Le secteur du jeu s'oppose à l'interdiction de la publicité (Emmanuel Mewissen)

  • l’année dernière
Transcript
00:00 Emmanuel Mewissen, vous êtes le patron de Gaming One, donc c'est la société qui comprend notamment les salles de jeux Circus et deux casinos en tout cas en Belgique
00:08 et bien entendu des sites internet de jeux et de Paris. Bienvenue dans le studio de Sudinfo.
00:14 Merci, bienvenue. Gaming One c'est aussi partie d'Ardor Group, donc de branche à veste et le jeu via Gaming One.
00:22 Nous sommes une société liégeoise et nous avons pour ambition de participer de manière dynamique au redéploiement socio-économique de la Wallonie.
00:33 Voilà qui est dit. Alors avec le secteur des jeux et Paris, donc l'ensemble du secteur dont vous faites partie,
00:39 vous êtes devant debout contre un arrêté royal qui doit prendre effet donc le 1er juillet ici très bientôt et qui vous interdit de faire de la publicité.
00:47 Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit cet arrêté royal, de quoi il s'agit ?
00:51 Je veux d'abord dire que c'est pas uniquement le secteur du jeu qui est devant debout, le secteur des médias est encore plus devant debout
00:57 et donc le secteur du sport également, tous les clubs professionnels.
01:02 En grosso modo, c'est un arrêté qui va nous interdire de faire de la publicité de manière étalée,
01:09 ceci étant il y aura des choses qui seront directes comme le naming qui va disparaître.
01:14 Le naming c'est ?
01:15 Le naming c'est le fait de porter le nom. Nous sommes actuellement sponsors du basket club de Bruxelles,
01:21 qui s'appelle Circus Basket Club Bruxelles. Ça c'est interdit à partir du 1er juillet.
01:26 Donc le club de basket va devoir changer de nom ?
01:29 Va devoir changer de nom, ou ça va s'appeler tout simplement le Bruxelles Basket Club.
01:33 On pourra toujours être le sponsor pendant un certain temps, mais nous ne pourrons plus être dans le nom.
01:40 La même chose pour l'équipe cycliste pro Wallonne qui fait des résultats absolument incroyables,
01:46 je les salue fort d'ailleurs.
01:48 Encore une victoire hier autour de Suisse.
01:50 Exactement, Intermarché Circus Warranty, à partir du 1er juillet, nous ne pourrons plus être dans le nom de cette équipe.
01:57 Donc ça veut dire concrètement ici, le nom Circus devrait disparaître dès le 1er juillet du maillot.
02:04 Donc par exemple autour de France, si vous êtes, oui l'équipe va autour de France, il ne pourrait plus y avoir Circus.
02:09 Dans un premier temps, le nom ne doit pas disparaître du maillot, le nom doit disparaître du nom de l'équipe.
02:15 Comme ça c'est clair, mais concernant la publicité proprement dite,
02:19 l'interdiction en quoi est-ce que ça consiste ? Est-ce qu'on ne verra plus votre nom nulle part par exemple ?
02:25 Comment est-ce que ça va marcher ?
02:27 Alors ça va être progressif, il faut retenir que nous ne pourrons bientôt plus apparaître dans l'espace à partir de 2025
02:35 et que peu à peu la manière dont on apparaîtra sur les maillots d'équipes sportives va diminuer.
02:42 A partir de 2025, le logo pourra faire maximum 75 cm², donc 10 cm sur 7 cm, c'est petit.
02:51 Et à partir de l'année suivante, ce ne sera plus que 50 cm².
02:57 Pour finalement totalement disparaître du sport professionnel au 1er janvier 2028,
03:02 seul le monde amateur pourra continuer à porter ces micro-logos.
03:07 Bon, ça c'est pour le sponsor, par contre il y a plus d'inquiétance, c'est pour la publicité.
03:13 Alors il n'y aura plus de télévision, plus de radio, plus de "out of home",
03:17 donc les panneaux publicitaires dans les rues, donc tout ce qui est médias traditionnels, ça va disparaître.
03:24 Ça va même beaucoup plus loin, puisque même sur nos réseaux sociaux, nos propres réseaux sociaux,
03:29 de nos sites de Paris Sportif, nous ne pourrons plus faire des vidéos par exemple de 5 secondes
03:36 sans renvoi vers notre site.
03:39 Et encore pire, sur notre propre site d'e-commerce, nous ne pourrons plus faire de publicité non plus.
03:46 C'est ça, donc c'est une interdiction mais vraiment totale sur tous les supports en fait,
03:51 que ce soit la télé, la radio, les journaux, vos propres sites comme vous dites,
03:55 donc on ne verra plus votre nom nulle part, si j'entends bien, sauf pour les gens qui jouent déjà chez vous.
04:00 Et même à part plus loin, nous ne pourrons plus non plus envoyer des e-mails promotionnels à nos clients.
04:06 Donc c'est une interdiction dure.
04:08 Une interdiction dure et qui va vous toucher, je suppose.
04:12 Immarquablement, ça va toucher le secteur, évidemment.
