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- Grand témoin : Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne et Présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale

LE GRAND DÉBAT / ZAN : comment se passer du béton ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

À la suite de la loi climat et résilience d'août 2021, le Sénat a adopté, en mars 2023, une proposition de loi en 1ère lecture visant à faciliter la mise en oeuvre des objectifs de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) au coeur des territoires. Le but est de réduire de 50 % le rythme d'artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d'ici 2030 afin d'atteindre une artificialisation de 0% d'ici 2050. Alors que 20 000 à 30 000 hectares sont minéralisés chaque année, certains élus locaux émettent quelques réserves. Ils dénoncent la difficulté à mettre cette loi en place et redoutent un accroissement des inégalités entre les zones urbaines et rurales. En juin 2023, l'Assemblée nationale doit examiner ce texte mais le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu s'est montré sceptique quant à la possibilité de parvenir à un accord entre députés et sénateurs. Il estime que les dispositions adoptées par le Sénat ouvrent "trop largement la porte" à l'artificialisation...

Invités :
- Bastien Marchive, député apparenté Renaissance des Deux-Sèvres
- Aminata Niakaté, porte-parole d'EELV
- Jean-Philippe Dugoin-Clément, maire de Mennecy
- Eve Szeftel, journaliste à Libération

LE GRAND ENTRETIEN / Mathilde Panot : l'insoumise en cheffe !
Depuis l'élection de la nouvelle Assemblée, les députés insoumis sont au centre de l'activité parlementaire et se sont illustrés par de nombreux coups d'éclat. Alors que certaines dissensions se font sentir en interne, la cheffe de file des Insoumis est-elle totalement en adéquation avec la ligne de Jean-Luc Mélenchon ?

- Grand témoin : Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne et Présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale

BOURBON EXPRESS :
- Marco Paumier, journaliste LCP:

LES AFFRANCHIS :
- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter
-Pierre-Henri Tavoillot, philosophe

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir et bienvenue. Ça vous regarde en direct toute la semaine.
00:09 Vous le savez, les présidents de groupes se succèdent dans cette émission
00:12 pour dresser le bilan des un an de la Nouvelle Assemblée.
00:15 Vous le voyez ce soir, c'est une présidente.
00:16 Bonsoir Mathilde Pannot, patronne des Insoumis.
00:19 Merci d'être là les Insoumis, qui n'ont sans doute peut-être jamais
00:22 aussi bien porté leur nom que depuis cette année d'élection.
00:25 Première année de Nouvelle Assemblée.
00:27 On va en parler sur le fond, sur la forme.
00:28 Et puis on va parler de la MUPES aussi, un an déjà.
00:31 Initiative largement des Insoumis, mais pas seulement.
00:35 On verra si elle a encore un avenir, on en parle tout à l'heure.
00:37 Mais on commence ce soir avec trois lettres.
00:40 Trois lettres qui donnent des sueurs froides aux élus locaux.
00:44 ZAN pour zéro artificialisation.
00:47 Net, c'est l'objectif de la loi climat votée il y a deux ans seulement.
00:51 Voilà, deux ans après, sur le terrain, la lutte contre le tout béton
00:55 devient une sorte de mission impossible en pleine crise du logement.
00:59 Alors qu'est-ce qu'on fait ? Des exceptions, des exemptions.
01:02 Les députés, notamment les sénateurs aussi, s'emparent du sujet.
01:06 On en débat dans un instant sur ce plateau avec mes invités
01:09 avant de retrouver nos partis pris, nos affranchis.
01:12 Et puis dans Bourbon spécial, ce soir, Bourbon Express, un an.
01:16 Eh bien, on va parler du name and shame consacré à l'Assemblée.
01:19 Voilà pour le programme. Vous me suivez, Mathilde Pannot ?
01:22 Ça vous regarde, c'est parti.
01:24 (Générique)
01:35 Où placer le curseur entre les terres agricoles et les terrains constructibles
01:39 à l'heure de l'urgence climatique ?
01:41 La loi climat, fruit de la Convention citoyenne votée en 2021,
01:44 est devenue la cible de beaucoup d'élus locaux.
01:47 Alors, levée de bouclier pour dénoncer une sorte d'usine à gaz sur le terrain
01:52 qui a trouvé un certain écho au Sénat, en pleine campagne des sénatoriales.
01:56 Alors, faut-il revoir ? Attention, c'est pas facile.
01:58 L'objectif du ZAM, le zéro artificialisation net, prévu dans cette loi climat.
02:04 Bonsoir, Bastien Marchive. - Bonsoir.
02:05 - Merci d'être là. Vous êtes député apparenté Renaissance des Deux-Sèvres
02:09 et vous êtes le rapporteur à l'Assemblée de cette proposition de loi qui arrive du Sénat.
02:13 Elle est examinée en commission, elle arrive dans l'hémicycle la semaine prochaine.
02:17 Vous allez dire ce que vous allez en faire de ce texte.
02:20 C'est pas votre groupe politique. Est-ce que vous allez le rejeter ou peut-être même le réécrire ?
02:25 Bonsoir, Aminata Niakate. - Bonsoir.
02:27 - Merci d'être là. Vous êtes porte-parole d'Europe Écologie Les Verts.
02:30 Bonsoir, F. Schäfetel. Ravi de vous retrouver.
02:32 Journaliste à Libération, chargée de la ville, de l'urbanisme et du logement.
02:36 Enfin, bonsoir, Jean-Philippe Dugoin-Clément. - Bonsoir.
02:38 - On a forcément besoin d'un maire sur ce plateau, ça tombe bien.
02:42 Vous êtes le maire de Méncy, dans les Sônes, maire centre-droit.
02:45 Je crois que vous êtes aux prises avec cette question du ZAN.
02:48 Auteur de "L'habitat fait le citoyen", aux éditions de l'Aube, Mathilde Panot.
02:53 On voit que ce sujet remonte partout du terrain, peut-être même dans le Val-de-Marne, votre circonscription.
02:57 Donc évidemment, n'hésitez pas à participer, à intervenir, même à interroger nos invités.
03:02 On commence par planter le décor. Les ZAN en 200 secondes. C'est un défi.
03:06 Le chrono de Blaco, tout de suite.
03:08 [Musique]
03:11 - Bonsoir, mon cher Stéphane. - Bonsoir, Myriam. Bonsoir à toutes et tous.
03:15 - Alors, le tout béton. - Avant de parler du ZAN, on va peut-être essayer d'expliquer de quoi on parle.
03:22 Donc on va partir d'un chiffre choc qui a été révélé par Cour des comptes,
03:26 qui disait en 2020 qu'entre 2010 et 2020, 600 000 hectares de terre naturelle ont été bétonnés en France,
03:34 qui correspond à l'équivalent d'un département.
03:36 Donc à ce rythme-là, au bout d'un siècle, on a bétonné l'ensemble de la France.
03:40 Alors, le coupable en plus est désigné, vous voyez, par la Cour des comptes, c'est marqué ici.
03:43 La raison, c'est l'étalement urbain.
03:46 Ce fameux rêve français du pavillon avec jardin, pourquoi pas une piscine pendant qu'on y est ?
03:51 Et ça, évidemment, un résultat, c'est que la ville grignote sur la campagne,
03:55 ce qui est une catastrophe écologique.
03:56 C'est pas moi qui le dis, c'est lui.
03:59 - On a construit un modèle de société où la promotion sociale, le progrès, la réussite,
04:06 passait par avoir son pavillon à quelques dizaines de kilomètres du centre-ville,
04:11 conduire les enfants à des activités dès qu'ils sont pas à l'école.
04:14 Et donc un modèle où on a le pavillon, où on a de l'étalement urbain,
04:17 où on a deux véhicules par foyer, etc.
04:21 Et à cet égard, en effet, il faut réussir à revenir sur cette catastrophe française
04:27 qui a été l'artificialisation des sols.
04:29 - Alors ça, c'était en 2020 et le président, vous l'avez peut-être remarqué,
04:32 s'exprimait devant la Convention citoyenne pour le climat.
04:35 Donc dès l'année suivante, ça s'est traduit dans une loi qui a été adoptée à l'Assemblée,
04:38 qui a acté un grand principe, celui du ZAN,
04:41 donc diminuer de moitié l'artificialisation des sols d'ici 2030
04:46 et pour arriver à 2050, à zéro artificialisation supplémentaire.
04:51 Donc sur le principe, tout le monde était plus ou moins d'accord au départ.
04:54 C'est-à-dire que pour les agriculteurs, ça leur donnait le sentiment
04:57 qu'on protégerait leur terre agricole,
04:58 pour les écologistes, que ça éviterait le bétonnage de la nature,
05:02 et même pour le gouvernement, ça sans doute inciterait
05:05 à revitaliser les centres-villes des petites villes de province,
05:08 qui est un de ses objectifs.
05:09 Sauf qu'en 2022, quand il a fallu traduire ça, le grand principe,
05:13 dans des décrets, là ça a commencé à coincer,
05:16 parce que les maires avaient quand même l'impression que ce truc du ZAN,
05:19 ça allait les priver d'un de leurs pouvoirs principaux,
05:21 qui est pouvoir décider du plan d'occupation de la commune,
05:23 donc de délivrer des permis de construire, ce qui n'est d'ailleurs pas totalement faux.
05:26 Résultat, l'AMF, qui est donc l'Association des maires de France, s'est rebellée,
05:30 s'est eue le Conseil d'État pour contester ces décrets.
05:35 Et puis vous savez que, lorsqu'on s'en prend aux maires, aux collectivités locales,
05:39 le Sénat ne tarde jamais trop à monter à leur secours,
05:42 et donc ils ont, ça c'était en mars, déposé une proposition de loi
05:45 pour adoucir, arrondir un peu les conditions d'application du ZAN.
05:50 On peut donner un exemple, par exemple, si l'État décide d'installer
05:54 un grand projet sur votre commune sans que vous l'ayez décidé,
05:56 il ne faudrait pas que ça vous grille votre crédit de terrain,
05:58 donc les maires auront quand même le droit de garder leur crédit
06:01 pour faire des projets personnels.
06:02 Et puis vous savez qu'il y a 36 000 communes en France, donc 36 000 cas différents,
06:05 et donc on a aussi prévu pour les petites communes des exceptions
06:08 pour pas qu'elles écoutent les mêmes règles que Paris.
06:11 Bref, vu que le gouvernement n'a pas l'intention de se fâcher,
06:14 ni avec le Sénat, ni avec les collectivités locales,
06:17 Christophe Béchu a assez vite trouvé un compromis avec les sénateurs
06:20 pour que le texte soit un peu aménagé, et puis surtout,
06:23 voter devant l'Assemblée où il est examiné en ce moment.
06:26 On croyait que c'était sorti du tunnel, mais voilà qu'une nouvelle dissension apparaît,
06:30 cette fois-ci au sein même du gouvernement.
