Fanny Nusbaum : "Aujourd’hui, on se complait dans une pensée victimaire ! Celle du : je suis quelqu’un de bien quand je suis vulnérable…"

  • l’année dernière
Avec Fanny Nusbaum, docteur en psychologie, et chercheur associé en psychologie et neurosciences à l'université de Lyon et autrice de “L'art de l'excellence: En finir avec la dictature des humanistes” aux éditions Alizio .

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##LE_FACE_A_FACE-2023-06-14##
Transcript
00:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états, le face à face.
00:05 Le face à face d'André Bercoff avec Fanny Nussbaum, docteur en psychologie pour son livre
00:11 "L'art de l'excellence, en finir avec la dictature des humanistes" aux éditions Alizio.
00:15 Bonjour Fanny Nussbaum.
00:16 Bonjour Léa Sien.
00:17 Alors Fanny Nussbaum, c'est vrai que j'ai reçu "L'art de l'excellence, en finir" c'est sur tout ça,
00:24 avec la dictature des humanistes.
00:27 Et vous alors, c'est pas les 10 commandements, vous êtes beaucoup plus ambitieuse que ça.
00:31 Vous c'est 40 commandements pour agir avec grandeur.
00:35 Mais alors ce qui m'intéresse, et puis je rappelle quand même, vous êtes docteur en psychologie
00:39 et vous êtes chercheur en neurosciences, vous avez écrit les philocognitifs,
00:44 vous avez beaucoup parlé à l'époque, le secret des performants.
00:47 Et alors ça je n'ai pas vu votre conférence spectacle, les secrets de l'intelligence et de la performance,
00:52 mais ça doit être tout à fait intéressant parce que
00:55 ce qui est très bien dans votre livre et qui est vraiment très encourageant et qui va à l'encontre des idées reçues,
01:01 c'est que vous ne parlez pas de l'égalité par le bas, vous ne parlez pas d'arraser tout le monde,
01:08 d'être dans les mêmes... Non, vous parlez l'intelligence, l'ambition, se détacher, foncer, l'effort, etc.
01:16 Mais dites-moi, vous êtes dangereusement rétrograde.
01:19 - Oui, c'est vrai qu'on me le dit souvent, que je suis dangereuse et rétrograde,
01:25 et ça me fait très plaisir quand on me dit ça.
01:28 - Alors c'est quoi ? En fait, je voudrais que vous expliquiez, c'est un livre vraiment que je recommande,
01:33 parce que c'est un livre, justement, vous dites voilà, vous savez, devenir l'arve des chorégraphes de Lyon,
01:41 alors voilà, nous on est sécurité, paix et bonheur.
01:44 En fait, c'est vrai que toute, aujourd'hui, depuis en tout cas 40 ans ou des décennies,
01:49 on nous apprend surtout à rester dans le landau.
01:51 Voilà, votre biberon, on va vous le donner, mais vous vous occupez de rien.
01:56 C'est un peu ça, contre ça que vous vous mobilisez.
02:00 - Oui, c'est ça, tout à fait, c'est contre ça et contre l'idée de l'intelligence du raisonnement.
02:07 Disons, cette idée que l'on est quelqu'un de bien, que quand on pense, quand on réfléchit,
02:16 et pas quand on agit, quand on est dans son instinct.
02:20 - Il faut quand même penser et réfléchir.
02:22 - Il faut penser et réfléchir, mais pas quand on doit agir et y aller.
02:28 Or, aujourd'hui, on se complaît dans la pensée, et surtout on se complaît dans une pensée victimaire,
02:33 dans une pensée qui est celle de "je suis quelqu'un de bien quand je suis vulnérable",
02:39 et on réfléchit surtout à comment c'est bien d'être vulnérable.
02:43 - La concurrence victimaire, l'ambition victimaire.
02:47 - C'est ça.
02:47 - Mais, à votre avis, ça vient d'où ?
02:49 Ça vient d'où, cette espèce de doxa ?
02:53 - Mon analyse, mon observation, c'est que...
02:58 Mon observation, mon analyse vraiment, c'est que ça vient de Jésus.
03:02 Je crois qu'en fait, on a avec Jésus, pour la première fois,
03:07 alors je ne parle pas de religion, je parle seulement de l'aspect historique et de ce que nous apporte Jésus.
03:13 En fait, Jésus nous apporte cette idée qu'on est quelqu'un de bien quand on est vulnérable,
03:19 quand on est pauvre, quand on est quelqu'un du bas.
03:24 Et avec Jésus, on apprend pour la première fois à en être fier,
03:29 à être vraiment fier de faire partie des humbles.
03:32 Et je crois qu'aujourd'hui, on est au paroxysme de ça.
03:36 C'est devenu vraiment une forme de snobisme, de faire partie des humbles,
03:40 d'être dans cette idée de fragilité vraiment affirmée.
03:47 - Oui, alors justement, corrigez-moi si je me trompe,
03:50 mais il y a beaucoup de gens extrêmement ou ultra riches et tout ça
03:55 qui adoptent des postures d'humilité.
03:56 C'est une posture.
03:57 - Exactement. Je ne crois pas dans l'humilité comme aujourd'hui,
04:01 comme étant quelque chose de vrai, d'authentique.
04:03 L'humilité d'aujourd'hui, c'est de dire "mais non, j'ai pas fait grand-chose".
04:08 L'humilité d'autrefois, je sais pas à quoi on pourrait dire autrefois,
04:11 mais en tout cas, l'humilité, c'est aller vers son humus.
04:14 L'humilité d'autrefois, ou celle en tout cas dont je me revendique,
04:17 c'est "j'ai pas fait grand-chose par rapport à ce que je pourrais faire".
04:20 Parce que, en tant que moi-même, je pourrais faire encore mieux que ça,
04:24 et je vais travailler à vous le montrer.
04:26 - D'accord. Mais on va en parler tout de suite après cette petite pause,
04:31 parce qu'effectivement, où doit se situer le curseur ?
04:34 Le curseur intellectuel, mental, moral ?
04:37 On en parle tout de suite.
04:38 - Et vous le savez, chers auditeurs, vous avez la parole sur Sud Radio,
04:41 dans le face-à-face d'André Bercoff, au 0826 300 300,
04:45 pour interpeller Fanny Husbaum et son livre "L'art de l'excellence",
04:48 en finir avec "La dictature des humanistes", 0826 300 300.
04:52 A tout de suite sur Sud Radio.
04:55 - Ici Sud Radio.
04:57 Les Français parlent au français.
05:02 Je n'aime pas la blanquette de veau.
05:05 Je n'aime pas la blanquette de veau.
05:08 - Sud Radio Bercoff, dans tous ses états.
05:11 - "L'art de l'excellence", en finir avec "La dictature des humanistes",
05:16 docteur Fanny Husbaum.
