• l’année dernière
Décédé ce lundi, Silvio Berlusconi fera l'objet d'un jour de deuil national en Italie. Un hommage pas franchement salué par le pays transalpin qui retient les frasques d'un homme politique loin de faire l'unanimité. Mais avant cette carrière politique, Berlusconi s'était lancé dans une autre aventure : l'AC Milan. Moribond au moment de son rachat au milieu des années 80, Il Cavaliere va en faire une machine de guerre qui va perdurer avec plusieurs coaches emblématiques : Arrigo Sacchi, Fabio Capello ou Carlo Ancelotti.

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Transcription
00:00 reste effectivement la réussite qui est avérée par tous et qui est méritée et qui est liée au football ?
00:09 Absolument, et ça effectivement c'est une réussite qui est assez étourdissante et quand il reprend le club en 86,
00:17 Milan est très mal en point, Sordane qui sont assez difficiles, ils se remettent un petit peu debout avec quelques bons joueurs à ce moment-là,
00:23 mais c'est une véritable révolution qui va arriver dans le foot italien et on ne peut que lui être reconnaissant et gré de faire ce choix absolument incroyable,
00:33 d'aller chercher Arrigo Sacchi qui joue en Coupe d'Italie alors qu'il est entraîneur de Parm et il se dit qu'est-ce que c'est que cette équipe qui joue en Série B à l'époque,
00:43 peut-être même Série C, il faudra vérifier, mais qui résiste à son Milan qui vient d'acheter, qui n'est évidemment pas encore le Grand Milan,
00:51 qui n'est pas encore le Milan qui joue le football qu'il jouera quelques années plus tard, et il dit la façon dont cette équipe joue là,
00:57 qui est en face de nous avec cet entraîneur chauve que personne ne connaît, qui n'est pas un mec du foot, ce n'est pas un joueur Sacchi,
01:02 c'est un bibliothécaire, c'est un intellectuel, il n'a rien à voir avec le... enfin il était entraîneur, mais il n'était pas...
01:08 et il se dit ce gars là je le veux chez moi et non seulement il l'a pris, mais il l'a soutenu et il l'a soutenu contre ces stars au début,
01:16 qui ne voulaient pas de ces méthodes totalement nouvelles et révolutionnaires, il l'a maintenu, parce qu'il voulait,
01:21 et c'est en ça aussi qu'il a été visionnaire, changer l'image du football et en faire quelque chose d'attractif, de spectaculaire,
01:27 il dit je veux m'amuser quand je vais au stade, je veux voir du spectacle.
01:30 Daniel Riello, Florent Gautreau, on parle de Berlusconi, l'ancien président de Milan, assez suivant Berlusconi qui est décédé hier.
01:45 Écoutez un autre extrait, c'était le soir de la fameuse finale gagnée par l'OM face à Milan,
01:49 on a fêté à Marseille les 30 ans de ce match il y a quelques jours.
01:54 Il était sur TF1 après le match avec Jean-Michel Larké, Roger Zabel, l'époque TF1, et écoutez la discussion.
02:03 On n'est jamais préparé à une défaite, mais quand la défaite arrive, il faut avoir vraiment une sérénité.
02:09 Je l'ai, je vous l'assure, je l'ai. Mais je pense qu'à partir de la matche prochaine, on gagnera encore.
02:15 Ce n'est pas tous les jours qu'on a un président vaincu, il va nous rejoindre.
02:18 Zabel, ce que je voudrais, c'est vous donner rendez-vous l'année prochaine, ça sera la meilleure des choses,
02:23 parce que je crois que le Milan dans une Coupe d'Europe des clubs champions, c'est quand même une affiche et ça rehausse cette compétition.
02:29 On a très envie de vous y retrouver.
02:31 Bien, moi je suis sûr d'être là, j'espère que vous aussi.
02:34 Oui, parce que je pense qu'il savait que Marseille n'y serait pas.
02:43 - Bah peut-être. - C'est le soir du match quand même.
02:45 Moi je croyais qu'il disait ça à Roger Zabel.
02:47 Parce qu'il connaissait Zabel de la 5, c'était son employé, il disait "Ah Zabel !"
02:50 Je me suis demandé s'il disait pas "Genre, tu sors de la télé, ça va vite, on te prend, tu jettes..."
02:55 Mais il y a un truc là-dessus sur l'attitude qu'il a eue, parce qu'après, ça ne remet rien en cause sur le portrait qu'on en a fait tout à l'heure, négatif.
03:03 Mais effectivement, sur le côté sportsman et gentleman, je me souviens qu'après cette finale, il avait communiqué de cette façon, savoir après cette défaite.
03:11 Et je me souviens aussi de l'affaire de la panne de courant à Marseille, où il n'était pas présent du tout,
03:16 et où il a reproché, je crois, à Gagliani, l'attitude globale des dirigeants présents sur place, dont Gagliani, de Barési aussi, qui avait été fou furieux.