06:32 Christophe Béchu, bon, il est quand même ministre de l'écologie après tout,
06:35 donc l'idée que les maires ne soient pas prisonniers des projets
06:39 que l'État installe chez eux, à la limite il peut comprendre,
06:41 mais il ne veut pas que les usines échappent complètement aux ânes.
06:45 Sauf que pendant ce temps-là, il y en a qui essaient de réindustrialiser la France.
06:48 Alors forcément, ils ne sont pas contents, on les écoute.
06:51 Je suis favorable à ce que les projets d'industrie verte,
06:56 que ce soit les projets d'intérêt national
06:58 ou les autres projets de PME et d'ETI, soient exclus du calcul du ZAN.
07:04 C'est ma position, je le dis très simplement,
07:07 c'est la position du ministre de l'économie et des finances,
07:09 ce n'est pas encore définitivement arbitré.
07:11 Ah, suspens, qui l'emportera ?
07:14 Est-ce que Christophe Béchu aurait plus d'influence au gouvernement que Bruno Le Maire ?
07:18 En tout cas, Bruno Le Maire peut compter, à priori, sur le soutien de Eilert
07:21 ou au moins d'Olivier Marlex, qui n'a pas l'air de porter le ZAN dans son cœur, on l'écoute.
07:25 Aujourd'hui, on le voit dans nos territoires,
07:27 on n'est plus capable d'implanter des grandes entreprises
07:30 parce qu'on n'a plus de foncier, on n'a plus de réserve,
07:32 et on nous interdit d'en consommer.
07:34 Mais le zéro en utilisation, c'est de l'écologie radicale,
07:37 et le gouvernement est otage de cette écologie.
07:40 Alors, je vais vous laisser débattre, bien sûr,
07:42 juste un petit détail, peut-être à l'attention de nos téléspectateurs,
07:45 en septembre, ce sont les élections sénatoriales,
07:47 c'est peut-être pour ça que tout le monde est au chevet des campagnes.
07:50 Ah oui, vous croyez, vous êtes chacun.
07:52 Justement, merci beaucoup Stéphane.
07:54 Je commence avec vous sur le contexte dans lequel, justement,
07:57 ces remises en cause de ce ZAN arrivent.
08:00 Il y a la campagne des sénatoriales, et puis il y a la crise du logement.
08:05 Voilà, ça arrive dans ce moment-là très particulier.
08:08 Ça milite pour quoi, à votre avis ?
08:10 Pour d'urgence revoir ses dispositifs, ou se dire attention, récupération ?
08:14 Écoutez, je pense que la première des choses, déjà,
08:17 c'est de se dire que la France est le plus gros consommateur foncier d'Europe.
08:21 C'est 15% de plus qu'en Allemagne, et c'est 57% de plus qu'au Royaume-Uni.
08:24 Il y a pourtant une population qui est semblable.
08:26 Ce qui veut dire que sur les 50 dernières années,
08:28 on a beaucoup artificialisé, de par le modèle qui a pu être évoqué tout à l'heure.
08:32 Alors, j'ai lu, mais je ne connais pas bien le sujet.
08:34 Donc, je vous interromps, mais on fait de la pédagogie.
08:36 9% en France de zones artificialisées.
08:39 Moins que sur eux-mêmes, Myriam.
08:41 Sur l'ensemble du territoire.
08:42 Moi, je vois ce chiffre, je me dis, c'est pas beaucoup, je me trompe ?
08:45 Il faut se rappeler pourquoi est-ce qu'on a adopté la loi climat.
08:47 Derrière ça, c'est des enjeux de préservation de la biodiversité,
08:50 de préservation également du stockage du CO2.
08:53 Il y a également des enjeux de cycle de l'eau, qui sont à prendre en compte.
08:58 C'est-à-dire qu'un sol, une fois qu'il est artificialisé,
09:00 il ne remplit plus sa fonction première sur le plan environnemental.
09:03 Il ne capte plus le carbone.
09:05 C'est exactement ça.
09:06 Et la loi climat, elle a justement cette ambition
09:09 de faire en sorte qu'on ne tombe pas dans des excès
09:12 qui auraient un impact significatif en matière de réchauffement climatique.
09:15 Après, on peut la caricaturer.
09:17 Moi, je pense qu'il ne faut pas opposer sobriété foncière et construction.
09:22 On peut continuer à construire,
09:24 il faut simplement repenser nos modes de construction
09:27 et c'est tout l'enjeu de la loi climat et du texte qu'on a également à prendre en compte.
09:31 La question, c'est est-ce que les temporalités sont compatibles ?
09:34 Il y a besoin de logements tout de suite.
09:36 Alors, Aminata Kanaate, Nniakate, pardonnez-moi.
09:40 D'abord, je voudrais comprendre.
09:41 On dit 9 % d'artificialisation, à priori c'est peu,
09:45 mais le problème français, c'est l'étalement urbain.
09:47 C'est ça qui est le plus mauvais pour l'environnement.
09:49 Ces fameux pavillons, cette France périphérique
09:51 avec des zones industrielles, des zones commerciales,
09:54 qui fait que finalement, même si c'est 9 %,
09:56 si c'est disséminé partout, ça ne donne pas de bonne terre.
09:59 C'est certain que l'étalement urbain est un problème pour la pleine terre
10:03 qui remplit un certain nombre de services écologiques.
10:05 Et pour une fois, je suis d'accord avec ce que vous dites,
10:08 qu'il y a des enjeux sur l'eau, il y a des enjeux sur le climat,
10:11 et on doit lutter contre le plus grand enjeu du siècle.
10:16 Et évidemment, il faut revenir sur...
10:19 Enfin, il faut garder cette loi, c'était une bonne idée,
10:22 la loi climat.
10:23 Le problème, c'est le manque de pilotage,
10:26 les collectivités sont livrées à elles-mêmes,
10:29 c'est pas pensé à la bonne échelle,
10:31 et moi, je crois fondamentalement...
10:33 -Donc c'est mal fait, la loi est mal faite.
10:35 Vous êtes écologiste...
10:36 -Les collectivités sont livrées à elles-mêmes, etc.,
10:39 et puis en plus, les maires sont assez dépendantes du foncier
10:42 en termes de revenus, la taxe d'habitation a disparu,
10:45 elles dépendent de la taxe foncière,
10:47 elles dépendent aussi de la CFE, de la contribution foncière.
10:50 -Ce qui me freine, c'est qu'on n'a pas, en fonction des villes,
10:53 la même densité en fonction des zones rurales,
10:56 et pourtant, l'objectif est le même pour tous.
10:59 C'est ça, monsieur le maire ?
11:02 Comment on explique, au fond, cette règle un petit peu...
11:06 Je veux dire, voilà, égalitariste ?
11:08 -En fait, c'est tous les impensés de la loi.
11:11 La trajectoire ZAN, c'est quoi ?
11:13 C'est la réduction de l'extension urbaine,
11:15 c'est protéger les terres naturelles.
11:17 Tout le monde la partage, je pense qu'autour de ce plateau,
11:20 personne ne dira qu'il ne faut pas artificialiser moins de terres.
11:23 Le problème qui se pose, c'est le financement du ZAN,
11:26 qui pose un vrai sujet sur le logement,
11:29 et c'est le détail d'un texte qui a été mal fichu.
11:32 La loi d'août 2021 et encore plus ses décrets d'application
11:35 ont un certain nombre d'aberrations
11:37 qui, sur le terrain, très concrètement, bloquent tout.
11:40 Quand on compte, par exemple, le jardin d'un pavillon
11:43 comme étant artificialisé, ça veut dire que, dans des villages,
11:46 on les vitrifie, on va perdre de la population,
11:49 on va fermer des écoles.
11:51 On a toute une série, en fait, de types de règlements
11:54 qui ne vont pas, non pas sur l'objectif cherché,
11:57 mais vraiment sur la méthode.
11:59 Dans les choses qui peuvent choquer,
12:01 si on met tout le monde à la même enseigne,
12:04 que vous ayez été très vertueux depuis des années,
12:07 que vous ayez réduit très fortement votre artificialisation,
12:10 ou qu'au contraire, vous ayez tartiné de l'étalement urbain,
12:13 on vous impose la même règle.
12:15 -Les bons élèves sont pénalisés.
12:17 -Ils se retrouvent pénalisés.
12:19 On ne tient pas compte de la densité de population,
12:22 du potentiel de développement économique.
12:24 Paris, c'est la 7e capitale la plus dense au monde.
12:27 L'Ile-de-France, pour le secteur intramétropolitain,
12:30 c'est la métropole la plus dense en Europe,
12:33 alors qu'à l'inverse, on a des secteurs très ruraux.
12:36 On applique la même règle à tout le monde.
12:38 C'est toute la question qui doit être tranchée par les modifications
12:42 de loi et de décret, c'est de remettre un peu de méthode
12:45 dans un principe que tout le monde partage.
12:47 -On verra comment, dans un instant,
12:49 parce qu'il faut comprendre comment ça se passe sur le terrain.
12:52 On a une écologiste qui nous dit que la loi est bonne
12:55 dans son objectif, mais pas forcément dans les moyens...
12:58 -Déjà, pour qu'on comprenne tout ça,
13:00 je veux citer un rapport qui a été rendu
13:02 par la Fabrique écologique qui montre que l'artificialisation
13:05 des sols qui a été faite a été faite à 70 % sur des terres
13:09 qui étaient agricoles et qui étaient bonnes
13:12 pour la souveraineté alimentaire de la France.
13:15 Ca, par exemple, c'est un objectif d'arrêter complètement ça,
13:18 d'artificialiser sur des terres agricoles.
13:21 Je pense que c'est très important.
13:23 On a perdu 2,4 millions d'hectares agricoles depuis 1982.
13:26 Donc c'est un objectif pour la souveraineté alimentaire.
13:29 Sur la question du cycle de l'eau,
13:31 et notamment les inondations qu'on voit très fréquemment
13:34 et de plus en plus fréquemment sur notre territoire
13:37 sont liées à un problème d'infiltration des eaux.
13:40 -Sur les objectifs, tout le monde...
13:42 -Je l'ai redit quand même parce que c'est quand même important
13:45 pour que tout le monde comprenne pourquoi cet objectif
13:48 est important et il est important à tenir.
13:50 -Mais sur la mise en oeuvre ?
13:52 -Je trouve que c'est intéressant, par exemple, les maires ruraux
13:55 qui ont dit qu'ils avaient besoin d'un plan Marshall
13:58 sur la rénovation du bâti qui est aujourd'hui vacant.
14:01 Vous savez qu'on a 3,2 millions de logements
14:04 qui sont vacants dans notre pays.
14:06 Et lorsque vous avez des maires de communes rurales
14:09 qui disent par exemple "J'ai cinq maisons en ruine dans mon village
14:13 et je n'ai pas les moyens de pouvoir les rénover,
14:16 donc il faut un plan Marshall, un plan de financement
14:19 pour aider, un plan aussi d'ingénierie de l'Etat
14:22 pour aider à ce qu'on rénove et qu'on fasse en sorte
14:25 de ne pas artificialiser des nouvelles terres.