05:19 Et effectivement, vous êtes bien placée pour en parler,
05:22 en étant chercheur en neurosciences, en étant docteur en psychologie,
05:26 mais surtout, pendant la pause, et hors micro,
05:32 vous m'avez dit "à mon avis, ça vient du fait que la masculinité,
05:38 ce qu'on appelle la masculinité, a complètement rendu les armes,
05:41 en tout cas, tout se passe comme si elle devait rendre les armes,
05:45 et c'était le triomphe de tout le reste."
05:47 - Oui, en fait, je crois qu'on a perdu le masculin.
05:50 Mais même nous, les femmes, je crois qu'on est dans une ère du féminin,
05:54 où tous les codes d'aujourd'hui sont des codes féminins.
05:58 - Par exemple, quand vous dites "on a perdu le masculin",
06:01 c'est quoi le masculin, à ce moment-là ?
06:03 - Le masculin, tout ce qui représente le masculin,
06:06 c'est d'abord l'action, l'instinct, le courage dont vous parliez,
06:11 c'est le fait de prendre les armes,
06:16 d'être quelqu'un qui est à l'initiative de beaucoup de choses,
06:21 qui n'a pas peur, et qui...
06:23 Alors là, je pense qu'on va hurler en disant que les femmes n'ont pas peur non plus,
06:27 mais le féminin...
06:28 - Oui, je vais vous dire "mais là, elles prennent les armes,
06:30 elles sont soldats, elles font des tas de choses..."
06:32 - C'est ça, mais ce qui est aujourd'hui vraiment très à la mode,
06:36 très tendance, c'est une communication féminine,
06:39 ou de l'ordre du féminin, chez les hommes comme chez les femmes.
06:42 On est quelqu'un de bien quand on ne crie pas,
06:44 on est quelqu'un de bien, un homme bien, c'est un homme hypersensible,
06:47 c'est pas quelqu'un qui tape du poing sur la table, ça c'était autrefois.
06:51 À l'école, ce sont les garçons, je crois qu'il y a vraiment une grosse injustice
06:58 par rapport aux garçons à l'école, parce que les garçons,
07:01 ce sont eux qui ont le plus d'heures de colle, le plus de punition en général,
07:06 pourquoi ? Parce qu'ils se comportent comme des garçons,
07:08 et ils arrivent chez moi dans mon cabinet...
07:10 - Parce qu'ils font du bruit, etc.
07:12 - Oui, et on va parler de troubles du comportement très rapidement.
07:16 - Et ils arrivent chez vous, alors vous dites, pour les calmer ?
07:21 - Oui, c'est ça, parce qu'ils ne sont pas sages, ils ne sont pas académiques,
07:27 et on sait pourtant, il y a plein de statistiques qui nous disent
07:31 que ce ne sont pas les premiers de classe qui performent plus tard.
07:37 Ceux qui performent davantage, ce sont souvent beaucoup plus des hommes,
07:41 on le sait, on s'en plaint suffisamment.
07:43 - Un peu les rebelles, on peut dire les non-conformistes...
07:45 - Ceux qui ne sont pas académiques, qui réussissent davantage,
07:49 ceux qui arrivent à trouver le système D, donc c'est un comportement
07:52 beaucoup plus agressif par rapport à la vie.
07:56 Mais ce comportement-là, aujourd'hui, il doit être tu.
07:59 Et moi, en tant que psy, souvent quand je mets en avant
08:03 ce comportement instinctif animal d'être, et je parle de l'intelligence
08:07 comme étant un état, comme étant un état qu'on doit trouver,
08:10 cet état où on doit être corps à corps avec la vie, avec l'environnement,
08:14 être plein d'audace, de courage, et on me dit "mais en tant que psy,
08:17 tu ne peux pas dire ça, ce n'est pas possible".
08:19 Et les commentaires sur les réseaux sociaux, il y en a plein qui sont soulagés,
08:23 contents d'entendre ça, surtout de la part d'une psy,
08:26 mais il y a plein de commentaires qui me disent "mais vous êtes dangereuse",
08:29 "mais vous voulez la loi de la jungle"...
08:33 - Et cette espèce de culture, justement, attention,
08:38 en fait, c'est un peu la culture d'un non-violence, c'est un peu ça.
08:42 Alors on cite Gandhi, compagnie, Gandhi était admirable,
08:45 mais enfin la non-violence, justement, qu'est-ce que ça veut dire ?
08:48 Je voudrais que vous commentiez ceci, on en a parlé il y a une demi-heure,
08:52 et vraiment votre livre est fourmi d'exemples, mais celui-là,
08:55 il s'est passé il y a trois jours, vous savez quand il y a eu,
08:58 ce qui a eu terrifiant, ce témis, on ne sait rien,
09:02 ce qui a poignardé des enfants à Annecy,
09:05 et puis pas seulement des enfants, etc.,
09:07 il y a eu un rassemblement citoyen sur les bords de l'Annecy,
09:10 et il y avait cette image surréaliste d'une femme chantant
09:14 "parlez-moi d'amour, redites-moi des choses tendres,
09:17 votre beau discours, mon cœur n'est pas là de l'entendre".
09:20 C'était ça la réponse à ce qui s'était passé,
09:24 mais c'est quoi, ça traduit quoi, "Saphanie Nussbaum" ?
09:27 - Ça traduit, à mon sens, une immense hypocrisie,
09:30 en fait, on est tellement dans cette idée que quelqu'un de bien,
09:35 c'est quelqu'un qui ne fait pas la guerre,
09:37 que tous les comportements belliqueux qu'on devrait utiliser,
09:43 on parle beaucoup de la bienveillance par exemple,
09:45 il faut être bienveillant, en fait, non, il ne faut pas être bienveillant,
09:49 il ne faut pas non plus être malveillant.
09:51 - Il faut être bienveillant avec les bienveillants,
09:52 et peut-être pas avec les malveillants.
09:54 - Exactement, il faut être bienveillant avec ceux
09:56 à qui on veut vraiment du bien, et puis malveillant
10:00 quand on doit se défendre, quand on doit lutter,
10:04 pourtant lutter et se défendre, comme dirait Kipling.
10:07 Voilà, il faut être juste avec ce qu'on a,
10:11 et souvent je dis, être pour la paix en général,
10:15 c'est complètement stupide, il faut être pour la paix quand c'est...
10:20 Et c'est comme de dire, en fait,
10:22 je ne vais utiliser la communication non-violente,
10:24 c'est comme de dire, je ne vais utiliser que ma petite cuillère
10:27 pour tous les repas, quoi que j'ai dans mon assiette,
10:30 si je dois piquer dans de la viande,
10:32 et bien non, je vais utiliser ma petite cuillère,
10:34 parce que c'est bien.