03:25 Bref, en gros, Tapi avait dit d'ailleurs...
03:28 - Il avait pas ce côté, entre guillemets, je vais employer le mot vraiment encore une fois, entre guillemets, truant de sa vie en général, en politique...
03:37 - Mais je crois que Tapi avait dit ce soir-là, avait dit "si Silvio avait été là, ça ne serait pas passé comme ça".
03:42 Et effectivement, plusieurs suiveurs du club milanais ont dit qu'il avait reproché à ses hommes sur place d'avoir eu cette annulation.
03:49 - Il y avait un management où il était aimé et respecté par les joueurs.
03:53 Si on compare avec aujourd'hui, tout était clair parce qu'il était président, mais pas toujours là.
04:00 Le président opérationnel du quotidien, c'était Gagliani.
04:04 Il y avait directeur sportif Braida pendant des années, tout fonctionnait bien.
04:09 Il l'intervenait rarement et quand il le faisait, ça avait un impact réel.
04:15 Évidemment, l'image un petit peu symbole, c'est l'hélicoptère où les joueurs disaient "si on voyait l'hélicoptère arriver, c'est que c'était chaud".
04:23 En plus, il y avait la mise en scène, pour bien faire comprendre, les gars, vous n'êtes pas en train de parler, vous parlez au vrai boss, c'est moi.
04:29 L'hélicoptère, ils sont tous à Milanello, l'hélicoptère s'oppose, je descends, je viens parler aux joueurs.
04:35 Ça en imposait, de saillir à raconter l'histoire mille fois, tous les Français qui sont passés là-bas et les joueurs en général.
04:42 Il avait un immense respect pour lui.
04:44 En tant que président de club, je pense qu'il a fait de Milan un club stratosphérique.
04:50 Les Coupes d'Europe, c'est avec lui, l'image du Milan, la révolution du foot, Arrigo Sacchi, Van Basten.
04:57 Le Milan, ce qu'on appelle "Il Milan" en Italie, c'est Berlusconi, vraiment.
05:03 Quand il a commencé à construire son équipe, j'ai vu des trucs de fous.
05:07 J'ai vu des trucs dans mon village en Sicile, des gens acheter des abonnements et faire le voyage tous les week-ends pour aller voir Milan.
05:13 C'était des gens qui n'avaient pas beaucoup d'argent.
05:15 Il a créé un engouement de par le jeu que jouait cette équipe.
05:18 Je me souviens des matchs de Milan avec Sacchi où l'équipe adverse ne passait qu'une ou deux fois dans le camp adverse.
05:25 Rossi, le gardien, il lui est arrivé de toucher le ballon une fois pour aller le chercher la balle en six mètres.
05:30 C'était fou. Et il voulait que son équipe soit tout le temps belle, élégante, il vantait une sorte d'élégance du jeu de Milan.
05:39 Et ça a toujours entretenu la jalousie de la Juve et pour ça.
05:42 - J'ai quelques punchlines de qualité dans ce sens-là.
05:44 Par exemple, en 2004, il n'est pas content du style de l'équipe et il dit "Je vais envoyer une lettre.
05:49 À partir de lundi, tout entraîneur milanais sera obligé de jouer avec au moins deux attaquants."
05:53 "C'est pas une demande, c'est une obligation", dit Berlusconi.
05:58 Après, il y a aussi les petits dérapages.
06:00 Après un match de championnat en 2010, il dit "Bon, il y a trois rejoues qui n'ont pas été sifflées.
06:05 Le problème, c'est que Milan se heurte souvent des arbitres de gauche."
06:08 - Ouais, ça, je fais tout, lui, c'est vrai.
06:12 - Dis Berlusconi. - C'est pas les arbitres, c'était les juges dans lesquels il s'en prenait.
06:15 - Aussi. Tout à l'heure, il parlait du départ de Shevchenko dans l'interview, rappelez-vous, partie à Londres.
06:21 Et là, il dit "Ces adieux n'ont pas été voulus par nous, ni provoqués par la volonté du joueur.
06:26 Il devait se soumettre au souhait de sa femme,
06:28 et on sait que les épouses sont souvent des capos à qui on ne peut pas dire non."
06:31 Dit Berlusconi. Sympa.
06:33 - Bon, voilà, c'était... - Il est parti pour des raisons familiales.
06:37 - Il disait ça tout à l'heure.
06:38 - Ah, mais moi, j'ai eu la chance d'aller à Milanello quand c'était...
06:40 - En 2004, il dit encore, il dit "Bon, alors, arrêtez, on parle toujours de Milan de Sacchi, de Zaccheroni, d'Ancelotti,
06:46 mais on parle jamais du Milan de Berlusconi, mais c'est moi qui ai tout fait ici."