14:27 -Je vois que c'est beaucoup la question des moyens financiers.
14:30 -Sur les questions systémiques qui ne sont pas pensées,
14:33 sur la question de rapprocher les lieux de travail et les lieux de vie
14:36 ainsi que les services publics, ça, c'est une chose qui,
14:39 en termes de ne pas refaire des routes de partout,
14:42 des autoroutes qui, là aussi, artificialisent souvent
14:45 les lieux, c'est une chose importante qui est là aussi un impensé.
14:48 -On va partir sur le terrain, on va aller voir un reportage
14:51 en Bretagne, on reviendra sur le concret avec le maire,
14:54 mais pour terminer le tour de table, d'abord cette grogne
14:57 qui monte, vous les avez rencontrées, les maires,
15:00 elle dépasse les clivages politiques ?
15:03 Elle concerne qui en particulier ? Plutôt les petites communes rurales
15:06 au détriment des grosses villes ? -Moi, j'ai rencontré
15:09 aussi beaucoup de maires qui sont très favorables à l'objectif
15:12 et qui le mettent en oeuvre déjà depuis des années.
15:15 Il faut voir que, certes, on a beaucoup
15:18 artificialisé tout à fait depuis les années 70, qui correspond
15:21 à un modèle d'urbanisation, on le sait, avec les centres
15:24 commerciaux à l'extérieur, le pavillon, etc.,
15:27 financés par des dispositifs publics d'accession à la propriété,
15:30 mais ça a diminué quand même depuis une dizaine d'années.
15:34 Il y a eu de nouveau un remonté un peu après le Covid,
15:37 le Covid avait tout gelé, mais quand même, il faut reprendre
15:40 les chiffres. Vous avez dit 9 % de surface artificialisée.
15:43 Moi, j'ai regardé la dernière enquête qui fait foi,
15:46 l'enquête Terruti, c'est 7,9 % exactement.
15:49 Donc c'est moins de 8 % de la France qui est urbanisée.
15:52 Sachant que la France est quand même un des pays, peut-être,
15:55 qui a le plus en rythme artificialisé, mais qui est aussi
15:58 l'un des plus grands pays d'Europe et le moins dense.
16:01 -Ca remet en cause l'objectif en lui-même ?
16:04 -Non, pas du tout. L'objectif, il est formidable, c'est important
16:07 pour nous, mais ça reste un objectif. Après, oui, effectivement,
16:10 les moyens, comment on y arrive, etc. -Et sur la fronde,
16:13 parce qu'on l'entend, cette levée de boucliers, c'est plus la droite ?
16:16 On sait que l'AMF, l'Association des maires de France,
16:19 en a fait un cheval de bataille, où c'est vraiment toute une question
16:22 pragmatique, concrète, notamment dans la ruralité.
16:25 C'est mal fait, c'est mal pensé, c'est mal financé.
16:28 -Je ne saurais pas dire si c'est... Oui, effectivement, l'AMF,
16:31 David Lysnard a été très en pointe sur le sujet,
16:34 mais... Non, moi, j'ai rencontré beaucoup de maires
16:38 qui sont en train de réfléchir, qui déjà réfléchissaient,
16:41 comment on fait, concrètement.
16:43 Effectivement, il y a l'idée qu'on va recycler spontanément,
16:46 on va davantage recycler les friches pour éviter
16:49 d'artificialiser, et ça, c'est aussi encouragé
16:52 par le gouvernement, il y a des fonds pour ça,
16:55 le fonds friche, etc., donc il y a quand même des financements
16:58 qui existent et qui le pratiquent déjà, vraiment.
17:01 Et à chaque fois, c'est moins l'étalement que le mitage.
17:05 -C'est quoi, la différence ? Mitage, étalement, c'est pareil.
17:09 -Mitage, c'est vraiment le pavillon seul qui va être loin
17:13 et qui va obliger à tirer des réseaux, faire une route, etc.
17:17 Donc ça, c'est...
17:19 Cet émiettement, disons, est néfaste.
17:22 Après, l'étalement, c'est devenu un peu un mot épouvantail,
17:26 mais...
17:28 Les Français aussi ont besoin de se loger,
17:31 et si possible, en priorité dans les logements neufs,
17:34 il y a 3 millions de logements, pardon, vacants,
17:37 notamment de Centrebourg, il y a 3 millions de logements vacants,
17:40 donc ça, c'est vrai que ça devrait être la priorité.
17:43 Le gouvernement vient de flécher le PTZ dans cette direction.
17:46 -Pas trop de sigle, s'il vous plaît, avec le ZAN, c'est suffisant.
17:49 On part en Bretagne, et je vous redonne la parole juste après.
17:52 En quoi cet objectif du ZAN oblige les élus concrètement
17:56 sur le terrain, et pourquoi ça coince, caméra embarquée,
17:59 avec Pierre-Michel Carniel, André Laffont, à Locmalo,
18:04 c'est un petit village dans le Finistère. Regardez.
18:07 ...
18:12 -Voici une espèce en voie de disparition,
18:14 le pavillon, si cher aux Français.
18:16 Avec la loi climat, il ne pourra bientôt plus rogner
18:19 sur les terres agricoles.
18:21 Le maire de Locmalo a conscience qu'il devra changer ses habitudes
18:24 en ce qui concerne la délivrance du permis de construire
18:27 et l'aménagement de son territoire.
18:30 -Il va falloir travailler différemment,
18:32 densifier, peut-être moins de voiries,
18:35 les espaces verts un peu plus restreints,
18:37 mais peut-être mieux travailler.
18:39 Des choses comme ça, et sur des zones plus urbaines,
18:42 de faire du bâti à deux à plusieurs niveaux,
18:46 avec des fonctionnements, peut-être de la personne âgée en rez-de-chaussée.
18:50 -Un changement dû au fameux ZAN,
18:52 car comme les autres communes,
18:54 Locmalo devra diviser par deux la surface
18:57 des nouveaux terrains à construire d'ici 2031.
19:00 Aucune nouvelle terre ne pourra devenir constructible
19:03 à partir de 2050.
19:05 Un casse-tête pour le maire du village de 900 habitants
19:08 avec peu de moyens.
19:10 -Ce qui peut être angoissant,
19:12 c'est le manque d'ingénierie et le manque de financement.
19:16 Pour renaturer, par exemple, un vieux parking,
19:19 y faire du logement ou un parc, en compensation,
19:23 il va falloir de l'argent, qu'on n'a pas forcément.
19:26 Enfin, pas nous, les petites communes.
19:28 Et également, le manque d'ingénierie,
19:30 sur des petites communes où il y a une personne
19:33 en secrétaire de mairie, peut-être deux.
19:36 Et pour le coup, c'est hyper compliqué, en milieu rural.
19:39 C'est ce qui nous manque le plus.
19:41 -Pourtant, le maire a déjà pris les devants
19:44 et entame la transition écologique de Locmalo.
19:47 -Salut, Richard.
19:49 -La commune a racheté de vieilles longères.
19:52 Elles sont réhabilitées avec l'aide d'un architecte.
19:55 -Ouais. Merci d'être venu. -Y a pas de souci.
19:58 -En plus de valoriser le patrimoine,
20:00 l'objectif est de rationaliser l'espace
20:03 en favorisant les logements à étage.
20:05 -Aujourd'hui, on va en faire une médiathèque,
20:08 on va en faire 3 logements communaux
20:10 pour des personnes ayant peu de moyens.
20:12 -Réhabiliter coûte plus cher que de construire du neuf,
20:15 mais pour l'architecte, le projet revitalise le coeur de la commune.
20:19 -C'est pas moins cher, mais par contre, on valorise un bien.
20:22 C'est tout un cadre qui est valorisé,
20:24 c'est-à-dire que là où on va peut-être faire du neuf,
20:27 des pavillons neufs, admettons, dans un bourg,
20:30 qu'est-ce qu'on construit dans le bourg ?
20:32 On construit simplement un dortoir,
20:34 on construit un lieu de vie,
20:37 une activité au coeur de bourg.
20:40 -Locmalo ne compte pas s'arrêter là.
20:42 La commune va racheter et réhabiliter d'autres vieilles bâtisses
20:46 pour continuer de se développer sans toucher rôters agricoles.
20:50 -Alors, Jean-Philippe Dugoin-Clément,
20:52 vous vous reconnaissez, j'imagine, dans les difficultés de ce maire,
20:56 même si sa ville est plus petite que la vôtre ?
20:59 -Que ce soit moi ou des collègues,
21:01 déjà, ce qu'il faut bien avoir conscience,
21:03 c'est que la division par deux, c'est pas pour chaque commune,
21:06 c'est pour chaque région.
21:07 Il y a des communes qui ont zéro, qui ne peuvent plus rien faire.
21:10 -Il faut expliquer ça, parce que l'objectif est national,
21:13 mais il est aussi local, c'est-à-dire qu'il est décliné
21:16 dans les départements. -Il est décliné par région.
21:19 Chaque région doit diviser par deux sa consommation foncière
21:22 par rapport à la dernière décennie.
21:24 Selon la répartition qui est faite,
21:26 il peut très bien rester zéro pour une commune.
21:29 Une commune ou un village peut se retrouver
21:31 à ne pas avoir une division par deux,
21:33 mais à ne plus avoir un mètre carré d'extension.
21:36 Si on prend l'exemple des grands projets,
21:38 le journal Seine-Nord, pour les Hauts-de-France,
21:41 si ça n'est pas sorti des comptabilisations de la région,
21:44 prend quasiment toutes les possibilités d'extension.
21:47 Le débat technique qu'il porte, il est là-dessus.
21:50 Il n'est pas sur le fait de dire qu'on fait des efforts,
21:53 on consomme moins, il est sur les déclinaisons techniques.
21:56 -Il y a un contrôleur, on dit que c'est le préfet
21:59 qui doit valider les plans locaux d'Urbani,
22:02 qui joue un petit peu les empêcheurs de tourner en rond,
22:05 c'est lui, le préfet, qui essaye de vérifier
22:08 que l'objectif du ZAN est bien respecté ?
22:11 -Actuellement, il n'est pas mis en oeuvre.
22:13 La loi date de 2021, la diminution de trajectoire,
22:16 il est sur 2021-2030, et c'est aux régions.
22:19 Chaque région doit mettre en place le ZAN sur son territoire.
22:24 Ensuite, les communes auront trois ans sur leur PLU
22:28 pour se mettre en conformité.
22:30 -Expliquez, le PLU, c'est quoi ?
22:32 -C'est le plan local d'urbanisme.
22:34 -C'est la manière de planifier ?
22:36 -Où est-ce qu'on peut construire, où on ne construit pas,
22:39 où on fait des équipements publics, du logement,
22:42 quelle densité de logement à la parcelle,
22:44 quelle quantité d'espace vert à la parcelle.