10:35 De parler de communication non-violente,
10:37 de mettre en avant les soft skills, la communication non-violente,
10:40 tout ce qui pour moi est très bien,
10:42 c'est très bien d'être doué sur le plan émotionnel,
10:45 et de communiquer de la meilleure façon qui soit,
10:48 mais la communication non-violente systématique,
10:51 finalement, je crois qu'il n'y a rien de plus violent.
10:54 En fait, parce qu'on sent, quand vous appelez quelqu'un
10:57 dans un standard téléphonique, que vous avez un problème,
11:00 qu'il n'arrive pas à vous résoudre votre problème,
11:02 et que vous montez en régime,
11:03 et que vous avez la personne en face de vous
11:05 qui utilise ces trucs de communication non-violente,
11:08 en vous disant, j'entends bien, madame, ce que vous dites,
11:11 je suis vraiment désolée pour vous.
11:13 Et moi j'ai envie de dire, mais tu n'es pas désolée,
11:15 je le sens que tu n'es pas désolée,
11:16 ne me dis pas que tu es désolée,
11:18 parce qu'on n'a complètement rien à faire de ce que je te raconte,
11:21 et que ce n'est pas ton problème.
11:23 Donc ne me dis pas ça, si ça n'est pas congruent
11:25 avec ce que tu ressens.
11:26 Et en fait, je crois que ça nous fait violence,
11:28 on n'en peut plus de changer les hommes
11:31 avec des géraniums, ou parler moins d'amour,
11:34 en fait, on n'en peut plus, parce qu'on sent l'hypocrisie,
11:37 on sent qu'il y a un besoin,
11:39 Nietzsche parle de volonté de puissance,
11:41 on a tous cette volonté de puissance,
11:43 cette volonté d'être quelqu'un d'important,
11:45 d'être vu, d'être reconnu, bien sûr,
11:49 et de montrer le meilleur de soi-même,
11:51 et on nous dit, non, surtout,
11:53 ne montre pas le meilleur de toi-même,
11:55 et je vais te répondre par des petites fleurs,
11:57 et il y a quelque chose de violent en ça,
12:00 où on va se planquer derrière de la guimauve.
12:05 - Oui, mais alors justement, Fanny Nussbaum,
12:07 que répondez-vous à ce qu'ils vous disent,
12:09 attendez, oui, très bien, mais,
12:11 quand on voit le paysage mondial,
12:14 la guerre, pas très loin,
12:16 en Europe de l'Est actuellement,
12:18 sans parler de tout ce qu'il y a eu,
12:20 l'Irak, la Libye, etc.,
12:22 quand on voit les problèmes d'identité,
12:24 les problèmes d'ethnie,
12:26 les problèmes intégristes,
12:28 les partitions, même, on parle de la France,
12:30 et on dit l'archipel français,
12:32 la partition, le grand remplacement, etc.,
12:36 donc on est quand même dans des situations conflictuelles,
12:40 féroces, auxquelles vous dites,
12:42 attention, là-dessus, soyez bienveillants,
12:44 et laissez passer.
12:46 C'est ça, un peu ?
12:47 - Mais oui, c'est tout à fait ça, en fait,
12:49 et plus on laisse passer,
12:51 vous l'avez très bien dit tout à l'heure,
12:53 plus on est laxiste,
12:55 et plus on laisse passer,
12:57 comme dans l'éducation avec un enfant,
12:59 et plus on donne de terrain
13:01 pour se prendre de la violence soi-même.
13:04 Donc, comme avec un enfant,
13:06 on fait, quand on est un parent,
13:10 c'est pas agréable,
13:12 mais on dit non,
13:14 enfin, là, j'enfonce des portes ouvertes,
13:16 mais on dit non, on dit, ah non,
13:18 moi, tu me parles pas comme ça,
13:20 c'est pas possible, etc.,
13:22 mais aujourd'hui, on ne veut pas faire ça
13:24 au nom de faire du bien à l'enfant,
13:26 ne pas lui faire violence,
13:28 et à nos enfants, nos enfants de la République,
13:30 on leur dit en permanence,
13:32 c'est pas bien ce que tu as fait,
13:34 oh là là, c'est pas bien,
13:36 tu vois, moi, je vais juste te montrer l'exemple
13:38 et tu es vraiment très bon, très gentil, etc.,
13:40 et en montrant l'exemple,
13:42 on ne donne qu'envie
13:44 d'aller plus loin
13:46 dans cette escalade de violence.
13:48 - Et c'est très intéressant, parce qu'au fond,
13:50 l'impression que votre livre,
13:52 et on parlera aussi de la vie quotidienne,
13:54 puisque vous donnez des conseils de vie quotidienne,
13:56 mais l'impression que c'est un miroir tendu,
13:58 mais plutôt vers l'Occident
14:00 que le reste du monde,
14:02 parce que le reste du monde,
14:04 on n'a pas l'impression que c'est la même chose.
14:06 - Je pense, pour dire du bien de nous,
14:08 que nous sommes,
14:10 nous, Français,
14:12 et le bassin méditerranéen plus largement,
14:14 nous sommes,
14:16 à mon sens, la plus grande
14:18 puissance philosophique
14:20 qui ait jamais existé.
14:22 Nous avons cette force-là.
14:24 Or,
14:26 nous l'utilisons très mal.
14:28 En fait, je crois que ce sont,
14:30 la plupart du temps, ce sont nos idées
14:32 qui vont à l'étranger.
14:34 Les États-Unis, comment ça va ?
14:36 Alors, bien sûr, le wokisme, on dit que ça vient des États-Unis,
14:38 mais je crois que ça vient des États-Unis
14:40 par nous, que c'est nous, d'abord,
14:42 qui avons insufflé cette idée
14:44 d'être bon avec tout le monde,
14:46 d'être la communication non-violente,
14:48 etc. Et en fait,
14:50 nous donnons les
14:52 mauvais signaux,
14:54 en fait, nous transmettons une philosophie
14:56 malade, alors que
14:58 c'est nous qui avons le grand pouvoir philosophique.
15:00 Et le monde nous écoute,
15:02 le monde nous regarde, et je crois qu'on peut
15:04 en faire autre chose de cette philosophie extraordinaire.
15:06 - Oui, et en fait, c'est une autre chose, et ils nous regardent
15:08 de moins en moins, parce que, justement,
15:10 peut-être, on transmet ça. - Oui, tout à fait.
15:12 - Il y a beaucoup de choses à dire sur la dédolarisation
15:14 et la partition du monde.
15:16 On en parle tout de suite après cette petite pause,
15:18 et ensuite avec les auditeurs de Sud Radio.
15:20 - Restez bien avec nous, on se retrouve
15:22 tout de suite avec Fanny Nussbaum pour son livre
15:24 "L'art de l'excellence", en finir avec
15:26 "La dictature des humanistes", et vous avez la parole
15:28 au 0 826 300 300
15:30 pour participer à l'émission.
