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00:00 Les définitifs de l'inflation pour le mois de mai seront donc connus aujourd'hui à 8h45.
00:03 La première tendance est une inflation à 5,1%.
00:07 Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, on le sait, ce sont les prix de l'alimentation qui changent le plus vite,
00:11 +15% en mai.
00:13 Alors quelles sont les stratégies que les Français adoptent depuis un an et demi ?
00:17 C'est justement la spécialité de notre invité dans la Nouvelle Éco dont on parle ce matin avec vous Thomas Kouagnac.
00:22 Bonjour Corentin Roy.
00:23 Bonjour.
00:23 Vous êtes doctorant au laboratoire Bordeaux Sciences Économiques de l'Université de Bordeaux
00:27 et vous rencontrez depuis des mois donc les plus précaires, ceux qui souffrent le plus de l'inflation.
00:31 Qu'est-ce que vous avez constaté ? Comment ils s'adaptent alors ?
00:34 Mal. On s'adapte mal quand on n'arrive pas à avoir accès à manger.
00:39 Il faut savoir en fait que l'alimentation c'est la première variable d'ajustement quand on les ménage.
00:42 C'est-à-dire que quand on n'a pas d'argent, on saute la qualité de notre alimentation,
00:47 on saute des repas, on réduit les quantités, etc.
00:51 Donc on s'adapte comme ça et on s'adapte en achetant moins cher,
00:53 toujours au moins cher en fonction de ce qui est le plus près de chez soi
00:57 pour éviter aussi des dépenses en termes de carburant.
00:59 Oui, donc il y a les dépenses en termes de carburant mais il y a aussi les chaînes.
01:02 Il y en a qui historiquement sont considérées comme moins chères,
01:05 des Lidl, des Aldi, c'est ceux-là qui en profitent par exemple ?
01:09 Est-ce qu'ils en profitent ? Pas forcément
01:11 puisque les individus font surtout du multi-recours.
01:13 Donc en fait ils vont énormément comparer telle grande distribution à une autre
01:18 et si le beurre est moins cher au Aldi, ils vont aller au Aldi.
01:21 Mais si c'est un panier de fraises qui est moins cher au Leclerc,
01:25 ils vont aller au Leclerc et donc ils vont vraiment avoir un multi-recours
01:28 à différentes grandes distributions tout au long de la semaine.
01:31 Ça c'est une tendance qui n'existait pas beaucoup et que vous avez vu s'accentuer ?
01:34 Si, ça existait avant le multi-recours, mais là pour des questions de prix,
01:38 ça s'accentue en effet sur plus de 50% des ménages français selon le Credoc.
01:43 Vous parliez de qualité de l'alimentation aussi,
01:46 on entendait tout à l'heure au marché de la test le témoignage de ce maraîcher
01:49 qui parlait de clients qui n'achetaient plus du tout de fruits et de légumes,
01:52 ça aussi on va rogner sur la qualité de son alimentation ?
01:55 Totalement, on peut penser ça comme une échelle,
01:58 et l'échelle du manque alimentaire si on peut dire ainsi,
02:04 c'est que la première étape qui saute c'est la qualité de son alimentation
02:07 et notamment le frais.
02:08 Donc tout ce qui est fruits et légumes, on va de moins en moins en consommer.
02:12 Et on parlait aussi des difficultés du bio, on en parlait beaucoup ces derniers mois,
02:16 ce sont ce genre de produits aussi qui sont plus chers,
02:18 qui sont sacrifiés le plus rapidement ?
02:20 Sacrifiés oui pour certains ménages qui avaient déjà accès auparavant au bio,
02:23 pour les autres qui n'en avaient pas accès, ce n'était pas l'enjeu du moment.
02:27 Il est 7h18 sur France Bleu, Gironde, l'inflation, on en parle ce matin avec Corentin Roy,
02:31 docteur en laboratoire de Bordeaux, science économique de l'université de Bordeaux.
02:35 Alors il y a eu des aides qui ont été mises en place,
02:38 les aides alimentaires par exemple, il y a combien de français qui ont le droit environ ?
02:42 Actuellement selon l'INSEE c'est entre 2 et 4 millions d'individus qui ont accès,
02:49 après on sait que c'est des chiffres sous-estimés,
02:51 dans le sens où il y a toujours un non-recours au droit
02:52 ce qui fait que ceux qui sont en précarité alimentaire ne vont pas forcément à une aide alimentaire,
02:57 pour des questions de stigmatisation, de dignité, de méconnaissance des choses aussi.
03:02 Ce sont des aides ciblées comme ça vraiment sur l'alimentation
03:06 qui peuvent aider les français à remonter la pente ?
03:08 Pas que sur l'alimentation, parce qu'il y a d'autres types d'aides sociales,
03:11 je pense le RSA ou autre, le prêt à la consommation, etc.
03:17 Concernant l'aide alimentaire, ciblée oui,
03:20 mais à travers les communes, à travers les plus précaires on va dire,
03:22 mais ce n'est pas qu'un enjeu des plus précaires aussi.
03:24 Il y a ce fameux trimestre anti-inflation qui a été mis en place au début de l'année 2023
03:29 qui vient d'être prolongé d'ailleurs jusqu'à la fin de l'année,
03:32 ce sont des produits sur lesquels les distributeurs s'engagent à faire des efforts,
03:37 est-ce que là aussi il aurait fallu être plus dur,
03:41 notamment en fixant des prix, en empêchant les supermarchés de dépasser tel prix pour tel produit ?
03:47 Ça je ne peux pas forcément y répondre puisque je ne suis pas là pour mener une politique des biens alimentaires,
03:52 tout ce que je peux dire finalement c'est que toutes les personnes que j'ai rencontrées ces derniers mois,
03:57 en tout cas pendant le trimestre anti-inflation, personne n'en parle,
04:00 eux ils vont surtout sur les promotions, sur les grosses promotions à -50% ou autre,
04:05 et que l'UFC Que Choisir a eu un petit conflit en plus avec Bruno Le Maire,
04:09 en disant que finalement le trimestre anti-inflation n'a pas eu autant d'effets scantés que ça.
04:13 Et ça pour le coup, chasse à la promotion et chasse, vous l'avez dit,
04:18 au supermarché le moins cher sur tel produit, ça va continuer ?
04:23 Dans les prochains mois l'inflation n'est a priori pas partie pour redescendre ?
04:27 L'inflation n'est pas partie pour redescendre, en tout cas selon les prévisions actuelles.
04:32 Est-ce que ça va continuer ? Oui je pense que ça va continuer,
04:34 en tout cas il n'y a aucune raison que ça s'arrête.
04:37 Malgré donc ce genre de mesures. Merci en tout cas Corentin Roy d'avoir été avec nous,
04:41 je vous rappelle que vous êtes doctorant au laboratoire Bordeaux Sciences Économiques de l'Université de Bordeaux.
04:44 Bonne journée à vous.
04:45 Il est 7h20 sur France 2.