22:47 La réalité, c'est que les PLU d'application du ZAN
22:50 ne sont pas encore en construction.
22:52 Ce qui est en construction, c'est les trajectoires régionales.
22:55 Je vais vous dire, des SRADET, des SDRIF, c'est horrible.
22:58 -Ces trajectoires régionales ont une force contraignante ?
23:01 Elles sont décidées au Conseil régional ?
23:03 -C'est... Là encore, on est sur quelque chose de très compliqué.
23:06 En Ile-de-France, c'est contraignant.
23:08 Depuis 40 ans, pour les régions hors Ile-de-France,
23:11 ça n'était pas contraignant, historiquement.
23:13 Et ça va le devenir.
23:14 C'est aussi ce qui fait que, hors Ile-de-France,
23:16 il y a une crispation et une peur terrible
23:18 parce qu'il n'y avait pas de contrainte régionale.
23:21 C'est une révolution culturelle.
23:23 -On va aller sur les assouplissements.
23:25 Si je comprends bien, l'idée, c'est de garder l'objectif,
23:28 de le mettre en oeuvre, peut-être en faisant des exceptions
23:32 ou en sortant un certain nombre de secteurs
23:35 de la comptabilité de la région.
23:38 Déjà sur la ruralité,
23:40 les sénateurs mettent en avant la garantie rurale.
23:43 C'est quoi ? C'est un hectare préservé pour ces petites communes
23:47 pour qu'elles n'aient pas, au fond,
23:49 les mêmes règles que les plus grosses ?
23:51 -Cette idée de déroger, c'est la proposition de loi du Sénat.
23:54 Ce n'est pas l'orientation qu'on a prise.
23:56 Le texte voté en commission, pas plus tard qu'hier,
23:59 ne retient pas cette idée de déroger.
24:01 Pourquoi ? Il y a des considérations environnementales.
24:04 On les a adoptées il y a 2 ans. Elles sont pour 30 ans.
24:07 On ne va pas, 2 ans après, commencer à dire qu'on ne les respecte
24:10 alors même qu'on n'a pas commencé à les décliner.
24:13 -Si je comprends bien, c'est que c'est compliqué.
24:16 L'idée, c'est d'être respecté, mais sans imposer
24:19 que cette comptabilité de baisse de trajectoire de l'artificiation
24:23 soit prise sur la commune ou sur la région.
24:26 Il y a un gâteau commun et on fait une part à part.
24:29 -Il y a deux enjeux.
24:31 On a 125 000 hectares de droits à construire
24:34 sur la période 2021-2031.
24:36 C'est deux fois moins que sur la décennie précédente.
24:39 Ces 125 000 hectares, on vient en déduire une enveloppe forfaitaire
24:43 dans laquelle on a identifié des projets d'intérêt nationaux
24:46 et d'envergure nationale ou européenne.
24:48 Ces projets, ça va être la transition énergétique,
24:51 le développement de lignes ferroviaires, par exemple,
24:54 ça va être aussi l'industrie verte.
24:56 L'objectif, c'est de pouvoir garantir
24:58 que ces projets vont bien se réaliser.
25:00 C'était l'une des attentes, je pense,
25:02 qui a été exprimée également par Bruno Le Maire.
25:05 Là, on répond à cette attente...
25:07 -Ca veut dire que vous sortez de la comptabilisation du ZAM ?
25:10 -Non, on ne la sort pas.
25:11 On prend les 125 000 qui sont les droits à construire
25:14 à Globo Nationaux.
25:15 Ce que veut Bruno Le Maire, je pense,
25:17 c'est que ces projets-là puissent se faire.
25:19 Là, on vient le garantir en les mettant dans un forfait,
25:22 on les déduit des 125 000, et ensuite,
25:24 on les répartit entre l'ensemble des territoires,
25:27 et c'est ensuite décliné par les régions
25:29 et à un niveau plus infras.
25:31 -Les industries vertes seront soumises au ZAM,
25:34 mais sans pénaliser les communes, par exemple, d'à côté.
25:37 -Pour expliquer, Bruno Le Maire,
25:39 en fait, il y a une enveloppe,
25:41 et cette enveloppe, c'est la garantie qu'on tienne l'objectif.
25:44 Sinon, c'est comme d'habitude, on se donne un objectif
25:47 notamment parce que les moyens ne sont pas donnés en ingénierie,
25:50 en financier, en investissement, etc.
25:52 En gros, vous avez le ministre Béchu qui dit
25:54 qu'il faut tenir l'enveloppe pour tenir l'objectif,
25:57 même si on ne met pas les moyens derrière,
25:59 donc il y a un petit côté hypocrite, mais voilà.
26:02 Et vous avez Bruno Le Maire qui dit
26:04 qu'il veut qu'on sorte certains des projets de l'enveloppe,
26:07 donc en quelque sorte, il y ait l'enveloppe,
26:09 plus plein d'autres choses,
26:11 et la garantie que l'enveloppe ne sera pas tenue,
26:14 et donc que les objectifs sur l'artificialisation,
26:16 sur la question d'aggraver le réchauffement climatique...
26:18 - Alors, l'arbitrage n'est pas rendu.
26:20 - C'est ça, le rapport de force qui est en train de se jouer.
26:23 - La position, aujourd'hui, elle est claire,
26:25 puisque le test que nous avons adopté hier en présence du ministre
26:28 et suite à des réunions qui ont eu lieu en interministériel,
26:31 elle a été celle-ci, de dire
26:33 "Nous avons une comptabilité nationale du droit à construire,
26:36 "on en déduit les projets d'envergure nationale
26:38 "et ensuite, on répartit le droit à construire."
26:40 - C'est Christophe Béchu qui a gagné l'arbitrage.
26:42 - Il ne s'agit pas de gagner ou de perdre.
26:44 Là où on gagne, c'est de garantir que ces projets-là puissent se faire,
26:47 puisque c'est des projets de politique publique
26:49 qui sont structurés en échelle du pays, et on souhaite qu'ils se fassent.
26:52 Et après, pour vous répondre sur la ruralité,
26:54 c'est l'enjeu, évidemment, de la garantie rurale.
26:56 - Vous pouvez réexpliquer ce que c'est, la garantie rurale ?
26:58 - Le risque qu'il y avait, c'est qu'on avait des communes
27:00 qui avaient très peu artificialisé lors de la décennie précédente,
27:03 qui mécaniquement se retrouvaient avec très peu,
27:05 et c'est ce qu'on appelait les bons élèves, quelque part,
27:08 parce qu'ils avaient été sobres sur le plan foncier.
27:10 - Ils avaient les mêmes efforts alors qu'il y a très peu de mécanisation.
27:12 - L'enjeu, c'est de veiller à un bon équilibrage territorial
27:14 en termes de répartition de ces fameux droits à construire.
27:16 L'objectif de cette garantie rurale, c'est de donner un hectare.
27:19 C'est ce que proposaient les sénateurs, on a eu le débat hier,
27:21 et il aura lieu également en hémicycle.
27:23 Mais finalement, ce n'est pas tant de savoir si c'est un hectare ou pas.
27:26 Ce qui est important, c'est de savoir qui en bénéficie,
27:29 et à quelles conditions.
27:31 Aujourd'hui, l'orientation qui est prise,
27:33 c'est de faire en bénéficier les communes,
27:35 et c'est un peu technique, mais les communes dites "peu denses"
27:37 ou "très peu denses" au sens de l'INSEE,
27:39 à savoir, concrètement, ça représente 31 000 communes en France
27:42 qui se verront garantir un droit à construire minimum d'un hectare.
27:45 Et il y a un autre élément qui est quand même déterminant,
27:47 c'est que cette logique que l'on trouve à l'échelle nationale
27:50 pour les projets d'envergure nationale,
27:52 on souhaite pouvoir la décliner en faisant confiance
27:55 et en laissant la liberté aux élus locaux,
27:57 de pouvoir la décliner également à l'échelle régionale
27:59 et à l'échelle intercommunale.
28:01 - Vous assouplissez quand même, il y a plus d'autonomie.
28:03 - On assouplit dans la mise en œuvre, parce que oui,
28:05 il y avait un enjeu de tenir compte de la particularité
28:08 et des spécificités de chaque territoire.
28:10 Après, j'entends aussi les enjeux de financement,
28:12 je pense qu'il y a des enjeux de fiscalité sur le foncier également
28:15 qui vont se poser, parce que mécaniquement,
28:17 on va avoir une raréfaction foncière et des phénomènes
28:19 de spéculation ou de rétention, qui nous faudra traiter.
28:22 Je pense que le PLF peut être un bon lieu pour en parler.
28:24 - Le projet de loi de finances.
28:25 - On le voit, il y a plein d'autres considérations.
28:27 - Il y a des toutes petites communes qui craignent
28:29 que leur attractivité économique soit réellement réduite à zéro,
28:32 qui ont besoin de construire.
28:34 - D'où l'enjeu de ce texte.
28:36 Et si je peux juste terminer, je ne pense pas qu'il faille opposer
28:39 les objectifs du ZAN, sachant que le ZAN, c'est pour 2050,
28:42 on n'y est pas encore, donc quand on parle de crise du logement,
28:45 en l'occurrence, il a le dos large, mais il n'a encore rien à voir là-dedans.
28:49 Je ne pense pas qu'il faille opposer logement et ZAN.
28:54 Je ne pense pas qu'il faille se dire que mieux construire,
28:57 ça veut dire ne plus construire.
28:59 On a quand même un droit à construire qui sera encore significatif.
29:01 Et quand on évoque, par exemple, une moyenne de huit logements à l'hectare,
29:05 c'est la moyenne de ce qui a été construit sur les dix dernières années.
29:08 Huit logements à l'hectare, ça fait des parcelles moyennes
29:10 de plus de 1 000 m2.
29:12 Et on tient compte des métropoles dans ce décompte-là.
29:15 Donc on le voit quand même qu'on a une marge.
29:17 Diminuer de moitié, il suffirait, c'est très trivial,
29:20 mais il suffirait de diminuer par deux la surface moyenne
29:23 des terrains qui accueillent des maisons individuelles
29:26 pour le régler sur la période des dix ans qui arrivent.
29:29 - Donc pour vous, on n'est pas du tout dans l'alerte,
29:32 on n'est pas dans une usine à gaz épouvantable.
29:34 Parce que ce qu'on entend sur le terrain...
29:36 - On a quand même aussi à côté de ça 170 000 hectares de friches.
29:39 - Ça, c'est mobilisable.
29:41 - On a un vrai enjeu de rénovation énergétique sur lesquelles des moyens conséquents sont mis.
29:44 On a encore la marge de construire.
29:46 - Alors Bruno Le Maire n'y croit pas, l'industrie vête sur les friches actuelles,
29:48 mais j'entends que ce n'est pas lui qui emporterait in fine cet arbitrage.