15:32 0 826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
15:34 - Ici Sud Radio.
15:36 Les Français parlent au français.
15:38 Les carottes sont cuites.
15:40 Les carottes sont cuites.
15:42 - Sud Radio Bercov,
15:44 dans tous ses états.
15:46 - Et le docteur Fanny Nussbaum
15:48 parle à nos neurones, et c'est pas triste,
15:50 effectivement, "L'art de l'excellence",
15:52 en finir avec "La dictature des humanistes".
15:54 Mais dites-moi, Fanny Nussbaum,
15:56 en vous lisant, je dis, bon, c'est très passionnant,
15:58 et c'est vrai que vous allez à contre-courant
16:00 avec cette petite phrase-là,
16:02 et c'est vrai que vous allez à contre-courant,
16:04 et c'est très bien d'aller, en l'occurrence,
16:06 à contre-courant, mais est-ce que
16:08 vous ne parlez pas surtout pour les gens qui sont
16:10 quand même, soit des génies,
16:12 soit des gens exceptionnels, et tout ça,
16:14 est-ce qu'il est donné à tout le monde
16:16 d'être exceptionnel ? Parce que
16:18 vous citez, évidemment, vous citez Dali,
16:20 vous citez Rimbaud, vous citez Cioran,
16:22 enfin, encore que Cioran, de l'inconvénient
16:24 d'être né, c'est autre chose, enfin,
16:26 vous citez Nich, bien sûr,
16:28 mais au fond, on a envie de vous dire
16:30 quelque part, oui, mais écoutez,
16:32 est-ce que c'est une morale,
16:34 alors vous prêchez une morale de la minorité,
16:36 est-ce que la majorité
16:38 peut être touchée par ça ?
16:40 Vous vous dites non absolument,
16:42 beaucoup de gens peuvent être touchés par ça,
16:44 c'est ça que vous transmettez, en tout cas.
16:46 - Oui, je crois que tout le monde
16:48 ne peut pas être exceptionnel, vous avez raison,
16:50 c'est évident, en revanche,
16:52 tout le monde peut,
16:54 et même, à mon sens, a le devoir
16:56 d'extraire le meilleur
16:58 de ce qu'il a
17:00 dans les tripes, je crois
17:02 qu'on a tous une capacité
17:04 - Et vous pensez qu'on les empêche d'extraire
17:06 le meilleur de ce qu'ils ont ?
17:08 - Oui, je crois que ce
17:10 contexte, cet environnement,
17:12 cet écosystème, comme on dit aujourd'hui,
17:14 qui est dans
17:16 cette bienveillance
17:18 forcée, humanisme forcé,
17:20 etc., force les gens à
17:22 s'auto-censurer, et les
17:24 force à ne jamais vouloir montrer
17:26 qu'ils veulent être les plus
17:28 grands, les plus beaux, les plus forts.
17:30 Donc, on ne peut pas, aujourd'hui,
17:32 mettre en avant ce que j'appelle
17:34 l'état d'intelligence, ou se mettre en état
17:36 d'intelligence ou de performance, ça n'est
17:38 plus possible pour l'immense majorité
17:40 d'entre nous, sauf
17:42 ceux qui vont être
17:44 un peu hors norme,
17:46 enfin, qui vont accepter...
17:48 - Il y en a, tous les jours, il y a des gens qui sortent
17:50 effectivement du lot,
17:52 comme on dit. - C'est ça, mais
17:54 je me souviens, et j'en ai parlé
17:56 dans le livre, d'une conversation que j'avais
17:58 eue avec un groupe de personnes, où la
18:00 question, c'était
18:02 "Est-ce qu'il faut être torturé
18:04 pour être un artiste ?"
18:06 Et je m'étais
18:08 laissée aller à citer Léonard de Vinci
18:10 et Picasso, qui n'étaient pas, à mon sens,
18:12 particulièrement torturés, et qui étaient
18:14 des artistes à peu près corrects.
18:16 Et là, qu'est-ce que j'avais pas dit
18:18 en citant Picasso ?
18:20 Parce que Picasso était un goujat
18:22 prétentieux, qui...
18:24 - Misogyne. - Misogyne,
18:26 etc.
18:28 Et voilà, donc, aujourd'hui,
18:30 en fait, on peut
18:32 admirer des gens quand ils sont exceptionnels,
18:34 mais seulement s'ils sont exceptionnels
18:36 et gentils.
18:38 Et donc, c'est comme ça qu'on va revoir
18:40 l'histoire, en disant "Tel auteur,
18:42 tel artiste..."
18:44 - On le voit tous les jours. - On le voit tous les jours.
18:46 On lui demande d'être exceptionnel,
18:48 et on l'adoube parce qu'il est
18:50 très exceptionnel, puis après on va fouiller
18:52 dans ses placards et on dit "Ah mais non,
18:54 c'était pas un gentil..." - Oui, c'est toute l'histoire
18:56 de... Attendez, de Léon de Lavinci
18:58 à J.K. Rowling, même, je vais dire,
19:00 pour parler de Harry Potter.
19:02 C'est-à-dire, elle dit qu'il y a un homme,
19:04 un homme, une femme et une femme, elle est absolument
19:06 boycottée, y compris sur les 20 ans de Harry Potter.
19:08 - C'est incroyable,
19:10 incroyable, alors que cette femme
19:12 apporte quelque chose au monde conséquent.
19:14 Elle fait rêver des gens, enfin,
19:16 voilà, elle a porté
19:18 sa pierre à l'édifice, comme on dirait.
19:20 Elle a contribué à la
19:22 grandeur de l'humain, et pour moi,
19:24 j'ai beaucoup plus d'estime pour des gens
19:26 qui contribuent à la grandeur de l'humain,
19:28 et je m'en fiche de ce qu'ils pensent,
19:30 et je dis, parmi les commandements
19:32 de ce livre, je dis
19:34 "Ayez des amis racistes",
19:36 parce que, en fait...
19:38 - Comment, des amis racistes ?
19:40 - Mais comment donc ? - Mais vous êtes racistes, alors !
19:42 - Eh bien non !
19:44 Et c'est ça, et en fait je n'aurais même pas à répondre
19:46 à cette question, je n'aurais même pas
19:48 à devoir me justifier sur le fait
19:50 que je sois raciste ou non, il se trouve que
19:52 je ne le suis pas, et que ça fait du bien
19:54 de le dire quand même, mais
19:56 je pense que
19:58 quand on
20:00 choisit ses amis en fonction
20:02 du type de pensée
20:04 qu'ils ont, alors
20:06 on ne peut pas, on nous rebat les oreilles
20:08 avec cette idée d'acceptation de la différence,
20:10 alors il y a des...
