Mohamed Sifaoui sur le fonds Marianne : sa défense, c'est l'attaque

  • l’année dernière
Ce jeudi 15 juin au Sénat avait lieu l'audition de Mohamed Sifaoui par la commission d’enquête sur le fonds Marianne. Initialement prévue le 13, celle-ci a en effet été reportée de 48 heures à cause des perquisitions chez le coresponsable de la principale association bénéficiaire du fonds. Sur la forme, Mohamed Sifaoui a affirmé avoir été "manipulé par le pouvoir politique" et a regretté d'avoir "fait confiance" à la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa. Sur la forme, l'arrogance a tenu une part importante dans les propos du journaliste franco-algérien de bientôt 57 ans devant ces interlocuteurs. Morceaux choisis.

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Transcript
00:00 Non, je le dis, Marlène Schiappa n'est pas mon amie, elle ne l'a pas été hier et elle le sera encore moins demain.
00:07 Je dis ça parce que je n'aime pas les gens qui n'ont pas de courage.
00:11 Je ne respecte pas les gens qui n'ont pas de courage.
00:12 Je vous l'ai dit, Mme Schiappa est innocente, mais je l'ai dit dès le départ, son attitude est curieuse.
00:18 Elle a une attitude de quelqu'un qui est coupable, mais elle est coupable de rien.
00:21 Et je le redis devant vous et je lui redis à travers...
00:25 Ce n'est pas le sujet, d'ailleurs.
00:26 Non, mais...
00:26 Nous ne parlons pas de culpabilité.
00:28 Elle a une attitude de coupable, c'est moi qui le dis.
00:31 Elle a son attitude.
00:32 Si j'étais un observateur extérieur de cette affaire, je dis tiens, Mme Schiappa a quelque chose à se reprocher.
00:36 Et c'est bizarre, elle n'a rien à se reprocher.
00:38 Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment on peut avoir la juxtaposition de ces deux contrats ?
00:43 Ceux qui ont travaillé avec moi à différentes époques vont comprendre ce que je vais vous dire.
00:52 J'ai une capacité de travail qui est bien supérieure à la normale.
00:57 On est là pour avoir des échanges apaisés et sereins.
01:01 Monsieur le rapporteur, vous faites un raccourci.
01:05 Non, je pose des questions.
01:06 Vous faites un raccourci, je ne sais pas pourquoi.
01:09 Je ne fais pas de raccourci.
01:10 Vous faites un raccourci malheureux, je vous le dis.
01:12 Vous faites un raccourci malheureux.
01:14 Vous me comparez à Mme Schiappa.
01:15 Je n'ai absolument rien à vous comparer à Mme Schiappa, ni sur le fond, ni sur la forme.
01:20 C'est clair ?
01:20 Mais d'abord, vous n'avez pas ni d'ordre, ni d'avis.
01:24 Non, non, je vous demande est-ce que c'est clair pour vous ?
01:25 Non, non, mais enfin, excusez-moi, je pense que vous devez garder vos nerfs et votre maîtrise.
01:31 Nous essayons de le faire et poursuivons.
01:34 Je n'aime pas vos provocations.
01:34 Vous savez, je suis quelqu'un d'assez entier.
01:36 Je respecte les institutions et je respecte les gens qui me respectent.
01:39 Dès le moment où on ne me respecte plus, je vais aller sur un autre temps, je vous le dis tout de suite.
01:43 Ne déviez pas, nous allons rester, je dirais, sur les faits.
01:47 Je préfère.
01:49 Alors gardons la sérénité, c'est pour l'honneur de l'institution que vous représentez.
01:53 C'est pour l'honneur de tout le monde.
01:55 Oui, oui, c'est pour l'honneur de l'institution.
01:56 C'est pour l'honneur de tout le monde.
01:57 Non, non, l'institution est au-dessus de vous.
01:58 Donc c'est pour l'honneur de l'institution.
01:59 Et s'il vous plaît...
02:00 S'il vous plaît, vous aussi.
02:03 Non, s'il vous plaît, il n'y a pas d'accusation à porter.
02:06 Donnez-moi juste une réponse.
02:07 Non, non, mais c'est ce que je suis en train de faire en étant le plus détaillé,
02:10 même si ça vous embête parce que je pense que l'heure du déjeuner est proche, etc.
02:14 S'il vous plaît, s'il vous plaît, enfin...
02:16 Je vais vous dire, on va prendre, si vous voulez bien, le temps qu'il faut pour que vous puissiez comprendre.
02:21 OK ? Et on va parler calmement.
02:23 Ne venez pas me piquer au vif et je vais vous demander de garder mes nerfs.
02:27 Je ne pique personne au vif.
02:29 Moi, j'ai juste besoin de comprendre, je vous dis, la chronologie des faits et les différentes séquences.
02:35 Eh bien, c'est heureux que vous ayez enfin compris.
02:37 Donc, s'il vous plaît, n'ayons pas de remarques désobligeantes.
02:41 Ça ne sert à rien.
02:43 Ça n'est jamais bon pour, je dirais, la sérénité...
02:46 Gardez bonheur, M. Rapporteur, allant sur le fond.
02:48 La sérénité des débats, mais enfin...
02:50 À mon modeste niveau, j'assume l'ensemble de mes responsabilités.
02:55 Et la première erreur que j'ai faite, c'est d'avoir fait confiance à Mme Schiappa, aux équipes de Mme Schiappa,
03:00 et d'avoir foncé. J'ai des défauts, comme tout le monde.
03:05 Et j'ai une qualité, peut-être, peut-être.
03:09 C'est la sincérité, la naïveté, parfois, des gens engagés.
03:14 Je suis quelqu'un d'engagé, M. le Président.
03:16 Je ne suis pas quelqu'un de chien.
03:17 Je suis quelqu'un d'engagé comme vous.
03:19 Et vous savez, les gens engagés ont parfois cette naïveté de croire que les autres sont aussi engagés qu'eux.
03:24 Et quand vous êtes face au cynisme, vous oubliez parfois que vous pouvez être manipulé, utilisé par le pouvoir politique.
03:32 Ça a été mon cas.
03:33 [SILENCE]

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