29:52 Aminata Niakate, on entend l'objectif,
29:56 cette majorité y tient, mais il y a des assouplissements,
30:00 notamment la garantie rurale.
30:02 Ça va dans le bon sens pour les écologistes ?
30:04 - C'est vrai que quand j'entends parler de...
30:06 On continue la cadence sur les grands projets,
30:09 les opérations d'intérêt national, les grands projets inutiles, etc.
30:12 J'imagine que l'autoroute A69, vous la mettez dedans,
30:15 donc je suis assez inquiète de ce que ça peut donner réellement.
30:19 Aujourd'hui, 30 % des nouvelles artificialisations
30:22 concernent les commerces, les bureaux, etc.
30:24 J'ai l'impression qu'on continue comme avant.
30:27 Et puis aussi, un autre aspect,
30:30 c'est que sur les nouvelles artificialisations nettes qui arrivent,
30:33 les constructions et donc la promotion mobilière,
30:36 ça concerne très souvent des zones très faibles en tension sur le logement
30:41 ou des zones en démographie qui baissent.
30:44 Là où il y a des besoins, c'est pas là qu'on artificialise.
30:47 Il y a un vrai problème de pilotage et de planification.
30:50 - Qu'est-ce que vous pensez de ces différents,
30:52 des propositions qui vont plutôt dans le bon sens,
30:55 à souplissement, à l'oeuvre,
30:57 ce qui est très bien expliqué par monsieur le député ?
31:00 - Que ce soit les propositions de loi actuelles ou les décrets,
31:03 c'est des choses qui vont plutôt dans le bon sens,
31:06 parce que ça remet un peu d'huile dans les rouages d'une mécanique
31:09 que tout le monde partage.
31:11 Là où ça ne répond pas, c'est sur les impensées
31:14 par rapport à la production de logements,
31:17 notamment de logements sociaux,
31:19 où le foncier vaut plus cher, c'est encore plus dur
31:22 que de produire du logement privé.
31:24 Globalement, on parle beaucoup des friches,
31:26 des zones d'activité économique hors qualification,
31:29 la transformation bureau-logement,
31:31 mais tout ça coûte plus cher que la construction ex nihilo.
31:34 Il faut travailler les régimes fiscaux
31:36 ou les simplifications qu'on peut apporter là-dessus.
31:39 - Un mot de conclusion ?
31:41 - Pour avoir suivi le dossier depuis le 24 août 2021,
31:44 le vote de la loi Climat Résilience,
31:46 ça avance, ça avance, cet acronyme,
31:48 ça y est, les gens le connaissent, se le sont approprié,
31:51 et on est en train de changer notre manière de penser, d'urbaniser,
31:54 et ça, c'est quand même très positif,
31:56 au-delà de la question... - Du comment.
31:58 - Oui, du comment, etc., ça va se régler, en fait.
32:01 Petit à petit, ça va se régler,
32:03 on va trouver une bonne manière de faire,
32:05 une bonne intelligence, en déclinant, effectivement,
32:08 les objectifs au niveau national, régional, intercommunal, et...
32:11 - Bah, écoutez, on s'arrête là.
32:13 En tout cas, je vous remercie, parce que c'était pas simple
32:16 à comprendre au départ, et c'est beaucoup plus clair ce soir.
32:19 Merci beaucoup d'être venus débattre sur LCP.
32:22 Vous restez avec moi, Mathilde Panot,
32:24 dans une dizaine de minutes, les parties prises de nos affranchis.
32:27 Ce soir, le regard du philosophe Pierre-Henri Tavoyau
32:30 sur la polémique récente sur les jours fériés,
32:32 la plume acérée de Vincent Hugé sur la visite en France
32:35 de Mohamed Ben Salman, le prince héritier d'Arabie saoudite,
32:38 et puis, nouvel épisode de notre série Bourbon Express spéciale un an,
32:41 Marco Pommier, de quoi nous parlez-vous ce soir ?
32:44 - Ce soir, je vais vous parler du "name and shame",
32:46 une arme politique redoutable, vous verrez.
32:48 - Merci, messieurs. A tout à l'heure.
32:50 Mais d'abord, on va revenir avec vous, Mathilde Panot,
32:53 sur les un ans des Insoumis au Palais-Bourbon.
32:56 Vous étiez 17 dans la précédente législature,
32:59 vous voilà désormais 75, première force de l'ANUP,
33:02 mais sans Jean-Luc Mélenchon, dont l'ombre, il faut bien le dire,
33:05 plane encore sur votre groupe.
33:07 Alors, qu'avez-vous fait de ces un an ?
33:09 Regardez, c'est dans "L'Invitation" de Marion Becker,
33:11 on en parle ensemble juste après.
33:13 - Si on vous invite, Mathilde Panot,
33:21 c'est pour revenir sur l'année de la France insoumise à l'Assemblée.
33:25 Car vous êtes la présidente d'un groupe d'opposition
33:28 qui sait se faire entendre,
33:30 qui, parfois, a électrisé les débats.
33:33 - Vous êtes un imposteur et un assassin.
33:36 Vous gérez 74 députés insoumis
33:39 et dans l'hémicycle, ils portent bien leur nom.
33:42 Vous êtes devenu les champions des rappels aux règlements et des sanctions.
33:51 - Monsieur Boyard, je vous rappelle à l'ordre.
33:53 Monsieur Boyard,
33:58 je prononce à votre rencontre un appel à l'ordre
34:01 avec inscription au procès verbal.
34:03 - Au-delà de ces coups d'éclat,
34:05 vous faites entendre votre voix contre la politique
34:07 et les méthodes du gouvernement.
34:09 Vous êtes vous-même sans concession
34:12 et reconnu pour vos talents d'oratrice à la tribune.
34:15 - Depuis un an, de 49.3 en 49.3,
34:18 vous assurez le service après-vente
34:20 des caprices du président de la République.
34:23 En l'espace d'un an,
34:25 vous avez fait de notre pays une poudrière.
34:27 Bravo, madame la Première ministre, quel anniversaire !
34:30 - Pendant les retraites, les débats sont survoltés.
34:33 Votre méthode assumée, c'est l'obstruction parlementaire.
34:36 Et derrière, c'est Jean-Luc Mélenchon
34:39 qui tire les ficelles.
34:41 Peut-être un peu trop pour certains députés du groupe.
34:45 Sur l'affaire Katnins,
34:47 qu'ils auraient aimé voir davantage écartée
34:49 après sa condamnation pour violence conjugale.
34:52 Sur le fonctionnement du parti, jugé trop vertical.
34:55 Et sur la stratégie.
34:57 Alors, Mathilde Panot,
35:00 vous devez composer avec ces frondeurs,
35:03 vous, la fidèle de Jean-Luc Mélenchon.
35:06 Votre victoire à vous, cette année,
35:08 c'est l'adoption de la constitutionnalisation de l'IVG.
35:11 - Je suis très émue à la fois de ce vote
35:14 et de ce signal historique
35:17 que l'Assemblée nationale s'honore
35:20 à envoyer à toutes les femmes de notre pays.
35:23 - Un texte rassembleur
35:25 qui contraste avec les propositions de loi clivantes du groupe
35:28 qui sont l'occasion pour vous de faire du buzz,
35:31 comme celle sur la Corrida
35:33 ou la réintégration des soignants non vaccinés.
35:36 Alors, on a une question pour vous, Mathilde Panot.
35:39 Vous relayez la colère de l'Assemblée,
35:41 mais n'est-ce pas au détriment
35:43 de l'adoption de vos propositions de loi ?
35:46 - Réponse, Mathilde Panot.
35:48 - Déjà, non, parce que ce n'est pas pour faire du buzz,
35:51 et je voudrais insister là-dessus.
35:53 Pour l'abolition de la Corrida,
35:55 ce qu'Emmerick Caron a porté brillamment pour notre groupe,
35:58 c'est parce que nous pensons
36:00 qu'il est urgent d'abolir la Corrida,
36:02 notamment pour des raisons de bien-être animal dans ce pays,
36:05 et que, par ailleurs, 87 % des Français
36:08 sont favorables à ce qu'enfin on abolisse la Corrida.
36:11 Quand nous parlons de la réintégration des soignants
36:14 qui ont été suspendus parce que non vaccinés,
36:16 nous pensons notamment à la situation en Outre-mer
36:19 et aux Antilles spécifiquement, ou en Guyane,
36:22 où le système de soins s'effondre,
36:24 parce que beaucoup de gens, notamment parce qu'ils ont vécu
36:27 le scandale du chlordécone, ne voulaient pas se faire vacciner.
36:30 - Vous avez l'art de fabriquer ces propositions de loi.
36:33 Vous êtes le groupe politique dont les propositions de loi
36:36 sont les plus médiatiques.
36:38 C'est un talent, elles sont reprises partout,
36:40 parce qu'elles ont l'art de frapper les esprits.
36:42 La conflictualité, c'est un principe d'action dans l'hémicycle,
36:45 c'est une théorie, une stratégie que vous assumez pleinement.
36:48 Vous avez vu qu'on n'a pas mis dans le sujet la séquence retraite
36:51 parce qu'elle reste en mémoire des Français.
36:53 Vous n'avez pas le sentiment que cette stratégie n'a pas payé ?
36:56 - Si elle a payé.
36:57 Regardez, nous étions 17, nous sommes 75.
37:00 - Mais là, c'est après les retraites.
37:02 - Et quand vous prenez...
37:03 Oui, mais on nous a dit la même chose la dernière fois.
37:06 La dernière fois, sur la dernière bataille retraite
37:08 que nous avions gagnée, les ministres inventaient
37:11 que nous avions fait 100 000, 200 000 amendements,
37:14 des choses absolument incroyables,
37:15 et on nous avait fait la même diabolisation.
37:17 - Vous avez quand même participé à une forme d'obstruction
37:20 pour empêcher l'article 7, le fameux report de l'âge légal.
37:23 - Et vous l'assumez.
37:24 - Nous avions eu raison, parce que c'est ce qui a laissé du temps
37:26 au mouvement social de pouvoir s'organiser,
37:29 c'est ce qui a laissé du temps aussi pour un rapport populaire,
37:33 un rapport de force populaire de se faire,
37:35 et notamment, c'est grâce à ça que des députés LR ont changé d'avis,
37:38 et que aujourd'hui, et c'est pourquoi ils nous ont empêchés
37:41 de voter l'abrogation de la retraite à 64 ans
37:43 dans le cadre de la Nichelot,
37:45 qu'aujourd'hui, nous sommes majoritaires à l'Assemblée
37:48 et nous voulons l'abrogation de cette réforme.
37:50 - Quand François Ruffin dit, par exemple, qu'il ne veut plus hurler
37:53 sur les bancs de l'Assemblée, ça ne sert à rien,
37:55 ça renforce le RN. Ce sont ses mots.
37:57 Il a complètement tort.
37:59 - Je crois que nous avons dans le groupe parlementaire,
38:02 et c'est une de nos grosses forces,
38:04 nous avons des complémentarités.