20:12 dans les entreprises, il y a des gens qui sont spécialisés
20:14 dans la diversité, accueillir la diversité,
20:16 etc. - En fait, c'est la fausse diversité !
20:18 - Mais oui ! Et quand il y a quelqu'un qui est différent
20:20 de soi, et qui dit, en général, ce ne sont pas
20:22 toujours des abrutis, il y a des abrutis
20:24 parmi les racistes, mais il y a aussi des abrutis parmi
20:26 les non-racistes, mais quand
20:28 vous pouvez avoir en face de vous quelqu'un
20:30 qui est raciste, et qui
20:32 va vous dire "Pour telle et telle raison,
20:34 parce que je pense que tel peuple
20:36 nous fait du mal pour telle et telle raison", tant que
20:38 c'est cohérent, vous pouvez être d'accord ou pas d'accord,
20:40 je ne vois pas pourquoi
20:42 cette personne-là ne serait pas mon amie.
20:44 Et je me fiche de son
20:46 casier de judiciaire, quand
20:48 j'ai envie d'avoir un ami,
20:50 j'ai envie d'avoir quelqu'un qui soit
20:52 intéressant, qui soit exceptionnel,
20:54 et le reste, c'est la justice qui s'en occupe,
20:56 ce n'est pas mon problème à moi ! - Oui, il y a des lois
20:58 pour ça. - Mais oui ! - Et
21:00 vous savez, Fanny Nussbaum, que vous prononcez des paroles
21:02 extrêmement sulfureuses, c'est grave,
21:04 ce que vous faites, c'est grave. Non mais
21:06 pour revenir à ça, en fait,
21:08 dans votre livre, ce qui est intéressant, c'est que vous luttez
21:10 contre les "safe space", c'est-à-dire qu'il y a
21:12 des gens qui veulent faire du monde entier, vous savez, ce que les Américains
21:14 appellent le "safe space", l'espace.
21:16 Voilà, et je ne suis qu'avec des gens qui
21:18 sont d'accord avec moi. Surtout pas de
21:20 conflits, surtout pas d'histoires,
21:22 surtout pas d'altercations, c'est un peu ça.
21:24 - Mais oui, parce que
21:26 on est
21:28 quelqu'un de bien quand on est pacifique,
21:30 quand on se présente
21:32 de façon pacifique. Aujourd'hui,
21:34 c'est une grosse insulte de dire de quelqu'un
21:36 qu'il est clivant. Moi, j'adore qu'on me dise
21:38 que je suis clivante, qu'on
21:40 aime, on n'aime pas ce que je suis, ce que je dis.
21:42 Je trouve qu'il n'y a rien de plus
21:44 merveilleux, parce que j'ai de la personnalité.
21:46 Quand on dit de quelqu'un qu'il a de la personnalité,
21:48 c'est plutôt chouette.
21:50 Donc, je n'ai pas envie de la tiédeur,
21:52 je n'ai pas envie de m'entourer
21:54 de gens qui sont
21:56 employés de bureaux
21:58 sages, qui font. Et d'ailleurs,
22:00 quand vous regardez, peut-être que
22:02 vous regardez comme moi des séries,
22:04 des films, etc.,
22:06 une série qui vous intéresse, ça va être
22:08 Game of Thrones, par exemple. Et dans Game of Thrones,
22:10 qu'est-ce qui se passe ?
22:12 Il n'y a pas un épisode sans son petit
22:14 meurtre, son petit viol,
22:16 même son petit inceste.
22:18 - Toutes les grandes oeuvres. Enfin, je veux dire,
22:20 Game of Thrones, Shakespeare, c'est quoi ?
22:22 Qu'est-ce qu'il y a dans Shakespeare ?
22:24 - Bien sûr, exactement.
22:26 Presque souvent inceste,
22:28 souvent guerre.
22:30 Et c'est ça
22:32 qui nous fait rêver.
22:34 Pourquoi ça nous fait rêver ?
22:36 Est-ce qu'on devrait l'interdire parce que ça nous donne le mauvais exemple ?
22:38 Game of Thrones, par exemple ?
22:40 C'est terrible, en fait,
22:42 cette dictature-là de la pensée,
22:44 de la bien-pensance,
22:46 de ce que j'appelle, moi,
22:48 l'humanisme. Mais c'est un autre
22:50 humanisme que celui qui me
22:52 plait à moi. C'est pas l'humanisme de la Renaissance
22:54 où on étudiait ses humanités pour rendre
22:56 l'homme plus digne. Aujourd'hui,
22:58 l'humanisme, et depuis Diderot et d'Alembert,
23:00 en fait, depuis le dictionnaire de Diderot
23:02 et d'Alembert, pour la première fois,
23:04 l'humanisme s'est devenu quelqu'un
23:06 qui aimait l'homme, juste
23:08 tel qu'il était. Il n'y avait pas besoin d'être plus...
23:10 On aime l'homme, c'est tout.
23:12 Il n'y a plus de dimension d'honneur.
23:14 - Donc ça vient des lumières ?
23:16 - Je crois que oui. Je crois qu'en fait...
23:18 Je vais être encore provocatrice en disant ça,
23:20 mais je crois que les
23:22 lumières sont une
23:24 recustomisation de
23:26 la chrétienté, en fait.
23:28 Souvent, ils
23:30 étaient très laïcs, et c'est eux
23:32 qui ont parlé de la laïcité
23:34 avant tout le monde, mais
23:36 je pense qu'en fait,
23:38 c'est cette idée de la pensée
23:40 reine, déjà, le raisonnement,
23:42 et puis, comme dit Saurand,
23:44 penser, c'est être en retrait. Donc, on se
23:46 retire du monde, on est quelqu'un de bien
23:48 sage, bien gentil, je me retire pour penser,
23:50 et j'aime l'homme.
23:52 J'aime l'homme pour ce qu'il est, point.
23:54 - En fait, c'est intéressant, parce qu'il y a
23:56 deux mots qui se rejoignent avec une lettre
23:58 de différence, c'est "penser"
24:00 et "penser", P-A-N-S-E-R.
24:02 - Mais oui, exactement. - Les vaches pensent,
24:04 et certains philosophes pensent,
24:06 mais ils pensent comme des vaches.
24:08 C'est un peu ça. - Magnifique.
24:10 - C'est un peu ça. On va peut-être
24:12 recevoir quelques auditeurs,
24:14 Lucien. - Oui, qui continuent de nous appeler
24:16 au 0826-300-300.
24:18 On a la chance de commencer avec
24:20 Marc De Bézier. Bonjour Marc.
24:22 - Bonjour Marc. - Oui, bonjour
24:24 Monsieur Bercoff, bonjour Madame
24:26 docteur. - Bonjour Marc.