06:48 - Mais c'est vrai, ça, pour le coup, c'est vrai.
06:51 Moi, j'ai eu la chance de rencontrer Sacchi, et quand il en parlait,
06:55 il ne parlait pas de l'homme politique, il parlait du gars qui lui avait fait confiance,
06:59 qui avait une certaine idée du football, de ce qu'il voulait faire.
07:01 C'était intéressant. Et aller à Milanello,
07:04 quand tu rentres dans le centre d'entraînement de Milan à l'époque,
07:07 tu sentais qu'il y avait quelque chose.
07:09 Il y avait un souffle, il y avait un respect de tout le monde, c'était beau, classe...
07:13 - Ce que je trouve intéressant... - Le café était bon, t'étais bien reçu...
07:16 C'était fantastique, quoi.
07:17 - Ce que je trouve intéressant par rapport à ce que tu as dit dès le départ,
07:20 et un petit peu quand même pour faire écho à ce qui s'est passé avec le PSG,
07:23 ce qu'on a pu imaginer par moments, sur le choix des entraîneurs.
07:27 Le fait de prendre Sacchi n'est pas une évidence, tu sais, à l'époque.
07:29 - Ça, surtout pas.
07:30 - C'est parce que t'imagines bien que quelqu'un,
07:33 entre guillemets les fameux "nouveaux riches" qui arrivent dans le foot, comme c'était son cas,
07:36 pouvaient aller chercher l'entraîneur le plus connu du moment,
07:39 et ça n'a pas été le cas. Moi, ça me fascine toujours.
07:41 Et d'ailleurs, même au départ, quand, je vais te le redire, en 2018,
07:43 les Qataristes ont allé chercher Tourel, par exemple, je m'étais dit,
07:46 "Tiens, c'est intéressant."
07:47 C'est intéressant parce que tu te dis...
07:49 Quelqu'un a expliqué que ce gars-là avait un potentiel, qu'il avait quelque chose...
07:53 Ça m'intéresse de voir que les gars ne plongent pas directement sur Klopp, par exemple,
07:57 ce qui serait une très bonne idée malgré tout, ou sur d'autres.
07:59 C'est vrai que c'est fort parce que finalement, ce qui reste...
08:02 - C'est fort parce que tu le prends et tu le soutiens !
08:05 - Et tu le donnes.
08:06 - Tu le soutiens contre tes stars.
08:08 Parce qu'au début, ça a été très dur, les premiers mois de Sacchi.
08:10 Ça a été compliqué.
08:12 Et lui, il a dit, "Ce sera avec lui qu'on va continuer."
08:14 Donc...
08:16 - On se souvient, moi, si je me souviens d'un truc,
08:19 c'est 89-90.
08:21 C'est ça, je fais pas d'erreur.
08:22 - Ils gagnent la Ligue des Champions en 89 et en 90.
08:25 - Voilà, et donc, si moi, tu me demandais deux équipes,
08:27 alors même que derrière, il y a eu d'autres choses,
08:29 je te dirais ça parce que c'est une telle révolution et c'est tellement fort
08:33 que je te dirais, "Bah oui, Berlusconi, s'il a fait ça avec Sacchi, un entraîneur qui en plus venait d'ailleurs..."
08:37 - Ils doivent perdre...
08:39 Entre le moment où ils perdent contre l'OM, donc en 91, en quart de finale,
08:44 et leur défaite avant en Coupe d'Europe...
08:47 Je sais pas s'il faut pas remonter à 88 ou 87.
08:50 Ils font quasiment deux ans et quelques et demi sans perdre un seul match.
08:54 - Et alors, dernier déclat, en 96, là, il construit une équipe
08:58 et il dit, "Nous avons obligation de produire un spectacle et on a des devoirs
09:03 parce que finalement, on est le truc italien le plus connu dans le monde,
09:06 après la mafia et la pizza."
09:08 - Ils connaissaient à peu près...
09:11 - Ils aimaient ça aussi bien.
09:12 - Après, il n'y a pas que l'époque Sacchi, Berlusconi,
09:15 il y a Ancelotti, avec Capello, quand ils gagnent le 4-0 contre le Barça,
09:20 c'est une ligue des champions extraordinaires, gagnée cette année-là.
09:22 Ils sont en finale, encore en 95.
09:25 Les passages à vide, ils sont pas nombreux, nombreux.
09:29 Le retour de Sacchi, en revanche, se passe mal.
09:31 Ils refont des belles années entre 2001 et 2007,
09:37 quand ils gagnent encore en 2007, en 2003.
09:39 Ils sont là tout le temps.
09:41 En 2004, ils sont en demi.
09:44 En 2005, ils perdent la fameuse finale.
09:46 Chaque année, Milan est là.
09:48 [SILENCE]

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