38:06 Vous avez des gens qui sont un facteur d'identification magnifique.
38:10 Je suis fière à un point que vous ne pouvez même pas imaginer,
38:13 que Rachel Keke soit députée.
38:15 Rachel Keke, première femme de ménage,
38:17 femme victorieuse avec d'autres femmes
38:19 de la lutte de 22 mois de grève qui ont été faites
38:22 à l'hôtel Ibis-Batignolles, et qu'elles ont gagnées.
38:25 Et qui, derrière, avec des gens qui la regardent et qui se disent...
38:29 - Femme de ménage, combat également de François Ruffin.
38:32 Je le souligne au passage, parce qu'il a...
38:34 Le combat de François Ruffin également.
38:36 - Exactement. - C'est lui, des femmes de ménage,
38:38 notamment à l'Assemblée.
38:39 - Qui donne des liens d'identification pour les gens.
38:41 Lorsque vous disiez cet été, l'été dernier,
38:43 lorsque nous sommes rentrés à l'Assemblée nationale
38:45 pour cette nouvelle mandature, que jamais autant de personnes
38:48 n'avaient regardé l'Assemblée nationale.
38:50 Je pense que c'est notamment grâce au fait que,
38:52 avec notre groupe, pas que, mais notamment...
38:54 - C'est une évidence que vous avez participé...
38:56 - Le peuple... - ...à la rendre beaucoup plus regardée.
38:59 - Mais oui, et pour nous, c'est important,
39:01 parce que le lien avec la politique
39:03 et que, justement, le fait d'avoir des complémentarités
39:06 est une chose qui permet d'avoir un message très ample
39:09 auprès des gens. - C'est l'heure du bilan.
39:11 On voit bien qu'il y a des réussites.
39:13 Il y a un désir d'alliés, un désir de léger dans la Constitution.
39:16 La nuppesse, il y a un désir d'union
39:18 chez le peuple de gauche, comme on l'appelle.
39:20 Enorme. Ca marche à l'Assemblée.
39:22 Vous travaillez ensemble, vous avez des positions
39:25 sur les textes quasiment les mêmes, pas tout le temps,
39:28 mais quasiment les mêmes à chaque fois.
39:30 Mais l'avenir, elle est en péril, cette alliance, non ?
39:32 Quand on voit que vous faites bandes à part aux Européennes.
39:35 - Alors, c'est pas nous qui faisons bande à part.
39:37 - Je parle dans l'ensemble des partenaires.
39:39 - Puisque nous, nous militons depuis plusieurs mois
39:41 pour qu'il y ait une liste unique aux Européennes.
39:43 Je vais expliquer pourquoi.
39:45 J'espère que nous pouvons convaincre nos partenaires sur cette question.
39:47 Pourquoi ? Parce que ce qui est dit dans les sondages,
39:50 contrairement à ce qu'on dit médiatiquement,
39:52 ce qui est dit par les uns et les autres,
39:54 ce qui est dit dans les sondages, c'est que la nuppesse unie
39:57 serait la première force aux Européennes,
39:59 avant le Rassemblement national, et évidemment avant Renaissance.
40:02 - C'est vrai, mais il y a un autre sondage qui montre
40:04 que séparés, les forces de la nuppesse ont des réserves de voix
40:07 et sont à 10 points au-dessus.
40:09 - C'est contradictoire.
40:11 - Non, ce n'est pas contradictoire.
40:13 Vous comprenez bien que le soir des élections européennes,
40:15 si le message politique qui est envoyé à tout le pays,
40:18 le signal politique, c'est que la nuppesse est la première force du pays,
40:22 où nous pouvons d'ailleurs encore progresser
40:24 par rapport aux sondages qu'il y a maintenant,
40:26 puisque ce n'est pas maintenant, c'est dans un an,
40:28 ce n'est pas du tout la même chose que si c'est le Rassemblement national
40:31 qui est la première force.
40:33 - C'est une évidence, mais l'impossible union aux Européennes,
40:35 aujourd'hui, elle est largement imputée,
40:37 les pays se sont à écouter en coulisses,
40:40 les écologistes, les socialistes,
40:42 les propos de Jean-Luc Mélenchon sur l'Europe, sur la Russie,
40:46 il y a une forme d'irréconciabilité là-dessus.
40:49 - Mais vous m'avez expliqué que...
40:51 - Ce n'est pas un peu de sa faute aussi ?
40:53 - Non, il y a pile un an, déjà c'est Jean-Luc Mélenchon
40:56 qui a impulsé les choses pour que se crée la nuppesse,
40:58 je le remets quand même dans le débat,
41:00 et je trouve ça assez incroyable,
41:02 alors qu'il est en train de justement vouloir lui aussi
41:06 créer une liste unique aux Européennes,
41:08 on dit maintenant qu'il veut détruire l'outil,
41:10 ce qui n'est absolument pas le cas.
41:12 Cette semaine, ça fait exactement un an
41:14 que le premier tour de l'élection législative a eu lieu,
41:17 et nous avons gagné, je le rappelle, la nuppesse,
41:20 le premier tour de l'élection législative.
41:22 Ensuite, notamment parce que beaucoup des candidats
41:25 macronistes qui avaient été défaits
41:27 ont préféré ne pas faire aucun appel au vote,
41:29 voire à appeler contre la nuppesse,
41:31 alors qu'il y avait l'URN en face,
41:33 nous nous sommes retrouvés avec 89 députés RN,
41:35 ce qui est la responsabilité historique des macronistes.
41:38 Je le dis pourquoi ?
41:40 Parce qu'on ne va pas nous expliquer
41:42 que nous aurions été capables de gouverner
41:44 il y a pile un an, ensemble,
41:46 sur un programme de rupture qui est un programme de gouvernement
41:48 qui est toujours d'actualité et sur lequel nous nous appuyons.
41:51 Un accord électoral aussi, hein ?
41:53 L'idée c'était quand même que cet accord a été décidé
41:55 après la présidentielle, pas avant.
41:57 Ce n'est pas qu'un accord électoral,
41:59 il y a 650 mesures.
42:01 Alors, on avance parce qu'il faut quand même qu'on gagne.
42:03 Non mais je le dis, parce que si nous étions capables de gouverner,
42:06 alors, ensemble, nous sommes évidemment capables
42:08 d'aller aux élections européennes ensemble.
42:10 Et vous l'avez dit, ça fonctionne très bien à l'Assemblée.
42:12 On se voit toutes les semaines, tous les mois,
42:14 avec les 151 députés.
42:16 Donc, nous pouvons avancer ensemble.
42:18 Il reste un point noir, quand même, au sein de la France insoumise,
42:20 c'est la gestion de l'affaire Cadenas.
42:22 On a parlé des réussites, il y a aussi des échecs.
42:24 Est-ce que vous avez des regrets ?
42:26 Vous êtes très féministe, on l'a vu,
42:28 on connaît vos combats sur la manière
42:30 dont les choses ont été gérées.
42:32 Est-ce que vous avez des regrets ?
42:34 Est-ce que vous avez des regrets ?
42:36 Est-ce que vous avez des regrets ?
42:38 Je crois que c'est exigeant, mais qu'il faut tenir les deux fils.
42:40 Je le dis parce que je pense qu'au contraire,
42:42 nous avons, nous, comme groupe parlementaire,
42:44 affronté la situation.
42:46 Et nous n'avons pas mis, en quelque sorte,
42:48 la tête dans le sable en faisant semblant que ça n'existait pas.
42:50 Quand Jean-Luc Mélenchon dit, écoutez,
42:52 "Un jour ou l'autre, Adrien Quatennens reviendra dans la course",
42:54 c'est une maladresse de dire ça.
42:56 Vous le rediriez, vous, ça ?
42:58 Un jour ou l'autre, il reviendra dans la course ?
43:00 Oui, Adrien Quatennens est député.
43:02 Mais il reviendra dans la course ?
43:04 Oui, mais ce que... Ecoutez, je vais vous expliquer.
43:06 Il y a deux choses.
43:08 Il y a évidemment la lutte contre les violences sexistes et sexuelles
43:10 qui est une lutte exigeante.
43:12 Et il y a aussi, et il faut les tenir les deux,
43:14 et c'est ce que je crois
43:16 notre groupe parlementaire a fait,
43:18 il y a aussi la vision humaniste
43:20 que nous avons de la justice.
43:22 Et je comprends que le mouvement féministe n'en est pas là.
43:24 Parce que je comprends que l'impunité
43:26 qui a valu sur des gens auteurs de violences
43:28 pendant, voire pire,
43:30 pendant des dizaines et des dizaines d'années
43:32 amène le mouvement féministe à être très dur
43:34 sur cette question et à dire qu'il faut être exigeant.
43:36 Mais Adrien Quatennens a été condamné.
43:38 Il a ensuite été sanctionné politiquement.
43:40 Il n'est plus coordinateur du mouvement.
43:42 Il a été suspendu du groupe parlementaire
43:44 pendant quatre mois.
43:46 Il est très présent quand même autour de Jean-Luc Mélenchon,
43:48 manifestement. Vous avez lu, comme moi,
43:50 l'article du Monde publié aujourd'hui.
43:52 Oui, mais écoutez, à un moment,
43:54 il y a une question en justice qui s'appelle
43:56 la réinsertion. Comment est-ce qu'on fait
43:58 dans une société féministe, débarrassée du patriarcat ?
44:00 Comment est-ce qu'on fait avec des gens
44:02 qui ont été auteurs de violences,
44:04 ce que Adrien Quatennens a reconnu et dont il a subi
44:06 les conséquences ? Qu'est-ce qu'on fait ?
44:08 Je le dis d'autant plus que,
44:10 c'est un moment, c'est exigeant, cette question-là.
44:12 Et je comprends que ça ouvre des colères
44:14 et des brèches énormes chez des gens.
44:16 Mais il y a un moment, si on veut une société féministe,
44:18 il faut penser aussi la réinsertion
44:20 des auteurs de violences.
44:22 - C'est dit, et on verra comment
44:24 réagissent les Français,
44:26 mais c'est une position claire, vous l'assumez.
44:28 Les méthodes, il faut qu'on dise un mot pour terminer
44:30 cette interview, des méthodes de Jean-Luc Mélenchon,
44:32 "verrouillage généralisé", disent certains.
44:34 En décembre, les historiques d'Ellefie
44:36 étaient écartés de la direction du mouvement.
44:38 Aujourd'hui, le monde révèle, à la suite de Mediapart,
44:40 que certains militants sont fichés,
44:42 que le POI, le Parti ouvrier
44:44 indépendant,
44:46 l'ambertiste, rotskiste,
44:48 historique de Jean-Luc Mélenchon
44:50 a infiltré le parti.
44:52 - C'est presque une ambiance de purge.
44:54 - Non, c'est faux.
44:56 Je vais dire très factuellement
44:58 sur des points pour aller rapidement.