24:28 - Merci pour, à nouveau,
24:30 cette émission, c'est toujours
24:32 un régal.
24:34 J'ai déjà eu l'occasion de prendre
24:36 la parole plusieurs fois dans votre émission,
24:38 mais je vais essayer de faire court, parce que parfois
24:40 je me perds dans beaucoup d'idées
24:42 qui me plaisent énormément.
24:44 - Oui, faites court, mais je suis sûr que vous serez
24:46 bon en faisant court aussi, Marc.
24:48 - Alors, du coup,
24:50 juste rebondir sur une question.
24:52 Lorsque le docteur dit
24:54 qu'on est dans un
24:56 environnement féminin, et donc à ce
24:58 titre, reçu de la virilité et plein d'autres
25:00 choses, peut-être tout simplement
25:02 une question, est-ce que
25:04 c'est vrai partout, ou est-ce que
25:06 c'est uniquement vrai à Paris et dans
25:08 les métropoles ? Parce que moi,
25:10 qui suis un urbain, qui ai vécu dans des métropoles,
25:12 maintenant je suis en ville secondaire,
25:14 et je me rends compte que c'est pas forcément
25:16 la même tendance.
25:18 Donc voilà, c'est une simple question.
25:20 - Bonne question, oui. - Oui, très
25:22 bonne question, et évidemment,
25:24 là on parle
25:26 de grandes idées, et ça mérite
25:28 de la nuance, donc vous avez raison,
25:30 je pense que c'est pas, en tout cas,
25:32 aussi fort que dans les environnements urbains.
25:34 Mais je crois que ça gagne
25:36 beaucoup de terrain, et que
25:38 le fait que cette idée-là,
25:40 que cette...
25:42 que le féminin
25:44 ait gagné...
25:46 cette idée-là soit arrivée
25:48 aux Etats-Unis, je crois que c'est
25:50 un signal fort
25:52 de danger. - Est-ce que c'est pas l'Occident
25:54 quand même ? Je reviens, je vous avais posé
25:56 la question, je crois que, on va en parler, mais je crois
25:58 que l'Occident... Enfin, il y a une phase
26:00 occidentale actuellement qui est très très très
26:02 forte là-dessus. - Oui. - Lucien ?
26:04 - On accueille Emmanuel de Pessac.
26:06 Bonjour Emmanuel. - Bonjour Emmanuel.
26:08 - Bonjour André, bonjour à toute l'équipe et à votre invité.
26:10 Je voulais juste mettre
26:12 le point sur autre chose, enfin sur la même chose en fait,
26:14 puisque je crois que ça arrange le système d'avoir
26:16 plutôt des gens qui sont dociles, parce qu'en définitive,
26:18 c'est ce qu'on obtient.
26:20 Je vais vous citer juste un exemple
26:22 parce que ça s'étend à beaucoup plus de choses.
26:24 Un père de famille qui s'est défendu tout seul,
26:26 qui a retenu son agresseur sur les deux,
26:28 a pris plus cher en justice
26:30 que ses agresseurs eux-mêmes.
26:32 - C'est ça, le cambrioleur, oui, il s'était
26:34 fait cambrioler, il a retenu un des
26:36 cambrioleurs et il a été puni
26:38 plus que le cambrioleur. - Et pour séquestration,
26:40 ce qui est quand même absolument génial.
26:42 Donc voilà, en fait, on est en train de détruire toutes
26:44 les barrières qui font que... Parce que ceux qu'on nous importe
26:46 avec l'Europe, je peux vous garantir que ces valeurs-là,
26:48 ce n'est pas du tout les leurs.
26:50 Donc je imagine que la confrontation sera certainement un peu plus
26:52 coriace. Et je ne suis pas sûr que ça marche
26:54 en Seine-Saint-Denis ou ailleurs, sans faire aucun
26:56 clivage de quoi que ce soit.
26:58 Mais je doute que ça puisse être
27:00 transmis de la même manière.
27:02 Je ne vous embête pas plus et je vous remercie encore pour m'avoir pris.
27:04 - Non, pas du tout, merci Emmanuel. Mais je suis
27:06 contradicte, ça, Fanny Nussbaum, ça c'est important.
27:08 On voit quelqu'un
27:10 qui arrive chez nous qui essaie de cambrioler,
27:12 si on peut, on va essayer de réagir.
27:14 Enfin, en tout cas, un certain nombre.
27:16 Eh bien, on se fait sanctionner
27:18 plus que les gens qui sont entrés chez nous.
27:20 - Mais oui, je crois que c'est... Il y a une culture...
27:22 - C'est quoi, c'est une idéologie ? C'est une culture ?
27:24 C'est quoi ? - Oui, je crois... Pour moi,
27:26 je l'appelle une religion,
27:28 l'humanisme.
27:30 Et je pense que c'est cette culture
27:32 de tendre l'autre joue. On ne répond pas
27:34 à la violence par la violence.
27:36 Mes enfants... J'ai un garçon
27:38 de 20 ans et une fille de 12 ans
27:40 qui, elle, est à l'école.
27:42 Et quand elle se fait
27:44 parfois embêter,
27:46 en général, tout va bien,
27:48 mais un jour, l'année dernière,
27:50 elle s'était fait traiter d'un télo
27:52 et puis...
27:54 - Un télo ? Mais quel injure !
27:56 - L'horreur ! L'horreur !
27:58 Mais un télo, on lui avait dit ça,
28:00 pas sympa, "mais toi, de toute façon,
28:02 t'es une un télo", puis c'était quelqu'un
28:04 qui l'embêtait assez régulièrement avec ça.
28:06 Et je lui ai dit,
28:08 "mets-lui une beigne, en fait,
28:10 à cette fille qui te parle comme ça."
28:12 Et bien sûr
28:14 qu'elle m'avait répondu, "mais non,
28:16 je vais me faire disputer, je vais me faire coller,
28:18 si ça arrive, fais-toi coller,
28:20 et puis moi, je serai derrière
28:22 et je te soutiens. Au pire, tu te fais virer,
28:24 et si tu te fais virer, ce sera comme ça."
28:26 Mais aujourd'hui, dès l'enfance,
28:28 nos enfants, on leur enseigne ça,
28:30 "ne réponds pas à la violence par la violence",
28:32 etc. Donc, encore une fois, c'est comme
28:34 utiliser sa petite cuillère
28:36 pour tous les plats.
28:38 Il y a des moments où il faut utiliser la violence,
28:40 il y a des moments où il faut être vulgaire,
28:42 il y a des moments où il faut être élégant,
28:44 il y a des moments où il faut être bienveillant, doux...
28:46 - C'est à ne pas écarter d'emblée
28:48 une conduite sous prétexte
28:50 que jamais ça ne peut pas se faire.
