On le connaît pour sa carrière d’artiste, et désormais pour ses engagements de cœur. Si Matt Pokora prend la parole pour sensibiliser à la maladie d’Alzheimer, c’est que le chanteur a été touché de près : son grand-père en souffrait. Comment l’a-t-il vécu ? Il nous raconte.
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00:00 C'est terrible pour la personne qui voit sa mémoire partir en fumée,
00:03 mais c'est terrible pour les gens autour parce que
00:05 la personne, quand elle oublie un nom, à elle, ça ne lui fait pas de mal.
00:09 C'est à la personne en face que ça fait du mal.
00:11 Je l'ai appris quand ma mère nous l'a annoncé
00:21 suite à un coup de fil de ma grand-mère.
00:23 Bon, il s'était rendu compte qu'il y avait deux, trois choses qui n'allaient pas.
00:26 Donc, après avoir fait quelques examens, forcément,
00:31 il a été diagnostiqué Alzheimer.
00:33 Et donc, dans un premier temps, j'étais gamin, encore, je devais avoir,
00:38 je pense, 10, 11 ans.
00:41 Dans un premier temps, on ne se rend pas compte qu'Andy va un peu perdre la mémoire,
00:45 tout ça. Et puis, je pense que surtout les parents préservent vachement aussi les enfants
00:50 pour leur dire, ben voilà, il va perdre un peu la mémoire, etc.
00:53 Et puis, en grandissant, je me suis rendu compte
00:57 que ça devenait difficile, que ce soit pour ma grand-mère,
01:03 qui vivait au quotidien avec lui, pour ma mère.
01:06 Mon grand-père, enfin, ma famille a fait en sorte de le garder le plus longtemps possible à la maison.
01:14 Ma grand-mère, mon oncle, passaient beaucoup de temps là-bas.
01:18 Parce qu'effectivement, d'être seul avec une personne comme ça,
01:23 ça prend énormément d'énergie, surtout quand on a un certain âge déjà.
01:27 On a affaire à des coups de folie,
01:31 on a affaire à quelqu'un qui peut passer du coq à l'âne d'une seconde à l'autre,
01:38 d'un état à l'autre en quelques secondes.
01:41 Et c'est des moments très difficiles, ça peut être violent aussi, verbalement, physiquement.
01:46 Donc voilà, ça demande d'avoir les reins solides
01:50 quand on accompagne un Alzheimer, quand on est à ses côtés.
01:56 Et donc voilà, ça demande un soutien aussi psychologique, je pense, pour l'entourage.
02:02 Il faut vraiment se serrer les coudes entre frères, sœurs et membres de la famille.
02:08 Et ça, c'est très important parce que, justement,
02:12 c'est quelque chose dont je veux vraiment aussi parler dans cette campagne.
02:16 C'est de mettre en garde les accompagnants
02:21 et les gens qui pourraient se retrouver confrontés à cette maladie.
02:25 C'est terrible pour la personne qui voit sa mémoire partir en fumée,
02:29 mais c'est terrible pour les gens autour parce que
02:31 la personne, quand elle oublie un nom, à elle, ça ne lui fait pas de mal.
02:35 C'est à la personne en face que ça fait du mal.
02:37 Et forcément, ça peut être très, très violent.
02:44 Donc on n'est pas formé pour ça et il faut vraiment faire attention
02:47 de ne pas se perdre là-dedans non plus.
02:49 Parce que pour en avoir parlé avec mon ami,
02:52 Montréal Robin, avec qui on a fait ce film sur la maladie d'Alzheimer il y a quelques années,
02:56 elle a accompagné sa maman vraiment tout du long.
03:01 Et vraiment, elle le dit elle-même, elle est partie en dépression.
03:04 Tout ça, ça a été très, très, très dur de remonter la pente.
03:07 Moi, ce que je conseille, c'est ce que je faisais,
03:08 c'est pour rechercher des moments de lucidité dans la mémoire de mon grand-père.
03:12 J'allais le faire parler de ce dont il se souvient, donc c'est sa mémoire ancienne.
03:18 Et du coup, vu que c'était un militaire de carrière,
03:23 il avait plein de médailles et c'était quelque chose dont il était fier.
03:26 Constamment, je lui amenais le cadre où il y avait ses médailles dedans.
03:28 Je disais, raconte-moi l'histoire de chaque médaille.
03:31 Alors que deux minutes avant, il venait de me poser cinq fois de suite la même question,
03:35 "Et l'école, comment ça va ?"
03:36 Et moi, je voulais avoir un moment de lucidité avec mon grand-père
03:39 et je ne voulais pas cette image-là de celui qui perd sa mémoire, qui perd la tête.
03:44 Et donc, je lui amenais régulièrement des choses
03:46 pour qu'il vienne à parler de sa mémoire lointaine.
03:50 Et ça, c'est important de continuer à stimuler ça
03:54 et pour aussi pouvoir apprécier des moments avec cette personne en toute lucidité.
04:00 Déjà, c'est qu'à l'heure d'aujourd'hui, on n'a pas de remède.
04:06 On n'a pas de remède à ça.
04:08 Donc, c'est d'aider les chercheurs en faisant des dons, forcément,
04:13 pour essayer déjà, dans un premier temps, de, comme je le dis toujours,
04:17 ne serait-ce que de ralentir la maladie, faire en sorte peut-être de pouvoir vivre avec,
04:22 sans que ce soit la cause de notre décès,
04:26 puisque finalement, c'est ce que l'Alzheimer, au bout d'un moment, on sait que
04:31 avec le fait de s'affaiblir, de perdre la tête, etc., c'est ce qui va créer notre faim.
04:37 Et le but aussi de soutenir cette campagne, c'est de se dire, voilà,
04:42 il y a des chercheurs qui sont optimistes sur le fait de trouver un remède d'ici 5 ans
04:49 et de les aider à trouver ce remède pour, déjà, dans un premier temps,
04:56 ralentir l'évolution de la maladie chez le patient.
05:00 Et pourquoi pas un jour l'éradiquer complètement.
05:04 En tout cas, si déjà on pouvait ralentir le process et...
05:10 et faire en sorte qu'on puisse vivre avec, sans qu'on en arrive au stade à tout oublier,
05:17 à oublier tout le monde, si on peut vivre avec, en oubliant quelques mots de temps en temps,
05:21 déjà, franchement, ce serait un pas de géant.
05:25 Donc pour ça, il faut soutenir et il n'y a pas de secret, il faut aider financièrement
05:31 pour qu'ils puissent continuer à approfondir leur recherche.
05:34 *musique*