45:00 La première chose, personne n'a été purgé
45:02 de la direction. Je veux dire,
45:04 le parti de Clémentine Autain est invité au Conseil politique,
45:06 le parti de François Ruffin est invité au Conseil politique,
45:08 Alexis Corbière n'avait jamais fait partie
45:10 de la coordination avant,
45:12 donc il n'y a pas de purge.
45:14 C'est une chose qui est inventée autour de ça.
45:16 La deuxième chose, sur le fichage de militants,
45:18 qui a été révélé effectivement dans un journal,
45:20 sur lequel vous avez un communiqué
45:22 de la France insoumise, qui dénonce
45:24 ces méthodes, dont on ne sait pas
45:26 d'où elles viennent, mais en tout cas,
45:28 qui ne sont pas les méthodes de la France insoumise.
45:30 Et je veux le dire parce qu'il y a une manière de décrédibiliser
45:32 l'alternative et la force politique
45:34 que nous sommes. Je vais vous dire,
45:36 je comprends qu'on veuille taper et continuer de taper
45:38 sur Jean-Luc Mélenchon, mais...
45:40 Non, mais je ne vous parle pas forcément
45:42 à vous, mais je le dis, je comprends
45:44 qu'on veuille taper sur un homme qui a fait 22%
45:46 aux élections présidentielles, qui a été
45:48 trois fois notre candidat. Et je vais vous dire,
45:50 si nous sommes dans une situation avec 75 députés LFI,
45:53 si nous sommes dans une situation avec 151 députés NUPES,
45:56 ou contrairement à tout le reste de l'Europe,
45:58 notre famille politique est écrasée,
46:00 eh bien c'est grâce à Jean-Luc Mélenchon.
46:02 Et si on peut réouvrir
46:04 une brèche d'espoir dans ce pays et en Europe,
46:06 c'est grâce à Jean-Luc Mélenchon.
46:08 Et si on peut faire en sorte qu'il soit représentant en 2027 ?
46:10 Je ne sais pas, ça décidera.
46:12 Vous n'allez pas me répondre.
46:14 Grâce à lui, on a des problèmes de riches, on a plein de candidats potentiels.
46:16 Et ça, c'est quand même très bien.
46:18 Et je vous le dis, nous sommes aujourd'hui à la fois sur la ligne de rupture
46:20 et de crédibilité, parce que
46:22 à chaque projet de loi, nous avons présenté
46:24 ce que nous, nous ferions si nous étions gouvernement.
46:26 Et nous aspirons toujours à gouverner ce pays.
46:28 - Merci. - Merci à vous.
46:30 - Merci Mathilde Panot. Vous restez avec moi,
46:32 c'est l'heure d'accueillir nos affranchies.
46:34 Vous allez voir leur parti, après ils vont vous faire réagir.
46:36 On les accueille tout de suite.
46:38 Allez, Vincent Hugeux, grand reporter,
46:40 qui va nous parler d'MBS dans un instant.
46:42 Et puis le philosophe Pierre-Henri Tavoyau.
46:44 Installez-vous, préparez vos parties prises.
46:46 On commence comme chaque soir,
46:48 par Bourbon Express.
46:50 Nouvel épisode ce soir de notre série spéciale,
46:52 "Un an de la Nouvelle Assemblée", avec aux manettes ce soir
46:54 Marco Pommier. Bonsoir, Marco.
46:56 - Bonsoir, Myriam.
46:58 - Alors, de quoi nous parlez-vous ce soir ?
47:00 - Et bien ce soir, à l'heure du bilan, j'ai choisi de vous parler
47:02 d'une pratique que vous avez contribuée
47:04 à vulgariser, Mathilde Panot,
47:06 dans votre groupe. C'est le "name and shame".
47:08 En bon français, "nommer
47:10 et couvrir de honte".
47:12 Alors, c'est une pratique courante dans les pays
47:14 anglo-saxons, objectif
47:16 d'énoncer les auteurs de mauvaises pratiques
47:18 pour porter atteinte à leur réputation,
47:20 pour changer les comportements
47:22 appliqués à la politique. Ça consiste à demander
47:24 des scrutins publics dans l'hémicycle
47:26 pour publier ensuite la liste
47:28 des députés qui ont voté telle ou telle mesure
47:30 sur les réseaux sociaux. L'insoumis François Ruffin
47:32 était l'un des premiers à lancer
47:34 le concept. C'était en 2018.
47:36 À l'époque, on parlait d'un
47:38 texte pour améliorer le statut
47:40 des accompagnateurs des enfants handicapés
47:42 et la majorité avait adopté
47:44 une motion de rejet, colère du député
47:46 insoumis.
47:48 J'espère que le pays ne vous pardonnera pas.
47:50 Nous vous demandons un scrutin public.
47:52 Les noms des votants seront publics.
47:54 Je les publierai sur ma page Facebook
47:56 et je ne serai pas le seul.
47:58 Ils circuleront à travers la France
48:00 et ce vote, ce vote,
48:02 j'en suis convaincu,
48:04 ce vote vous collera à la peau comme une infamie.
48:06 Et voilà, Myriam,
48:08 comment François Ruffin fait entrer
48:10 dans l'hémicycle le pouvoir de la honte.
48:12 Alors, cette année, certains insoumis n'ont pas
48:14 renoncé à cette pratique. Loin de là,
48:16 un exemple, Louis Boyard, en février
48:18 dernier, il affichait sur son
48:20 compte Twitter les 184 députés
48:22 de la majorité qui avaient
48:24 voté contre le repas à un euro
48:26 pour tous les étudiants,
48:28 indignation de certains membres de la majorité.
48:30 Regardez ses tweets, il dénonçait
48:32 des méthodes de voyous, des méthodes
48:34 antidémocratiques. Notre République
48:36 mérite mieux que l'appel
48:38 à la vindicte populaire, vous le voyez
48:40 sur cette image. Et le lendemain,
48:42 le député modem Erwan
48:44 Balanant avait lui aussi réagi
48:46 dans l'hémicycle, on l'écoute.
48:48 Un certain nombre de nos
48:50 collègues sont
48:52 harcelés maintenant par
48:54 les réseaux sociaux. Alors, vous pouvez penser que c'est
48:56 pas grave et effectivement c'est pas si grave
48:58 parce que nous sommes députés
49:00 et que nous prenons
49:02 des risques et nous avons l'habitude.
49:04 Mais ces députés
49:06 ont aussi parfois des enfants
49:08 et des enfants qui sont aussi sur les réseaux
49:10 sociaux. Et il y a quelques députés
49:12 qui ont vu leurs enfants harcelés
49:14 parce que leurs parents avaient
49:16 fait un vote. Et là voilà
49:18 la conséquence, un pointé du doigt par Erwan Balanant.
49:20 Le harcèlement sur les réseaux,
49:22 certains pointent même les risques de violence
49:24 envers les élus, des critiques
49:26 balayées par votre protégé.
49:28 On écoute Louis Boyard.
49:30 Eux, ils appellent ça le "name and shame".
49:32 Moi je ne shame rien du tout, je name, c'est tout.
49:34 Je rends compte des votes, j'assume
49:36 chacun de mes votes, je leur demande d'assumer chacun
49:38 de leurs votes. Au moment où on essaie de faire de la
49:40 publicité sur ce qui se passe
49:42 ici et qu'ils prennent des mauvaises
49:44 décisions qui vont énerver les gens,
49:46 on vient ensuite nous voir en disant "non, racontez
49:48 pas qu'ils font n'importe quoi, sinon les gens vont
49:50 s'énerver". Mais qu'ils arrêtent de faire n'importe quoi !
49:52 C'est pas nous qu'il faut pointer du doigt.
49:54 Voilà, pas de regret pour Louis Boyard. Rappelons
49:56 quand même Myriam que sur le fond, le député insoumis
49:58 n'a commis aucune faute, c'est un procédé
50:00 illégal. L'Assemblée elle-même publie
50:02 sur son site le vote de chaque député
50:04 pour chaque scrutin public. - Oui, bien sûr.
50:06 Pour terminer, il faut dire que les insoumis ne sont pas les seuls à
50:08 pratiquer le "name and shame". Le gouvernement
50:10 le fait aussi. - Exactement, l'année dernière, le gouvernement
50:12 a épinglé 16 entreprises
50:14 qui ne respectaient pas l'index
50:16 égalité femmes-hommes. La liste avait
50:18 été publiée et dans l'actualité récente
50:20 il y a aussi les menaces de Bruno
50:22 Lemaire, le ministre de l'économie. - Oui, la grande distribution.
50:24 - Effectivement, qui a laissé entendre qu'il pourrait publier
50:26 d'ici la fin du mois la liste des
50:28 industriels de l'agroalimentaire qui n'aurait pas
50:30 qui aurait refusé de baisser les prix
50:32 face à l'inflation.
50:34 - Un mot de réaction. La pression peut être
50:36 efficace mais elle peut aussi
50:38 avoir des dérives.
50:40 - Oui, non mais... - Vous le reconnaissez ?
50:42 - L'harcèlement, notamment
50:44 sur les proches des députés, nous n'avons jamais
50:46 appelé à ça. Mais il faut quand même remettre les choses
50:48 à leur place. Si ces députés veulent avoir des votes
50:50 secrets, qu'ils aillent dans un conseil d'administration.
50:52 Les votes ne sont pas secrets. Nous sommes
50:54 des représentants du peuple. Ils ont des comptes à rendre
50:56 sur ce qu'ils font, ce qu'ils votent
50:58 et ensuite c'est à eux d'expliquer quels sont
51:00 leurs votes. Donc non, moi je trouve ça normal
51:02 dans une démocratie de faire
51:04 en sorte que chacun et chacune puissent
51:06 savoir qui a voté
51:08 contre l'augmentation du SMIC,
51:10 contre le repas à 1 euro. - Mais les réseaux
51:12 sociaux changent pas mal la donne dans tout ça.
51:14 - Oui, mais les réseaux sociaux aident aussi à ce que
51:16 beaucoup de gens s'intéressent à la politique et je trouve ça
51:18 intéressant. - Le bac philo est passé.
51:20 Car on est à voyeaux.
51:22 Et les vacances approchent. Alors pour vous
51:24 c'est le bon moment pour revenir sur une polémique assez récente
51:26 sur les jours fériés.
51:28 - Oui, c'était une polémique qui a été lancée par
51:30 Éric Piolle, le maire de Grenoble, au moment
51:32 de la fin du ramadan où il y avait beaucoup
51:34 d'absentéisme dans les écoles
51:36 des agents et des élèves. Et donc le
51:38 ministre de l'Intérieur à cette occasion voulait un peu pointer
51:40 ces absences. Et donc Éric Piolle avait
51:42 dit qu'il fallait un peu remettre à plat
51:44 les questions des jours fériés avec deux propositions.