28:52 - Oui, c'est ça. Mais là, il y a vraiment
28:54 cette culture qui est très forte,
28:56 dès l'école.
28:58 - Et, comment dirais-je, renforcée par la justice,
29:00 par les systèmes, par les institutions.
29:02 - Mais oui, on n'est pas
29:04 quelqu'un de bien.
29:06 Je crois que je pourrais même,
29:08 pour avoir incité ma fille à
29:10 taper sur quelqu'un,
29:12 je pourrais même recevoir demain
29:14 une assignation au tribunal.
29:16 - On se retrouve tout de suite
29:18 sur Sud Radio dans le face-à-face
29:20 d'André Bercoff avec Fanny Nussbaum
29:22 pour son livre "L'art de l'excellence",
29:24 en finir avec "La dictature des humanistes".
29:26 Et vous comptiez nous appeler au 0826-300-300.
29:30 On ira à Limoges voir Benoît.
29:32 0826-300-300. A tout de suite sur Sud Radio.
29:34 ...
29:36 - Sud Radio, Bercoff dans tous ses états.
29:38 ...
29:40 - Ici Sud Radio.
29:42 ...
29:44 Les Français parlent au français.
29:46 Je n'aime pas la blanquette de veau.
29:48 Je n'aime pas la blanquette de veau.
29:50 - Sud Radio, Bercoff dans tous ses états.
29:52 - Vous êtes bien sur Sud Radio
29:54 dans le face-à-face d'André Bercoff
29:56 avec Fanny Nussbaum
29:58 pour son livre "L'art de l'excellence".
30:00 - Vous êtes bien sur Sud Radio
30:02 dans le face-à-face d'André Bercoff
30:04 avec Fanny Nussbaum
30:06 pour son livre "L'art de l'excellence".
30:08 Et c'est votre moment.
30:10 Vous avez la parole au 0826-300-300
30:12 pour réagir.
30:14 Et on va tout de suite à Limoges avec Benoît.
30:16 Bonjour Benoît.
30:18 - Bonjour.
30:20 Bonjour Monsieur Bercoff, bonjour docteur.
30:22 Je suis ravi d'intervenir.
30:24 Je vous félicite pour vos émissions
30:26 que j'écoute attentivement depuis quelques années déjà.
30:28 J'ai voulu intervenir
30:30 pour apprécier ce que disait la docteure.
30:32 Moi je suis quelqu'un
30:34 qui est assez bienveillant je pense
30:36 mais qui apprécie l'esprit critique.
30:38 Et je suis assez atterré
30:40 maintenant par cette société
30:42 où justement on ne peut plus rien penser
30:44 sans être catégorisé dans une classe
30:46 raciste, complotiste.
30:48 Et du coup
30:50 j'avais deux questions
30:52 qui me viennent à l'esprit
30:54 pour la docteure S.
30:56 La première, est-ce que cette façon
30:58 de catégoriser les gens
31:00 d'essayer d'imposer
31:02 cette espèce de bien-pensance
31:04 un peu crade, un petit peu
31:06 un petit peu
31:08 non-objective
31:10 est-ce que c'est pas une façon
31:12 de conditionner
31:14 de conditionner nos concitoyens
31:16 à une acceptabilité
31:18 d'une société un peu
31:20 en dérive
31:22 pas forcément bien réfléchie ?
31:24 - D'accord.
31:26 Et la deuxième, c'est que pensez-vous
31:28 de notre président M. Macron
31:30 qui en Chine
31:32 appelle l'importance
31:34 d'un esprit critique dans une
31:36 université chinoise, il me semble
31:38 sachant que depuis déjà
31:40 quelques années, alors ça date pas de lui
31:42 bien avant aussi
31:44 on voit que dès qu'on a un esprit critique
31:46 on est là aussi catégorisé
31:48 catalogué dans
31:50 des classes, dans des
31:52 cases qui ne nous correspondent pas forcément.
31:54 - Fanny Nussbaum
31:56 - Super, alors je vais répondre par la
31:58 deuxième question parce que j'ai déjà perdu la
32:00 première, je suis désolée, vous la
32:02 redonnerez s'il vous plaît.
32:04 - Allez-y, il redonnera.
32:06 - Je vais pas vous répondre précisément
32:08 sur
32:10 ce fait-là avec
32:12 Emmanuel Macron, mais sur Emmanuel Macron
32:14 en général et sur les politiques
32:16 en général. En fait
32:18 j'ai beaucoup d'admiration
32:20 pour Emmanuel Macron comme j'ai
32:22 beaucoup d'admiration pour plein
32:24 d'hommes politiques comme
32:26 Mélenchon, Marine Le Pen, Nicolas
32:28 Sarkozy, j'ai
32:30 vraiment de l'admiration pour ces gens-là, mais
32:32 parce qu'ils incarnent vraiment
32:34 ce que je prône, c'est-à-dire
32:36 d'être, de
32:38 montrer le meilleur de soi, peu importe
32:40 qu'on soit d'accord ou pas
32:42 avec eux, mais en tout cas de
32:44 se porter haut et
32:46 d'être vraiment, de compter
32:48 dans le monde. - Oui, alors justement
32:50 et la dimension d'hypocrisie,
32:52 vous ne la voyez pas, vous l'écartez.
32:54 - Exactement, donc en fait
32:56 je pense que
32:58 aujourd'hui, être
33:00 un homme politique,
33:02 c'est juste faire une carrière,
33:04 c'est-à-dire comme
33:06 je ne suis pas la première à le dire, il n'y a plus d'hommes d'État
33:08 vraiment, des gens,
33:10 on va parler du général de Gaulle évidemment,
33:12 mais voilà, il n'y a pas d'hommes d'État.