04:15 Moi je voudrais quand même rappeler qu'on n'interdit pas la publicité pour dire d'interdire la publicité.
04:22 Ce qu'on veut c'est protéger les joueurs.
04:24 Moi je m'interroge cependant sur la méthode,
04:27 puisqu'aujourd'hui personne ne l'ignore, Internet n'a pas de frontière.
04:32 Aujourd'hui on va juste impacter le secteur légal belge,
04:36 qui lui respecte les lois, qui respecte les interdits de jeu,
04:40 on peut y revenir si vous voulez, mais il y a déjà beaucoup de mesures de protection
04:43 qui sont mises en place par le secteur légal.
04:46 On va impacter uniquement le secteur légal,
04:49 sans toutefois pouvoir contrôler la manière dont les sites illégaux se promotionnent.
04:53 Donc il y a quand même fort à parier que simplement le business va se transférer du secteur légal vers le secteur illégal.
05:01 Et c'est ça qu'on dénonce.
05:03 C'est ça. Mais bon, le secteur illégal, par définition, il est illégal,
05:07 mais comment est-ce qu'il peut encore prospérer en Belgique ?
05:09 C'est ça qu'on ne comprend pas très bien.
05:11 Vous savez, installer un casino sans licence en Belgique, c'est impossible.
05:14 Opérer un casino internet sans licence en Belgique, c'est vraiment excessivement impossible.
05:19 Quand je dis illégal, il y a des sites qui sont tout à fait légaux,
05:22 les sites français par exemple, qui ont pignon sur rue, qui ont une licence en France,
05:26 mais qui n'ont pas de licence en Belgique, ne respectent pas les mêmes règles que les sites belges.
05:33 Et il y a pire, il y a les sites qui eux sont tout à fait pirates,
05:37 les plus connus, et je ne vais pas leur faire de publicité,
05:41 n'ont absolument aucun critère de sélection sur le joueur.
05:45 Si vous êtes un jeune gamin qui réussissait à prendre la carte de crédit d'une connaissance
05:55 et vous allez sur le site, vous allez vous inscrire en 30 secondes
05:58 sur des sites qui n'ont absolument aucun critère non plus en termes de blanchiment d'argent,
06:02 qui sont excessivement agressifs, excessivement performants.
06:04 Ces sites-là ont pignon sur rue, continuent à faire de la publicité.
06:07 - Mais comment se fait-il qu'ils peuvent opérer ? En principe, ils devraient être bloqués.
06:13 - Parce qu'il y a des pays sur cette planète qui acceptent d'avoir des serveurs de jeux,
06:18 et qui au départ de là... - Et donc un joueur belge peut jouer sur ces sites étrangers.
06:22 - Sans aucun problème, et il est absolument impossible de les bloquer.
06:27 Certains essayent, certains y rêvent, mais aujourd'hui vous savez,
06:31 les nouvelles technologies, et notamment ce qu'on appelle le VPN,
06:36 une technologie que tous les jeunes maîtrisent avec beaucoup d'aisance,
06:40 il suffit de projeter votre téléphone, votre ordinateur hors de la Belgique,
06:44 et vous accédez à ces sites, quand bien même, quand bien même,
06:47 ils auraient été bloqués avec une certaine efficacité sur les territoires belges.
06:51 - Donc ça, en fait, c'est votre argument principal, c'est de dire,
06:55 ces sites illégaux de jeux font tout ce qu'ils veulent,
06:58 ils pourront continuer à faire de la publicité.
07:00 Il vaut mieux que ce soit nous qui le fassions,
07:02 parce que chez nous, le jeu est, comment est-ce qu'on peut dire,
07:06 responsable, et balisé en tout cas.
07:09 - Totalement balisé, on respecte déjà toute une liste de personnes
07:13 qui sont interdites de jeu à titre préventif, 200 000,
07:17 on respecte également l'interdiction de tous les gens
07:20 qui sont en médiation d'aide.
07:23 - Donc ceux qui figurent sous la liste des interdits de jeu,
07:26 donc là, d'office, chez vous, ils ne peuvent pas s'inscrire pour jouer.
07:29 C'est impossible de s'inscrire.
07:31 Je rajoute, les gens qui sont en médiation d'aide, mieux que cela,
07:34 on impose également une limite de 200 euros hebdomadaires par joueur,
07:39 qui peut être déplafonné, mais sur demande spéciale,
07:42 et à condition de ne pas être fiché à la centrale des crédits.
07:45 Bref, il y a quand même toute une série de mesures de protection
07:50 qui sont offertes aux joueurs.
07:53 On pourrait faire mieux encore, mais il y a quand même une chose
07:56 qui est certaine, c'est que les sites illégaux, eux, ne font pas ça.
07:59 Et donc moi, je pose la question, si aujourd'hui, le but,
08:02 c'est de mieux protéger les gens, est-ce qu'on va arriver à mieux protéger les gens
08:05 en les empêchant d'accéder aux sites légaux ?
08:07 Moi, je crois que non.

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