Brigitte Pelletier - Directrice technique du Comité départemental de développement maraîcher
L'invité de 8h15
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00:00 Il est temps de recevoir notre prochaine invitée, il s'agit de Brigitte Pelletier, elle est directrice technique du comité départemental de développement maraîcher en Loire-Atlantique.
00:08 Et également, précisons-le aussi, animatrice de l'association régionale d'expérimentation légumière, et c'est de ça dont on parle depuis dimanche.
00:16 L'expérimentation légumière et le saccage par des militants écologistes d'une serre expérimentale sur le site de la maison des maraîchers à Pont-Saint-Martin.
00:25 Bonjour à vous, merci d'être là Madame Pelletier. 48 heures plus tard, dans quel état êtes-vous ?
00:30 Eh bien on essaie de digérer un peu ces actes de vandalisme qui ont été faits dans notre travail, et on essaye de comprendre des choses un peu incompréhensibles.
00:44 Quand vous lisez "que brûle l'agro-industrie sur les bâches" qui ont été tagués, vous vous dites quoi là ? Qu'on se trompe de cible ?
00:51 On se dit qu'on se trompe de cible parce qu'on est vraiment dans une station d'expérimentation où on est en train de chercher des solutions justement pour aller vers du maraîchage durable,
01:00 utiliser moins de sable, moins d'eau, moins de phytosanitaires. On travaille pour l'ensemble des producteurs de l'Ouare Atlantique et au niveau de la rail-palme même de la région Pied-de-la-Loire,
01:10 avec des producteurs de grandes surfaces, mais aussi des petits producteurs diversifiés, des producteurs conventionnels et des producteurs bio.
01:20 Donc c'est vraiment de l'incompréhension totale au niveau de l'ensemble des équipes.
01:24 - Est-ce que vous ne pensez pas que justement c'est parce que vous travaillez aussi avec les gros qui sont vus comme les méchants, en tout cas dans le prisme de ces militants-là,
01:34 que vous avez été attaqués ? Est-ce qu'on peut d'ailleurs travailler à l'amélioration de l'environnement aussi avec les gros ?
01:41 - Alors c'est très certainement parce qu'on travaille aussi avec les gros qu'on a été attaqués, mais oui, je certifie qu'on peut travailler en amélioration de l'environnement
01:49 avec les grands maraîchers, ce sont même ceux qui sont les plus à l'écoute de nos expérimentations, parce qu'ils sont bien conscients qu'il faut que le système change,
02:01 et ils sont très partie prenante dans nos expérimentations, à la fois par du financement de cette expérimentation, et aussi par leur intérêt lors de nos groupes de travail, nos diffusions de résultats.
02:11 - Alors on est là sur des cibles de légumes, on aurait pu imaginer d'ailleurs, on s'en prend à la viande, à la production industrielle, là on parle de légumes,
02:22 c'est aussi un peu bizarre parce que dans l'absolu la nature normalement c'est aussi une manière de nourrir, la terre nourrit les hommes depuis toujours.
02:30 - Oui, et on nous demande de plus en plus de faire de l'autonomie alimentaire, de produire des légumes sains, et voilà, donc...
02:37 - Pour qu'on comprenne bien ce qui a été détruit, c'est des années de travail, c'est des sommes considérables engagées dans l'expérimentation scientifique ?
02:45 - Alors en matière de somme financière, c'est incapable de vous le dire parce qu'on attend l'expertise, c'est certainement plusieurs dizaines de milliers d'euros,
02:55 parce que toute l'irrigation est détruite, toutes les bâches du grand abri sont lacérées, donc tout ça, ça va être à changer,
03:04 et en matière d'expérimentation, nous avions des expérimentations depuis 3-4 ans sur le site,
03:09 il faut absolument qu'on arrive à sauver nos plantes par de l'irrigation très rapidement, avec un moyen de fortune,
03:17 pour pouvoir sauver ce que l'on appelle nos plantes de service, qui nous permettent de moins utiliser d'herbicides, de désherbants et d'insecticides.
03:26 - C'est ça ces longues bandes de plantes qui sont le long des salades, c'est ça justement qui sert à protéger les salades ?
03:32 - Tout à fait, donc ces longues bandes de plantes ont deux objectifs, elles sont mises sous les lignes de poteaux des cerfs,
03:38 elles rentrent en compétition avec les plantes adventistes, donc les mauvaises herbes, et évitent que les mauvaises herbes grainent et aillent infecter par leurs semences nos cultures,
03:48 donc leur premier objectif c'est le désherbage, et sur ces plantes de service on attire des insectes auxiliaires,
03:55 qui peuvent lutter contre des ravageurs des cultures, et en l'occurrence l'expérimentation consistait en le suivi de ces plantes sur la lutte contre les pucerons des salades.
04:05 - D'accord, donc c'était effectivement volontaire qu'elles soient là ces plantes, et voir l'impact qu'elles avaient sur la culture.
04:11 - Complètement.
04:12 - Est-ce que vous vous compareriez au débat sur l'irrigation des cultures, et notamment les bassines à Sainte-Sauline,
04:19 est-ce que vous êtes là, un peu sur le même style de combat selon vous, en tout cas victime du même combat ?
04:26 - Alors on est sans doute pas loin d'être victime du même combat, avec l'agriculture qui consomme de l'eau,
04:33 pour autant pour faire pousser des légumes il faut bien avoir de l'eau, on a aussi d'ailleurs des expérimentations sur des bassins d'irrigation issus...
04:42 - Vous menez aussi des expérimentations ?
04:43 - Oui, on mène aussi des expérimentations sur ces bassins, avec la récupération des eaux de pluie de notre serre,
04:50 et non pas de prélèvements dans le forage, je pense que oui il y a une compétition sur l'eau, et ça fait peut-être partie d'un tout...
04:58 - Mais pour vous là, on va terminer là-dessus, le moral il est atteint, il y a une vingtaine de salariés sur la maison des maraîchers,
05:05 deux jours après vous êtes...
05:07 - Alors je pense qu'hier il y avait effectivement un abattement des équipes, mais on est une équipe motivée, solide et solidaire,
05:14 et on va se relever les manches pour tout remettre en état, et repartir au plus vite, relancer nos expérimentations,
05:20 qui sont vraiment nécessaires pour les maraîchers, pour l'évolution du maraîchage.
05:24 - Merci d'être venue ce matin Brigitte Pelletier, directrice technique du comité départemental de développement maraîcher en Loire-Atlantique.
05:29 - Merci à vous.