33:14 Aujourd'hui je pense que
33:16 j'ai beaucoup d'admiration pour Emmanuel Macron,
33:18 mais le fait qu'il ait choisi
33:20 cette carrière aujourd'hui,
33:22 fait qu'il est
33:24 devenu forcément
33:26 une sorte de
33:28 penta, qu'il ne peut pas
33:30 faire ce qu'il veut faire et dire ce qu'il
33:32 veut dire, parce que je pense que c'est
33:34 la masse en fait qui gouverne, et donc
33:36 je crois que votre première question me revient,
33:38 je crois que
33:40 il n'y a personne qui est là,
33:42 il n'y a pas une personne ou un groupe
33:44 de personnes qui sont là pour nous faire taire,
33:46 il y a seulement la masse,
33:48 c'est la masse
33:50 des gens fragiles, des gens vulnérables
33:52 qui se sont
33:54 coalisés partout
33:56 en Occident, et qui
33:58 empêchent quelqu'un
34:00 d'aller,
34:02 de jaillir exactement,
34:04 très bon terme. Donc je pense
34:06 qu'en fait aujourd'hui, quand on est un intellectuel,
34:08 on n'a plus le droit de décocher
34:10 des flèches avec sa pensée,
34:12 et que Emmanuel Macron,
34:14 comme beaucoup de politiques, sont
34:16 des intellectuels, mais donc
34:18 ils ne peuvent pas décocher de flèches avec leur pensée,
34:20 et en plus, je pense que
34:22 ça n'est pas notre rôle à nous,
34:24 les intellectuels, et pourtant, la classe
34:26 politique est truffée d'intellectuels,
34:28 nous n'avons
34:30 rien à faire, pourtant Platon
34:32 disait qu'il fallait que ce soit les philosophes qui gouvernent,
34:34 moi je suis complètement à l'opposé
34:36 de cette idée là, je pense qu'il faut que ce soit
34:38 des chefs d'entreprise qui gouvernent, il faut que ce soit
34:40 des combattants qui gouvernent,
34:42 parce qu'ils ont l'instinct, et que
34:44 nous, les intellos, il faut qu'on
34:46 fasse notre boulot d'intello, je crois que c'est ce que
34:48 je fais aujourd'hui, qu'on décoche des
34:50 flèches avec notre pensée, qu'on soit
34:52 libre de pointer, de mettre en lumière
34:54 ce qui nous
34:56 semble aller mal dans la société.
34:58 - Oui, faire un boulot d'esprit critique,
35:00 etc. - C'est ça. - Le problème
35:02 c'est que, qu'est-ce
35:04 qu'il fait quand même, et on revient à votre livre,
35:06 par
35:08 une autre voie, mais
35:10 le problème c'est le courage, la colonne
35:12 vertébrale, etc. - La verticalité,
35:14 oui. - Voilà.
35:16 Et en fait, c'est ça qu'on demande
35:18 aussi à un politique, pas que ça,
35:20 évidemment l'esprit de stratégie, etc.
35:22 On voit très très bien qui sont
35:24 aujourd'hui les hommes d'État ou les femmes
35:26 d'État qui comptent, sont
35:28 ceux qui, encore une fois, vous avez raison, on peut être
35:30 totalement en désaccord avec eux,
35:32 de Poutine à Xi Jinping, en passant
35:34 par Trump et autres, mais qui ont
35:36 un cap et qui le tiennent.
35:38 - Attends, raison, c'est un autre problème ça,
35:40 mais voilà. Et qu'est-ce qu'il fait,
35:42 encore une fois, cette
35:44 culture, effectivement,
35:46 de se dire, on va
35:48 prendre un cap, on va aller jusqu'au bout, vous savez, c'est
35:50 Churchill qui disait, la différence entre un
35:52 politique et un homme d'État, c'est
35:54 que le politicien
35:56 ne pense qu'à sa réélection,
35:58 et l'homme d'État pense aux futures générations.
36:00 - Bien sûr. - Oui, mais qu'est-ce qui fait la différence,
36:02 parce que ça,
36:04 c'est au docteur en neurosciences que je demande ça.
36:06 Qu'est-ce qui fait la différence ?
36:08 - Alors, je pense que
36:10 les neurosciences,
36:12 alors si, peut-être que les neurosciences peuvent nous répondre
36:14 par rapport à ça.
36:16 Aujourd'hui, ce que
36:18 beaucoup de mes confrères-consoeurs
36:20 neuroscientifiques
36:22 considèrent comme étant l'intelligence,
36:24 va avec un schmurz
36:26 qui est ici, mais on ne
36:28 le voit pas,
36:30 qui s'appelle
36:32 le cortex préfrontal,
36:34 qui fait partie du cortex préfrontal,
36:36 et qui sert à inhiber.
36:38 Inhiber, ça veut dire se contrôler,
36:40 faire en sorte que
36:42 toutes les stimulations qui viennent de l'extérieur
36:44 ne nous parviennent pas,
36:46 ou soient bloquées à l'entrée,
36:48 pour qu'on puisse se concentrer,
36:50 être dans le raisonnement, dans le rationnel, etc.
36:52 Et aujourd'hui,
36:54 on est dans une ère
36:56 où on va beaucoup, beaucoup
36:58 chercher l'inhibition.
37:00 On va dire que si on est quelqu'un de bien,
37:02 c'est qu'on est quelqu'un de contrôlé,
37:04 d'inhibé, quelqu'un qui va, encore une fois,
37:06 être dans le rationnel, se mettre en retrait
37:08 pour réfléchir, etc.
37:10 C'est beaucoup mis en avant.
37:12 Et donc, nos hommes politiques,
37:14 étant donné qu'aujourd'hui,
37:16 ce qu'ils souhaitent probablement avant tout,
37:18 c'est être réélus,
37:20 ils vont s'inhiber eux-mêmes
37:22 pour faire en sorte que
37:24 le peuple qui a le pouvoir
37:26 le réalise. Donc, s'ils plaisent au peuple,
37:28 et s'ils se disent "ça va plaire au peuple ce que je vais dire",
37:30 alors ils le font. Donc, finalement,
37:32 c'est le peuple qui a le pouvoir.
37:34 Or, celui qui a une colonne vertébrale,
37:36 il se fiche un petit peu de ce que pense le peuple.
37:38 Si lui, il pense que ce qui est bon pour le peuple,
37:40 c'est d'aller à gauche, il ira à gauche,
37:42 et à droite, il ira à droite.
37:44 Et donc, il a le...
37:46 - Le préfrontal, l'ombre.
37:48 - Ou peut-être le cortex préfrontal,
37:50 dorsal, latéral.
37:52 Celui qui a
37:54 une colonne vertébrale,
37:56 ou qui en a, comme on dirait nous vulgairement,
37:58 eh bien, il va
38:00 essayer de moins d'inhiber, et au contraire,
38:02 d'écouter son instinct, et de sentir "j'y vais ou j'y vais pas".
38:04 - Donc, vous dites, il faudrait qu'il y ait de plus en plus de gens
38:06 hommes comme femmes qui en ont.
38:08 - Oui, tout à l'heure. - C'est ça. - Exactement.
38:10 - Bah écoutez, je vais vous dire, c'est un livre qui fait du bien.
38:12 C'est un livre qui fait du bien.
38:14 Parce que, justement, il va contre-courant,
38:16 et il dit des choses quand même,
38:18 et rappelle à certaines choses qu'on a tendance à oublier,
38:20 et que la doxa
38:22 nous amène à oublier.
38:24 Merci, Fanny Nussbaum. - Merci, André Vercoff.
38:26 - Merci beaucoup,
38:28 chers auditeurs, d'être toujours aussi nombreux
38:30 à nous écouter, et merci à Fanny Nussbaum,
38:32 docteur en psychologie, pour son livre
38:34 "L'art de l'excellence", en finir avec la dictature
38:36 des immanistes aux éditions Alizio.

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