51:46 La première, que je trouve d'ailleurs assez
51:48 intéressante, qui consistait à dire "bon, le lundi de
51:50 Pentecôte ne correspond pas à grand chose aujourd'hui,
51:52 remplacons par une vraie date symbolique
51:54 l'abolition de l'esclavage". Ça c'était le projet
51:56 de loi en 2018 qui avait été
51:58 proposé. Et puis il y a une deuxième proposition
52:00 qui s'agit d'ouvrir
52:02 les jours fériés à la diversité
52:04 religieuse. C'était là une proposition de la
52:06 commission Stasi qui avait dit, je cite,
52:08 "en 2003, la République s'honorerait
52:10 en reconnaissant les jours les plus sacrés des autres
52:12 grandes religions monothéistes présentes en France".
52:14 Alors là c'est quelque chose de plus
52:16 compliqué à mettre en place, je ne suis pas persuadé d'être tout à fait
52:18 d'accord. - Alors les jours fériés religieux
52:20 ça reste un point de friction
52:22 entre les cultes d'un côté,
52:24 la République laïque de l'autre.
52:26 - Mais la République a toujours le dernier mot.
52:28 En effet, quand on regarde l'histoire de ces jours fériés,
52:30 c'est très intéressant. Il y a 11 jours fériés
52:32 en France, il y en a 6 qui sont
52:34 en lien avec la religion. Sur ces 6,
52:36 il y en a 4 qui ont une histoire particulière.
52:38 Il faut rappeler que sous l'Ancien Régime,
52:40 il y avait 50 jours fériés, la Révolution
52:42 abolit tout ça, mais
52:44 c'est assez confus. Napoléon arrive
52:46 et dans sa volonté de réconcilier l'Ancien Régime
52:48 et la Révolution, il dit
52:50 qu'il y a un principe simple, un jour férié
52:52 par saison. Ça donne quoi ? La Toussaint,
52:54 Noël, l'Ascension
52:56 et l'Assomption, le 15 août.
52:58 Il en reste deux.
53:00 Des lundis, comme par hasard,
53:02 je ne crois pas. En fait, ce ne sont pas des fêtes religieuses.
53:04 Le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte
53:06 ne sont pas de fêtes religieuses, ce sont des revendications
53:08 des marchands du Moyen Âge
53:10 parce qu'il fallait, après les fêtes,
53:12 justement, se reposer.
53:14 On peut ajouter le dimanche, le fameux
53:16 dimanche chômé que nous avons. Là aussi, l'histoire est intéressante.
53:18 La Révolution abolit
53:20 ce dimanche chômé, la Restauration
53:22 le restaure, la République le resupprime
53:24 jusqu'au 10 mars
53:26 1906,
53:28 une tragédie à Courrières,
53:30 et qui était
53:32 imputée à la fatigue des ouvriers.
53:34 Et donc, c'est la CGT qui demande
53:36 à l'époque que l'on restaure
53:38 un jour férié. Nous sommes après la loi de 1905
53:40 et ce sera le dimanche.
53:42 -Vous nous dites, Napoléon, les marchands,
53:44 la CGT, ces jours chômés
53:46 donc dits religieux,
53:48 ne le sont pas, vous nous l'avez expliqué,
53:50 ou du moins, pas seulement. -Oui, pas seulement.
53:52 C'est très important, ça donne bien l'esprit de la laïcité.
53:54 La laïcité, c'est pas contre les religions,
53:56 le contraire, c'est le fondamentalisme.
53:58 Le fondamentalisme, c'est quoi ?
54:00 C'est la volonté que tous les jours
54:02 soient religieux, 24h/24,
54:04 toute l'année,
54:06 et ce fondamentalisme chronophage
54:08 à l'égard des religions, justement,
54:10 la laïcité nous permet de nous en éloigner
54:12 de la culture du compromis qui consiste à dire
54:14 grosso modo, nous devons arbitrer
54:16 entre les mœurs nationales,
54:18 les spiritualités individuelles, l'utilité sociale,
54:20 la symbolique collective.
54:22 Il n'y a pas que la religion dans la vie,
54:24 il peut y avoir du religieux,
54:26 mais c'est ça, le message de la laïcité.
54:28 -Merci, passionnant parti pris,
54:30 philosophico-historique,
54:32 et en phase avec Eric Piolle, tout est possible,
54:34 Pierre-Henri Tavoyo, pour vous.
54:36 Allez, on enchaîne. Pour vous laisser
54:38 un peu de temps, Vincent,
54:40 on peut revenir sur cette visite à Paris d'MBS.
54:42 -Oui, Emmanuel Macron remet donc
54:44 le couvert, couvert en argent massif
54:46 et or noir pour l'occasion, non content
54:48 d'avoir en juillet dernier déroulé le tapis rouge
54:50 sous les pas de Mohamed Ben Salmane.
54:52 Notre Jupiter éliséen déjeunera
54:54 demain avec le prince héritier
54:56 saoudien. Il a, pour mieux flatter
54:58 son hôte, enclin à débarquer sans préavis,
55:00 bousculé la jambe à présidentielle.
55:02 C'est donc en Seine-et-Marne, et non à Pau,
55:04 François Bérou appréciera, que Macron
55:06 ira discourir sur l'avion du futur.
55:08 Il faut dire que le fougueux timonier
55:10 de la monarchie wahhabite vient un peu en voisin.
55:12 Lors de ses escapades hexagonales,
55:14 MBS séjourne en son château de Louvciennes,
55:16 près de Versailles,
55:18 un Samsufi à 275 millions d'euros,
55:20 conçu et bâti par le cousin
55:22 de Jamal Khashoggi,
55:24 cet éditorialiste dissident,
55:26 dont Ben Salmane avait en octobre 2018
55:28 ordonné l'assassinat, étouffement
55:30 suivi d'un écarissage à la disqueuse,
55:32 et ce, dans l'enceinte du consulat saoudien
55:34 à Istanbul, revient Mohamed,
55:36 tout est pardonné. -C'est pas à vous
55:38 que je vais dire,
55:40 mais je vais le faire quand même,
55:42 comme les diplomates, le Royaume saoudien,
55:44 acteur incontournable, aujourd'hui.
55:46 -Je connais la chanson et quelques autres
55:48 refrains, dont cette increvable
55:50 rengaine furieusement quédorcée,
55:52 "Si l'on ne devait parler qu'avec
55:54 "les démocrates exemplaires, on se condamnerait
55:56 "au silence et à l'inextion.
55:58 "Suce au droit de l'homisme, gloire
56:00 "au pragmatisme, au réalisme,
56:02 "tous ces isms au large desquels
56:04 "on se dit par noyade, conviction et principe."
56:06 Une telle doctrine repose sur un postulat
56:08 bancal. La dialectique entre
56:10 la morale et l'efficacité serait un jeu
56:12 à somme nulle. A cette aune-là,
56:14 seul le cynisme est performant, tandis que la fidélité
56:16 aux valeurs affichées tracerait
56:18 le chemin le plus court vers l'impuissance.
56:20 Pas si vite. Ce qui, vis-à-vis des despotes
56:22 de toutes obédiences, s'avère contre-productif,
56:24 c'est la complaisance, la souplesse
56:26 des Chines. Confidence recueillie ce matin
56:28 même auprès d'un vieux routier des pétromonarchies,
56:30 comme Vladimir Poutine,
56:32 un MBS vrai bête politique, n'entend
56:34 que les rapports de force. Il a compris un truc.
56:36 Fort de son brut, le Royaume
56:38 peut tout acheter, y compris ses partenaires
56:40 avides de contrats du marché d'armement
56:42 au chantier BTP pharaonique.
56:44 - Est-ce que ça marche, alors, ce forcing ?
56:46 - Oui. La stratégie d'influence à la Saoud,
56:48 inspirée au demeurant par le rival
56:50 Qatari, fait ses preuves dans tous les domaines,
56:52 y compris le sport et la culture.
56:54 Les pré-retraités du ballon rond,
56:56 le portugais Ronaldo, le français Benzema,
56:58 cautionnent sans état d'âme,
57:00 mais apprit d'or une modernité
57:02 de façade. Citons le grand prix
57:04 de Formule 1 de Jeddah, le rallye Dakar,
57:06 rapatrié dans les dunes, mais aussi la crème
57:08 du golf mondial, golf sans oeufs,
57:10 que Riad s'efforce d'attirer
57:12 via un nouveau circuit doté de primes
57:14 délirantes. Côté 7e art,
57:16 on le sait, Maïwenn
57:18 a vu ça. Jeanne Dubary,
57:20 financée par une fondation saoudienne,
57:22 ce n'est pas un sujet, d'ailleurs, esquive l'intéressé,
57:24 car, dit-elle, en Arabie, les choses bougent.
57:26 Une certitude, l'éruptive cinéaste
57:28 excelle autant dans la fiction que dans le film
57:30 en costume. A Paris,
57:32 MBS plaidera en faveur de l'Occ 3
57:34 à son pays de l'Exposition universelle 2030.
57:36 Nul doute que le prince Mégalo
57:38 s'est fort bien s'exposé.
57:40 Pour ce qui est de l'universalisme, il y a du chemin à faire,
57:42 allusion aux milliers de ces sujets
57:44 décapités, lapidés ou livrés au peloton
57:46 d'exécution depuis 2015.
57:48 Le message vaut pour tous ceux qui œuvrent à sa réhabilitation.
57:50 Dis-moi qui tu courtises,
57:52 je te dirai qui tu es, qui tu es en trois mots.
57:54 - Merci beaucoup.
57:56 Toujours aussi bien écrit,
57:58 Vincent Usul. Un tout petit mot de réaction.
58:00 - On avait une réaction la dernière fois,
58:02 en juillet, lorsqu'il avait été reçu par Emmanuel Macron.
58:06 On en refera de nouveau une autre.
58:08 Merci pour les deux chroniques passionnantes,
58:10 celles sur les jours fériés,
58:12 parce que ça fait partie de la civilisation,
58:14 du temps libéré, aussi, de ce que nous,
58:16 on porte. On avait porté,
58:18 avec Jean-Hugues Ratenon,
58:20 une proposition de loi pour demander
58:22 à ce que le 4 février soit une journée fériée
58:24 pour l'abolition de l'esclavage.
58:26 Et de rappeler,
58:28 notamment sur là,
58:30 un cas, quand même,
58:32 qui fait particulièrement honte
58:34 à notre pays, de rappeler qu'il y a...
58:36 - Vos affaires, d'ailleurs ?
58:38 - Ah, MBS, non. - Vous ne commerceriez plus ?
58:40 - Non, on ne le recevrait pas.
58:42 - C'est dit. On verra ça. Merci.
58:44 Merci, les Affranchis.
58:46 À très vite, Marco Pommier.
58:48 Je vous retrouve demain. Merci de nous avoir suivis.
58:50 Et merci à toute l'équipe de CVR qui m'accompagne.
58:52 Tiens, j'en profite un tout petit peu.
58:54 À demain. Très belle soirée.
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