était un petit peu taciturne, Johnny, non ?
02:32 - Oui, au quotidien, ce n'était pas quelqu'un d'extrêmement expressif.
02:38 C'était quelqu'un de timide, en fait.
02:41 Il était timide, il était réservé.
02:43 Et au quotidien, il ne faisait pas grand-chose, en fait.
02:48 À la fin de sa journée, il aimait bien être tranquille.
02:51 Et c'était assez paradoxal.
02:53 Après, il faisait des concerts énormes devant des milliers de personnes.
02:57 Donc c'était quand même un paradoxe pour moi.
02:59 Et là, il allait, il stressait beaucoup quand même.
03:01 - Il avait encore le trac, Johnny, avant de monter sur scène ?
03:03 - Oui, moi, je suis toujours bien avec.
03:04 - Ah oui, c'est vrai ?
03:05 - Oui.
03:06 - Malgré l'expérience, tout ça ?
03:07 - Oui.
03:08 - Alors, ce que vous expliquez dans le livre,
03:09 c'est qu'à la fois, il était hyper exposé, qu'il aimait la solitude.
03:12 Et puis, il y avait aussi les fans que vous avez dû gérer, vous,
03:15 en tant que garde du corps,
03:16 les fans que vous qualifiez d'extrêmes.
03:18 Vous dites que pour certains, cela relevait même de la psychiatrie.
03:21 Vous avez des exemples à nous donner d'hystérie ?
03:24 - Alors, oui, d'hystérie ou des exemples.
03:28 Oui, j'ai eu un exemple sur un film à un moment donné,
03:32 où là, il y avait un personnage qui était…
03:36 apparemment, qui relevait de la psychiatrie.
03:38 Voilà, mais donc, que j'ai dû bloquer.
03:40 Il y en a d'autres qui étaient tout le temps, tout le temps, tout le temps derrière nous
03:45 et qui étaient…
03:46 - Ça lui faisait peur, Johnny, ça ?
03:47 Ces fans un peu extrêmes ?
03:49 - Peur, je ne sais pas.
03:50 Par moments, ça l'agacait, d'être trop présent.
03:53 Il avait besoin, c'est normal, de respirer un peu,
03:56 comme tout un chacun.
03:57 Et c'est pour ça qu'en fait, je pense qu'il se réfugiait un petit peu dans ses maisons
04:00 ou là où il était tranquille.
04:01 - Il était tranquille.
04:02 Alors, vous parlez justement dans le livre de son entourage
04:05 et vous expliquez notamment que sa femme Laetitia
04:07 a progressivement pris le contrôle sur sa vie,
04:10 notamment dans sa relation avec ses enfants, Laura et David.
04:13 Laetitia, ce n'était pas votre tasse de thé ?
04:15 - Pas du tout.
04:16 Pas du tout, je n'ai aucun problème avec Laetitia.
04:19 - Mais vous trouvez quand même qu'elle a un peu, je dirais, fait le ménage, comme on dit ?
04:24 - Elle a fait sa place, elle a dû faire sa place.
04:26 Elle est arrivée, elle était très jeune auprès de lui, qui était déjà une star.
04:29 Elle a fait sa place, tranquillement.
04:31 Et effectivement, il y a des gens qui, je pense,
04:35 je ne sais pas, ils n'étaient pas tout à fait au début,
04:37 mais après, j'ai vu quand même des gens disparaître.
04:40 Probablement qu'il y en avait qui s'étaient justifiés,
04:43 d'autres peut-être un peu moins.
04:44 Et puis bon, voilà, il faut s'affirmer.
04:46 - Elle s'est affirmée, c'est une jeune femme.
04:48 - Elle s'est affirmée et puis voilà, elle a pris sa place de femme.
04:50 - Exactement.
04:51 Vous avez arrêté de travailler avec Johnny en 2016,
04:53 c'est-à-dire un an avant sa mort.
04:55 La rupture, comment vous l'avez vécue ?
04:58 - La rupture s'est faite en deux fois.
05:00 En fait, j'ai eu, moi j'ai démissionné,
05:02 enfin oui, j'ai démissionné en novembre 2011
05:05 et ensuite j'ai continué à faire les tournées 2012-2013 et 2015-2016.
05:10 Et en 2011, ça s'est bien passé.
05:13 Voilà, c'était mon choix, il n'y avait pas de souci.
05:15 En 2016, je l'ai plus mal vécu parce qu'en fait, c'était pas mon choix,
05:18 c'était le choix de mes employeurs de l'époque.
05:20 Donc je travaillais pour la tournée, pour le boss,
05:24 par l'intermédiaire d'une autre société
05:26 et c'est eux qui m'ont fait arrêter.
05:28 Et ça, j'ai moins mal vécu.
05:30 - D'autant plus que vous avez appris, je crois, par votre compagne,
05:33 à la mort de Johnny le 5 décembre 2017.
05:36 Vous n'avez pas été convié à l'enterrement.
05:38 Est-ce que ça, vous en avez voulu à son entourage ?
05:40 Est-ce que ça vous a manqué de ne pas l'accompagner jusqu'au bout ?
05:43 - Oui, au début, oui, mais là c'est fini.
05:45 Ça aussi, c'est pour ça que j'ai pris le temps.
05:48 - D'écrire le film.
05:49 - Voilà, parce que tout de suite derrière,
05:51 j'aurais eu peut-être des mots qui n'étaient pas vraiment gentils,
05:55 que je ne passais pas vraiment.
05:56 Aujourd'hui, c'est passé, j'ai une vie tranquille posée.
05:59 - Vous faites quoi maintenant ?
06:00 Vous défendez quelqu'un ? Parce que je cherche un garde du corps.
06:03 - Non, non, c'est fini, j'ai passé l'âge de tout ça.
06:05 - Quel est le meilleur souvenir que vous gardez avec Johnny ?
06:08 Ou l'image que vous garderiez de lui, vraiment, un moment ?
06:11 - De mes toutes ces années, je dirais que j'en ai trois, en fait.
06:18 Quand on s'est rendu à la Tour Eiffel, le premier, c'était impressionnant.
06:22 Il y a les adoptions déjà de Joy,
06:25 c'était quand même partager l'intimité d'une star comme ça,
06:28 ces moments-là, c'est quand même particulier.
06:30 Et il y a eu le voyage UNICEF avec Laetitia,
06:33 où c'était, franchement, on a vu des choses pas cool.
06:38 - Mais quelle vie, en tout cas, que vous racontez dans ce livre.
06:40 Tout le monde l'appelait Johnny.
06:42 Merci Patrick Roussel d'avoir accepté notre invitation.
06:45 Je rappelle que ce livre est paru chez Mareille Éditions.
06:47 Merci à vous.